Bonsoir bonsoiiiir !

Oupsie ? Il se pourrait bien que j'ai oublié de venir updaté, j'ai passé deux-trois mois compliqués je l'avoue X)

So bonne lecture !

WARNINGS : Violence intra-familiale, violences sur mineure, tics nerveux et inconscients pouvant s'apparenter à de l'auto-mutilation.

Disclaimer : À part Koumei, l'univers et les personnages appartiennent à Kōhei Horikoshi


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9# Juste une histoire de règles

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C'est la nausée au bord des lèvres et la sueur sous son t-shirt que Koumei se réveille, Hitoshi replié en chien de fusil contre son ventre. Elle sourit un peu, caressant les cheveux violets, avant de se redresser et de sortir les jambes du lit. Elle a l'impression que la pièce tangue sous ses yeux ; c'est en bâillant et toujours nauséeuse avec un point douloureux dans le ventre qu'elle se relève, apercevant des taches rouges sur le protège-matelas.

Ah. Elle a dû encore se gratter dans son sommeil. Elle espère que Keigo ne lui en voudra pas trop et qu'il l'aidera à mettre le tissu à tremper avant de le laver. Elle a l'impression que son énergie est aux abonnées absentes et que le sol risque de se dérober sous ses pieds à chaque pas. Est-ce que son tuteur lui en voudra si elle reste allongée un peu plus longtemps ce matin, après lui avoir dit bonjour ?

Pourquoi doit-elle tomber malade alors qu'Hitoshi est là et qu'il a besoin de réconfort ? La nuit mouvementée lui revient en tête et elle se déteste pour être aussi faible. Elle espère que cela passera vite, qu'elle pourra profiter de son cousin plus longtemps. D'ailleurs, Keigo n'espérait-il pas négocier auprès des parents d'Hitoshi pour qu'il puisse rester plus longtemps ? Il lui semble que c'est encore les vacances scolaires, concept assez abstrait pour elle qui n'est jamais allée à l'école et n'a donc jamais profité des congés associés.

Elle se traîne comme un zombie jusqu'à la chambre de Keigo, pour la trouver vide. Avec un soupir, elle tangue jusqu'au salon, tout aussi vide, mais un mot repose sur la table de la cuisine ouverte. Elle s'en empare, avant de se tourner vers le canapé pour s'y allonger et lire le mot.

Ma petite Mei,

J'ai dû partir précipitamment en mission, pardon

Je n'ai pas voulu vous réveiller

Je m'occuperai de négocier avec le père d'Hitoshi pendant mon trajet, ne t'inquiète pas pour ça

Ensuite, Mirko passera dans la matinée pour s'assurer que tout va bien et elle restera si vous le voulez bien, sinon elle repassera ce soir

Encore désolé,

Keigo

La main de Koumei tremble. Ce n'est pas que la présence à venir de Mirko la dérange tant, même si elle ne saurait en dire autant pour Hitoshi, mais elle ne se sent pas assez bien pour accueillir correctement l'héroïne. Et comment se comportera-t-elle en l'absence de Hawks ? Est-ce qu'elle se comportera aussi gentiment ?

L'adolescent a trop mal au crâne pour y réfléchir, sincèrement.

Avec un soupir, elle s'allonge sur le canapé, se jurant qu'elle sera debout avant que son cousin ne se réveille, reposant le papier sur la table basse. Au moins, sa tête ne tourne plus alors qu'elle la pose sur l'un des coussins.

― Cousine ?

Hé merde.

― J'suis dans le salon, Toshi, gémit-elle.

L'a-t-elle réveillé en se levant ou en se déplaçant ? Il méritait de dormir plus longtemps, avec la nuit qu'il a passée. Elle aurait dû être plus discrète. Elle ferme les yeux alors qu'elle entend le bruit des pas d'Hitoshi, qui s'arrête soudain. Elle fronce les sourcils, fatiguée rien qu'à l'idée de relever la tête pour voir où est son cousin, et elle espère presque qu'il vienne jusqu'à elle.

Est-ce que ça fait d'elle une mauvaise personne ?

― Tu… Tu vas bien, Mei-chan ? Et… Où est Hawks ?

― Il a dû partir en mission. Désolée, je suis pas bien, mais laisse-moi cinq minutes et je prépare le petit-déjeuner…

― Je vais m'en occuper, enfin, si tu n'es pas bien ! Repose-toi !

Hitoshi nie frénétiquement, étendant même sur elle le plaid posé sur le dossier du sofa. Il est hésitant dans ses gestes, mais elle le trouve adorable avec sa gêne et elle a envie de lui dire qu'il n'a pas à rougir de sa gentillesse, même si elle se sent trop épuisée pour ça. Elle déteste ses nuits mouvementées qui la tuent encore plus lorsqu'elle se réveille.

Elle veut Monsieur Finchu dans ses bras, à défaut de pouvoir se réfugier dans ceux de Hawks.

― Tu crois… Tu crois que tu pourrais m'amener ma peluche de pingouin ? Si c'est pas… trop… te demander…

Elle bâille et Hitoshi lui offre un sourire timide en acquiesçant, avant de filer lui chercher son doudou. Peut-être a-t-elle passé l'âge, mais à vrai dire, elle s'en fiche bien pour une fois. Elle veut juste sa source de réconfort alors que sa nausée s'intensifie en même temps que sa douleur au ventre.

Elle s'en veut d'être si faible, si pathétique, lorsque la sonnette résonne entre les murs de l'appartement. C'est à elle de tenir la maison en l'absence de Hawks, pas son cousin ! Elle tente de se redresser, alors qu'Hitoshi arrive pour lui mettre sa peluche dans les bras.

― Je vais voir qui c'est.

― Mirko. Hawks a dit… qu'elle viendrait voir si tout va bien. Gentille, bredouille-t-elle avant de reposer sa tête sur le coussin.

Bordel, elle veut juste se reposer pour pouvoir faire tout ce qu'elle a à faire, alors pourquoi son ventre lui fait aussi mal ? Ce n'est pas aussi douloureux que les coups de pied de son père, mais elle a espéré si fort ne plus jamais souffrir, alors cette traîtrise de son corps lui fait mal.

― Attends. Mirko, la Mirko ? L'héroïne ultra-badass ?

Hitoshi a des étoiles dans les yeux et soudain, Koumei se dit qu'elle aurait peut-être même faussé sa douleur pour laisser son cousin courir ouvrir la porte à sa place.

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Hitoshi peine à retenir l'excitation qui le gagne, comme un enfant normal à Noël.

Mirko, c'est l'héroïne qui s'est arrêtée vers lui un jour où il pleurait à l'abri des regards, c'est l'héroïne qui n'a pas fermé les yeux sur sa détresse et lui a tenu compagnie, lui offrant même des bonbons. Il ne lui a jamais dit pourquoi il pleurait, ce jour-là - sa dernière année de primaire, avec le premier instituteur qui a instauré la muselière lorsqu'il utilisait par accident son Alter - mais son geste amical l'a réconforté.

Peut-être aurait-il dû lui dire, mais est-ce que cela aurait changé grand-chose ? Comme lui a démontré la vie, ce n'est pas exceptionnel ; son pouvoir fait bien trop peur pour être accepté, sauf quand il ne parle pas. Est-ce qu'elle se souviendra de lui ? Est-ce qu'elle voudra bien lui signer un autographe ? S'il a un autographe de Mirko à l'école, ses camarades voudraient peut-être jouer avec lui, pour une fois.

Il ouvre la porte en retenant difficilement son excitation, alors que Mirko en tenue civile et un sac de sport en bandoulière se trouvent sur le perron. Même sans son costume, elle a la classe, dans son t-shirt en coton et son bermuda en jean. Ou peut-être est-ce lui qui est ébloui par l'aura qu'elle dégage ? En tout cas, il a les yeux qui brillent d'autant plus.

― Bonjour, je suis Mirko ! Tu dois être Hitoshi, n'est-ce pas ? Koumei n'est pas encore réveillée ?

Oh. Évidemment qu'elle ne se rappelle pas de lui ; pourquoi est-il si surpris ? Il n'est qu'un enfant dans une carrière d'héroïne bien remplie. Il dissimule sa déception comme il sait si bien le faire, avant de désigner le salon du pouce. Soudain, ses mots semblent avoir déserté sa gorge, comme s'il ignorait comment se comporter.

― Elle… Euh… Elle est pas bien depuis son réveil.

― Oh ? On va voir ça, alors. Et toi, comment tu vas ? Vous avez déjeuné ou pas encore ?

― Ah, heu, bien, et non, bégaie-t-il en rougissant.

Mirko lui adresse un sourire alors qu'il se décale pour la laisser passer, refermant la porte derrière avant de rejoindre Koumei, toujours prostrée sur le canapé. Ça l'inquiète de la voir dans cet état, dans cette position si semblable où il retrouve parfois son père au petit matin parce que sa mère a eu une crise et l'a viré de leur chambre.

Parfois, Hitoshi songe que sa vie serait bien différente si son père acceptait que sa mère n''est plus la femme qu'il aime et qu'il ne pourra pas la ramener à la raison, que c'est trop tard et qu'il ne peut que sauver au moins son fils de cet enfer. Mais c'est à croire qu'il préfère rester aveugle à sa vie qui brûle devant lui plutôt que de faire face à la vérité.

Le tintement du verre le fait sursauter et il se retourne brusquement, pour voir Mirko glisser des verres à son effigie dans le placard, bien plus que le seul qu'il a brisé. Sa gorge le démange et il laisse finalement éclater un rire léger alors qu'elle lui adresse un sourire complice.

― Hawks m'a dit que j'avais le droit de ramener ma merch, pour une fois, je vais pas me gêner !

― Vous comptez… Vous comptez mettre votre merch dans tout l'appartement ?

― Non, ou il ne m'autorisera plus à venir. Par contre, il ne m'a pas interdit de vous gâter !

Mirko sourit jusqu'à ses longues oreilles et la gorge d'Hitoshi se serre. Il ne mérite pas d'être gâté, non ? Il y a des murmures vicieux à son oreille qu'il veut faire taire. Mais que peut-il leur rétorquer ? Il connaît depuis trop longtemps la solitude et le rejet pour opposer fermement les mots tendres et réconfortants de Hawks à ses doutes affamés qui dévorent sa poitrine. Il pose une main dessus et agrippe son t-shirt, avant qu'une peluche de l'héroïne n'apparaisse sous ses yeux.

L'adulte est accroupie devant lui, lui tendant l'objet dont il a rêvé pendant des mois, au plus noir de ses nuits, sans jamais oser le réclamer à son père. Il craignait bien trop que sa mère la détruise lors d'une de ses crises. Il craignait de plus souffrir de l'avoir que de la garder au creux de son cœur. Mais il peut toujours la laisser ici, maintenant. La peluche sera en sécurité.

Hitoshi ne veut pas songer que c'est la première fois qu'un cadeau lui est offert en-dehors de son anniversaire, mais un sourire immense prend place sur ses lèvres alors qu'il s'en saisit. Il le serre contre son torse et plonge le nez dedans ; une agréable odeur de thé s'en dégage et il a les larmes aux yeux alors qu'il redresse la tête pour observer l'héroïne.

― Merci. Merci infiniment.

― Oh, tu me diras ça quand j'aurais tout déballé, mais d'abord, on s'occupe du poussin alité ! Tu pourrais lui remplir un verre d'eau ? T'inquiète pas de le casser, ça me fera une occasion en or pour revenir.

Hitoshi arrive à sourire à la mention de l'incident de cette nuit - Hawks a dû lui dire de le ménager à ce sujet, c'est obligé ! - et file en direction de l'évier, sa nouvelle peluche contre son cœur.

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Hawks a un don pour attirer les gamins paumés et souffrants.

Mirko se redresse en suivant du regard le garçon aux cheveux violets, qu'elle a croisé dans une ruelle il y a quelques années. Il n'a jamais voulu lui dire ce qu'il lui était arrivé et elle a le souvenir d'un blanc avant que la ruelle soit vide, mais elle n'a pas oublié ses yeux rougies de larmes, les traces inquiétantes sur ses joues rondes et sa lèvre si mordillée qu'elle en saignait.

Même maintenant, elle se retient de l'amener au commissariat le plus proche. Son instinct lui hurle qu'il y a quelque chose qui cloche, à la façon dont il tient sa peluche si étroitement contre lui, à la façon dont il se comporte. Hawks lui a demandé de garder surtout un œil sur lui, ce qui ne la rassure pas du tout en prime.

Un enfant de treize ans rejette plus facilement les peluches, surtout les garçons. Alors pourquoi pas lui ?

Elle soupire, songeant qu'elle aura bien le temps d'y réfléchir plus tard - et de cuisiner Hawks à ce sujet - quand elle n'aura pas à veiller sur deux enfants. Elle s'approche doucement de Koumei, qui relève la tête de son coussin pour la reposer aussitôt, une main qui semble posée sur son ventre. Est-ce qu'elle est malade, ou est-ce un coup de fatigue passager et elle ira mieux si elle se repose ?

― Hey, Koumei. Comment tu vas, poussin ?

― 'Lut. Fatiguée et mal au ventre. C'est pas comme… Y'avait du sang sur mes draps, c'matin ! faut que je le mette à tremper !

Koumei écarquille les yeux et se redresse brusquement. Mirko lève les yeux au ciel, avant de poser une main sur son épaule pour l'inciter à se rallonger. Du sang sur ses draps, hum ? Ce n'est pas étonnant, vu son âge. Mais sait-elle même ce que cela signifie ? Ou alors, est-ce que cela vient des comportements de la jeune fille, qui se griffe le ventre parfois ?

― Tu as regardé si ton t-shirt l'était aussi ?

Elle cligne des yeux, confuse, tandis qu'Hitoshi rapporte un verre d'eau. Mirko ignore où se trouve la trousse à pharmacie de Hawks et elle ne compte bien ne pas avoir à la chercher. Elle doit toujours avoir des anti-douleurs dans son sac et des protections, au cas où des femmes ou des hommes trans en auraient besoin.

C'est quelque chose de peu connu dans la sphère publique, à part des concernés, mais les héroïnes ont toujours de quoi dépanner celles et ceux qui ont des règles, parce que c'est essentiel pour la santé de tous. Combien de fois a-t-elle dépanné une étudiante, une sans-abri, une mère de famille un peu ric-rac à la fin du mois ? Trop pour qu'elle s'en souvienne.

― Je… J'ai pas mon t-shirt de poisseux, ni mon ventre.

Il y a une lueur de panique dans les yeux verts et Mirko comprend qu'elle n'a aucune idée de ce qu'il lui arrive. Elle lui tapote gentiment le crâne avec un sourire, avant de fouiller dans son sac à la recherche de sa pochette de secours. Elle en sort un anti-douleur en espérant que cela suffise pour l'adolescente, avant de prendre des mains d'Hitoshi le verre d'eau pour tendre l'ensemble à Koumei.

― Prends un antidouleur, ça devrait calmer tes maux. Tes parents ou Hawks t'ont déjà parlé des règles, poussin ?

― Des règles de vie en société, vous voulez dire ?

Elle lui adresse un regard confus et Mirko retient un soupir, alors que la plus jeune lui obéit et prend le médicament sans hésiter. Lui fait-elle déjà confiance ou a-t-elle l'habitude de prendre tout ce qu'on lui donne sans réfléchir ? Le premier scénario lui semble improbable, mais le second est effrayant à lui en donner le tournis ; qui sait ce que les parents ont pu lui donner sans qu'elle n'en remette jamais en question la toxicité ?

― Non, pas exactement, mais ça répond à ma question. Hitoshi, va donc chercher une chaise, ça serait bien que tu écoutes. Ce matin, cours d'éducation sexuelle et sur la puberté !

― Hein que de quoi ? bégaie Hitoshi. Je suis pas trop jeune ?

― T'as treize ans, c'est bien assez. Et si tes oreilles pensent être trop prudes, je n'en ai pas grand-chose à faire sur ce sujet-là, parce que l'école est encore frileuse pour en parler. Ça serait dommage que tu te retrouves avec un gosse sur les bras à seize ans, hum ?

Hitoshi bégaye d'autant plus, avant d'enfouir son visage rougissant dans sa peluche. Elle lui sourit gentiment et lui tapote le crâne. Il se tend, comme prêt à se prendre un coup - et que ça lui fait mal de le voir comme ça - avant de lever un regard méfiant vers elle. Elle lui sourit un peu plus et il se détend d'un coup, les yeux brillants, avant de filer chercher une chaise.

Mirko s'assoit devant la télévision, pour garder un œil sur Koumei et Hitoshi en même temps. Le sol n'est pas inconfortable, mais Hawks devrait songer à investir dans un tapis pour lui éviter de se faire mal au fessier. Ou dans un second canapé. Ou même dans un appartement plus grand, tiens.

C'est qu'ils commenceraient presque à être à l'étroit.

Elle passera une protection à Koumei quand elle ira mieux. Tant pis pour le travail de nettoyage derrière, elle ne forcera pas la jeune fille à se lever pour ça. De toute façon, un peu plus ou un peu moins… Ce n'est que du sang, Mirko a vu bien pire en tant qu'héroïne. Et Hawks aussi ; de toute façon, il lui a laissé carte blanche, il ne peut pas se plaindre à moins qu'elle ne fasse sauter l'appartement et ce n'est pas son genre.

― Alors, sachez que vos corps vont commencer à changer avec la puberté, pour commencer à ressembler à ceux des adultes. Ça entraîne le développement de vos organes sexuels, entre autres. Dans le cas des filles, cela déclenche leur cycle ovarien, c'est-à-dire que chaque mois, le corps va se préparer à accueillir un ovule - un peu comme un œuf, pour vous donner une idée - et, dans le cas où celui-ci ne serait pas fécondé, rejetterait tout hors du corps, sous forme de menstruations.

― C'est ce que j'ai ? demande timidement Koumei.

― En effet. En moyenne, ça arrive une fois par mois, mais ce n'est pas le même cycle pour tout le monde et c'est souvent irrégulier la première année.

― Et… Et ça veut dire quoi exactement, fécondé ? Il arrive quoi, après ? ajoute Hitoshi, triturant ses doigts comme s'il s'apprêtait à se faire disputer.

Mirko s'en veut de le trouver adorable à lui en tirer les joues, surtout que ce n'est pas le moment. Mais ce petit réveille ses instincts d'héroïne lorsqu'il fait cette tête et elle a envie de le protéger de tout ce qui le blesse, quand bien même c'est hors de sa portée.

― Hé bien, c'est quand l'ovule rencontre un spermatozoïde, et cela devient un bébé. Les spermatozoïdes sont contenus dans le sperme, un liquide blanc produit par les organes génitaux mâles. Et ils ont possibilité de se rencontrer quand un mâle et une femelle d'une espèce se reproduisent entre eux. Un peu comme dans certains reportages animaliers ou alors, si vous avez déjà vu certains chats et chiens errants…

― Beurk !

Leur cri de dégoût est synchronisé et Mirko lâche un léger rire amusé. Ce n'est pas surprenant que cela ne les intéressent pas encore, ils sont tout juste entrés dans l'adolescence. Mais au moins sont-ils au courant des bases, maintenant, et ils comprendront mieux ensuite ses conseils.

― C'est pour cela que vous devrez toujours vous protéger quand vous serez en âge. Le plus simple, ce sont les capotes, que l'on met sur le pénis pour empêcher les spermatozoïdes d'entrer dans l'utérus. Cela prévient aussi de pas mal de maladies sexuelles, c'est pourquoi il faut aussi en utiliser lorsqu'on a des relations sexuelles avec une personne du même sexe.

Ils sont écarlates en l'entendant et d'accord, peut-être bien que cela l'amuse plus que cela ne le devrait. Ce sont les premiers adolescents avec qui elle parle du sujet, mais c'est assez drôle de voir leurs réactions. Peut-être devrait-elle se former pour faire des présentations en école ; les élèves sont souvent plus attentifs et respectueux quand ce sont des héros qui leur font la leçon.

― Sinon, il y a aussi des moyens de contraceptions plus spécifiques, mais je pense que vous devriez en parler avec… hum, pour toi Hitoshi, le généraliste devrait suffire, et pour toi Koumei, mieux vaudrait que tu en discutes avec un gynécologue. Hawks t'a déjà emmené en voir un ?

― Hum… Non. Comme ça… ça m'angoisse un peu, il préfère d'abord que je vois les spécialistes pour… Enfin…

― Je vois. Je lui en recommanderai alors pour quand il pensera que tu seras capable d'y aller, d'accord ?

Elle tend la main pour lui tapoter le crâne et Koumei lui sourit doucement, sans fuir le contact. C'est réconfortant de la voir aller mieux que la première fois qu'elle l'a vu, de voir les changements sur les photos que Hawks lui envoie. La voie de son épanouissement est encore longue, mais Mirko veut y croire, elle veut croire que cette enfant peut devenir une magnifique adulte libre de ses actes.

― Mais du coup, ça veut dire que Mei-chan, elle va saigner n'importe quand dans le mois ? Comment elle fera pour bouger ?

― Il existe des protections, Hitoshi, rit Mirko. Ça va de la serviette que l'on met sur la culotte, au tampon dans le corps, ou aux culottes périodiques, qui absorbent le flux et que l'on met ensuite à laver. Cela dépend de la sensibilité et des envies de chacun.

― Et toi… Tu mets quoi, pour continuer à te battre même quand tu as tes règles ?

― Hé bien, mon costume est composé comme une culotte de règles au niveau de mon entrejambe, comme ça, je n'ai jamais à m'en inquiéter !

― Trop cool !

Il y a des étoiles dans les yeux de Koumei et même Hitoshi semble intrigué. Seulement, l'adolescente bâille et Mirko comprend qu'elle est épuisée. Sans doute a-t-elle passé une mauvaise nuit. Aussi, elle remonte la couverture sur ses épaules, l'incitant à se reposer d'une main légère sur le crâne, avant de déclarer qu'elle s'occupe de nettoyer les traces de sang dans son lit.

C'est quelque chose dont Mirko a l'habitude depuis bien des années, maintenant, alors cela la dérange moins.

Ce à quoi elle ne s'attendait pas en revenant dans le salon, une fois les draps mis à tremper, c'était entendre le ventre d'Hitoshi grogner comme un ogre, sans que pour autant l'enfant fasse mine de chercher dans les placards, assis autour de la table de la cuisine. Il a patiemment attendu qu'elle revienne, quand bien même elle aurait pu mettre une heure à nettoyer.

Un coup d'œil sur le sofa lui indique que Koumei a déjà retrouvé le chemin du sommeil. Bien. Au moins sera-t-elle tranquille pour interroger le gamin et le rassurer. Hawks a déjà assez à faire avec l'autre poussin, ce serait mieux pour son ami qu'elle protège à son tour un des deux adolescents, surtout qu'elle a déjà été en contact avec lui.

― Tu pouvais ne pas m'attendre pour manger, tu sais.

Mirko n'a plus qu'à croiser ses doigts pour qu'Hitoshi veuille bien s'ouvrir à elle.

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L'héroïne ressemble à Hawks, dans son caractère. Elle donne moins cette impression de nonchalance que le tuteur de Koumei, mais elle a la même manière de s'occuper d'eux, la même lueur dans les yeux, la même facilité à détecter ce qui ne va pas. Hitoshi ne sait toujours pas si elle se souvient de lui ou non, si Hawks l'a mise au courant de ce qu'il lui a révélé cette nuit dans un moment de faiblesse.

Elle est franche aussi. Peut-être un peu trop ; un frémissement de dégoût le parcourt de nouveau à l'idée d'avoir une relation… une relation comme ça avec une fille. Mais il comprend pourquoi elle leur en a parlé et il ne lui en veut pas pour autant. C'est important de savoir. Enfin, ce n'est pas comme si une fille s'approcherait volontairement de lui. Koumei est une exception ; les autres adolescents le détestent bien trop pour cela.

Il tressaille à la question de Mirko, qu'il n'a pas entendu revenir. Il resserre son étreinte sur le lapin en peluche, ignorant comment répondre à la question. Autant, en étant seul avec Koumei, cela ne lui aurait posé aucun problème pour se servir, sa cousine ne semble pas du genre à cafter pour si peu ; mais avec l'adulte dans l'appartement ? Il ne sait pas vraiment comment il doit se comporter, s'il peut se permettre des choses qu'il n'a pas le droit de faire chez ses parents ou non.

― Je me suis dit que ça serait mieux de vous attendre.

― Tu peux me tutoyer, je vais pas te manger. Et j'aurais pu mettre une bonne heure. Si t'as faim, mange, surtout à ton âge.

― Mon père dit que c'est mal, de grignoter.

― … On est d'accord que c'est l'heure du petit-déjeuner, non ? Donc c'est pas du grignotage.

Hitoshi n'a rien à répondre à la logique implacable de l'héroïne. Il lui sourit doucement, alors qu'elle sort deux bols et un paquet de céréales d'un placard, avant de sortir du lait du frigo. Il se demande si c'est réellement un repas sain pour un héros, mais sa question meurt sur ses lèvres. Il n'est pas vraiment bien placé pour poser la question, non ?

Son ventre grogne de nouveau et il tend la main vers le paquet de céréales, avant de se rétracter. Est-ce qu'il peut se servir tout seul, ou est-ce que Mirko compte lui servir une portion qu'elle pense adaptée ?

Il sait que son hésitation a été remarquée au regard surpris de la femme-lapin, qui soupire.

― Tu peux te servir autant que tu veux. C'est le week-end, t'as bien le droit de te faire plaisir. Mais pas tous les jours !

― Évidemment, c'est pas tous les jours le week end.

Hitoshi renifle, avant de se rappeler que c'est à une héroïne qu'il parle et non pas à un de ses camarades de classe. Il se fige et rentre la tête dans ses épaules par réflexe, avant de voir le regard suspicieux de Mirko. Et merde. Est-ce qu'il peut faire passer ça pour autre chose qu'un réflexe conditionné par son enfance ?

― Tu me diras un jour, pourquoi tu pleurais dans cette ruelle ?

Hitoshi réalise alors qu'elle se souvient de lui. Il déglutit, alors qu'il sent son regard peser sur lui. Maintenant qu'il y réfléchit, peut-être aurait-il préféré qu'elle ne se souvienne pas de lui. Est-ce qu'elle a des doutes ? Il a utilisé son pouvoir à la fin de leur discussion pour pouvoir la fuir. Il ne voulait dénoncer personne, à l'époque. Il ne pensait pas que cela servirait à quelque chose. Peut-être que ça ne servirait toujours à rien aujourd'hui. Il l'ignore. Ses mots restent coincés sur ses lèvres, comme des aveux trop lourds à faire.

Il n'en est pas encore capable. Il n'est pas encore assez confiant pour se confier à elle et lui demander de l'aide. Il a craqué dans les bras de Hawks à cause de sa fatigue nerveuse ; aujourd'hui, apaisé, il a plus de mal à dire tout ce qui lui pèse. Mais il y a une chaleur certaine au fond de son cœur alors qu'il sent qu'il aura deux héros de son côté le jour où il sera prêt.

― Je… Peut-être. Pas aujourd'hui, en tout cas. Je…

― Prends ton temps. J'imagine que tu as encore du mal à te faire à l'idée que des gens veulent te protéger.

― J'ai du mal à savoir si c'est parce que je suis son cousin ou… En tout cas, pour Hawks. Pour vous, vous m'avez écouté dans cette ruelle. Je ne sais pas si…

Il ne sait pas si ce jour-là, elle aurait fait quelque chose s'il lui avait dit tout ce qui brûlait son cœur, toute la douleur accumulée. C'est trop tard pour les regrets. Il tressaille lorsqu'une main se pose sur ses cheveux, les caressant doucement, et il croise le regard de Mirko alors qu'il relève timidement la tête.

― Je suis désolé d'avoir utilisé mon pouvoir sur vous cette fois-là. Je voulais pas…

― Ton Alter ?

― Lavage de cerveau. Je peux contrôler les gens quand ils me répondent.

Hitoshi attend la condamnation de l'héroïne, les poings serrés et baissant la tête. Pourquoi lui a-t-il dit ? Maintenant, elle va lui en vouloir, elle va quitter l'appartement et Koumei lui en voudra de l'avoir fait fuir !

― Oh, c'est un Alter qui pourrait être très utile ! Tu aimerais devenir un héros, plus tard ? Ou peut-être faire partie de la police ?

― Vous ne dites pas que c'est un Alter de Vilain ?

Hitoshi est surpris. Quand bien même Koumei et Hawks ont bien réagi, ils n'en ont pas été victimes. Mirko aurait toutes les raisons du monde de lui en vouloir et de le considérer comme un Vilain en devenir. Pourtant, elle se contente d'ébouriffer un peu plus ses cheveux, avant de retirer sa main pour préparer du café.

― Un Alter, c'est un outil. Ni plus ni moins. Un couteau n'a rien de criminel tant qu'il est utilisé pour faire de bonnes choses, non ? Puis, c'est stupide de juger quelqu'un à son Alter. Si j'avais écouté mes détracteurs, je ne serais pas héroïne, mais je gagnerais ma vie en tant qu'hôtesse.

― Hôtesse de l'air ?

― … Oublie ce que je viens de dire, tu es trop jeune pour savoir ce que c'est.

― J'ai l'impression que c'est pas un truc sympa.

― Que veux-tu, les enfants et adolescents sont parfois bien cruels.

― Les gens en général.

Mirko lui lance un regard en coin, fronçant ses sourcils, avant de soupirer. Elle attrape un paquet de post-it et un stylo dans le pot aimanté sur le frigo, décrochant un des morceaux de papier pour y griffonner dessus, avant de le lui tendre.

― Prends mon numéro personnel. Si jamais tu es en danger, appelle-moi. J'ai moins de responsabilités que Hawks, je serais plus vite sur place. Tu as le droit d'être heureux, Hitoshi. Qu'importe ce que te disent les adultes.

― Même mes parents ?

Les mots lui échappent sans le vouloir et Hitoshi se mord la lèvre aussitôt. Mirko hausse un sourcil et il est certain qu'elle a deviné le fond du problème, mais elle ne dit rien, se contentant de lui tapoter gentiment le crâne. L'adolescent aime bien ces gestes d'affection, aussi il ne les fuit pas ni ne râle, alors qu'elle soupire.

― Même tes parents.

L'adolescent acquiesce alors qu'il récupère le numéro, sortant son portable pour le rentrer dans son répertoire et le glisser ensuite entre sa coque et le téléphone. Comme ça, si son téléphone bugue ou n'a plus de batterie, il aura toujours son numéro.

― Je vais le garder précieusement.

― J'y compte bien !

Hitoshi esquisse un sourire alors qu'il se sert en céréales.

C'est la meilleure matinée de sa vie et il espère bien que ce ne sera pas la dernière où il se sentira aussi bien.

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