Le lendemain matin, Severus arriva parfaitement détendu à la table des professeurs pour y prendre son petit déjeuner. Ce qui n'était pas du tout le cas de son collègue de potions Malko qui semblait sur les nerfs et peu enclin à la patience. Il ne put résister à l'envie de le taquiner :
- Mauvaise nuit, Malko ?
- La prochaine fois qu'Hermione a des idées, je te préviens, je fuis à l'autre bout de l'Angleterre avec Emma, moi. C'est beaucoup trop frustrant ! Marmonna-t-il entre ses dents.
- Qu'est-ce qu'Hermione vient faire la dedans ? Dit Severus d'un ton innocent
- J'ai quand même fait avouer à Emma ce qui l'avait rendue aussi … entreprenante cette nuit… Et elle m'a dit que cette brillante idée venait d'elle, en lui jetant un regard noir pendant que Severus souriait ouvertement.
- Et … que comptes-tu faire ce matin ?
- Serrer les dents et surtout ne plus la contacter avant deux jours, date à laquelle elle est censée prendre le Poudlard Express.
- Pourquoi ai-je l'impression qu'elle ne le prendra pas ce train ?
- Pas question ! Elle vient avec moi au cercle argenté. Elle est orpheline et jusqu'à présent retournait dans un orphelinat pour les vacances, cela m'arrange. Nous passerons les vacances ensemble, dans notre chalet !
- Depuis quand as-tu un chalet ? s'étonna Severus
- Juste après Noël. Cela m'a pris comme cela, juste en voyant votre impatience à regagner le votre, dit-il rieur. J'ai pensé que si ma compagne voulait bien pointer le bout de son nez, cela serait sans doute bien agréable. Et comme tu peux le constater, j'ai bien fait !
Ils continuèrent à badiner à voix basse, jusqu'au moment où Severus se rappela de quelque chose que lui avait dit Hermione la veille et il la contacta sur le champs :
- Hermione, tu n'étais pas sérieuse sur ton vœu de chasteté hier soir ?
- Pourquoi, fusa la réponse. Il n'est pas décidé ce matin ?
- Il est juste décidé à patienter le matin du départ du train et ensuite de l'emmener au cercle argenté. Je pense que c'est assez bien vu Hermione, ainsi, quelque soit la façon dont décideront de vivre l'année prochaine, ils seront certains de ne pas faire de vagues pour cette année. Le ministre a plié pour nous, mais si une deuxième affaire vient aux oreilles d'Ombrage, elle va les crucifier sur place, mon cœur.
- Deux jours, Erwin, pas une minute de plus. Emma est désemparée ce matin car il ne la contacte plus.
- Il lui a quand même avoué qu'il n'était pas un rêve ?
- Oui, mais il ne lui a pas dit qui il était vraiment. Et elle est tiraillée entre lui et la plastique du professeur de potions et directeur de maison, même si elle ne suit pas ses cours. Cela te rappelle quelque chose ? Ironisa-t-elle
Severus ne put s'empêcher de pouffer à la table des professeurs ce qui provoqua leur étonnement à tous car c'était bien la première fois qu'on le voyait faire cela ! Malko lui jeta un œil furieux, car il se doutait de quoi Severus discutait avec Hermione.
- J'imagine que je n'ai pas le droit de connaître la cause de cette hilarité ? Gronda-t-il.
- Non, on te laisse la surprise, dit Severus avec un grand sourire. Mais d'après Hermione, tu n'as pas intérêt à couper la communication pendant deux jours, car Emma est déjà désemparée car tu ne la contactes pas, alors je n'ose pas imaginer quelles seront les idées qui lui passeront par la tête pour rassurer Emma … Enfin, c'est toi qui vois bien sûr !
Les deux derniers jours passèrent à toute vitesse jusqu'au dernier dîner dans la grande salle. Harry, Ron, Ginny et Hermione profitaient des derniers instants ensemble pour engranger les derniers souvenirs ici, dans le château de leur adolescence. Hermione ne prendrait pas le Poudlard Express, elle attendrait le résultat des aspics avant de commencer à remonter avec Severus les sorts manquants à Poudlard. Les trois autres passeraient les vacances au Terrier avant d'entreprendre une formation d'Auror pour Ron et Harry, et une ultime rentrée à Poudlard pour Ginny. Ils étaient souvent rejoints par Emma qui se révélait, en petit comité, une amie tout à fait agréable qui se débarrassait de sa timidité, dotée d'un solide sens de l'humour et d'auto dérision.
Le dernier soir, les cœurs étaient un peu serrés lorsqu'ils entrèrent dans la grande salle. Toutes les couleurs des maisons avaient été mélangées, ornés malheureusement de crêpes noirs. Ils observèrent deux minutes de silence en mémoire des professeurs et des élèves qui avaient péri dans la bataille contre le dictateur. Le directeur se leva pour prendre la parole à la fin du repas :
- Vous savez tous que Poudlard a cruellement souffert de l'attaque de Voldemort et du dictateur. Mais il est encore debout grâce au courage de beaucoup d'entre vous ici, et de certains en particulier. C'est pour cela que j'ai décidé de décerner, à quatre élèves pour commencer, une distinction particulière : celle du mérite de Poudlard.
Des murmures parcoururent la salle. Ceux qui avaient obtenu cette distinction se comptaient actuellement sur les doigts de la main.
- J'appelle donc à venir devant moi : Ginny Weasley. Ron Wealsey. Harry Potter. Hermione Granger.
Il n'avait presque fait aucune pause entre les noms. Ginny et Hermione s'empourprèrent lorsque les applaudissements retentirent dans la salle alors qu'ils remontaient entre les tables vers leur directeur.
- Tu aurais pu me prévenir, pesta Hermione dans leur lien envers Severus.
- Encore eut-il fallu que je le sache Hermione ! Albus ne m'a rien dit mon cœur, et si j'en juge par la mine de tous les professeurs, je dirai que seule Minerva était au courant.
Lorsque les quatre adolescents furent devant lui, Dumbledore leur sourit :
- J'ai longuement pensé à cet instant après avoir pris ma décision de vous remettre cette médaille. Longuement pensé à ces sept années écoulées, émaillées de dures rencontres avec Voldemort depuis votre plus jeune âge. Emaillées de mort douloureuses. Qu'est-ce que j'allais pouvoir vous dire ? A vous Ginny qui avez été sous l'emprise de Voldemort, qui avez vaillamment combattu au ministère de la magie, et enfin dans cette grande salle, vous qui avez toujours été un soutien sans faille pour votre frère Ron, votre amie Hermione et encore plus à Harry, votre amour depuis de bien longues années, je vous remets cette médaille en souvenir d'un expelliarmus jaillit de nulle part qui paralysa Voldemort la fraction de seconde nécessaire à Harry pour en finir avec lui.
Ginny était écarlate, mais avec un grand sourire aux lèvres en recevant sa médaille.
- Ron, vous vous êtes sacrifié sur un plateau d'échec à douze ans, vous avez plongé vers la chambre des secrets à treize, vous avez supporté Harry de votre mieux lors du tournoi des trois sorciers, vous avez également combattu vaillamment au ministère de la magie à seize ans, avant de replonger dans la chambre des secrets une dernière fois en compagnie d'Hermione. Vous étiez étonné d'être vivant et sur le seul des quatre sur pieds à la fin de la bataille dans cette grande salle. Vous n'avez jamais marchandé votre amitié sans faille à Harry et Hermione, même lors des moments les plus délicats de leur vie. Je vous remets cette médaille en mémoire de cette amitié indéfectible qui vous lie.
Ron était aussi écarlate que sa sœur. Il avait l'impression qu'il était celui qui en avait fait le moins, et pourtant …
- Harry, tu as affronté quatre fois Voldemort en restant vivant. Tu l'as tué à la cinquième. Tu ne t'es jamais laisser entraîner vers la facilité qu'est le chemin de la magie noire. Tu as prouvé ton désintéressement devant le miroir du rised, ce qui t'a permis d'obtenir la pierre philosophale et de la sauver des mains de Voldemort. Tu as prouvé ta loyauté à Poudlard et à moi-même, ce qui t'as permis de vaincre le basilic avec l'épée de Godric Gryffondor apportée par Fumseck dans la chambre des secrets. Tu as sauvé une fois ton parrain d'une mort injuste, car il était innocent du crime dont on l'accusait. Tu as assisté, impuissant, à la mort de Cedric Digory et à la rennaissance de Voldemort. Tu as payé cher l'année suivante ta franchise, en particulier par la mort de ton parrain. Tu as enfin tout au long de cette année soutenu Hermione sans porter le moindre jugement, ce soutien est à mes yeux au moins aussi important que cet impardonnable qui a jailli de ta baguette pour tuer Voldemort. Pour tout cela Harry, Poudlard te sera à jamais reconnaissant.
Harry vit toute l'émotion de Dumbledore qui lui remettait cette médaille. Il vit enfin le poids des ans sur les épaules de son directeur. Hermione sentait une boule se former dans son ventre, elle se doutait pourquoi elle était la dernière et redoutait un peu le discours du directeur.
- Hermione, dit-il enfin. Encore une fois, lorsque j'ai pensé à ce que j'allais pouvoir vous dire, j'ai réalisé que, en ce qui vous concerne, ce n'était pas à moi de donner ma vision de ces sept années de votre vie à Poudlard. Je demanderai donc au professeur Rogue de le faire à ma place et de vous remettre cette médaille.
Si Hermione avait pu rentrer sous terre, elle l'aurait fait bien volontiers. D'autant qu'elle sentait les rires rentrés de Ron, Ginny et Harry à côté d'elle, et le juron de Severus qui ne s'attendait pas du tout à cela et qui ne se posait qu'une seule question : qu'allait-il bien pouvoir dire ? Il s'avança vers elle en fusillant Dumbledore du regard, mais celui-ci avait un large sourire aux lèvres. Il n'y avait plus un murmure dans la salle, tous les élèves ainsi que tous les professeurs étaient impatients de savoir quel genre de discours il allait bien pouvoir tenir. Hermione le regardait arriver nerveusement en enfonçant ses ongles dans ses paumes pour empêcher ses mains de trembler.
- Je ne vous remercie pas Albus d'avoir à faire un récapitulatif des sept années que tu as passé ici Hermione. Te concernant, et pour autant que je sache tout, ce dont je doute très fortement, je passerai discrètement sur des noms comme Norbert, Touffu, ou Mimi Geignarde. Je passerai encore sur un vieux morceau de parchemin indiscret et insulteur ou des bonbons miraculeusement arrivés dans la poche d'Harry alors qu'il n'avait pas l'autorisation de descende à Près-au-Lard, pour ces derniers je n'ai toujours pas le fin mot de l'histoire, mais je ne désespère pas de l'avoir un jour. Je passerai encore sur vos expériences dans la salle sur demande, ainsi que votre méthode pour faire vos devoirs. Non, ce que je veux retenir de ces sept années, c'est ta volonté farouche d'accomplir envers et contre tout ce que tu considères être ton devoir. Cela c'est traduit par donner à Harry toute l'aide que tu pouvais pour la pierre philosophale, la chambre des secrets, le sauvetage de deux innocents, sa survie lors du tournoi des trois sorciers, votre combat au ministère et pour finir le dernier combat, ici, dans la grande salle contre le dictateur. Combat où je dirai simplement que tu t'es montrée plut têtue que jamais, où tu n'as pas hésité à donner tout ce que tu pouvais pour accomplir ce devoir, au péril même de ta vie. C'est pour tout cela je pense, enfin, peut-être pas toutes les transgressions du règlement, que tu mérites largement cette médaille.
Les élèves et les professeurs mirent un moment à comprendre que Severus n'ajouterai pas un mot de plus. Cette médaille appartenait à Hermione, il lui donnait à elle seule. Il s'apprêtait à retourner à sa place lorsqu'il fut retenu par la main d'Hermione et sa voix qui brisa le silence :
- Je remercie le professeur pour ce discours, mais il comporte malgré tout au moins une imprécision de taille. Lorsque je me suis retrouvée face au dictateur, je n'étais pas seule. Nous étions deux Erwin, et sans toi, sans ta force, sans ton amour pour me soutenir, je n'y serai jamais arrivée. Et sans ta ruse propre à tout serpentard qui se respecte et ton entêtement bien connu par tous tes élèves, je ne serai pas vivante aujourd'hui. Je n'ai pas de médaille aujourd'hui pour toi, alors je me contenterai de cela …
En terminant sa phrase, elle s'était rapprochée de lui et commença à l'embrasser sans autre forme de procès. La gryffondor déclarait publiquement son amour au serpentard qui l'avait tellement fait souffrir au cours de ces six premières années passées ici.
Severus avait automatiquement refermé ses bras sur elle et lui rendait son baiser sans hésiter, alors que les applaudissements crépitaient. Ils se transformèrent en murmures stupéfaits lorsque deux licornes apparurent dans le ciel étoilé de la grande salle. Les élèves réalisèrent l'espace de quelques minutes où les licornes avaient effectué leur ballet au milieu de boules et de cercles de feu jaillis du néant, de quelle puissance magique était capable le couple qui n'avait cessé de s'embrassé.
