J'ai tellement honte, vous n'avez pas idée…ma dernière publication date de la mi-janvier! Tout d'abord je ne voulais prendre que quelques semaines de pause…quatre, tout au plus, question de me remettre d'aplomb car quelques soucis de santé m'ont empêchés de bien fonctionner après la nouvelle année. Puis, 1 mois s'est transformé en deux…puis deux en deux et demi…et là je me suis dit que c'était assez. Chaque review me rappelait que beaucoup d'entre vous attendiez la suite avec impatience et que moi, dans mon syndrome de la page blanche, je n'arrivais pas à reprendre mon rythme avec le chapitre 21. Il a été difficile à écrire; même maintenant, je ne l'aime pas vraiment. Mais bon, peut-être serez-vous plus clémente envers lui que moi! Sur ce, bonne lecture
Chapitre 21
Un nouveau souffle
Il lui fallut plusieurs jours avant de sentir une réelle amélioration dans son état et Elizabeth accueillit le retour de sa voix avec soulagement. Elle avait passé la dernière semaine dans le silence et, lorsqu'elle ne dormait pas, passait ses journées à lire ou écouter Abby ou Darcy lui parler. Elle était inhabituellement calme depuis sa maladie et ce n'était pas par peur de retomber malade – car sa toux diminuait peu à peu et n'était plus que légèrement douloureuse – mais par peur de perdre l'attention que son mari lui portait depuis qu'elle était revenue à elle.
Darcy ne semblait plus le même homme. Malgré ses nombreux devoirs à Pemberley, il prenait toujours le temps de venir lui rendre visite matin, midi et soir, prenant ses repas avec elle, lui racontant des anecdotes de son passé – notamment son tour d'Europe, histoire qui l'avait tant intrigué qu'Elizabeth l'avait obligé à sortir les cartes et les gravures sur les nombreuses villes qu'il avait visité – et s'assurant toujours qu'elle ait tout ce dont elle avait besoin. Il dormait même avec elle la nuit venue et, plus que tout le reste, conservait cette nouvelle familiarité entre eux en la tutoyant lorsqu'ils étaient seuls.
Cependant, malgré toutes ces attentions Darcy restait légèrement distant. Parfois, lorsqu'il croyait qu'elle dormait, Elizabeth en profitait pour l'observer entre ses paupières. Très souvent elle le voyait regarder par la fenêtre, l'air sérieux, le front plissé et le regard décidé. Lizzie ne savait pas ce qui se tramait dans la tête de son mari – il évitait toute conversation pouvant remémorer les mois précédents – et elle s'en impatienta bien assez vite. Son manque d'énergie ne lui permettait pas d'insister auprès de lui, mais elle se promit de le confronter à ce sujet lorsqu'elle aurait retrouvé sa forme habituelle.
Elle n'eut pas besoin de forcer Darcy à expliquer son étrange comportement. En effet, elle se réveilla un matin aux petites heures et elle le surprit en train de la regarder. Ses doigts jouaient doucement dans ses cheveux, caressant les boucles brunes avec délicatesse.
-'Ne me regarde pas, Will, je suis affreuse.' Marmonna-t-elle en se cachant avec sa main, consciente que les cernes sous ses yeux n'étaient pas tout à fait disparus et que la pâleur de son visage était toujours visible, même dans la pénombre décroissante de leur chambre. De timides rayons de soleil perçait à travers les rideaux laissés ouverts et les éclairaient d'une lumière blanchâtre.
-'Tu es magnifique.' Répondit-il à voix basse, traçant le contour de sa figure avec le bout de son index. 'Tu es toujours magnifique.'
Darcy l'embrassa sans empressement. Cela allait sans dire que la dernière semaine avait été pauvre en contacts physiques autre que platonique, mais maintenant qu'elle reprenait du mieux, Elizabeth sentit ce désir ardent dès que leurs lèvres se rencontrèrent. Elle ne pressa pourtant pas la chose; sa peur de voir son mari s'enfuir de nouveau à Londres l'empêcha de répondre à la passion qui menaçait de l'envahir.
-'Depuis quand restes-tu éveillé pour me regarder dormir?' demanda Lizzie lorsque Darcy libéra sa bouche et déposa un léger baiser sur son front.
-'Quelques jours.'
-'Pourquoi?'
Il eut soudainement l'air sérieux. 'Parce que chaque matin je remercie le ciel de pouvoir me réveiller une fois de plus à tes côtés.' Il l'attira subitement à lui pour l'étreindre avec force. 'J'ai vraiment cru que j'allais te perdre.' Murmura-t-il d'une voix plus rauque qu'à l'habitude. 'Et je n'aurais pas pu le supporter, Lizzie, je n'aurais pas pu supporter de ne plus t'avoir à mes côtés, de ne plus t'entendre rire, parler, chanter…Et la seule idée de ne pas pouvoir me faire pardonner pour tout ce que je t'ai fait a failli me rendre fou…'
Elizabeth paniqua légèrement en entendant l'intensité dans sa voix. Elle leva la tête et prit son visage entre ses mains pour qu'il la regarde dans les yeux. 'Il n'y a rien à pardonner que je ne t'ai pas déjà pardonné.'
Darcy fronça les sourcils. 'Non, je ne peux pas accepter cela. J'ai besoin de te dire ce que je ressens. Depuis une semaine j'attends que tu prennes du mieux pour enfin te dire à quel point je m'en veux pour la manière dont je t'ai traité. J'ai été égoïste et sans cœur, je n'ai pas su t'écouter et te protéger comme j'ai promis de le faire. Je t'ai fait mal et il m'est insupportable de penser que j'ai été capable d'être celui qui t'a blessé.'
Lizzie secoua la tête. 'J'ai mes torts aussi dans cette histoire, ne prend pas tout le blâme.'
-'Tu as réagi à mon comportement plus qu'inacceptable, c'est tout à fait normal.'
-'J'ai essayé de forcer quelque chose sur toi à laquelle tu n'étais pas prêt. J'aurais dû être patiente et trouver un moyen de te parler plutôt que de te le lancer au visage.'
Darcy resta silencieux un moment. 'Peu importe.' Finit-il par dire. 'L'important est que maintenant je ferai tout pour que ce genre de situation ne se répète plus jamais. Je suis prêt à changer et je ferai tout pour être l'homme que tu désires.'
Elizabeth eut un sourire. 'Tu es déjà l'homme que je désire, William.'
-'Tu désires un homme qui rejette sa femme à la première contradiction?'
-'Non. Je désire un homme qui est prêt à évoluer et c'est ce que nous allons faire. Nous allons nous adapter, tous les deux, ensemble, pour que ce genre de malentendus n'arrive plus entre nous. Je ne veux pas te changer, je veux seulement que l'on aille de l'avant et que l'on apprenne à être heureux, à s'accepter, le bon comme le mauvais.'
Elle lui fit un grand sourire et il apposa un léger baiser sur ses lèvres. 'Cette lumière dans tes yeux me manquaient.' Murmura Darcy en appuyant son front contre le sien. 'Pendant un moment j'ai même cru que je ne pourrais plus jamais le revoir.'
-'N'y pense pas, Will. Je suis ici maintenant.'
-'Je ne pourrai jamais l'oublier, Lizzie. Je ne peux te dire à quel point je suis soulagé et heureux de pouvoir te serrer à nouveau contre moi, de te voir ainsi, les joues roses, les yeux brillants. J'ai bien cru que j'allais partir avec toi cette soirée là et je te mentirais si je ne te disais pas que l'idée de te suivre ne m'a pas effleuré l'esprit.'
Elizabeth se crispa en entendant cela. La seule idée que Darcy s'enlève la vie lui était insupportable. 'Ne dis pas cela, Will, c'est un blasphème.'
Son air sérieux lui fit peur. 'Je sais. Cependant j'étais égoïste au point de vouloir te suivre là où tu irais, peu importe où tu irais.'
-'Tu ne peux pas réellement penser ce que tu dis.'
Darcy haussa les épaules. 'J'y ai pensé. Et j'en avais envie. Toute la nuit j'ai culpabilisé sur ce qui t'arrivait en me disant que si j'avais été là où j'aurais dû être, à tes côtés, tout ceci ne serait pas arrivé. Et je ne pouvais supporter l'idée de vivre alors que j'avais tant de choses à te dire. J'ai eu le temps de réfléchir pendant mon absence et j'ai réalisé à quel point j'étais à blâmer sur ce qui nous arrivait. Les remords peuvent être destructeurs et les miens l'étaient particulièrement. Ils le sont toujours d'ailleurs.' Il caressa doucement son visage. 'Je t'ai fait beaucoup de tort, Lizzie…et je m'en veux énormément.'
Elizabeth eut un triste sourire. 'J'ai compris beaucoup de choses, moi aussi, lorsque tu es parti.'
Elle posa son doigt contre son front, longeant le pli qui s'y trouvait avec douceur. Darcy fit un sourire qui n'atteignit pas ses yeux puis empoigna sa main pour la porter à ses lèvres. 'Peut-être, mais je prends la plus grande part du blâme.' Il soupira. 'Je n'avais pas le droit d'agir ainsi avec toi. Je me suis enfui comme un lâche.'
Lizzie prit une lente inspiration pour calmer son cœur battant; le voir ainsi lui faisait mal. 'Will, n'y pensons plus.'
Darcy leva un regard dur vers elle. 'Ne plus y penser? Comment pourrais-je oublier que j'ai été la source de ta douleur? Ou que tu as failli m'échapper, pour toujours? Jamais je n'oublierai cela et c'est tant mieux. Cela me servira de leçon pour ne plus jamais recommencer.'
-'Ce n'était pas ton intention, tu croyais bien faire…'
Son mari eut un rire sarcastique. 'Bien faire…Oui, moi qui croyait avoir un jugement sans faute, j'ai semé sur la famille Darcy une honte impardonnable.'
-'Que veux-tu dire?'
-'J'ai entendu les rumeurs. J'ai entendu ce qu'ils disent à notre sujet, à ton sujet. Il semble que les langues sales s'en sont donnés à cœur joie dans les derniers mois et j'ai été trop aveugle pour le réaliser. Si j'avais su ce que les commères disaient de toi, jamais je ne les aurais laissé faire. J'aurais…j'aurais…'
Lizzie posa une main sur la sienne. 'William, ce ne sont que des rumeurs, ce n'est pas la vérité. Nous savons tous les deux les faits réels et cela devra nous suffire. Mieux, nous prouverons au monde que ce n'est pas le cas. À partir de maintenant, il faut aller de l'avant.' Elle l'interrompit aussitôt que Darcy ouvrit les lèvres pour protester. 'Non, il n'y a pas d'objection. Si nous voulons aller de l'avant, nous devons nous pardonner nos erreurs et accepter que nous sommes deux êtres différents. Nous devons faire notre propre équilibre.'
Darcy se calma. Il soutint son regard pendant un moment et elle le sentit lire à travers ses yeux comme s'il cherchait à déchiffrer son âme. Puis, emprisonnant son visage entre ses mains, il lui dit : 'Je ne mérite pas une femme comme toi, Lizzie.'
-'Ne dis pas cela. Ne dis jamais cela. Je t'aime, Will, c'est tout ce qui importe maintenant.'
-'Comment peux-tu encore dire que tu m'aimes après ce que je t'ai fait?' murmura-t-il. 'Après le silence, les refus, mes absences?'
Elle eut un petit sourire. 'Personne n'est parfait. Je t'accepte comme tu es, les qualités comme les défauts. Je connais ton caractère, je sais quel homme tu es; cela me suffit. Le reste, nous y travaillerons tous les deux. C'est tout ce qui importe.'
Darcy resta immobile quelques secondes, pondérant ses paroles, puis hocha brièvement la tête. 'Tu as raison… Lizzie, je ne peux te promettre de changer du jour au lendemain. Mes habitudes sont bien ancrées en moi et mon caractère est obstiné, mais je te promets de faire tout mon possible pour être un bon mari pour toi. J'ai peur de ce que je ne connais pas… ce qui est hors convention me met aussitôt sur la défensive, comme si je savais que ma détermination n'était pas suffisante et que je m'obstinais à ne pas vouloir cette faiblesse.'
Elle eut un sourire timide. 'Je n'ai sûrement pas rendu les choses faciles non plus.'
Darcy poussa un bruyant soupir. 'Plus que tu ne peux l'imaginer.'
-'Je suis désolée.'
-'Non, c'est moi qui suis désolé. Lizzie, je t'ai toujours désiré plus que je ne pouvais comprendre. Avant notre mariage, le jour même de notre rencontre, tu m'as volé mon cœur et même à ce moment je me suis battu pour ne pas céder. Tu ne peux pas savoir le nombre de nuits que j'ai passé à me raisonner; pourtant, rien n'y faisait. J'ai demandé ta main et, même si tu l'as refusé, mes sentiments pour toi n'ont pas changé, ils ont décuplés. Je te voulais pour moi car j'admirais qui tu étais et cela malgré ce que la société pouvait bien dire. Je voyais la dame en toi, la bonté, la générosité et la grandeur de ton cœur. Je savais que tu étais une femme extraordinaire et ce peu importe ce que les autres pouvaient bien penser de tes origines. Après avoir juré devant Dieu de te prendre pour épouse, j'étais heureux. Comblé. J'avais la chance d'être marié à la plus belle et intelligente femme que j'aie rencontrée et ça m'a suffi. Puis cela m'a frappé : le désir. Une fois que tu t'es offerte à moi, c'est comme si ma soif de toi ne pouvait plus être rassasiée. Plus je voulais la contrôler, plus elle me contrôlait.'
-'Tu n'avais jamais ressenti cela auparavant?'
-'Non, loin de là. Je ne parle pas d'un désir animal de la chair, comme tous les hommes ressentent. Je parle d'un désir flamboyant, destructeur, un feu qui m'obsédait et qui me brûlait de l'intérieur. J'avais envie de toi, Lizzie. Et cette obsession m'effrayait car elle m'était inconnue. Je l'ai combattu, comme je combats tous mes problèmes. La colère, la détermination, l'obstination…J'ai usé toute mon énergie pour combattre quelque chose que je ne connaissais pas et même aujourd'hui, à cet instant précis, mon désir pour toi est difficile à supporter. Encore plus maintenant que je n'ai plus vraiment de raison pour ne pas y succomber, excepté le fait que tu n'es pas encore remise, ce qui est bien suffisant pour me garder en laisse.'
-'Tu n'as plus peur?'
-'Oui. Mais j'ai promis d'essayer.'
Lizzie soupira à son tour. 'Tu ne peux prendre tout le blâme de cette histoire, je n'ai pas été tout à fait juste envers toi non plus, je te l'ai dit. J'aurais dû être plus patiente et compréhensive. J'aurais dû prendre en compte ton caractère et ta disposition. Te forcer à faire quelque chose équivaut à ériger un mur de pierre. Et je sais aussi qu'il faut que je sois plus sage. Je ne suis plus à Longbourn et mon mari est un homme important. Je dois agir en conséquence…Je n'ai pas le droit de te décevoir.'
-'Tu ne pourras jamais me décevoir. Je t'aime comme tu es : marginale, originale, unique.'
Il l'embrassa, un peu plus ardemment cette fois, et Elizabeth répondit avec autant de force. Elle savait qu'il ne se passerait rien entre eux ce matin-là, mais elle n'était pas pressée. Elle savait que les semaines à venir leur laisseraient amplement le temps de se redécouvrir.
À la grande surprise d'Elizabeth, Darcy fit la grasse matinée avec elle. Il resta au lit et discuta pendant des heures, attentif comme jamais il ne l'avait été auparavant. Elle savoura chaque seconde de cet avant-midi, le cœur gonflé d'une joie indescriptible. Puis, lorsque midi sonna, Darcy déclara qu'il avait beaucoup à faire, mais qu'une surprise l'attendrait en bas d'ici deux heures. La curiosité l'emporta facilement sur sa déception de le voir se lever et se préparer, et la motiva à se lever elle-aussi.
Il y avait longtemps maintenant qu'elle n'était pas descendue. Elle avait marché dans le corridor quelques fois, mais sans plus, ses membres refusant d'aller plus loin. Pour Lizzie qui avait l'habitude de l'exercice, sa faiblesse générale avait été un état difficile à supporter. Elle avait souvent regardé par la fenêtre en rêvant du jour où elle pourrait retourner à l'extérieur, même pour deux minutes, et avait usé de toute sa patience pour ne pas succomber à l'envie folle de s'enfuir par la terrasse par les vignes grimpantes qui étaient abondantes et solides. Aujourd'hui, après une matinée si luxuriante au creux des couvertures, Elizabeth se sentait d'aplomb pour s'aventurer plus loin que le premier étage et elle espérait de tout cœur que la surprise que Darcy lui réservait l'emmènerait au-delà des escaliers menant au rez-de-chaussée.
Cependant, Lizzie avait beau se raisonner, il lui était impossible de rester en place. Elle aimait les surprises et sa curiosité la rendait impatiente, rendant la tâche d'Abby, qui essayait tant bien que mal de lacer son corset et de lui faire enfiler sa robe, assez pénible.
-'Mrs Darcy, restez tranquille! Je sais que vous êtes pressée de descendre, mais il serait préférable que vous ne vous énerviez pas trop. Vous êtes encore fragile et… Mrs Darcy!'
Elizabeth avait entendu la voix de Darcy dans le corridor et elle se précipita vers la porte, qu'elle ouvrit à peine pour regarder à l'extérieur. Elle décerna bien vite la silhouette de son époux près des escaliers alors qu'il discutait avec Mrs Reynolds et elle l'interpela aussitôt. C'est avec un sourire aux lèvres qu'il vint la rejoindre, le regard espiègle.
-'Oui, Mrs Darcy?'
Lizzie se mordit la lèvre. 'Cela fait exactement deux heures.'
-'Je sais.'
-'Puis-je voir?'
-'Hmm…non.'
Elizabeth fit la moue. 'Pourquoi?'
-'Parce que tu es à moitié vêtue et que je crains que, même si j'apprécie personnellement cette vue, le reste de la maisonnée n'en soit quelque peu choqué.' Murmura-t-il à travers l'embrasure, un petit sourire aux lèvres.
Elle roula les yeux. 'Je serai prête en moins de deux minutes.'
-'Alors tu pourras voir ta surprise dans deux minutes. Je t'attends en bas.'
Cette fois, Abby n'eut aucun mal à habiller sa maîtresse.
Lizzie rejoignit Darcy au rez-de-chaussée et revêtit le manteau qu'une domestique lui présenta. Son cœur s'emballa; il y avait si longtemps qu'elle avait été dehors! Et que Darcy accepte qu'elle s'aventure à l'extérieur était plus qu'un pas en avant; c'était la première étape de sa libération. Son excitation était palpable et dès qu'elle posa les pieds à l'extérieur elle inspira profondément, comme si enfin elle se retrouvait dans son élément.
Darcy prit son bras et le posa au creux de son coude. 'Je savais à quel point tout ceci te manquait. Le Docteur Baker m'a affirmé que tu supporterais très bien une marche au grand air. Il a même dit qu'une promenade te ferait le plus grand bien.'
-'Rappelle-moi de remercier le Docteur Baker alors.' Répondit-elle, en extase. Il faisait si bon de sentir à nouveau le soleil et le vent! 'Et merci à toi de me laisser profiter d'une aussi belle journée, je commençais à croire que tu allais me garder à l'intérieur pour encore un mois.'
Darcy éclata de rire. 'Presque! Mais on m'a convaincu du contraire. Les arguments étaient de poids et on m'a dit que ton moral s'en trouverait nettement mieux. J'ai donc capitulé.'
Elizabeth serra la main de son époux pour exprimer son appréciation, puis ils marchèrent en silence, profitant du moment. Cependant, il y avait une ombre au tableau et lorsqu'ils eurent fait un bout de chemin, Lizzie n'en pu plus. 'Qu'est-ce que c'est? Ma surprise?'
-'Si je le disais, ce ne serait plus une surprise.'
-'Est-ce loin?'
-'Nous y sommes presque. Patience.'
Elle fit une légère moue, qui fut bien vite chassée lorsqu'ils tournèrent le coin du jardin et se dirigèrent vers l'arrière de la maison, direction les écuries. Aussitôt le cœur de Lizzie s'emballa. 'Un cheval? Est-ce que ma surprise est un cheval?'
Le grand sourire qui s'étira sur les lèvres de son mari confirma qu'elle avait raison et il lui fallut toute sa volonté pour ne pas se mettre à courir vers la grande bâtisse de bois. Alors qu'ils arrivaient, un jeune homme s'avança avec une jument rousse aux pattes fines et à l'allure svelte. La crinière, rousse aussi, était longue et bien brossée; une ligne blanche décorait son front. Elle avançait docilement, la tête légèrement baissée, et la douceur qui émanait de son regard accrocha aussitôt l'attention d'Elizabeth qui s'éprit de l'animal instantanément. Lorsqu'elle arriva à sa hauteur, elle retira son gant et la posa sur sa tête. Voyant que Darcy fronçait les sourcils, elle répondit : 'Je veux qu'elle reconnaisse mon odeur.'
Il ne répliqua et la regarda pendant qu'elle inspectait la jument sous tous ses angles, caressant son cou, sa crinière, son torse et son dos. Lorsqu'Elizabeth revint face à l'animal, elle la regarda un long moment dans les yeux. Quelque chose au fond de son regard sombre l'appelait, lui parlait. Elizabeth ne doutait pas son pedigree, connaissant l'attention avec laquelle Darcy choisissait toujours ses montures. Cette bête était parfaite; forte, mais mince, docile, mais volontaire. Avec elle, Lizzie savait qu'elle ferait rougir d'envie toutes les femmes qui avaient si rarement l'occasion de chevaucher. Et ce cadeau n'était pas seulement un animal quelconque; Darcy venait lui offrir la possibilité d'apprendre véritablement l'équitation, de devenir une cavalière. Il lui accordait sa confiance, l'encourageait à devenir meilleure alors que ce sport était rarement pratiqué chez son sexe.
S'ils n'avaient pas été entourés d'autant de domestiques, elle l'aurait embrassé ouvertement. Elle opta plutôt pour un sourire qui, elle espérait, démontrait tout son amour et sa reconnaissance. 'Comment se nomme-t-elle?'
-'Lily.'
Lizzie caressa la ligne blanche sur le front de la jument. 'Cela lui va très bien. Je peux la monter?'
Darcy eut un petit rire. 'Pas aujourd'hui. Elle a fait un long voyage et vous n'êtes pas encore assez remise pour aller galoper dans les champs, Mrs Darcy.'
Elizabeth ne rouspéta pas. Il était vrai que seul le fait d'avoir marché jusqu'à l'écurie l'avait épuisé. Elle resta quelques minutes de plus avec l'animal puis, obéissante, rebroussa chemin pour gagner l'intérieur de la maison.
Une fois dans le salon, Abby lui apporta une lettre portant l'écriture de Jane, qu'elle s'empressa d'ouvrir.
Ma très chère Lizzie,
Tu ne peux savoir combien ta dernière lettre m'a rassuré! Je suis heureuse que tu prennes du mieux et que le médecin t'assure que tu es maintenant hors de danger. Combien j'aurais aimé être présente à tes côtés pour prendre soin de toi! Je m'en veux énormément de ne pas avoir pu me déplacer et de ne pas pouvoir encore le faire, mais je le ferai dès la température sera plus clémente. J'espère que tu sauras pardonner mon absence à tes côtés, qui m'est très pesante à l'instant et qui m'empêche même de dormir la nuit…Quelle sœur je fais de ne pas pouvoir être à tes côtés lorsque tu as tant besoin de moi! Je suis tellement désolée…
-'Qu'y a-t-il?' demanda Darcy lorsqu'il entendit sa femme soupirer.
-'C'est une lettre de Jane, elle se sent coupable de ne pas pouvoir être ici pour me distraire.' Répondit-elle en levant les yeux vers lui. 'Je lui ai pourtant dit dans ma dernière lettre qu'il était nullement nécessaire pour elle de se déplacer jusqu'ici. C'est un voyage de deux jours, peut-être trois avec Charlie. Elle se fatiguerait pour rien, je vais déjà mieux.'
Darcy eut un petit sourire. 'Il ne faut pas oublier qu'elle est une Bennett et donc sa volonté est de fer.'
-'Volonté de fer ou non, présentement elle se fait un sang d'encre.' Commenta-t-elle sombrement. Elle se sentait responsable de l'inquiétude de sa sœur et elle n'appréciait pas ce nuage gris sur une si belle journée. 'Et je sais que peu importe ce que je vais lui écrire, elle n'aura de paix que lorsqu'elle sera à Pemberley et qu'elle constatera de ses propres yeux qu'il n'y a aucune raison pour elle de s'en faire.'
Darcy lui prit la main. 'Je peux écrire à Bingley pour qu'il la raisonne. Si l'information vient de moi, peut-être Jane serait-elle plus encline à croire que tu es réellement mieux et que tu n'as besoin de rien excepté qu'elle cesse de prendre sur ses épaules un poids qui est n'est pas nécessaire.'
Elizabeth leva des yeux reconnaissants vers lui. 'J'apprécierais beaucoup le geste.'
-'Vos désirs sont des ordres, Madame.' Il lui embrassa le revers de la main et se déplaça ensuite jusqu'au secrétaire où il tailla sa plume et entreprit aussitôt d'écrire sa lettre. Lizzie l'observa un moment, le cœur gonflé d'amour, puis retourna à sa lecture, un sourire aux lèvres.
Sur une autre note, Maman et Papa sont à Londres, chez les Gardiner, pour quelques semaines. Kitty et Marie sont donc à Netherfields et m'aident beaucoup avec Charlie. Tu avais raison, Lizzie, Kitty n'est plus elle-même depuis quelques temps. Elle semble…distante. Je crois que de passer du temps ici avec moi lui fais du bien, mais je sens que les journées sont longues pour elle et ce n'est pas vraiment de son âge de s'occuper d'un enfant. Crois-tu que nous devrions l'envoyer chez Beatrice, notre cousine, dans le Sussex?
Aussi, je voulais savoir à quelle date tu pensais aller à Londres pour la Saison. J'étais décidé à ne pas y assister cette année puisque Charlie est encore si jeune, mais Caroline m'a convaincu qu'il serait très déplacé pour moi de ne pas y assister et que des nounous seraient disponibles pour s'occuper de mon fils. Et je sais que Charles a très envie de s'y rendre, mais ne veut pas quitter mes côtés, donc je crois que je m'y rendrai. De plus, cela me donnera l'occasion de te voir.
J'espère que tu iras mieux, ma chère sœur, tu me manques! Je n'aime pas être si loin de toi…
À bientôt j'espère,
Jane
Elizabeth replia la lettre d'un air songeur. La promesse qu'elle avait faite à Kitty lui revint en tête et maintenant que Darcy et elle avaient fait la paix elle pourrait aborder le sujet avec plus d'aisance. De plus, ils avaient reçu la veille une lettre de Georgiana disant qu'elle les rejoindrait à Pemberley à la mi-mars afin de les accompagner à la Saison vers le début d'avril.
-'Une mauvaise nouvelle?' demanda soudainement Darcy et Lizzie sursauta, ayant été perdue dans ses pensées.
-'Non, ce n'est pas cela.' Répondit-elle en rosissant. Elle détestait demander des faveurs du genre, surtout lorsqu'il s'agissait de sa famille. Après tout, Lydia avait marié l'homme ayant presque ruiné la sœur de son époux et Kitty, à une époque qui lui semblait maintenant lointaine, avait longtemps suivi la cadette des Bennett comme un chien de poche. 'Will, j'ai quelque chose à demander.'
Elle lui expliqua alors la situation, précisant que sa sœur avait gagné en maturité depuis que Lydia n'était plus avec elle et que les conditions seraient à sa discrétion et qu'il serait le juge de si son comportement était acceptable.
-'Nous pourrions l'inviter ici avant de se rendre à Londres, question de voir comment elle se comporte, et si nous jugeons qu'elle se conduit de manière appropriée, nous pourrions l'amener avec nous à la Saison et la présenter. De plus, elle fera une bonne compagne pour Georgiana, elles sont environ du même âge.'
Darcy resta silencieux un moment, songeur. 'Et quand arriverait-elle?'
-'J'avais pensé à la mi-mars, lorsque Georgie serait ici.'
-'Hmm.'
-'Hmmm oui ou hmmm non?'
Il lui fit un sourire rassurant. 'Je suppose que cela irait.'
-'Vraiment?'
-'Tu sembles surprise.'
Elizabeth eut un petit rire. 'Je le suis! Je ne m'attendais pas à ce que ce soit si…facile.'
Darcy eut soudainement un air un peu coupable. 'Et bien, je dois avouer que mes raisons ne sont pas tout à fait…louables. Je dois partir pour une semaine avant notre départ pour Londres et je m'en sens coupable. Je suppose qu'un peu de compagnie ne te fera pas de tort et si ça peut te faire plaisir, ainsi que pardonner mon absence, alors soit, j'accepte.'
Déçue de savoir que son époux devait s'absenter, Lizzie fut cependant ravivée par la réponse positive à sa demande. De savoir que Kitty serait la bienvenue à Pemberley la remplissait d'une joie qu'elle n'avait pas soupçonnée et elle ne put s'empêcher de sourire en le voyant retourner à sa lettre en annonçant qu'il ferait les arrangements nécessaires avec Mr Bennett.
Il n'y avait pas de doute, Darcy était un homme nouveau et cela lui plaisait énormément.
(-*-)
Alors voilà….qu'en pensez-vous? A force d'avoir travaillé dessus, je ne peux plus le sentir, mais j'espère que vous avez tout de même apprécié de le lire! J'ai toujours beaucoup de mal avec les chapitres de transitions et celui-ci était un véritable tournant pour notre couple…
Sur ce, à la prochaine et MERCI de votre grande patience ! : )
