Le week-end se commença encore dans les révisions à la grande horreur de Severus. Il était malgré tout décidé à profiter de son samedi soir en compagnie d'Hermione et surtout sans manuels de cours, ni notes. Quand il lui fit part de cette intention juste après le dîner, Hermione lui opposa un refus catégorique et dit :

- Ecoute, dans quatre jours j'ai fini, alors tu peux bien encore attendre un peu non ?

- Non, précisément, non mon cœur. Je n'en peux plus de ces révisions qui ne t'apporteront rien de plus, alors je t'attends. Je sais que tu en as pour cinq minutes.

Cinq minutes plus tard, sans surprise, Severus partit à sa recherche. A cette heure là la bibliothèque était fermée, donc il se dirigea sans hésiter vers la tour des gryffondors. Il y avait tout de même pas mal de chance pour qu'Hermione soit là et en temps que professeur il disposait de tous les mots de passe du château. Il alla donc trouver la grosse dame qui fut outrée lorsqu'il lui donna le mot de passe :

- Antigone

- Professeur Rogue ! Que faites-vous ici ?

- Et bien je veux entrer dans la tour des gryffondors !

- Mais … mais …

- Ma chère madame, je vous ai donné le mot de passe, donc à vous de me donner l'accès ! Maintenant !

Le silence se fit instantanément lorsqu'il apparut dans l'encadrement du tableau. Harry ne se souvenait pas l'avoir vu une fois dans le dortoir des gryffondors, dans une tenue très inhabituelle pour la totalité ou presque des élèves qui ne l'avaient vu qu'en robe de sorcier noire. En cette soirée de juin, il s'était contenté de passer une chemise blanche assez largement ouverte et un jean noir, ce qui le rendait extrêmement séduisant. Il ne fit aucun commentaire devant ce silence et se contenta de tenter de repérer Hermione dans la salle commune. Il n'était guère plus étonné de ne pas la voir, en revanche, il avisa Harry et Ron et s'approcha d'eux sans se retourner sur les murmures qui commençaient à parcourir la salle :

- Harry, Ron, je ne sais pas pourquoi, j'ai comme dans l'idée qu'elle s'est réfugiée dans le dortoir de Ginny ?

Harry et Ron lui pouffèrent de rire au nez et les autres élèves constatèrent avec stupéfaction que la seule réaction de leur professeur était de soupirer et de lever les yeux au ciel.

- Et, dites-moi, c'est lequel le dortoir de Ginny pour que je ne sois pas obligé de les faire tous un par un ?

Harry et Ron échangèrent un regard : ils attendaient avec impatience la montée de Severus dans le dortoir des filles et sa tête lorsque l'escalier se transformerait en toboggan …

Harry réussit à lui dire avec un rire dans la voix :

- Le troisième à droite.

- Parfait, alors c'est parti.

Il s'arrêta un bref instant devant l'escalier du dortoir des filles, et commença à monter tranquillement les marches sans se presser. Arrivé à mi-hauteur sans que les escaliers ne se transforment en toboggan sous les yeux ébahis des élèves, il se retourna goguenard :

- Désolé de vous décevoir, j'ai décidé il y a longtemps que j'avais passé l'âge des glissades !

Il entra dans le dortoir de Ginny après avoir entendu la réponse de celle-ci qui paraissait étonnée. Elle ouvrit des grands yeux lorsqu'elle vit qui se trouvait sur le pas de la porte avec un sourire goguenard.

- Mais … comment …. Le toboggan …, balbutia-t-elle alors que les yeux d'Hermione lançaient des éclairs.

- Les professeurs ont quand même le droit d'aller partout Ginny, y compris dans les dortoirs des filles. Enfin, dès l'instant où ils sont lendoren bien sûr ! Bon, Hermione, on y va ?

- Non, je veux réviser encore une heure ici, répondit Hermione entre ses dents. Un léger courant d'air lui indiqua que ses nerfs étaient sur le point de lâcher.

- Comme tu voudras, répondit-il calmement. Mais je te signale que dans deux minutes je demanderai à Ginny de redescendre dans la salle commune …

- Et si elle ne le fait pas ? demanda Hermione crânement.

- Je suis toujours professeur ici, Hermione. Ne m'oblige pas à user de ce statut.

- Moi ? Je t'obligerai à user de ce statut ? Non, mais je rêve là ? C'est toi qui en abuse et la faute m'en incomberai ?

Ginny ne savait plus où se mettre. C'était la première fois où ils se disputaient devant elle, ou devant qui que ce soit à sa connaissance, à haute voix.

- Hermione, je veux qu tu te reposes au moins ce soir, et pour cela j'userai et j'abuserai de tout ce que je peux. Tu te reposeras de gré ou de force. C'est clair ?

Il avait tempéré cette autorité manifeste par une image d'une main tendue dans leur lien. Il n'arrivait toujours pas à faire de concession apparente lorsqu'ils avaient de la compagnie, mais il ne voulait pas non plus que ses nerfs lâchent dans ce dortoir. Si cela devait se faire avant la fin des examens, autant que ce soit dans ce qu'ils appelaient désormais chez eux. Hermione le foudroyait du regard et avait en même temps la mâchoire qui tremblait. Elle était au bord des larmes, mais avait du mal à se résoudre à céder. Ils se regardèrent de longues secondes sans que Severus ne tente autre chose pour la faire céder. Il se contentait de garder cette main tendue dans ce lien. Elle finit par ramasser ses affaires, et se diriger sans un mot vers la porte. Severus lui emboîta aussitôt le pas en lui entourant les épaules d'un bras. Il eut juste le temps de lever le sort de l'escalier avant qu'ils ne s'y engagent. Il ne tenait tout de même pas à faire sa sortie en glissade sous l'œil de l'ensemble des gryffondors assemblés au pied de l'escalier. En voyant les mines fermées de leur préfète en chef et de leur professeur, ils préférèrent s'écarter pour leur laisser un chemin vers la sortie. Ils remarquèrent cependant tous l'emplacement du bras de leur professeur qui n'avait pas lâché Hermione.

Lorsqu'ils furent sortis de la salle, ils se retournèrent tous vers Ginny qui était descendue derrière eux dans l'attente des explications qu'elle pourrait leur fournir.

- Il veut juste l'obliger à se reposer une soirée et oublier les révisions. Et dans l'état dans lequel elle est, je pense qu'il a raison. Et je peux témoigner qu'ils savent se disputer dans les règles de l'art !

Severus et Hermione regagnèrent l'appartement sans un mot. Il ne fit même pas semblant de passer par ses appartements deux étages plus bas, après son incursion chez les gryffondors, cela aurait été ridicule. Hermione savait qu'elle était épuisée, mais il n'y avait rien à faire, elle aurait voulu pouvoir tenter de travailler juste un peu plus, juste pour être sûre de bien savoir l'ensemble de ses cours. A sa grande honte, elle sentait les larmes de fatigue et d'énervement commencer à rouler sur ses joues. Pour la première fois, elle n'arrivait plus à les retenir. A leur arrivée à l'appartement, elle aurait voulu pouvoir aller se cacher un moment dans la salle de bain, mais Severus ne lui en laissa pas l'occasion, il glissa son autre bras sous ses genoux pour la porter et s'installa avec elle sur leur lit, avant de lui dire doucement :

- Allez, pleure un bon coup maintenant, tu te sentiras mieux après. En un an, tu ne m'as encore jamais fait le coup, je ne considérerai pas exagéré que tu trempes ma chemise une fois par an mon cœur. Surtout après l'année que nous avons vécu !

Le bouchon qui retenait ses larmes sauta d'un seul coup sous cette tendresse. Elle pleura sans discontinuer de longues minutes dans ses bras, ne ressentant aucun énervement de sa part à ce flot de larmes, seulement une acceptation résignée de ce besoin qu'elle avait. Le besoin de sommeil finit par l'emporter sur les larmes et Severus comprit que la soirée coquine qu'il avait prévu devrait être remise à plus tard.

Elle se réveilla le lendemain matin alors que le soleil entrait à flots dans la chambre, mais se sentit enfin reposée pour la première fois depuis qu'elle avait reprit les cours à plein temps. Lorsqu'elle s'aperçut tout de même qu'il était presque midi, elle ne put s'empêcher de s'affoler. Elle voulait encore faire des révisions aujourd'hui pour les deux jours à venir et elle avait perdu la moitié de la journée !

- Bonjour mon cœur, tu te réveilles juste à temps pour le déjeuner. Et tu seras gentille de montrer le bout de ton petit nez pour que ces chers gryffondors, directrice de maison en tête, cessent de me regarder de travers en se demandant ce que j'ai fait de toi !

- Mac Gonagall ?

- Elle même mon cœur ! J'imagine qu'une bonne âme a été lui faire part de mon excursion hier soir dans sa maison, et je me suis fait passer un savon de son cru ! J'ai eu beau essayer d'expliquer qu'avec cette nuit de sommeil tu n'en passerai tes aspics que mieux et que tes notes seraient meilleures, pour l'instant ils restent dubitatifs sur ma capacité à savoir m'occuper de toi !

Lorsqu'Hermione entra dans la grande salle, elle ne put s'empêcher de rougir lorsqu'elle vit que tous les regards étaient braqués sur elle : l'histoire avait fait le tour de l'école. Elle jeta un œil de reconnaissance à Ginny lorsque celle-ci dit d'emblée en la voyant :

- Tu as bien meilleure mine qu'hier soir. Je commence à croire qu'il te connaît suffisamment pour savoir de quoi tu as besoin parfois.

Hermione dut accepter du bout des lèvres deux jours après que Severus avait eu raison, elle avait finalement passé les trois dernières matières sans aucun souci, en étant un tout petit peu moins stressée car plus reposée.