Auteur: Katoru87
Rating: M
Couple: Lucius / Remus
Résumé: Quand un vélane aux idées libidineuses rencontre un lycanthrope légèrement complexé, un nouveau lien se crée. Seulement voilà, les loup-garous, c'est du genre têtu. Pour la première fois de sa vie, le vélane va devoir courtiser pour avoir ce qu'il souhaite.
Disclaimers: Les personnages appartiennent à Vous-Savez-Qui, ainsi que l'univers général dans lequel ils évoluent mais j'y ai apporté quelques modifications qui m'appartiennent. Merci donc de ne pas vous servir sans mon autorisation.
Another veela story...
Cela faisait désormais plusieurs jours que Remus évitait Lucius Malfoy avec toute son énergie, usant et abusant de ses sens surdéveloppés pour ne surtout pas se retrouver nez à nez avec le trop beau serpentard. Et si besoin était, il utilisait la Carte des Maraudeurs pour choisir ses itinéraires – il préférait ne pas se rendre compte qu'il s'en servait aussi pour savoir où se trouvait le blond, et surtout, avec qui. Au moment des repas, il tournait le dos à la table des verts et argents, ne voyant donc pas les regards peinés, amoureux et coléreux que lui lançait son futur.
De son côté, Lucius avait passé toute une nuit à réfléchir et en était arrivé à la conclusion que son compagnon n'avait pas confiance en lui à cause de son passé, peut-être même avait-il peur de se retrouver un jour abandonné au profit d'un autre. Le blond avait prouvé son manque d'attachement envers ses amants, de véritables kleenex humains qu'il prenait, utilisait et jetait une fois usagés. De plus, Lucius n'était pas un vélane de sang pur – donc peut-être que cette fidélité à toute épreuve ne le concernait pas – et si lui savait qu'il serait fidèle jusqu'à la mort, ce n'était pas le cas de Remus. Le blond pouvait donc comprendre les sentiments du petit châtain. Ce dernier voulait qu'on le rassure sur son avenir « conjugual », il voulait des preuves qu'il serait aimé à jamais et Lucius était tout disposé à les lui offrir sur un plateau d'argent.
C'était à lui de faire des efforts pour séduire et rassurer son futur amant. Jusque là, il n'avait jamais eu à se donner de mal pour avoir qui il voulait, quand il le voulait, par conséquent, il avait hésité avant de mettre son plan en route. Mais maintenant que c'était fait, il n'avait plus qu'à croiser les doigts.
À la table des Gryffondors, Remus attaquait sa deuxième tartine quand les hiboux du courrier apparurent par les lucarnes du plafond, transportant lettres et colis. Le loup-garou se désintéréssa des volatiles quand un gros paquet tomba devant lui, renversant sa tasse, envoyant valser les plats d'oeufs brouillés, de bacon et les pots de confitures. Le menu de ce petit-déjeuner tâcha tous les uniformes alentours.
Cependant, la colère s'effaça vite devant la curiosité.
Sur une petite étiquette était écrit le nom du destinataire, à l'encre verte: Remus Lupin. L'écriture parfaite était compliquée, alambiquée, presque démodée mais pourtant parfaitement lisible.
- Qui a bien pu t'envoyer ça? Demanda Sirius, ses mains avançant jusqu'au paquet, presque malgré lui.
- J'en sais rien. C'est quoi à votre avis?
- Je ne connais qu'un seul moyen de répondre. Trancha James.
Quatre paires de mains détachèrent les cordelettes fermant le paquet, puis retirèrent le papier kraft qui l'entourait, dévoilant une boîte en bois d'ébène sculptée aux armoiries de la famille Malfoy.
- Il n'y a pas quelque chose que tu as oublié de nous dire Remus? Demanda James, amusé par les couleurs qui avaient pris place sur les jours de son ami.
- Quelque chose du genre important? Renchérit Sirius.
- Venez avec moi.
Remus se leva et quitta la Grande Salle, sa boîte sous le bras. Au moment de passer les portes, il se retourna pour chercher Lucius. Ses yeux dorés plongèrent dans deux orbes grises et pendant quelques secondes, le temps sembla s'arrêter pour les deux adolescents.
Ce simple contact visuel réjouit Lucius. Les yeux de son compagnon brillaient de l'envie de donner son amour, mais aussi d'incertitude. Et le blond avait bien l'intention de tout faire pour effacer à jamais cette lueur incertaine. Aprés tout, il était un Malfoy.
o0O0o
Quand il eut terminé de raconter à ses amis ce qui se passait entre lui et Lucius, Remus dût faire face à une longue minute de silence, un grand moment de solitude. Peter, élevé dans un milieu conservateur profondément homophobe, préféra se taire. Il considérait le loup-garou comme un de ses meilleurs amis, mais étant donné son éducation et sa maladresse dont il était très conscient, le choix du silence lui donnait l'avantage de ne pas risquer de blesser le jeune homme.
- Et qu'est-ce que tu vas faire? Finit par demander Sirius.
- Il me plaît tu sais. Je ne sais pas si je l'aime, c'est sans doute trop tôt encore, et jusque là il ne s'est pas conduit comme quelqu'un en qui on peut avoir confiance, mais je veux lui accorder le bénéfice du doute.
- Il te sera fidèle Remus. Tu peux lui faire confiance, il ne te fera jamais de mal – du moins, jamais intentionnellement.
- Comment tu peux en être si sûr?
- Parce-que l'année dernière, lors d'une retenue, j'ai dû faire un essai sur les vélane de cinquante centimètres de long et j'ai fait pas mal de recherches...
- Toi? Tu as fait des recherches pour un devoir de retenue? Toi, Sirius Black?
- Oui moi. Il était noté et pris en compte dans ma moyenne. Bref, on s'en fout. Ce que je veux dire c'est qu'une fois son compagnon trouvé, le vélane – de sang-pur ou de sang-pas-trop-dilué – ne pense même plus à aller voir ailleurs, il ne peut même plus regarder quelqu'un d'autre. Maintenant, la jalousie extrême est un peu romancée. Cela dépend du tempérament du vélane, ça ne fait pas parti des caractéristiques de son espèce. Vous êtes destinés à vous aimer, tu peux retarder l'échéance mais y échapper, c'est impossible.
- Remus, tu es casé! Annonça James en lui claquant l'épaule.
Le lycanthrope sourit doucement. James avait raison, même si ce n'était pas officiel, il était « casé ».
Son regard tomba sur la boîte offerte par Lucius, il était temps qu'il l'ouvre. Il souleva le délicat couvercle ouvragé, révélant une superbe garde-robe complète, miniaturisée pour tenir dans son emballage – un genre de boîte à bijoux en somme.
Des robes de sorcier, des capes, des chaussures, des pantalons, des pulls, des gants, une écharpe et même des sous-vêtements s'alignaient dans les différents compartiments du coffret, le tout fait dans les matières les plus nobles et les plus luxueuses – soie, cachemire, velour, cuir de dragon, fourrure et un peu de coton. Remus choisit une robe au hasard et lui redonna sa taille d'origine. Il fut surpris de constater qu'elle lui allait parfaitement une fois enfilée. Le riche tissus sombre mettait joliment en valeur ses cheveux et ses yeux clairs, ainsi que sa peau blanche. Les manches, le col et le bas du vêtement étaient brodés, les fils d'or s'entrecroisant pour former de délactes arabesques. L'habit mettait son corps en valeur sans être trop moulant, étant ainsi très claire sur la position de Lucius – il voulait un amant classe et séduisant/sexy mais garder les courbes de son corps pour lui tout seul.
Regarder, oui, mais pas toucher.
Un Malfoy n'est pas prêteur.
Ce qui était sûr également, c'est que le serpentard avait bon goût en matière de vêtements.
- Tiens, y'a ça aussi. Lui dit James en lui tendant un petit parchemin.
Remus y retrouva l'écriture compliquée du beau blond.
Ce soir, aprés le couvre-feu, je t'attendrai à proximité du saule cogneur.
J'ai beaucoup de choses à te dire, mon cher compagnon.
J'espère que tu viendras (et que tu choisiras tes vêtements parmis ceux que je t'ai offert!)
Lucius.
o0O0o
Le jeune loup-garou se glissa dans les couloirs, emmitoufflé dans une de ses nouvelles capes. Son statut de préfet lui permit de se déplacer sans problème, même Miss Teigne ne se préoccupait plus de lui quand il la croisait la nuit, l'ignoble bestiole se contentant de lui jeter un regard vide avant de le dépasser avec l'air du chat qui a avalé une souris de travers.
Sale bête snobinarde!
Remus avait mis du temps avant de se décider à venir au rendez-vous, il avait même plusieurs fois changé d'avis, changement qui s'était traduit par un passage à la salle de bain pour enfiler d'autres vêtements, il avait jonglé entre le « oui » timide et le « non » obstiné, mais quand ses amis l'avaient mis à la porte du dortoir avec un ensemble neuf choisi par Sirius, il s'était dit qu'on ne lui laissait pas le choix.
Lucius risquait d'avaler de travers quand il apprendrait qu'il devait sa venue aux pires sales mômes de l'école, ceux qu'il passait sa vie de préfet-en-chef à envoyer en retenue.
Rien que la probabilité de voir ça devait valoir le déplacement.
Le vent glacé de l'hiver le frappa de plein fouet quand il entra dans le parc de Poudlard et il ressera sa cape autour de lui, frottant sa joue contre le doux col en hermine. La fourrure du vêtement lui rappelait celle de sa mère, quand elle le prenait dans ses bras les nuits de pleine lune pour lui raconter les légendes et l'histoire de son peuple. À cette époque, pas si lointaine que ça en fin de compte, il aimait enfouir son visage dans la chaude fourrure maternelle et respirer son parfum, mélange de Chanel et de musc animal. Jamais il ne s'était senti aussi bien que dans ces moments-là.
Le saule cogneur apparut à l'horizon, sa silhouette décharnée se découpant sur le ciel bleu marine, constellé d'étoiles, de cette nuit hivernale. Remus le sentit avant de le voir, Lucius qui l'attendait appuyé contre l'arbre miraculeusement calme. Le Cogneur dormait-il aussi?
- Pendant un moment, j'ai cru que tu ne viendrais pas. Lui dit le blond en le rejoignant.
- Pendant un moment, moi aussi. Mais il faut croire que mes amis sont de ton côté vu qu'ils m'ont jeté dehors.
- Tes amis? On parle bien des Maraudeurs? Les garçons à la caboche d'acier?
- C'est comme ça que tu les appelles?
- Moi et le reste des serpentards, dans l'intimité de notre dortoir.
- Je vois. Dans ton message, tu disais que tu avais des choses à me dire.
- Je pense que tu sais déjà ce que c'est mais je n'ai pas envie qu'on se contente de sous-entendus. Et puis, je considère le fait que tu ais mis ces vêtements comme un encouragement en ma faveur. Si tu veux bien me suivre.
- Pourquoi on ne peut pas parler ici?
- Je ne te laisserai pas la possibilité de me fuir une nouvelle fois Remus. Cela fait des jours que tu m'évites et j'ai beau répugner à l'idée de te faire le moindre mal, je ne suis pas non plus en marbre. J'ai besoin de te toucher et de te prendre dans mes bras, c'est ainsi et je n'y peux rien. J'ai besoin de t'avoir prés de moi. Et puis, j'ai certaines choses secrètes à te dire, que j'ai apprise récemment et elles risquent de te faire aussi peu plaisir qu'à moi.
- À t'entendre c'est grave.
- Très mais je préfère qu'on en parle pas ici.
Le blond, comme par réflèxe, saisit la main de son petit loup et le mena vers l'arbre magique. Celui-ci commença à s'agiter à leur approche mais d'un simple sort, Lucius l'immobilisa à nouveau.
- Il y a un noeud à la base du tronc, il suffit de le pousser pour que le Cogneur ne bouge plus. Murmura-t-il à l'oreille du gryffondor.
Le vélane se faufila dans un passage creusé à même la terre, entre deux racines du saule, Remus sur ses talons. Au bout de quelques courtes minutes, ils entrèrent dans une maison en ruine. Les rares meubles étaient défoncés, les portes pourries et déglinguées, des lambeaux de rideaux pendaient aux fenêtres et les coussins, éventrés. Leurs pieds s'enfonçaient dans une épaisse couche de poussière.
- Charmant. On est où là exactement?
- Dans la cabane hurlante. Elle n'est pas du tout hantée mais sa réputation suffit à éloigner les curieux ce qui fait d'elle un endroit parfait pour les confidences. Bon, c'est crade, je te l'accorde mais on peut arranger ça.
En un tour de main, Lucius nettoya la sinistre pièce et fit apparaître un canapé digne de ce nom, une couverture pour les réchauffer, l'air étant vraiment glacial, une théière fumante et deux tasses. Ils s'installèrent, leur corps se frôlant, prêts à s'éloigner ou à sa rapprocher l'un de l'autre selon la situation.
- Tu veux bien enlever ta cape quelques secondes, j'ai envie de voir les vêtements que tu portes.
- Je préfère pas non. Couina Remus, les joues subitement rouge de gêne.
- Je ne vais pas te sauter dessus pour t'enlever ton pantalon tu sais. J'ai un minimum de savoir-vivre quand même.
- Tu as dit que tu n'étais pas en marbre et c'est Sirius qui a choisi mes vêtements.
- Dois-je en conclure qu'il a choisi le costume noir dont la veste se boutonne en-dessous du nombril? Ensemble particulièrement sexy que je comptais réserver pour nos soirées en tête-à-tête?
Remus baissa la tête, les joues plus rouges que jamais. Il n'eut pas le temps de sursauter que déjà, il était debout devant Lucius, sa cape étant restée sagement sur le canapé. Le blond gémit presque en voyant son compagnon si séduisant, sa peau pâle semblait appeler ses lèvres et ses mains. Ces vêtements convenaient parfaitement à Remus, même s'ils étaient un peu léger pour la saison.
Le vélane sourit et se leva pour prendre son futur amant dans ses bras, lui faire partager sa chaleur, lui faire savoir qu'il était là. Il espérait également lui faire comprendre qu'il serait toujours présent. Le loup-garou ne se tendit même pas quand les bras du blond se refermèrent sur lui. Il s'y sentait bien, parfaitement bien, comme chez lui.
Il sut qu'il était foutu.
Sa raison vola en éclat et il se laissa aller contre le torse sculpté de son ex-cauchemar. D'avance, il acceptait tout, à condition que cette sensation ne le quitte jamais. Au plus profond de lui, en vieil instinct animal, étouffé par son humanité, hurla à la lune.
Lucius décida que c'était le bon moment pour parler. À voix basse, il raconta tout.
- J'ai eu de nombreuses aventures dans un passé encore récent, la dernière remonte à peine à une semaine avant ma majorité. J'ai cherché à fuir ce que j'étais en tirant sur tout ce qui bougeait, je voulais vivre à fond ma jeunesse avant d'être fidèle tout le reste de ma vie. Je pense qu'en vérité j'avais peur, de quoi je ne saurais pas te l'expliquer. Aujourd'hui je n'en suis plus très fier mais c'est trop tard et j'espère que tu me pardonneras d'avoir fait n'importe quoi. Depuis que mon instinct s'est réveillé et que je t'ai trouvé, je ne pense plus qu'à toi et je ne vois plus que toi. Je ne peux pas te faire de promesses d'éternité parce-qu'on ne sait jamais de quoi l'avenir est fait mais je peux te jurer de rester avec toi aussi longtemps que je vivrai. Je t'aimerai et je te désirerai toute ma vie.
- Tu jures de ne jamais me tromper? Tu jures que tu ne me laisseras pas tomber comme tu l'as fait pour toutes tes conquêtes?
- Je te le promets si tu en fais autant.
- Un loup-garou n'aime qu'une fois. Remus, voyant le soulagement passer dans les yeux gris de Lucius, n'hésita pas à ajouter un petit détail à sa belle déclaration. Mais il peut baiser à tout va et être têtu comme une mule, trompe-moi et je te le ferai payer.
- Compris.
Ils croisèrent leur petit doigt et jurèrent. Un petit fil rouge apparut quelques secondes, les liant à jamais.
Lucius se pencha vers son compagnon et l'embrassa tout doucement, pour ne pas l'effrayer. Remus se serra plus fortement contre le torse du blond et lui rendit son baiser, l'approfondissant jusqu'à ce qu'ils en gémissent de concert. Ils se laissèrent tomber sur le canapé sans jamais se séparer, s'embrassant à en perdre le souffle.
Lucius obligea ses mains à rester sages. Il ne voulait pas que Remus se braque parce-qu'il aurait été trop rapide. Et puis, son compagnon n'était pas un de ces garçons qu'il ramenait dans sa chambre le soir pour l'en jeter au petit matin, une fois sa dose de sexe absorbé. Il avait désormais toute la vie devant lui et ne comptait pas précipiter les choses.
Et puis, il avait encore certaines choses à dire et cela risquait d'être douloureux pour eux deux.
- Remus, dit-il en se séparant à regret de la jolie bouche du lycanthrope, j'ai encore une chose à te dire et ça ne te fera pas du tout plaisir. À moi non plus à vrai dire, mais je ne peux rien y faire.
- C'est si mauvais que ça?
- Pire encore, mais il faut que ça reste entre toi et moi. J'ai déjà assez de mal à digérer la nouvelle sans qu'en plus toute l'école soit au courant. En plus, je suis majeur, je pourrais me retrouver en prison avant d'avoir eu le temps de claquer des doigts. Azkaban n'a pas exactement la réputation d'un hôtel cinq étoiles.
- Tu commences à me faire peur Lucius.
- Hier matin, j'ai reçu une lettre de mon père. C'est un grand partisan de Voldemort et il a parlé de moi à son maître. Mes qualités et mon nom l'intérèssent. Il a déjà été décidé que je deviendrai Mangemort dans un mois et si je refuse, tu seras veuf avant même d'être marié.
Un long, très long silence plana dans la pièce. Remus avait l'impression d'avoir reçu un coup de poing dans le ventre tant la nouvelle l'avait choqué.
Poudlard était un lieu à part dans la communauté magique anglaise, un univers à part entière, isolé du reste du monde. C'était également l'endroit le plus sûr du pays, on s'y sentait parfaitement en sécurité. Cela expliquait pourquoi on y oubliait si facilement ce qui pouvait se passer en dehors des vieux murs du château. Une fois les lourdes grilles passées, que ce soit à pieds en revenant de Pré-au-Lard ou en calèche depuis la gare, Voldemort et ses fidèles n'existaient plus.
Et puis, les élèves avaient Albus Dumbledore pour les protéger.
Oui, Remus avait lui aussi oublié la réalité de l'extérieur mais celle-ci venait de lui être renvoyé en pleine figure et il ne se sentait pas prêt à y faire face.
Les loup-garous avaient déclaré officiellement leur neutralité dans la guerre. Si certains s'engageaient dans un camp, ils le faisaient à titre personnel et non-officiel. Et lui-même, Remus Lupin, comment allait-il faire? Les Maraudeurs avaient déjà décidé de s'engager dans le légendaire Ordre du Phoenix une fois diplômé, alors comment pouvait-il s'en sortir s'il épousait un Mangemort?
Remus savait bien que Lucius ne partageait pas les opinions de son géniteur mais il savait aussi qu'il ne ferait pas le poids face à Voldemort. Le blond n'aurait pas le choix s'il voulait vivre et le loup-garou voulait qu'il vive. Il respira un grand coup.
- Je vois. Donc dans un mois...
- Je deviendrai un assassin.
- Ne dis pas ça.
- C'est la vérité et tu le sais parfaitement. Ce n'est pas ce que je veux mais ça arrivera et je n'ai aucun moyen d'y échapper puisque le meurtre fait parti de l'initiation, c'est mon père qui me l'a dit. S'il y a un moyen d'y échapper, je ne le connais pas et la fuite n'est pas une solution.
Remus enfouit son visage dans le cou de son blond, respirant son odeur unique. Son cerveau marchait à cent à l'heure à la recherche d'une solution éventuelle.
- J'ai peut-être une idée. Finit-il par dire en se mordillant les lèvres.
- Dis toujours, de toute façon la situation ne peut pas être pire.
- Ça peut toujours être pire. Je pense qu'on devrait aller voir Dumbledore et tout lui dire. Si quelqu'un peut nous aider, c'est lui.
- Tu es sûr?
- Je lui fais entièrement confiance.
- Dans ce cas, je me range à ton avis. On ira le voir demain, en attendant, j'ai envie de dormir. Et comme je suis galant et que je n'ai pas envie de te laisser partir, je te propose une place dans mon lit.
- Galant en effet. Se moqua le petit châtain. J'accepte l'invitation mais je te conseille de ne pas te comporter avec moi comme avec les autres, sinon tu risques d'avoir un bon aperçu de mon côté salaud.
- Tu n'es pas les autres Remus. Tu es mon compagnon, le seul.
Ils s'embrassèrent longuement, Lucius sentit avec délice son ange fondre sans ses bras. Il le souleva avant de le porter jusqu'à sa chambre. La légèreté du jeune homme le fit froncer les sourcils, il faudrait qu'il le surveille pour qu'il mange mieux. Un peu plus de chair sur tous ces os ne le dérangerait pas.
Il allongea Remus sur son lit, celui-ci dormait déjà. Il caressa sa joue en souriant tendrement et le débarassa de ses vêtements en trop, avant de le rejoindre sur le matelas et de les isoler sous la couette. Il ne savait pas ce que l'avenir leur réservait, mais il n'avait pas envie d'y penser.
Du moins, pas pour le moment.
Il serra le corps frêle de son cadet dans ses bras et s'endormit, plus apaisé que jamais.
o0O0o
Le lendemain, dés la fin du petit-déjeuner, Lucius et Remus se retrouvèrent devant la statue menant au bureau du directeur. À l'instant où ils étaient sorti de la chambre du blond, aprés s'être assuré que personne ne les verrait, ils s'étaient mis à jouer l'indifférence, renouant sans difficulté avec les vieilles habitudes. Personne ne s'était douté de rien, pas même Narcissa Black qui ne désespérait toujours pas d'être l'heureuse élue et scrutait le blond à la recherche du moindre signe pouvant être interpretté en sa faveur. Si elle savait.
Mis à part les Maraudeurs et Severus Snape, personne ne savait qu'ils étaient ensemble et ils avaient bien l'intention que cela continue.
Ils séchaient leur premier cour de la journée mais s'en fichaient éperdument. Lucius dit le mot de passe en secouant la tête d'un air affligé.
- Roudoudou en sucre.
L'escalier apparut. Ils n'eurent pas besoin de frapper à la porte du bureau, Dumbledore les attendait, le visage grave. De toute évidence, il savait pourquoi ils étaient là, ce qui n'étonna les deux garçons qu'à moitié. C'était à se demander si le vieil homme n'avait pas des mouchards dans tout le domaine.
Dumbledore les fit entrer et verrouilla soigneusement sa porte, jetant un sort de silence pour plus de sureté. Oui, il savait exactement la raison de leur présence à cette heure si matinale.
- Asseyons-nous, je pense que les choses qui vont être dites seront assez douloureuses comme ça.
- Vous savez? Demanda Lucius, en installant Remus sur ses genoux. Il avait besoin de son compagnon, plus que jamais. Le loup-garou se laissa faire, posant sa tête sur une épaule striée de mèches blondes.
- Que votre père est un partisan de Voldemort? Oui, bien sûr. Ce n'est d'ailleurs un secret pour personne, sauf pour notre cher ministre bien sûr. Les paroles du directeur contenait une amertume tenace. Je me doutais depuis un moment qu'il vous obligerait à suivre ses traces.
- Il ne me demande pas mon avis.
- Je sais. Et je vous conseille de faire très exactement ce qu'il vous dit. Voldemort est fou, totalement. Vous opposer ouvertement à lui serait signer votre arrêt de mort.
- Vous me conseillez de devenir Mangemort? Vous savez ce que vous dites au moins?
- Tout à fait. J'ai d'ailleurs une proposition à vous faire à ce sujet. Que diriez-vous de devenir espion pour l'Ordre du Phoenix? Que vous le vouliez ou pas, vous serez mêlé à cette guerre, vous devrez combattre, alors pourquoi ne pas lutter, dans l'ombre, pour ce en quoi vous croyez?
- Espion?
- Oui. Nous n'avons jamais réussi à infiltrer les rangs des Mangemorts de manière efficace. Vous, vous êtes un sang-pur et l'héritier d'une très grande famille, Voldemort en personne vous réclame à ses côtés. Vous auriez un haut poste dans son organisation et pourriez nous fournir de très précieux renseignements. Vous nous seriez d'une aide précieuse.
- Qu'est-ce que tu en penses Remus?
Le lycanthrope chercha ses mots un petit moment. Cette solution serait idéale car Lucius serait, officieusement, dans le même camp que lui mais elle était également bien plus dangereuse. S'il était découvert, il risquait bien pire que la mort. Il expliqua ses pensées et ses inquiétudes, pesant objectivement le pour et le contre d'une telle décision.
Au final, Lucius accepta. Il ne voulait pas devenir Mangemort mais ne pouvait l'éviter, alors autant profiter de sa position future pour faire le plus de mal possible à son futur « maître ». Il se vengerait de l'intérieur. Et puis, il n'avait pas d'autres choix que celui-là s'il voulait combattre pour ses propres idées.
- Maintenant nous avons un autre problème. Dit le directeur en se caressant la barbe. Il avait une solution toute trouvée pour ce dilemme qu'il venait de mentionner mais il lui faudrait la coopération d'une tierce personne qui risquait de ne pas être facile à convaincre.
- Lequel?
- Remus, répondit Dumbledore sur le ton de l'évidence. Il s'est déjà engagé à intégrer l'Ordre une fois diplômé. Lui combattant pour l'Ordre, vous Mangemort, ça ne passera pas. Votre père est au courant?
- Non, pas encore.
- Tant mieux. Quelqu'un d'autre est-il au courant?
- James Potter, Sirius Black, Peter Pettigrew et Severus Snape. Énuméra Remus.
- Monsieur Snape nous sera utile. Quant aux autres, il va falloir leur effacer la mémoire – Voldemort lit dans les esprits. Que l'un d'eux soit capturé et tout tombe par terre.
- Vous pouvez nous expliquer? De toute évidence vous avez déjà un plan alors vous pourriez nous en parler.
- Que Vous-Savez-Qui apprenne que vous êtes ensemble et il vous tuera tous les deux sans poser de question. Il n'est pas du genre à prendre des gants quand quelque chose le contrarie et vous pouvez être sûr qu'une union entre un Mangemort et un Auror le contrariera énormément. Il faut donc cacher au monde que vous êtes ensemble mais vous Lucius, vous ne pouvez pas rentrer chez vous sans compagnon. Il va falloir que quelqu'un joue ce rôle à la place de Remus, quelqu'un en qui nous pouvons avoir confiance et qui sera lui-même un faux Mangemort. Un deuxième espion.
- À qui pensez-vous? Demanda Remus. Si cette personne était Narcissa Black ou une autre groupie de Lucius, il risquait de faire un malheur. La jalousie extrême des vélanes était peut-être romancée, mais la sienne ne l'était pas du tout.
- À un jeune homme déjà très doué en occlumencie qui est venu, tout comme vous, me demander de l'aide il y a quelques semaines. Severus Snape.
Le silence qui suivit amusa beaucoup le vieil homme qui entreprit tout de même de leur raconter comment Severus était venu frapper à sa porte, totalement paniqué, un soir de novembre. À l'époque, il venait d'apprendre que le Seigneur Noir avait des indicateurs dans l'école et que son talent pour les potions n'était pas passé inaperçu. Voldemort avait décidé de l'intégrer à ses troupes et bien sûr, dire « non » n'était pas du tout une option censée.
Le jeune serpentard avait accepté le rôle d'espion sans trop de problème. Il n'avait plus de famille, plus de fortune, pas d'ami hormis Lucius qui avait de fortes chances de se retrouver marqué à son tour, bref, rien à perdre.
- Donc, vous voulez qu'on essaye de convaincre Severus Snape de jouer mon rôle?
- Exactement.
- C'est pas gagné.
- Je ne serais pas aussi catégorique que toi, intervint Lucius en se mordillant la lèvre. Severus est mon meilleur ami, je le connais bien et il est notre meilleure chance de réussir. Outre le fait qu'on peut lui faire entièrement confiance, il ne sera pas embarassé ou effrayé par ma présence comme un autre pourrait l'être et il est bon comédien.
- Sans doute mais qu'est-ce qui te fait croire qu'il acceptera?
- Une intuition.
- Voilà qui devrait enchanter la prof de divination.
- Range tes sarcasmes mon petit-loup, je le connais mieux que toi. Je sais qu'il acceptera.
Dumbledore sourit une nouvelle fois en les regardant. Leur couple semblait tellement évident quand on les voyait se chamailler ainsi.
Quelques minutes plus tard, Severus Snape apparut dans le bureau du directeur – convoqué par ce dernier. Comme l'avait prévu Lucius, il ne fut pas difficile de le convaincre. Cependant, le jeune serpentard eut quelques exigences – que tous trouvèrent normales étant donnée sa situation familiale et pécunière. Il demanda à ce que tous ses frais de scolarité soient pris en charge par Lucius, ainsi que le versement d'un « salaire » mensuel pour ses frais personnels.
Lucius s'engagea sur l'honneur. Son jeune ami aurait pu lui demander bien plus et il l'aurait satisfait de la même façon.
D'un commun accord, ils décidèrent que le nom du « compagnon » de Lucius resterait secret, aucun étudiant ne devait savoir afin que Severus puisse avoir une vie privée – discrète – de son côté. Ils devraient s'arranger pour que cela reste un secret le plus longtemps possible, même aprés qu'ils aient quitté Poudlard.
- Une minute, s'exclama Remus, et le mariage?
- Quoi le mariage? Demanda Lucius.
- Ton père voudra que tu épouses ton compagnon, c'est évident. Mais s'il pense que ton compagnon c'est Severus...
- Tiens, tu ne m'appelles plus Snape?
- Plus envie. Alors professeur?
- Il n'y a pas de solution. Soit vous vous arrangez pour repousser le mariage le plus possible, soit vous vous mariez vraiment et vous divorcez une fois la guerre terminée.
- Si elle se termine un jour. Grogna Remus.
- De toute façon, se sera un mariage blanc. Le rassura Dumbledore. Et en dehors des missions et des réunions, les Mangemorts sont libres donc vous pourrez voir Monsieur Malfoy très souvent, à condition que vous soyez discret.
L'adolescent bouda mais dû se résigner. Il n'y avait effectivement rien à faire. Encore.
Les derniers arrangements pris, il ne resta plus qu'à effacer la mémoire des Maraudeurs. Sirius et James acceptèrent sans rechigner mais Peter sembla agacé, voire énervé, de se voir ainsi dépouillé d'un bout de ses souvenirs. Sa réaction étonna ses amis mais ils ne firent aucun commentaire. Ces derniers temps, Wormtail était vraiment bizarre.
Puis ils oublièrent et tout rentra dans l'ordre.
Le soir même, le père de Lucius apprit l'identité du compagnon de son fils grâce à une courte lettre envoyé par ce dernier. Il fut ravi d'avoir un Snape pour gendre. Il ne compris jamais pourquoi son fils lui demandait de garder le secret sur l'identité de son âme soeur, il prit cela pour un caprice de gamin. Et quelque part, cela l'amusait d'être le seul à savoir.
Il était temps pour lui de surveiller le niveau de Magie, car il espérait bien que le C.S.O.C lui donnerait un petit-fils – une fois les six mois de contraception écoulés, maudit Dumbledore.
o0O0o
Les années s'écoulèrent, longues et souvent douloureuses.
Lucius et Severus s'étaient retrouvés marqués et mariés avant même d'avoir eu le temps de se rendre compte de ce qui leur arrivait.
Leur union était un secret. Un de plus.
Quatre ans plus tard, ils faisaient partis des généraux de Voldemort, avec Bellatrix Lestranges et Barty Croupton Junior. Les quatre Mangemorts les plus hauts gradés. Les bras droits du Lord. Le père de Lucius avait été abattu lors d'une mission ratée à Pré-au-Lard, faisant de son fils l'homme le plus riche du monde magique.
Les raids Mangemorts devenaient un peu plus meurtriers à chaque fois, un peu plus sanglants, toujours plus terrifiants. La communauté sorcière vivait dans la terreur, ses membres n'osaient presque plus sortir de chez eux et jamais le Chemin de Traverse n'avait été aussi vide de monde. Les gens tentaient de continuer à vivre mais il était impossible de faire comme si de rien n'était. Pourtant, Voldemort était loin de gagner.
Ses ennemis y veillaient.
L'Ordre en général, les Maraudeurs en particulier.
Ceux-ci avaient décidé de continuer à vivre comme avant en dehors de leurs missions et des champs de batailles. Sirius entretenait une liaison secrète aussi houleuse que passionnée avec Severus Snape, ignorant comme tout le monde qu'il était officiellement marié à Lucius Malfoy. James avait épousé la rouquine de ses rêves, Lily Evans et Peter s'était fiancé avec une jeune femme à l'aspect gracile et éthéré de poupée de porcelaine, Anna Abbots. Il se comportait toujours étrangement mais ses amis ne le voyaient même plus tant c'était devenu habituel.
Remus, lui, s'était installé dans une petite maison, à l'écart de tout. L'endroit était bien protégé et servait parfois de planque pour les Aurors ou de QG de substitution pour l'Ordre. Pour y aller, il fallait transplanner en ayant une signature magique permettant de passer les sorts de protection ou utiliser la cheminée du bureau de Dumbledore, la seule permettant de se rendre chez le jeune homme.
Lucius et lui se voyaient mais pas assez à leur goût, aussi compensaient-ils leur frustration par de longues séances de sport en chambre – ou de salon, ou de cuisine, ou de salle de bain, cela dépendait de leur position géographique dans la maison.
Ils se relevaient souvent la nuit et passaient des heures à discuter de tout, de rien, de leur avenir surtout. Emballés dans une couverture, se partageant une énorme tasse de chocolat chaud, ils refaisaient le monde et se faisaient voyants pour prédire la fin de la guerre. Ils ne faisaient jamais de projets à long terme cependant, craignant de ne plus être là pour les mettre en oeuvre.
Il était rare qu'ils retournent dans la chambre ces soirs-là, s'aimant à même le sol pour se prouver qu'ils étaient encore vivants et ensemble.
Chacun vivait sa vie dans son petit chez lui.
Et la vie est pleine de surprises.
o0O0o
Remus ouvrit un oeil embué de sommeil et bailla à s'en décrocher la mâchoire, aussi fatigué que la veille au soir. Il finissait toujours par mal dormir quand Lucius « s'absentait » pour une longue période et cela faisait exactement deux mois que le loup-garou n'avait plus vu son blond. Un mois qu'il était forcé de se passer de lui, de sa présence réconfortante et de son corps sublime. Un mois qu'ils n'avaient plus fait l'amour et la frustration commençait doucement à monter.
La frustration et la peur aussi. Les nouvelles que l'Ordre avait reçu dernièrement n'étaient pas bonnes car le Lord commençait à se douter de la présence d'espions dans ses rangs et si pour l'instant il se contentait de passer à la question les Mangemorts des plus basses catégories, il y avait fort à parier qu'il ne s'arrête pas en si bon chemin. Severus et Lucius étaient des maîtres en occlumencie mais pourraient-ils supporter un interrogatoire en règle?
Remus préféra chasser ces questions de son esprit, son coeur s'étant mis à battre tellement vite qu'il était bien parti pour faire une crise d'angoisse. Celles-ci étaient rares mais toujours spectaculaires. Il respira profondément et attendit d'être calmé, un bras lui masquant les yeux.
Quelques minutes plus tard, se sentant bien mieux, il s'étira dans son grand lit vide.
Sa main gauche toucha un objet mou et chaud, et, quand il vit ce qu'était l'objet en question, il manqua tomber par terre de surprise.
Depuis le coussin où il était allongé, un bébé le regardait en gazouillant doucement. Un bébé tout propre, blond, aux yeux bleus. Un bébé sans nombril.
La surprise passée, le jeune homme s'empressa d'emballer le nouveau-né dans un drap propre, caressant la peau toute neuve et le fin duvet blond qui recouvrait le petit crâne. Une petite main se referma sur son index. Il sourit.
Un vieux souvenir de sa sixième année remonta du fond de sa mémoire et il se mit à rire, un rire joyeux et sincère. Avec les évènements de ces dernières années, il avait complètement oublié que le niveau de Magie était toujours élevé et que le C.S.O.C pouvait toujours se produire.
Et ce phénomène de magie pure venait de lui donner un fils, son enfant et celui de Lucius.
- Bon, je crois que quelques courses s'imposent. Le problème c'est que les magasins sont fermés jusqu'à lundi à cause des fêtes.
Remus ne pouvait pas laisser son fils nu pendant deux jours et il n'y avait ni couche, ni biberon, ni rien dans la maison. Il se résolut à appeler Molly Weasley à la rescousse. Celle-ci allait bientôt accoucher de son sixième enfant et devait donc pouvoir le dépanner pour quelques jours. Enfin, avec un peu de chance.
Il faudrait également qu'il prévienne Dumbledore et bien sûr, Lucius – Severus devait venir au QG de l'Ordre pour faire un rapport, il lui passerait le message. Ensuite, il devrait s'inventer un amant, l'Immaculée Conception n'existant pas plus dans le monde magique que dans le monde moldu. Il ne voulait pas cacher son fils à ses amis, il voulait que son bébé rencontre Prongs, Parfoot et Wormtail mais ceux-ci se poseraient forcément des questions, quant à l'identité du second père. Un sorcier lambda bienheureusement mort récemment ferait parfaitement l'affaire. Sorcier avec qui il n'avait eu qu'une aventure d'une nuit, ce qui expliquait que sa perte ne l'avait pas touché plus que celle d'un autre.
Oui, cette histoire conviendrait tout à fait. Heureusement que le C.S.O.C n'était pas une histoire de sentiments.
Le nourrisson gazouilla, les yeux papillonant de sommeil.
- Comment je vais t'appeler toi? Murmura le nouveau papa.
Bien sûr, il n'obtint aucune réponse.
Il sourit une nouvelle fois.
Un bon feu crépitait dans la cheminée de sa chambre. Il y régnait une douce chaleur. Remus s'installa dans son fauteuil préféré, à côté de la fenêtre, et regarda la neige tomber dans son jardin. Son bébé dormait dans ses bras, un pouce dans la bouche. Il passa des heures à le regarder, émerveillé par ce cadeau que la Magie lui avait fait.
Il avait hâte de revoir Lucius, de lui présenter l'enfant qu'ils n'avaient jamais pensé avoir. Remus se mit à rêver à des batailles de boules de neige en famille, d'anniversaires avec d'énormes gâteaux et des montagnes de cadeaux, de réveils en sursaut et de câlins.
Nous étions le vingt-quatre décembre 1979.
o0O0o
La main de Lucius s'égarait sur les fesses fermes de son mari – le vrai – quand une petite tornade blonde sauta sur le lit, réveillant Remus bien moins agréablement que ne l'avait prévu sa moitié.
- Papa, Daddy, j'ai reçu ma lettre de Poudlard! Hurla joyeusement leur fils unique, brandissant sous leurs yeux encore à demi-fermés une lettre cachetée.
- C'est bien mon bébé. Répondit Remus.
- Super! Grinça Lucius, agacé de ne pas avoir eu son câlin matinal. Il adorait son fils mais des fois...
Draco était un beau petit garçon, vif et spontané. Et il avait déjà onze ans.
Le temps s'était enfui depuis la fin de la guerre.
Tant de choses avaient changé ces dix dernières années.
La disparition de Voldemort avait été un bonheur doublé d'une malédiction. Combien de gens avait-il emporté dans sa chute?
Peter était mort, tué par Sirius. La trahison de ce dernier avait surpris tout le monde, à commencer par son propre amant. Severus ne croyait toujours pas à la culpabilité de son ancien petit-ami, pas plus que Remus d'ailleurs, mais sans la moindre preuve attestant de l'innocence du jeune homme, ils ne pouvaient rien pour lui. Tout ce qu'ils avaient, c'était une conviction profonde mais ça ne suffisait pas pour permettre l'ouverture d'un second procés – un vrai cette fois-ci.
James et Lily n'avaient pas survécu non plus. Ils avaient laissé un fils d'un an à peine derrière eux, Harry. Remus et son compagnon s'étaient battus pendant des mois pour avoir la garde du petit garçon mais n'ayant pas de lien de parenté avec lui, ils avaient dû accepter qu'il soit confié à sa tante, Pétunia Dursley. Celle-ci leur avait interdit toute visite, ne voulant pas de « gens comme sa soeur » dans sa maison. Une fois encore, ils avaient dû se résigner. Chaque année, ils lui envoyaient un cadeau pour son anniversaire et il parlait souvent à Draco de ce « cousin » qu'il ne pourrait rencontrer qu'à Poudlard.
Ils espérait pouvoir l'inviter pour les vacances, ils espéraient pouvoir « l'adopter » de manière non-officielle.
Du côté des survivants, les choses étaient peu à peu rentrées dans l'ordre. Les morts enterrés et les larmes essuyées, les sorciers avaient reconstruit leur monde, ainsi que leur vie.
Lucius et Severus avaient divorcé aussi discrètement qu'ils s'étaient mariés. Tout de suite aprés, le blond avait épousé son loup-garou, enfin.
La vie continuait, envers et contre tout. Envers et contre tous.
Le temps passait.
La famille Malfoy se leva et descendit prendre son petit-déjeuner sous la véranda. La neige tombait dans le jardin, recouvrant l'écharpe, le chapeau et le balai d'un gros bonhomme de neige.
Nous étions le vingt-quatre décembre 1990
FIN
Je considère cette histoire comme une sorte de préquelle à toutes les fics où Draco est un vélane dont le compagnon est Harry. Les suites ne manquent donc pas.
Merci d'avoir lu jusque là.
Maintenant, je prends quelques semaines de « vacances » pour prendre un peu d'avance dans tous les projets que j'ai dans la tête. Il faut aussi que je me remettre à « Crimson fear » que j'aimerais bien publier un jour.
