« L'Âme du Sabre »
Lordess Ananda Teenorag
Titre : « L'Âme du Sabre »
Auteur : Lordess Ananda Teenorag
Série : The Great Ace Attorney Chronicles
Genre : Alternate Universe – Fantasy, Supernatural, Adventure, Frienship, Romance, Family.
Résumé : Le destin d'un sabre est de protéger. Le devoir d'un chevalier est de servir. Le rôle d'un partenaire est de soutenir. Tous deux le savent, car c'est ce qu'ils sont l'un pour l'autre.
Personnages centraux : Ryunosuke Naruhodo, Kazuma Asogi
Pairing : Ryunosuke Naruhodo x Kazuma Asogi
…
Chapitre 2 : Soleil Couchant
…
…
Empire du Soleil Couchant, Eglise de l'Ouest.
Nuit brumeuse.
…
« Maître ? »
« Oui ? »
Le jeune homme lève les yeux, fatigué. Il a encore beaucoup de travail, s'il veut pouvoir s'occuper de ses patients. Un des gardes l'observe, l'air inquiet.
« Vous devriez vous reposer. Vous avez travaillé toute la journée sans prendre de repos. Si le guérisseur tombait malade… qui pourrait soigner les policiers ? »
« Je me dois de finir ce rapport sur l'état de nos patients. Ils passent avant tout. Après seulement, je pourrai me reposer. »
« Vous êtes trop bon. Trop gentil. Votre attitude vous honore, mais vous ne devriez pas laisser les autres vous dicter vos obligations. Des personnes mal intentionnées pourraient en profiter. »
Un souvenir le traverse.
« Tu es… trop bon. Trop gentil. Cette douceur que tu as, couplée au fait que tu es le Prêtre de la Pagode de la Vérité… attire les mauvaises personnes vers toi. J'aimerais que tu en prennes conscience et que tu fasses plus attention. »
Il a raison. Non, il avait raison. Le monde n'est pas si tendre. Des haut placés scrutent le moindre de ses faits et gestes. Hélas, Lord Stronghart attend son rapport, et, s'il veut pouvoir exercer ici… il doit lui obéir. C'est la seule façon d'honorer la volonté de son partenaire.
« Voulez-vous que je vous raccompagne dans vos quartiers ? » reprend le garde, empathique. « Il se fait bien tard. »
« Cela ira. Je te remercie. »
« Il n'est pas prudent de rentrer seul, surtout pour quelqu'un comme vous. Bien des gens seraient ravis de mettre la main sur vos pouvoirs. »
Ryunosuke se tend. Son subordonné n'a pas tort. Dans l'Empire du Soleil Couchant, tout comme dans son pays natal… guérisseurs et mages sont particulièrement convoités. Les premiers peuvent guérir blessures comme maladies, les seconds défaire des armées entières de combattants.
'Kazuma, si tu étais là… tu serais un policier d'exception. Ta maîtrise des armes, tes pouvoirs magiques, ton habileté avec les mots… à côté de toi, je ne suis qu'un pâle substitut de ta volonté.'
« Ne t'inquiète pas. » reprend le guérisseur, rassurant. « Je sais me défendre. »
D'un geste inconscient, ce dernier effleure son arme. Mais ce n'est guère le sabre pendant à sa hanche qu'il manie – même si l'âme de ce dernier le protège. Jadis, dans son pays natal, il pratiquait le Kyudo. A présent, en tant que guérisseur de la police anglaise, il se sert parfois de son arc. Mais pour sa défense personnelle, il lui a préféré son homologue anglais, plus maniable et rapide : l'arbalète. Et, en dépit de son apparence gauche, il est adroit avec.
« C'est vrai. » concède l'homme, avec un sourire. « Vous êtes capable de toucher l'œil d'un oiseau en plein vol. La question n'est pas de savoir si vous y arriveriez, mais plutôt si vous oseriez blesser un animal. »
A son tour, Ryunosuke sourit.
« Je n'aime blesser aucun être vivant. Etant donné le temps que je passe à les soigner, ce serait étrange. »
« Et vous êtes bien le seul guérisseur à s'occuper des animaux. Cela vous rend encore plus célèbre dans l'empire anglais. Mais, une fois de plus, veuillez ne pas vous épuiser. Nous avons besoin de vous. »
Le jeune nippon incline la tête, dans un signe d'approbation respectueuse.
…
Empire du Soleil Couchant, allée de la capitale.
Nuit noire brumeuse, plus tard.
…
« … ! »
Les dalles crissent. La bruine murmure. Le danger menace, dans l'encre de la nuit.
'J'aurais dû accepter l'offre de mon garde. Il a raison. La capitale est dangereuse, lorsqu'il fait sombre…'
« Qui va là ? » lance-t-il, à la volée.
Bien que Ryunosuke garde à ses côtés Karuma – le sabre de son défunt partenaire, il ne sait pas s'en servir. C'est bien dommage, car c'est une arme idéale pour l'auto-défense, dans les rues noires de la ville. Cependant…
« Montrez-vous, qui que vous soyez. » reprend le jeune homme, avec calme. « Je suis armé. »
Il lève son arbalète, prépare prestement une flèche. Ses sens sont aiguisés, il sera capable de toucher sa cible si besoin. Il compte bien le faire savoir. C'est alors qu'une voix lui répond.
« Allons, pas besoin de pointer ceci. Ce n'est pas parce que les rues sont obscures, que les intentions des passants le sont. »
« C'est précisément parce que toutes deux le sont, que les rues sont dangereuses et que les passants n'en sont point. »
Une silhouette apparaît. Le jeune japonais étrécit les yeux. Il a vaguement l'impression de connaître cet individu, mais n'arrive pas à se rappeler où et quand.
« Maître Guérisseur, tu as de la répartie, pour quelqu'un de réputé si doux. » déclare le nouveau venu, avec assurance.
« Tu ne serais pas le premier à vouloir m'attaquer en pleine rue. »
Si lui ne sait pas qui est son interlocuteur, ce dernier semble le connaître. Raison de plus pour être méfiant.
'Kazuma, tu serais fier de moi. Je suis capable de me protéger, à présent.'
« Oh, certains crachent sur les guérisseurs nippons. » rit l'homme, doucereux. « Mais en réalité, ils sont juste jaloux. Moi, je les aime bien. Vous êtes beaux et mystérieux. Exotiques, même. »
Un peu désarçonné, Ryunosuke baisse son arme.
« Euh… merci ? »
« Allons, pas besoin d'être si formel… même si c'est votre charme, à vous les Orientaux. J'aimerais faire plus ample connaissance avec toi, Naruhodo Ryunosuke. »
« Pour quoi faire ? »
« Tu ne comprends pas, c'est ça ? »
L'homme s'avance dans son espace vital, puis – avec audace – pose sa main sur sa joue.
(Le hachimaki se hérisse, agressif.)
'Kazuma, je… !'
« Euh… »
« Je vais être direct, Maître Guérisseur. Je t'observe depuis un certain temps, de loin, et… tu me plais. Viens avec moi. Je t'invite au pub. »
Avec calme, le jeune nippon réplique.
« Le règlement m'interdit, en tant que guérisseur, de… »
Le toucher devient caresse – et lui tremble devant cette audace.
« Il n'a jamais été respecté. Sinon, comment pourrions-nous trouver du réconfort ? Toi aussi, n'en as-tu pas envie ? Ne te sens-tu pas seul, la nuit ? Ne le nie pas, si c'est la vérité. »
Ryunosuke ferme les yeux. L'homme n'a pas tort. Cela fait si longtemps, qu'il n'a pas ressenti la chaleur humaine – non qu'il ait jamais donné son corps à qui que ce soit. Car il n'y aura toujours qu'un seul et unique partenaire, dans son cœur.
'Kazuma…'
Mais son partenaire n'est plus, et, ne sera jamais plus. Il a disparu lors de cette tragédie sans nom, et, depuis lors… Ryunosuke est seul. La douleur étreint son cœur, à ce souvenir.
« Je suis attentionné envers mes amants, si c'est ce que tu crains. » reprend l'homme, sans cesser de le caresser. « Je n'en veux pas à ta sécurité, je peux le prouver. Et si tu n'as jamais fait ça avec personne… je peux t'apprendre. Je me montrerai doux. »
La douceur charnelle lui rappelle l'enveloppe d'un protecteur défunt. La promesse d'un réconfort vital, d'une étreinte de chaleur – au cœur de ce froid, qui gèle son âme. Et s'il s'autorisait, pour cette fois, à…
CLAC !
« Mais qu'est-ce que… ! »
La lame d'un sabre étincelle dans la nuit. Un coup, un choc.
« … »
Lorsqu'il reprend ses esprits, c'est pour constater que la scène a changé. Une présence physique le sépare de son précédent interlocuteur. Ce dernier lâche, amusé.
« On dirait que le justicier de la nuit a encore frappé. »
Collé contre un corps, Ryunosuke cligne des yeux. C'est chaud, c'est doux, c'est rassurant. Mais qui…
« Le… Disciple Masqué ?! » s'écrie-t-il, sans s'écarter.
Même s'il voulait s'écarter, il ne pourrait pas. Les bras qui l'entourent, possessifs, ne semblent pas disposés à le lâcher. Conciliant, le troisième personnage recule, puis concède.
« On dirait que je ne suis pas le seul à te convoiter, petit guérisseur. J'ai compris, monsieur le justicier de la nuit. Je te le laisse. Pour cette fois, du moins. »
Et de disparaître, aussi vite qu'il est arrivé. Etourdi par cet enchaînement d'actions, le guérisseur reste immobile. Pour constater que les bras musclés ne l'ont toujours pas lâché.
« Je… »
Il connaît cette posture. C'est celle d'un guerrier intrépide et puissant, qui le protège de tous les dangers. Lorsqu'il ose lever le regard sur le visage masqué de son sauveur…
…des yeux gris le transpercent.
« Je… je vous connais. » souffle le nippon.
Il connaît ces yeux.
« Vous êtes… »
Pour toute réponse, le masque se niche contre son cou. Cette chaleur, cette fermeté… cette douceur…
'Kazuma. Est-ce vraiment… toi ?'
