Enfiiiiiin! Bon, okay, c'est de ma faute. J'avais prévu publier le chapitre il y a de cela trois mois, il était presque prêt. A la dernière correction, je me suis rendu compte que je ne l'aimais pas...et j'ai eu une nouvelle idée et j'ai recommencé à zéro! Puis, alors que la fin du mois d'avril approchait et que mon chapitre était presque prêt...je n'étais pas satisfaite et mes idées ont prit une nouvelle direction et j'ai dû modifier le contenu une nouvelle fois. J'ai toujours un peu de mal avec ce genre de chapitre, les transitionnels, ils me semblent tellement importants. Celui-ci ne fait pas exception... Sur ce, bonne lecture!
Chapitre 40
Revivre
Darcy se sentait à nouveau revivre. Londres n'était peut-être pas l'endroit idéal pour Elizabeth et lui en temps normal, mais cela leur faisait du bien de se retrouver loin de Pemberley et de ses souvenirs. La dernière année avait été riche en émotions et pour la première fois depuis un long moment il sentait le poids du monde s'alléger de sur ses épaules. De se retrouver en compagnie de ses amis l'obligeait à ne plus penser, à ne plus réfléchir, et il devint plus facile pour lui d'apprivoiser le manque que la mort d'Anne faisait peser en lui. Les nombreuses visites et soirées organisées le fatiguait, mais l'aidait aussi à passer au travers des moments difficiles. Peu à peu, il émergea du côté sombre de son esprit. Peu à peu, il se sentit redevenir lui-même.
Darcy voyait aussi l'amélioration de l'état de Lizzie, qui retrouva des couleurs et peu à peu son sourire. Elle délaissa ses tenues noires pour des robes de demi deuil blanches ou lavandes et, la sévérité de ses dernières toilettes abandonnées, elle paraissait à nouveau plus vive et jeune. Son visage trahissait parfois les nuits agitées qu'elle passait, ses rêves hantés par l'image de leur fille, mais bien que ces cauchemars ralentissaient sa guérison, ils ne la plongeaient plus dans un état dépressif comme auparavant. Il remarqua également qu'Elizabeth allait toujours mieux lorsqu'elle se sentait utile et que ses mains étaient occupées, aussi fut-il heureux de la voir prendre son rôle de chaperon bien au sérieux. Georgiana et Kitty étaient un vent de fraîcheur, leur bonne humeur contagieuse. Lizzie puisait son énergie dans leur fébrilité et, même si elle était plus calme et posée que les jeunes filles, elle avait le sourire beaucoup plus facile en leur présence.
Darcy réalisa aussi à quel point il avait des amis inestimables. Bingley, dans le peu de subtilité dont il savait faire preuve, était excellent pour lui changer les idées et lui assurer de passer du bon temps. Il l'encouragea à reprendre les rennes de ses affaires à Londres, qu'il avait lui-même pris en charge durant les derniers mois, et se voyaient quasiment tous les jours. Bien que Bingley faisait tout son possible pour éviter le sujet des enfants, il avait du mal à contenir sa propre fierté concernant son fils et sa fille. Ils grandissaient si vite et leur évolution était fascinante pour le jeune père qui s'émerveillait de chaque étape, ne pouvant s'empêcher de vanter leurs progrès. Darcy, bien qu'il ressentait un pincement au coeur chaque fois que le sujet divergeait vers Charlie et Beth, ne lui en voulait pas de vouloir partager ces moments avec lui. En fait, il comprenait très bien cette fierté bien qu'il ne l'ait pas vécu très longtemps. Plus que cela même, il ressentait une hâte indescriptible d'être habité par ce sentiment à nouveau.
Cependant, Darcy savait Lizzie loin d'être prête à vivre la maternité pour la seconde fois. Malgré qu'ils partageaient le même lit depuis quelques mois maintenant, ils n'avaient pas retrouvé leur intimité et il savait que ce ne serait pas pour un moment encore. Elizabeth était encore ébranlée et la peur de revivre un tel drame la bloquait. Cela ne le dérangeait pas; il ne ressentait pas le besoin d'avoir plus que sa présence à ses côtés. Comme pour le reste, il savait qu'ils avaient besoin de temps pour reconstruire cette facette de leur union.
Alors qu'ils avaient été inséparables à Pemberley, Darcy et Elizabeth durent apprendre à ne pas rechercher la présence de l'autre lorsqu'ils étaient en visite chez leurs amis. Les premières fois furent pénibles car il était très fréquent que les hommes se retirent du salon en laissant les femmes entre elles. Bien que Darcy détestait ne pas être dans la même pièce que sa femme, il apprivoisa l'inconfort que cela provoquait en lui et se contenta de retrouver son épouse en tête à tête le soir dans leur chambre. Ce refuge était pour eux un échappatoire leur permettant de faire face aux journées qui les attendait et, avec le temps, ils sentirent qu'ils pouvaient enfin se tenir sur leurs deux pieds sans avoir à se supporter constamment l'un l'autre de leur présence.
Un matin, alors qu'ils prenaient le petit-déjeuner tous ensemble, Darcy se sentit particulièrement esseulé. Ils avaient un bal ce soir-là et c'était le seul sujet de conversation autour de la table. Il tenta tant bien que mal de se concentrer sur son journal, mais les voix surexcitées de ses deux protégées l'empêchait de lire une seule ligne.
-'Kitty, je t'assure, la robe que tu as choisi est parfaite.' répéta Elizabeth pour la cinquième fois. Il y avait une note de lassitude dans sa voix.
-'Mais je me demande si cela est réellement assez. Non pas que je ne te suis pas reconnaissante de me l'avoir donné, Lizzie, mais est-ce vraiment suffisant pour ce genre de soirée? Ce sera le plus grand et important bal donné de toute la Saison. Probablement le dernier, même. Je dois paraître à mon meilleur. Je n'ai déjà pas beaucoup de chance d'attraper un bon parti avec ma situation alors autant miser sur mon apparence.'
-'On croirait entendre mère.' soupira sa soeur en roulant les yeux. 'Tu es encore si jeune Kitty, ne pars pas à la chasse aux hommes tout de suite.'
-'J'ai vingt ans maintenant. Si je ne me trompe pas, tu avais vingt et un an quand tu as rencontré Mr Darcy. Je n'ai pas envie de rester vieille fille.'
-'Tu as encore quelques années devant toi quand même.'
-'Je peux te prêter mon bracelet d'or, si tu veux.' proposa gentiment Georgiana. 'Il irait parfaitement avec ta robe.'
-'Et tu peux prendre mon nouveau châle, si tu le souhaites.' ajouta Lizzie, qui n'avait pas apporté de bijoux avec elle par respect pour son deuil.
-'Vraiment? Tu ne comptais pas le porter?'
-'Si, mais il sera beaucoup plus utile sur tes épaules. Je n'ai personne à impressionner.'
Les yeux de Kitty s'illuminèrent. 'Oh, merci Lizzie! Merci Georgie!'
Elizabeth eut un petit sourire espiègle. 'Serait-ce pour plaire à un certain gentleman, cette soudaine envie de te parer comme une reine?'
La jeune fille rougit légèrement. 'Je ne vois pas de qui tu parles...'
-'Un certain Lord Nathaniel Escott peut-être?'
-'Il ne s'intéresse pas à moi de cette manière.'
-'Ne t'a-t-il pas demandé de te réserver une danse pour ce soir?'
-'Oui, mais il a demandé la même chose à Georgiana.'
-'Hmm-mm.'
-'Il n'y a rien, je t'assure!' insista Kitty. 'S'il avait eu de l'intérêt pour moi, il se serait déjà manifesté, non?'
-'À moins que son intention était de te faire part de son intérêt ce soir.'
-'Oh, Lizzie, cette idée est ridicule. Tu vois des choses là où il n'y en a pas.'
Darcy n'intervint pas, mais il savait qu'elle se trompait. Il avait observé ce Lord Nathaniel Escott avec attention et en avait souvent eu l'occasion depuis le début de la Saison. Si aux yeux d'autrui il ne semblait pas avoir de préférence, Darcy avait perçut en lui un léger penchant pour Miss Catherine Bennett. Ses yeux s'illuminaient d'une manière qui ne se produisait pas lorsqu'il s'adressait à quelconque autre jeune femme. De plus, il recherchait fréquemment sa compagnie et conversait facilement et longuement avec elle. Cela n'était pas assez pour qu'une affection potentielle soit évidente, mais cela démontrait néanmoins qu'il s'intéressait à elle.
-'Et toi Georgie?' demanda Elizabeth, curieuse. 'Crois-tu que Mr Parker renouvellera ses attentions?'
Darcy serra les poings, froissant son journal, mais ce geste passa heureusement inaperçu. Comme chaque fois que ce nom était évoqué, il ressentait une pointe d'agacement. Il n'aimait pas cet homme et ce depuis qu'il avait dansé avec sa femme au premier bal auquel ils avaient assisté ensemble en tant que nouveaux mariés.
-'Je ne sais pas.' répondit timidement Georgiana. 'Je crois qu'il sera accompagné de son oncle ce soir, il devait arriver par bateau aujourd'hui même. Peut-être sera-t-il trop occupé à le divertir pour danser ou même nous faire la conversation.'
-'Je suis sûre qu'il souhaitera vous introduire.'
Darcy détestait se l'admettre, mais Mr Parker était un excellent parti. Sa position, le titre dont il allait hériter à la mort de son oncle, Lord Gyllingham, ainsi que la fortune qui allait avec n'étaient pas négligeables. Peut-être était-ce pour cela qu'il n'aimait pas cet homme. Peut-être était-ce le fait qu'il savait le match parfait qui le rendait méfiant. Après tout, il pouvait être celui qui lui enlèverait Georgiana pour toujours. Il avait beau lui chercher un défaut, et l'avait observé très attentivement depuis son arrivée à Londres, aucun drapeau rouge ne s'était manifesté. Bien au contraire, il était difficile de ne pas aimer l'attitude joviale et chaleureuse de Mr Parker au fur et à mesure qu'il apprenait à le connaître. Pire encore, il se surprit à parfois rechercher sa compagnie afin d'engager la conversation avec lui, qui étudiait à Cambridge, là où lui-même avait étudié dans son jeune âge.
Les femmes passèrent de nombreuses heures à l'étage afin de se préparer et Darcy ne fut pas déçu de les voir descendre l'escalier en début de soirée. Les deux jeunes filles étaient resplendissantes dans leurs nouvelles tenues de soirée; Georgiana portait une robe de satin bleu ciel, ses cheveux joliment coiffés et embellis par un peigne serti de petits saphirs. Kitty était tout aussi belle dans sa robe rouge, le bandeau assorti parant sa tête, et il savait qu'elle ferait tourner quelques regards. Cependant, rien ne lui coupa plus le souffle que son épouse qui, derrière, s'était fait plus discrète. Ses yeux ne la quittèrent pas lorsqu'elle posa délicatement sa main sur la rampe et descendit lentement, un petit sourire aux lèvres. Sa robe, d'un blanc crème, n'avait rien d'extravagant, mais présentait un travail de broderie magnifique. La pâleur de sa peau et de sa tenue contrastait avec l'ébène de ses cheveux, qu'elle avait remontés et tressés avec un ruban immaculé. Elle ne portait que des perles à son cou et son jonc de mariage à son doigt et cette simplicité charma Darcy à un point tel qu'il se surprit à ressentir un désir qu'il n'avait pas expérimenté depuis un long moment.
-'Mrs Darcy, il est injuste de voler ainsi la vedette.' lui murmura-t-il à l'oreille lorsqu'il la mena vers le devant de la maison, là où un attelage les attendait.
Elle eut un petit rire. 'Je ne pense guère attirer l'attention avec la banalité de ma tenue.'
-'Vous avez attiré la mienne en tout cas.'
Il était fier lorsqu'ils arrivèrent à destination et qu'il se présenta à leurs hôtes si bien entouré. Les yeux se tournèrent effectivement vers eux lorsqu'ils pénétrèrent dans la salle de bal et presqu'aussitôt Kitty et Georgiana furent assaillies par les jeunes hommes voulant être leur partenaire pour la première danse. Elizabeth et lui se mirent un peu en retrait et il ne fut pas long avant qu'un couple d'amis vienne leur faire la conversation.
Il était difficile pour Darcy d'arracher son regard de sa femme cette soirée-là. Elle évoluait parmi les invités avec aisance et pendant un instant il eut l'impression qu'ils étaient au bal de Netherfields pendant lequel ses yeux ne l'avait pas quitté de la soirée. Cette fois par contre, il n'avait pas la frustration de ne pas savoir comment rejeter l'amour qui grandissait en lui. Au contraire, il pouvait laisser ce sentiment l'envahir tout entier.
Elizabeth croisa son regard à travers la pièce et haussa les sourcils, amusée de voir son mari l'épier ainsi. Il lui répondit seulement par un sourire et il espérait que son regard trahisse tout ce qu'il aurait aimé lui dire. Par la teinte de ses joues, il en déduit que si.
Ce fut elle qui le rejoignit peu de temps après et qui se pencha pour lui murmurer:
-'Que se passe-t-il avec toi ce soir, je te sens changé.'
-'Ah?'
-'Ces regards, ces commentaires...'
Darcy aurait voulu l'enlacer, mais il se contenta de lui prendre discrètement la main. 'Je ne sais pas ce qui se passe. Je me sens...heureux, c'est tout. Aujourd'hui j'ai l'impression de voir en couleurs alors que mes jours ont été principalement en noir et blanc depuis quelques mois. Et ces couleurs sont magnifiques.'
Lizzie ne put s'empêcher de rougir à nouveau. 'Will...'
-'Je ne te demande rien.' la rassura-t-il à voix basse. 'Je serai patient. En attendant, je veux te montrer à quel point je t'aime. Nos vies sont peut-être différentes maintenant, mais mon amour ne changera jamais. Je sais que je n'ai pas toujours été très démonstratif et je crains que je ne me transformerai jamais en prince charmant, mais je suis déterminé à être plus ouvert et honnête avec toi. Je te l'ai promis.'
Elizabeth serra sa main dans la sienne. 'Merci.'
Ils furent alors interrompu par quelqu'un qui les interpela. Darcy fit volte-face et fut surpris de voir Mr Parker. Il était accompagné d'un homme plus âgé qui, l'air un peu renfrogné, semblait s'ennuyer à mourir.
-'Mr Darcy, Mrs Darcy.' dit-il en s'inclinant légèrement. 'Puis-je vous présenter mon oncle, Lord Gillingham.'
Il devait avoir près de la cinquantaine. Bien portant, de grande stature, il n'y avait aucun doute que cet homme portait un titre et l'assumait pleinement. Il n'avait presque plus de cheveux sur la tête, mais son bouc fourni et bien découpé était blanc comme la neige.
-'Comment allez-vous, Lord Gyllingham?' demanda Lizzie de sa voix chaleureuse. 'J'ai entendu que vous veniez d'arriver à Londres par bateau ce matin même. J'espère que vous avez fait bon voyage?'
-'Pénible, comme toujours.' grommela le vieil homme d'un ton bourru.
-'Le temps a été clément ces derniers jours, la traversée n'a pas dû être trop difficile.'
-'Non, en effet, mais je me fais vieux pour ce genre de voyage. Je préfère de loin avoir les deux pieds sur terre.'
-'Vous vivez en Grèce, n'est-ce pas?' demanda Darcy.
-'Oui, j'y possède une propriété qui, ma foi, me rend plutôt fier. Je l'ai fait construire il y a plusieurs années et je compte y finir mes jours, loin de Londres et de ses rigidités. Mes rhumatismes n'aiment pas les climats humides et nous vivons dans un pays où la pluie est maîtresse des lieux. De plus, je ne supporte pas la société londonienne. J'ai assez donné. Je veux être libre maintenant.'
Mr Parker s'éclaircit la gorge, mal à l'aise. Elizabeth sourit. 'Nous avons alors un point commun, Lord Gyllingham, l'amour de l'air frais de la campagne.'
-'J'avoue préférer la paix plus que l'air frais, Mrs Darcy. J'ai vécu plus de quarante ans en Angleterre et je ne reviendrai plus y vivre de façon permanente. J'ai quand même deux propriétés, une que mon neveu ici présent occupe lors de ses séjours à Londres, et une autre près de Wales, qui ne sert malheureusement à rien. Nicolas se fera un plaisir de tout empocher dès que je serai mort.'
-'Oncle!' souffla Mr Parker, choqué.
-'Quoi? N'est-ce pas la vérité? Voyez-vous, Mr et Mrs Darcy, je n'ai pas eu la chance d'avoir un fils de ma défunte femme. Seulement une fille et elle est décédée avant ses deux ans. Le fils de ma soeur ici présent aura la joie de devenir Lord Gyllingham lorsque je ne serai plus et je suis certain qu'il fera un bien meilleur baron que moi.'
Darcy sentit sa gorge se serrer et il jeta un coup d'oeil à Elizabeth, qui eut un sourire un peu crispé cette fois.
-'Encore un point que nous avons en commun alors.' répondit-elle, sa bonne humeur plus forcée.
Mr Parker changea rapidement de sujet. 'Mon oncle, puis-je vous offrir un rafraichissement?' Puis, alors qu'il le menait vers la table où se trouvait le punch, il glissa à l'intention de ses interlocuteurs . 'Je suis désolé si les paroles de Lord Gyllingham vous rappelle de douloureux souvenirs. Je crains que les nouvelles ne traversent pas vite jusqu'en Grèce; il n'est pas au courant de votre terrible épreuve.'
-'Aucune offense, rassurez-vous.' répondit Darcy, espérant que les paroles du nouveau venu n'ait pas fait trop de dommages.
Il attendit que les deux hommes soient hors d'écoute avant de se pencher vers Elizabeth afin s'assurer de son état, mais elle le devança avant même qu'il ait pu ouvrir la bouche.
-'Je vais bien, ne t'inquiète pas.' lui murmura-t-elle.
Cependant, elle avait beau l'avoir rassuré, elle semblait soudainement plus renfermée. Elle restait près de lui sans se joindre aux conversations, l'air sombre et pensive. Oh, pourquoi avait-il fallu que le vieil homme vienne tout gâcher avec ses paroles irréfléchies? Sachant l'importance de ne pas laisser Lizzie aller trop loin dans ses pensées, Darcy déposa le verre qu'il tenait à la main et l'obligea à faire de même. La musique commençait et les couples se positionnaient rapidement au milieu de la salle de bal. Il tendit la main vers son épouse en haussant un sourcil, un petit sourire aux lèvres. Elle le regarda avec surprise, mais il ne lui laissa pas le temps de réfléchir et l'entraina dans la lignée juste à temps pour débuter la prochaine danse.
Cela eut l'effet escompté. Il y avait plus d'un an qu'ils n'avaient pas danser tous les deux et leur performance le trahissait. Cependant, même si Darcy avait l'impression de toujours être un quart de seconde en retard sur tout le monde, il était heureux de voir qu'Elizabeth semblait s'amuser. Ils partageaient des regards complices et des fous rires réprimés alors que les pas de la danse les rapprochait et les séparait à nouveau, et il réalisa à ce moment qu'il avait réellement changé. Les derniers mois l'avait profondément bouleversé bien sûr et il avait su, dès ce moment, qu'il ne serait plus le même. Il ne s'était par contre pas attendu à découvrir cette nouvelle liberté, celle de ne pas se soucier d'avoir l'air moins que parfait aux yeux des autres. Autrefois il aurait refusé de faire un spectacle de lui-même, mais aujourd'hui il était prêt à paraître maladroit si cela lui permettait de voir Lizzie sourire.
La cadence augmenta et bientôt ils furent à bout de souffle tous les deux. Heureusement pour eux, ils ne se marchèrent pas sur les pieds et, lorsque la musique cessa, Elizabeth avait les joues rosies par l'exercice. Complètement sous le charme, Darcy fit une profonde révérence avant de se pencher vers elle et de lui murmurer à l'oreille:
-'Cette couleur vous va à ravir, Mrs Darcy.'
Elle porta instinctivement les doigts à son visage et, plongeant son regard dans le sien, Darcy fut heureux d'y voir se refléter les mêmes émotions qui bouillonnaient en lui. Puis son sourire s'affaissa et elle balbutia une excuse avant de quitter la piste de danse. Stupéfait, il resta immobile un moment avant de se lancer à sa poursuite. Il la retrouva quelques minutes plus tard, seule dans le petit salon.
-'Lizzie?'
Elizabeth essuya ses larmes avec son mouchoir puis soupira impatiemment. 'Je suis désolé, Will. Je ne sais pas ce qui me prend. Je sais que tu voulais me faire plaisir en m'invitant à danser.'
-'Mais?' insista-t-il doucement.
-'Mais depuis que nous sommes à Londres, j'ai l'impression de me réveiller d'un long sommeil.'
Il ne comprenait pas. 'Et c'est une mauvaise chose?'
-'Non, non, ce n'est pas cela...C'est juste que...Je me sens revivre. Je retrouve le goût de plein de choses. Je m'intéresse aux autres, à ce qu'ils font, à mes tâches. Je me surprends à ressentir l'envie de courir, de bouger, d'apprendre. Je me sens redevenir la personne que j'étais, avant qu'Anne nous quitte. Pas exactement la même personne, mais je me sens à nouveau moi. De plus en plus, je laisse derrière moi le nuage sombre que sa mort a apporté dans ma vie et je laisse le soleil illuminer mon humeur et mes pensées.'
Darcy était si heureux d'entendre ces paroles qu'il l'aurait prit dans ses bras et serré avec force. De retrouver la Lizzie qu'il avait toujours connu, la Lizzie qui venait tout juste de danser avec lui, pétillante et pleine de vie, était un véritable cadeau du ciel.
-'Alors pourquoi es-tu triste?'
Les yeux d'Elizabeth se remplirent de larmes fraiches. 'Je ne suis pas triste. Je me sens coupable de vouloir, et réussir, à vivre normalement à nouveau. Je sens comme si je la trahissais chaque fois que j'ai envie de sourire, de danser ou de rire. Et cette culpabilité me ronge chaque moment de bonheur qui se présente à moi et ils sont de plus en plus nombreux. J'ai envie d'être heureuse et j'ai l'impression que je ne devrais pas, que c'est une insulte à sa mémoire.'
Elle plaqua une main contre sa bouche pour étouffer les sanglots qui la secouait et Darcy l'étreignit aussitôt pour la consoler. Il sentit ses propres yeux lui brûler alors qu'il la calmait avec des paroles douces. Il ne s'était jamais posé la question lorsqu'il avait senti la lumière à nouveau dans sa vie, il l'avait seulement accueillit à bras ouvert, heureux du répit et de la légèreté que cette liberté lui apportait. Certes, il songeait très souvent à Anne et il avait lui-même des moments difficiles où il semblait que la douleur était plus aigue, mais maintenant qu'il avait fait son deuil, qu'il avait accepté que la vie était ainsi faite et que sa fille était auprès de Dieu, il n'avait pas de retour en arrière. La vie devait continuer. Il devait avancer.
-'Lizzie, mon amour, écoute-moi bien.' lui dit-il alors contre ses cheveux. 'La perte d'un être cher n'est pas synonyme d'une condamnation à être malheureux pour le reste de ses jours. C'est un fardeau que l'on doit porter jusqu'à notre dernier souffle, c'est vrai, mais ce fardeau n'a pas à être plus lourd qu'il ne l'est déjà. Personne ne souhaite voir quelqu'un que l'on aime souffrir et Anne ne voudrait pas que l'on se prive de vivre par respect pour sa mémoire. Au contraire, elle voudrait que l'on vive ce qu'elle n'a pas eu la chance de vivre: une vie remplie de bons moments, de bonheur, de sourires, de rires...d'amour. Elle aurait été entouré de tout cela. De ne pas vivre pleinement, voilà ce qui devrait nourrir une culpabilité, pas le contraire.'
Elizabeth leva les yeux vers lui. 'Tu le penses vraiment?'
-'Oui, je le pense vraiment. Aujourd'hui a été la première fois depuis un très long moment où j'ai eu l'impression de retrouver la femme que j'ai épousé.' avoua Darcy, la gorge serrée. 'Si elle est là, ne l'empêche pas de se manifester. Laisse la sortir de l'ombre. Elle sera ton plus grand atout pour laisser le passé derrière toi et aller de l'avant. Et, aussi égoïste ces paroles puissent être, elle me manque terriblement.'
Lizzie posa tendrement une main sur sa joue. 'Elle reviendra. Je te le promets.'
Il l'embrassa doucement, son corps répondant aussitôt à ce geste si intime après tant de temps. Il sentit son épouse se raidir tout d'abord, puis se détendre lentement alors qu'il approfondissait son baiser. Il arrêta après un moment, conscient qu'il ne fallait pas la brusquer. Il expira brusquement, appuyant son front contre le sien.
-'Je t'aime Lizzie. Plus que jamais.'
Darcy aurait voulu rester ainsi toute la soirée, seule avec elle dans ses bras. Cependant, le moment fut brisé presque instantanément brisé par Kitty et Georgiana qui déboulèrent dans la pièce.
-'Lizzie?'
Il fut aussitôt sur le qui-vive en voyant sa belle-soeur agitée et les yeux rougis. Il jeta un regard vers Georgiana, mais semblait aussi perdue que lui face à cet étrange comportement.
-'Que se passe-t-il?' demanda Elizabeth d'une voix inquiète. 'Es-tu souffrante?'
-'Pouvons-nous partir?'
-'Oui, bien sûr, mais Kitty-'
-'Maintenant?' insista-t-elle s'agrippant à son bras. 'Je veux partir, Lizzie. S'il te plaît, emmène moi loin d'ici.'
(-*-)
Je dois avouer que, malgré tout le travail mis dans ce chapitre, je n'arrive pas à être complètement satisfaite. J'espère qu'il vous a tout de même plu!
J'avais pensé écrire le prochain chapitre sous le point de vue de Kitty...est-ce que cela vous intéresserait? Je m'en tiens principalement à Lizzie et Darcy habituellement, mais je pense que Kitty pourrait être un personnage intéressant à explorer. Elle ne deviendra pas un personnage principal, mais elle aurait quelques chapitres dédiées à elle.
Je tiens à vous rassurer, je n'abandonnerai pas ma fic : ) Vous êtes nombreuses à vous poser la question quand je tarde à publier, mais je vous rassure une nouvelle fois: je n'ai aucune intention d'abandonner cette fic, dussai-je prendre encore des années à la terminer! Je sais que parfois le temps est long entre les publications, mais je vous assure que je fais du mieux que je peux avec le temps que j'ai. Je suis absolument résolue à la terminer, peu importe le temps que ça me prendra! Je songe à mes histoires tous les jours alors impossible de vous oublier, bien au contraire, vous m'encouragez à poursuivre avec tous vos beaux reviews!
Je ne peux promettre de respecter les échéanciers que j'aimerais suivre car, comme vous devez le savoir vous-même, la vie n'est pas un long fleuve tranquille...Je suis présentement dans le processus d'acheter une maison (avec un coin bureau juste à moi pour écrire, yay!) et la paperasse, les formalités, les appels, la route à faire, les contraintes, les boîtes, les enfants, toutes ces choses font que sincèrement, quand j'ai une minute à moi, Netflix est mon meilleur ami pour souffler un peu!
Quoi qu'il en soit, puisque cette note de l'auteur s'en vient beaucoup trop longue et que vous avez mieux à faire que de m'entendre parler de ma vie, j'espère pouvoir publier plus rapidement la prochaine fois. Cependant, je sais qu'avec la maison que nous aurons dans à peine un mois, je serai très occupée pendant le mois de juin et de juillet. Je ne promets donc pas de date, mais je promets cependant que vous l'aurez! En espérant ne pas vous faire attendre trop longtemps, à bientôt!
