Severus ne répondit pas mais le fixa avec un petit sourire bien serpentard. Il avait un atout de taille dans son jeu et le ministre en avait parfaitement conscience.

- Dumbledore, voyons ! Aidez-moi à le raisonner …

- Monsieur le ministre, la balle est entièrement dans votre camp. J'estime que Severus a suffisamment payé de sa personne pour le château ces dix-sept dernières années, il a failli y laisser la vie plus d'une fois et la dernière fut la pire, jamais je n'oserai lui demander de m'aider encore, enfin, d'aider le ministère, répliqua Dumbledore froidement.

Le ministre consultait les autres personnes présentes dans la pièce pour tenter d'avoir un quelconque soutient, mais son regard ne croisa que le regard noir moqueur de Severus et les mines impassibles du professeur Mac Gonagall et de Mme Pomfresh qui ne pipaient mot. Il ne jeta même pas un œil sur Dolores Ombrage, il prenait en effet lentement conscience que celle-ci avait outrepassé les bornes dans son désir de vengeance personnelle. Il eut soudain une vision claire du pourquoi de sa présence dans ce bureau, à cette heure, avec ces personnes. Et il redoutait d'entendre le marché que Rogue allait lui proposer, car le directeur de serpentards n'allait pas monnayer son aide pour rien, cela allait lui coûter très cher même, il en était certain. Il fut interrompu dans ses pensées par un nouveau toussotement qui le mit au comble de la fureur pour une fois.

- Taisez-vous Ombrage, hurla-t-il. Car je ne suis pas loin de penser que je me retrouve dans cette situation inextricable par votre faute ! Que voulez-vous pour remonter ces défenses correctement, demanda-t-il brutalement à Severus.

Severus prit son temps pour répondre car il ne voulait rien omettre :

- Tout d'abord, monsieur le ministre, sachez que je suis incapable de remonter ces défenses seul, je les remonterai conjointement avec ma compagne. Et avant que vous ne vous réjouissiez trop vite, elle-même est incapable de les remonter seule, il faut notre force combinée pour le faire.

- Et je n'ai que votre point de vue sur ce fait bien entendu ?

- Bien entendu, puisqu'il n'y a pas d'autres couples lendoren aussi puissants que nous.

Le ton était calme, sans trace d'ironie, car Severus savait malgré tout qu'il marchait sur la corde raide, s'il poussait trop le ministre dans ses retranchements, il risquait de faire pire que mieux.

- Alors, je répète ma question, que voulez-vous ?

- L'abandon à tout jamais des poursuites contre moi pour tout ce qui concerne ma relation avec Mlle Granger tout au long de cette année scolaire et pour tout ce qui se passera jusqu'à ce que nous quittions le château d'une part. Le départ d'Ombrage d'un quelconque poste ici et mon rétablissement en tant que professeur dans cet école pour cette année scolaire au poste que le professeur Dumbledore jugera bon de me confier, et ce dès à présent, d'autre part. Si j'ai un papier de votre main, nous remonterons les défenses lorsque les résultats des aspics auront été rendus dans la mesure où Hermione aura recouvré l'intégralité de ses forces physiques et magiques. Car je me permets de vous rappeler qu'elle n'a repris conscience que depuis une semaine, après quatre semaines entre la vie et la mort.

- Et si je ne signe pas ? Rétorqua le ministre outré

- Je m'en vais sur le champ de Poudlard et nous ne remonterons pas les défenses. Même sous la contrainte.

Le ministre était soufflé :

- C'est du chantage pur et simple !

- C'est un échange de bon procédé, si je peux me permettre, dit doucement Dumbledore. Vous voulez quelque chose qu'il est le seul à pouvoir réaliser, il veut quelque chose que vous êtes le seul à pouvoir arrêter facilement et qui en plus ne vous coûte rien, seulement un peu d'amour propre.

- Mais …

- Monsieur le ministre, ce que vous demandez est énorme, et vous le savez. Si la tâche n'était pas si colossale, vos équipes du ministère ou moi-même aurions pu nous en charger. Ce qu'il vous demande est vraiment si peu en regard. D'autant que s'ils n'avaient pas enfreint le règlement puisque c'est ce qui vous chagrine, jamais ils n'auraient atteint cette osmose qui a conduit à la mort du Dictateur. J'étais en train de céder face à Voldemort lorsque Harry l'a pris par surprise, je n'aurai pas tenu deux minutes faces aux horreurs du dictateur. Eux ont fait plus que tenir, ils l'ont vaincu et ont failli y rester de surcroît. Vous avez déjà donné l'ordre de Merlin première classe pour bien moins que cela.

Le ministre passa et repassa les éléments de la situation dans sa tête. Il fixait sombrement le directeur. Il savait qu'il n'obtiendrait aucune aide de sa part. Mais finalement, si Rogue remontait effectivement les défenses de Poudlard avec Hermione Granger, ce qu'il demandait était peu en regards des risques encourus actuellement, car certains mangemorts couraient encore dans la nature. Si une nouvelle attaque se produisait et qu'il y avait des victimes, et si l'opinion publique apprenait que les victimes étaient dues à un entêtement mal placé de sa part concernant une relation somme toute naturelle et clairement destinée à durer dans le temps, il ne donnait pas cher de sa peau. D'autant qu'il avait fait classer des dossiers sans suite pour moins que cela. Il n'avait qu'un seul choix à faire.

- Donnez-moi un parchemin Dumbledore, dit-il sèchement.

Il écrivit rapidement les conditions et le tendit à Severus en le foudroyant du regard :

- C'est ce que vous voulez ?

Severus prit le temps de lire soigneusement les lignes. Tout y était, il était en passe de gagner.

- C'est cela même, monsieur le ministre, finit-il par dire calmement en tendant le parchemin au directeur.

- Mais enfin, s'insurgea Ombrage, monsieur le ministre, vous ne pouvez pas …

- Taisez-vous, je vous ai dit, hurla le ministre. Si vous ne vous étiez pas acharnée sur lui avec vos idées idiotes, nous n'en serions pas là ! Avant de sélectionner un adversaire, choisissez-le à votre mesure, Ombrage, et non pas de catégorie nettement supérieure !

Le ministre signa le papier d'un air rageur sous le regard outré d'Ombrage.

- Je repasserai au château après l'envoi des résultats de aspics Rogue !

- Nous vous y attendrons, monsieur le ministre, vous avez ma parole.

- Venez Ombrage, j'ai deux mots à vous dire lorsque nous serons au ministère et je dois contacter le département de la justice pour faire classer votre stupide plainte. Dumbledore vous fera suivre vos affaires, n'est-ce pas ?

- Bien entendu et je vous raccompagne, dit sobrement le directeur sans un regard pour Severus qui restait impassible. Mais intérieurement, il jubilait. Il avait gagné sur tous les tableaux.

- Vous voudrez bien m'attendre Severus, nous devons discuter de votre matière.

- Bien entendu Albus.

Severus réveilla doucement Hermione qui dormait profondément :

- Mon cœur ? Hermione ?

- Que s'est-il passé ? Merlin il est déjà cette heure là ? Alors ? Mais parle, bon sang !

- Je voudrai bien mon cœur, mais tu ne me laisses pas en placer une … J'ai gagné Hermione, j'ai tout : l'abandon des poursuites, un poste de professeur ici, même si je dois encore en discuter avec Albus, et une certaine assurance que tu passes tes aspics sans être victime de mesures de rétorsion.

Il sentit le soulagement et la joie d'Hermione à cet énoncé et ajouta tranquillement :

- Vous pouvez aller narguer Ombrage, elle ne va pas tarder à arriver avec le ministre et Dumbledore. Et comme je vais pouvoir constater son départ de visu du bureau de Dumbledore, si tu me la ridiculisais juste un peu, je pense que cela nous soulagerait tous … Bon, Dumbledore est quand même avec elle et le ministre, mon cœur …

Hermione bondit sur ses pieds et fit signe aux autres de la suivre. Elle leur expliqua rapidement qu'Ombrage était sur le départ avec le ministre et qu'elle avait même des encouragements de la part d'Erwin pour la ridiculiser. A ces mots, Ron et Harry hélèrent tous les groupes d'élèves qu'ils pouvaient sur le chemin pour les inviter à assister à la sortie d'Ombrage. La majorité des élèves n'osait vraiment y croire, mais l'air déterminé de leur préfète en chef tout juste rentrée semblait indiquer que quelque chose d'inhabituel allait se passer. Ils avaient été totalement surpris lorsque la gazette du sorcier avait révélé la liaison de leur préfète en chef avec leur professeur de potions, encore plus lorsqu'ils avaient su qu'elle était une sorcière tout à fait hors norme, car capable d'user d'une forme de magie qui leur serait à tout jamais inaccessible pour l'immense majorité d'entre eux. Pour ceux qui avaient côtoyés Hermione tout au long de ses années à Poudlard, ils étaient sûrs d'une seule chose. Leur professeur de potions ne lui avait accordé aucun régime de faveur cette année, ni à ses amis les plus proches Harry et Ron. Les notes qui s'étaient améliorées pour les gryffondors en potions l'avaient été pour toutes les années, et pas seulement la septième à laquelle appartenait Hermione.

C'est la raison pour laquelle aussi, les curieux suivaient, car si Ombrage partait, cela voulait-il dire qu'ils allaient à nouveau souffrir dans les cachots ?

Hermione venait d'arriver aux alentours de la porte du château lorsque celle-ci s'ouvrit pour laisser passer le ministre de la magie, Ombrage et Dumbledore. Le ministre marqua un temps d'arrêt devant la foule des élèves qui était rassemblée et son regard finit par se fixer sur Hermione, qui lui rendit sans flancher. Ombrage lui jeta un regard plein de haine, ce qui valu à Ron et Harry de se resserrer autour d'elle comme pour la protéger. Ils réalisèrent plus tard que leur geste était devenu inutile car maintenant, ce serait plutôt Hermione qui les protégerait que le contraire. Toujours est-il qu'Ombrage se retrouva face à trois regards implacables qui lui arrachèrent une grimace de dépit, tandis qu'un courant d'air impétueux s'entêtait à vouloir tenter de soulever sa robe de sorcière. Les sourires, puis les rires des élèves s'élevèrent à mesure où Ombrage bataillait avec sa robe, le tout sous le regard pétillant de Dumbledore qui arborait maintenant un demi-sourire.

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RAR :

scerena () : merci beaucoup. J'espère que la réponse de Severus t'a plue.