Eh bien, me revoici beaucoup plus tôt que je ne l'aurais prévu! Et, bonne nouvelle, le prochain chapitre est presque totalement écrit mais, pour ne pas attirer de malchance, je ne vais rien promettre quant à sa publication :P Quelques jours, une semaine, deux semaines…J'essaie de ne pas laisser trop de temps s'écouler entre les chapitres. Un énorme merci à tous ceux qui ont pris le temps de laisser des reviews et/ou de m'ajouter dans leur Story Alert, ça me fait très plaisir! Bonne lecture !

Chapitre 5

Le journal d'Anne Darcy

Le calme de la pièce la rassura aussitôt. Certaine que personne ne la trouverait ici, Elizabeth s'allongea sur le lit, les yeux rivés vers la fenêtre où de légers flocons valsaient au rythme du vent. Ici, tout était paisible. Ici, dans la chambre privée de sa belle-mère, elle se sentait la force de résister aux larmes. Comment Darcy avait-il pu lui dire cela? Comment avait-il osé l'insulter de la sorte? Pourquoi s'attachait-il autant aux traditions et s'éloignait du changement comme s'il portait la peste?

Lizzie soupira longuement, ses sentiments mélangés. Elle en voulait à son mari d'avoir dit ces mots et, plus encore, pour avoir détruit le travail auquel elle s'était acharnée pendant des semaines. Cependant, elle s'en voulait tout autant à elle-même de ne pas savoir prendre les choses en main. Elizabeth Bennett n'aurait jamais laissé les choses dégringoler ainsi; elle aurait foncé dans les tâches qui lui incombent en se retroussant les manches. Mais ce silence! Personne ne lui adressait la parole. Personne ne souriait ou presque en sa présence. Était-ce seulement elle? Pemberley avait-elle des règles d'or? Quel genre de comportement exemplaire devait-elle prendre? Quel genre de personne était Lady Anne Darcy pour avoir laissé cette impression de respect et de perfection derrière elle?

-'Je commence à croire que vous étiez une sainte.' Marmonna Lizzie, resserrant le vêtement qu'elle avait emporté autour de ses épaules.

Comme pour lui faire signe, sa main frôla la dureté du livre dans sa poche et c'est avec intérêt qu'Elizabeth sortit l'objet, l'ayant complètement oublié. Le jour où elle l'avait ramené, sa suivante l'attendait déjà dans sa chambre pour l'aider à se préparer pour la journée et elle avait eu tant à faire par la suite que le livre lui était sorti de la tête. Maintenant qu'elle l'avait à nouveau dans ses mains, son cœur se mit à battre anormalement alors que ses doigts parcouraient la couverture de cuir brun. Les pages craquèrent lorsqu'elle les tourna délicatement, réalisant avec étonnement que sous ses yeux se trouvaient l'écriture droite et parfaite d'Anne Darcy.

Journal de Lady Anne Darcy, Maîtresse de Pemberley, été 1779.

Mon cher mari a décidé de m'offrir ce journal pour me divertir. Si tout d'abord j'ai été surprise d'une telle initiative, je crois maintenant, après quelques jours de réflexion, que de coucher sur papiers mes pensées n'est pas une si mauvaise idée. Après tout, la mémoire peut parfois jouer des tours et même si ma noble famille ne comporte aucun cas apparent d'une telle maladie (si l'on oublie un lointain grand oncle qui, de toute façon, aurait été enfanté par un autre père que celui qui l'a élevé et qui, Dieu en soit loué, n'est plus affilié à la famille aujourd'hui), nous ne sommes jamais trop prudent.

Lizzie tourna la page avec intérêt.

Pemberley, été 1779

Une nouvelle surprise de mon mari. Je suis bien heureuse de le savoir attentif à mon anniversaire, il est si bon envers moi. La magnifique rivière de diamants célèbre ma trente-cinquième année sur cette terre. Je constate avec bonheur que le temps n'a pas été trop exigeant envers moi, peut-être grâce aux pommades que je me procure secrètement,. Certes, quelques lignes se sont ajoutées à mon visage, mais je peux me vanter d'avoir encore une fine silhouette et une fermeté qui ne sied certes pas la plupart de mes compagnes de thé, alourdies par les grossesses répétées. Quelle atrocité que de perdre sa jeunesse à ses propres enfants! Dieu a su me gratifier d'un garçon au bon moment, après trois ans de mariage. Mr Darcy aimerait beaucoup un deuxième enfant, mais je ne suis pas certaine de vouloir revivre ce cauchemar. Il est de plus en plus insistant, précisant que deux enfants seraient un nombre plus conventionnel et, si un autre garçon venait à naître, plus sécuritaire pour l'héritage. Mais mon fils est solide et en santé; il ne pourrait en être autrement. Je crains ne pouvoir me soustraire à sa demande…

Rosings, automne 1779

Ma très chère sœur, Lady Catherine, a bien voulu nous recevoir, Fitzwilliam et moi, pour quelques mois. Je dois avouer que m'évader de Pemberley pour quelques temps me convient parfaitement; je suis si seule là-bas! Rares sont les visites de qualité et je ne peux supporter la compagnie des femmes du peuple discutant de la misère du monde commun. L'obligation de cette société charitable me pèse lourdement parfois, mais je me dois d'entretenir ma réputation. Mr Darcy prétend qu'une hausse économique est à prévoir et je l'espère. Je dois être de retour à Pemberley pour Noël et je ne peux recevoir mes invités sans les préparatifs habituels; je serais si honteuse de ne point offrir la qualité que les Darcy offre toujours! J'ai enfin réussi à faire disparaître toutes les traces de ma belle-mère, après dix années de mariage…Et bien, moi qui voulais des vacances de ma très chère demeure, voilà que je ne cesse de radoter à ce sujet! Ma sœur est alitée jusqu'à la fin de sa grossesse, elle ne sort pratiquement pas de la petite pièce où elle est confinée. Je me dois de la divertir, c'est une épreuve si difficile pour les femmes de notre rang! La souffrance est plus grande, j'en suis persuadée. Cet enfant sera le seul héritier de Rosings, mon beau-frère ayant déjà quitté ce monde. Lady Catherine n'en est que mieux; cet homme avait un penchant pour les loisirs de la chair ainsi que pour le Gin, qui le rendait parfois violent. Espérons que cet enfant ne retienne pas de son paternel…Je souhaite le meilleur des compagnons pour Fitzwilliam.

Rosings, automne 1779

Les journées se raccourcissent, l'hiver ne tardera pas. Lady Catherine est en travail et je suis heureuse de ne pas avoir à assister à la naissance. Mon propre souvenir de ce moment n'est guère joyeux.

P.s. C'est une fille. Après une nuit entière, où je n'ai pas fermé l'œil, la nouvelle est parvenue jusqu'à moi que Rosings aura une héritière. Je vais maintenant me coucher et irai voir la nouvelle mère dans la matinée.

Rosings, automne 1779

Quelle joie! Quelle idée sublime! La vie a été gracieuse envers ma très chère sœur et moi, nous accordant une possibilité des plus prometteuses! Fitzwilliam est désormais fiancé à Anne, ma nièce, qui fera une épouse idéale à mon fils dans une vingtaine d'années. Je suis si heureuse! L'union de Rosings et Pemberley est parfaite, il n'y aura meilleure association que celle-ci. Certes, le bébé est frêle, mais les années sauront sûrement lui rendre la santé. Elle est de sang noble, après tout.

Pemberley, hiver 1780.

Je suis de retour dans cette vaste maison. Il fait froid pendant l'hiver, je ne sortirais point de ma chambre si je m'écoutais! Pourtant, il le faut. Je dois avouer que la compagnie de mon mari me manquait; nous avons la chance de nous accorder favorablement et, ma foi, nos conversations me divertissent beaucoup. Fitzwilliam est heureux d'être de retour, profitant de l'occasion pour fréquenter Georges, le fils de l'intendant. Ce petit a de très bonnes manières, je dois l'avouer, et ce n'est que pour cette raison que je tolère une telle amitié. La solitude n'est certes pas préférable pour l'apprentissage de mon fils et je n'arrive point à trouver un meilleur compagnon; Pemberley est un endroit plutôt isolé. Mr Darcy refuse que l'on passe plus de temps à la ville, prétextant que l'air y est trop impure et que la Saison est déjà trop longue à Londres. D'ici quelques mois, nous y serons. J'en tremble presque de joie à y penser!

Pemberley, été 1780.

J'ai cédé aux avances de mon mari et partage à nouveau son lit. Je rougis seulement à écrire ces lignes! Ce que je croyais n'être qu'un simple journal pour relater mes faits et gestes se retrouve être un précieux compagnon pour épancher mes sentiments! Je ne m'en plains pas. Ma propre solitude me pèse plus que jamais et c'est avec soulagement que je me confis à ces pages. J'ai trouvé un endroit où le cacher afin qu'aucun regard ne se pose sur mes mots. Je brûlerai ce journal dès que j'aurai tourné la dernière page.

Lizzie s'arrêta un moment, confuse. Ces pages qu'elle venait de lire lui apportait des sentiments contradictoires. À lire cette femme, elle avait l'impression que sa belle-mère détestait sa vie ici, à Pemberley! Comment était-ce possible? Comment ne pas apprécier toute la beauté et les richesses qui se trouvaient dans chacune des pièces et dans les immenses jardins? Elizabeth lut encore, n'y trouvant que des commentaires à propos de la nouvelle décoration du grand salon, de la nouvelle acquisition d'un cheval de race pour Darcy, de la venue de quelques invités, de la présence d'un Duc et du bal donné en son honneur, d'une promenade dans la région des Hauts Lacs, d'un voyage en France, d'une légère grippe pour Mr Darcy Senior. Il y avait parfois des commentaires sur les familles qu'elle fréquentait, sur la splendeur des maisons de la ville et son acharnement à donner ce genre de cachet à Pemberley. Une autre année passa sous les yeux d'Elizabeth, qui absorbait les histoires de Lady Anne avec un intérêt grandissant. Elle pouvait percevoir la noblesse de cette dame par son écriture, par ses mots, par ses propos. Choquée et impressionnée à la fois, Lizzie lut les passages où la maîtresse de Pemberley avouait sa fatigue à descendre jusqu'au village pour y apporter des denrées et son obligation à porter un corset si serré en plein été. Il ne faisait plus de doute que sa belle-mère était une femme de caractère qui, contrainte par la société, ne pouvait s'exprimer comme elle l'aurait voulu. De plus, ce sentiment de solitude transperçait clairement à presque toutes les pages. S'était-elle sentie si noble qu'aucune compagnie autre que celle de sa sœur et les dames qu'elle rencontrait lors de la Saison ne lui apportait de plaisir?

Ignorant le soleil qui disparaissait au loin, Elizabeth poursuivit sa lecture. La suite semblait plus rapprochée en date.

Pemberley, printemps 1882

Les prières de mon mari se sont enfin exaucées. Après maintes tentatives, je porte la vie en moi pour la deuxième fois. Je commençais presque à désespérer, Mr Darcy ayant annoncé son souhait de vive voix lors de la fête de Noël. Je n'ai bien sûr aucunement avoué que cela faisait plus de deux ans que nous tentions de procréer un nouvel héritier, cela m'aurait couvert d'une honte insurmontable. Mr Darcy est un homme intelligent, qui me connait bien; je sais qu'il ne souhaitait point me mettre dans l'embarras. Disons que le vin épicé lui est monté à la tête. Étrangement, il se plaint que Fitzwilliam est trop gâté et que sa fierté reflète un peu trop celle de ses parents. J'ai aussitôt nié un tel propos, cela va de soi; notre fierté n'est aucunement punissable et est, au contraire, bien placée. Mr Darcy n'a pas insisté, connaissant mon attachement à instruire notre fils selon mes principes. Je dois me reposer, ma fatigue est grande. Je garde le sourire, mais la seule pensée de ne pouvoir assister à la Saison me chagrine profondément.

Lizzie eut une pensée pour Georgiana à ce moment et un petit sourire se posa sur ses lèvres. Sa belle-sœur, une si timide et respectable jeune femme, n'avait certainement pas hérité du caractère de sa mère… Après quelques pages qui ne parlaient que de températures, d'inconforts relié aux premiers mois de gestation ainsi qu'un épanchement pour la vie urbaine qui battait certainement son plein, un passage capta son attention.

Pemberley, printemps 1882

Mes douleurs sont revenues, fortes, poignantes. Pour la première fois depuis le début de ma grossesse, je crains pour la vie de mon enfant. Que dirait-on de moi s'il quitte mon ventre avant son terme? Ce genre de chose n'arrive qu'à des pécheresses! C'est tout simplement impossible, je n'ai jamais agi autrement que ce que mon devoir exigeait. Ma conduite est exemplaire! J'attends le médecin avec impatience.

P.s. Le médecin n'est toujours pas présent. Je saigne et je n'arriverai pas à le cacher plus longtemps.

Pemberley, printemps 1882

L'enfant est sauf. J'ai toujours mal, mais le médecin m'assure qu'il y a de bonnes chances que je puisse le mener à terme si je reste alitée à partir de maintenant. Adieu promenades. Adieu liberté. Je rentre dès ce soir dans ma nouvelle chambre, chambre que ma belle-mère possédait à ma venue à Pemberley. La position de la pièce est idéale et possède une vue éclatante, de grandes fenêtres et une aération adéquate, mais Mr Darcy refuse que j'y change quoi que ce soit. C'est la seule pièce qu'il ne me laisse pas agrémenter comme je le souhaite.

Pemberley, été 1882

Premier jour d'alitement. La journée est fraîche, la pièce est claire…mais tout est si bleu. Fitzwilliam m'apporte souvent de petits cadeaux. Peut-être que cette épreuve ne sera pas si éprouvante. Peut-être que les quelques mois que je dois passer ici ne seront pas trop pénible. Je l'espère.

Pemberley, été 1882

Le ciel est si clair aujourd'hui, aucun nuage ne perturbe cette journée d'été. J'entends les oiseaux par ma fenêtre, des rossignols, des geais, des pinsons peut-être. Je discerne un corbeau aussi. Une seule créature sombre parmi les couleurs vivantes. Fitzwilliam s'amuse dans le jardin et j'ai peine à croire qu'il aura bientôt douze ans…Il a tellement grandi! Il n'est plus le garçon que j'ai mis si péniblement au monde, mais bien un petit homme de pouvoir et d'ambition. Il connait son rang et sa place, conscient du rôle qu'il aura à jouer lorsqu'il sera maître de Pemberley à son tour. Mon cher mari est fier de son fils; Fitzwilliam est si vif, si intelligent! Si naïf encore, mais cela ne tardera pas à s'évaporer. Il doit apprendre que le privilège dans lequel il est né se doit d'être honoré par une éducation rigoureuse et un détachement des classes sociales. Il ne pourra devenir maître de Pemberley autrement; autoritaire, instruit, hautain même, voilà ce qu'il doit être pour assurer que son titre porte toujours le même honneur que Mr Darcy et moi-même lui conférons depuis des années déjà. Ma sœur, Lady Catherine, est repartie hier en emmenant avec elle sa fille. Notre plan d'unir nos enfants tient toujours et je me réjouis à la vue de la petite Anne, qui grandit bien, malgré la pâleur de sa complexion. Cependant, ses traits sont bel et bien nobles et Fitzwilliam retrouvera en elle une charmante épouse.

Puis, plus loin, sans date ni lieu :

Je suis si épuisée. L'enfant n'est pas très agité. Fitzwilliam fête son anniversaire et je suis incapable d'y assister.

Elizabeth eut un frisson; Darcy lui avait mentionné que sa mère était décédée quelques mois après la naissance de Georgiana. Pouvait-elle déjà sentir que sa vie allait lui échapper? Ces écrits ne ressemblaient pas du tout à ceux des premières pages où l'attitude fière et hautaine de la matriarche Darcy était presque palpable. En continuant sa lecture, Lizzie remarqua que les pensées devenaient plus sombres et plus intimes.

Pemberley, automne 1882

Je dois ignorer le mal et être forte pour mon enfant, pour mon mari et pour mon fils. Pourquoi ai-je l'impression que ma vie bascule? Pourquoi cette anxiété me hante? Pourquoi ai-je ces griffes qui se resserrent autour de mon cœur? J'ai des regrets…mais pourquoi? J'ai passé ma vie à agir comme on me l'a enseigné, selon les règles et les conventions. Je dirige une maison exemplaire. J'ai un fils en santé qui serait un bon maître. J'ai une excellente réputation dans la Société anglaise. Mes domestiques sont obéissants et bons. Je ne comprends pas ce qui m'arrive. Est-ce ma solitude qui s'amuse à me faire souffrir? J'aimerais retrouver le goût de sourire.

Pemberley, automne 1882

C'est une fille. Mr Darcy souhaiterait que nous la prénommions Georgiana. Je préfère Victoria, mais je n'ai pas la force de négocier avec mon mari.

Fronçant les sourcils, Elizabeth tourna la page.

Pemberley, hiver 1882

La petite est avec sa nourrice et je l'observe, trop faible pour la prendre. Elle pleure toujours. Écrire ces lignes est la seule chose que je suis capable de faire et, encore là, avec peine. Noël arrive et ce sera la première fois depuis ma venue à Pemberley que je n'organiserai point de bal pour le Réveillon. Pourrais-je seulement voir un nouveau printemps, une nouvelle Saison?

L'écriture était moins stable, étrangement malformées. Puis;

Pemberley, printemps 1883

Est-ce des remords que j'éprouve? Peut-être aurais-je dû apprendre à mon fils à être un peu moins fier. Il me ressemble et, pourtant, ressemble à son père. Mes croyances basculent. Je commence à croire que j'ai été un peu dure dans l'éducation de Fitzwilliam. Ces valeurs que je croyais inutiles et que Mr Darcy a enseigné à son fils à mon grand désappointement auparavant font plus de sens maintenant. Je regrette ma futilité.

L'écriture était si croche qu'elle en était presque illisible. Même alors que la vie s'échappait de son corps, Lady Anne Darcy avait pris la peine de graver ses véritables sentiments dans ce livre de secrets. Alors qu'elle s'apprêtait à fermer le journal, le reste du papier étant vierge, elle remarqua qu'une note avait été ajoutée à la toute dernière page.

Peut-être aurais-je dû insister auprès de toi, ma chère Anne. Nous étions amis, deux compagnons destinés à suivre un chemin commun et partager les épreuves que la vie apportent. Je regrette la solitude qui te hantait, j'ai essayé de te faire comprendre, mais il est trop tard maintenant. Notre fils est fort et n'avoue pas sa peine; il s'est mis en tête de tout prendre sur ses épaules. Je m'efforcerai de lui instruire les rudiments de la vie du mieux que je peux. Je vois tes traits dans le visage de notre belle Georgiana et je suis heureux de ce petit bonheur que tu as bien voulu m'offrir.

Puis, tout au bas de la page, dans une encre de couleur différente :

Je n'arrive pas à me résoudre à brûler ce journal comme tu me l'avais demandé; le relire est ma seule consolation lorsque je me sens seul.

Lizzie referma soigneusement le livre, songeuse. Elle n'arrivait pas à décider ce qu'elle devait penser de sa belle-mère. Ce journal lui avait ouvert les yeux sur beaucoup de choses; non seulement l'ancienne maîtresse de Pemberley n'était point une femme parfaite, mais ses propres convictions semblaient beaucoup plus solides à présent. Lady Anne avait certes été une femme de société exemplaire, mais elle avait toujours été insatisfaite de sa vie ici à la campagne. La solitude qu'elle avait vécu lors de ses mois dans la demeure grandiose avait suffi à ciselé cette personnalité dont Darcy semblait avoir hérité, en moins grande importance par chance. Elizabeth pouvait percevoir les bases sur lesquelles son mari avait été élevé et celles que son père, trop tard, avait voulu lui inculquer. Un mélange de bonté et de fierté, de compassion et d'orgueil, de générosité et de réserve.

Lizzie soupira en se redressant. Où était l'homme qu'elle avait épousé? Comment quelques semaines avaient pu changer son époux à ce point? C'était tout comme si il avait monté un mur entre eux, lui interdisant l'accès à ses véritables pensées. Elizabeth feuilleta le journal pensivement, une énergie puissante montant en elle. La présence de sa belle-mère ne lui semblait plus aussi imposante maintenant qu'elle avait appris à la connaître un peu. La nouvelle Darcy n'avait aucune envie de suivre le chemin que Lady Anne avait pris, au contraire, elle était maintenant convaincue de pouvoir accomplir le rôle qui lui incombait. Elle n'allait pas se battre contre les conventions; elle n'allait pas se laisser contrôler par elles non plus. Non. Si elle voulait être heureuse, elle devait faire ce que son cœur lui dictait. Elle n'allait pas suivre les traces d'une femme si différente d'elle-même, mais faire son propre chemin, contournant avec subtilité et patience les embûches qui allaient se présenter à elle. Certes, elle ne possédait pas l'éducation et la prestance de sa belle-mère, mais elle était convaincue que sa vivacité et ses bonnes valeurs allaient être suffisantes à diriger convenablement Pemberley.

La porte s'ouvrit avec un craquement et Elizabeth sursauta avec violence, le cœur battant. Une petite silhouette apparue dans le cadre de la porte et s'immobilisa à la vue de la jeune femme. 'Sophie?' murmura-t-elle, plissant les yeux à travers l'obscurité grandissante. 'Que fais-tu là?'

La fillette se tenait près de la porte, nerveuse tout à coup. 'Je…je…'

Lizzie eut un sourire en la voyant zyeuter la grande armoire puis baisser la tête en rougissant. Elle ne s'était certainement pas attendue à retrouver la maîtresse de Pemberley à cet endroit. 'Ne t'inquiètes pas, moi non plus je n'ai pas pu résister à la tentation de revoir la belle poupée. Tu veux la regarder un peu?'

Elle se leva et se dirigea vers l'armoire, incitant l'enfant à fermer la porte derrière elle et de s'approcher. Elle sortit le jouet pour le lui montrer, le déposant dans ses petites mains délicates. 'Voilà. Tu veux lui mettre une autre robe?'

Sophie hocha la tête, les yeux brillants. Lizzie profita de ce moment pour lisser les couvertures du lit et ranger le journal dans sa poche. Lorsque toutes traces de sa présence furent effacées, elle retourna auprès de la fillette, qui avait changé le vêtement rose contre une robe verte. Lorsque la jeune femme fut agenouillée près d'elle, Sophie leva la tête pour rencontrer son regard, les sourcils froncés.

-'Vous êtes gentille.' Dit-elle, sérieuse.

Elizabeth eut un petit rire. 'Merci, c'est très courtois de ta part de me le dire.'

-'Ce que je veux dire, c'est que…et bien…ma mère croit que vous êtes…que vous êtes…'

-'Que je suis quoi, Sophie?'

Le visage de l'enfant tourna au rouge. 'Que vous êtes à Pemberley seulement à cause de l'appât du pain.'

-'L'appât du pain?' Elizabeth pouffa légèrement. 'Voudrais-tu dire l'appât du gain?'

La fillette hocha la tête, penaude. Lizzie aurait été offensée d'une telle révélation auparavant, mais il lui semblait plus facile de pardonner maintenant qu'une nouvelle force de conviction grandissait en elle. 'Parfois, les préjugés nous font croire qu'une certaine personne possède toutes sortes de défauts et pourtant, en apprenant à la connaître un peu, on réalise que cette personne a bien au contraire beaucoup de qualités.' Répondit-elle d'une voix douce. Elle songea à Darcy et à la première impression qu'elle avait eue de lui. Que ses sentiments avaient changés depuis ce jour où il avait refusé de la prendre pour cavalière! Elle aurait pu dire à l'enfant qu'elle n'était pas ici pour la fortune de son mari, mais il lui semblait injuste de mêler l'enfant à toute cette histoire. Elizabeth avait besoin de faire ses preuves par elle-même.

-'Maman dit aussi que vous détestez Pemberley et que c'est la raison pour laquelle vous essayez de tout changer.' Souffla soudainement la fillette en lissant les cheveux de la poupée, sa voix à peine audible.

Lizzie eut un mouvement de surprise. 'Détester Pemberley? Quelle idée!'

Sophie haussa les épaules. 'Elle dit que vous irez à la Saison et que vous y resterez le plus longtemps possible. Comme Lady Darcy.'

La jeune femme se mordit lentement la lèvre, tentée par la possibilité de soutirer encore quelques informations de l'enfant. Que voulait-elle dire par cela?

-'Nous devrions descendre.' dit Elizabeth après quelques secondes de silence. 'Il ne faut plus venir ici, Sophie, d'accord? Je n'aimerais pas que ta maman soit en colère, j'en serais très triste.'

La fillette approuva en reposant le jouet dans la boîte et la maîtresse de Pemberley referma l'armoire avant de suivre l'enfant hors de la pièce. Lizzie se retrouva bientôt seule, Sophie ayant pris congé aussitôt dans le couloir. Dehors, le ciel s'était assombrit et seules les torches illuminant les chemins principaux brillaient comme des étoiles sur les jardins enneigés. Alors qu'elle passait devant les nombreux tableaux de la galerie principale du troisième étage, le regard d'Elizabeth se posa sur celui de son mari. Elle poussa un soupir, observant son visage sérieux. Oh, William…Que lui arrivait-il donc? Que pouvait-elle faire pour remettre son mariage sur pieds? Elle fit quelques pas pour observer le tableau suivant, celui d'une femme dont les cheveux noirs étaient recouverts d'une coiffe de dentelle fine et dont la robe, très ample sous la taille, cascadait gracieusement en une longue traîne. Anne Darcy posait son regard sur les jardins de sa propriété et même en peinture Elizabeth pouvait discerner sa posture impeccable. Cette fois, au lieu de ressentir l'habituel sentiment d'échec, les coins de sa bouche s'étirèrent en un sourire.

Un hennissement de cheval la ramena à la réalité. Quelle heure pouvait-elle être? Les invités ne pouvaient pas être déjà présent, il était beaucoup trop tôt! Lizzie savait que sa présence auprès de son mari était cruciale; son refus de participer à la première grande soirée mondaine empirerait certainement la réputation qu'elle détenait déjà. Le cœur battant, elle dévala les escaliers pour se rendre jusqu'à sa chambre où elle appela sa suivante afin qu'elle lui apporte une bassine d'eau chaude. Alors qu'elle se démenait à retirer sa robe de jour, le souffle court, un léger tapement à la porte se fit entendre. Croyant tout d'abord que la servante était de retour, Elizabeth alla ouvrir et qu'elle ne fut pas sa surprise lorsqu'elle tomba face à face avec sa sœur.

-'Jane?' s'exclama-t-elle, incrédule. Un grand sourire s'étendit sur son visage et elle se jeta dans les bras de la nouvelle venue, ses soucis s'envolant avec ses éclats de rire.

-'Lizzie! Oh, je suis si heureuse de te voir enfin!' s'exclama Mrs Bingley, rayonnante. 'Mais…n'es-tu pas prête?'

-'Je crains avoir été trop préoccupée pour tenir compte du temps. J'ai besoin de ton aide, Jane, et vite si je ne veux pas être la risée de la société anglaise!'

Les deux femmes s'activèrent aussitôt. Après avoir enlevé son corset et ses dessous, Lizzie se lava avec l'eau parfumée au jasmin et ajouta un peu du parfum derrière ses oreilles et sur ses poignets. N'ayant pas le temps d'élaborer une coiffure compliquée, elle opta pour des boucles simples remontées sur sa tête auxquelles elle ajouta quelques perles ainsi qu'un lys blanc. Jane s'occupa de sortir les vêtements appropriés, soit une robe de satin écarlate aux bordures dorées ainsi que des gants longs immaculés.

-'Tu crois que cela suffira?' s'inquiéta Lizzie en contemplant son reflet. Elles étaient maintenant seules dans la pièce et, en jetant un coup d'œil à sa sœur à travers le miroir, la maîtresse de Pemberley lui trouva une mine bien sérieuse tout à coup. 'Qu'y a-t-il, Jane?'

-'Je suis consciente que le temps presse, Lizzie, mais je suis chargée de te faire parvenir un message.' Dit celle-ci avec une certaine hésitation. 'Mr Darcy m'a supplié de te parler et je n'ai pu refuser. Il avait l'air si affligé…'

Elizabeth avala avec difficulté et, soulagée de pouvoir enfin partager ses sentiments avec quelqu'un, lui raconta tout depuis sa venue à Pemberley. Le comportement des domestiques, ses efforts pour se faire accepter, l'absence de Darcy, l'ombre grandissante qui semblait le hanter.

-'Oh, Jane, j'ai l'impression que je ne suis plus moi-même tant j'ai essayé! Peu importe ce que je dis ou fait, je sens leur jugement dans chacun de leur regard. Et William qui agit comme un étranger!'

-'Peut-être que le problème repose justement sur le fait que tu essaies trop.' Proposa Jane au bout d'un moment, songeuse. 'Peut-être devrais-tu essayer d'être toi-même plutôt que de chercher à combler les souliers de quelqu'un d'autre. Tu es toujours à ton meilleur lorsque tu restes fidèle à ce que tu es vraiment.'

-'Que veux-tu dire?'

-'Eh bien, je veux dire que tu as toujours été du genre à faire à ta tête, peu importe ce que les autres en pensaient. Tu peux accomplir ce que tu veux lorsque tu ne te soucis pas des regards extérieurs. Cesse d'avoir peur de faire un faux-pas, ta nervosité se transforme toujours en orgueil, tu le sais très bien.'

Elizabeth hocha lentement la tête, les mots de sa sœur faisant sens. 'Lorsque tu le dis, ça semble si facile… De toute façon, je suis déterminée à tout remettre à l'ordre.' La maîtresse de Pemberley eut soudainement un sourire amer. 'Quant à Mr Darcy...Je suis consciente que je blâme injustement Will de ne pas être lui-même alors que j'agis de manière semblable, et je regrette mon attitude. Cependant, ses mots m'ont blessé, Jane, je ne l'aurais jamais cru capable de les prononcer.'

-'Il s'en veut énormément, Lizzie, les remords le consume. Il est honteux de la manière dont il t'a traité, il me l'a dit tout à l'heure.''

-'Cela ne change pas qu'il agit comme un étranger à mon égard, remords ou non. Il semble plus amoureux de son bureau qu'il ne l'est de moi.'

Jane la gronda calmement. 'Elizabeth, ne dit pas de telles choses. Ne t'a-t-il pas dit à propos de son commerce?'

Aussitôt, Mrs Darcy se redressa. 'Non. Que se passe-t-il?'

-'Et bien…disons que Mr Darcy a investi une grosse somme d'argent dans une flotte commerciale. Le premier voyage était il y a quelques semaines et il n'y a toujours pas de nouvelles des navires. Ils ne sont pas arrivés en France comme il était prévu. Cela représente une importante fortune, Lizzie, et Charles croit que le capitaine a floué Mr Darcy et ses associés. Ils ont envoyés plusieurs représentants dans les ports de l'Europe entière afin de les retrouver, mais pour l'instant, rien n'est certain. Si ces navires ne sont pas retrouvés, il y a de fortes chances pour que les temps soient durs pour tous ceux qui s'y sont engagés. Charles est très inquiet des conséquences que cela pourrait avoir et je crains que Mr Darcy ne le soit plus encore, étant l'auteur d'une telle entreprise. Je crois qu'il se sent responsable.'

Elizabeth sentit son cœur se serrer. Était-ce réellement la raison qui le poussait à agir ainsi? Était-il si anxieux de leur futur, et de tous ceux de ses associés, que son tempérament s'en trouvait affecté? Pauvre Darcy! Tant de pression et personne pour le supporter dans cette épreuve!

-'Oh, que doit-il penser de moi à présent…' soupira-t-elle en enfouissant son visage dans ses mains, bouleversée. 'Je suis vraiment la pire des femmes sur cette planète. Je dois aller le voir, Jane.'

Darcy attendait la venue de ses invités près de la porte principale. Lorsqu'Élizabeth apparut, les sourcils de son mari s'arquèrent, mais le soulagement de la voir à ses côtés détendit ses traits.

-'Je n'espérais plus votre présence, Mrs Darcy. Vous êtes magnifique.' ajouta-t-il, hésitant à s'avancer vers elle.

Ils restèrent face à face pendant quelques instants, le silence devenant pesant. Consciente de ce qu'elle devait dire, mais incapable de faire les premiers pas, elle attendit qu'il se prononce. À son plus grand soulagement, cela ne tarda pas.

-'Lizzie, veuillez pardonner mon attitude de tout à l'heure, je n'ai aucune raison valable pour vous avoir traité ainsi.' Commença Darcy, sincère. 'J'ai agi d'une manière odieuse et mes paroles ont dépassées ma pensée. Les temps sont…difficiles… en ce moment, je crains de ne point être de bonne compagnie.'

-'Je sais, Will.' Murmura-t-elle doucement, posant brièvement sa main sur la sienne. 'Et je suis d'avis que nous avons besoin d'une longue conversation.'

-'Vous savez?'

Elle hocha de la tête. 'Jane me l'a dit. Ne me cachez plus ce genre de chose, Will, si j'avais su…si vous m'en aviez fait part auparavant…j'aurais fait tout ce qui était en mon pouvoir pour alléger votre fardeau.'

Darcy prit une grande inspiration, le visage sombre. 'Quel genre d'époux serais-je si je partageais un tel poids? Quel genre d'homme puis-je aspirer à être si je ne peux plus offrir à ma femme un foyer convenable après seulement quelques mois de mariage?'

-'Je vous l'ai dit : votre fortune ne m'intéresse pas. Je serais prête à vivre dans la plus modeste des demeures, tant et aussi longtemps que j'y suis avec vous.'

Son mari secoua la tête, obstiné, se détachant de son étreinte. 'Ne dites pas une telle chose, Lizzie, cela me blesse profondément. Je ne veux pas que vous ayez à faire ce sacrifice, cela m'est insupportable.'

-'Ce ne serait pas un sacrifice.'

Darcy plongea son regard dans le sien, si tendre, si amoureux que les jambes d'Elizabeth faillirent se dérober sous elle. Là était l'homme qu'elle avait épousé; l'homme qu'elle aimait. 'Oh, Lizzie…' murmura-t-il en posant une main contre sa joue. 'Me pardonnez-vous ce que j'ai pu faire? Je n'aurais pas dû ordonner que l'on change quoi que ce soit à vos préparatifs. J'étais en colère de ne point réussir à vous rendre heureuse, espérant que par quelconque miracle une nouvelle positive me parvienne de mes émissaires afin que je puisse chasser ces énergies négatives de mon esprit. Vous avez eu à subir mon anxiété et mes doutes et mon besoin de stabilité en ces temps troubles m'ont poussé à détruire votre travail. Je croyais que si tout était comme avant j'y trouverais un appui qui m'aiderait à supporter cette épreuve. J'ai eu tort et j'en suis sincèrement désolée.'

La main de Darcy était chaude contre sa peau, rassurante. 'Je vous pardonne à la seule condition que vous pardonniez mon comportement inacceptable. Et-'

Les portes s'ouvrirent et le couple se sépara aussitôt, échangeant un dernier regard avant de revêtir leur rôle d'hôtes. Leur conversation devrait attendre à plus tard.

Lorsque tous les invités furent installés dans leur chambre respective et que Jane et Lizzie se furent promis un petit-déjeuner dans son salon privé pour le lendemain, cette dernière se retrouva seule dans sa chambre. Elle venait tout juste de renvoyer sa servante, qui l'avait aidé à se dévêtir partiellement, quand un léger coup à la porte survint. Croyant que la servante était de retour pour une quelconque demande, Elizabeth alla répondre à moitié vêtue. La porte s'ouvrit sur Darcy qui ouvrit la bouche pour parler et, en la voyant si peu accoutrée, se tut aussitôt en la détaillait du regard.

-'Veuillez pardonner mon intrusion, je…je…' se reprit-il après quelques secondes, mais une lueur était apparue dans ses yeux. Toujours vêtu de sa tenue de soirée, composé d'une veste à motif Paisley rouge et d'un veston noir, il était si séduisant que Lizzie sentit son corps s'enflammer. Il lui semblait une éternité depuis la dernière fois qu'elle avait partagé le lit de son époux.

-'Oui?' demanda-t-elle en haussant un sourcil, un petit sourire aux lèvres. Elle ouvrit un peu plus la porte pour l'inviter à entrer dans sa chambre puis referma derrière lui.

-'Je voulais vous offrir votre cadeau de Noël.' Dit-il en évitant soigneusement de regarder autre chose que son visage. Il tenait un petit boitier de velours bleu dans ses mains. 'Je n'ai point eu l'occasion, en cette soirée, de…'

Il s'interrompit et Lizzie le vit déglutir discrètement. Elle retint une envie de rire. 'De me l'offrir?'

-'Exactement.'

-'Je n'ai pas le vôtre.'

-'Je n'y vois pas d'inconvénients.'

Un léger silence s'installa, la tension palpable, et Darcy s'éclaircit finalement la gorge. 'Peut-être n'est-ce pas le meilleur moment, vous avez raison.'

Elizabeth s'approcha de lui, s'arrêtant juste assez loin pour ne pas provoquer de contact, mais assez près pour qu'un seul petit geste vers l'avant les unissent. 'M'évitez-vous encore, Will?'

-'Je n'aimerais pas que vous croyiez que je suis venu ici uniquement dans le but de…de…'

Lizzie poussa un bref éclat de rire, rosissant. 'Pourrais-je vous en blâmer?'

Darcy fronça les sourcils, soudainement sérieux. 'Lizzie, jamais je ne pourrai vous utilisez ainsi. Je ne sais pas pour vous, mais je n'arriverai pas à dormir tant et aussi longtemps que tout ceci n'est pas réglé. J'ai cru, en venant ici, que nous pourrions régler les différends qui nous ont séparés ces derniers jours.'

-'Ces très long derniers jours…' dit-elle à voix basse, invitante. Darcy s'éclaircit à nouveau la gorge, osant un bref regard vers le bas. Il haussa les sourcils d'un air appréciateur, penchant la tête légèrement sur le côté.

-'Très, très longs derniers jours…' convint-t-il sous son souffle. 'Vous ne serez pas offensée si les explications sont retardés?'

-'Pas le moins du monde.'

Leur bouche s'unirent en un mouvement brusque, les bras de Lizzie s'entourant autour du cou de son époux, les mains de Darcy agrippant sa taille, l'emprisonnant dans une étreinte passionnée. Elizabeth avait oublié à quel point ce genre de contact lui plaisait. Comment avait-elle pu se priver de lui pendant si longtemps? Comment avait-elle pu résister à ce feu qui maintenant l'envahissait toute entière? Darcy semblait tout aussi urgent qu'elle l'était et ils tombèrent à la renverse sur le lit simple, s'attaquant à tout vêtement se trouvant entre eux, mais le peu de commodité qu'offrait leur position et le manque d'espace du lit fit glousser Elizabeth. Darcy se joignit à son rire, puis, sans un mot, la souleva du lit pour la transporter jusque dans sa chambre.

Leur chambre.

(-*-)

Alors voilà pour le chapitre 5 ! J'espère que vous avez apprécié : ) Reviews? Commentaires? Questions?

À très bientôt !