Le bruit insupportable du réveil résonna dans toute la pièce si bien que Regina – qui tentait de gagner quelques minutes de sommeil en plus – n'eut d'autres choix que de se lever pour l'éteindre. Elle était bien loin l'époque où un mouvement de la main suffisait à faire taire quiconque venant la tirer de son lit.
Soupirant de fatigue, elle passa la main dans son brushing mit à mal par sa nuit mouvementée puis elle attrapa son peignoir avant de mettre un pied hors de sa chambre. Elle chassa les dernières traces de fatigue de son visage en tapotant plusieurs fois sur ses joues et, une fois certaine d'avoir une mine présentable, elle toqua contre la porte de laquelle pendouillait les lettres formant le prénom Emma.
Evoluant à l'aveuglette, elle se dirigea vers les rideaux qu'elle tira doucement pour laisser la lumière de l'extérieur filtrer dans la pièce. Elle se tourna vers le lit où sa petite l'attendait déjà, bien assise, les cheveux emmêlés et sa peluche coincé sous son bras.
« Maman. » Marmonna la fillette qui lui tendit les bras.
« Oui mon bébé, tu as bien dormi ? » Sourit la brune en lui embrassant le front.
« Dans mon rêve j'étais une princesse dans un royaume de dinosaure ! » Annonça la petite blonde qui s'accrocha à elle.
« Des dinosaures ? Rien que ça ? » Ricana la mairesse en lui caressant le dos.
« Les arbres étaient en chocolat, les nuages en chamallow et les fleurs étaient de la barbe à papa ! Je me battais à l'épée contre les méchants monstres de réglisse. » Lista-t-elle !
Tout en écoutant les péripéties qui avaient habillés les rêves de sa fille, elle retourna dans le couloir et descendit lentement les escaliers avant d'écarquiller des yeux ce qui attira l'attention de l'enfant qui se contorsionna dans ses bras pour comprendre ce qui se passait.
L'entrée du manoir était sens dessus dessous ! Le paillasson était recouvert de fine particule de neige, les chaussures n'étaient plus parfaitement alignées sur le meuble et les manteaux étaient pendus à l'envers. Sur le sol se trouvait de léger tas de neige, comme des traces pouvant être laissée par des chaussures miniatures.
« Mais qu'est-ce que c'est que ça ? » Marmonna Regina en posant sa fille au sol.
Emma, intriguée par cette découverte, suivie les petites traces qui la menèrent jusqu'au salon où elle fit le tour de la table basse avant de continuer sa course vers la cuisine où elle s'arrêta net. Tous les tabourets avaient été tirés pour libérer le passage et un lutin se tenaient à bras le corps au rebord du comptoir alors que l'un de ses congénères le maintenait pour l'aider à y grimper.
Elle s'approcha lentement des deux petites poupées qui ne bougeaient plus, elles semblaient être paralysées en plein mouvement – comme si elles venaient de croiser le regard de Médusa. Elle les observa attentivement pendant plusieurs minutes sans dire un mot, elle cherchait le moindre détail qui pourrait trahir leur immobilité : un clignement de cil, un gonflement de la poitrine, un geste involontaire. N'importe quoi qui lui expliquerait d'où les lutins venaient et surtout comment ils avaient bien pu venir jusqu'ici.
Sans les lâcher des yeux, elle grimpa non sans mal sur l'un des tabourets et son attention fut attirée par une feuille sur laquelle se trouvait son prénom d'écrit. Elle la prit en main, la déplia et laissa son regard glisser sur les lettres en majuscule.
« Maman ! Tu veux bien lire ? » Dit-elle en lui tendant le message.
« Ho-Ho-Ho.
Très chère Emma,
Chaque année, pour récompenser mes lutins de m'avoir aidé à confectionner les jouets, je les autorise à partir en vacances quelques jours avant Noël. J'ai donc l'honneur de t'annoncer que deux de mes si précieux amis, Mininours et Pimprenelle, ont décidé de venir se reposer chez toi.
Mininours et Pimprenelle ont fait un long voyage depuis notre petit village secret de Laponie pour arriver jusqu'à toi, ils doivent être épuisé ! Je compte donc sur toi pour leur confectionner un petit lit douillet afin qu'ils puissent se reposer.
Ma petite Emma, je vais te révéler quelques choses sur mes deux amis. La journée, mes deux très cher petit lutin, sont complètement figé, ils ressemblent à des doudous. Surtout, laisse les bien dans leur petit lit car c'est uniquement lorsqu'il fait jour qu'ils dorment. En revanche, durant la nuit, dès que tout le monde dormira, ils se réveilleront.
Méfie-toi car ils sont coquins mes lutins, ils adorent faire faire la fête durant la nuit ou des farces en tout genre !
Mininours et Pimprenelle resteront chez toi jusqu'au 24 décembre. Lorsque je ferais ma tournée pour apporter les cadeaux aux enfants sages, je reprendrais mes lutins avec moi, ils ne pourront pas rester chez toi après Noël. Je vais avoir besoin de l'aide de tous mes lutins dans mon atelier pour préparer les cadeaux du prochain Noël.
Je te remercie infiniment d'accueillir mes lutins dans ta si grande et si belle maison.
Avec tout mon amour,
Ton ami le Père-Noël. Ho-Ho-Ho ! » Lut lentement la brune.
« Ça vient du Père-Noël ? Le vrai Père-Noël ? » Demanda la petite fille les yeux brillants.
« Il faut croire, oui. C'est génial, tu ne trouves pas ? » S'exclama la mairesse avec un sourire.
« Pourquoi maintenant et pas avant ? » Questionna la fillette, les sourcils froncés.
« Sans doute parce que tu as été vraiment très gentille cette année. »
« Je vais tout de suite leur faire un lit alors ! » S'exclama-t-elle en sautant de son tabouret.
Regina la regarda partir à toute allure et n'eut même pas le courage de lui rappeler ô combien courir dans les escaliers était dangereux. Elle posa les deux petits lutins correctement à côté de la lettre qu'elle avait eu du mal à écrire tout en modifiant son écriture puis elle se prépara un café en souriant.
« Encore 24 bêtises à préparer. » Chuchota-t-elle fièrement.
