Source : GRAVITATION
Auteur(e) : Lysanea (lysaneahotmail.fr)
Genre : yaoi, romance.
Disclamer : aucun des personnages ne m'appartient sauf pour ce chapitre ceux que j'ai inventé comme la journaliste et le réalisateur.
Résumé : petite fic qui fait suite à ma précédente fic, The Gravity Tour. L'histoire se passe presque un an après l'épilogue, donc en fait Yuki et Shuichi sont ensemble depuis 4 ans et dans un an, Shuichi, Hiroshi et Fujisaki arrêtent leur carrière de chanteur pour se consacrer à leurs vies. Yuki a déjà une idée de son avenir avec Shuichi, et ma fic raconte donc la manière dont il va lui présenter les choses…
Chapitre deux : l'annonce
Pairing : Shuichi/Yuki.
Personnages :
Shindo Shuichi (chanteur des Bad Luck), Yuki Eiri (écrivain et amant de Shuichi), Hiroshi Nakano, (guitariste des Bad Luck et meilleur ami de Shuichi), K (manager des Bad Luck), Sakano (producteur des Bad Luck), Fujisaki Suguru (pianiste des Bad Luck), Hisae Shindo (sœur de Shuichi), Sakae Momoru (journaliste et productrice de documentaire), le réalisateur.
Allusions : Tohma (Seguchi Tohma, PDG de NG Productions, ancien pianiste des Nittle Grasper), ASK (ancien groupe de pop un temps en compétition avec les Bad Luck) Sakuma Ryuichi (chanteur des Nittle Grasper et ami de Shuichi).
Chapitre deux : l'annonce.- Moshi moshi !
- C'est moi.
- Eiri-chan ! Tout va bien ?
- Haï. Je suis à deux rues de NG, je voulais savoir si t'étais là ou si vous faisiez des prises de vues à l'extérieur.
- On est dehors, mais pas loin, au parc Yoyogi. Ils tenaient à nous faire une sorte d'interview ici parce que comme presque tous les groupes de rock amateurs, on a répété ici quand on était au lycée et qu'on avait pas assez d'argent pour louer des studios de répét'…
- Ca aurait pu être une bonne idée, s'il ne faisait pas si froid. Ton manteau est bien fermé, au moins ?
- Il y a un super beau soleil, Eiri, peu importe le froid ! Enfin, moi, je ne le crains pas. Toi, par contre, j'espère que tu t'es bien couvert. Tu peux me rejoindre, que je vérifie, ou tu n'as plus le temps ?
- Laisse-moi celui d'arriver.
- Sugoi ! On commence la première prise dans dix minutes. Si t'es pas arrivé, attends-moi sagement et évite de me déconcentrer avec tes regards appuyés
- Je croyais pourtant être discret.
- Ca fait quelques années que l'intensité de ton regard sur moi ne l'est plus…
- C'est bon, je regarderai ailleurs. A tout de suite.
- Regarde ou tu veux, mais pas d'autres hommes ou femmes, surtout. A tout de suite.
Yuki rangea son portable dans la poche de son manteau et redémarra la voiture en direction du Parc Yoyogi, qu'il rejoignit en moins de dix minutes. Il se gara et prit tout son temps pour retrouver le groupe de tournage, (même s'il lui suffisait juste de repérer un attroupement), s'assurant d'arriver alors que l'interview avait déjà commencé. Il franchit les barrières de sécurité, suivit par les exclamations des groupes qui se formaient autour.
L'histoire d'amour de l'écrivain et du chanteur faisait rêvé beaucoup de gens…
Evitant soigneusement de distraire Shuichi qui répondait avec Hiroshi aux questions, assis sur des caisses montées pour l'occasion, il prit place à côté de Fujisaki Suguru, de K. et d'un Sakano étrangement détendu, qui se tourna vers lui.
- Konishi wa, Yuki Eiri-san, la saluèrent le producteur et le pianiste.
- Mister Eiri, le salua le manager sans le regarder.
- Konishi wa.
- Vous avez l'air de vous être bien remis de votre maladie, remarqua Sakano. J'en suis content. Vous nous avez fait une belle frayeur.
Yuki avait eu une forme de pneumonie dont il avait fini par guérir un peu plus de deux mois plus tôt, mais qui l'avait considérablement affaibli. Amaigri, épuisé par une toux qui le harcelait et une fièvre qui le plongeait souvent dans une demi-inconscience, tout le monde avait craint pour sa vie. Certes, on ne mourrait plus de pneumonie aujourd'hui, mais de ses conséquences, c'était encore possible.
- Il a eu la meilleure infirmière du monde, Shindo Shuichi ! Je me demande s'il portait quelque chose sous sa blouse…
- K… protesta Sakano. Il faut l'excuser, Yuki-san.
- J'ai l'habitude. Et puis, il n'a pas tort, j'ai eu les meilleurs soins auprès de Shuichi. L'amour guérit de tout, tu devrais y songer, K.
Le manager lui décrocha un regard meurtrier, mais se souvenant qu'il avait face à lui un maître dans ce domaine, il reporta son attention sur l'enregistrement.
- Je profite d'ailleurs de mon passage pour vous faire savoir que Shuichi et moi allons partir un mois au Canada.
Sakano devint livide et K se tourna ver lui, les sourcils froncés et la main dangereusement posée sur son fidèle magnum…
- Je ne crois pas que nous en ayons discuté, Yuki Eiri-san
- Nous allons le faire, maintenant, mais ma décision est déjà prise.
- Serais-tu aveugle, que crois-tu qu'il est en train de se passer ? rétorqua K en désignant l'enregistrement de l'interview. Est-ce, d'après toi, le moment de partir en amoureux ?
- Ca le sera dans un mois, lorsque le dvd sortira. Vous aurez besoin de Shuichi le jour du lancement, mais ensuite, il vous faudra vous débrouiller seuls. Les Bad Luck vont se retirer pour préparer leur prochain album, et j'emmène Shuichi avec moi. Fin de la discussion.
K. se crispa, les yeux étincelants de colère.
- Vu sous cet angle, c'est envisageable… intervint Sakano, qui avait retrouvé ses couleurs.
- Oui, ça l'est, concéda K, contenant difficilement sa colère, mais ce n'est pas une raison pour imposer les choses de cette façon ! Nous avons aussi notre mot à dire, damned !
Yuki, les bras croisés et le regard fixe, resta impassible, mais répondit d'une voix aussi froide que la température extérieure.
- Vous nous imposez votre rythme de vie depuis presque quatre ans, maintenant, nous n'avons protesté que lorsque nous étions à bout. Cette fois-ci encore, nous sommes au bout de plusieurs semaines de travail intensif. J'ai dû beaucoup travaillé pour rattraper le retard du à ma maladie, et vous en demandez également beaucoup à Shuichi pour rattraper ce temps passer à me soigner et me guérir.
- Nous avons un accord, Yuki-san, dans moins d'un an les Bad Luck tireront leur révérence. Peux-tu nous reprocher de vouloir nous assurer que ce temps soit bien géré ? Nous mettons tout en œuvre pour que leur départ soit possible et se fasse dans les meilleurs conditions.
- Ne me prends pas pour un imbécile, s'ils le voulaient, ils pourraient se séparer demain, on entendrait encore parler d'eux des années plus tard ! Après seulement quatre ans de carrière, des groupes commencent à les imiter et les prendre pour modèle, ils sont déjà une référence… Cela a commencé très tôt et très vite, d'ailleurs.
- Il reste encore beaucoup à faire, Yuki-san, croyez-le… intervint Sakano. Dans un an, vous aurez Shindo-kun pour vous seul et pour toute votre vie.
- C'est aussi pour cela que je tiens à ce voyage au Canada. Nous avons certes tous les deux besoin de vacances, mais au-delà de ça, je pense aussi à mon avenir avec Shuichi. Je ne vais pas au Canada en simple touriste.
- Tu comptes y vivre ? s'étonna K.
- Je le saurai à notre retour.
- Mais pourquoi le Canada ? demanda encore Sakano. C'est tellement loin…
- Certaines choses sont permises au Canada qui ne le sont pas dans le reste du monde…
- Comme ? demandèrent le manager et le producteur d'une même voix.
- En y réfléchissant, vous trouverez seuls la réponse. Enfin, à deux…
La voix du réalisateur s'éleva.
- Coupez, on fait une pause ! Vous avez bien travaillez, les artistes !
- Pas un mot de tout ceci à Shuichi, c'est à moi de lui en parler, ne vous avisez pas de tout gâcher, murmura Yuki d'une voix encore descendue de quelques degrés, alors que le chanteur se dirigeait vers eux, tout sourire.
- Je suis content de te voir ! lui dit ce dernier en lui volant un baiser rapidement. Tu es bien couvert, je suis rassuré. Je vais me changer dans le camion, tu viens avec moi ou tu préfères m'attendre ?
- A ton avis ?
Shuichi sourit encore plus largement, puis, marchant côte à côte, ils gagnèrent le camion où ils s'enfermèrent.
- Est-ce que ça va ? Tu ne souffres pas trop du froid ? demanda le chanteur en retirant sa veste et sa chemise.
- Ma pneumonie m'a affaiblit mais ça va, le rassura-t-il en s'asseyant. Je n'ai jamais eu à craindre les basses températures, je ne les ressens que depuis quelques temps. Toi, cela semble ne pas te poser de problèmes, remarqua-t-il encore en passant sa main sur le torse nu de son amant, qui frissonna. Humm… frisson de plaisir ou de froid ?
- A ton avis ? murmura t-il en s'asseyant à califourchon sur lui.
- Tu vas prendre froid, rhabille-toi.
- Pas tout de suite…
Avant qu'il n'ait pu protester, Shuichi l'avait embrassé. Il referma donc ses bras sur lui pour le réchauffer et lui rendit son baiser, passionnément, durant un long moment. Puis ils s'écartèrent doucement, les joues rouges, les yeux brillants, et se regardèrent, front contre front.
- Je t'aime si fort, Eiri-chan.
- Moi aussi, Shui-chan. Je t'aime aussi fort.
Il ne le lui disait pas souvent, et Shuichi n'avait pas besoin de l'entendre tout le temps car il le ressentait à chaque instant, par ses gestes, ses regards, ses attentions. Mais quand il l'entendait prononcer ces trois mots, son cœur se mettait à bondir dans sa poitrine au point qu'elle en devenait douloureuse. Il se blottit contre lui encore un moment, pour calmer les battements de son cœur, puis s'écarta pour terminer de se changer.
Il passa un t-shirt très près du corps, vraiment très près, ce qui soulignait ses courbes et dessinait les muscles acquis au fil des ans. Yuki ne put profiter du spectacle bien longtemps, car déjà Shuichi passait un pull. Il regarda la boule rose émerger du col en souriant. Shuichi, qui se dégageait la vue de ses mèches tombant sur le nez, remarqua son sourire et rencontra son regard amusé.
- Qu'est-ce qu'il y a ?
- Ton pull est à l'envers…
- Kuso ! C'est…
- Je sais, c'est de ma faute… le coupa-t-il en se levant pour l'aider. Shui-chan, avant que tu ne reprennes, j'ai quelque chose à te dire.
- C'est une bonne nouvelle au moins ?
- A toi de juger. Dans un mois, juste après le lancement de votre dvd, nous partons pour un mois entier, rien que toi et moi. Si tu es d'accord…
- Sugoi ! s'écria-t-il en se pendant à son cou. C'est pas une blague, c'est bien vrai ?
- J'en ai parlé à Sakano et K. Il n'y aura pas de problème avec Tohma.
- Tu as réussi à les convaincre…
- Je ne leur ai pas laissé le choix. On en a besoin, tous les deux. Tu… tu me manques.
- Eiri-chan…
- C'est bon, maintenant que c'est dit, on passe à autre chose…
- Arigato ! dit-il en l'embrassant une dernière fois. Je te remercierai mieux ce soir, quand on aura un peu plus de temps.
- Si tu n'es pas fatigué comme presque tous les autres soirs, cette semaine. Ce que je comprends, vu comme ils vous baladent depuis lundi…
Shuichi s'écarta et remit ses mitaines, puis il choisit un manteau long qui allait avec le reste de la tenue, et l'enfila.
- Ils nous ont vraiment fait courir, cette semaine, c'est vrai. Vivement les vacances ! Je vais essayer de ne pas être insupportable jusque là, mais j'ai déjà hâte d'y être ! On va où, tu as une idée ?
- J'aimerai te faire découvrir le Canada.
- Le Canada ? Tu ne devrais pas plutôt songer à un pays chaud, pour terminer de guérir correctement ?
- Je ne crois pas qu'un brusque changement de température me ferait du bien. Et puis nous serons en plein printemps, dans beaucoup de régions du Canada, c'est une période de dégel.
- Tu es bien renseigné… Demo… si c'est le dégel, le temps doit être humide… Je ne suis pas sûr que ce soit prudent, Eiri. Il te faudrait plutôt un temps sec…
- Et qu'est-ce que tu connais du temps, hein ? répliqua-t-il sèchement.
Shuichi le regarda, un peu étonné car il ne comprenait pas son brusque changement de ton.
- Et bien, quand tu étais malade, je me suis beaucoup renseigné sur ce qui pourrait t'aider à guérir, te faire du bien. Comme je songeais à t'emmener dans un lieu au climat moins hostile que Tokyo en hiver, j'ai vu avec les médecins ce qui te conviendrait. Grâce au ciel, tu t'es vite remis.
Yuki se rendit compte de son erreur et s'en voulut. Son impatience le rendait maladroit avec la seule personne au monde qu'il ne souhaitait pas blesser.
- Gomen nasaï, Shuichi, je suis un peu tendu. Dans un mois j'irai mieux, je vais déjà mieux. Ma pneumonie sera alors un souvenir vieux de presque quatre mois. Ca ira, je t'assure.
- Je te fais confiance, Eiri-chan. Tu as l'air de tenir à cette destination, alors je te suis ! Personnellement, peu importe le lieu, du moment que je suis avec toi, et qu'on nous fiche la paix !
Yuki sourit et passa sa main dans ses cheveux roses.
- Dans ce cas, ce sera le Canada.
Ils sortirent du camion et rejoignirent le groupe. Sakano leur offrit à boire.
- Excusez-moi, Yuki Eiri-san, demanda la jeune femme qui s'occupait de l'interview en s'approchant d'eux, vous partagez la vie de Shindo Shuichi depuis un peu plus de quatre ans, accepteriez-vous de répondre à quelques questions ?
- Non, Sakae Momoru-san, protesta Shuichi. Je vous l'ai déjà dit, laissez Yuki tranquille.
- Shui-chan, si je peux me permettre, la situation est différente, il ne s'agit pas d'une interview pour la presse, intervint Hiroshi. Je t'ai fait plusieurs fois remarquer que les débuts de Bad Luck coïncidaient avec ta rencontre avec Yuki et le début de votre relation. Nous en parlons dans l'enregistrement. Ce serait dommage de simplement l'évoquer, alors qu'il peut participer.
- Cela nous permettrait d'expliquer ce qui s'est passé le soir où vous jouiez en première partie des ASK, quand tu as perdu ta voix et que Sakuma Ryuichi est venu t'aider. Personne ne sait vraiment que le choc causé par la présence de Yuki fut la raison de ce blocage.
Yuki et Shuichi échangèrent un regard que personne ne sut déchiffrer.
- Expliquer cela nous obligerait à expliquer pourquoi la présence de Yuki m'a paralysé, donc a parler de notre relation plus en détails.
- Vous n'avez rien à craindre, Shindo-san, nous pouvons en discuter ensemble afin de déterminer ce que vous voulez voir apparaître dans ce dvd, ce que vous voulez offrir de votre intimité à vos fans. Je vous poserai des questions en lien avec vos travail, par exemple en quoi votre relation l'a-t-elle perturbé, et nous avons déjà la réponse. Si elle a été une source d'inspiration, ce que nous savons aussi, puisque certaines de vos premières chansons ont trait à Yuki Eiri-san et à ce que vous avez vécu avec lui.
- Et que souhaiteriez-vous lui demander, à lui ? Car c'était cela, au départ, l'objet de votre question.
Sakae Momoru se tourna vers un Yuki impassible.
- Et bien, la manière dont il vous a soutenu, ce qu'il a pensé de vos débuts, son influence, son implication, sa part de responsabilité, je pourrai lui demander beaucoup de choses ! Il est tellement important pour vous, sa place est si grande dans votre vie, cela pourrait rendre vraiment intéressant notre documentaire. Et puis, vous savez bien que votre histoire touche beaucoup de gens…
- L'objet de ce documentaire est le début des Bad Luck, pas celui de ma relation avec Yuki, même si elles coïncident. Je ne veux pas qu'on perde de vue cette objectif de travail. Les personnes qui achèteront ce dvd devront le faire parce qu'elles s'attendent à y trouver la genèse de notre groupe, pas une explication sur le pourquoi Yuki et moi sommes ensemble et quel est le secret de la durée de notre couple, et encore moins des détails de notre vie. N'y songez même pas, insista-t-il en appuyant son regard sur K.
- Cela fait bien longtemps que nous n'avons plus besoin d'avoir recours à ce genre de manipulation, Shindo-kun.
- Je ne sais jamais à quoi m'attendre avec toi, K. Je préfère être clair, qu'il n'y ait aucun malentendu. Quoi qu'il en soit, je ne prendrai pas cette décision seul.
Tout les regards se portèrent vers l'écrivain, qui ne regardait que Shuichi.
- Je n'ai rien contre répondre à quelques questions, si tu es d'accord, Shuichi. Mais de votre côté, vous vous engagez à respecter nos réponses et à nous montrer la séquence définitive, la même que celle qui sera diffusée et que le public verra. S'il y a le moindre problème à ce moment là, si ce que nous voyons ne nous plait pas, je ferai en sorte que personne d'autre ne la voit, quelles qu'en soit les conséquences.
Personne ne doutait du sérieux de la menace et de la capacité de Yuki Eiri à la mettre à exécution. Sakae Momoru resta un instant interdite, puis sourit.
- Je sens que travailler avec vous va être une véritable partie de plaisir ! Bien, nous allons reprendre et terminer ici, nous conviendrons ensuite d'un premier rendez-vous pour préparer cette autre partie du documentaire. Je vais profiter du week-end pour définir un angle et vous le proposer la semaine prochaine. Cela vous va-t-il, Yuki Eiri-san, Shindo-san ?
Les deux amants se regardèrent et se comprirent. Shuichi hocha simplement la tête.
- Bien, alors en place, conclut-elle en faisant signe au réalisateur.
- On reprend ! hurla celui-ci.
Shuichi leva les yeux vers Yuki, qui reconnut cette lueur derrière la façade améthyste.
- Tout se passera bien, lui dit l'écrivain, arrête de t'inquiéter.
- Shuichi ! l'appela-t-on.
- Je vais essayer. J'imagine que tu ne peux pas rester…
- Je ne peux pas rester, mais je pensais revenir te chercher. On pourrait manger dehors et rentrer tranquillement terminer la soirée à la maison.
- Shindo-san !
- Kuso, une minute ! Filmez les arbres en attendant ! cria-t-il sans se retourner. Eiri, j'ai hâte d'être à ce soir, j'attends de pouvoir me poser un peu avec toi depuis le week-end dernier ! reprit-il en l'embrassant rapidement. J'aurai fini d'ici deux heures, normalement. Ca ira ?
- Je serai là.
- Génial. Fais attention à toi...
Il lui sourit avant de courir rejoindre Hiroshi.
Yuki l'observa encore un moment, puis se retourna pour partir.
- Tu nous quittes déjà, l'arrêta K.
- Je reviens le chercher dans deux heures, ne te réjouis pas trop vite.
- Je n'ai rien contre toi, Yuki-san, je te le répète encore. J'ai toujours encouragé votre relation.
- Tu as oublié un bout de ta phrase, K.
- Nani ?
- Tu voulais sûrement dire « J'ai toujours encouragé votre relation lorsque cela servait mes intérêts ». Si Bad Luck était menacé, tu n'hésiterais pas à tout tenter pour nous faire rompre.
- Tu te trompes, Yuki. Je sais que votre séparation détruirait Shuichi. Ce n'est pas dans mon intérêt, ni dans l'intérêt de personne ici présent.
- Qu'est-ce que tu ne me dis pas, K-san ?
- Rien que tu ne saches déjà. Je suis partagé entre la joie et la déception. Je suis content à l'idée que Shuichi va pouvoir vivre heureux et en paix avec toi, il le mérite tellement. Mais je suis déçu parce que son potentiel n'a pas été totalement exploité, il pourrait monter encore si haut, mais il nous reste trop peu de temps.
- De toute façon, ce n'est pas ce qu'il souhaite, intervint Fujisaki Suguru. Il aime chanter, il aime Bad Luck, il aime son public, mais ce n'est rien comparé à son amour pour toi, Yuki Eiri-san.
- C'est très bien comme ça.
- Bien sûr, reprit K. Il vit ses deux passions depuis quatre ans. Plusieurs fois je lui ai demandé de choisir, et ce dès le début de votre relation, lorsqu'il voulait te rejoindre à New York alors que tout était en train de se jouer pour sa carrière. Il a toujours fait en sorte de n'avoir pas à choisir, ou de pouvoir vous choisir tous les deux. Jusqu'à ce qu'il prenne lui-même la décision de se consacrer à toi et à votre vie ensemble.
- Il n'a pas sacrifié le groupe, K-san, nous avons tous décidé ensemble d'arrêter.
- Bien sûr, Fuji-kun, mais nous aurions pu encore continuer un peu, remplacer Hiro, toi-même, tu es ambitieux… Mais Bad Luck sans Shuichi, ce n'est pas Bad Luck. Tu le sais. Alors pardonne-nous encore une fois, Yuki-san, si nous profitons le plus possible du bonheur de cette aventure avec lui. Même la carrière de Ryuichi aux Etats-Unis ne m'a jamais apporté autant, alors que c'était une période exceptionnelle de ma vie.
- Nous t'aurons donné cinq ans, en tout. C'est beaucoup dans la vie d'un homme, même si tu crois que ce ne sera jamais assez pour toi, parce qu'il peut aller loin encore. Mais si demain il m'arrive quelque chose ou à lui, l'un comme l'autre nous porterons les regrets de tous ces moments où nous aurions pu être ensemble s'il avait refusé un concert, une séance de dédicace, une émission, une séance photo…
- Tu n'en as pas fait, toi, peut-être.
- J'étais écrivain depuis trois ans avant ma rencontre avec Shuichi. Tu sais ce que je veux dire. Je sais être gentil, mais je ne suis pas forcé de l'être. Alors ne me pousse pas à bout, K.
Yuki s'éloigna sans attendre de réponse, il en avait assez de cette discussion, assez de cette équipe.
Chaque matin, il supportait de plus en plus difficilement de laisser Shuichi partir, surtout pour les rejoindre, eux.
Au début, ils s'étaient tous plus ou moins bien entendu. Durant la première tournée, il n'y avait eu aucun incident, aucun problème, et cela avait continué quelques temps. Mais plus leur relation s'était consolidée et renforcée, plus l'attitude de K et Sakano avait changé. Ils la voyaient parfois comme un atout, et s'en servait sans gêne, et parfois comme une menace, et la parasitait. C'était pire depuis que Shuichi avait parlé avec Hiroshi et Fujisaki et qu'ils avaient décidé ensemble d'arrêter après cinq ans de carrière. Si leur décision avait été comprise et acceptée, les deux chefs s'étaient jurés de tirer le maximum du groupe jusqu'à la fin de l'échéance.
Aussi incroyable que cela put paraître, Shuichi, cette boule d'énergie hyperactive lui avait appris la patience. Mais cela devenait de plus en plus difficile à gérer, certaines périodes devenaient de véritables épreuves.
Encore une fois, la force avec laquelle Shuichi traversait tout ceci l'aidait à surmonter ces épreuves. Il avait tellement confiance en leur amour et en leur avenir… Sachant que le temps à vivre pour eux allait arriver et durer, il n'attachait pas plus d'importance que nécessaire à ce qu'il devait encore faire et vivre d'ici-là. Il disait souvent qu'en se débarrassant de tout ce qui devait et pouvait être fait aujourd'hui, il n'avait plus la crainte d'en voir le souvenir réapparaître plus tard et les gêner. Et il pourrait ainsi, le moment venu, se consacrer à leur couple et uniquement à lui. Ce qui n'était pas sans logique…
- Yuki-san ?
L'écrivain, qui venait d'arriver à sa voiture, se retourna. Hisae, la petite sœur de Shuichi, lui dédia son plus beau sourire.
- Hisae-chan, ohayo !
- Ohayo ! Comment vas-tu ?
- Bien, bien. Et toi, es-tu venu te promener ou voir quelqu'un ? la taquina-t-il.
- Je n'ai plus le temps de me promener, les examens approchent ! Mais j'ai décidé de faire une petite pause… Fuji s'ennuie un peu, cette partie du documentaire ne le concerne pas, alors je viens l'embêter. En fait, ma mère a fait des yokan et des monaka, alors je suis venue en faire profiter tout le monde ! En veux-tu maintenant ?
- Kekoo desu, Hisae-chan.
- Je sais que tu ne manges que les gâteaux que Shui-chan fait pour toi, mais il a appris ça de ma mère, et l'élève n'a pas dépassé le maître !
- C'est certain, j'aime beaucoup la cuisine de ta mère. Je mange volontiers ce qu'elle prépare, et s'il en reste tout à l'heure, je goûterai ses gâteaux avec plaisir.
- Je t'en garderai, j'empêcherai Fuji-chan et Onii-san de tout avaler...
- Shuichi m'a dit que vous étiez de nouveau ensemble. C'est bien.
La jeune fille haussa les épaules.
- On fait tous des erreurs dans la vie ! C'est rare de trouver son âme sœur du premier coup ! L'important c'est de profiter du moment présent, non ?
- Quand c'est possible, oui.
- Si j'ai bien compris, tu allais repartir ?
- Haï…
- Si tu pars, c'est que tu as des choses à faire… Je ne te retiens pas plus longtemps, alors.
- Je reviens chercher ton frère tout à l'heure, on va manger dehors, vous pouvez venir avec nous, si vous voulez…
- C'est vraiment gentil, mais on risque de vous déranger…
- Vous êtes bien les rares personnes avec qui cela ne me pose aucun problème de passer la soirée ! Ca fera plaisir à Shui-chan. Réfléchis, et tu me diras tout à l'heure.
- D'accord ! Arigato, Yuki-san !
Il l'embrassa sur la joue et s'engouffra dans la voiture, laissant la jeune fille rougissante sur le trottoir.
Il ne faisait ça avec personne, mais il adorait vraiment la sœur de Shuichi. Hisae était une jeune fille surprenante, comme son frère.
Par ces simples mots échangés avec lui, elle avait réussi à chasser sa mauvaise humeur…
- Arigato, Hisae-chan, murmura-t-il en démarrant sa voiture.
A suivre…
Notes :
Les yokan sont des pâtisseries traditionnelles à base de pâte de haricot rouge gélifiée "azuki", de sucre et d'agar-agar (on dirait un peu de la pâte de fruits) et les monaka, des petites gaufrettes à base de farine de riz, fourrées à la pâte de haricot rouge "azuki" ou blanc.
Lexique :
Arigato : merci
Haï : oui
Kekoo desu : non merci
Konnishi wa : bonjour
Kuso : merde
Moshi moshi : allô ? (équivalent à )
Ohayo : bonjour, salut
Parc Yoyogi :
Sugoï : super, fantastique !
