Bonjour à tous! Désolée du délai, j'ai été pas mal occupée avec les études…Mais me revoilà avec un nouveau chapitre que, j'espère, vous apprécierez autant que le premier! Je remercie tous ceux qui ont pris le temps de m'écrire un review, c'est très encourageant : ) Sans plus tarder, voici le chapitre 2 ! Oh, peut-être un léger avertissement. C'est une nuit de noce alors…scène un peu plus intime, mais vraiment rien de déplacée ;)
(-*-)
Chapitre 2
Nuit de Noce
C'est le cœur battant qu'Elizabeth prit appui sur la main de son mari afin de démonter de la calèche. Une ligne bien droite de servants s'était formée près de la porte principale et si leur posture impeccable démontrait la noblesse de la maison pour laquelle ils travaillaient, leurs regards trahissaient la curiosité de voir enfin débarquer la nouvelle maîtresse de Pemberley. Lizzy avala discrètement sa salive, forçant un sourire à s'étendre sur ses lèvres alors qu'elle avançait élégamment au bras de son mari. Elle ne fit pas transparaître l'anxiété qu'elle ressentait alors que ses pieds foulaient les premières marches de l'escalier, se concentrant seulement à garder sa composition. Darcy gardait sa main fermement dans la sienne, légèrement surélevée, en la menant vers l'intérieur de la maison où encore plus de gens s'alignaient. Bien que chacun des domestiques courbaient la tête à leur passage en signe de respect, Elizabeth sentait que quelque chose clochait. Elle essaya de se rappeler sa dernière visite; l'atmosphère avait-elle était aussi froide? Les yeux qu'elle croisait n'avaient rien de chaleureux ni d'accueillant. Elle releva un peu plus la tête, décidée à ne pas laisser ses nerfs avaient raison de son sang-froid.
Le silence la rendait mal à l'aise. Dans ses souvenirs, l'image de la propriété relevait presque du conte de fée. Peut-être avait-elle été naïve de croire qu'elle n'aurait qu'à franchir le seuil de la demeure pour que tout le monde l'accepte… Elle était une totale inconnue, après tout, et qui plus est issue d'une famille bien inférieure à celle de son époux. Elle s'était attendue à ce que les commérages aillent bon train à Hertfordshire, mais ici, à Pemberley? Elizabeth souhaitait ardemment que ses impressions s'avèrent fausses.
-'Voici votre nouvelle maîtresse, Mrs Darcy.' La voix de son mari était forte et autoritaire. Loin de celle qu'elle avait eu la chance d'entendre lors de leur voyage jusqu'à Pemberley. Il avait revêtit le masque de noble qu'elle n'aimait pas particulièrement et elle se retint de justesse de le taquiner sur ce sujet, envieuse de retrouver ce beau sourire qui lui allait si bien.
Darcy la conduisit ensuite vers Mrs Reynolds, qui la salua avec un petit sourire et une gracieuse révérence. La vieille intendante avait l'air impeccable dans sa simple robe brune à col de dentelle blanche, sa coiffe d'intérieur et sa ceinture de corde torsadée à laquelle pendait un trousseau de clés. Une petite lueur d'espoir s'immisça dans le cœur de la jeune mariée en voyant que l'attitude de Mrs Reynolds était la même que dans son souvenir.
-'Bonsoir, Madame. Votre voyage s'est bien déroulé, je l'espère?'
-'Très bien, merci.' Répondit chaleureusement Elizabeth en inclinant légèrement la tête. 'J'étais impatiente de revoir ce paradis qu'est Pemberley.'
Un léger toussotement derrière elle lui fit perdre quelque peu son sourire, ayant cru entendre derrière la toux un mot qu'elle n'aurait certainement pas apprécié. Darcy ne semblait pas avoir entendu, son attention ailleurs. Lorsqu'il trouva enfin ce qu'il cherchait, son visage s'illumina. Une figure gracieuse descendait lentement les escaliers, la longue robe bleu pâle trainant derrière la nouvelle belle-sœur d'Elizabeth.
-'Georgiana!' s'exclama Darcy en lui proposant sa main afin de la conduire vers la nouvelle maîtresse de la maison.
La jeune fille fit une révérence à laquelle Lizzy répondit avec plaisir. 'Ma très chère belle-soeur.' Lui dit-elle en lui prenant les deux mains. 'Je suis si contente de vous revoir, il y a trop longtemps depuis notre dernière rencontre!'
-'Trop longtemps, en effet! La maison aura enfin un peu de vie et je ne m'en plaindrai pas. J'espère que vous nous gratifierez d'un peu de musique dans la soirée, Lizzy, il y a un long moment que mes oreilles se languissent d'entendre autre chose que mes pauvres essais aux nouvelles partitions que j'ai reçu en cadeau de mon frère.'
-'Vous êtes trop sévère envers vous-même, comme d'habitude.' La gronda-t-elle doucement. 'Je serai heureuse de vous égayer avec quelques morceaux, si cela peut vous plaire. Je ne peux imaginer refuser à une si sincère demande.'
Un valet apparut par une porte sur la droite, annonçant que le dîner était servi. Darcy ordonna que l'on décharge les bagages de la calèche et laissa aux soins de Mrs Reynolds la charge de préparer la chambre d'Elizabeth. Les deux femmes passèrent le bras sous ceux de Darcy et passèrent à la salle à manger. La table, décorée d'une nappe d'un rouge sombre brodé d'or, de chandeliers assortis et de fleurs fraîchement cueillies, contenait déjà une série de plats à couvert en porcelaine de Chine. Lizzy, peu habituée à voir une si grande table pour un si petit cortège, fronça les sourcils lorsqu'un valet tira la chaise située à l'opposé de celle de son mari. Georgiana, qui avait pris place au centre, haussa les sourcils. 'Quelque chose ne va pas, Lizzy?'
-'Ne pourrais-je pas dîner près de vous, Mr Darcy?' Après ces deux jours à l'appeler William, il lui semblait étrange maintenant de s'adresser à lui en terme si formel. Son mari fut surpris de la question et fit taire les chuchotements des serveurs présents d'un seul regard.
-'Votre siège ne vous convient pas?' demanda-t-il poliment et Lizzy sentit ses joues s'enflammer à cette réponse. Son refus d'accéder à ce rapprochement la frappa comme une claque au visage.
-'Point du tout, Mr Darcy.' Répondit-elle un peu froidement, prenant place avec dignité. 'Je n'ai seulement pas l'habitude de prendre mon repas en discutant avec un chandelier.'
La table était si longue et les décorations si hautes et encombrantes qu'elle avait peine à le voir. Darcy, avec une diplomatie exemplaire, prétexta un manque de lumière et ordonna que l'on apporte un nouveau chandelier. Les deux déjà présents sur la table furent donc disposés en fonction du troisième, ce qui clarifia le centre et permit à Elizabeth de voir les traits sérieux de son mari.
Lizzy n'osa pas se servir elle-même. Elle attendit qu'un des serveurs lui présente les plats et se servit de petites portions. Son appétit avait disparu avec l'attitude distante de son nouvel époux.
-'Le repas est à votre goût, je l'espère?' S'enquit Darcy après un moment, voyant qu'elle ne mangeait que très peu. 'Le veau est-il froid?'
Lizzy lui fit un sourire mielleux et se pencha un peu plus vers l'avant en élevant légèrement la voix. 'Le veau est excellent, je vous remercie.'
Darcy fronça légèrement les sourcils, mais ne répondit pas. Une atmosphère tendue s'installa dans la pièce alors que le maître de Pemberley observait sa femme impassiblement. Voyant que sa moquerie avait eu l'effet escompté, Elizabeth se repositionna sur sa chaise et garda le dos bien droit.
Le dîner terminé, pendant lequel Lizzy avait conversé principalement avec Georgiana, ils se déplacèrent au salon principal. Darcy prit place sur une des chaises près de la petite table à jeu et observa les deux femmes alors qu'elles s'installaient au piano.
-'Je vous en prie, Eliza, jouez Voi Che Sapete. Cette chanson est merveilleuse et vous la chantez si bien.'
Alors que ses doigts se promenaient sur les touches blanches et noires de l'instrument, Lizzy avait l'impression de revivre cette journée où Darcy, assis à la même place que ce soir, l'avait regardé avec admiration. Lorsqu'elle leva les yeux pour partager cette complicité, elle remarqua que Darcy s'était plongé dans la lecture d'un livre. Sa voix se brisa et ses mains trébuchèrent, la mélodie faisant place à une série de fausses notes.
-'Je suis désolée, je crains que ma mémoire ne soit pas très coopérative ce soir.' Dit-elle en s'éclaircissant la gorge. 'Vous devriez jouer, Georgiana. À moins que Mr Darcy ne fasse objection à la musique; je ne voudrais pas le déranger alors qu'il semble si absorbé dans sa lecture.'
-'Vous ne me dérangez pas le moins du monde, bien au contraire. Je serais très heureux de t'entendre jouer, Georgie.' Répondit Darcy en déposant son livre sur la table.
Lizzy ne pouvait pas en croire ses oreilles. Il voulait entendre sa sœur jouer, mais pas elle?
-'Voulez-vous prendre place ici, Mrs Darcy?' demanda son mari en se levant pour l'inviter à s'asseoir.
-'Non, merci, je préfère cette chaise-ci.'
Elle l'ignora royalement pendant les quatre morceaux que sa belle-sœur interpréta, applaudissant de ses doigts gantés le talent de la jeune femme. Darcy resta silencieux et Elizabeth savait qu'il la surveillait du coin de l'œil. Lors du cinquième morceau, il se pencha discrètement vers elle.
-'Vous ai-je offensé?'
-'Pourquoi croyez-vous cela?' murmura-t-elle en retour.
-'J'ai l'impression que vous jouez à une sorte de jeu auquel je n'ai pas le plaisir de connaître les règlements.'
-'Un jeu, dites-vous?'
-'Lizzy, regardez-moi.'
Elle avait jusque-là obstinément évité son regard. Son ton autoritaire la fit se tourner vers lui et elle haussa les sourcils. 'Ne souhaitez-vous pas entendre votre sœur?'
Avant même qu'il ait pu répondre, elle détourna la tête et acclama Georgiana pour le morceau parfaitement interprété qu'elle venait de terminer. 'Vous avez un réel talent, ma chère belle-soeur. Je ne vois pas comment je peux me mesure à vous après une telle performance!'
La cadette Darcy fit un sourire timide. 'Vous me flattez, je ne mérite guère tant d'éloges. À votre tour maintenant, j'insiste.'
Elizabeth se leva et, au passage, murmura à l'intention de son époux, 'Vous pouvez retourner à votre lecture maintenant.', et prit place au piano. En feuilletant les partitions, elle mit la main sur une partition de l'opéra Carmen et n'hésita pas une seconde. Les premières paroles de L'oiseau Rebelle eurent l'effet escompté et Darcy, qui n'avait pas repris son livre, l'observa avec intérêt. Si son intention était claire à ses yeux, Lizzy ne pouvait le deviner. Cependant, elle le savait particulièrement perspicace et n'avait pas de mal à imager qu'il comprenait le message qu'elle essayait de lui lancer. Lorsqu'elle eut terminée, accentuant les dernières notes un peu sèchement, Elizabeth défia son mari du regard, un petit sourire aux lèvres.
Loin de répondre à sa provocation, Darcy se leva et s'excusa. 'Pardonnez-moi.'
Il fit une révérence courtoise et disparut dignement par la porte sud, vers les escaliers menant à l'étage. Lizzy, désappointée, attendit un moment par respect pour Georgiana avant de s'excuser à son tour. Mrs Reynolds apparut alors à ses côtés et l'invita à la suivre jusqu'à sa nouvelle chambre. Lorsqu'elle fut enfin seule, Mrs Darcy se laissa tomber sur son lit, blessée. Était-ce contre l'étiquette de vouloir dîner près de son mari? Et pourquoi ne lui donnait-il pas d'attention? Lui qui avait toujours les yeux rivés sur elle habituellement, il avait passé la soirée à agir comme si elle n'existait pas.
Elizabeth soupira. Ce n'était pas une réaction très noble de sa part, de chercher à le provoquer ainsi, mais la tentation était tellement forte! Darcy lui avait déjà avoué que sa vive intelligence était ce qu'il l'avait attiré vers elle et qu'il appréciait qu'elle puisse lui répondre avec autant de souplesse. Si vraiment son esprit était une qualité qu'il aimait chez elle, cette soirée lui avait peut-être ouvert les yeux vers une réalité qu'il n'avait pas considérée jusque-là : Lizzy Darcy n'allait jamais être l'épouse docile et apprivoisée de la haute société anglaise.
Il fallait qu'elle se change les idées. Elle fit plusieurs fois le tour de la pièce, observant toutes les fournitures avec attention; des rideaux de velours vert à la grande fenêtre, des cousins agencés sur la méridienne à son pied, un lit à baldaquin, une couverture à rayures, un long traversin, deux meubles de chevet, un coffre de bois sombre au pied du lit, un bureau et une grande armoire, un miroir pleine longueur et un autre, plus petit, sur la grande coiffeuse avec, d'un côté, un pichet et un large bol en porcelaine, et de l'autre un coffre à bijoux en ébène. Un tapis vermeil recouvrait le plancher et un foyer se situait à l'opposé du lit avec, dans un petit panier, quelques bûches. Lizzy hésita un moment puis haussa les épaules en se mettant à la tâche. Personne n'était là pour lui reprocher d'être débrouillarde.
Elizabeth était accroupie dans l'âtre et soufflait sur les bûches qu'elle venait d'allumer lorsque l'on cogna à la porte. La jeune femme sursauta et se frappa le dessus de la tête sur la pierre. La porte s'ouvrit à la volée lorsqu'un petit cri de douleur s'échappa d'entre ses lèvres et Darcy s'arrêta dans sa course en la voyant ainsi positionnée, à quatre pattes devant le foyer, la main sur le dessus de son crâne.
-'Je…Je vous ai entendu et je croyais que….mais que faites-vous?' lui demanda-t-il, abasourdi.
Lizzy jeta un coup d'œil à la bûche éteinte. Elle se remit sur ses pieds, refusant son aide, et brossa le devant de sa robe en rassemblant ce qui lui restait dignité. 'Du feu.'
-'Du feu?' répéta-t-il, comme si l'idée était absolument farfelue.
-'Il fait froid.' Se défendit-elle, embarrassée. 'Est-il interdit de faire du feu dans cette maison?'
-'Bien sûr que non. Pourquoi le serait-ce?'
Elizabeth haussa les épaules. 'Tout semble différent à Pemberley. Vous êtes différent.'
Darcy prit une grande inspiration, l'air sombre. 'Lizzy, pardonnez mon attitude. Je suis conscient de l'image que je dois projeter, mais il m'est cependant impossible d'y remédier pour l'instant.'
-'Pour l'instant? Que voulez-vous dire?'
Son mari s'éclaircit la gorge, visiblement mal à l'aise. 'Je crains que mes motifs ne peuvent être exprimé à voix haute, ce serait tout simplement inacceptable.'
Elizabeth soupira bruyamment. 'L'étiquette n'est pas faite pour être observée avec sa propre femme, Mr Darcy.' Elle accentua les derniers mots d'un ton un peu plus sec qu'elle ne l'aurait voulu.
Soudainement, il s'approcha d'elle, son visage à quelques centimètres du sien. Ses mains larges et chaudes se refermèrent sur ses joues et Lizzy retint son souffle, le cœur battant. Il lui fit légèrement lever la tête pour placer ses lèvres vis-à-vis les siennes.
-'Je préfère William.' Murmura-t-il avant de l'embrasser avec une ardeur à laquelle elle ne s'était pas attendue. 'Lizzy, vous savez très bien que je me dois de garder contenance auprès de mes domestiques. Il n'est guère d'usage pour un maître de déshabiller sa femme du regard, aussi attirante et provocatrice soit-elle. Votre répartie est tout simplement…vivifiante.'
Elizabeth comprit soudainement le sens de ces paroles et elle ne put s'empêcher de rougir. 'Oh…Je ne dois pas vous avoir rendu la tâche facile.'
-'Votre détermination à me provoquer a bien failli me faire perdre toute contenance.' Darcy lui fit ce sourire qu'elle aimait tant, ses mains descendant vers sa taille pour l'attirer contre lui.
Elizabeth n'avait pas songé à sa nuit de noce depuis son arrivée. Elle avait été si préoccupée par son besoin de provoquer son mari qu'elle avait complètement oublié que la nuit était tombé et qu'il était maintenant temps pour elle de remplir son devoir conjugal. Son corps se raidit à cette pensée et aussitôt Darcy se dégagea.
-'Je suis désolé, j'agis de manière déplorable.'
-'Non, ce n'est pas cela.' Répondit d'une voix un peu plus aiguë qu'à l'ordinaire. Elle s'éclaircit la gorge avant de poursuivre, cherchant une excuse pour son comportement. 'J'ai seulement…froid. Je dois avoir un châle ici quelque part.'
Elle lui tourna le dos afin qu'il ne voit pas à quel point elle était nerveuse. Elle savait qu'elle n'avait pas le choix. Pourquoi n'arrivait-elle pas à rassembler son courage et à faire face à cet homme qu'elle aimait plus que tout? Lorsqu'elle eut enfin trouvé ce qu'elle cherchait, un long châle en laine de couleur crème, et qu'elle voulut le passer autour de ses épaules, Darcy lui prit doucement le vêtement des mains et le fit à sa place.
-'Il se fait tard.' Commenta-t-il à voix basse. 'Votre chambre vous convient?'
Elizabeth hocha de la tête, incapable de sourire. Ça y était. C'était le moment. Darcy l'amènerait dans sa chambre, dans son lit et ils…
-'Bonne nuit, Lizzy.' Lui dit-il en l'embrassant sur le front, puis brièvement sur les lèvres.
Il s'éclipsa rapidement par la porte adjacente. Lizzy se figea, stupéfaite.
C'était tout?
Avait-elle mal compris ses intentions lorsqu'il avait laissé sous-entendre qu'il était impatient de pouvoir passer la nuit avec elle? C'était impossible, elle avait pu le lire clairement dans ses yeux. Brusquement, elle eut la sensation qu'une roche venait de tomber dans son estomac. Avait-il mésinterprété ses intentions à elle? Croyait-il qu'elle ne voulait pas de lui? Quel gâchis avait-elle fait de cette soirée!
Le sentiment d'échec lui nouait le ventre. Quel genre de femme était-elle? À peine trois jours dans son mariage et voilà qu'elle décevait son mari! Après la soirée qu'elle venait de lui faire passer, voilà qu'elle ajoutait de l'eau sur le feu en réagissant comme une pucelle prête à entrer au couvent. Elle ne pouvait pas laisser les choses ainsi. C'était sa nuit de noce après tout!
Elizabeth se déshabilla toute seule et enfila sa chemise de nuit. Elle défit ses cheveux, les brossa négligemment et pinça ses joues pour leur donner un peu de couleur. Elle se dirigea ensuite vers la porte par laquelle son mari était parti et traversa le petit salon d'à côté jusqu'à la porte opposé. Elle calma sa respiration avant de tourner délicatement la poignée et entra dans la chambre.
La pièce était légèrement illuminée par le feu qui brûlait dans l'âtre et le lit, qui se trouvait face à l'endroit où elle se tenait, était vide. Lizzy s'avança vers le foyer, la fraîcheur de la nuit la faisant grelotter. Cela ne faisait pas si longtemps qu'il avait quitté sa chambre, où pouvait-il être allé? En bas? Georgiana était certainement dans sa propre chambre à l'heure qu'il était.
-'Lizzy?'
Elizabeth sursauta vivement et fit volte-face, surprise de voir l'ombre de Darcy près de la fenêtre. Avait-il été à cet endroit depuis le début? Avec son costume sombre, elle n'avait pas distingué sa silhouette d'entre les rideaux. Darcy s'avança de quelques pas, apparaissant dans la lumière que projetait le feu. Il avait défait sa cravate, lui donnant un air décontracté qu'elle n'avait pas l'habitude de voir. Son regard se posa d'abord sur les cheveux de jais de sa femme, cascadant sur ses épaules, puis sur la simple robe de nuit qu'elle portait. Un certain temps s'écoula avant que ses yeux remontent à son visage et Lizzy s'empourpra devant la lueur fiévreuse de ses prunelles.
-'Quelque chose ne va pas?' demanda-t-il d'une voix grave. 'Vous avez l'expression d'une enfant qui vient de se faire prendre à voler des pâtisseries.'
Lizzy secoua la tête, embarrassée. 'C'est seulement…je ne m'attendais pas à vous voir ici.'
Il haussa les sourcils. 'Vous ne vous attendiez pas à me voir dans ma propre chambre?'
Elle ne put s'empêcher de rire à l'absurdité de ce qu'elle venait de dire. 'Au premier coup d'œil, du moins.' Puis, prenant un air accusateur, ajouta : 'Vous vous êtes encore enfui.'
Darcy passa une main dans ses cheveux déjà décoiffés. 'Vous sembliez si anxieuse que je n'ai pas osé... Je ne voudrais surtout pas vous forcer à faire quoi que ce soit. Mais de vous avoir là alors que si j'ai si souvent rêvé de vous et de…non, je peux me permettre d'être si direct. Soyez seulement assuré que de vous avoir près de moi et de devoir me conformer au respect que j'ai à votre égard est tout simplement de la torture.'
Ses joues s'enflammèrent et un petit sourire apparut sur ses lèvres. 'Vraiment?'
Il descendit les yeux une nouvelle fois vers sa silhouette. 'Vraiment.'
Son teint vira au cramoisie lorsqu'elle se rendit compte de l'image qu'elle devait projeter. À la lueur des flammes, sa chemise de nuit devait être presque translucide, révélant les courbes généreuses de son corps. Ses longs cheveux ne suffisaient pas à camoufler sa poitrine et elle s'entoura de ses bras aussitôt, soudainement consciente de la nudité qu'elle présentait.
Darcy s'obligea à ne pas fixer le corps de sa femme, gardant ses mains fermement liées derrière son dos. Il lui proposa de la reconduire dans sa chambre en voyant son malaise, mais Lizzy refusa catégoriquement.
-'Je suis votre femme, William.' Dit-elle, prenant son courage à deux mains. 'C'est mon devoir de vous satisfaire.'
Il secoua la tête. 'Je ne veux pas que vous vous donniez à moi par devoir, mais parce que vous en avez envie.'
Elizabeth fut émue de la tendresse dans son regard. Elle pouvait y lire tellement de choses! Du désir, de la fierté, de l'adoration, de l'amour…mais aussi du contrôle, du respect. Elle adorait la façon qu'il avait de la regarder.
-'J'en ai envie, William.'
Et c'était vrai. Elle avait envie de se nicher au creux de ses bras, d'explorer cette étrange sensation qui lui brûlait le ventre. Elle n'était pas idiote, ni inculte; bien qu'elle n'ait jamais ressenti cela auparavant, elle était convaincue que ce qu'elle expérimentait était du désir, le même que son mari combattait avec tant de peine.
Elle frissonna, mais cette fois ce fut le froid qui le provoqua. Le plancher était glacial et le mince tissu de sa chemise ne suffisait pas à la garder au chaud. Darcy s'empressa de relever les couvertures de son lit et elle s'y glissa avec soulagement. Elle l'observa alors qu'il fit le tour du lit, prit place sur une chaise et enleva ses chaussures, chaussettes et pantalon. Sa veste et sa chemise furent posée délicatement sur le bureau à côté de lui, laissant Darcy vêtu seulement de son sous-vêtement. Il prit place près d'Elizabeth et un silence inconfortable s'installa.
C'était ridicule, Lizzy le savait. Pourquoi sentait-elle cette pression alors que Darcy lui avait clairement dit qu'il n'attendait rien d'elle si elle n'en avait pas envie? Son cœur battait la chamade. Comme pour se provoquer elle-même, elle se repositionna sous les couvertures et frôla la jambe de son mari au passage. De quoi avait-elle peur au juste? Elle aimait Darcy de tout son cœur et elle avait la chance d'être aimé en retour avec la même force. Et puis, depuis quand laissait-elle la peur contrôler sa vie? Depuis quand Elizabeth Bennet, maintenant Darcy, laissait la nervosité faire fondre son orgueil?
Sa main se glissa lentement dans celle de son époux. Maintenant qu'elle avait réussi à se calmer, elle n'eut pas de mal à sourire lorsque Darcy tourna la tête vers elle. Il répondit avec la même sincérité, levant son autre main pour caresser sa joue.
-'Tu es magnifique, Lizzy.' Murmura-t-il sous son souffle.
La jeune femme rougit de plaisir à cette singulière familiarité et les papillons dans son estomac s'intensifièrent. Elle se pressa un peu plus contre lui, la chaleur de son corps invitante. Si tout d'abord leurs lèvres se rencontrèrent timidement, il ne fut pas long pour que leurs baisers s'approfondissent. Darcy était un homme fort et, Lizzy le découvrait avec délice, extrêmement passionné. Le contrôle qu'il exerçait alors qu'il testait ce que sa femme semblait apprécier laissa peu à peu place à un besoin pressant de toucher encore un peu plus, de goûter, de sentir. La grippe qu'il avait sur elle, solide, presque douloureuse, la rassurait. Ses mains s'agrippaient à ses hanches, ses cuisses, sa taille, découvrait sa poitrine, ses fesses, son ventre. Bientôt, Lizzy se surprit à faire de même avec le corps de son mari, explorant son torse et son dos, n'osant pas s'aventurer là où maintenant s'affichait nettement le désir qu'il éprouvait pour elle.
Darcy attendit pour elle. Il murmura des mots réconfortants lorsque la douleur la fit grimacer et que son corps se tendit. Il embrassa son visage, son front, le bout de son nez, jusqu'à ce qu'enfin elle se détende et s'ouvre un peu plus à lui. La douleur s'estompa graduellement, laissant place à de toutes nouvelles sensations.
Ce n'était pas ce qu'elle avait imaginé. Elle ne retrouvait rien de ce que sa mère lui avait décrit, surtout pas cette sensation désagréable qui était supposé accompagner cette union. Peut-être était-ce différent pour elle? Non, sûrement pas. La seule différence, Lizzy en était convaincue, était que Darcy ne faisait pas son devoir conjugal avec elle; il faisait l'amour à la femme qu'il aimait.
Le ciel sombre vira lentement au gris à l'extérieur. Elizabeth, incapable de s'endormir, restait blottie contre Darcy, sa tête sur son épaule. Son mari, qui caressait ses cheveux d'un geste lent, était silencieux. Lizzy n'avait aucune difficulté à imaginer ce qui lui traversait l'esprit; les images de cette première expérience jouaient en boucle dans sa tête.
-'Dormez-vous, Lizzy?' murmura Darcy au bout d'un moment.
La jeune femme secoua la tête. 'Il m'est impossible de fermer les yeux.'
-'Vous ai-je offensé d'une quelconque manière?'
Lizzy eut un petit rire et releva la tête pour rencontrer son regard. Elle remarqua le petit creux au milieu de son front, signe qu'il était soucieux. 'Point du tout, William. Je ne me suis jamais sentie aussi bien.'
Un sourire satisfait éclaira son visage et sa poigne se resserra autour de ses épaules.
-'Était-ce…était-ce satisfaisant pour vous, William?' demanda Lizzy d'une voix hésitante, sachant qu'une telle question était hors coutume, mais ne pouvant s'empêcher de la poser.
L'étonnement de Darcy lui fit d'abord croire qu'elle avait abordé un sujet un peu trop personnel, mais son expression s'adoucit presque aussitôt. 'Ne vous inquiétez jamais d'une telle chose, Lizzy. Vous m'offrez plus que ce que j'aurais pu imaginer.' Il attendit quelques secondes avant d'ajouter, 'Puis-je oser vous posez la même question?'
La jeune femme se mordit la lèvre, incertaine de si son honnêteté était inappropriée. 'C'était vraiment...agréable. Est-ce déplacé de vous le dire, William? Je suis désolée si je vous choque, je sais que je ne devrais pas, mais…c'est la vérité.'
Darcy éclata de rire. 'Ne vous excusez point, Lizzy. Aucun homme ne serait offensé d'entendre sa femme avouer son appréciation, bien au contraire. Vous ne savez pas quelle fierté j'en retire, s'en est presque répréhensible.'
-'Pourrons-nous…réessayer demain?' osa-t-elle demander, presque choquée par sa propre audace.
Darcy haussa les sourcils, visiblement stupéfait de sa question. Puis, un nouveau rire résonna dans la chambre des époux, un délicieux son qu'Elizabeth écouta avec plaisir. Son mari l'embrassa avec une certaine fougue et elle répondit avec un petit rire.
-'Je t'aime, Lizzy.' Murmura-t-il, le souffle court. 'Si tu savais à quel point, je crois que tu en serais effrayée.'
Elizabeth secoua légèrement la tête, se perdant dans les yeux bruns et incroyablement brillants de l'homme de sa vie. 'Comment pourrais-je en être effrayée s'il reflète exactement celui que je ressens?'
Lorsqu'enfin le sommeil les gagna, Lizzy savait que tout allait aller pour le mieux. Même si elle avait à faire face à un groupe de domestiques hostiles, elle saurait se battre pour prouver qu'elle était digne d'être maîtresse de Pemberley. Ses paupières se fermèrent malgré elle et, alors que les vapeurs du sommeil avait raison d'elle, murmura :
-'Je t'aime, Will.'
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Voilà pour le deuxième chapitre! J'espère que vous n'avez pas été trop déçu : P J'essaie de rester le plus fidèle possible au tempérament de Lizzy et Darcy et parfois ce n'est pas très facile! Elle est tellement vive et forte, je ne peux pas l'imaginer comme une demoiselle en détresse :P Je sais qu'ils sont encore distants l'un de l'autre, un peu maladroits, mais ils n'ont jamais été intime alors je me suis dit qu'une telle réaction était un peu plus réaliste. Ne vous inquiétez pas, la complicité grandira avec le temps ;)
Si vous avez des commentaires, des suggestions ou si vous voyez des trucs qui n'ont pas l'air tellement réaliste ou seulement ridicule, je suis ouverte à tout commentaire constructif ;) Et si vous avez appréciez, un review est toujours reçu avec plaisir ;) À bientôt !
P.s. Voi Che Sapete est réellement le morceau que Lizzy chante dans la scène à Pemberley dans la version de 1995.
