PDV Malko

Dès l'après-midi, Dumbledore nous demanda de passer à son bureau avec Filick à qui j'avais appris sa nomination surprise. Il était un peu stressé de se retrouver à enseigner à vingt-et-un ans, mais je savais qu'il était le plus compétent en sortilèges parmi les célibataires. Nous transplanames directement dans le bureau du directeur et celui-ci fronça les sourcils à notre arrivée intempestive. Il attaqua d'emblée :

- Messieurs, j'ai quelques petites choses à mettre au point avec vous. Tout d'abord, dès la rentrée des élèves, vous me ferez le plaisir d'oublier votre capacité à transplaner dans tout Poudlard, bouclier anti transplanage remis en place ou non. Je tiens en effet, dit-il en levant la main pour couper court à mes protestations, à éviter d'ébruiter votre statut de lendoren pour plusieurs raisons. La plus important étant malgré tout que votre communauté doit retourner au plus vite dans l'ombre, même si les jours prochains risquent d'être difficiles pour elle, en particulier pour Severus et Mlle Granger. A ce propos avez-vous des nouvelles d'eux ?

- Non, répondis-je, mais je pense qu'on nous en donnera ce soir, ou alors je transplanerai moi-même rapidement au cercle argenté pour avoir des nouvelles. Je viendrai vous voir dès que j'en aurai.

- Je vous en remercie. Ensuite, Mme Pomfresh tient à vous voir tous dormir tous les soirs jusqu'à nouvel ordre à l'infirmerie. Il est inconcevable que la communauté perde l'un de ses compagnons s'il se surcharge de travail. Faites ce que vous pouvez pour le château, mais surtout, reprenez tous des forces.

Je hochai la tête soulagé, ainsi que Filick. Le discours de Dumbledore me semblait nettement plus sensé que celui du ministre.

- Bien, concernant vos postes des professeurs, je tiens à insister sur le fait que l'article du règlement concernant l'absence de relation entre un professeur et une élève en dehors de l'enseignement reste en vigueur pour vous deux, en particulier pour vous deux, oserai-je même dire ! Severus arrivait avec son visage lendoren précédé d'une certaine réputation, que vous n'avez pas. Ce sera à vous de la forger messieurs, je ne veux aucune histoire de ce genre. Je me fais bien comprendre ?

- Et bien nous utiliserons la même technique qu'Erwin, Filick, les retenues pour les filles c'est avec le concierge, comment il s'appelle déjà ?

- Monsieur Rusard, répondit Dumbledore avec un petit sourire.

- Voilà, monsieur Rusard ou la forêt interdite avec Hagrid. Une petite précision malgré tout, monsieur le directeur, …

- Appelez-moi Albus.

- Bien Albus. Je pense que vous n'êtes pas sans savoir qu'Erwin sortait régulièrement du château jusqu'à la fin de l'année dernière pour … escapade personnelle ?

- Je vous octrois la même liberté messieurs. Faites cependant attention Malko, les devoirs d'un directeur de maison sont un peu plus prenant qu'un simple professeur et exige une présence un peu plus constante au près des élèves …

- Je m'en arrangerai. Autre chose Albus ?

- Oui, qui vous concerne Malko concernant la maison Serdaigle. Le professeur Chourave s'est occupée des parents de nos malheureux élèves qui ont trouvé la mort dans l'attaque. Mais vous avez encore un certain nombre d'élèves à l'infirmerie à aller voir, d'autant que certains sont encore inconscients, et vous en avez d'autre à Saint Mangouste. Il serait bon que vous les voyiez tous. Leurs capes sont bordées de bleu et leurs écharpes bleu et blanc, cela vous aidera à trouver les vôtres … Maintenant, monsieur Filick, quelles sont vos connaissances en sortilèges ?

- J'ai passé mon aspic dans cette matière avec un an d'avance, répondit calmement Filick, ce qui m'a permis d'aller à l'université de sorcellerie suivre les cours spécifiques du professeur Harpsh qui m'a donné le diplôme d'honneur de sa matière deux ans après, donc il y a trois ans maintenant.

Le sourire de Dumbledore faisait plaisir à voir. Il se tourna vers moi en hochant la tête :

- Excellent choix Malko. N'hésitez pas l'un et l'autre à vous servir des cours préparés par notre regretté professeur Flitwick et Severus. Je pense qu'ils pourront vous aider à faire travailler correctement toutes les années, en particulier les cinquième et les septième qui passent leurs aspics cette année !

Les jours suivants passèrent à Poudlard à la fois tous différents et tous les mêmes : la reconstruction, et pour moi la tournée des élèves de ma maison à Sainte Mangouste et à l'infirmerie au fur et à mesure de leurs réveils. Je m'efforçais de garder une distance respectable avec tous les élèves, en particulier les filles, sans me montrer aussi rébarbatif qu'avait sûrement pu se montrer Erwin. Heureusement, les nouvelles les concernant s'amélioraient petit à petit, et ce fut le soulagement pour tous lorsqu'il ouvrit enfin les yeux lui, au bout de quinze jours. Le plus dur était sûrement passé, il arriverait bien à tirer Hermione de là, têtu comme il était !

PDV Emma

Je me suis réveillée à l'infirmerie de Poudlard et toutes les images me sont revenues d'un coup. Notre aile avait l'air de s'être effondrée, mais pas le château entier, puisque j'étais à l'infirmerie. Rapidement, Mme Pomfresh fut à mon chevet :

- Ah, Mlle Kargling ! Comment vous sentez-vous ?

- Mal à la tête, ai-je juste eu la force de répondre à l'infirmière.

- Tenez, buvez cela, cela diminuera la douleur.

La potion était infecte comme à l'habitude et je l'avalais en réprimant un haut-le-cœur. L'infirmière hocha la tête avec un sourire approbateur, avant de se rembrunir en me disant :

- Je vais faire prévenir le professeur Lynch que vous êtes réveillée. Il remplace malheureusement le professeur Flitwick, ajouta-t-elle doucement en me pressant la main.

- Il est … ?

L'infirmière hocha la tête d'un air navré, elle avait elle-même les larmes aux yeux. Elle repartit alors que les miennes inondaient mes joues. J'avais toujours apprécié la gentillesse du professeur Flitwick à mon égard. Au moins face à lui, j'arrivais à aligner deux mots de façon cohérentes ! J'étais perdue dans mes pensées, dans mes souvenirs avec le professeur Flitwick, lorsqu'un mouvement de l'autre côté de mon lit me fit tourner brusquement la tête et la vision que j'avais devant moi fit s'arrêter de battre mon cœur. Ma vision tira une chaise à lui et me fit un léger sourire ce qui pour le coup fit passer mon cœur de l'arrêt total à un battement frénétique et totalement désordonné.

- Bonjour, fit ma vision, professeur Lynch. Je suis malheureusement désormais directeur de Serdaigle en remplacement du professeur Flitwick. J'enseignerai également les potions à la place du professeur Rogue en attendant le retour de celui-ci, mais je sais déjà que cette partie ne vous concerne pas, Mlle Kargling, puisque vous avez abandonné la matière après vos buses.

Après une temps de silence, et pour cause, j'étais hors d'état d'émettre le moindre son, mon nouveau directeur de maison reprit doucement :

- Bon, je sais que cela ne fait que quelques minutes que vous êtes réveillée, mais j'étais tout à côté lorsque Mme Pomfresh m'a annoncé votre réveil et je tiens passer voir tous les élèves de ma nouvelle maison dès qu'il sont en état de recevoir ma visite. Tout d'abord, Mme Pomfresh m'a chargée de vous dire que la jeune gryffondore que vous teniez dans votre bras lors de l'effondrement de l'aile du château n'a subi que quelques blessures légères et a pu d'ores et déjà rentrer chez elle en compagnie de ses parents. Vous, en revanche, allez tenir compagnie à Mme Pomfresh durant quelques jours, le temps de vous remettre du choc provoqué par la chute d'une pierre sur votre tête. Ensuite, j'ai constaté sur votre dossier que je ne pouvais contacter personne susceptible de vous accueillir jusqu'à la fin des vacances, donc je vous propose de rester au château d'ici la reprise des cours. Je pense que d'ici votre sortie de l'infirmerie, une partie de l'aile des serdaigles, bon enfin, notre aile, sera reconstruite et que quelques dortoirs et une salle commune seront à nouveau fonctionnels. Pour les affaires perdues, les effets personnels sont petits à petits dégagés des décombres et entreposés dans une salle que je vous indiquerai afin que vous récupériez ce qui vous appartient. Avez-vous des questions maintenant ?

- Mes amies, réussis-je à articuler

- Ah là, il va me falloir des noms, Mlle Kargling. J'avoue ne pas avoir encore retenu le nom de tous les élèves d'abord, ne pas avoir dressé la carte des amitiés ensuite !

- Luna Lovegood ? Mary-Sue Stuart ? Ginny Weasley, elle est à Gryffondor, mais …

- Mlle Weasley est à l'infirmerie et il semble qu'elle mettra un peu plus de temps à se réveiller que vous. Mlle Lovegood est d'ores et déjà rentrée chez ses parents, mais elle reviendra à la fin des vacances. En revanche, dit-il en s'assombrissant, Mlle Stuart n'a pas survécu à l'effondrement de l'aile. Je suis désolé. La maison, ajouta-t-il doucement alors que les larmes coulaient à nouveau sur mes joues, a payé un très lourd tribu à la chute de Voldemort, car oui, M. Potter a réussi à tuer le mage noir, Mlle Kargling, il est lui-même à Sainte Mangouste mais devrait s'en sortir.

Je comprenais à peine ses mots à travers cette douleur qu'il m'avait infligée involontairement : Mary-Sue n'était plus. Celle à qui je pouvais confier mes peines, mes espoirs, mes doutes, ma meilleure confidente, n'était plus …

J'entendis à peine mon nouveau directeur de maison m'indiquer qu'il me ferait parvenir mon abonnement à la gazette du sorcier directement à l'infirmerie. De cette journée, je ne devais finalement retenir que deux choses : j'avais eu l'impression de perdre mon adolescence en même temps que Mary-Sue et mon directeur de maison, très jeune pour un directeur de maison, était le plus bel homme que j'avais jamais vu et le seul qui ait réussi à faire battre mon cœur de façon aussi erratique que celle-là. Pour un peu, je regrettais presque d'avoir abandonné les potions …

PDV Malko

En ce jour de premier cours dans les cachots glacials d'Erwin, je dois bien avouer que j'étais un peu nerveux. J'avais pris le temps de soigneusement potasser les cours préparés par Erwin et je m'étais rapidement aperçu qu'ils étaient largement dans mes compétences, mais entre réaliser les potions soi-même et aider les élèves dans leurs erreurs, les rectifier, les faire chercher pour qu'ils trouvent, enfin bref, leur enseigner, il y avait un fossé que je doutais un peu au départ de savoir franchir. Heureusement, je commençais par les premières années serpentards / gryffondors, bon les premières années, les potions c'était du gâteau, cela m'entraînerait bien. Au bout d'une demi-heure de cours, je commençais à me détendre, j'avais rapidement cassé les petits morveux arrogants serpentards, maîtrisé les bouillonnants et explosifs gryffondors et mis tout ce petit monde au travail. Lorsque je posais une question, je m'apercevais bien qu'ils se recroquevillait sur leur chaise, ce qui me donnait une assez bonne idée de ce qu'ils avaient subi avec Erwin. Je souriais intérieurement mais n'en laissais rien paraître. Je ne donnais, ni ne retirais de points déjà pour ne pas gaffer dans un sens ni dans l'autre. Mais je m'autorisais quelques sourires d'encouragements à ceux qui répondaient correctement, ainsi que des froncements de sourcils significatifs aux plus turbulents.

Le dernier cours de la journée me faisait revoir Harry et Ron dans un autre cadre : en effet j'avais les septième année gryffondor serpentard pour terminer ma première journée d'enseignant. J'évitais soigneusement de les regarder car je ne souhaitais pas que tout Poudlard soit au courant que l'on se connaissait. La potion du jour pour eux était difficile, surtout apparemment pour les serpentards qui avaient l'air en dessous de tout dans cette matière ! Et c'étaient les élèves de la maison d'Erwin : alors là, dès qu'il remettrait un pied au château, je n'allais pas me priver pour le charrier copieusement ! Au bout d'une demi heure, les erreurs successives de Malefoy, Goyle et Zambini avaient sérieusement émoussé ma patience. Alors lorsque j'entendit frapper à la porte, mon « Entrez » claqua sans ménagement. Et je fronçais d'autant plus le sourcil lorsque je vis mon immonde collègue rose bonbon sur le pas de la porte de ma salle.

- Ombrage, que puis-je pour vous ?

- Mon cher professeur Lynch, pourriez-vous avoir l'obligeance de me fournir une fiole de veriseratum, s'il vous plaît ?

Et puis quoi encore, pensais-je immédiatement. D'autant que cela me rappelai vaguement quelque chose qu'Erwin m'avait raconté qui nous avait bien fait rire tous les deux.

- Je ne pense pas que le professeur Rogue en garde dans sa réserve.

- En gardait, reprit-elle suavement.

- Pourquoi gardait ? Il n'est pas encore mort à ce que je sache, répliquai-je brutalement. D'autant que je le savais en bonne voie de guérison et qu'il avait enfin réussi à faire ouvrir les yeux à Hermione la veille …

- Donc, non, il n'en garde pas dans sa réserve.

- Pourriez-vous dans ce cas m'en préparer pour ce soir ? reprit-elle d'un ton doucereux mais ses yeux étaient froids et me fixaient avec haine.

J'y étais : elle avait déjà fait le coup à Erwin qui s'en était tiré avec une pirouette et qui avait ce faisant constaté la nullité de son niveau en potion. Je remarquais de surcroît l'air paniqué d'Harry et Ron. Je détournais rapidement mon regard d'eux et répondit sèchement :

- Je peux m'y mettre dès ce soir, mais cette potion mérite un mûrissement d'un cycle entier de lune. Vous pourrez donc repasser me voir d'ici un petit mois, elle sera prête.

Si ses yeux avaient pu me tuer, je serai mort sur place. Elle quitta les cachots sans un mot. A la fin du cours, j'aurai bien retenu Harry et Ron pour qu'ils m'expliquent, mais ils détalèrent plus vite que des lapins.

Deux jours après, je les avais à nouveau en cours lorsqu'Ombrage fit à nouveau irruption dans mon cachot. Mais ça commençait à bien faire, maintenant !

- Que puis-je encore pour vous, Ombrage ?

J'avais insisté lourdement sur le encore pour qu'elle comprenne qu'elle n'était pas la bienvenue ici.

- Je viens vous inspecter, professeur Lynch.

- Je vous demande pardon ?

Je remarquai au passage les regards triomphants des serpentards et ceux dégoûtés des gryffondors. A vrai dire, ceux de Harry et Ron étaient même emplis de colère.

- Selon le décret d'éducation numéro vingt-trois, en tant que grande inquisitrice, j'ai le droit d'inspecter le travail de tous mes collègues dans ce château. J'ai décidé de commencer par vous, professeur Lynch.

Décret d'éducation numéro vingt-trois ? Alors là, je la tenais. Je n'avais aucune idée de la raison pour laquelle elle n'avait pas été informée par son ministre, mais Dumbledore avait tout de même tiré quelques ficelles après s'être vu imposé une fois de plus cette tête de crapaud comme professeur de DCFM ! Je la laissais prendre place à mon bureau avec un petite sourire de triomphe avant de me diriger calmement vers la porte de la salle de classe et de l'ouvrir en grand.

- Travailler la porte ouverte vous permet-il d'obtenir de meilleurs résultats de vos élèves professeur Lynch ? Questionna Ombrage d'une voix douce.

- Absolument pas. Cette porte est ouverte afin de permettre aux personnes qui n'ont pas la place dans mon cours de sortir plus aisément de la salle.

- Vous parlez de ?

- Vous, Ombrage.

- Mais enfin, je viens de vous dire que je suis la grande inquisitrice de Poudlard et …

- Etais.

- Pardon ?

- Oui, vous faites encore une erreur de conjugaison ma chère collègue. Vous étiez, il y a deux ans, la grande inquisitrice. Le décret d'éducation numéro vingt-trois, ainsi que le vingt-deux et un certain nombre d'autres numéros ont été abrogés voici trois jours maintenant. Donc vous n'êtes plus la grande inquisitrice. Donc vous n'avez plus le droit d'inspecter vos collègues. Donc vous sortez de ma salle de classe afin que mes élèves retrouvent un air respirable pour préparer leur potion du jour.

Les sourires des serpentards semblaient avoir été transférés sur les visages des gryffondors et les mines dégoûtées avaient fait le chemin inverse. Ombrage pinça les lèvres et se leva sans mot dire. Au moment où elle passa devant moi, je l'entendis clairement murmurer :

- Vous me le paierez Lynch.

- Faites attention Ombrage. Je sais que je suis largement meilleur que vous en défense contre les forces du mal.

Non mais ! Il faudrait rapidement que j'aille voir Dumbledore pour cet incident. En attendant, il fallait réagir en professeur face aux regards goguenards ou révoltés des élèves :

- Reprenez votre travail, dis-je d'un ton neutre. Et je ne veux aucun bavardage concernant cette visite ni aucun autre sujet.

Quatre jours après, Erwin et Hermione débarquaient à nouveau au château suite à une série de retenues douloureuses pour Harry, Ron et Ginny comme je l'appris par la suite. Je n'ai pas assisté à la débandade d'Ombrage (c'est le terme d'Erwin), mais Dumbledore avait un sourire qui lui faisait deux fois le tour de son visage lorsqu'il vint me chercher pour le voir avec Filick. J'étais heureux qu'Erwin prenne DCFM comme matière, car finalement, je ne trouvais pas l'enseignement des potions désagréable, moi. Bien sûr les ratés étaient nombreux chez les élèves, mais bon, ils étaient là pour apprendre non ?

Et je n'aurai pas immédiatement Hermione en cours puisqu'elle avait encore besoin de repos. Il faudrait juste que je m'ancre dans la tête qu'elle était une élève comme les autres, comme j'avais réussi à faire finalement assez bien avec Harry, Ron et Ginny chez les sixième années.