Auteur: Katoru87

Rating: M

Couple: Lucius / Remus

Résumé: Quand un vélane aux idées libidineuses rencontre un lycanthrope légèrement complexé, un nouveau lien se crée. Seulement voilà, les loup-garous, c'est du genre têtu. Pour la première fois de sa vie, le vélane va devoir courtiser pour avoir ce qu'il souhaite.

Disclaimers: Les personnages appartiennent à Vous-Savez-Qui, ainsi que l'univers général dans lequel ils évoluent mais j'y ai apporté quelques modifications qui m'appartiennent. Merci donc de ne pas vous servir sans mon autorisation.

Another veela story...

Remus s'accouda à la fenêtre et regarda le parc de Poudlard illuminé par la lueur blâfarde de la pleine lune. Il n'arrivait pas à dormir, pourtant, le jour allait bientôt se lever. Ses oreilles de loup le démangeaient, comme d'habitude, mais il ne fit pas le moindre geste pour se gratter. Avec ses griffes, doué comme il l'était, il risquait de se faire mal. Le chef de la meute lui disait souvent qu'il était une cause perdue, un lycanthrope dégénéré mais que ce n'était pas grave parce-que mignon comme il l'était, on lui pardonnerait toujours d'être si minuscule, si peu effrayant. Il était sûrement le seul loup-garou de la planète qu'on pouvait qualifier d'adorable les nuits de pleine lune.

Il sourit en pensant à son peuple, à son côté étrange et hybride mais pourtant tellement semblable au monde des sorciers. Il ne restait parmi les lycanthropes que quelques sang purs, les derniers à se transformer en loup les soirs de pleine lune et à arpenter la campagne, prêts à dévorer ceux qui croiseraient leur route, comme dans les vieilles légendes. Une poignet d'individus dangeureux, aisément maîtrisés par leurs semblables. Et il y avait aussi ceux qui avaient le sang tellement dilué par les mariages inter-raciaux, tellement mélangé, que la lune n'avait plus le moindre effet sur eux. Ils étaient comme guérit de ce qui faisait d'eux une race magique à part entière. Les autres, les plus nombreux, dont Remus faisait parti, ne se transformaient plus que partiellement tout en conservant leur esprit humain. Le loup en eux n'était plus assez fort pour vraiment se faire entendre, devant se contenter d'être la « petite voix » dans le coeur des loup-garous. Tous ensemble, ils formaient une seule et unique meute dispersée dans toute l'Europe et dirigée par Greyback, le plus âgé d'entre eux. Ils avaient tous un pied dans le monde magique et l'autre dans celui des moldus, travaillant sans distinction avec les uns ou les autres.

Les jeunes lycanthropes ayant des pouvoirs magiques faisaient leurs études à Poudlard mais ce phénomène étant plutôt rare, il n'était pas étonnant que Remus soit, pour l'instant, le seul loup-garou à être scolarisé dans le mythique château écossais. Et à chaque pleine lune, il se voyait pousser une queue touffue aux poils blancs, une paire d'oreilles pelucheuses apparaissait sur sa tête et ses ongles devenaient de véritables griffes avec lesquelles il était le premier à se blesser. Ses transformations, totalement indolores, l'énervaient d'autant plus que tout le monde le trouvait « adorable comme ça » et il ne comptait plus le nombre de fois ou quelqu'un s'était approché de lui pour caresser ses nouvelles oreilles ou pour jouer à attraper sa queue. Une fois par mois, on le prenait pour une peluche vivante l'obligeant à opérer une retraite stratégique vers son dortoir où ses meilleurs amis s'en donnaient à coeur joie. Les salauds.

Mais cette nuit-là, Remus était seul et ses amis lui manquaient.

Les vacances de noël étaient terminées et Remus attendait avec impatience le retour de ses meilleurs amis, rentrés chez eux pour les fêtes. Malheureusement, il devrait encore patienter jusqu'en fin d'aprés-midi avant de pouvoir entendre les récits de leurs vacances. D'habitude, lui-même rentrait chez lui mais cette année-là, ses parents avaient décidé de s'offrir une seconde lune de miel et il n'avait pas eu le coeur de s'incruster – alors qu'il ne les voyait presque pas de l'année et les trouvait gonflés de partir juste quand ils pouvaient de nouveaux être ensemble. Ses amis avaient raison, il était bien trop gentil. Mais c'était dans sa nature et puis, il n'avait pas réellement passé ses trois dernières semaines seul puisqu'un de ses amis de la maison Serdaigle avait été là pour lui tenir compagnie. D'ailleurs, cet ami d'un an son aîné lui avait pris son premier baiser quelques jours plus tôt, mais ça, c'était un secret.

La neige se mit à tomber, recouvrant doucement le parc de son manteau blanc. Remus aurait aimé se rouler comme un jeune louveteau dans cette poudre fraîche et neuve mais le sommeil vint le prendre en traître et il dû se résoudre à attendre le lendemain. Ce n'était peut-être pas plus mal, il pourrait ainsi partager la neige avec ses amis – depuis qu'ils étaient devenus des Animagus en cinquième année (Oh surprise, la forme de Remus était celle d'un loup blanc!) c'était beaucoup plus facile pour eux de sortir la nuit pour aller s'amuser.

Traînant jusqu'à son lit, il s'enroula dans ses couvertures et s'endormit instantanément.

o0O0o

Les calèches arrivèrent dans la cours du château avec quelques minutes d'avance, libérant un flot d'élèves bruyants, surexcités et déprimés en même temps. D'un côté, ils retrouvaient leurs amis et allaient pouvoir partager leurs histoires de vacances, de l'autre, les cours allaient recommencer avec pour certains des examens importants à la clé.

Remus attendait ses amis dans leur dortoir, sachant très bien que Sirius voudrait se rafraîchir un peu avant d'aller manger. Il voulait les retrouver dans un lieu plus intime que le hall d'entrée. D'ailleurs, la porte ne tarda pas à s'ouvrir, livrant le passage à trois adolescents ravis de retrouver leur Moony – le surnom de Remus depuis l'année précédente. Les retrouvailles laissèrent la pièce sans-dessus, ni dessous. Ils parlaient tous en même temps dans un brouhaha qu'eux seuls étaient capables de comprendre.

Les Maraudeurs étaient de nouveaux réunis.

Aprés une rapide toilette, ils descendirent dans la Grande Salle où les attendait un copieux repas. Apparemment, une fois n'est pas coutume, le directeur avait décidé de prononcer ses voeux de bonne année aprés manger. Ils s'installèrent en riant.

- Au fait Moony, devine qui a changé pendant les vacances. Demanda Sirius en faisant un clin d'oeil à ses deux amis déjà au courant.

- Quelqu'un que je connais? Demanda l'adolescent en scrutant la table des Gryffondors pour y repérer un changement éventuel.

- Que toute l'école connait.

- Un de nous quatre?

- Non, il est encore plus connu que nous.

- C'est pas possible ça Sirius. Intervint modestement James en observant une jolie rousse du coin de l'oeil.

- Bon, mettons aussi connu que nous alors.

- Je n'aime pas les devinettes Sirius, en plus je suis pas doué. Je donne ma langue au chat.

- Lucius Malfoy. Lâcha Sirius sur le ton du sage sur le point de révéler une vérité universelle.

- Qu'est-ce qui lui est arrivé?

- Sa grand-mère était une vélane...

- Je croyais que les Malfoy étaient des sang-purs. S'écria Remus.

- Pour les sorciers, un sang-pur est quelqu'un qui n'a pas de sang moldu dans les veines. Tu peux n'avoir qu'un parent sorcier et des douzaines d'ancêtres vampires, lycanthropes ou vélanes, tu restes un sang-pur. Cherche pas, c'est l'hypocrisie du cru. En tout cas, Lucius n'a pas hérité des particularités magiques des vélanes, comme l'attraction irrésistible qu'ils provoquent, mais il lui reste ce besoin viscéral de trouver son compagnon.

- Tu veux dire que son héritage s'est réveillé? Demanda le loup-garou. Ils avaient étudié les vélanes l'année précédente en cours de Défense Contre les Forces du Mal, il savait donc que ce besoin de compagnon apparaissait à dix-sept ans et ne disparaissait plus jamais. Son « âme soeur » trouvée, un vélane n'allait plus jamais voir ailleurs. Et c'était réciproque.

Il se retourna vers la table des Serpentards et sourit en voyant Lucius chercher discrètement l'odeur de son compagnon. Remus ne savait pas quoi éprouver pour l'élu, car l'héritier Malfoy n'était pas quelqu'un de facile à vivre. Il était beau et riche, certes. En plus, il était brillant en classe et excellent en Quidditch – il était un des poursuiveurs et le capitaine de l'équipe des Serpentards. Mais c'était aussi un jeune homme arrogant, fier et têtu. Il pouvait être aussi mauvais qu'une vipère et il était connu qu'il ne reculait devant rien – ou presque – pour avoir ce qu'il voulait. Non, vraiment, ce ne serait pas facile.

Ses réflexions furent interrompues par le directeur. Le professeur Dumbledore s'éclaircit la gorge et commença son discours de bienvenue, souhaitant une bonne année à tous les élèves. Ceux-ci étaient un peu surpris, car l'homme semblait... mal à l'aise.

- Pour terminer, ce que j'ai à vous dire est assez délicat mais il faut que vous sachiez que le niveau de Magie est très haut cette année et que par conséquent, certaines précautions seront prises.

Des murmures se firent entendre parmis les élèves.

La Magie. Ce flux qui donnait la vie à toute chose, donnait leurs pouvoirs aux sorciers et que les moldus, faute de terme plus approprié, avait appelé Dieu. De la puissance de ce flux dépendait celle des enfants sorciers à naître, ce qui expliquait que les familles sorcières de sang-pur surveillait ce niveau pour savoir quand il fallait se « reproduire » en étant sûr d''avoir des héritiers puissants. C'était également cette puissance qui expliquait l'existence des sorciers d'origines moldues – il y en avait beaucoup plus passé un certain seuil.

Mais pourquoi fallait-il prendre des « précautions »?

- Je m'adresse donc aux plus âgés, poursuivit le directeur. J'ignore si certains d'entre vous sont sexuellement actifs et en couples, et je ne veux pas le savoir, mais sachez que dés demain, tous les élèves à partir de la quatrième année seront convoqués à l'infirmerie pour une visite médicale.

- Qu'est-ce qui se passe? Demanda une élève de Serdaigle, visiblement inquiète.

- Il se passe qu'avec le niveau de Magie actuelle, il vaudrait mieux éviter les grossesses non-désirées. C'est pourquoi, dés demain, les élèves convoqués recevront une potion contraceptive qui les protégera pendant six mois. Dans six mois, vous en recevrez une nouvelle dose et ainsi de suite, jusqu'à ce que le niveau de Magie baisse assez pour rendre ces mesures inutiles.

Une vague d'incompréhension s'abattit sur les élèves. Qu'est-ce que la Magie venait faire là? Ils savaient tous depuis longtemps que les enfants ne naissaient pas dans les choux, ils savaient aussi que la Magie n'avait pas grand chose à voir là-dedans alors qu'est-ce que c'était que ces histoires?

- Je laisse la parole au professeur McGonagall qui sera, j'en suis sûr, plus conscise que moi pour vous expliquer ce phénomène. Fit le directeur en se rasseyant.

La jeune femme ne broncha pas, sachant que le directeur se servait d'elle pour cacher son malaise. Et puis, elle n'était pas beaucoup plus âgée que ses plus vieux élèves, par conséquent, elle était censée être plus à même de leur expliquer la situation.

Elle se leva à son tour.

- D'abord, sachez que si vous ne connaissez pas le phénomène dont je vais vous parler, c'est parce-que pendant longtemps, il n'a été étudié que par les futurs Médicomage en seconde année de médecine. Le reste de la population était mise au courant par la Gazette du Sorcier quand cela s'avérait nécéssaire. C'était à l'époque où les moeurs étaient moins libres mais comme les temps changent, il faut bien s'adapter. Ce phénomène sera ajouté au programme des quatrième année dés la rentrée prochaine mais en attendant, vous allez apprendre son existence « à la barbare » comme vous dites.

Un silence de mort régnait dans la salle. Tous étaient suspendus aux lèvres du professeur de Métamorphose. Qu'est-ce que c'était que ce secret dont ils n'avaient jamais entendu parler, alors même que certains venaient de familles de sang-pur? Le professeur continua, essayant d'être la plus claire et précise possible.

- Pour que ça se produise, il faut que la Magie atteigne un certain niveau de puissance, ce qui n'est pas arrivé depuis cent cinquante ans. Mais cette année, ce seuil « critique » a été largement dépassé. Ce phénomène porte le nom barbare de C.S.O.C. – ou Carrying a Soul Of Child.

Elle se tut quelques minutes, le temps de laisser digérer l'information. Mesure particulièrement utile au vue de la tête de certains élèves qui tâtaient frénétiquement leur ventre en essayant de sentir une quelconque bosse attestant d'une grossesse Preuve que les élèves n'étaient plus aussi innocents qu'à son époque, pourtant pas si lointaine, et qu'ils ne savaient effectivement rien de ce dont elle parlait. Tant mieux, aprés tout, ils étaient bien à l'école pour apprendre.

- Le C.S.O.C, c' est de la magie à l'état pur, c'est pourquoi il lui faut l'aide de la Magie – avec un grand M – pour qu'il se réalise. Il touche les deux sexes, quelque soit les préférences sexuelles des individus. Que le couple soit mixte ou pas n'a aucune importance. Comme vous le savez, lors d'un rapport sexuel, il y a ce qu'on appelle poétiquement, fusion des corps. Et il arrive – je tiens à souligner que ce n'est pas systématique – que la Magie fusionne les âmes des partenaires pour en créer une troisième qui va aller se loger dans le coeur de l'un des parents – le plus souvent le pénétré du rapport.

Certains élèves rougirent jusqu'à la racine des cheveux, notamment les plus jeunes mais le professeur de métamorphose ne voyait pas comment leur expliquer ça autrement et puis, elle avait toujours été du genre à appeler un chat, un chat.

- Ce n'est donc pas une grossesse physique, l'enfant n'a pas de corps, donc elle ne se voit pas et seuls certains symptômes peuvent mettre la puce à l'oreille mais ils sont tellements bénins et banals qu'ils passent inaperçus la plupart du temps. Soit une migraine, soit un malaise ou une petite chute de tension, rien de grave en somme. Une fois l'âme arrivée à maturation, au bout de cinq à douze mois, elle se détache du corps qui l'abritait et c'est la Magie qui lui crée un corps. C'est pourquoi il faut que la puissance Magique ait atteint un certain seuil, en dessous, le corps ne peut-être créé. Ces enfants sont parfaitement normaux, leur seule différence avec les autres – bien logique quand on y pense – est qu'ils n'ont pas de nombril. Leur naissance est indolore et se produit toujours la nuit, les parents ont donc une belle surprise au réveil. Oui miss Evans. S'interrompit-elle en voyant le doigts levé.

- Que se passe-t-il si le niveau de Magie chute avant que l'âme ne soit arrivée à maturation?

- L'âme s'auto-détruit d'elle-même.

- Et qu'est-ce qui se passe si on ne veut pas de l'enfant?

- Il existe une potion de contraception créé par Helga Poufsouffle que vous boirez presque tous demain et un charme d'avortement mis au point par Salazar Serpentard – ils seront tous les deux au programme l'année prochaine. Si le parent ne s'est jamais rendu compte de son état avant qu'un enfant n'apparaisse un matin dans son lit et qu'il ne veut pas de lui, il peut toujours le faire adopter, comme on le ferait d'un enfant venu au monde de manière plus traditionnelle. D'autres question?

Personne ne se manifesta.

- Je vois. Dans ce cas je tiens à ajouter que la potion qui vous sera donné demain ne protège que du C.S.O.C, restez prudent en ce qui concerne les MST. Donc messieurs, sortez couverts. Et mesdemoiselles, n'oubliez pas que vous, vous n'êtes pas à l'abri d'une grossesse normale, n'hésitez donc pas à aller à l'infirmerie si vous avez un doute, ou pour vous renseigner. L'avortement n'est pas un moyen de contraception, il ne faut pas le prendre à la légère.

Les élèves étaient un peu tourneboulés par ce qu'on venait de leur révéler. Le monde sorcier était décidément empli de bizarreries.

Mais celle-ci n'était pas vraiment désagréable.

o0O0o

Lucius fulminait sur sa chaise. Il n'avait pas pu chercher sa compagne pendant le voyage en train à cause de ses responsabilités de préfet-en-chef qui l'avaient longtemps coincé dans le wagon des préfets, puis, quand il avait enfin pu sortir, le professeur Slughorn lui était tombé dessus. Ce dernier lui avait tenu la jambe pendant tout le reste du trajet, vantant les mérites et les qualités de son élève blond dans l'espoir de se faire bien voir de l'héritier d'une des plus grandes fortunes du monde magique. Sa démarche avait eu l'effet contraire de ce qu'il espérait mais ça, il ne le savait pas encore. Et comme si ça ne suffisait pas, le professeur Dumbledore l'avait convoqué dans son bureau sitôt arrivé pour lui parler de son héritage et des effets qu'aurait celui-ci sur son entourage. Il avait également appris que son ascendance vélane et ses conséquences étaient un secret de polichinelle qui avait fait le tour de l'école.

Il était arrivé dans la Grande Salle dans un tel état d'impatience et de fureur que personne n'avait osé lui parler – pas même Severus Snape, seul et unique Serpentard que Lucius considérait comme un véritable ami.

Et maintenant qu'il était attablé, il vivait un enfer. L'odeur de sa compagne était partout, suave et sucrée comme un bonbon au miel et pourtant, il était incapable de dire de qui il s'agissait. Trop de monde, trop d'odeurs différentes qui gâchait le parfum délicat qui lui plaisait tant, trop de bruit également. Lucius renonça à chercher ce soir-là.

Il écouta le discours de Dumbledore d'une oreille distraite, sachant très bien de quoi il retournait. Il connaissait l'existence du C.S.O.C depuis qu'il avait cinq ans.

Alors qu'il sortait de la Grande Salle pour aller se coucher, l'odeur devint plus forte, plus troublante, plus...bandante. Le tissus de son pantalon commença à se tendre, des images de corps emmêlés apparurent devant ses yeux. Il se dépêcha de retourner dans sa chambre pour s'abandonner aux joies de l'onanisme.

À quoi pouvait-elle bien ressembler? Pensait-il en se caressant frénétiquement.

Il avait eu de nombreuses aventures depuis ses quinze ans, avec des filles comme avec des garçons, jouant de son nom et de son physique pour tous les faire tomber dans son lit mais respectant toujours son leitmotiv « jamais plus d'une nuit ». Son autorité de préfet, puis de préfet-en-chef lui avait souvent été très utile pour se débarasser des plus collants une fois le jour levé. Sûr d'être fidèle jusqu'à la fin de ses jours une fois l'élue trouvée, il avait tenu ce concept à l'écart de sa vie en attendant sa majorité.

Son père lui avait dit qu'il tomberait irrémédiablement amoureux de cette personne encore inconnue mais il lui avait également précisé qu'il pouvait s'agir d'un homme ou d'une femme et qu'on y pouvait rien. Lucius, en dépit de son passé de bisexuel décadent et volage, n'avait même pas imaginé qu'il puisse s'agir d'un homme, tant les principes qu'on lui avait enseigné sur le fait d'avoir un héritier étaient ancrés en lui. L'âme soeur de son père était une femme, sa mère si belle et si gentille, il ne voyait pas pourquoi cela changerait pour lui.

Et pourtant...

o0O0o

Remus avala sa potion contraceptive en grimaçant. Le liquide était aussi mauvais que le laissait présager l'odeur qu'il dégageait, d'ailleurs, on ne pouvait pas vraiment parler de liquide tant le mélange était pâteux. Comme de la pâte à crêpes moisie.

Mais bon, au moins c'était fait. Il préféra ne pas penser qu'il faudrait remettre le couvert six mois plus tard.

- C'est horrible! Lui chuchota Lily quand il sortit de l'infirmerie où elle était passée avant lui.

- Euphémisme! Répondit le loup-garou, le teint légèrement verdâtre.

Les deux préfets raccompagnèrent leurs camarades de Gryffondor – les cinquième année – jusqu'à leur salle de classe, puis ils partirent chercher les sixièmes années de leur maison en cours de potion. Les amis de Remus furent les premiers à se lever, pressés d'échapper à un cours théorique mortellement ennuyeux.

Le voyage vers l'antre de madame Pomfresh se passa sans encombres, les élèves burent le contraceptif en couinant de dégoût et vingt minutes plus tard, ils étaient tous sur le chemin du retour, marchant très lentement pour « se remettre du supplice de la potion anti-C.S.O.C ». Officieusement, bien sûr, l'idée était d'échapper le plus possible au cours de potion du professeur Slughorn. Même Lily traînait les pieds. Elle préférait encore supporter James Potter.

Sauf que...

Sauf que les septième année de Serpentard n'avaient pas cours dans cette tranche horaire.

Sauf que Crabbe et Goyle avaient décidé de régler leur compte avec les Gryffondors en général, les Maraudeurs en particulier.

Sauf que des seaux d'eau lévitaient tranquillement sous les plafonds en ogive, attendant patiemment de se déverser sur la masse grouillante des rouge et or.

Et leur plan aurait très bien réussi si Sirius n'avait pas levé le nez au bon moment, remarquant le piège et les responsables, tous les deux cachés derrière une porte. D'un coup de baguette, les seaux se retournèrent contre leurs maîtres et leur donnèrent une bonne douche glacée. Les deux arroseurs arrosés giclèrent littéralement de leur cachette en hurlant comme des gorets.

Oubliées les baguettes, les mains suffisaient.

Dans un bel ensemble, Crabbe et Goyle se jettèrent sur Sirius pour lui faire regretter son geste, mais s'en prendre à un Maraudeur, c'était s'en prendre aux trois autres. Une bagarre fort peu gracieuse débuta entre les deux Serpentard et trois des Maraudeurs. Ils hurlaient tellement fort à eux cinq qu'ils rameutèrent tous les fantômes du château, y compris le Baron Sanglant qui « résidait » à l'autre bout de l'école. Peeves chantait à tue-tête, ravi que quelqu'un d'autre se décide à mettre un peu d'ambiance.

- Lily, ramène les autres en classe, je m'occupe d'eux. Cria Remus pour se faire entendre.

- T'es sûr? Sans te vexer t'as pas un physique de caïd.

- Je sais, grogna le jeune homme, mais j'ai une baguette et je sais m'en servir. Dépêche-toi!

La rousse eut du mal à se faire obéir mais la perspective d'une heure de colle en compagnie de Slughorn fut un véritable sésame pour accéder à l'obéissance parfaite de ses camarades. Comme quoi, avec les bons arguments...

Resté seul face au pugilat, Remus se demanda un instant s'il n'aurait pas mieux fait de partir et de les laisser se débrouiller. Mais il était préfet et déjà trop complaisant avec ses meilleurs amis. Non, pour cette fois, il ne pouvait que limiter la casse.

Quand Peter fut éjecté de la mêlée pour aller s'écraser contre un mur, le jeune lycanthrope lança un puissant sort d'immobilisation qui ne toucha que Crabbe, les autres bougeant beaucoup trop. L'échec ne fut pas total puisque les garçons se calmèrent d'eux-même.

Jusqu'à ce que Goyle remarque l'état de son ami. Il se jeta sur Remus à une telle vitesse que l'adolescent parvint de justesse à éviter le poing qui manqua lui fracasser le nez. Cette manoeuvre l'avait fait tomber et il était coincé contre le mur, sans moyen de s'échapper, menacé par un tas de muscles et de graisse capable de faire de l'ombre à King Kong.

Il aurait vraiment dû les laisser se débrouiller.

- Goyle, je te conseille de te calmer tout de suite. Tonna une voix grave et autoritaire.

- Mais Malfoy...

Un simple regard le fit taire.

Remus s'en serait presque évanouit de reconnaissance. Avec ses longs cheveux blonds, son superbe visage et sa carrure d'athlète, Lucius lui faisait l'effet d'un ange de miséricorde descendu sur terre pour le tirer des ennuis. Pour la première fois de sa vie, il adressa une prière muette à Salazar Serpentard.

De son côté, Lucius était à nouveau furieux. Il avait passé des heures à renifler son entourage – terrifiant même certains membres de sa maison – mais n'avait jamais retrouvé la merveilleuse odeur de sa compagne. Elle n'était ni à Serpentard, ni à Serdaigle. Il avait imaginé quelle serait la réaction de Potter si sa compagne s'avérait être Lily Evans et cela l'avait fait bien rire, jusqu'à ce qu'il croise la demoiselle sans rien remarquer d'inhabituel.

Ce n'était pas elle.

Et l'odeur était réapparut sur le chemin menant à l'infirmerie, devenant de plus en plus forte et de plus en plus fraîche à mesure qu'il approchait. Il commença à courir et ne tarda pas à se retrouver bloqué par un mélange indistinct de bras et de jambes gigotants dans tous les sens, une cacophonie de hurlement et d'injures, mêlée aux beuglements hystériques de Peeves. Et une certitude s'était imposée à lui: sa compagne était là. Mais quand les choses s'étaient calmées, subitement et sans qu'il sache pourquoi, Lucius avait dû se rendre à l'évidence qu'il n'y avait pas de fille parmi les bagarreurs. Ce n'était que Black, Potter, Pettigrew et les deux andouilles toutes catégories de sa maison qui faisaient, encore, des leurs.

Goyle menaca alors quelqu'un qu'il n'avait pas remarqué jusque là, une frêle silhouette recroquevillée au pied d'un mur. Une silhouette dont il pouvait sentir l'entêtant parfum. Il dispersa les fantômes et sépara les fauteurs de troubles, arrêtant Goyle dans sa lancée.

- Allez à l'infirmerie et ensuite, rendez-vous dans le bureau du directeur. Tous les cinq. Ordonna-t-il.

Une fois tranquille, Lucius rejoignit la jeune personne encore à terre. Il ne lui fallut pas longtemps pour reconnaître Remus Lupin, jeune lycanthrope de son état et préfet des Gryffondors. Quand ce dernier se leva, Lucius observa celui que son sang lui avait désigné comme compagnon – car il ne doutait plus de l'avoir trouvé, il savait que c'était lui. Il l'avait regardé des dizaines de fois depuis le début de l'année, admirant le ballet de ses adorables fesses quand il marchait, admirant son beau visage quand il riait et pourtant, il avait l'impression de le voir pour la première fois. Le garçon faisait une bonne tête de moins que lui, mais sa petite personne était des plus appétissantes.

Un corps fin, élancé, tout en muscles nerveux et souples que le Serpentard avait déjà hâte de marquer comme sien, il n'avait plus envie de s'en éloigner. D'incroyables et invraisemblables cheveux châtains, un peu trop longs, dans lesquels semblaient se mêler toutes les nuances possibles du miel, du blond clair au brun et des yeux d'ambre, pailletés d'or, parmis les plus beaux et les plus étranges au monde. Ces yeux illuminaient un visage fin, un visage qui aurait pu être celui d'une fille mais qui ne pouvait convenir qu'au jeune homme. Lui seul pouvait prétendre à cette finesse innocente, cette perfection inconsciente. Il se dégageait de lui une force paradoxalement fragile, une douceur touchante qui fit comprendre au blond les raisons qui poussaient ses amis à vouloir le protéger de tout et notamment des yeux gourmands qui suivaient ses mouvements d'un peu trop prés.

D'ailleurs, il faudrait qu'il s'en occupe des yeux gourmands. Il ne s'en était jamais soucié jusque là puisqu'il faisait lui-même parti des admirateurs de l'adolescent – surtout les soirs de pleine lune quand il avait l'air d'un enfant contrarié à cause de ses caractéristiques animales – mais maintenant ce n'était plus la même chose. Plus du tout.

- Merci de les avoir arrêté Malfoy. Je ne fais pas le poids face à Goyle. Dit Remus en époussetant ses vêtements.

- C'était un plaisir. Répondit-il, la voix rauque d'un désir dont il n'avait pas conscience.

Ainsi son compagnon était un garçon et un fichtrement mignon en plus. Ils ne pourraient pas avoir d'enfant avec lui mais, bizarrement, ça n'avait plus aucune importance pour lui. Cela l'étonnait de pouvoir rejeter aussi facilement et rapidement un pan entier de son éducation. Pendant des années, il n'avait cessé d'entendre qu'un sang-pur se devait d'avoir un héritier et c'était quelque chose qui avait longtemps été profondément enfuit en lui, jusqu'à ce que deux yeux dorés balayent tout et fassent place nette.

Jusqu'où un vélane pouvait-il aller pour son âme soeur? Jusqu'où pouvait-il s'oublier lui-même?

Jusqu'au bout sans doute.

Jusqu'au trognon sûrement.

Lucius s'approcha jusqu'à frôler son compagnon, ressentant le besoin presque vital de le toucher. Il prit l'adorable visage dans ses mains et embrassa les lèvres roses, légèrement luisantes. Il sourit doucement dans le baiser, le petit châtain avait oublié de se brosser les dents aprés le petit-déjeuner, ses lèvres avaient encore un goût de café et de marmelade d'orange.

Le loup-garou fut tellement surpris qu'il ne répondit pas au baiser, laissant son aîné caresser ses lèvres autant qu'il le voulait. Il avait l'impression qu'un grand vide s'était invité dans son cerveau et ce n'était pas pour lui plaire car, étant donné sa carrure, il avait toujours compté sur sa tête pour se sortir des situations gênantes ou dangeureuse, sauf que là, il ne se passait rien. Normalement, il aurait dû frapper le blond, se débattre mais son propre corps le trahissait. Un frisson de plaisir le traversa de part en part, comme une décharge électrique qui se propagea dans son corps pour atteindre la moindre cellule de son organisme. Un instinct qu'il ne se connaissait pas lui chuchota qu'il avait trouvé sa moitié.

La peur finit par prendre le dessus sur Remus qui retrouva ses vieux réflèxes. Bousculant le vélane de toutes ses forces, il partit en courant vers son dortoir.

Il savait ce que ce baiser voulait dire mais il ne comprenait pas pourquoi « ça » devait tomber sur lui et il se fichait pas mal qu'il n'y ait aucune explication logique derrière ce fait terrifiant: il était le compagnon de Lucius Malfoy.

Lucius Malfoy qu'il évitait depuis la fin de sa première année – à douze ans, presque treize, le blond était déjà le leader de sa maison et il mettait tout son zèle à le faire savoir. Lucius Malfoy, Don Juan de l'école, cynique et libertin qui avait déniaisé plus que sa part de puceaux et de pucelles, et ne cherchait même pas à s'en cacher. L'héritier un peu trop gâté par la nature d'une famille surpuissante qui avait contribué à la reconnaissance officielle des loup-garous quelques huit siècles plus tôt et dont le pouvoir semblait ne connaître aucune limite.

Remus avait peur. Il savait qu'il devrait faire face un jour ou l'autre mais il se demandait s'il serait jamais capable d'aimer le blond. Ce dernier lui plaisait, comme à la quasi-totalité de l'école, mais il se serait-il capable de passer sa vie avec lui. Et puis, est-ce que des sentiments dictés par l'instinct valaient quelque chose?

Il ne quitta plus son dortoir de toute la journée.

Il ne dit rien à ses amis, prétextant une migraine pour justifier son absence. Au moment de descendre manger, son mal de tête revint, comme par hasard, mais ses amis ne lui firent aucune remarque, se contentant de lui promettre de lui rapporter de quoi se restaurer.

À suivre...