Bonjour à toutes! Je sais, je n'ai pas publié depuis un loooooong moment et je m'en excuse! Avec le travail, mon nouvel appartement, le copain, la famille et les amis, je n'ai pas eu beaucoup de temps pour moi et encore moins pour écrire. Cependant, ne vous inquiétez pas, je n'ai pas abandonné cette fic et ne le ferai jamais : ) Mais bon, même les écrivains ont besoin de vacances! Je vous offre donc, avec beaucoup de retard, ce petit chapitre qui j'espère saura vous plaire : ) Bonne lecture !

(-*-)

Chapitre 13

La justice de Fitzwilliam Darcy

Le brouillard voilait la vision de Lesley. Emmitouflé dans une cape de laine, il regardait l'horizon, impatient de voir la terre ferme. Cela faisait plusieurs semaines maintenant que le Bridget avait pris la direction des Indes, n'offrant comme paysage que l'immensité de la mer houleuse. Il faisait si frais que Lesley se demanda si le pays des épices et de la soie n'était pas aussi chaud que ce que tout le monde raconte. Il trouva ce fait bizarre, mais ne se posa pas plus de question. Les océans avaient leur propre température et il n'avait jamais mis les pieds hors de l'Angleterre avant ce périple. Autour de lui, les matelots s'affairaient, préparant le navire à l'arrivée imminente. Le ciel était gris, orageux; Lesley resserra sa cape en réprimant un frisson.

Un cri. Lesley se dirigea vers la droite, observant la fine ligne grise représentant la côte des Indes. Un étrange sentiment s'empara de lui alors qu'il enregistrait la familiarité des lieux. L'eau foncée, différente des nuances de turquoise qu'on lui avait promis. Le ciel gris, cachant le soleil qui aurait dû être plombant. Les plages de roches, sans une seule parcelle de sable pâle et fin. Le brouillard, peu commun à ce pays équatorial. Les Puffins des Anglais, oiseaux de mer, rasant les vagues de près en groupe nombreux.

Sa gorge se serra. Son cœur se mit à battre. Avant qu'il puisse faire un seul geste, on l'attrapa par les bras et Lesley se sentit tirer vers l'arrière.

(*-*-*)

L'air était lourd en cette matinée brumeuse. Le port de Liverpool s'activait avec bruit alors que les bateaux allaient et venaient, étaient chargé et déchargé, balancés au rythme des vagues qui s'écrasaient contre les quais. Des marchands ambulants s'installaient tranquillement le long de la rue principale; l'odeur du pain frais se mélangeait à l'air salin de la mer.

Darcy s'était assis à une petite table, tout près de la fenêtre, et ne quittait pas l'horizon des yeux. Cela faisait exactement cinq jours qu'il gardait ce poste, attendant patiemment que le bateau ayant appartenu à son père fasse son entrée dans le port. Lorsqu'il n'était pas installé à cet endroit, il arpentait les quais ou la plage. Lorsqu'il devait dormir ou s'absenter, il engageait un homme pour veiller à sa place. Une escorte de police était prête à recevoir le coupable et le maître de Pemberley souhaitait être aux premiers rangs lorsque Lesley serait arrêté.

Si Darcy avait toujours su garder son calme dans ce genre de situation, c'en était tout autrement pour Bingley. Ce dernier, toujours partant pour une partie de chasse ou pour les soirées dansantes, ne trouvait pas d'amusements dans la solitude et l'oisiveté qu'imposait ces longues heures d'attentes. Les jeux de cartes et les discussions sans fins ne suffisaient pas à le calmer et Darcy découvrit bien assez vite que son impatience n'était pas seulement due à l'attente interminable, mais aussi à ses remords envers sa femme restée à Londres.

-'Tout ceci est terriblement fâchant.' Répéta Bingley pour la centième fois depuis le matin, jetant la serviette de table brusquement sur son assiette vide. 'Leur arrivée était prévue pour hier. Cela nous délaye d'une journée entière.'

Même son plat préféré ne lui avait pas ramené sa bonne humeur habituelle, ce qui était une première.

-'Ce ne sera plus bien long.' Le rassura patiemment Darcy.

-'Quelle idée de les emmener ici aussi.' Bougonna le rouquin. 'Nous aurions pu attendre à Londres, s'aurait été beaucoup plus simple.'

-'Et risquer de perdre Lesley? Avec un peu de chance, il ne s'est douté de rien avant d'avoir vu la côte de l'Angleterre. Le trajet jusqu'à Liverpool est presque direct alors que celui de Londres oblige le navire à remonter la Tamise. En passant par ici, non seulement ne peut-il pas sauter par-dessus bord et s'enfuir, mais il ne pourra pas non plus nous blâmer de mauvais traitement, n'ayant été attaché que quelques heures à peine. Cela jouera en notre faveur lors de son procès.'

-'Vous pensez toujours à tout, n'est-ce pas?'

Darcy eut un mince sourire. 'Je m'y efforce.'

Le silence ne dura que quelques secondes. Bingley poussa un long soupir. 'Ce n'est tout de même pas croyable qu'à cette époque de l'année, en plein été, le voyage soit si long.'

-'Il y a eu de forts orages la semaine dernière et la mer n'était pas des plus calmes. Le navire sera là aujourd'hui, j'en suis certain. Du thé?'

-'Merci. Comment pouvez-vous en être sûr? Peut-être s'est-il perdu en chemin. Peut-être Lesley a-t-il vraiment prit la route des Indes.'

-'Le Bridget connait les océans, Charles, et son capitaine est un homme fidèle en qui mon père avait entièrement confiance. Il a donc la mienne.'

-'J'aimerais avoir votre certitude, William, mais je suis trop à cran pour réfléchir convenablement.'

Darcy lui jeta un regard entendu. 'Jane va parfaitement bien. Inutile de s'inquiéter de la sorte.'

Bingley eut l'air très sérieux. 'Comprenez-moi.' Lui dit-il. 'Mon premier enfant et je ne suis pas là pour supporter mon épouse. Qui lui apportera un coussin pour son dos? Qui s'inquiétera de son bien-être? Vous savez qu'elle ne se plaint jamais et prend tout sur elle, si je n'insistais pas elle endurerait un martyr sans que personne ne le sache! Et je souhaite être présent pour elle, William. Je veux que mon enfant entende ma voix chaque jour, je veux le voir grandir dans le ventre de ma femme. J'ai l'impression de tout manquer.'

Darcy pinça les lèvres pour cacher sa désapprobation. 'Jane est avec Elizabeth et elle saura prendre soin de sa sœur, cela devrait vous rassurer. De plus, si je ne me trompe, ce ne sont pas deux ou trois semaines qui vont changer son état. L'enfant ne montrera que très légèrement.'

-'Vous ne pouvez pas comprendre.' Se défendit prestement Bingley devant l'attitude de son ami. 'Lorsque Elizabeth attendra votre enfant, vous serez exactement pareil. À tout vouloir savoir, jusqu'au moindre détail, que ce soit sur son état ou sur les sensations du bébé en elle.'

-'Je ne crois pas, non. Ce sont des choses de femmes.'

-'Ha! Vous dites ça maintenant, mais attendez de voir. Vous ne savez pas ce qui vous attend.'

-'Les femmes ont des enfants depuis la création de ce monde, Charles, c'est le cycle de la vie. Il n'y a pas de quoi en perdre la raison.'

-'Vous ne connaissez vraiment rien à tout cela, mon ami. J'ai hâte de vous y voir. Soyez assuré que je prendrai un grand plaisir à vous dire : Je vous l'avais bien dit.'

-'Et moi je crois que vous exagérez. Je ne dis pas que l'acte en tant que tel est insignifiant, bien au contraire, mais je suis persuadé que mon univers ne sera pas chamboulé par la venue d'un enfant.'

Bingley se contenta de sourire en secouant la tête. Agacé, Darcy enchaîna : 'De toute façon, nous avons tout notre temps. Je ne suis pas pressé de fonder une famille, je suis parfaitement à l'aise avec les choses comme elles sont.'

-'Cela ne se décide pas, ça arrive quand ça arrive.'

-'Ça peut bien attendre quelques années encore.'

Le rouquin poussa un bruyant soupir, déclarant forfait. 'C'est inutile de parler avec vous, vous êtes aussi fermée qu'une huître et aussi sec que les biscuits de ma tante. Allez, venez, allons dehors, je vais devenir fou si je reste une minute de plus enfermé ici.'

Le bateau apparut vers la fin de la matinée. Darcy le regarda s'approcher avec un sentiment d'anticipation mélangé à une espèce d'agacement. Pour la première fois en huit jours il ne savait pas comment occuper son temps, qui semblait s'écouler très lentement à présent. Ses mains jouaient négligemment avec ses gants, chassant les mouches de temps à autre d'un coup bref, ses yeux ne quittant jamais la forme grandissante du Bridget. Malgré son impatience, il conserva sa contenance et attendit sans bouger que le navire soit sécurisé au quai avant de faire quelques pas vers l'avant, intimant d'un mouvement de tête aux policiers de se préparer à capturer le coupable.

On amena Lesley sans ménagements. Ses mains étaient liées dans son dos et deux matelots le tiraient vers l'avant afin de le faire descendre la large passerelle. Heureusement, aucune marque de maltraitance n'était apparente et Darcy fut soulagé de savoir que l'affaire n'en était pas venue aux poings. Les yeux de Lesley s'agrandirent pendant un moment lorsqu'il vit qui l'attendait sur le quai et il se débattit avec force afin de prendre la fuite. En vain. Les policiers s'étaient emparé de lui avant qu'il puisse tenter la moindre chose et l'avait tourné vers les deux hommes. 'C'est bien lui, Messieurs?'

Darcy et Bingley répondirent d'un hochement de tête.

Lesley fut transporté à Londres dans un grand coche fermé à clé et gardé par six hommes. Darcy et Bingley chevauchaient de chaque côté, en silence. La poussière du chemin se soulevait sur leur passage, obstruant légèrement la vue des curieux qui s'arrêtaient pour observer la scène. Perdu dans ses pensées, Darcy avait le regard fixé devant lui, son esprit accaparé par l'image d'Elizabeth. Depuis la conversation qu'il avait eue avec Bingley la veille, un étrange sentiment s'était emparé de lui. Certes, il savait que le mariage conduisait à la famille, il n'était pas idiot. Cependant, il n'avait pas cru possible que les choses puissent débouler aussi vite. Il lui semblait que son mariage datait de la veille et non pas de plus d'une demi-année. En sept mois, il aurait été normal que Lizzie conçoive. Peut-être était-elle déjà enceinte.

Une étrange sensation, loin d'être agréable, s'empara de son estomac. Il n'était pas prêt. Il ne pouvait pas être père maintenant. Il avait encore du mal à s'habituer au rôle de mari, comment pouvait-il considérer s'occuper d'un enfant? Darcy soupira intérieurement; était-il vaniteux au point de croire qu'il pouvait avoir son dire dans ce genre de choses? Soudainement, il eut l'impression de ne plus être celui qui tenait les rênes de sa vie et ce n'était pas un sentiment qui lui plaisait particulièrement.

Combien de temps passait-il à se battre contre lui-même afin de s'adapter à sa nouvelle situation? Combien de fois s'était-il promis de détruire cette barrière qui le séparait encore d'Elizabeth? Il n'était pas aveugle, il savait qu'elle était insatisfaite. Elle ne le disait pas, bien sûr, mais il pouvait le sentir. Pire, il savait que c'était de sa faute. Que pouvait-il faire? Plus il se battait pour reprendre le contrôle, plus ce même contrôle glissait d'entre ses doigts. Darcy avait beau essayer, rien n'y faisait; la carapace qui entourait son cœur était aussi solide que le diamant. Son esprit était si bien conditionné à agir selon les conventions que toutes émotions indésirables étaient anéanties aussitôt apparues.

Enfin, presque toutes. Parfois, lorsque Lizzie était profondément endormie, il se permettait de l'observer sans retenue, souhaitant pouvoir lui dire à quel point elle était magnifique. Il s'imaginait l'embrasser, non pas comme il le faisait habituellement, mais d'une manière passionnée et sans retenue. Mentalement, il la faisait sienne avec une intensité qui le faisait rougir, sans couvertures ni rideaux pour les camoufler et limiter leurs mouvements. Ces pensées étaient les seules qu'il n'arrivait pas à chasser, peu importe la honte qu'il ressentait à les préserver. Elizabeth éveillait en lui des fantasmes si intenses qu'il ne pouvait tout simplement pas les ignorer. À défaut de pouvoir les réaliser – car laisser ses pulsions primitives prendre le dessus était tout à fait inacceptable pour un gentleman – il se contentait de les conserver bien à l'abri dans son esprit, peu importe la pression colossale que cela provoquait sur son contrôle.

Le coche fit un bruit métallique inquiétant lorsqu'une des roues essuya une cavité dans la route et Darcy sortit de ses rêveries afin d'inspecter s'il y avait quelconque dommage. Heureusement, la roue en question était toujours en place; après autant d'attente, un incident comme celui-ci était la dernière chose qu'il souhaitait. En levant les yeux, Darcy aperçu les pupilles sombres de Lesley qui l'observait à travers la petite fenêtre. Sans se laisser démonter, il soutenu ce regard un moment avant de détourner la tête.

-'Heureux, n'est-ce pas?'

La voix de Lesley sonnait caverneuse. Il s'approcha de l'ouverture, ses mains liées s'accrochant aux barreaux. 'Extatique.' Ajouta-t-il sèchement en faisant une grimace de dégoût, découvrant ainsi sa dent en or.

Darcy ne pipa mot, ignorant l'homme. Il n'allait certainement pas s'abaisser à discuter avec un criminel qui avait bien failli ruiner non seulement sa réputation et celle de ses collègues, mais aussi son mariage. Sans toute cette histoire, sa première année nuptiale ne se serait pas déroulé à son bureau, mais près de sa femme, à Pemberley.

-'Oh, bien sûr, maintenant je ne suis plus digne de pouvoir converser avec le riche Mr Darcy.' Commenta Lesley d'un ton ironique. 'Je devrais m'agenouiller, demander pardon, peut-être?' Il s'approcha un peu plus, le regard intense. 'Jamais.'

Darcy eut un rictus. Qu'importe si cet énergumène faisait l'Angleterre entière à genoux, cela ne changerait rien à son opinion de lui.

-'J'ai des contacts, Darcy, et une fois rendu à Londres je prendrai un malin plaisir à vous voir vous démerder pour trouver des preuves contre moi.'

Cette fois, Darcy eut un bref rire. 'Vous croyez vraiment que je vous ai fait venir jusqu'ici avec l'intention de vous accusez sans preuves?'

-'Je ne vois pas ce que vous pouvez avoir contre moi. Un témoignage? Je peux en avoir mille qui supporterait mon innocence.'

-'Je ne crois pas, non.' Répondit Darcy d'une voix dure. 'Mr Lesley, vraiment, je ne prendrais aucun plaisir à vous faire enfermer si c'est pour vous voir vous en sortir si facilement. Je serai aux premières loges de ce procès lorsque les papiers de transactions seront remis aux juges et que votre cher ami Mr Van Hollen portera témoignage contre vous.'

Lesley éclata d'un rire mauvais. 'Vous avez vraiment la main large, hein, Darcy? J'espère que Van Hollen est largement compensé pour sa traîtrise car dès que je sors de ce trou je lui fais sa fête.'

-'Pas si vous êtes condamné. Et vous le serez, croyez-moi, alors je ne me ferais pas trop d'espoir si j'étais vous.'

-'Oh, je trouverai bien un moyen. Je m'en sors toujours.'

Darcy ne répondit pas cette fois. Lesley retourna s'asseoir au fond de la diligence, un sourire aux lèvres. Le maître de Pemberley fit alors accélérer la cadence, déjà impatient de terminer ce voyage. Il avait un mauvais pressentiment. Ce regard au fond des yeux du criminel n'était pas celui d'un homme sain d'esprit; c'était celui d'un homme dont la rancune ravageait déjà les pensées. Par chance, Darcy n'avait aucun doute quant au verdict de la Court. Lesley sera déclaré coupable de mutinerie, de vol, de tentative d'évasion et d'utilisation de faux-papiers. Deux de ces accusations étaient passibles de la peine de mort.

Darcy n'était pas friand des mises à mort. Même si cette solution était la plus simple, elle n'était pas des plus humaines. En son humble opinion, l'exil était un châtiment plus acceptable et il en avait fait part à ses collègues. Certains avaient approuvés, d'autres non. Cependant, la majorité l'emportait et il avait été décidé que peu importe le verdict de la Court, les hommes demanderaient à ce que l'exil soit choisi comme sentence, étant ceux portant plainte. Darcy n'avait aucune envie d'avoir une mort sur la conscience; en fait, il n'avait seulement qu'une envie et c'était que tout ceci se termine, que Lesley soit jugé et envoyé en Australie afin de ne plus jamais penser à lui.

(*-*-*)

Leur arrivée à Londres fut des plus remarqués. Heureusement, la plupart de la gentry était hors de la ville, logeant dans leur maison de campagne pendant les chauds mois de l'été, et n'était donc pas présent pour observer le cortège qui accompagnait le coupable jusqu'à la prison de Londres. Couvert de poussière, fatigué du voyage, Darcy désirait fortement être déjà à la maison. Jamais dans sa vie n'avait-il autant souhaité se trouver à Pemberley; il se promit d'ordonner que l'on prépare leur départ dès son arrivée, certain que le procès ne durerait pas plus de deux jours. La Court était prête à se rassembler et tous les témoins étaient présents. Il n'avait plus qu'à attendre que le verdict tombe.

Lorsque Darcy passa le seuil de sa demeure, il crut d'abord que l'endroit était désert. Il ne s'en offusqua pas, l'heure étant tardive et son arrivée prévue pour le lendemain. Près de lui, Bingley s'impatientait.

-'Qu'est-ce qu'ils attendent?'

-'Il est passé neuf heures, Charles, laisse leur un peu de temps.'

Ce n'est pas un valet qui croisa leur chemin en premier, mais Abigaëlle qui descendait rapidement les escaliers, presqu'en gambadant. Lorsqu'elle vit les deux hommes, elle s'arrêta net, surprise.

-'Mr Darcy?'

-'Miss Grant.'

Se rappelant soudainement les convenances, elle fit une profonde révérence avant de s'empresser de prendre leurs effets. 'Mr Bingley. J'espère que vous avez fait bon voyage.'

-'Où est ma femme?' demanda aussitôt le rouquin, ignorant sa question.

-'Deuxième étage, troisième porte sur votre gauche. Elle se porte bien, monsieur.'

Il montait déjà les marches deux à deux lorsqu'elle prononça les derniers mots. Abigaëlle eut un petit sourire en le suivant du regard, commentant pour elle-même : 'Et bien, juste à temps pour les premiers coups.'

Darcy ne comprit pas ce qu'elle voulut dire et n'était pas enclin à le découvrir. Il remercia la suivante d'un bref hochement de tête et se dirigea vers le deuxième étage, prenant la première porte à droite. Elizabeth était assise sur un fauteuil, les pieds ramenés sous ses fesses, sa robe de nuit légère découvrant son épaule gauche. Sa peau semblait dorée sous les rayons du soleil couchant.

-'William?'

Il lui sourit. 'Attendiez-vous quelqu'un d'autre?'

Elizabeth traversa la chambre en quelques enjambés et voulut se jeter à son cou lorsqu'il tendit les bras devant lui pour stopper son élan. 'Je suis couvert de poussière, Lizzie.'

Son air blessé lui fit l'effet d'un couteau au cœur. 'Je ne serai pas long.' Ajouta-t-il avant de lui caresser tendrement la joue, n'osant pas poser ses mains sur elle de peur de ne plus pouvoir les enlever. Il voulut se diriger vers son vestiaire, mais il se rappela brusquement une des raisons du pourquoi il était revenu si tôt et il rebroussa chemin.

-'Comment vous sentez-vous?' demanda Darcy avec précaution.

Elizabeth parut désarçonnée par son ton. 'Très bien, merci.'

-'Aucun…changement?'

-'Changement?'

-'Oui, changement.'

-'Je ne comprends pas.'

-'Avez-vous…quelque chose...à me dire?'

Lizzie était une nouvelle fois prise au dépourvu. Darcy savait que son approche était maladroite, mais les mots n'arrivaient pas à former des questions claires. 'Êtes-vous…et bien…seriez-vous…'

-'Serais-je quoi?'

Depuis quand avait-il peur des mots? Sentant son visage virer au cramoisi, il toussota légèrement avant de prendre à nouveau la direction de son vestiaire. Quel manque de tact! Il risquait bien de l'offenser en l'abordant ainsi et il ne souhaitait pas une querelle pour fêter son retour. Peut-être était-ce la fatigue. Peut-être qu'un bon bain lui replacerait les idées.

Il savait que c'était insensé. Pourquoi redoutait-il qu'Elizabeth soit enceinte? C'était naturel. C'était normal. C'était la prochaine étape. Alors pourquoi cette sensation désagréable au creux de son estomac? Cela n'allait pas. Fitzwilliam Darcy ne laissait pas ses peurs décider pour lui ni gâcher son humeur. Si Elizabeth portait son enfant, alors c'était une bonne nouvelle et c'est ainsi qu'il devait le voir. Si elle ne l'était pas, elle le serait bien un jour et il se devait d'être préparé à cette éventualité.

Lorsqu'il rejoignit la chambre, fraîchement lavé, il remarqua que sa femme n'avait pas pris place sous les couvertures. Elle ne lisait pas non plus. Remarquant le froncement au milieu de son front, Darcy sut qu'il avait semé un doute dans son esprit. Lorsqu'il fut à sa hauteur, elle leva des yeux scrutateurs vers lui.

-'Vous savez que de quitter une conversation alors qu'elle n'est pas terminée est hautement impoli.' Lui dit-elle d'une voix légèrement agacée.

Darcy baissa la tête vers sa main qu'il venait de prendre dans la sienne. 'Oui, Lizzie, j'en suis désolé.'

-'Que se passe-t-il? Vous êtes nerveux et ce n'est pas habituel.'

Devait-il vraiment lui dire ou blâmer son attitude sur sa fatigue? 'Et bien…'

-'Ne me mens pas, Will.'

Surpris par ce ton de reproche, il réalisa soudainement qu'Elizabeth était capable de lire en lui beaucoup plus facilement qu'il ne l'avait imaginé. Il n'avait d'autre choix que d'opter pour la vérité. 'J'ai seulement quelques...inquiétudes, quant à votre…condition.'

-'Ma condition?'

-'Oui. J'ai passé les dernières semaines en compagnie de Charles qui, je dois dire, n'est pas des plus faciles à divertir lorsqu'il est dans cet état.'

-'Quel état?'

Darcy soupira. 'Il est si…si obséder par Jane et leur enfant que s'en était presque alarmant.'

Elizabeth haussa un sourcil, sceptique. Il poursuivit : 'Je ne l'ai jamais vu aussi intensément épris de votre sœur, c'était tout comme si quelques jours loin d'elle signifiait la fin du monde.'

-'Jane est enceinte, Will, comment voudriez-vous qu'il réagisse?'

-'C'est exactement ça!' S'exclama-t-il, un peu fâché qu'elle ne soit pas de son côté. 'Je ne comprends pas, c'est plus fort que moi, je trouve ce comportement irraisonnable! Jane porte peut-être son enfant, mais la vie continue! Le voir agir ainsi m'a fait réaliser que je n'étais pas…prêt…à faire face à cela si vous, vous êtes…enfin, si vous êtes…'

Lizzie sembla soudainement comprendre où il voulait en venir. 'Vous craignez que je sois enceinte?'

-'Enfin, craindre est un bien grand mot…' se défendit-il, soudainement honteux de ses propos. 'Je crois seulement que c'est encore tôt, pour nous, de fonder une famille.'

Elizabeth se dressa soudainement et l'expression dans ses yeux confirma ce que Darcy avait voulu éviter; il l'avait offensé. 'Nous sommes une famille, Will.' Lui dit-elle d'une voix dure. 'Et non, je ne le suis pas, si cela peut vous rassurer.'

-'Lizzie, pardonnez ma rudesse, ce n'est pas ce que j'ai voulu dire. Avec tout ce qui s'est passé dans les derniers mois, j'ai l'impression de ne pas avoir eu le temps de m'habituer à nous, à notre nouveau statut. Ne pourrais-je pas profiter un peu de ma femme avant que les enfants arrivent? Vous savez à quel point il m'est difficile de faire face au changement, alors comprenez-moi lorsque je dis que ce n'est pas que je ne veux pas d'enfant, c'est seulement que j'aimerais profitez de nous tout d'abord.'

Et c'était vrai. Maintenant qu'il le disait, il réalisait que cette réticente était bel et bien provoquée par son égoïsme. Il voulait sa femme pour lui seul, il ne souhaitait pas la partager, pas encore.

Elizabeth parut un peu s'adoucir. 'Je peux comprendre.' Répondit-elle après un moment. 'J'espère seulement que, le temps venu, vous serez tout de même heureux. Je ne crois pas nécessaire de vous rappeler que ce genre de chose ne s'empêche pas vraiment, ça peut arriver à tout moment.'

Il chassa une mèche de son visage. 'J'en suis conscient. Il faut que vous sachiez que je ne serai jamais comme Bingley, Lizzie, à démontrer publiquement mes sentiments, à m'en faire pour un rien, à vouloir tout savoir. Il y a des domaines où je ne me sens pas à l'aise et ceci est l'un d'eux. Mais je serai heureux le temps venu, j'en suis persuadé, bien que je n'aurai pas la même manière de le montrer.'

Elle soupira brièvement, puis haussa les épaules. 'Cela suffira, je suppose. Peut-être que le temps saura vous faire changer d'avis.'

Darcy fit une légère grimace. 'Je crains d'être une cause désespérée.'

Elizabeth eut un petit rire, entourant son cou de ses bras. 'Nous verrons bien.'

(*-*-*)

Comme Darcy avait prévu, Lesley fut déclaré coupable tôt dans la matinée du deuxième jour. Compte-tenu du nombre d'évidences et de témoignages, les maigres efforts que le criminel avait fournis afin de bâtir sa défense ne firent pas le poids contre les arguments de Darcy et ses associés. Et, comme ces derniers l'avaient prévu, la peine de mort fut prononcée, mais la possibilité de choisir l'exil fut offert au condamné, offre qu'il accepta sans grande joie. C'est donc sans regret que le maître de Pemberley observa le bateau menant en Australie quitter le port de Londres, emmenant avec lui un homme qui ne finirait jamais de le haïr.

À la maison, tout le monde s'activait. Des malles pleines jonchaient l'entrée alors que des valets s'occupaient de charger les voitures qui les mèneraient à Pemberley, laissant le soin aux femmes de nettoyer la demeure avant le grand départ. Elizabeth supervisait le tout comme si elle avait fait cela toute sa vie, flanquée d'Abigaëlle qui s'activait énergiquement à ce que rien ne soit oublié. Darcy observa cette scène avec satisfaction, le cœur léger, l'humeur joyeuse.

-'À ce rythme, nous serons parti dans l'heure.' Commenta-t-il avec un sourire.

Lizzie répondit de même. 'Je l'espère bien. Miss Grant a fait préparer un goûter pour la route. Nous avons cru bon de fermer les cuisines maintenant, afin que cela ne retarde pas le reste.'

-'C'est une bonne idée.'

-'Il ne reste que ces celles-ci à charger. Notre voiture est déjà prête, elle attend devant la porte. Souhaitez-vous vous changer, Mr Darcy?'

-'Ce ne sera pas nécessaire.'

-'Tant mieux car tous vos vêtements sont rangés, de toute manière.'

Darcy eut un petit rire. 'Cela valait bien la peine de me le demander. Je suis heureux de savoir que vous avez retrouvé votre bonne humeur, Mrs Darcy.'

Elizabeth eut un petit rire. 'Nous partons pour Pemberley, comment pourrais-je ne pas être heureuse? Jane me manque, bien sûr, mais je la retrouverai bien assez vite. Je lui ai promis d'être présente lors de la naissance de son enfant et novembre n'est pas si loin. En attendant, cela me permettra de passer un peu plus de temps avec vous.'

Darcy effleura brièvement sa joue. 'Oui. Nous aurons tout l'été ensemble.'

Lorsque tout fut prêt, le couple monta à bord de la diligence sans une once de regret. Ce séjour à la ville avait été plaisant dans l'ensemble, mais ils leur tardaient de retrouver Pemberley. Ils furent bientôt loin de Londres, de sa chaleur et de ses bruits et c'est en échangeant un sourire que les Darcy prirent la route du Derbyshire.

(-*-)

Alors voilà! Ce n'était pas très long, je sais, mais comme j'ai dit je n'ai pas eu beaucoup de temps…J'espère que vous avez apprécié quand même ! Le prochain chapitre ne mettra pas autant de temps à être publié, je vous le promets ^^

À tinou06 : Pour écrire un message privé, il faut avoir un compte fanfiction. Une fois connecté, il faut ensuite aller sur mon profil et en haut à gauche il est écrit PM messaging. Voilà : )

Merci à toutes celles qui laisse des reviews, ça me fait tjs autant plaisir : )

P.s. Merci à Fairyteyla de m'avoir pointé que Darcy et Bingley se tutoyant ne collait pas trop, après relecture j'ai constaté qu'elle avait bien raison!