Encore moi! Êtes-vous surprises de cette publication rapide? Et bien moi aussi haha! Je tiens à préciser que c'est un chapitre plutôt court que j'ai réussi à écrire rapidement entre 9 recettes de gâteaux...Ma sœur s'est mariée il y a un peu moins de 2 semaines et elle voulait qu'on fasse nous-mêmes un gâteau de 3 étages pour 95 personnes. Bien entendu, c'est quand je suis le plus occupée que l'inspiration frappe alors le résultat est sous vos yeux! Et puis, il était grand temps pour un beau moment entre nos deux personnages préférés…Bonne lecture!
Chapitre 45
Une surprise inattendue
-'Bientôt tu ne pourras plus le cacher.'
Elizabeth sourit alors que Darcy caressait doucement son ventre légèrement enflé, sa grande main parcourant la courbe avec tendresse. Depuis qu'elle lui avait annoncé la bonne nouvelle, son époux profitait de tous les moments qu'ils avaient seuls pour le toucher.
-'Je mets au défi quiconque de remarquer une différence alors que je porte mon corset.' Répondit-elle avant de s'étirer paresseusement dans le lit. Il était rare qu'ils puissent faire la grasse matinée ensemble, mais ce matin son époux avait décidé de rester auprès d'elle afin de souligner leur anniversaire de mariage.
Darcy apposa un baiser sur le galbe de son décolleté. 'Ton ventre est peut-être facile à cacher, mais ceux-là le sont un peu moins.'
Lizzie sentit son corps répondre aussitôt à cette attention. 'Si tu cessais un peu de les fixer chaque fois que nous sommes dans la même pièce, peut-être que les gens remarqueraient moins la différence.'
Il eut un rire grave, ses baisers remontant lentement le long de sa gorge. 'Crois-moi, même si je déployais tous les efforts possibles pour garder mes yeux ailleurs que sur toi, les regards se tourneraient tout de même dans ta direction. Tu es splendide, Lizzie.'
Elle captura ses lèvres, assoiffée de lui comme s'ils n'avaient pas eu d'intimité depuis des mois. Pourtant, ce n'était pas les rapprochements qui manquaient; bien que réticent au début, Darcy avait fini par céder lorsqu'elle lui avait assuré qu'il n'y avait aucun danger. Depuis, ils avaient du mal à garder leurs distances, attirés l'un à l'autre comme des abeilles à du miel.
Elizabeth soupira de désir alors qu'il dénouait la corde de sa robe de nuit, exposant bientôt cette partie de son anatomie qu'il affectionnait particulièrement.
-'Abby sera bientôt là.' Murmura-t-elle alors que ses doigts s'emmêlaient dans les boucles brunes de son mari, l'invitant ainsi à poursuivre ses intentions.
-'Elle attendra. Plus un mot maintenant, Mrs Darcy.' répondit-il, son souffle chaud contre sa peau. Ses yeux brûlaient aussi ardemment que les siens lorsqu'il les leva vers elle. 'Si vous en êtes capable.'
Quatre années s'étaient écoulées depuis cette journée où elle avait uni sa vie à celle de cet homme. Quatre années de hauts et de bas qui avaient modelé leur couple comme de la glaise, lissant ici et creusant là, et où chaque jour avait apporté une nouvelle touche à l'œuvre qu'ils accomplissaient ensemble. Malgré les épreuves, Lizzie savait qu'elle avait fait le bon choix d'accepter d'épouser le mystérieux et fier Fitzwilliam Darcy. En cette journée plus que jamais, elle sentait qu'elle n'était plus Elizabeth Bennet. Elle voyait maintenant que le chemin qu'elle avait fait depuis ce froid matin de décembre l'avait amené à s'affirmer dans cette vie bien différente de celle où elle avait grandit. Alors que sa dernière grossesse avait été un moment pénible de solitude et de restrictions, celle-ci lui permettait un épanouissement libérateur. Darcy n'était plus le même homme non plus; la peur viscérale qui l'avait habité la dernière fois était remplacée par un besoin constant de lui montrer son amour à elle et leur enfant. Désillusionnés, ils faisaient fi des croyances et ouï-dire, laissant leur cœur décider à la place des convenances.
Quand Darcy la faisait sienne, comme en cette langoureuse matinée, c'était toujours avec douceur et amour. Il avait beau avoir accepté d'ignorer la règle d'abstinence, cela ne diminuait en rien son côté protecteur. En fait, ces moments lui semblaient encore plus tendre par la manière dont il vénérait son corps, comme si jamais ses yeux n'avaient vu plus belle chose. Et toutes les fois où ils trouvaient leur plaisir, il ne manquait jamais de rester contre elle jusqu'à ce que leur cœur s'apaise, sa main reposant sur le futur qui grandissait en elle.
Oui, plus que jamais, elle se sentait Elizabeth Darcy.
Alors qu'ils étaient étendus l'un contre l'autre dans cette position si familière maintenant, la vision d'Elizabeth se brouilla. Il y avait tant d'amour dans sa vie qu'elle ne pouvait croire qu'il était réel. Après tant de mois sombres, ce soleil et cette chaleur lui semblaient impossible.
-'Lizzie?'
Elle rassura son mari avec un sourire, mais l'inquiétude de ce dernier persista. Il leva la main pour chasser la larme sur sa joue avec son index et traça lentement le contour de son visage. Il ne la pressa pas dans la confidence; plusieurs épisodes de ce genre s'étaient produits dans les dernières semaines et il avait rapidement compris que la grossesse jouait grandement avec ses émotions. Il l'attira à elle et Lizzie se réfugia dans son étreinte avec un soupir.
-'Tout ira bien.' Murmura Darcy en apposant un baiser sur le dessus de sa tête. 'Abby a dit qu'il vivrait, non?'
Elizabeth avait longuement réfléchit à si oui ou non elle devait lui révéler ce que sa suivante lui avait dit. Au final, elle s'était décidé à ne lui mentionner que ce qui concernait leur enfant. Le reste lui semblait trop imprécis, trop nuancé, et ne ferait que l'inquiéter pour rien. Et puis cela ne se produirait pas avant des années, il valait donc mieux ne pas s'y attarder pour le moment. Tout d'abord Darcy s'était braqué un peu, mal à l'aise face à l'usage d'un tel art, mais il avait rapidement trouvé le même réconfort qu'elle dans la notion que cet enfant ne leur serait pas enlevé. Même s'ils se gardaient une réserve, il était évident que les mots d'Abby étaient un rocher auquel ils s'accrochaient tous les deux pour ne pas sombrer dans la peur.
-'C'est un tel bonheur de ne plus se sentir si…vide.' Répondit-elle éventuellement. 'Parfois je me demande si tout ceci n'est qu'un rêve et qu'à tout moment je pourrais me réveiller et réaliser que rien n'a changé.'
-'Est-ce pour cela que tu ne veux pas retourner à Pemberley?'
Elle se mordit la lèvre. 'C'est ridicule, n'est-ce pas? Mes derniers souvenirs d'elle sont là-bas et j'ai peur de perdre tout le progrès que j'ai fait dans les derniers mois dès que je franchirai la porte.'
-'Ce n'est pas ridicule. J'ai moi-même du mal à fréquenter certaines pièces encore aujourd'hui.'
Il n'avait pas besoin de préciser lesquelles pour qu'Elizabeth sache de quoi il parlait; la nurserie et la chambre bleue lui donnait encore des cauchemars. Les souvenirs firent soudainement surface et un frisson la parcourut lorsqu'elle songea à ce qui l'attendrait dans quelques mois. Les images de son confinement et de son accouchement envahirent son esprit et sans prévenir, un sentiment fort et inattendu s'empara d'elle.
-'Il est hors de question que je laisse cette femme, cette Mrs Jolly, me séquestrer à nouveau.' Dit-elle avec passion. 'Je ne veux plus jamais la revoir, Will. Je me fiche complètement de la réputation qu'elle tient dans le comté, je refuse qu'elle m'assiste à mon accouchement. Je veux choisir moi-même la sage-femme qui sera à mes côtés.'
Darcy eut un mouvement de recul devant sa véhémence. 'Si tu ne veux pas d'elle, je ne te l'imposerai pas.'
-'Cette femme ne passera plus jamais les portes de notre maison.'
-'Comme tu veux, Elizabeth.'
-'Promets-moi, Will.' Insista-t-elle en levant la tête pour le regarder dans les yeux. 'Promets-moi que tu ne m'obligeras pas à me séparer de notre enfant.'
Il fronça les sourcils. 'Te séparer?'
-'Je veux qu'il dorme avec nous. Je veux que son berceau soit dans notre chambre, près de notre lit. Je ne veux pas de nourrice.'
-'Tu ne veux pas dire…Tu veux allaiter toi-même?'
Elle hocha la tête, déterminée. 'Oui. Cela est non-négociable, Will. J'ai laissé une autre femme s'occuper de ma fille par peur de choquer notre entourage alors que mon corps entier souffrait de cette séparation. Plus jamais je ne ferai cette erreur. Je me suis promise que si Dieu était bon et qu'un nouvel enfant me serait donné, je ne tomberais plus sous la pression. Si l'on parle de moi, tant pis. Rien n'est plus important que notre enfant, Will. Et rien ni personne, pas même toi, ne m'empêchera de le garder près de moi.'
Darcy l'observa sans dire un mot pendant plusieurs secondes. Lorsqu'il se prononça enfin, la réponse qui sortit de sa bouche ne fut pas la déclaration de guerre qu'Elizabeth s'était attendu à recevoir.
-'Je te le promets, Lizzie.'
Elle fut prise au dépourvu. 'Vraiment?'
-'Vraiment. Pourquoi es-tu si surprise?'
-'Et bien, je…Je croyais avoir à me battre pour obtenir ce que je désire, tu étais si obstiné la dernière fois.'
Il eut un sourire triste. 'Cela était avant Anne. Aujourd'hui, beaucoup de choses ont changés.'
Elizabeth se radoucit aussitôt, son cœur douloureux devant les regrets si évidents dans le regard de son époux. 'Merci, Will.'
Il répondit par un long baiser. Son corps se moula au sien à nouveau et elle voulut lui montrer sa reconnaissance quand un long gargouillement se fit entendre. Elle le sentit ricaner contre ses lèvres.
-'Dois-je sonner la cloche?'
Elle devait avouer qu'elle était affamée. Darcy s'étira pour tirer sur la corde de service et se leva du lit. Lizzie fit de même, cherchant sa chemise de nuit dans les draps afin de retrouver un peu de modestie.
-'Je quitte pour Pemberley demain.' Lui annonça-t-il alors qu'il enfilait ses pantalons. 'Je devrais être de retour dans une semaine ou deux.'
Elizabeth fit la moue. 'Encore?'
-'Ce barrage pose toujours problème. La construction a été retardée et les hommes travaillent toujours à solidifier sa structure. Il est primordial que ce soit fait avant les pluies du printemps. La rivière couvre un peu plus de six miles sur nos terres, s'il fallait qu'il cède les dommages seraient désastreux.'
-'Seras-tu de retour pour les douze jours de Noël?'
-'Si tu y tiens tant, je ferai mon possible pour être présent.'
Elle l'enlaça par derrière, appuyant sa tête contre son dos. 'Le temps est long sans toi. Tu fais des aller-retour depuis des mois.'
-'J'ai des devoirs à Pemberley, Lizzie. Je dois tout mettre en ordre, nous partons bientôt pour Londres. Je ne pourrai plus faire le chemin aussi facilement; la distance sera trop grande et nous serons trop occupé avec nos protégées pour que je puisse me concentrer notre domaine.'
-'Je sais bien.'
Il se tourna pour lui faire face et prit ses mains pour les embrasser. 'Je ne te forcerai pas à revenir Lizzie, mais…Pemberley est notre maison. Je sais que les souvenirs y sont difficiles, cependant nous nous devons de faire de notre mieux pour ne pas les laisser prendre le dessus sur nos responsabilités. Nous pouvons construire de nouveaux souvenirs, de nouveaux moments remplis de joie qui apaiseront ceux qui ont été remplis de peine.'
Elle poussa un long soupir, toujours incertaine.
-'J'aimerais…' ajouta-t-il, hésitant. 'Lizzie, j'aimerais beaucoup que notre enfant naisse à Pemberley.'
La supplication dans ses yeux fut ce qui la convainquit enfin. Darcy avait raison; ce bébé devait naître dans la maison familiale, l'endroit qu'ils aimaient le plus tous les deux. Il était temps pour elle de surmonter la peur des mauvais souvenirs et de se réapproprier sa demeure.
-'D'accord, Will. Dès que la Saison sera terminée, nous retournerons à Pemberley.'
Le sourire qui illumina son visage lui gonfla le cœur. 'Cette décision est le plus beau cadeau que tu pouvais me faire, après le fait de porter notre enfant bien sûr.'
-'Si j'avais su qu'il était si facile de te plaire, je n'aurais pas fait préparer ces nouveaux gants d'équitation pour toi.' Plaisanta-t-elle en indiquant d'un coup de tête le présent qu'elle lui avait offert un peu plus tôt.
Il se dirigea alors vers l'armoire, de laquelle il produisit une longue boite décorée d'un ruban jaune. 'À mon tour de t'offrir quelque chose.'
Elle le regarda avec méfiance et intérêt. 'Qu'est-ce que c'est?'
Elle ouvrit la boite et s'exclama aussitôt devant le châle Kashmiri qu'elle contenait. Elle souleva le tissu afin de caresser le cachemire entre ses doigts, captivée par la riche couleur cerise et les motifs indiens.
-'Will, cela est beaucoup trop.' Murmura-t-elle, ébahie qu'une telle chose soit sienne. Elle enroula le châle autour de ses épaules et observa son reflet dans le miroir.
-'Je ne voulais pas que vous attrapiez froid, tous les deux.'
-'Il est magnifique et je l'adore.'
Darcy l'attira à nouveau à lui. 'Ces quatre dernières années ont été les plus difficiles, mais les plus belles de ma vie. Je remercie Dieu de t'avoir mis sur mon chemin chaque jour qui passe.'
Leur baiser fut interrompu par l'arrivée d'Abby et Troy, le nouveau valet de Darcy. Avec un dernier sourire, ils se séparèrent afin de se préparer pour la journée.
Elizabeth regarda son reflet avec satisfaction. Son nouveau châle cascadait élégamment depuis ses coudes jusqu'au plancher, la couleur encore plus vive contre sa robe de mousseline immaculée. Sa massive chevelure bouclée était remontée en un chignon à la grecque et un ruban brodé de fils d'argent faisait trois fois le tour de sa tête avant de tomber gracieusement contre son dos. Lizzie devait avouer qu'elle appréciait grandement son apparence, qui camouflait l'enfant à venir tout en mettant en valeur sa complexion rayonnante. Elle avait certainement pris des rondeurs dans les dernières semaines et il devenait de plus en plus difficile de garder le secret de sa grossesse. Cependant, cet accoutrement impeccable venait à un prix cher payé; elle avait opté pour son long corset plutôt que sa brassière et l'inconfort qu'elle ressentait était étouffant maintenant que le repas du Nouvel an était terminé. Elle regretta ne pas s'être changé plus tôt, mais le retour de Darcy avait pris tout le temps qui lui restait et le regard que son époux avait jeté sur elle avait flatté son égo au point d'ignorer son bon sens.
Les invités étaient tous vêtus de leurs plus beaux atouts. Les pierres précieuses scintillaient à la lueur des chandelles, lançant sur les murs des éclats de lumière dansant, alourdissant le cou, les oreilles et les poignets des femmes présentes. Les robes se fondaient en un mirage multicolore sur la piste de danse et l'odeur des centaines de chandelles en cire d'abeille se mélangeait à celle des nombreux parfums, un amalgame puissant qui attaquait les nez plus fins, celui d'Elizabeth particulièrement.
La soirée s'annonçait une réussite; les rires et les conversations bourdonnaient entre les murs de la salle de bal, un écho plaisant aux oreilles des organisatrices qui avait hérité à nouveau de la tâche de divertir une panoplie de gens. Lizzie tentait tant bien que mal de profiter du moment, mais sa poitrine comprimée la faisait souffrir et puisqu'elle ne voulait pas éveiller les soupçons en restant assise trop longtemps, ses pieds et son dos commencèrent à l'élancer un peu avant minuit. Elle fit de son mieux pour ne pas laisser son inconfort gâcher son amusement et se garda bien de démontrer quelconque faiblesse à Darcy. Il gardait un œil vigilent sur elle, même à l'autre bout de la salle de bal. Il avait hérité de la tâche d'occuper Mr Parker et Lord Gillingham, ce dernier toujours vêtu de cet air d'ennui qui semblait l'accompagner partout où il allait. La coupe de vin à sa main avait été remplie maintes fois déjà et Lizzie s'étonnait même qu'il puisse encore marcher droit. Mr Parker, quant à lui, tentait tant bien que mal de dissimuler sa gêne face à l'asociabilité de son oncle.
Elizabeth se tenait avec ses sœurs à l'écart de la piste de danse quand Kitty se pencha vers elle pour lui murmurer : 'Miss Bingley tente le tout pour le tout, on dirait.'
Elle suivit son regard pour voir Caroline Bingley flirter avec un homme qui ne lui était pas familier. Il était loin de correspondre à l'idéal de beauté avec ses petits yeux et son nez proéminent. 'Qui est-ce?'
-'Mr Van Helmer. Il n'a qu'une petite fortune pour le moment, mais nul doute que les affaires seront fructueuses dans les prochaines années. Un nouveau riche avec du potentiel.'
-'C'est la première fois que je la vois baisser ses critères de sélection et aborder un simple marchant. Pourtant, je ne devrais pas être étonnée, son père a gagné sa fortune dans le commerce.'
-'Tu crois qu'il la considère comme un bon investissement?'
-'Vingt milles livres n'est pas une somme négligeable. Et puis, il ne serait pas le premier à tomber sous le charme de l'argent pour découvrir après le mariage qu'il a épousé une harpie.'
Kitty pouffa derrière son éventail. Ce fut ce moment que Darcy choisit pour rejoindre leur groupe, juste comme les musiciens s'apprêtaient à jouer La Boulangère. Il s'inclina devant elle et, embrassant l'envers de sa main, lui demanda :
-'M'accorderez-vous cette danse, Mrs Darcy?'
Elle fit une coquette révérence, un petit sourire aux lèvres. Kitty quitta leur groupe pour prendre sa place sur la piste avec un partenaire, un jeune Mr Prescott, et Darcy se tourna vers sa cadette en indiquant Mr Parker, qui l'avait accompagné jusqu'à elles.
-'Mr Parker me disait justement que cette danse était l'une de ses préférées. Il serait dommage de lui faire manquer l'occasion, n'est-ce pas?'
Ce dernier s'inclina respectueusement. 'En effet. Si vous n'êtes pas engagée, je me considérerais privilégié d'être votre cavalier, Miss Darcy.'
Georgiana rougit, mais tendit tout de même la main. Les couples se positionnèrent et la musique s'éleva; Elizabeth garda son sourire et son entrain alors qu'elle tournoyait avec son mari au milieu du cercle, mais intérieurement souhaitait que la danse se termine rapidement. C'était probablement l'une des plus simples et peu exigeantes du lot, mais elle était suffisante pour lui rendre le souffle court. Lorsque la dernière note sonna et que les applaudissements résonnèrent dans la salle de bal, elle se retira aussitôt vers la table de rafraichissements.
-'Déjà fatiguée?'
Elizabeth eut un grognement d'irritation. 'Cette robe est une vraie prison.'
-'Une ravissante prison dont je me ferais un plaisir de vous libérer.'
Elle se mordit la lèvre pour ne pas rire. 'J'espère que vous n'êtes pas aussi serviable avec toutes les autres femmes.'
-'Quelles autres femmes? Comment puis-je les voir lorsque vous êtes présente, Mrs Darcy? Vous êtes comme un soleil; votre beauté m'éblouit au point de ne rien voir d'autre que vous.'
Elle savait qu'il jouait avec elle et que ses paroles extravagantes ne servaient qu'à la divertir, mais elle ne put s'empêcher de se sentir flattée malgré tout. 'Je ne savais pas avoir épousé un poète.'
-'Je suis un homme aux multiples talents.' Répondit-il avec humour. Son regard se porta alors sur sa sœur, qui dansait à nouveau avec Mr Parker.
-'Dont entremetteur à ce que je vois.' Commenta-t-elle, observant elle aussi le couple qu'ils formaient. Ce n'était pas la première fois qu'ils étaient partenaires sur une piste de danse et quiconque les regardait pouvait constater à quel point ils étaient un match parfait autant en grandeur qu'en beauté. Nul doute que Darcy et elle n'étaient pas les seuls à l'avoir remarqué, cependant Elizabeth ne pouvait s'empêcher de constater que quelque chose semblait clochait. En apparence, tout semblait être en leur faveur, mais il y avait une certaine distance entre eux. Lorsqu'elle fit part de son observation à son époux, il haussa les épaules.
-'Pouvons-nous les blâmer? Avec toutes ces paires d'yeux, qui peut réellement être lui-même ou démontrer quelconque affection? Tout me semble très approprié. J'avais mes réserves, mais je dois avouer que Mr Parker est un jeune homme tout à fait respectable. Georgiana sera heureuse dans cette union.'
Lizzie tourna un regard étonné vers lui. 'Il compte faire sa demande?'
-'Non, mais je ne serais pas surpris s'il la faisait éventuellement. Son pedigree est sans faute, son caractère me semble sérieux et honorable. Son titre est mineur, mais cela est préférable pour Georgiana. Elle aurait du mal à diriger une plus grande maisonnée.' Il remarqua son froncement de sourcils. 'Qu'y a-t-il?'
-'Ne crois-tu pas qu'elle devrait elle-même choisir son époux? Tu ne peux certainement pas lui imposer un mariage de convenance.'
-'Bien sûr que non.'
-'Alors pourquoi cherches-tu à lui faire épouser Mr Parker?'
Il resta sans mot pendant un moment. 'Je ne cherche pas à lui faire pression. Seulement, elle est si timide que je me suis dit qu'elle avait besoin d'un peu d'aide. Tu ne peux nier qu'ils ont l'air fait l'un pour l'autre.'
Elizabeth les observa à nouveau et, à contrecœur, dû admettre qu'il avait raison. 'Soyons prudents tout de même; laissons Georgiana faire son chemin à son rythme. Lorsqu'elle sera prête, elle s'ouvrira à Mr Parker si cela est ce qu'elle souhaite.'
Faute de pouvoir la prendre contre lui, Darcy lui serra discrètement la main. 'Bien entendu.'
Lizzie fit le tour de la pièce des yeux. Il n'y avait pas à dire, ce bal était une réussite; elle se sentait si comblée qu'elle soupira d'aise, laissant le bonheur envahir tout son être. Peu importait les petits maux qui l'accablait; peu importait la chaleur et l'air lourd de la pièce. Elle était entourée des gens qu'elle aimait et qui fêtaient la fin de la nouvelle année, remplis d'espoir pour la prochaine à venir. Instinctivement, sa main se porta à son ventre, elle-même impatiente de savoir ce que 1803 allait lui apporter. Elle se sentait si pleine de vie qu'elle se demanda si le flot d'émotion donnerait la force à son enfant de faire savoir sa présence. Évidemment, il resta discret; elle entamait son quatrième mois à peine et savait qu'il ne se manifesterait probablement pas avant un moment encore. Elizabeth ne se laissa pas décourager; rien ni personne ne pourrait lui enlever sa bonne humeur en cette soirée de fête.
Oh, combien elle avait tort.
Soudainement, les regards se tournèrent vers la porte où une figure familière venait de faire son apparition. Il fallut un moment pour Lizzie avant de la reconnaître et lorsque son cerveau enregistra l'information, elle fut si prise au dépourvu qu'elle resta bêtement sur place.
-'Est-ce…?' commença Darcy, abasourdi.
La voix d'Elizabeth n'était qu'un murmure lorsqu'elle répondit :
-'Lydia.'
(-*-)
Et puis, vous avez aimé ce Darcy un peu plus démonstratif? ;) J'ai hésité pendant un moment à le faire réagir de la sorte, mais je me dis qu'après ce qu'ils ont vécu, il pouvait bien se permettre d'être un peu « obsédé » par le fait que sa femme porte leur enfant. Il faut bien qu'ils profitent un peu de leur bonheur tous les deux! Bien qu'avec une fin de chapitre comme celle-ci, on se doute qu'il y a des moments plutôt cocasses à venir…À suivre!
Aussi, le dernier chapitre a fait plusieurs inquiètes à ce que je vois! Je tiens à vous rassurer…Cette fic se terminera bien, peu importe les épreuves que nos deux tourtereaux subissent! Les prédictions d'Abby sont très floues et ne se réaliseront pas avant plusieurs années, mais une chose est certaine : peu importe ce qui arrivera, Lizzie et Darcy termineront cette histoire ensemble. Ce ne sera pas un long fleuve tranquille pour les deux, mais je peux vous assurer que je vais balancer les moments difficiles avec des moments joyeux afin de rester le plus réaliste possible, sans toutefois négliger le côté romantique qu'on aime toutes.
En tout cas, je ne sais pas si vous avez hâte de savoir ce que Lydia a en tête, mais moi j'ai bien hâte de l'écrire en tout cas! À bientôt !
