Bonjour les demoiselles! Voici un nouveau chapitre pour vous, j'espère que ça n'a pas été trop long : ) Bonne lecture !
Chapitre 14
Retour à Pemberley
(-*-)
Abigaëlle observa la vue du haut de la terrasse, respirant l'air frais à plein poumons. Il lui semblait qu'une éternité s'était écoulée depuis qu'elle avait quitté le miteux logis de son oncle et sa tante et encore plus longtemps depuis qu'elle avait quitté la ferme familiale. Elle se rappelait encore la première fois qu'elle avait mis les pieds à Londres; son frère aîné l'avait conduite jusque chez son oncle, l'air sombre dans son uniforme de soldat, et il l'avait quitté aussitôt arrivé avec un seul baiser sur le front comme salut. Elle l'avait regardé partir sans dire un mot, gravant dans sa mémoire sa grande carrure et son pas assuré, un étrange contraste contre la saleté et l'obscurité des lieux. Il ne s'était pas retourné, pas une seule fois, mais elle l'avait vu serrer les poings. Elle savait que derrière son air solennel se cachait le même sentiment qu'elle ressentait alors que ses yeux suivaient avidement la silhouette rouge qui disparaissait rapidement au loin. Ils avaient été proches, ses deux frères et elle. La séparation ne pouvait être que douloureuse.
La vie à la ville n'était pas la même qu'à la campagne et Abby avait eu du mal à s'y habituer. Cependant, les enseignements de ses défunts parents l'avaient guidé comme un phare dans la nuit lors de ses moments les plus difficiles: Dieu ne met jamais sur ta route des épreuves que tu ne peux surmonter. Toutes les fois que le courage venait à lui manquer, Abigaëlle prenait une grande inspiration et refusait de se laisser décourager. Dans les pires moments elle se recroquevillait sur elle-même et fermait les yeux, laissant les images qui avaient marquées son enfance envahir son esprit.
La ferme de ses parents était petite, à peine une acre, située sur un terrain d'un riche propriétaire qui louait des parcelles à ses employés. Autour d'eux plusieurs autres habitations semblables se côtoyaient, toutes aussi simples les unes que les autres. Un étage, trois pièces; deux chambres et une cuisine qui comprenait salle à manger et salon. Parfois, une minuscule mezzanine était ajoutée au-dessus des chambres qui était accessible par une échelle de bois et qui servait pour le rangement. Abby avait partagé sa chambre avec ses frères, ces deux grands gaillards qui murmuraient et riaient jusqu'à tard dans la nuit. Elle avait souvent envié cette complicité qui les unissait et n'avait pu retrouver dans l'amitié ce lien si spécial, peu importe la force avec laquelle elle avait essayé de se faire des amies. Les filles du coin la trouvait trop rêveuse, trop fonceuse et, surtout, détestait la manière qu'elle avait de s'exprimer.
La maison était situé tout près du ruisseau et des boisés, sur la frontière nord-ouest des terres de Mr Merriwether. Le père d'Abigaëlle avait obtenu son emploi dès l'ouverture de l'usine de coton et fut donc dans les premiers à s'établir à cet endroit. Les habitations s'étaient multipliés au fil des années alors que l'entreprise prenait de l'expansion, transformant une prairie autrefois inhabitée en un champ de petites maisons de bois et de pierre au toit de paille où grouillait femmes et enfants à journée longue. Malgré les interminables heures de travail et le manque fréquent d'argent, Abigaëlle n'avait aucun souvenir d'en avoir souffert. Tout ce dont elle pouvait se rappeler était les fleurs près de la seule minuscule fenêtre de la maison, les bêches, seaux et pelles contre le mur, le petit chemin menant à l'étable qu'ils partageaient avec quatre de leurs voisins. Le potager, derrière, dont sa mère prenait grand soin. Les projets de ses frères qui aimaient tant le bois. La corde à linge où le vent soulevait des draps défraîchit et des vêtements cent fois raccommodés. L'odeur d'animaux, de tabac bon marché et de feu. Tout ceci elle se souvenait et non les fois où la nourriture était maigre et les hivers froids. Lorsque le bois manquait et que tous les cinq se retrouvaient dans la chambre de ses parents, collés les uns aux autres pour se réchauffer, elle s'endormait avec la voix de sa mère qui chantait une balade. Il lui semblait que, à travers ses yeux à demi fermés, la vue de son père et de sa mère, main dans la main, le regard amoureux, était suffisant pour lui apporter la chaleur dont elle avait besoin.
Sa vie avait changé si drastiquement! L'atmosphère étouffante, les hautes habitations de pierre, les chemins sinueux, le manque d'espace et de verdure, l'air malsain et nauséabond, le grand nombre de gens, tout était à l'opposé de ce dont elle était habitué. Les premiers jours avaient été pénibles alors que l'odeur de l'usine de savon et de chandelles lui avait donné la nausée, encore plus insupportable que celle des excréments et de l'urine qui ne quittait jamais les rues. Abigaëlle n'était pas coquette, mais même ici le minimum d'hygiène n'était pas respecté. Le temps et l'espace lui avaient souvent manqué pour effacer les traces de ses journées laborieuses et c'était avec dégoût qu'elle s'endormait le soir, trois de ses cousines contre elle dans un lit simple. Comment les gens pouvaient-ils vivre ainsi? Comment arrivaient-ils à dormir avec tout ce bruit? N'y avait-il donc pas un seul homme sobre la nuit tombée? N'y avait-il donc pas de repos, même le dimanche, pour célébrer Dieu? Il lui semblait que chaque journée était une question de survie.
Et ce l'était. Oh, oui, ce l'était. Comment ses frères avaient-ils pu la laisser ici? Pensaient-ils à elle? Viendraient-ils la chercher? Elle s'était accrochée à cet espoir pendant longtemps, travaillant jour après jour afin de gagner son pain et aider Molly, qui était dangereusement pâle et frêle. Abby s'était vite attaché à elle, qui avait un cœur d'or et une personnalité douce, et n'aurait certainement pas pu supporter les premiers mois dans sa nouvelle famille si elle n'avait pas été là. Et comme sa tante l'avait prédit, Abigaëlle s'était habitué aux odeurs et plutôt que de la rendre malade elles devinrent seulement désagréables. Ses mains, déjà renforcies par le travail de ferme et à l'usine, s'étaient encore plus endurcies. Son caractère et ses habitudes s'étaient adaptés à la ville et elle en était venue à accepter son sort avec, sans jamais vraiment disparaître, le vague espoir qu'un jour ses frères viendraient la chercher.
Mais ce ne fut pas ses frères qui la libérèrent de l'enfer dans lequel elle vivait, mais Elizabeth Darcy. Comment Abby avait-elle pu hésiter une minute? Comment avait-elle pu refuser la première fois? Elle avait été si inquiète pour sa tante qu'elle n'avait pas vu que la solution à sa misère était là, à portée de main, et elle remerciait le ciel que cette opportunité ne se soit pas envolé en un nuage de fumée dès que Mrs Darcy eut tourné le dos ce soir-là, dans Hyde Park. Abigaëlle avait cru que la culpabilité allait la ronger, qu'elle ne pourrait vivre avec elle-même pour avoir abandonné sa famille, mais l'argent qu'elle envoyait chaque semaine à sa tante suffisait à ce que sa conscience soit plus en paix. De plus, elle se sentait aussi utile ici qu'à Londres, sinon plus. Bien sûr, elle n'avait pas du tout les mêmes responsabilités, mais pour la première fois en un an elle ne se sentait pas comme un fardeau. Avec une bouche de moins à nourrir et plus d'argent en poche, Molly s'en sortait certainement mieux qu'avant. Abby se promit d'aller la visiter l'hiver prochain, lorsque les Darcys passeraient quelques semaines en ville pour la Saison.
Maintenant qu'elle était à Pemberley, cette vaste propriété qui occupait presque la moitié du Derbyshire, Abigaëlle ne pouvait croire la chance qu'elle avait d'avoir décroché un poste si important. La maison à Londres avait été impressionnante, mais ça, c'était tout autre chose. Lorsque la diligence était passée à travers les grilles de fer forgé, Abigaëlle n'avait pu s'empêcher de siffler d'admiration. Quelle immensité! Jamais de sa vie ses yeux ne s'étaient posés sur un domaine aussi luxueux et magnifique. Même son ancien employeur, Mr Merriwether, ne possédait pas une si grande propriété et de si vastes jardins. Perchée près du cocher, elle avait observé avec admiration chacun des détails qui constituaient la route principale et ce qu'elle pouvait apercevoir du domaine. L'odeur de fleur et de gazon fraîchement coupé lui avait chatouillé agréablement les narines, une odeur qui semblait s'être perdu dans sa mémoire, chassé par les effluves de la ville. À ce moment, elle avait compris l'amour d'Elizabeth pour Pemberley, son propre cœur s'éprenant de l'endroit au premier regard.
Tous les domestiques de la demeure s'étaient enlignés près de la porte afin d'accueillir leurs maîtres. C'est avec curiosité qu'Abigaëlle avait observé les visages sérieux, presque anxieux, des gens présents, tous aussi droits et fiers les uns que les autres. Lorsque la diligence s'était arrêtée, son cœur battait si fort que ses mains tremblaient. Une vieille dame du nom de Mrs Reynolds avait salué les Darcys, une larme à l'œil, et Abby avait été étonnée de voir Elizabeth se diriger presqu'aussitôt vers une petite fille d'à peine huit ans qui serrait une poupée dans ses bras.
-'Bonjour Sophie.'
Cette dernière avait rougit jusqu'à la racine des cheveux alors que sa mère la poussait gentiment vers l'avant.
-'B'jour.' Avait-elle répondu sans oser lever les yeux.
-'Et bien, ce que vous avez grandi mademoiselle! Une vraie dame.' Avait sifflé Elizabeth en s'approchant. Puis elle lui avait dit, sur le ton de la confidence : 'Je vois que tu as bien pris soin de la poupée. Je savais que je pouvais te faire confiance.'
Sophie n'avait pu s'empêcher de sourire. 'Elle a dormi avec moi tous les soirs.'
-'C'est bien, elle n'aime pas être seule.'
Soudainement, le visage de la fillette s'était déconfit et elle avait regardé le jouet avec tristesse. Soupirant, elle le lui avait tendu : 'Voilà. Maintenant que vous êtes de retour, elle n'a plus besoin de moi.'
Elizabeth avait doucement repoussé la poupée. 'Je préfèrerais que tu la gardes, Sophie. Avec tout ce que j'ai à faire ici, elle serait bien seule si elle restait avec moi. Est-ce que tu crois que tu serais capable de t'en occuper pour toujours?'
Sophie avait hoché la tête, les yeux brillants. Lizzie lui avait souris avant de se tourner vers sa mère. 'Un vrai petit ange, Mrs Brown.'
Abby était consciente du privilège que sa position lui donnait car elle était témoin de la vraie nature d'Elizabeth. Au sein des invités et lors des visites de politesse, Elizabeth n'était pas la même. Polie, respectueuse, Mrs Darcy assumait son rôle avec courtoisie. Peut-être Abby était-elle la seule à remarquer les petits mouvements nerveux de ses mains, le léger froncement de sourcils, le tapement de ses pieds dans l'air lorsqu'elle s'impatientait. Ou bien les furtifs regards vers la porte et les intonations de sa voix lorsqu'une hôte ou une invitée faisait subtilement des remarques déplacées. En privé, elle était une tout autre personne et elle n'avait aucune difficulté à avouer qu'elle préférait largement le côté plus cynique et aventurier de sa maîtresse plutôt que les faux sourires et la voix de velours. Il n'avait pas été long pour qu'Elizabeth donne toute sa confiance à sa suivante et lui confie ses véritables états d'âmes et opinions. Abigaëlle en avait été flattée et s'était juré de se rendre digne d'un tel honneur. Elle admirait Mrs Darcy plus que quiconque, admiration qui ne cessait de se renouveler au fur et à mesure qu'elle apprenait à la connaître. Son grand cœur, son amour pour son mari et sa famille, son intelligence et intérêt pour les choses de la vie détruisaient tous les préjugés qu'Abby avait eus envers la bourgeoisie. Elizabeth Darcy était différente des autres et pour le mieux. De la voir accroupie près de cette enfant qui aurait été ignoré de n'importe quelle femme de société avait gonflé son cœur de fierté et c'est la tête haute et un sourire aux lèvres qu'elle avait suivi le couple jusqu'à l'intérieur de la maison.
Abigaëlle s'étira en baillant. En ce dimanche après-midi, elle ne savait pas comment occuper son temps. Des congés, elle n'en avait jamais eus, excepté pour aller à l'église, et elle avait bien du mal à obéir aux ordres d'Elizabeth. Cette dernière lui avait formellement interdit de faire quoi que ce soit ou d'aider qui que ce soit aujourd'hui. Elle souhaitait qu'Abby se repose et profite du soleil, mais les jambes de la jeune femme fourmillaient d'impatience. Elle n'avait pas l'habitude de ne rien faire et elle n'était pas certaine que cela lui plaisait.
Au loin, elle vit deux silhouettes émergeant des écuries, l'une en amazone sur sa jument à la robe pâle et l'autre droit et fière sur son étalon noir. Abigaëlle n'avait pas de mal à reconnaître ses maîtres et elle souhaita soudainement pouvoir les accompagner dans cette balade. Il n'était pas rare qu'Elizabeth requiert sa compagnie lorsqu'elle voulait faire une promenade sur la propriété et Abby était toujours heureuse d'y aller avec elle, ne pouvant se rassasier des paysages de Pemberley. Cependant, elle n'allait certainement pas s'imposer alors qu'Elizabeth passait enfin du temps seule avec son mari. Abigaëlle ne comprenait pas les rumeurs qui circulaient comme quoi sa maîtresse avait marié Fiztwilliam Darcy pour son argent. Quiconque les observait un tant soit peu pouvait deviner l'attraction qu'ils avaient l'un pour l'autre. Si Darcy était plus discret, les yeux d'Elizabeth vendaient la mèche. Ils pétillaient dès que son époux entrait dans la pièce et un petit sourire ne quittait plus ses lèvres jusqu'à ce qu'il disparaisse. Sa voix était plus douce lorsqu'elle s'adressait à lui et son rire plus sincère. Quelque chose se passait en elle lorsque Darcy était présent, une transformation soudaine. Son désir d'être près de lui et de le toucher était presque palpable. Abby trouvait étrange que deux personnes partageant une aussi grande chimie ne le démontrent pas plus souvent, ne serait qu'un tant soit peu. Elle avait vu plusieurs couples se frôler par-ci par-là, à l'abri des regards, un effleurement de taille ou de bras, des croisements de doigts sous la table, des genoux qui se touchent. Cependant, cela ne se produisait jamais entre Darcy et Elizabeth. Abigaëlle ne pouvait peut-être pas voir l'amour qu'ils avaient l'un pour l'autre, mais elle pouvait le sentir. Et même si Darcy n'était pas ouvertement démonstratif, les attentions qu'il portait à sa femme et l'étincelle subtile dans ses yeux étaient suffisants pour la convaincre que le maître de Pemberley, aussi coincé soit-il, était amoureux d'Elizabeth.
Abigaëlle se retourna, observant la façade de la maison. Elle avait passé les dernières semaines à découvrir la place, fascinée par le luxe et l'immensité des lieux. C'était tout comme si elle était dans un rêve. La maison était si grande qu'elle s'y était perdue plusieurs fois avant de pouvoir se retrouver et l'endroit comptait tant de domestiques qu'il ne se passait pas une journée sans qu'elle fasse la connaissance d'une nouvelle personne. Elle avait eu du mal à apprendre tous les noms, mais elle commençait peu à peu à s'intégrer et cela lui plaisait vraiment. Si les gens étaient au courant de ses origines, ils ne le faisaient pas sentir. Peut-être était-ce parce qu'elle était toujours prête à rendre service, peu importe la tâche, mais ils l'acceptaient comme si elle avait toujours fait partie de la maisonnée. Une paisible routine s'était installée où Abby trouvait un sentiment de bonheur presque égal à celui qu'elle avait ressenti lorsqu'elle était chez ses parents. Ici, elle mangeait à sa faim et dormait au chaud dans sa propre chambre. Son lit était lavé à toutes les semaines. Elle était payée généreusement et se promenait tous les matins dans les plus beaux jardins du comté. Elle travaillait pour une famille qu'elle respectait et qui la respectait en retour, Elizabeth lui offrant une amitié dont elle ne se serait jamais crue digne. Malgré l'absence de sa famille – et elle sentait ce point douloureux au niveau de son cœur chaque fois qu'elle y pensait – elle se surprit à s'attacher à ce nouvel endroit comme si elle y avait toujours appartenu. Pemberley était sa maison maintenant et elle en était heureuse.
(-*-)
-'Lizzie! N'allez pas trop loin!'
Elizabeth ignora la voix de son mari alors qu'elle accélérait le pas de son cheval. 'Venez!' cria-t-elle sans même se retourner, dirigeant l'animal vers le boisé qui se dressait à une centaine de mètres devant elle.
-'Lizzie! Arrêtez!
La journée était magnifique. Pemberley verdoyait sous le soleil de juillet, plus enchanteur que jamais. Les fleurs sauvages parsemaient le pré dans lequel elle s'était engagée et les herbes hautes pliaient sous une brise agréable, frôlant les genoux de son cheval dans leur ondulation. Elizabeth se retourna; au loin, la maison se faisait de plus en plus petite. Les jardins ressemblaient à un grand labyrinthe de haies aux formes arrondies, égayés par les bassins d'eau et les fontaines. D'où elle était perchée, elle apercevait une grande partie du domaine principal et même quelques fermes, au loin, sur sa gauche. Elle prit une grande inspiration.
-'Regardez comme c'est magnifique.' Murmura-t-elle lorsque Darcy s'arrêta à sa hauteur.
-'Je serais ravi de profiter du paysage si mes yeux n'étaient pas occupés à vous surveiller, Elizabeth.' La gronda-t-il, l'air sévère. 'Cela ne fait pas si longtemps que vous montez à cheval, vous n'êtes pas prête à faire des folies. Vous auriez pu tomber, cette pente était très abrupte.'
Elle lui fit un grand sourire. 'Je n'ai eu aucun mal à me tenir.'
-'Je suis sérieux. Vous auriez pu vous blesser gravement.'
-'Et bien je ne le suis pas.'
-'Lizzie, lorsque j'ai accepté de vous montrer à monter à cheval, je ne m'attendais pas à ce que vous vous entêtiez à faire comme bon vous semblait. Il est important de commencer tranquillement, vous ne pouvez partir galoper après quelques jours, c'est tout à fait insensé.'
La jument s'impatienta sous elle. Elizabeth tapota son cou avec sa main, haussant un sourcil en direction de son mari. 'Voyez? Même Perle trouve vos propos ridicules.'
Darcy roula les yeux. 'Vous êtes incorrigible.'
-'C'est comme si j'en avais fait toute ma vie. Cette sensation de liberté est…fascinante. Je comprends maintenant pourquoi les hommes aiment tant ce loisir et je compte bien apprendre le plus rapidement possible. Un jour, je chasserai avec vous.'
-'Ne dites pas de bêtises. Peu de femmes chassent.'
-'Cela ne veut pas dire que je dois m'en abstenir pour autant.'
Son époux fronça les sourcils. 'Ma foi, vous êtes sérieuse. Vous souhaitez réellement apprendre à chasser?'
Elizabeth lui jeta un regard surpris. 'Bien sûr que je suis sérieuse. Je ne vois pas pourquoi les hommes seraient les seuls à pouvoir profiter de l'exaltation que procure ce genre d'activité.'
-'Vous savez que monter en amazone ne permet pas autant de mouvements et souplesse. Les risques de chutes sont beaucoup plus grands.'
La jeune femme tourna les rennes de sa jument un peu plus brusquement qu'elle ne l'aurait voulu. 'Oui, je sais.' Répondit-elle, agacée. 'C'est une injustice, si vous voulez mon avis.'
Elle dirigea l'animal vers le boisé en le talonnant légèrement. Darcy la suivit aussitôt, rapprochant sa monture de celle de son épouse afin d'observer son visage. 'Vous êtes fâchée.' Constata-t-il. Puis il ajouta en soupirant : 'L'éternelle bataille des sexes, vieille comme le monde.'
Elizabeth lui jeta un regard noir. 'Facile d'être si nonchalant lorsque vous êtes du côté du « sexe fort »?' maugréa-t-elle en prononçant les derniers mots avec un sarcasme aussi subtil qu'un éléphant dans les rues de Londres. 'Les femmes sont obligés de se priver de tellement de choses seulement parce qu'elles sont des femmes! Qui a-t-il de mal dans l'envie d'apprendre à chasser? Ou bien dans le désir de pratiquer des sports? De parier? De voyager, partout? De sortir sans être accompagné? Une femme se doit d'être sage, d'être calme, de s'accomplir dans tellement de choses inutiles alors que toutes les choses réellement amusantes sont laissées aux hommes!'
-'Il n'y a pas que cela, Lizzie. Nous ne passons pas nos journées à nous amuser, nous avons un grand nombre de responsabilités. Nous prenons des décisions importantes, nous portons sur nos épaules les choix que nous faisons et vivons avec les conséquences qu'ils apportent. Nous voyons le monde tel qu'il est, dans ses beautés autant que ses défauts, et je peux affirmer que la nature humaine n'est pas toujours belle à regarder. Ce monde dans lequel vous avez grandi n'est pas la réalité, Lizzie, autant bien vous en avertir maintenant. La pauvreté, la guerre, la faim, l'esclavage, les épidémies, le dur labeur…Ce ne sont que quelques exemples sur une longue liste d'atrocités qui polluent notre société et dont les femmes de la gente sont protégés par leur situation. Il faut être solide pour survivre dans ce monde et je crois que les hommes sont plus aptes à supporter cette pression.'
-'C'est ridicule. À toujours vouloir nous protéger de tout, on finit par n'être que des esprits simples dont le plus gros dilemme est la couleur de la robe à porter au prochain bal. Je n'aime pas ce petit monde dans lequel les femmes d'aujourd'hui vivent, ce petit nuage de vanités si superficiel!'
Darcy eut un sourire énigmatique. Elizabeth s'impatienta. 'Puis-je savoir ce qui vous amuse? Dois-je vous rappeler que vous, en tant qu'homme, contribuez à ce que nous restions innocentes et naïves? À ce que ce monde si insipide se cultive, générations après générations?'
Son mari secoua légèrement la tête. 'Si je tenais réellement à maintenir cette illusion de monde parfait, je ne vous aurais pas épousé, ma chère Lizzie.'
-'Et bien!'
Darcy eut un bref rire. 'Ne soyez pas si surprise. Vous savez très bien que votre esprit est différent de celui des autres femmes. Votre intelligence dépasse les questionnements sur la dentelle et la mousseline.' Il attendit quelques instants avant d'ajouter, un peu plus sombrement. 'Je dois vous sembler une contradiction.'
En effet, il l'était. Elizabeth avait un million de preuves à l'appui pour affirmer que Darcy était bel et bien l'homme qui suivait le plus les convenances, pensées et doctrines de la société moderne. Qu'il affirme que c'était justement le fait qu'elle ne corresponde pas au modèle de femme exemplaire qui l'avait attiré ne manquait jamais de la surprendre. 'Oui, William, vous êtes parfois difficile à suivre.' Commenta-t-elle gravement. 'J'ai l'impression que deux forces se battent en vous et que l'une d'entre elle ne gagne jamais sur l'autre.'
Darcy fronça les sourcils, le regard sur quelque chose qu'Elizabeth ne pouvait pas voir. Elle venait de toucher une corde sensible et son époux ne semblait pas vouloir partager son opinion sur le sujet. Ce qui, bien sûr, ne l'empêcha pas de reprendre la conversation là où elle avait été arrêtée.
-'Je le pourrais, j'en suis certaine.'
-'Comment?'
-'Supporter la pression. Je le pourrais. Je crois que je préfère voir la vie telle qu'elle est plutôt que de vivre dans un cocon où tout est parfait.'
-'Étrangement, je suis d'accord avec vous.' Concéda Darcy après un moment d'hésitation.
Elizabeth haussa les sourcils. 'Vraiment?'
-'Ne croyez pas que je supporte cette idée, au contraire. Je suis le premier à défendre que la place des femmes est à la maison. Je crois sincèrement que leur nature plus délicate et compréhensive est ce qu'il faut à un foyer pour avoir des bases solides.'
Elizabeth était indignée. Avant qu'elle puisse prononcer un seul mot, Darcy poursuivit : 'Je ne dis pas cela pour dévaloriser votre sexe, voyez plutôt cela comme un compliment.'
-'Je ne vois pas comment se faire dire qu'être une boniche qui n'a comme but dans sa vie que de diriger une maison est un compliment, je suis désolée.'
-'Boniche n'est pas le terme que j'utiliserais.'
-'Peu importe le terme, le principe reste le même.'
-'Ce que je voulais dire est que, pour qu'une famille soit unie et stable, la femme est primordiale. Et je ne parle pas seulement de porter les enfants et de les mettre au monde. Je parle en terme de présence, de soutien, de compréhension…Un homme est trop brusque, trop dur pour remplir ce rôle. Les enfants ont besoin d'une personne qui saura les éduquer avec fermeté, mais douceur. Qui saura les consoler, les guider, les aider dans leur parcours alors que les hommes sont plutôt présent afin de les endurcir pour leur future vie d'adulte. Nous ne sommes pas assez proches de nos émotions pour savoir quand être tendre ou sévère. Nous n'avons pas la capacité que les femmes ont de deviner, de comprendre l'humain, de ressentir ce que l'on doit faire vis-à-vis autrui.'
Elizabeth fit la moue. 'Alors les femmes ne sont bonnes que pour faire et élever les enfants.'
-'Ne soyez pas de mauvaise foi, Lizzie, vous savez que je n'ai pas de mauvaises intentions derrière mes paroles. Ce n'est pas une question de n'être bon qu'à telle ou telle chose, car cela s'appliquerait tout autant aux hommes concernant certains domaines plus féminins, comme la peinture ou la musique.'
-'Oui, mais les hommes qui s'intéressent à la peinture ou la musique ne se font pas rejeter de la société. Une femme qui s'intéresse aux affaires d'hommes est aussitôt classée comme étant trop marginale.'
-'C'est juste.' Acquiesça Darcy. 'Je ne dis pas que je suis totalement d'accord, mais je crois tout de même que certaines choses sont mieux laissées à un certain sexe qu'à un autre. C'est une question d'équilibre. Un homme a besoin de sa femme autant qu'une femme a besoin de son mari. Chacun détient son rôle pour bien faire fonctionner sa famille. Si celui de l'homme est plus ingrat, celui de la femme n'est pas nécessairement plus facile. Certaines de mes connaissances vous affirmeraient le contraire, mais je ne prends rien pour acquis.'
Elizabeth se mordit la lèvre. 'Dois-je comprendre que la mort de votre mère y est pour beaucoup dans votre vision des choses?'
Darcy eut un léger sourire qui n'atteignit pas ses yeux. Il conserva son regard bien vers l'avant lorsqu'il répondit : 'Oui, je suppose que mon opinion est basée sur ma propre expérience. J'ai eu la chance de côtoyer ma mère pendant une dizaine d'années avant qu'elle ne nous quitte, nous laissant le soin à mon père et à moi d'élever Georgiana. Même si ma sœur a eu bon nombre de nourrices et gouvernantes pour lui donner affection et amour, et même si nous lui donnions tout ce que nous pouvions lui donner, ce n'était pas la même chose, nous le savions bien. J'avais pris la présence de ma mère dans ma vie pour acquise et ce n'est qu'à sa mort que j'ai compris qu'elle n'était pas seulement une femme, mais surtout ma mère, une base fondamentale dans ma vie. Sans elle, ce n'était plus pareil. Ma famille n'était plus pareille.'
Elizabeth demanda, incertaine : 'Vous la regrettez?'
Darcy haussa les épaules. 'Il y a si longtemps maintenant. Elle n'était pas la plus chaleureuse, mais elle était toujours là. C'était rassurant, cela me permettait d'avancer plus facilement car je savais que peu importe ce qui arrivait, elle serait toujours de mon côté. Elle me connaissait mieux que moi-même et savait comment agir avec moi. Cela ne se remplace pas.'
Lizzie hocha la tête. Elle songea à sa mère, qui était certes nerveuse et bruyante, mais qui était toujours en vie et qui, qu'elle le veuille ou non, était effectivement la personne la plus importante de sa vie, avec ses soeurs. 'Je suis désolée.'
-'Ne le soyez pas. Dieu a un chemin pour nous tous et même si j'aurais préféré que ma mère soit encore en vie, je crois que sa mort m'a tout de même apporté de bonnes choses. Des valeurs plus solides, une conscience plus accrue, de la persévérance, de l'endurance… Il faut savoir voir le positif de toute situation, peu importe sa nature.'
Elizabeth eut un petit rire. 'Vous parlez comme un philosophe.'
Darcy sourit à son tour. 'À mes heures.'
-'Vous avez raison.' Avoua la jeune femme en poussant un grand soupir. 'Nous avons tous un rôle qu'il est plus facile de jouer dans la société. Puisque mon statut me l'empêche, je me vois donc dans l'obligation d'envier le sexe opposé pour le reste de ma vie.'
-'J'étais sincère lorsque j'ai dit que je vous croyais capable de réussir à supporter la pression dans certains domaines réservés aux hommes.' Commenta lentement Darcy. 'Si vous voulez mon avis, le problème avec ces théories est quelles sont générales et non universelles. Certaines personnes sont destinées à prendre un chemin inhabituel et je trouve dommage de toujours mettre tout le monde dans le même moule. Cela s'applique à vous, je crois. Votre caractère et votre énergie est telle que je ne puis m'empêcher de croire que vous seriez capable de déplacer des montagnes.' Puis, il ajouta d'un air malicieux : 'Après tout, vous avez bien réussi à dompter le plus endurcit des bachelors d'Angleterre, cela compte pour quelque chose.'
Lizzie secoua la tête. 'Vous n'êtes pas dompté, William, sinon vous seriez à mes côtés beaucoup plus souvent.'
-'Vous m'avez présentement, non?'
-'Oui, maintenant. Mais pour combien de temps encore?'
Ils poursuivirent leur route en silence. Ce n'était pas qu'elle n'était pas heureuse d'avoir Darcy pour elle, bien au contraire! Jamais elle n'avait passé autant de temps avec lui depuis leur mariage et elle ne s'en plaindrait sûrement pas. Cependant, Darcy avait cette tendance d'être là sans être là. Il avait toujours quelque chose en tête, toujours un projet à mener à terme, toujours une priorité qui ne pouvait attendre. Alors même s'il passait ses après-midi avec elle, Elizabeth avait l'impression qu'il n'était jamais totalement présent. Elle ne pouvait le blâmer; après tout, il avait un domaine vaste dont il devait s'occuper et la moisson était imminente. Tant de choses avaient à être préparées : les granges devaient être aménagées, les jeunes animaux sevrés, les moutons tondus une seconde fois, certaines clôtures dans les pâturages avaient à être solidifiées. Sans parler des récoltes, qui réclamaient l'attention de presque tous les paysans, et où Darcy prenait bien soin de fournir eau et nourriture en quantité afin que ses hommes ne souffrent pas de la chaleur et d'épuisement. Cette attention aux détails alors qu'il aurait pu laisser ces soins aux mains de son intendant rendait honneur à son mari, Elizabeth devait se l'avouer. Elle était fière de le regarder diriger sa propriété, consciente que tant de gens comptaient sur lui.
-'Peut-être devrions-nous rebrousser chemin.' Proposa Darcy alors qu'ils s'aventuraient hors des sentiers battus depuis un moment. 'Je crains que ce chemin ne soit pas prudent.'
Lizzie laissa échapper un petit rire. 'Oh, William, les arbres sont si espacés que trois chevaux côte à côte y passeraient sans problèmes!'
-'Je serais plus rassuré de vous savoir sur la route. Si vous ne faites pas attention, vous pourriez-'
Elizabeth s'était tournée vers son mari pour mieux entendre ses paroles et ne vit donc pas la branche basse sur son chemin. Malgré la lenteur de la cadence de sa jument, Lizzie le remarqua trop tard et son réflexe fut de se pencher vers l'arrière. Sa jambe décrocha de sur son appui, la laissant sans équilibre, et elle glissa sur le flanc de l'animal avant de se retrouver les fesses sur le sol.
-'…tomber.'
Darcy démonta aussitôt et se précipita vers sa femme, qui, contre toute attente, riait aux éclats. 'Elizabeth, vous allez bien?'
Cependant, Lizzie était incapable de répondre tant elle riait. Elle avait été si surprise par sa chute qu'elle n'avait pas eu le temps d'avoir peur et c'est avec bonne humeur qu'elle se remémora une des importantes règles de l'équitation.
-'Ne jamais se pencher vers l'arrière, toujours vers l'avant.' Récita-t-elle en se calmant enfin, acceptant la main de Darcy qui l'aida à se relever. 'Et surtout regarder droit devant. Ciel, je suis heureuse que Perle ne soit pas très grande.'
-'Ou que la branche n'est pas été plus basse.' Grommela Darcy, qui ne semblait pas trouver la situation très drôle. 'Lizzie, et si vous aviez heurté votre tête?'
-'Elle est solide comme le roc, ne vous inquiétez pas.'
-'Avez-vous mal? Tout va bien?'
-'L'orgueil est un peu amoché, mais rien qui ne peut être arrangé par la promesse de ne jamais invoquer ce faux-pas en société.'
Darcy prit les rennes des chevaux et engendra le pas, lui jetant des coups d'œil de côté afin de s'assurer qu'elle ne s'évanouirait pas soudainement. 'Je crois que ce sera tout pour aujourd'hui. Nous ferons le reste à pieds.'
Elizabeth perdit son sourire. 'Will, ce n'était qu'un léger incident.'
-'Qui aurait pu être pire.'
-'Et qui ne l'est pas.'
-'La possibilité était quand même là. Lizzie, vous êtes inexpérimentée et vous agissez comme si vous ne vous souciez pas de votre vie. Des gens plus habitués que vous sont déjà morts ou ont été grièvement blessé dans des accidents impliquant des chevaux. Ne vous souvenez-vous pas de Jean?'
Si elle s'en rappelait? Elizabeth en eut un frisson. Elle avait eu si peur pour le petit! Heureusement, il ne boitait presque plus maintenant et ne laissait jamais son handicap l'empêcher de faire son travail ou s'amuser avec sa sœur. 'Oui, je me souviens. Je me souviens aussi qu'il était derrière le cheval et non dessus.'
-'Vous êtes têtue comme une mûle.'
-'Ma meilleure qualité, selon certain.'
Ils rentrèrent à pieds, Darcy refusant catégoriquement qu'elle remonte à cheval. Dans un sens, Elizabeth n'en était pas trop importunée. Sa région arrière était tout de même douloureuse dû à sa chute et de remonter sur la selle n'était pas la meilleure des idées.
Lorsqu'ils furent de retour à Pemberley, assis sur la terrasse devant un verre de limonade, Elizabeth soupira d'aise en regardant le coucher du soleil.
-'Je ne pourrai jamais me fatiguer d'une telle vue.'
-'Moi non plus.' Répondit son mari et, rosissant de plaisir, elle remarqua que son regard n'était pas dirigé vers le paysage, mais vers son visage. 'Je ne crois pas qu'il existe quelque chose de plus magnifique.'
Une lueur étrange brillait dans ses yeux et Lizzie ne put s'empêcher de rougir, flattée. Elle mourrait d'envie de tendre la main et de caresser sa joue, d'emmêler ses doigts dans ses cheveux, d'embrasser sa bouche invitante où se dessinait présentement un léger sourire si séduisant qu'elle en eut le souffle coupé. Si quelques secondes auparavant elle aurait souhaité que ce moment ne se termine jamais, elle avait soudainement une folle envie que la nuit soit déjà tombée afin de regagner leur chambre. Pendant l'espace d'un instant, elle crut qu'il allait lui prendre la main. Pendant un moment, elle était certaine qu'il ne pourrait supporter d'attendre plus longtemps et la supplierait de venir la rejoindre dans leur lit. Cependant, alors même qu'il ouvrait la bouche, les yeux si intenses qu'elle en frissonnait, un domestique arriva et aussitôt il retrouva sa contenance. Essoufflée, le visage cramoisi, Lizzie détourna le regard pour reprendre ses esprits. Il lui fallut un moment avant de comprendre que la présence du domestique était en fait un message qui lui était destiné et il fallut que ce dernier s'éclaircissent la gorge, mal à l'aise, afin qu'elle se tourne vers lui et prenne la lettre qu'il lui présentait sur un plateau d'argent.
Elizabeth l'ouvrit brusquement sans prendre la peine de regarder de qui elle provenait. Puis sa frustration s'envola et elle se sentit pâlir.
-'Mrs Darcy, tout va bien?' s'inquiéta Darcy, mais elle ne l'entendit pas, ses yeux parcourant le papier rapidement.
Elle sursauta lorsqu'elle sentit la main de son mari se poser sur son bras. 'Elizabeth?'
Déglutissant avec difficulté, elle tendit la lettre pour que Darcy puisse la lire à son tour. 'C'est de ma mère. Elle dit que Jane est dans un état critique.'
-'Quoi?'
-'Elle pourrait perdre le bébé.'
(-*-)
Voilà ! Je suis désolée s'il y a des fautes, j'ai eu du mal à me corriger pour celui-là, je ne sais pas pourquoi! J'ai hâte de savoir ce que vous avez pensé de ce chapitre-ci : ) Reviews? ^^
A Tinou06 : Il existe une alarme pour être averti lorsqu'un nouveau chapitre est en ligne, il faut s'inscrire au Story Alert (que tu peux trouver au même endroit que lorsque tu laisses un review), mais pour ça il faut avoir un compte fanfiction. A la prochaine, en espérant que ce chapitre t'a plu ^^
