Le ministre était gêné, il avait tergiversé pendant plus de trois heures avant de prendre sa décision, avait tenté de joindre Dumbledore sans succès, et pour cause, celui-ci était en plein combat !
- Le ministère a fait tout ce qui lui était matériellement possible cette nuit là Dumbledore, je ne peux pas concentrer ainsi les aurors sans avoir quelques certitudes, et votre message était on ne peut plus succinct !
- Parce que pour vous « Voldemort envahit Poudlard » n'est pas un message suffisamment clair ?
- Enfin, maintenant c'est du passé Dumbledore, revenons-en au présent. Je vais demander moi-même aux lendoren de remonter ces charmes, et je vous jure qu'ils vont m'écouter …
- Je crois que nous avons un visiteur, monsieur le ministre. Tiens donc, vous allez être exaucé, voici précisément un lendoren. Bonjour Severus, termina le directeur avec un petit sourire.
- Bonjour Albus, Minerva, Mme Pomfresh, monsieur le ministre, dit Severus en entrant.
Simplement vêtu d'un pantalon et d'un chandail noir, les cheveux attachés, décontracté, le professeur Mac Gonagall comprenait pourquoi sa meilleure élève avait pu, en dehors de toute considération de magie quelconque, tomber amoureuse de lui. L'expression était ouvertement moqueuse mais elle lui donnait un charme qu'elle n'avait encore jamais remarqué chez son collègue. Il était clair que, chez lui aussi, l'amour avait transformé cet homme amer en homme heureux, même si la détermination et le sérieux marquaient aussi ses traits à l'instant. Un toussotement retenti dans la pièce, mais Severus n'y prit pas garde.
- Bonjour, Monsieur Rogue, dit alors une voix doucereuse.
Severus finit par se retourner vers le professeur Ombrage, il avait prit le temps de s'adosser à un mur du bureau de Dumbledore, avait croisé les bras et la regardait l'air goguenard.
- Tiens donc, Dolores Ombrage ! Vous avez tellement aimé votre dernière sortie de Poudlard que vous souhaitez nous refaire la même ?
- Vous êtes en état d'arrestation Rogue, dit-elle en tirant sa baguette.
- Et pour quel motif je vous prie ?
- Pour viol et relation coupable avec une de vos élèves.
- Relation coupable ? Mais qu'entendez-vous donc par là ?
- Ne faites pas l'innocent, Rogue ! Vous avez délibérément séduit Mlle Granger et vous l'avez contrainte à coucher avec vous ! C'est pour cela que je vous arrête et que je vais vous emmener directement à Azkaban. Donnez-moi votre baguette ! Dit-elle triomphalement en tendant la main.
- Non.
Ombrage levait sa baguette vers Severus, lorsque Dumbledore intervint d'une voix glaciale :
- Mme Ombrage, si vous faites encore un geste ou que je vois un sort partir vers Severus, c'est à moi que vous aurez à faire, suis-je bien clair ?
- Mais enfin, monsieur le directeur, je ne fais que mon devoir ! Ne vous rappelez-vous pas de quoi il est coupable ?
- De quoi il est accusé, serait plus juste, Mme Ombrage. Il n'y a personne qui ait prouvé quoi que ce soit concernant un viol éventuel !
- J'ai bien peur que si, Dumbledore, grimaça Ombrage à nouveau triomphante, j'ai des déclarations signées de plusieurs élèves qui ont vu le professeur obliger Mlle Granger à le suivre dans ses appartements ! Je vais de ce pas les chercher dans mon bureau pour preuve !
- Inutile, dit calmement Severus en faisant sortir une petite liasse de papiers du néant, j'imagine que vous parlez de ces papiers là ? Voyons voir les signataires : Malfoy, évidemment en tête, Crabbe et Goyle, ça c'est normal, ils font tout ce que disent Malfoy, Parkinson, ah tiens à propos d'elle, vous ne pourriez pas la mettre à Azkaban pour harcèlement sur professeur, directeur de maison de surcroît ? J'ai cru que jamais je ne m'en déferai … Enfin, bref, les voilà Albus, il n'y a que des serpentards … forcément …
- Les autres ont trop peur pour oser parler, c'est tout, mais je sais qu'avec un peu de temps, je …
- Vous leur aurez tellement pourri la vie avec vos retenues innommables qu'ils signeront tout ce que vous voudrez ? Ironisa Severus. Monsieur le ministre ?
- Oui ? Demanda le ministre qui avait suivi l'échange sans vouloir intervenir. Il ne tenait pas du tout à prendre partie entre Dumbledore qui soutenait Rogue et Dolores Ombrage, il avait besoin des deux, chacun à leur poste.
- Otez-moi d'un doute, mais les retenues comportant des sévices physiques sont-elles autorisées à Poudlard ? Je suis désolé Albus de ne pas m'adresser à vous, mais au cas où le règlement ait changé depuis mon … départ du château …
Dumbledore sourit, mais ne répondit pas.
- Non, bien sûr que non, répondit le ministre. Mais je ne connais aucun professeur ici qui se permette ce genre de choses, voyons. Et vous vous éloignez du sujet, Rogue.
- Pas tant que cela, monsieur le ministre.
- Monsieur le ministre, intervint alors Mme Pomfresh, je suis au regret de vous informer qu'un professeur ici s'est permis d'user de retenues comportant des sévices physiques. Il s'agit du professeur Ombrage.
- C'est impossible voyons, s'insurgea le ministre alors que Dolores Ombrage avait blêmi.
- Voyons, Mme Pomfresh, dit-elle d'une voix plus coupante que d'habitude, quels sont les élèves qui ont osé proféré de telles horreurs sur mon compte ?
- Harry Potter, Ron Weasley et Ginny Weasley.
- Mais voyons, tout le monde sait que ces enfants affabulent encore comme des enfants de cinq ans !
- Ils n'affabulent pas, s'insurgea Mme Pomfresh. J'ai parfaitement vu quelle était l'inscription qu'ils portent tous les trois sur la main droite. D'autant que le jeune Harry m'a confié qu'il avait déjà subi le même sort voilà deux ans de cela …
- Dolores, voyons, que s'est-il passé avec ces trois jeunes gens ? demanda le ministre.
- Je les ai mis en retenue car ils ont été insolents en cours, rien de plus normal non ? Ils ont simplement copié des lignes afin qu'ils ne recommencent pas ce genre de fantaisie dans mon cours, surtout une année d'aspic pour les garçons …
- Et … quelles plumes ont-ils utilisé ? Demanda Severus doucement.
- Mais, voyons, les leurs !
- Ah ah, et pas … celles-ci par exemple ?
Trois plumes venaient d'apparaître devant Dumbledore, qui fronça aussitôt les sourcils en s'exclamant:
- Mais, ces plumes vampiriques sont interdites à la vente, ce sont des purs produits de la magie noire ! Lorsqu'on les utilise, on écrit avec son sang et non avec de l'encre ! Comment osez-vous apporter ce genre d'objets à Poudlard ?
- Mais ce ne sont pas les miennes, voyons, les miennes portent mes initia…
Elle se tut brutalement alors que Severus esquissait un petit sourire et Dumbledore dit doucement :
- Vos initiales ? Cela ressemblent terriblement à un aveu, Mme Ombrage.
Ombrage refusa de répondre et pinça les lèvres. Le ministre sentit s'ébranler la confiance qu'il avait en Dolores Ombrage, mais il voulait régler cette affaire plus tard.
- J'en prends note, Dumbledore, mais revenons plutôt à Rogue. Celui-ci doit maintenant être mis aux arrêts avant son procès.
- D'autant, reprit Ombrage visiblement soulagée que le sujet se soit déplacé à nouveau vers Severus, que monsieur Rogue a abusé de sa situation de professeur pour mettre en retenue plusieurs jeunes filles, autres que Mlle Granger, et entretenir aussi des relations coupables avec elle !
- Des noms, Ombrage, donnez-nous des noms, lâcha Severus.
- Pansy Parkinson, Padma Patil, Lavande Brown, entre autres. Vous voyez, monsieur le directeur, que Rogue a révélé sa vraie nature cette année. Ce n'est qu'un débauché ! Il doit donc être remis aux autorités sur le champs pour que son transfert à Azkaban soit organisé dans les plus brefs délais !
- Auriez-vous peur que j'arrive à vous fausser compagnie, Ombrage ? C'est vrai que de la part d'un soi-disant professeur de défense contre les forces du mal, vous seriez ridicule si je le faisais, non ?
- Je pensais que vous seriez assez intelligent pour reconnaître votre défaite, Rogue, sans que je ne sois obligée d'en arriver à des extrémités déplaisantes.
- Bon, alors parlons intelligemment et prenons point par point les accusations : les retenues pour les jeunes filles autre qu'Hermione, je pense, Albus, que nous pourrions demander à monsieur Rusard de remonter toutes les fiches de retenues mises par moi cette année, non ? Nous pourrions ainsi vérifier qui a fait l'objet de retenue cette année de ma part et, plus important encore, avec qui ces retenues ont été faites, non ?
- Pompom ? Voulez-vous bien avoir la gentillesse de demander à monsieur Rusard de monter ces fiches s'il vous plaît ?
Le directeur avait les yeux qui pétillaient en demandant cela, bien que son visage reste impassible. Severus avait l'air d'avoir une défense en béton.
- En attendant, reprit le ministre courageusement, car il commençait à sentir qu'Ombrage allait être pour lui un fardeau dans cette pièce, l'accusation concernant Mlle Granger est tout à fait fondée, et avec des témoins, Rogue.
- Parce que maintenant, depuis la chute de Voldemort et du Dictateur, le département de la justice prend en compte les témoignages des mangemorts ? Répliqua Severus.
- Ce ne sont pas des mangemorts, voyons, ce ne sont que des enfants !
- L'un n'empêche pas l'autre ! J'ai reçu moi-même ma marque à même pas seize ans, largement avant de devenir lendoren ! Et avant que vous ne disiez quoi que ce soit, Ombrage, je me permets de vous rappeler que j'ai été déjà jugé pour ces actes. Et qu'on ne juge pas deux fois le même homme pour les mêmes actes ! Je vous disais donc que toutes les personnes qui ont signé ces … papiers, sont des mangemorts. Nous pouvons aller les chercher et leur demander de nous montrer leur bras gauche, si vous le souhaitez !
Le ministre secoua la tête, un peu dépassé par les évènements. Ombrage s'était renfrognée, mais semblait vouloir se taire. La vitesse à laquelle Mme Pomfresh fut de retour avec le concierge laissa planer un doute sur le fait qu'elle ait transplané pour aller plus vite. Le ministre parcourut rapidement toutes les fiches de Rusard et dit sombrement :
- Ombrage, toutes les retenues infligées par Rogue à des jeunes filles, celles-ci les ont effectuées avec monsieur Rusard ici présent, à l'exception de deux ou trois élèves de première année ! Qu'avez-vous donc inventé ? Mais malgré tout, et Mlle Granger, continua le ministre. Vous n'allez pas nier tout de même Rogue ?
- Je vous concèderai un seul point, monsieur le ministre. J'entretiens avec Hermione des relations qui vont effectivement au delà d'une relation classique entre professeur et élève. Mais ceci admis, laissez-moi vous poser une question à mon tour. Combien de temps allez-vous laisser le château ouvert à tous vents, libre de transplanage, sans sort d'incartabilité et alors que d'ici trois mois au plus le lac commencera à saper les fondation de façon irréversible ? Demanda Severus doucement.
- Com … comment savez-vous cela ? Balbutia le ministre en se renfrognant un peu plus.
- Vous avez sans doute oublié que je suis aussi lendoren, monsieur le ministre ? Je sens les défenses mieux que quiconque ici, à part ma compagne bien entendu, et encore, je peux vous dire qu'il manque au moins trois autres charmes en plus de ceux dont vous a sûrement parlé Albus.
- Mais alors, vous pouvez remonter ces sortilèges.
- Je pense pouvoir disposer de la puissance nécessaire, effectivement.
- Alors qu'attendez-vous pour le faire ? Une nouvelle attaque de mangemorts ?
