Note de l'auteur :
Ce second chapitre sert encore de mise en place. Peu d'action, mais de petits détails qui pourraient s'avérer révélateurs pour la suite des évênements ... Bonne lecture.
La nuit fut courte. Amanda ne se souvenait jamais de ses rêves. Les images défilaient sans jamais prendre le temps de s'arrêter pour que l'esprit puisse les comprendre et les emmagasiner. Tout était flou, cela n'avait aucun sens. Si les rêves reflétaient vraiment une partie cachée de nous comme on se plaisait à le dire , Amanda dirait qu'il y avait sûrement une bonne raison à cela et que c'était mieux ainsi. Ce fut le grésillement lointain de son radio réveil qui l'extirpa de ses visions brouillées. Quelle heure était-il ? Si tôt ? Amanda éteignit le réveil avec agacement. C'était le week-end et elle n'avait pas enlevé l'alarme de ce stupide réveil. Certes, ces deux journées de repos ne s'annonçaient pas inoubliables, mais elle aurait préféré passer encore un peu de temps dans cette bouillie informe d'images. Juste une minute de plus, une toute petite minute ...
Une porte. Un couloir. Le sol vacillait dangereusement sous ses pas.
" Amanda ? Où es-tu Amanda ? Je t'aime Amanda ! Où cours-tu Amanda ? Amandaaaaaaaaaaaaa ..."
" - Aaaaaaaaaaaah !"
- Amanda ! Tout va bien ! Amanda ! Amanda !
- Hein ? Que...Que..Quoi ?"
Amanda était assise par terre, près de son lit. Un violent mal de tête la frappa mais elle mis cela sur le poids de la chute. Sa mère la secouait énergiquement.
" - Tu as fait un mauvais rêve ma chérie ? lui demanda t-elle.
- Je.. Je ne me souviens pas, répondit la jeune fille confuse.
- Tu t'es mise à hurler.
- Cela devait être un cauchemar alors ...
- Tout va bien, tu es certaine ?
- Oui maman, c'est fini, merci."
Amanda se releva péniblement. A vrai dire, cela n'était pas la première fois que ce genre de vision la prenait. Elle n'y voyait là rien de bien grave, ce n'était que de simples rêves, des délires de l'esprit. Mais ce qui la contrariait, c'était le regard que posait sa mère sur elle lorsque cela arrivait. Ce regard d'incompréhension, ce regard inquiet, ce regard qui demande " Tu es sure que tu n'es pas folle par moment ?". La jeune fille entreprit de se changer les idées en allant se promener dans la campagne alentour. Elle marcha doucement à travers les champs de tournesols, de coquelicots et de blé. Des rayons de soleil perçaient à travers les nuages et venait doucement caresser son visage. Après un petit moment, elle s'allongea sur une botte de foin et fredonna légèrement quelques airs de musiques dont elle ne connaissait même pas le nom. Tout à coup, elle aperçut un homme d'un âge déjà respectable. Ce dernier s'approcha d'Amanda. Elle le connaissait bien. Il s'appelait Alan Truman. Il était le propriétaire du champs dans lequel elle s'était installée mais aussi l'homme le plus redouté des enfants de la région. Non pas qu'il fut méchant, mais il dégageait quelque chose d'inquiétant, quelque chose que les enfants sentaient naturellement. Même des adultes responsables vous direz qu'ils ne se sentent pas à l'aise en sa présence. Le voyant venir vers elle, Amanda se releva et lui souria. Mr Truman tenait un canif avec lequel il se raclait le bout des ongles.
" Hé gamine ! T'es dans mon champs là !" braya l'agriculteur.
Amanda préféra jouer la carte de la surprise et de l'ignorance.
" -Oh réellement monsieur ? Désolé, j'ignorais qu'il s'agissait de votre propriété privée.
- Boaaah... C'est rien, mais ne t'avises pas de revenir...Hé dit moi ! Tu serais pas la fille Burcke ! demanda t-il en lui agitant son canif sous le nez.
- Euh si, c'est moi.
- Il parait que vous avez eu un p'tit marmot l'année dernière !
- Oui, oui ...
- C'est une bonne chose ça !
- Oui, oui, répondait Amanda d'une voix de moins en moins assurée.
- Et toi t'as quel âge gamine ?
- Dix-sept ans. Mais excusez-moi, je dois rentrer maintenant. Bonne fin de journée.
- Ouais ! File la mioche ! Passe le bonjour à tes parents de ma part !
- Oui, oui !
- J'passerais sûrement les voir un de ces quatre !
- Oui, oui !"
Amanda s'éloigna sans pour autant rentrer chez elle.
Le week-end s'acheva plus rapidement qu' Amanda ne l'avait espèré. Aucun incident ne vient perturber le perpétuel calme de la maison Burcke, même pas les pleurs du bébé. Et sans même avoir eu le temps d'y penser, le début de semaine avait débuté. Rémy arriva le Lundi sur le coup de midi alors que les parents d'Amanda étaient absents, l'un est l'autre étant sur leur lieu de travail. La jeune fille acceuilla chaleuresement son ami. Ce dernier la prit dans ses bras en guise de bonjour. Elle y resta longtemps blottit. Elle s'était sentit si seule durant ces deux journées, le revoir était un grand soulagement, le comblement d'un trou. La jeune fille invita son hôte dans sa chambre. Ils s'assirent dans un coin et passèrent la fin de journée à discuter.
" - Tes parents sont absents ? questionna Rémy.
- Ils travaillent, ils ne rentreront qu'en soirée mais ils sont au courant que tu es là.
- Ah d'accord. Tu leur as déjà parlé de moi ?
- Evidemment !
- Tu leur as dit qui j'étais ?
- Je leur ai dit que tu étais un ami c'est tout. Ils ont confiance en moi, ils savent que je ne fréquente pas n'importe qui.
- C'est vraiment tout ce que tu leur as dit ?
- Mais enfin Rémy je ne te comprend pas là !
- Excuse moi. C'est juste que ça fait deux jours qu'on ne s'est pas vu et je suis un peu troublé.
- Mais tu sais bien que je ne t'oublie pas. Tu es toujours présent.
- Oui, je sais."
Rémy jeta un petit regard honteux à Amanda. Celle ci le regarda droit dans les yeux. Pourquoi réagissait-il ainsi ? Il paraissait mal à l'aise et tendu. Ils ne s'étaient jamais disputés depuis qu'ils se connaissaient et s'étaient toujours confiés l'un à l'autre. C'était comme s'ils se complétaient, chacun étant la moitié de l'autre. A l'évidence, son ami lui cachait quelque chose. Quelque chose qui lui faisait peur. Mais avant qu' Amanda n'ait le temps de lui poser la moindre question, Rémy changea brusquement de sujet, comme s'il avait senti l'anxiété de la jeune fille.
" - Sinon toi, tout va bien ?
- Oui parfait, ma vie ne rime toujours à rien et ne m'assure aucun avenir prometteur...
- Tu sais, tout cela pourrait changer si tu agissais au lieu de te plaindre.
- Mais que veux-tu faire toi ? J'habite au fin fond du monde entouré de cinq habitants !
- Rien ici ne te retient.
- Si. Ma famille ... et toi.
- Un jour, tu verras, on s'en ira loin de tout ça, rien que nous deux, et on s'offrira une vraie vie, lui répondit Rémy avec un sourire malicieux.
- Tu me le promets ?
- Je ne te mentirais pas à toi.
- J'aimerais tellement partir tout de suite.
- Mais pour l'instant nous sommes ensemble, c'est le plus important."
Rémy avait dit cela en rapprochant son visage de celui d'Amanda. Il respirait si doucement, qu'elle sentait à peine son souffle contre sa peau. Elle ferma les yeux et se laissa transporter au contact de ses lèvres avec les siennes. Elle rouvrit les yeux et les images qu'elle voyait se mirent à tourner, mais cette fois, elle était bien éveillée.
La journée s'acheva rapidement. Une fois de plus, le temps avait fait des siennes. Dans les moments les plus intenses, il file de plus belle. Les deux amis mangèrent, regardèrent quelques films à la télévision et montèrent se coucher. Alors qu'elle croyait enfin sombrer dans le sommeil, Amanda entendit la sonette de la porte d'entrée. Elle dévala les escaliers pour se retrouver dans l'entrée et ouvrit la porte à sa mère. Cette dernière l'embrassa.
" - Tout s'est bien passé avec ton ami ?
- A merveille ! Je te le présenterais demain, il dort pour l'instant.
- Très bien. Ton père est parti chercher Jack, il rentre dans peu de temps mais je suppose que tu préfères aller te coucher.
- Oui, embrasse le de ma part.
- Bonne nuit ma chérie."
Amanda s'apprêta à remonter dans sa chambre, sans un mot mais se ravisa au dernier moment. Elle se retourna et observa sa mère qui la fixait elle aussi.
" - Maman ?
- Oui ?
- Je t'aime"
