Bonjour à toutes! Je sais que ce chapitre a tardé à paraître et, comme d'habitude, ce n'est pas par manque de volonté! Je sais que beaucoup d'entre vous ont vus les commentaires d'Eve et certaines y ont même répondus, mais je m'attarderai pas ici, si vous voulez lire un peu plus de mon opinion à ce sujet, je laisserai une note à la fin. Alors voici, sans plus tarder, la suite des aventures de nos deux tourtereaux : )

Chapitre 25

Une nouvelle Saison

Lizzie avait cru que ce séjour ne se terminerait jamais. Elle avait eu envie de quitter Rosings Park dès le lendemain de sa dispute avec Lady Catherine, mais elle fut convaincue par Darcy de ne pas poser de geste radical. Par respect pour Richard et Anne, ils devaient rester et attendre ces quelques jours avant de quitter les lieux.

Elizabeth avait accepté à contrecœur, certaine que cette prison la rendrait folle avant la fin de leur visite, mais elle fut rapidement consolée par les avances de son mari. Chaque soir il venait la rejoindre discrètement dans son lit et ils passaient des heures à parler et à se découvrir. Maintenant que Darcy semblait avoir brisé ces chaînes qui le retenaient, Lizzie fut étonnée de constater la soif d'elle qu'il possédait. Comment pouvait-il avoir contenu tout cela pendant la dernière année? Était-ce réellement ce qu'ils avaient manqués par leur orgueil et entêtement? Quoi qu'il en soit, cette passion fut ce qui lui permit de supporter les heures pénibles passées à Rosings Park.

Tout d'abord, Elizabeth crut que de passer du temps avec Charlotte allègerait son humeur, mais elle s'étonna de constater que sa meilleure amie ne partageait pas tout à fait sa vision des choses. Lorsqu'elle la visita pour la première fois, la conversation que Lizzie eut avec elle ne tourna pas comme elle l'avait espéré.

Comme Mr Collins était régulièrement appelé à Rosings Park, il n'était pas rare que Charlotte, dont la grossesse apparente empêchait toute sortie en public, reste seule à la maison. Cette dernière avoua qu'elle appréciait cette solitude et que maintenant qu'elle portait un autre enfant, elle accueillait sa liberté avec soulagement.

-'Le vin ne lui fait pas,' avait-elle dit avec un petit rire alors que toutes les deux étaient assisses dans le salon, broderie à la main. 'Deux coupes et il s'endort aussitôt que sa tête touche l'oreiller. Et il ronfle. Autrement, il est très à cheval sur les devoirs conjugaux, si tu vois ce que je veux dire. Je suppose que j'ai quelques mois de répit à cet égard. Au moins, de tels devoirs en valent la peine.' Elle avait caressé la tête de son fils, qui, à ses pieds, s'occupait avec ses jouets de bois.

Elizabeth avait souri à cela. 'Oui, Oliver est une vraie petite merveille, tu as beaucoup de chance de l'avoir avec toi.'

-'Et le prochain.' Renchérit la jeune femme en posant une main son ventre arrondi. 'J'ai beaucoup de chance, en effet, car même si…l'acte…en tant que tel est plutôt pénible, tout a été très rapide dans les deux cas et je n'ai pas eu à endurer ces échanges très longtemps.'

Lizzie baissa les yeux sur son travail, de peur que Charlotte puisse lire dans son regard. Ce qu'elle pouvait l'envier! Cela faisait maintenant deux ans que sa meilleure amie s'était mariée à son cousin germain et déjà elle attendait un deuxième enfant.

Charlotte ne fut pas dupe et sentit aussitôt que quelque chose n'allait pas. 'Lizzie? Que se passe-t-il?'

-'Rien, je t'assure.'

-'Ne me mens pas, je sais qu'il y a quelque chose. Regardes moi.'

Elizabeth leva les yeux contre son gré et sut que Charlotte pouvait lire l'envie et le désespoir dans son regard. Sa main trouva aussitôt la sienne.

-'Oh, Lizzie…je suis tellement désolée! Je ne voulais pas-'

-'Ce n'est rien, Charlotte, ne t'en fais pas. Je suis un peu lente, c'est tout.' Répondit-elle, la gorge serrée. Elle tenta de sourire, mais elle sut qu'elle avait plutôt fait la grimace en voyant le regard remplie de pitié de sa meilleure amie.

Un silence rempli de malaise s'installa entre elles et Lizzie regretta de ne pas avoir su comment cacher ses émotions. Mais c'était si difficile! Elle ne pouvait s'empêcher de voir que toutes les femmes nouvellement mariées de son entourage étaient enceintes ou avaient déjà un enfant. Pourquoi n'avait-elle pas réussi, elle, à enfanter du premier coup? Et pourquoi ne pouvait-elle pas passer une seule heure sans penser à cet échec? Cela l'obsédait de plus en plus et elle était désemparée face à l'impuissance que ce sentiment lui apportait.

-'Je ne sais pas ce que je fais de mal.' Avoua soudainement Elizabeth, lasse. Elle avait besoin de parler de cela avec quelqu'un. 'Je ne comprends pas pourquoi je ne suis pas déjà mère. Je crains d'être…d'être…'

Elle ne pouvait dire le mot, de peur de s'apporter de la malchance. Charlotte fit aussitôt un signe de croix. 'Ne dis pas cela, je suis sûre que tout est parfaitement normal chez toi. Peut-être fais-tu quelque chose d'incorrect? Peut-être que vous ne vous y prenez pas de la bonne manière?'

Lizzie haussa les sourcils. 'Comment peut-on procéder d'une mauvaise manière?'

-'Eh bien, je ne sais pas…peut-être que vos intentions sont…malsaines.' Hésita Charlotte, évitant de la regarder droit dans les yeux.

-'Malsaines? Je ne comprends pas.'

-'Peut-être que vous faites…l'acte…en ayant une intention autre que pour vos devoirs conjugaux.'

Elizabeth resta stupéfaite. Cela ne pouvait pas être vrai. Comment Dieu pouvait-il inventer une chose aussi belle et forte que l'amour entre un homme et une femme et bannir les plaisirs qui pouvaient s'en découler? 'Charlotte…crois-tu réellement cela?'

Cette dernière haussa les épaules. 'Les plaisirs de la chair sont un péché.'

-'Même avec son propre mari?'

Elle hocha la tête. Lizzie préféra rester silencieuse. C'était la première fois de sa vie qu'elle ne partageait pas la même opinion que sa meilleure amie et tout à coup elle se sentit comme une étrangère. Elle avait toujours su que Charlotte était pieuse, mais à ce point? Au point de condamner l'amour? Au point de ne voir entre un mari et une femme que les devoirs conjugaux? Non, ce devait être autre chose. À cet instant, Elizabeth sut que son amitié avec son amie d'enfance ne serait plus jamais la même. Pour la première fois de sa vie, elle se sentit jugée. Charlotte n'aimait pas Mr Collins; elle l'avait marié car elle devenait vieille fille et elle savait qu'elle aurait une bonne situation avec lui. Son affection pour son mari n'était que le respect qu'une femme doit à son époux et elle accomplissait ses tâches sans se plaindre, mais sans en éprouver quelconque joie non plus. Elle avait toujours manqué de romantisme et de passion, ce qu'Elizabeth possédait en grande quantité. Ce n'était pas la nature pieuse de Charlotte qui l'avait poussé à dire une telle chose. Elle ne voulut pas y croire tout d'abord, mais une fois évoqué, ses pensées ne voulurent plus en démordre. Concentrée sur son travail, Charlotte évitait son regard, mais ses lèvres pincées et son air faussement nonchalant lui confirmèrent que la jalousie s'était immiscée dans leur relation. Elizabeth en fut si blessée qu'elle ne put converser qu'en phrases polies jusqu'à la fin de l'après-midi et elle quitta la résidence des Collins, les larmes aux yeux, pour rejoindre Rosings Park.

Ce fut avec soulagement que la maitresse de Pemberley quitta l'enfer dans lequel elle avait dû vivre pour une semaine afin de prendre la direction de Londres. Le trajet, qu'elle effectua en compagnie de Kitty, fut silencieux. Lady Catherine avait refusé que cette dernière prenne place avec Anne et Georgiana dans la deuxième diligence et Richard, qui n'aimait pas se sentir confiné dans une boite en bois, préféra faire le chemin à cheval. Darcy l'accompagna et plus d'une fois Elizabeth avait regardé la silhouette de son mari par la fenêtre, désirant plus que tout de l'avoir à ses côtés, mais réalisant qu'une telle demande était inappropriée et inutile. Richard avait besoin de compagnie et elle ne pouvait être égoïste.

Kitty n'était pas une bonne compagne de voyage; elle était souvent malade en chemin et son humeur était massacrante. Elle-même peu patiente et inconsciente du stress que pouvait vivre sa petite sœur à l'approche de sa présentation à la Court, Lizzie préféra rester dans ses pensées et l'ignorer plutôt que de chercher à la rassurer. Lorsqu'ils atteignirent enfin leur maison de ville, Elizabeth s'enferma presqu'aussitôt dans sa chambre et n'en sortit plus de la journée. Tant pis si tous se demandaient où elle se trouvait. Elle avait besoin d'être seule, réellement seule, pour ne pas sombrer sous le poids de ses émotions. Pemberley lui manquait, les vastes jardins et les longues promenades dans la nature, où elle pouvait se ressourcer et penser clairement. La déception qu'elle venait de vivre était trop forte pour qu'elle puisse souhaiter autre chose que de rentrer là où la solitude panserait ses blessures. Comment Charlotte pouvait-elle avoir changé à ce point? Avait-elle toujours été ainsi et elle ne l'avait jamais remarqué auparavant? N'avait-elle pas sauté sur l'occasion lorsque Mr Collins, furieux du refus que Lizzie lui avait fait, quittait Longbourne en mauvais termes avec sa famille? N'avait-elle pas fiancé cet homme après seulement une semaine, sans éprouver le moindre remord sur le fait qu'elle allait hériter de la maison de ses parents à la mort de son père? Toute la semaine ses pensées avaient passé en revue les moments qu'elle avait eus avec Charlotte et plus d'un souvenir lui apporta du chagrin. Comment avait-elle été aussi ignorante de tout cela?

Lorsque la nuit tomba, Darcy vint la rejoindre et n'eut pas besoin de poser de questions. Il se coucha près d'elle et la serra dans ses bras, en silence. Il savait qu'elle n'avait pas besoin d'en parler, seulement de faire son deuil. Elle s'endormit donc baigné de la chaleur de son mari, soulagée par son support et quelque peu guérie par sa nature optimiste. Elle savait qu'elle n'avait d'autres choix que de poursuivre sa vie comme avant et, même si sa correspondance avec Charlotte risquait d'être écourtée et beaucoup moins personnelle, elle se consola dans le fait qu'elle était tout de même très bien entourée.

Les jours qui suivirent furent plutôt mouvementés. Kitty déchira la robe de Georgiana en l'essayant et c'est en pleurs que les filles déboulèrent dans son petit salon. Elizabeth appela aussitôt la couturière, qui répara les dégâts sans peine, et qui, par le fait même, altéra celle de sa sœur, qui était trop simple au goût de sa propriétaire. Puis, ce fut les chaussures qui disparurent et qui ne furent retrouvés que deux jours plus tard, sous le lit de la cadette Darcy. La veille de la réception, il y eu un débat pour savoir qui porterait les perles de Lizzie et cette dernière, pour satisfaire tout le monde, ouvrit son coffre à bijoux afin qu'elles puissent se servir. Au moindre problème, Kitty et Georgiana se précipitaient vers elle afin qu'elle soit l'ange qui leur porterait secours et Dieu seul savait à quel point un rien pouvait les mettre en détresse.

Anne, plus calme que ses compagnes, s'asseyait souvent avec elles et observait sagement, sans dire un mot. Parfois, Lizzie oubliait même qu'elle se trouvait dans la pièce. Ce fut ce qui se passa un soir, la veille du Grand Bal, lorsqu'elle envoya Georgiana et Kitty au lit avant qu'elles ne la rendent folle avec l'excitation que seules deux adolescentes étaient capables d'avoir. La pièce était sens dessus dessous avec les rubans de satin et de soie reposant sur les multiples chaises, les fleurs, perles et plumes jonchant les tables et les meubles. Les châles teintaient l'endroit d'éclats multicolores et le feu, flamboyant, faisait briller les bijoux sur la commode près de l'âtre.

Elizabeth se laissa lourdement tomber sur un fauteuil, épuisée, et s'adressa à Abigaël.

-'Je crois que Kitty aura une belle surprise lorsqu'elle réalisera la pression que provoque une centaine de paires de yeux qui te fixent et te jugent…Et le roi! Son regard est courtois, mais froid. Sans parler de celui de la reine…je ne me rappelle pas l'avoir vu sourire à personne ayant été présenté devant elle.'

-'J'imagine que Miss Darcy a raconté plus d'une fois le récit de sa propre sortie en société et pour en avoir entendu une partie, votre belle-sœur est douée pour relater cette aventure d'une manière des plus romanesque.'

Elizabeth ne put s'empêcher de rire, reconnaissant bien là le caractère de Georgiana. 'Oui, je crois qu'elle a déjà oublié la peur bleue qui l'habitait à ce moment.'

-'Je crois que votre sœur se débrouillera très bien.' Commenta Abby en ramassant soigneusement des rubans. 'Elle a une force qui me fait un peu penser à la vôtre. Elle est très…vivante.'

-'Oui, j'ai remarqué.' Répondit Lizzie avec un sentiment de fierté. 'Elle s'épanouie comme une fleur et je ne la reconnais plus depuis qu'elle est avec nous.'

-'Je suis d'avis qu'un très court laps de temps s'écoulera avant qu'un prétendant ne lui vole son cœur.'

L'ombre de son passé la rattrapa tout à coup et devant les yeux de Lizzie se jouèrent des scènes qu'elle aurait mieux aimé oublier, celle où Lydia, éprise d'amour pour Mr Wickham, le prenait pour époux après avoir vécu plusieurs semaines sous le même toit. Un frisson la parcourut; comme à chaque fois qu'elle pensait à sa sœur cadette, le pressentiment que cette relation allait bientôt éclater lui saisit le cœur. Elle le chassa aussitôt; bien qu'elle désapprouvait totalement Lydia, elle ne souhaitait pour rien au monde lui porter malchance.

-'Abby, croyez-vous qu'elle pourra trouver un bon parti?' demanda-t-elle au bout d'un moment, songeuse. 'Mon père n'est pas riche et je ne sais pas si le fait que Jane et moi soyons mariés à des hommes d'influences soient assez pour lui tailler une place dans la société.'

-'À sa place, je serais bien heureuse de trouver un homme qui m'aime plutôt qu'un homme riche. Bien sûr, certaines personnes ont plus de chances que d'autres et trouvent les deux à la fois.' Ajouta Abigaëlle et les deux femmes rirent de bon cœur.

-'J'ai eu de la chance, oui. Et plus les jours passent, plus je l'aime, si c'est possible. J'aimerais tellement…' Lizzie s'interrompit, baissant les yeux. Encore une fois, elle n'arrivait pas à se défaire de l'idée qu'il n'était pas normal pour elle de ne pas avoir encore d'enfants.

-'Mrs Darcy, n'y songez plus.' Ordonna Abby d'un ton doux, mais ferme. 'Vous savez que ce n'est qu'une question de temps.'

-'Plus j'essaie de ne pas y penser, plus j'y pense. Cela me tient souvent éveillé la nuit…Pourquoi est-ce que mes deux sœurs ont su remplir ce rôle en quelques mois seulement? Et Charlotte? Deux fois en deux ans! Je ne comprends pas ce que je fais de mal. Peut-être ont-elles compris quelque chose qui m'échappe encore.'

-'Je ne crois pas que la méthode employée soit bien différente. Dieu a un chemin pour chacun de nous et même si ses desseins ne sont pas toujours clairs à nos yeux, un jour tout aura un sens.'

-'Tu as sûrement raison.' Puis, voyant l'air de sa suivante, s'inquiéta. 'Tu sembles soucieuse?'

-'Je pensais à ma tante.' Avoua la jeune femme, les sourcils froncés. 'Je suis à votre service depuis bientôt un an et je n'ai pas eu de nouvelles de ma famille depuis. Je m'inquiète, je suis partie si précipitamment, en laissant tout derrière, sans m'assurer que tout le monde allait bien. Et sans moyen de communiquer, je dois me contenter d'espérer que tout va pour le mieux.'

-'Je comprends votre inquiétude. J'aimerais pouvoir faire quelque chose pour vous.'

-'J'aimerais…puis-je m'y rendre, Mrs Darcy? Un dimanche après-midi, cela va de soi, lors de mon congé. Seulement le temps de voir ma tante et de m'assurer qu'elle ne manque de rien.'

-'Abby, est-ce vraiment prudent? Croyez-vous que vous serez en sécurité? Peut-être que cet homme qui vous a agressé est encore en vie et s'il fallait qu'il vous aperçoive, qui sait ce qu'il pourrait faire?'

Abigaëlle hocha lentement de la tête. 'Je sais. Cependant, j'ose insister auprès de vous. Je dois m'y rendre, j'y pense depuis un long moment déjà et je ne crois pas pouvoir trouver le repos si je n'y vais pas.'

Elizabeth ne se sentait pas à l'aise avec cette idée; et si elle se faisait attaquer? Et si elle décidait de rester là-bas? Aussitôt pensée, Lizzie se sentit honteuse d'être si égoïste. Hésitait-elle vraiment à la laisser partir par crainte pour son propre confort? Quelle répugnante raison! Il était tout à fait normal pour Abby de vouloir voir sa famille afin de s'assurer qu'ils allaient bien.

-'Soit, j'en parlerai avec William.' Concéda Elizabeth. 'Je vous donnerai sa réponse dès que possible.'

-'Merci, Mrs Darcy, vous ne pouvez savoir à quel point je vous en suis reconnaissante!'

-'Mais promettez-moi que-' commença la maitresse de Pemberley, mais elle s'interrompit brusquement en entendant un éternuement provenant du fond de la pièce.

Anne, le visage rouge d'embarras, se leva lentement de l'endroit où elle était assise, près de la fenêtre.

-'Je suis désolée, je ne voulais pas…vous étiez en conversation et je ne voulais pas…Excusez-moi.' Elle se précipita vers la porte avant que les deux femmes puissent réagir.

-'Miss de Bourgh! Attendez!' Mais il était déjà trop tard car la jeune fille s'était éclipsée aussi rapidement qu'une souris. Elizabeth poussa un long soupir en se mordant la lèvre.

-'Je suis désolée, Mrs Darcy, parfois je prends des libertés et parle sans penser aux conséquences.' S'excusa Abby, mal à l'aise. 'Aussi invisible que le papier peint, c'est le dicton des domestiques, non? J'y arrive assez difficilement, je suis un vrai moulin à parole…Croyez-vous qu'elle ira tout raconter?'

-'Les gens parlent déjà, cependant, je n'aimerais pas que William ait encore plus de doigts pointés sur lui à cause d'une mauvaise langue.' Répondit Lizzie d'un ton sombre. 'Je souhaite ardemment qu'elle n'ait pas hérité du caractère de sa mère…J'irai la voir dès que je pourrai demain, pour discuter. Peut-être vais-je être en mesure de la convaincre que tout ceci est un malentendu.'

Et c'est ce qu'elle fit. Elizabeth ne dormit pas très bien cette nuit-là et elle accueillit le jour comme une bénédiction. Cependant Anne ne descendit pas au déjeuner ce matin-là et elle ne put s'empêcher de s'en sentir responsable. La jeune fille était-elle dégoûtée au point de ne plus vouloir être en sa présence? Était-elle du même avis que Lady Catherine et refusait de se voir dans la même pièce que sa cousine par alliance? Lizzie hésita quelques heures et, lorsque Kitty et Georgiana montèrent pour se préparer, elle prit cette occasion pour aller cogner à la porte de la chambre d'Anne, prétexte en tête pour cette intrusion.

Pas de réponse.

Lizzie cogna à nouveau, surprise. Anne ne pouvait pas dormir encore, l'heure était beaucoup trop avancée et avec les préparatifs qui tardaient, il lui était impossible de ne pas être debout.

-'Miss de Bourgh?'

Un bruit de vase cassé retentit suivit d'un bruit sourd. Sans hésiter, Elizabeth ouvrit la porte à la volée et vit Anne qui se débattait, étendue sur le sol. Elle se précipita aussitôt vers elle et remarqua les tremblements incontrôlables qui la secouaient. De multiples sillons de larmes marquaient ses joues et de grandes cernes mauves teintaient le dessous de ses yeux. Sa respiration était courte et haletante; elle était en pleine crise.

-'Calmez-vous, calmez-vous!' Tenta de la raisonner Lizzie en essayant de l'aider à se relever, mais Anne se débattait avec tant de véhémence qu'il lui était impossible de l'approcher. 'Je vous en prie!'

-'Je…Je…je…ne…peux…pas…respirer…'

Sentant que la jeune femme allait s'évanouir, Lizzie lui prit le visage fermement entre les mains. 'Regardez-moi.' Lui ordonna-t-elle. 'Calmez-vous. Si vous vous calmez, vous pourrez respirer à nouveau. Voilà, comme ça; tout va bien, vous êtes en sécurité ici, vous ne risquez rien. Inspirer. Expirer. Inspirer. Expirer. Très bien.'

Anne se calma lentement, mais la peur ne quitta pas ses yeux. Lorsque sa respiration fut presque revenue à la normale et que les tremblements ne furent plus que des légers frissons, elle éclata en sanglots.

-'Je suis…la honte…de cette…famille.' Hoqueta-elle entre ses mains et Lizzie, étonnée, ne sut pas si elle avait bien compris. 'Je…je…devrais…retourner…dans l'ombre…de Rosings Park.'

-'Ne dites pas cela, c'est complètement faux. Vous avez un brillant avenir devant vous.'

-'Je ne…pourrai pas…le faire…'

-'Faire quoi?'

-'Le…B-b-b-al…' à ce mot, les tremblements reprirent.

Lizzie, qui comprit aussitôt que l'anxiété en vue de la soirée était la source de sa crise, eut soudainement pitié. 'Oh, Miss de Bourgh, ne vous inquiétez pas. Tout se passera bien.'

-'N-non, vous ne…comprenez pas…Je suis…incapable…de…de…me présenter en…p-p-public. Je…je suis…terrifiée…à l'idée de…à l'idée de…Oh! Quelle…honte!'

Elle ramena ses genoux contre elle et croisa les bras pour enfouir son visage et ses sanglots secouèrent son corps frêle tout entier. Elizabeth la rassura maladroitement en lui tapotant le dos. Elle était habituée à ce genre de crise car lorsque Kitty était plus jeune, il lui arrivait souvent d'en faire et elle avait toujours été la plus efficace pour la calmer. Cependant, les anxiétés de Kitty étaient souvent infondées et fantasques – un monstre sous son lit, le noir, la maison qui craque – et elles avaient disparus en vieillissant. Ce cas-ci était très différent; non seulement Anne était une adulte, mais son angoisse était fondée. La perspective de faire face à la Court au grand complet la pétrifiait et avec raison.

-'Je sais que cela est difficile…Cependant, vous en êtes capable, j'en suis certaine.'

Anna leva des yeux rougis vers elle. 'Je ne suis pas…aussi forte que vous…Ni aussi…courageuse.'

-'Ridicule. Vous avez ces qualités tout autant que moi.'

La jeune fille secoua la tête et, prenant une grande inspiration, ajouta : 'Je n'ai pas l'habitude des foules. Je n'ai jamais assisté à une soirée de ma vie. Je n'ai aucun…talent social. L'idée même d'être en présence de centaines de gens me rend...nauséeuse.'

Elizabeth posa sa main sur la sienne. 'Vous ne serez pas seule. Georgiana, Kitty, Richard et William seront là pour vous soutenir. Et moi aussi, si vous le souhaitez.'

Anne secoua la tête. 'Je n'en serai pas capable…Pauvre Richard, quelle honte je serai pour lui…Et pourtant je m'étais juré d'y arriver, d'être…digne de lui.'

-'Vous le serez.'

-'Non. Je ne serai jamais apte à vivre une vie publique.' S'exclama Anne d'une voix dure et Elizabeth fut prise de court par ce ton. 'Je n'ai pas la force nécessaire. J'ai…j'ai toujours des malaises et je dois m'allonger constamment. Je ne peux me tenir debout très longtemps. Comment remplir mon rôle en étant si faible? Et je déteste Londres, l'odeur, la proximité des maisons, la foule de gens, les cris, les rires, les conversations…J'en ai le tournis.'

-'Je n'aime pas vraiment Londres non plus...' Commenta doucement Lizzie après quelques secondes. 'Comment ne pas rêver à l'air frais des terres, à la grandeur des espaces verts, à la liberté que cela nous procure? Vous n'êtes pas la seule à préférer la campagne, Miss de Bourgh, et il vous sera facile d'y rester. Vous n'aurez pas toujours à venir ici.'

Anne soupira. 'Comment l'éviter? Une femme a sa place auprès de son mari, non? Il est de notre devoir d'épauler et supporter notre époux, de le suivre là où il va.'

-'Il est certain que nous avons certaines…obligations. Cependant, vous avez l'avantage d'avoir un futur mari conscient de votre constitution. Richard vous connait mieux que quiconque et je doute qu'il requiert votre présence à chaque soirée ou voyage d'affaires.'

-'C'est exactement cela. Il ne me le demandera pas. Cependant, je devrais pouvoir être apte à le faire, il a besoin de moi. Il a besoin d'une personne pour le supporter dans cette épreuve.'

Lizzie n'osa pas dire qu'elle avait raison. 'Vous ferez de votre mieux et ce sera suffisant pour Richard. Si vous vous sentez assez bien pour faire les voyages requis, alors vous les ferez. Et pour ce qui est des dires de la société…un médecin sera facile à convaincre sur votre état et le grand air de la campagne sera ce qu'il vous prescrira. Après tout, votre mère a été capable de vous garder à Rosings Park pendant des années sans problème.'

-'Excepté le fait d'avoir la réputation d'être laide, maigre et maladive.' Ajouta la jeune fille sarcastiquement. 'Et quelle belle manière de prouver qu'ils ont raison; je n'ai pas fermé l'œil de la nuit et j'ai tellement pleuré que mes yeux sont rouges et enflés.'

Elizabeth eut un sourire compatissant. Il était vrai que les effets de cette nuit blanche étaient désastreux. 'Ne vous inquiétez pas, je connais quelqu'un qui vous redonnera tout votre éclat.'

Anne fut soudainement très mal à l'aise. 'Mrs Darcy, je suis désolée pour hier, je ne voulais pas espionner votre conversation. Pardonnez cette intrusion disgracieuse.'

-'Oh, vous êtes pardonnée, Miss de Bourgh.' Répondit prudemment Elizabeth. Elle hésita un moment, puis décida d'opter pour la vérité. 'Vous avez sûrement entendu les rumeurs circulant au sujet de ma suivante. Et je crois que, par la conversation que vous avez surprise hier, par son accent et par son comportement, vous avez pu deviner que…enfin, que Abigaëlle n'a pas le même pedigree que les autres suivantes.'

-'Ne craignez rien.' Répondit Anne, voyant clair en elle. 'Je ne dirai pas à qui veut l'entendre que vous avez choisi une personne sans recommandations comme suivante et que vous êtes plus proches que devraient l'être une maitresse et sa domestique…Le fait est, Mrs Darcy, que je me surprends à approuver votre choix.'

-'Vraiment?'

-'Oui. La vraie différence entre eux et nous est seulement un manque d'argent et d'éducation. S'ils avaient accès à tout ce dont nous disposons, professeurs, temps, allocations, il en serait tout autrement pour eux. Le dur labeur, le manque d'instruction et le stress quotidien des gens de bas rang sont les causes de leur différence. Je crois qu'ils sont aussi capables que n'importe quel aristocrate ou bourgeois de réfléchir, de comprendre et d'agir.'

-'Oui, c'est mon avis aussi. Et j'en ai la preuve tous les jours. Abigaëlle est une perle, jamais je n'ai connu femme plus débrouillarde, travaillante et perspicace.'

Anne eut un petit sourire. 'Je vous avoue être envieuse de votre situation. J'aimerais pouvoir m'adresser à ma suivante de la manière dont vous vous adressez à la vôtre. Vous semblez complices, vos conversations sont naturelles. J'imagine que l'on doit se sentir beaucoup moins seule.'

Elizabeth hocha la tête. 'Oui, il est vrai que sa présence est très réconfortante.'

-'Vous avez beaucoup de chance, Mrs Darcy.'

Un silence s'installa entre elles. Lizzie savait ce à quoi elle faisait référence et elle ne savait pas comment répondre à cela. Anne avait grandi sans sœur ni frère, sans compagnie autre que sa gouvernante et sa mère. Une telle solitude est non seulement lourde à porter, mais elle risque de provoquer une agoraphobie marquée si elle persiste pendant longtemps. Il n'était pas surprenant pour Anne d'avoir peur d'être en présence d'étrangers et d'une foule; elle n'avait jamais assisté à un seul bal. Les seules soirées auxquelles elle prenait part étaient celles que sa mère organisait et bien souvent ils n'étaient pas plus de quinze. D'avoir gardé le lit si souvent sans pouvoir bouger et voyager l'avait rendu craintive de l'inconnu. Elizabeth ne savait pas trop comment elle pouvait lui venir en aide, mais, à regarder son visage marqué par la fatigue et la peur, elle sut qu'au moins dans ce domaine Abby pouvait l'aider.

-'Venez, relevez-vous.' L'incita-t-elle gentiment en se levant elle-même. Elizabeth l'entraîna devant son miroir et lui fit prendre place sur sa chaise sculptée. 'Ne pensez plus à ce soir; allons-y étape par étape. Nous allons premièrement vous rafraîchir et vous allez retrouver votre beauté en un rien de temps.'

Abby fut d'abord surprise du nouveau rôle qu'elle devait prendre, mais elle ne fit pas de commentaires et se mit au travail. Elle commença par apporter une bassine d'eau glacée et Anne s'y lava le visage en frissonnant. Puis, appliquant deux compresses de thé contre ses yeux enflés, elle la garda allongée quelques minutes. Pendant ce temps, Lizzie observait la robe de soirée qu'Anne allait porter.

-'Pourquoi ne suis-je pas étonnée du mauvais goût de Lady Catherine.' Murmura-t-elle à l'intention de sa suivante. 'Il faut faire quelque chose.'

-'Je crois que votre ruban de velours rouge serait parfait ici, comme ceinture. Celle-ci est beaucoup trop ornées…je crois qu'il ne sera pas difficile d'arranger cela. J'enlèverais les volants au niveau du cou aussi ou les raccourciraient, du moins.'

-'Et une pince ici, au niveau du décolleté, serait beaucoup plus avantageux sans être déplacé.'

-'Oui, ce serait parfait. Quant au bas, sans tous les autres fioritures, il sera plutôt joli.'

-'Je le crois aussi. Gardons le tout simple et élégant.'

Il fallut du temps et beaucoup d'efforts, mais Abby réussit à transformer Anne du tout au tout. Ses cheveux, remontés élégamment, n'avait rien à voir avec les coiffures enfantines dont elle se parait habituellement. Sa peau, pâle, était rehaussée par une très légère touche de rouge, si subtilement appliquée qu'il était impossible de remarquer qu'un cosmétique était à la base de ce teint frais. La jeune fille avait tout d'abord refusé d'utiliser un tel produit –que dirait sa mère si elle pouvait voir cela?- et s'était finalement laissé convaincre. Le même rouge avait appliqué sur ses lèvres et la différence était surprenante.

-'Qui aurait cru qu'un jour je remercierais ma mère d'avoir acheté cela à Kitty.' Marmonna Elizabeth pour elle-même alors qu'elle contemplait le visage maintenant beaucoup plus vivant de sa cousine.

Les yeux d'Anne avaient finalement désenflés, en laissant toutefois une certaine brillance qui donnait un certain charme. Heureusement, la robe, maintenant trafiquée, lui seyait plutôt bien et la couleur convenait à son teint. Deux boucles d'oreille en diamant et un bracelet en rubis complétaient cette toilette.

-'Vous êtes ravissante.' La complimenta Lizzie, et elle était sincère.

-'Comment puis-je vous remercier?' souffla Anne en observant son reflet, ébahie par ce qu'elle voyait.

-'Vous n'avez pas à me remercier, si ce n'est que je veux que vous vous présentiez à cette Court la tête haute. C'est tout ce que je demande.' Elle se posta derrière elle et croisa son regard dans le miroir. 'Vous pouvez y arriver. Nous avons tous confiance en vous.'

La peur était de retour dans ses yeux, mais c'est avec détermination qu'Anne hocha la tête.

Elizabeth descendit de la voiture sans grande hâte. Elle se remémorait l'année précédente où, excitée par la nouveauté de la ville et son premier bal de la Court, elle avait remarqué toutes les finesses et les richesses du palais. Derrière elle, Kitty vivait ce moment, les yeux grands comme des soucoupes, rendue muette par l'allure grandiose de la place. L'endroit était bondé; les femmes se pressaient à l'intérieur avec leurs sacs de velours contenant leurs chaussures de soie, les cheveux ornés de plumes et de perles, de rubans, fleurs et turbans. Il y en avait de tous les genres; des jeunes filles faisant les yeux doux aux hommes non mariés; les couples, plus solennels, inclinant poliment la tête en croisant leurs connaissances; les vieilles personnes, aidés des plus jeunes. La différence entre les générations était fascinante.

Elizabeth observait cependant la scène d'un autre œil cette fois; elle n'avait pas besoin d'être présentée devant tous et son mariage n'était plus d'actualité. Ce soir, elle était une invitée sans intérêt, les regards ne s'attarderaient pas sur elle, mais sur toutes nouvelles venues en société.

-'Mrs Darcy, je ne crois pas pouvoir le faire.' Murmura une voix paniquée derrière elle.

Lizzie se pencha dans la voiture, où Anne, immobile, semblait clouée sur place.

-'Allez, ne vous inquiétez pas, je sais que tout cela a l'air impressionnant, mais ce n'est qu'un court moment à passer. Venez, descendez, je resterai auprès de vous et Richard de l'autre côté.'

Le Colonel lui offrit sa main et c'est en tremblant qu'elle posa pieds à terre, effrayée comme un animal sauvage. Richard lui prit le bras afin de la soutenir et Elizabeth prit place à sa gauche, assez prêt d'elle pour intervenir au cas où la jeune fille serait prise d'une crise ou d'un évanouissement.

Le temps sembla infiniment long. Les présentations avaient-elles durés si longtemps l'année précédente? Anne, collée à elle comme son ombre, était incapable de parler à quiconque et se contentait de sourire nerveusement. Georgiana et Kitty l'entouraient aussi et engageaient la conversation pour éviter d'attirer l'attention sur la frêle jeune fille.

Puis, enfin, ce fut son tour. Anxieuse, Lizzie observa Richard alors qu'il l'entraînait jusqu'aux trônes où siégeaient le roi et la reine. Il fit une révérence et, d'une voix haute et sûre, annonça :

-'Vos Majesté, permettez-moi de vous présenter ma fiancée, Miss Anne de Bourgh.'

À ces mots, une vague de murmures se propagea parmi les invités, mais Elizabeth n'entendit pas ce qui se disait. Elle avait les yeux rivés sur le visage dangereusement pâle de sa cousine. Elle pouvait voir qu'elle faisait tout son possible pour ne pas s'effondrer et elle fut si soulagée lorsqu'Anne fit sa révérence et se retira qu'elle expira d'un coup, ce que Darcy ne manqua pas de remarquer.

-'Êtes-vous souffrante?' demanda-t-il, inquiet.

Elizabeth eut un sourire. 'Non, je vais très bien. Je ne pourrais pas en dire autant de votre cousine, Mr Darcy, il serait peut-être préférable qu'elle s'assoit un peu.'

-'Impossible.' Répondit Darcy en pointant de la tête la foule qui se dirigeait vers les futurs époux. 'Les félicitations ne font que commencer, Anne aura à supporter un peu plus de compagnie pour le moment.'

-'Nous devons faire quelque chose, ne voyez-vous pas qu'elle est sur le point de salir ce beau plancher de bois?' murmura Lizzie avec empressement, voyant le teint de sa cousine tourner dangereusement au vert. 'Allons les féliciter et entrainons les à l'écart.'

Ce plan fonctionna plutôt bien et il ne fut pas long avant qu'Elizabeth réussisse à emmener Anne à l'abri des regards et elle la fit s'asseoir sur une chaise. La jeune fille prit plusieurs grandes inspirations. 'Je croyais ne jamais y arriver.'

-'Pourtant, vous avez réussi.'

-'La soirée n'est pas terminée…'

-'Mais le pire est passée. Allez, prenez courage, Miss Bourgh, je vais m'assurer que nous ne partons pas tard.'

-'Anne.' Rectifia la jeune fille.

-'Pardon?'

-'Appelez-moi Anne. Après tout ce que vous avez fait pour moi, je serais honorée si vous vouliez m'appeler par mon prénom. De plus, nous sommes cousines, cela serait d'usage.'

-'Cela me plairait énormément.' Répondit Lizzie, touchée.

La cloche du repas retentit et la maitresse de Pemberley offrit son bras à la jeune fille afin de l'aider à se lever.

Plus tard dans la soirée, lorsque le repas fut terminé et que les gens passèrent à la salle de bal pour la danse, Elizabeth, qui surveillait les trois jeunes filles de près, fut distraite par une main qui se présenta devant elle.

-'Mrs Darcy, puis-je avoir l'honneur de cette première dance?' demanda Darcy, un petit sourire aux lèvres.

-'Je ne sais pas si je devrais…Kitty et Georgiana –'

-'Ont déjà un partenaire.' Interrompit-il à l'incitant à le suivre.

-'Mais Anne?'

-'Est entre les mains de Richard, ne vous inquiétez pas. Ne puis-je donc pas profiter de ma femme un petit peu? Nous avons à peine prononcé quelques mots depuis notre arrivée, je commence à croire que votre intention est de m'ignorer.'

Elle eut un petit rire. 'Je suis désolée, Mr Darcy, je crains que nos petites protégées aient pris toute mon attention ce soir.'

-'Et bien, je vais remédier à cela à l'instant. Je vous veux toute à moi.'

-'Vous m'avez déjà toute entière.' Murmura-t-elle, espiègle.

-'Pas encore tout à fait, mais cela ne saura tarder.' Répondit Darcy, suavement.

La musique commença et Elizabeth put camoufler ses joues rouges derrière l'exercice de la danse. Étrangement, même si des centaines de personnes les entouraient, pour elle il n'y avait que lui. La musique était distante à ses oreilles, les conversations inexistantes; hypnotisée par le regard si tendre et aimant de son mari, elle ne pouvait rien voir d'autre alors qu'ils valsaient sur la piste.

-'Ce que vous avez fait pour Anne est très généreux.' Commenta Darcy au bout d'un moment.

-'Cela me semblait tout à fait naturel.'

-'Au contraire. Après tout ce que Lady Catherine a dit sur vous et la manière dont elle vous a traité…je suis surpris que votre bon cœur ait su trouvé une place pour la sympathie.'

Lizzie haussa les épaules. 'Anne n'est pas Lady Catherine et je ne crois pas que punir sa fille pour me venger est une bonne solution. Je crois qu'elle a déjà assez sur ses épaules.'

-'Je suis bien d'accord et je vous aime encore plus pour cela. Vous venez, une fois de plus, de me prouver que vous épouser fut la meilleure décision que j'ai prise dans ma vie.'

Son cœur battait la chamade et ses joues lui faisaient mal tant elle souriait. Quiconque dans la pièce jetant un œil sur le couple ne pouvait douter de l'amour sincère qui les liait. Les Darcy avait été la proie de beaucoup de ragots depuis leur mariage et c'était certainement avec étonnement que la plupart de la société remarqua le changement radical.

-'Je ne sais pas pour vous, mais j'ai déjà hâte d'être sorti.' Murmura Darcy. 'Cette soirée est d'un ennui…Au moins, il y en a deux qui s'amusent bien.'

-'Je crois que Kitty apprécie l'attention qu'elle reçoit.'

-'Oui, d'ailleurs, j'ai demandé à Richard de jeter un coup d'œil sur les prétendants osant s'aventurer vers elles. Je crois que nous aurons une Saison assez mouvementée.'

Elizabeth soupira. 'Pemberley me manque terriblement. Je souhaiterais être en juin pour y retourner.'

Darcy eut un petit sourire en coin. 'Malheureusement, je ne crois pas que vous reverrez Pemberley en juin.'

Surprise, Lizzie le dévisagea. 'Comment? Pourquoi?'

-'Premièrement, nous avons le mariage de nos très chers cousins dans peu de temps et nous y resterons probablement quelques semaines. Ensuite, je vous ai promis un voyage et tout est en place pour que nous partions tout l'été.'

-'Vraiment?'

-'Oui. Georgiana et Kitty seront à Greenfield Park pendant notre absence, question d'être chaperonnées par le seul homme en qui j'ai confiance, et Pemberley a déjà tous ses ordres pour opérer pendant la période estivale sans notre présence.'

-'Allons-nous en Irlande?' demanda-t-elle avidement, les yeux brillants.

-'Oui, sur la propriété de mon père, maintenant la mienne, bien que je n'y sois pas allé depuis sa mort.'

Elizabeth dût faire tout son possible pour ne pas sauter de joie. Plutôt que de faire un spectacle d'elle-même, elle regarda son époux tendrement et lui dit : 'Je vous aime, Fitzwilliam Darcy.'

-'Pas autant que je vous aime, Elizabeth Darcy.'

(-*-)

Bon, en ce qui concerne Eve…Pour celles qui s'inquiètent de savoir si je vais continuer ma fic après tant de commentaires négatifs et dénigrants, rassurez-vous…je n'ai pas du tout l'intention d'abandonner cette histoire! Merci à toutes celles qui ont pris ma défense, mais ça ne vaut pas la peine que vous vous souciez de cela, Eve a droit à ses opinions et même si je partage votre avis que si elle n'aime pas mon histoire elle n'a qu'à ne pas la lire, le fait est que je ne me prends pas la tête avec ces commentaires. Les premiers ont été un choc, bien sûr, mais je n'étais pas surprise d'avoir quelques détails incorrects car je ne suis pas une professionnelle et je n'ai ni formation en littérature ni en grammaire ni en histoire ni en anthropologie. Fanfiction est un endroit pour partager et pratiquer, non? C'est ainsi que je le vois et que je l'ai toujours vu. La critique constructive est toujours appréciée, mais dès que le ton des commentaires devient arrogant, je ne m'en soucie pas car des gens qui n'aiment pas mon écriture, il y en aura toujours. Est-ce que mon écriture est mauvaise parce qu'une seule personne ne l'aime pas? Avec tous ces beaux commentaires et encouragements que vous m'envoyez, croyez-moi que c'est cela que je retiens. Merci à toutes d'être aussi fidèles et impatientes de lire la suite, j'espère ne jamais vous décevoir! À bientôt : )