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Chapitre 54
L'apprenti du Dr Baker
Le vent soufflait avec force cette journée-là, faisant virevolter à droite et à gauche les rubans du chapeau d'Elizabeth. Cela lui importait peu, trop préoccupée par ses propres pensées pour se soucier de la fatigue qui alourdissait son corps et de la chaleur qui rougissait ses joues. Elle tenait un bouquet de fleurs sauvages dans ses mains et son cœur, encore endolori même après deux années, se contracta douloureusement à la vue de la pierre tombale sous laquelle reposait sa fille.
Lizzie s'agenouilla sur l'herbe fraîchement coupée et déposa les fleurs avant de tracer du bout de ses doigts gantés les lettres gravées dans le marbre. Aujourd'hui, si Anne avait vécu, ils auraient été en train de préparer une grande fête pour son deuxième anniversaire. Même en fermant les yeux, elle ne pouvait pas imaginer ses traits avec exactitude. Les images qu'elle conjurait dans son esprit se métamorphosaient sans cesse, changeant au fil des secondes comme miroite le soleil sur la surface d'un lac. Aurait-elle eu les cheveux assez longs pour lui faire des nattes? Aurait-elle été aussi énergique que sa mère, à vouloir courir partout sur ses deux petites jambes potelées? Ou calme et réservée comme son père, avec un regard plus mature que son âge? Et ce regard, aurait-il été doré et sage, comme celui qu'Elizabeth avait la chance d'admirer chaque fois qu'elle voyait les yeux de son époux? Ou vert et déterminé, comme celui qu'elle croisait tous les jours dans le reflet de son miroir?
Elle posa la main sur son ventre avec un petit sourire, consolée par les mouvements fréquents de son enfant, comme si ce dernier, sentant ses pensées sombres, cherchait à la réconforter par sa présence. Bien qu'elle eût encore quelques semaines à attendre avant de rencontrer son bébé, Lizzie n'était pas habitée par l'inquiétude qu'elle avait ressentie lors de son premier accouchement. Elle ne plongeait pas dans l'inconnu cette fois et ses appréhensions, différentes de sa première grossesse, se résumait à vouloir que son enfant naisse fort et en santé. Certes, elle n'avait pas hâte d'endurer les douleurs qui venaient immanquablement avec une naissance, mais elle s'encourageait en se rappelant que ce n'était qu'un moment à passer. Et même si ce nouvel enfant ne remplacerait jamais Anne, Elizabeth savait qu'il viendrait mettre un baume sur son cœur.
-'Je savais que je te trouverais ici.'
Darcy se joignit à elle, mettant genoux à terre. Elle appuya sa tête contre son bras, soulagée de l'avoir à ses côtés en cette journée difficile.
-'Je savais que tu viendrais toi aussi.' Murmura-t-elle dans un soupir.
-'M. O'Shee a la situation bien en main sur le chantier donc je me suis permis une pause. Je n'avais pas le cœur à travailler de toute façon.'
Elle hocha la tête, réciproquant son sentiment. 'Pour tous les autres, aujourd'hui est une journée similaire à hier et demain; pour nous, elle représentera toujours un arrêt dans le temps.'
Le bébé s'étira et s'appuya dans ses côtes, ce qui la fit grimacer légèrement. Darcy fronça les sourcils, aussitôt inquiet.
-'Je serais plus à l'aise que tu vois le médecin en attendant la sage-femme.' lui dit-il. 'Je sais qu'elle sera à Pemberley d'ici la fin de la semaine, mais cela me rassurerait de savoir que tout va bien.'
Elizabeth lui jeta un regard entendu. 'Pour la centième fois, Will, il n'y pas lieu de s'inquiéter, notre enfant commence seulement à manquer de place.'
-'Même si je sais que tu as probablement raison, cela m'apaiserait l'esprit.'
-'Je serais mal à l'aise de déranger le Dr Baker pour cela. Il a déjà tant à faire.'
-'Son apprenti alors. Il est arrivé hier et cela te donnerait l'occasion de le connaître par le fait même.'
Lizzie capitula à contrecœur. 'Si cela peut te rassurer alors soit, invitons-le à Pemberley. Cependant, ne soit pas surpris si son diagnostic révèle que tout est parfaitement normal.'
Ils restèrent un moment encore et, après un dernier regard, reprirent le chemin de la maison.
-'Comment se débrouille Patrick? Je ne l'ai vu que très peu depuis une semaine.' demanda Elizabeth, heureuse de ce moment de solitude avec son époux. Bien que les beaux jours aient apaisés les maux des sinistrés, il restait encore beaucoup à faire avant que chaque famille retrouve leur nouveau foyer. La plupart des champs avaient cependant été semés à temps et, bien que les récoltes ne s'annonçaient pas être des plus abondantes, elles seraient suffisantes pour que chaque famille passe le prochain hiver.
-'En tout honnêteté, il se débrouille encore mieux que je n'aurais cru.' Avoua Darcy avec satisfaction. 'Il apprend à une rapidité phénoménale et n'a pas peur de mettre la main à la pâte.'
-'Tout de même, il n'était pas obligé de quitter Pemberley pour camper près du chantier. Nous avons bien plus de montures que nous en avons besoin et la route n'est pas si longue depuis la maison. Et puis, le confort n'est certainement pas le même.'
Darcy haussa les épaules. 'Il préfère être sur place, pour s'assurer que tout se déroule comme il se doit. Bien que…' Il hésita un moment. 'Je soupçonne une autre raison derrière cette initiative.'
-'Il n'a pas encore digéré la nouvelle, n'est-ce pas?'
-'J'ai encore du mal à la digérer moi-même alors je ne le blâme pas. Je sais que tout cela demandera un ajustement qui pourrait prendre un certain temps, mais j'ose espérer que je fais assez pour lui faire comprendre que même si je ne suis pas encore…habitué…à l'idée d'avoir un demi-frère, je fais mon possible pour lui montrer que j'ai accepté son identité.'
Elizabeth hocha lentement la tête. 'Peut-être as-tu raison. Peut-être faut-il lui laisser encore un peu de temps avant qu'il fasse sa place parmi nous.'
-'Si c'est possible.'
-'Pourquoi dis-tu cela?' objecta Lizzie. 'Ce n'est pas avec une attitude comme celle-ci qu'il se sentira inclus.'
Darcy leva les mains en signe de paix. 'Je ne dis pas cela pour l'insulter. Tu ne le vois pas comme je le vois, là bas sur le chantier, Lizzie. Il est beaucoup plus à l'aise avec le peuple qu'avec moi. Il est plus apte à communiquer avec eux aussi et je crois que les gens préfèrent faire affaire avec lui que directement avec moi.'
-'Es-tu réellement surpris?' répondit-elle avec un sourire moqueur. 'Tu es aussi facile d'approche que Lady Catherine.'
Darcy eut un petit rire. 'Ouch.'
-'Bon, d'accord, peut-être pas à ce point, mais tout de même, penses à comment les gens te perçoivent. Tu as tous les pouvoirs ici, tu es le maître des lieux. C'est une bonne chose que les gens puissent faire part de leurs besoins à quelqu'un sans être intimidé par leur interlocuteur.'
-'Peut-être, mais le fait qu'il soit si à l'aise avec eux creuse encore plus les différences qui nous séparent. Si M. O'Shee se sent plus à sa place avec les gens du peuple, comment pourra-t-il l'être avec nous?'
Elizabeth roula les yeux. 'Vraiment, Will? Crois-tu réellement que l'un empêche l'autre?'
-'Ton expression me fait dire que je devrais répondre par la négative.'
-'Je suis le meilleur exemple que c'est possible; j'ai su prendre ma place dans ton monde alors que tous disait que je n'y appartenais pas. Pourtant, j'ai navigué mon chemin plutôt aisément jusqu'à maintenant, n'est-ce pas?'
Darcy sourit. 'Vous feriez aisément votre chemin peu importe l'endroit, Mrs Darcy. Vous êtes assez entêtée pour traverser la terre entière s'il le faut.'
-'Je ne suis pas certaine que cela soit un compliment.'
Il éclata de rire. 'Je suis peut-être trop sérieux par moment, mais je ne suis pas stupide; qui serait assez fou pour insulter sa femme alors qu'elle est sur le point d'avoir son enfant?'
-'Bien vu.'
-'Quoi qu'il en soit.' Darcy reprit après un moment de silence. 'Je suis plutôt heureux de savoir que M. O'Shee est parfaitement capable de gérer les chantiers sans moi. Il a grandement allégé ma tâche et j'ai enfin pu rattraper un peu de sommeil.'
Et c'était vrai; les cernes sous ses yeux avaient presque disparues maintenant. Elizabeth serra son bras affectueusement. 'Autant en profiter car bientôt nous n'en aurons que très peu.'
Elle sentit à nouveau cette sensation de papillons dans l'estomac qui accompagnait si souvent cette pensée maintenant. Il n'avait pas été difficile de convaincre son époux qu'il serait mieux de laisser l'enfant dormir avec eux dans leur chambre. En fait, elle avait remarqué le soulagement dans ses yeux lorsqu'elle avait évoquée l'idée et elle savait, puisqu'elle ressentait cette même inquiétude, qu'il serait beaucoup plus aisé pour eux de dormir l'esprit en paix s'ils avaient leur enfant à leurs côtés. Elle ne redoutait pas la tâche de se lever plusieurs fois par nuit; après tout, la plupart des femmes le faisait et ce n'était pas parce qu'elle était privilégiée qu'elle devait rejeter ce rôle qui lui semblait si naturel.
Une fois de retour dans la maison, Darcy s'installa au secrétaire du petit salon où ils avaient rejoint Georgiana, Kitty et Vivianne afin d'écrire à l'apprenti du Dr Baker. Elizabeth secoua la tête, amusée, mais ne commenta pas. Tournant son attention vers les trois jeunes filles, elle remarqua alors que sa sœur était plutôt pâle.
-'Que se passe-t-il? Des mauvaises nouvelles?' demanda-t-elle en voyant une lettre dans sa main.
Kitty haussa les épaules. 'Rien de surprenant. Mary vient de m'écrire pour me dire qu'ils viennent d'apprendre du départ de Lydia avec Lord Gillingham vers la Grèce et Mère le prend très mal.'
-'Oh…J'imagine qu'il fallait s'y attendre. La nouvelle ne pouvait que se rendre à Longbourne à un moment ou à un autre. En fait, je suis surprise qu'elle ait mis autant de temps à atteindre les oreilles de nos parents.'
-'J'imagine que notre oncle Gardiner a voulu lui épargner le choc le plus longtemps possible, croyant qu'il y aurait peut-être un moyen d'étouffer l'affaire. Mary écrit que Père ne veut pas aller à Londres pour avoir plus de détails. Mère aurait souhaité qu'il fasse le voyage pour la ramener en sécurité dans sa famille, mais il refuse de faire quoi que ce soit, disant que Lydia a fait son choix et qu'elle est aussi bien que morte à ses yeux.'
Elizabeth poussa un long soupir. 'Ce nouveau scandale est bien pire que sa fuite avec M. Wickham. Il n'y aucune solution pour rétablir sa réputation cette fois.'
-'Elle savait très bien qu'il n'y aurait aucun retour après avoir fait ce choix.' Kitty ajouta, son ton dur. 'Elle était parfaitement consciente du mal qu'elle ferait en choisissant de suivre Lord Gillingham en tant que maîtresse. En fait, elle doit prendre un malin plaisir à se dire que son action reflète très mal sur nous actuellement alors qu'elle profite de la vie luxueuse au bras d'un homme qui a trois fois son âge au moins.'
Lizzie pinça les lèvres. Qu'est-ce que ce nouveau scandale signifierait pour Kitty et Mary? Elle avait eu plusieurs discussions sur ce sujet avec Darcy déjà et il avait toujours semblé convaincu que Kitty n'en serait pas affecté. Sous la protection des Darcy, elle possédait des connections plus grandes que l'impact des choix de Lydia, sans compter la dote plus qu'intéressante qu'elle apporterait à son futur mari. Dans le cas de Mary, c'était plus délicat. Même si M. Bennet reniait sa cadette, cela ne suffirait pas pour amortir l'association qui se ferait vraisemblablement dans le futur. Ainsi Mary, qui ne possédait déjà pas de naissance les atouts de ses sœurs, serait la plus affectée de toutes.
-'Ne t'inquiète pas, Kitty.' La rassura Georgiana en posant une main sur la sienne. 'Je suis certaine que quiconque te connaissant ne se laissera pas influencer dans son opinion de toi par une telle nouvelle.'
-'Je l'espère. Mes perspectives étaient déjà faibles à leur meilleur, je ne peux imaginer ce qu'elles seront maintenant.'
Elizabeth fronça les sourcils; comment pouvait-elle dire cela? Avec l'argent que Darcy avait mis de côté pour elle, ses perspectives étaient bien au-delà de ce qu'elle avait auparavant. Elle jeta un coup d'œil à son époux, qui finalisait sa lettre en étampant son sceau sur la cire encore liquide, et se demanda s'il avait abordé le sujet avec sa sœur. Elle décida de ne rien dire, espérant qu'il n'ait pas changé d'avis finalement.
Ce n'est que lorsque le majordome annonça le repas du midi qu'elle put le prendre à part pour lui poser la question. Prenant un peu de retard sur le reste du groupe, Darcy lui répondit :
-'Non, je ne lui ai encore rien dit. J'aurais cru qu'elle l'apprendrait d'une manière ou d'une autre.'
Lizzie haussa les sourcils. 'Comment? Par les hommes qui la courtisent? Cela serait manquer de tact que de mentionner la question de la dote au milieu d'une danse.'
Darcy réfléchit un moment. 'J'avoue ne pas avoir vraiment réfléchi à cela.'
-'Il faudra lui dire, éventuellement. Si tu es toujours certain de vouloir le faire, naturellement.'
Il parut blessé par son commentaire. 'Pourquoi aurais-je changé d'idée? Penses-tu réellement que je reviendrais sur ma parole?'
-'Bien sûr que non, Will.'
-'L'argent est déjà mis de côté pour elle, avec toutes les instructions nécessaires si jamais il m'arrivait quelque chose et que je ne puisse pas voir moi-même à mes affaires dans le cas d'un décès précoce.'
L'idée même la fit pâlir et Darcy s'empressa de la rassurer.
-'Rien ne m'arrivera, j'en suis certain. Ce n'est que par précaution, tu le sais bien.'
Elizabeth approuva d'un hochement de tête, mais le malaise ne s'estompa que lentement. 'Je n'aime pas songer à ce qui pourrait arriver. Je ne veux même pas imaginer ce que serait la vie sans toi.'
Il lui prit le visage entre ses mains et la regarda droit dans les yeux. 'Je ne vais nulle part, Lizzie. Et même s'il m'arrivait quelque chose, je sais que tu as la force en toi d'aller de l'avant. Je sais que tu feras ce qu'il y a de mieux pour toi et notre enfant.'
Elle avala avec difficulté. 'Plus rien n'aura de sens si tu n'es pas à mes côtés. Et même si je trouve la force de poursuivre, je ne serai entière que lorsque nous serons ensemble à nouveau.'
-'Je te retrouverai toujours, peu importe où nous sommes.' Lui répondit-il contre les cheveux alors qu'elle l'étreignait avec force. 'Toujours.'
(-*-)
L'apprenti du Dr Baker se présenta à l'heure convenue à la résidence des Darcy. Quelque peu nerveux, il fut admis dans le petit salon et s'inclina poliment devant la compagnie qui l'accueillie. Darcy prit les devants pour le présenter au reste du groupe.
-'M. Gresley, puis-je vous présenter ma femme, Mrs Elizabeth Darcy, ma sœur Miss Georgiana Darcy, ma belle-sœur Miss Katherine Bennet et mon amie Miss Vivianne Calbert?'
-'Enchanté de faire votre connaissance, mesdames.'
-'Bienvenue à Pemberley.' Répondit Elizabeth avec un sourire chaleureux. 'J'espère que la route depuis Londres n'a pas été trop pénible.'
-'Bien au contraire. Il y a plusieurs années depuis que j'ai mis pied dans le Derbyshire et je dois dire que je suis plus qu'heureux d'être de retour dans mon comté natal.'
-'Vous venez du Derbyshire?'
-'Oui, je n'ai quitté la résidence familiale que pour poursuivre mes études de médecine il y a quelques années.'
-'Gresley…êtes-vous relié à Sir Nigel Gresley de Drakelow Hall?' demanda poliment Darcy.
-'C'était mon grand-père. C'est maintenant mon oncle qui a en sa possession la maison familiale, quoi qu'il est probable qu'elle tombe bientôt entre les mains de mon cousin vu sa santé déclinante.'
-'Je me rappelle avoir visité Drakelow Hall il y a bien longtemps, lorsque mon père était encore avec nous. Il disait que c'était un des seuls endroits où le parc rivalisait avec celui de Pemberley.'
M. Gresley sembla peu à peu se détendre. 'Je n'ai pas eu la chance de découvrir Pemberley encore, mais de ce que j'ai vu lorsque je suis arrivé, je ne peux qu'approuver.'
La personnalité de l'apprenti se révéla au fil des heures qu'il passa en leur compagnie. Son éducation était apparente dans la manière dont il s'exprimait et son intérêt pour la médecine était flagrant. Ses yeux s'allumèrent dès que Georgiana lui parla de la situation des réfugiés et il posa des questions franches, sans filtre ni soucis de convenance, sincèrement curieux des symptômes des patients qu'il allait rencontrer sous peu.
-'Vous semblez bien les connaître.' Commenta le jeune homme alors qu'ils passaient au salon après un long moment passé à table.
-'J'y vais presque tous les jours.' Répondit Georgiana, dont les joues rougirent légèrement. 'Cela m'a permis de faire connaissance avec la plupart d'entre eux. C'est également moi qui me charge de m'assurer des cas mineurs; le Dr Baker ne peut pas toujours se déplacer au camp.'
-'Cela me serait utile d'avoir quelqu'un pour m'introduire à ces gens lors de ma tournée demain. Aviez-vous planifié vous y rendre?'
La jeune femme bafouilla quelque peu. 'J-je…O-oui, je crois que oui. Mais…êtes-vous sûr que je sois la meilleure personne pour cette tâche? Kitty est certainement plus apte à le faire que moi.'
-'Je n'y vais pas aussi souvent que toi.' Répondit l'interpellée. 'Mais je peux vous accompagner si vous voulez.'
Georgiana jeta un coup d'œil à son frère, qui hocha la tête. 'Le plus tôt, le mieux. Ces pauvres gens attendent votre venue depuis un moment.'
L'apprenti sembla ravi. 'C'est décidé alors.'
-'Si vous avez le temps,' s'avança Kitty, quelque peu intimidée. 'J'aimerais que vous puissiez rendre visite à une veuve qui a emménagé dans son nouveau cottage il n'y a pas si longtemps. Ce n'est pas très loin du camp. Seulement si vous avez le temps, bien sûr.'
-'Est-elle souffrante?'
-'Physiquement, non. Elle a eu son bébé il n'y a pas très longtemps, mais elle semble…démoralisée. Elle peine à s'occuper de cet enfant, sans parler des trois autres plus vieux qui font leur possible dans la maison pendant qu'elle passe ses journées au lit, trop épuisée pour se lever. J'essaie de lui remonter le moral depuis plusieurs semaines, mais elle n'est que très peu réceptive.'
-'Hm, je vois.' Musa-t-il en fronçant les sourcils. 'Merci de ces informations, je passerai la voir dès que possible.'
Lizzie tenta tant bien que mal de suivre le fil de la conversation, mais elle était trop inconfortable pour s'intéresser aux sujets qui circulaient.
-'Je vous en prie, Mrs Darcy, ne vous fatiguez pas pour mon compte.' M. Gresley déclara, remarquant sa situation. 'Vous devez presque être à terme, si je ne me trompe pas?'
-'Début juin, selon la sage-femme.'
-'Ah, bientôt alors. Les derniers temps sont rudes, à ce que l'on me dit. J'espère que vous n'êtes pas trop incommodée.'
Lizzie était peu habituée de discuter de sa condition avec des hommes, surtout en présence de compagnie, pourtant cela ne semblait pas troubler le jeune apprenti le moins du monde.
-'Seulement quelques douleurs par-ci par-là. Vu la situation dans le camp des réfugiés, je serais bien ingrate de me plaindre.'
-'Les douleurs sont courantes dans les dernières semaines alors que l'enfant s'apprête à faire son entrée dans le monde.'
-'C'est ce que j'essaie de faire comprendre à mon époux, mais il ne veut rien entendre.' Commenta Elizabeth avec un sourire en coin. 'Il doit l'entendre de votre bouche car il est convaincu que vous savez mieux que moi comment je me sens dans mon propre corps.'
-'M. Darcy, s'il y a une chose que j'ai rapidement comprise dans mon parcours de médecine, c'est que les femmes ont un instinct remarquable.' M. Gresley répondit avec bonne humeur. Puis, fronçant les sourcils, il ajouta : 'Je vois que vos chevilles sont enflées, Mrs Darcy. N'hésitez pas à soulever les jambes lorsque vous êtes assise afin d'éviter les œdèmes. Tenez, voici un appui-pieds.'
-'Oh! Vous n'avez pas à –' tenta de protester Lizzie, mais il l'interrompit.
-'Trop souvent je vois des futures mères s'entêter à garder leur dignité au prix de leur confort alors je vous en prie, ne négligez pas votre bien-être pour moi.' Il observa alors son ventre et sourit. 'Les femmes portant la vie ont quelque chose de rayonnant, vous ne trouvez pas?'
Darcy s'éclaircit la gorge, visiblement mal à l'aise. 'Avez-vous traité beaucoup de femmes enceintes durant vos études, M. Gresley?'
-'Plusieurs, oui. Certains de mes collègues disaient ne pas vouloir s'abaisser à étudier cette pratique, mais pour ma part j'ai toujours été intrigué par la science derrière ce miracle de Dieu. N'est-ce pas fascinant que les femmes puissent faire grandir en elles des êtres qui, dans un futur proche, seront la relève de notre société?'
Lizzie pinça les lèvres pour ne pas pouffer de rire en voyant les joues de son époux se colorer légèrement. Elle savait que malgré son ouverture sur le sujet lorsqu'ils étaient dans l'intimité de leur chambre, son époux n'était pas tout à fait à l'aise de discuter ouvertement d'enfantement devant un auditoire. Cela la fit apprécier le jeune homme encore plus; il était temps qu'une autre personne vienne chambouler un peu la rigidité du maître de Pemberley.
-'Le Dr Baker m'a mentionné que vous sortez tout juste de Cambridge.' poursuivit Darcy pour changer de sujet. 'Ceci sera donc votre première expérience en tant qu'apprenti?'
-'En fait, j'ai été sous la tutelle d'un grand médecin pratiquant à l'hôpital de Londres pendant plus d'un an avant de venir ici pour prendre le poste d'apprenti sous les bons conseils du Dr Baker.'
Darcy fronça les sourcils. 'Cela me semble surprenant; je croyais que tous les futurs médecins souhaitaient une place dans cet hôpital pour parfaire leurs connaissances.'
-'En effet, j'ai énormément appris sous l'aile de mon mentor, mais je sentais que ma place n'y était pas.'
-'Votre place n'était pas dans le meilleur hôpital de tout l'Angleterre?'
M. Gresley eut un petit rire. 'Je ne voulais pas dire que mes compétences n'étaient pas à la hauteur de la réputation de l'endroit, mais plutôt que l'endroit n'était pas à la hauteur de sa réputation.'
-'Je croyais pourtant que les meilleurs médecins du pays y pratiquaient leur art.' s'étonna Lizzie.
-'Oh, c'est le cas, en effet. Si un jour vous devez vous y rendre, vous aurez les meilleurs soins possibles. Cependant, j'ai réalisé que ces soins n'étaient dispensés qu'aux gens privilégiés dès leur naissance. Certes, l'hôpital accueille tous les cas, mais à moins d'être atteint d'une affliction très intéressante ou inhabituelle, la plupart des médecins ne se soucient pas réellement du bien-être des moins fortunés. J'ai été témoin trop souvent de négligence de la part de mes compères envers ceux qu'ils considèrent comme la « vermine » de Londres et je me suis promis de ne jamais suivre cet exemple. On m'a remercié après un an car, selon eux, je perdais mon temps auprès de ces gens. Malgré l'entache que cela peut avoir sur ma réputation, je préfère nettement être en paix avec ma conscience et faire ce que j'ai toujours su que je voulais faire; servir le peuple, peu importe sa classe sociale. Alors me voici, prêt à remonter les défis dans le Derbyshire, sous la tutelle d'un homme partageant les mêmes valeurs que les miennes.'
-'Cela est tout à votre honneur, M. Gresley.' Se prononça doucement Georgiana après un moment de silence, ce qui en surprit plus d'un dans la pièce. 'Tant de gens ont besoin d'aide. Avant maintenant, je n'avais jamais réalisé à quel point il était difficile pour eux de se faire entendre et de se faire prendre au sérieux. Et les options pour des soins sont si peu nombreuses que beaucoup d'entre eux ne peuvent que faire appel à des charlatans qui, bien souvent, ne font qu'empirer les problèmes.'
-'Tout à fait, Miss Darcy. Cela est exactement ce à quoi j'aspire à remédier.'
-'Cela me semble une vision très idéaliste.' Commenta le maître de Pemberley. 'Loin de moi l'idée de vous offenser par mes propos, mais les gens que vous souhaitez traiter n'ont souvent pas les ressources nécessaires pour payer un professionnel. Cela n'est peut-être pas un problème en ce moment puisque vous vivez présentement avec le Dr Baker et mangez à sa table tous les jours; comment ferez-vous pour entretenir votre propre maison et, ultérieurement, soutenir financièrement une famille si vos patients ne peuvent vous payez les montants qui vous sont dus?'
Le jeune homme inclina la tête. 'Votre point est valide. Je ne prendrai jamais de mes patients que ce qu'ils sont capable de payer et je sais que ce ne sera parfois que très peu. Cependant, j'ai la chance d'avoir des parents qui, même en ayant eu plusieurs garçons, ont la capacité de pourvoir aux besoins de chacun d'entre eux sans brimer le confort de leur aîné. Mon père n'est peut-être pas l'héritier de mon grand-père Gresley, mais ma mère était une FitzHebert et a hérité d'une fortune en plus d'un domaine il y a plusieurs années déjà. Mon frère héritera à son tour de cette propriété le temps venu, mais j'aurai droit à une résidence lorsque je serai prêt à y habiter, en plus d'un héritage considérable. Donc, pour répondre à votre question, je ne crains pas pour ma future femme et les enfants que nous auront; je serai en mesure de prendre soin de ma famille sans problème et ce tout en exerçant une profession qui je sais est la voie que Dieu m'a destiné à suivre.'
Lizzie ne pouvait s'empêcher d'être impressionnée par la conviction et le naturel dont le jeune homme faisait preuve lorsqu'il parlait. Il n'avait pas choisi une profession par besoin, mais par passion. Cela la fit réfléchir à sa propre place dans la société; certes, elle avait eu la chance d'épouser un homme par amour qui, par le privilège dans lequel il était né, lui permettait de ne pas s'inquiéter de son avenir et de celui de ses enfants. Cependant, qu'aurait été sa vie si elle n'avait pas été la fille d'un gentleman? Quelles options aurait-elle eu si Dieu en avait décidé autrement et l'avait fait naître dans une famille de paysan ou d'ouvrier? Et si elle n'avait pas connu Darcy, aurait-elle pu avoir une profession? Elle en doutait fortement. Elle n'aurait jamais eu droit à l'éducation nécessaire pour pratiquer quelconque métier intéressant à ses yeux et puis, comme sa mère s'était acharnée à lui faire comprendre dès son enfance, la place d'une femme était au cœur d'un foyer. Cela lui parut soudainement très injuste; pourquoi ne pouvait-elle pas suivre ses passions, comme le faisait M. Gresley, afin de contribuer à rendre le monde meilleur?
Elizabeth se sentit soudainement épuisée par le poids de cette constatation. De par son sexe, elle ne serait jamais capable de pratiquer un métier qui ferait une différence dans la vie des gens. Elle n'était vouée qu'à un seul rôle, celui de mère des enfants qu'elle donnerait à son mari et maîtresse de la maison de son époux.
-'Lizzie, tout va bien?' s'enquerra discrètement Kitty, remarquant sa soudaine pâleur.
-'La fatigue seulement.' La rassura-t-elle, mais elle se leva tout de même pour s'adresser à la compagnie. 'Je vais me retirer, si cela ne vous offense pas. J'ai été très heureuse de faire votre connaissance, . Si vous avez besoin de quoi que ce soit, vous êtes toujours la bienvenue à Pemberley.'
Une fois dans sa chambre la porte fermée, Elizabeth se dévêtit lentement, accablée par toutes les questions qui se bousculaient dans sa tête. C'était la première fois qu'elle se sentait aussi petite et inutile; était-elle vraiment destinée à ne rien faire d'extraordinaire dans sa vie? Serait-elle obligé de se taire devant les nombreuses injustices en sachant très bien qu'elle ne pourrait rien y faire de toute manière? Elle observa son reflet dans le miroir, remarquant ses traits tirés et le regard sombre qui habitait ses yeux. Elle pouvait lire en eux les doutes qui l'habitait et c'est à cet instant que Darcy entra dans la pièce. Devinant son humeur, il vint se poster derrière elle afin de l'enlacer. Lizzie relaxa dans son étreinte, appuyant sa tête contre son épaule.
-'Tu es devenue très sérieuse tout à coup.' Commenta son époux en caressant doucement la ligne au milieu de son front. 'Penses-tu encore à Anne?'
Elle haussa les épaules. 'Elle n'est jamais très loin dans mes pensées, mais non, ce n'est pas la raison de mes questionnements.'
-'Tes questionnements?'
-'Ne te demandes-tu pas parfois si tu es destiné à quelque chose de plus grand?'
Après un moment de réflexion, il répondit : 'Non…je ne crois pas. Pourquoi souhaiter quelque chose de différent alors que ce que j'ai me conviens? Pourquoi cette question, Lizzie?'
-'Crois-tu que le monde deviendra plus juste un jour?' ajouta-t-elle d'un air songeur, ignorant sa question. 'Est-ce que les femmes auront leur place, en tant qu'égales, auprès des hommes? Pourront-elles, elles aussi, faire une différence dans notre société? Ou sommes-nous à jamais condamnées à ne pas avoir de rôles plus importants que femmes de maison et porteuses d'enfants?' Elle poussa un soupir en le voyant froncer les sourcils. 'Ne penses pas que je suis malheureuse de la situation dans laquelle je me trouve. Jamais je n'échangerais mon bonheur présent pour être militante dans un combat que je sais perdu d'avance. Seulement…je me demande ce que sera le monde d'ici cent, deux cents an? Est-ce que nos enfants, petits-enfants et arrière-petits-enfants auront une vie différente?'
-'Je sais que ce n'est qu'une mince consolation, mais je t'ai toujours considérée comme mon égale'
Elle sourit. 'Je sais. Mais dès que je sors de Pemberley, aux yeux de la société je ne suis plus que ta femme. Je porte ton nom, tes enfants…Je gère ta maison, tes employés.'
-'Notre nom, nos enfants, notre maison, nos employés.' Corrigea son époux. 'Tout ceci t'appartient tout autant qu'à moi maintenant. Ne te sens-tu pas chez toi, depuis ton arrivée à Pemberley?'
Elle réfléchit un moment, songeant aux premiers mois où elle avait eu tant de mal à s'habituer à gérer une si grande maisonnée. Sa mère l'avait harcelé toute sa vie en lui disant qu'elle devait se trouver un riche mari, mais elle ne l'avait certainement pas équipée pour une telle tâche.
-'Le problème n'est pas Pemberley.' Répondit-elle doucement. 'Ni même ma vie. Quel droit ai-je de me plaindre alors que j'ai la chance de vivre dans une magnifique demeure, avec des domestiques pour me servir et assez d'espace pour satisfaire même mon esprit avide d'aventure? Non…je songe plutôt à l'avenir, à ce que sera ce monde que l'on lègue à nos enfants. Et si Dieu nous donne une fille, aura-t-elle ces questionnements elle-aussi ? Ou aura-t-elle la chance de vivre dans un monde où les femmes sont plus que ce que la société nous laisse croire et où elles pourront, elles aussi, faire une différence?'
Darcy la retourna pour qu'elle lui fasse face. 'Lizzie, tu parles comme si ta présence ici était insignifiante. Ne réalises-tu pas que tes actions, bien que petites à tes yeux, ont beaucoup d'impact pour ceux qui sont moins fortunés que nous?'
-'Je ne vois pas comment distribuer de la nourriture et des vêtements va révolutionner le monde.'
-'Peut-être pas le monde dans son entité, mais ces gestes changent la vie des gens qui t'entourent. Lizzie, regarde-moi. Tu fais une différence en étant seulement la personne que tu es. Tu m'as changé, moi, en me donnant ton cœur. Tu as changé Georgiana, en lui donnant la confiance dont elle avait besoin pour sortir un peu de sa timidité. Tu fais une différence dans la vie de Kitty, qui autrement serait toujours à Longbourne, malheureuse. Tu fais une différence dans la vie de Vivianne, en lui accordant ton amitié. Tu fais une différence en portant cet enfant, qui s'assurera à son tour que tous les habitants de Pemberley soient en sécurité et protégés par des maîtres qui se soucient de leur bien-être. Tu n'as pas besoin de changer le monde; le monde est déjà meilleur seulement parce que tu lui donnes ce qu'il y a de mieux en toi. Et c'est ce monde dans lequel tu fais une différence, par les gestes que tu poses et l'exemple que tu donnes, que tu lègueras à tes enfants.'
Elizabeth l'embrassa tendrement. 'Merci.'
-'Préfères-tu que je reste avec toi? Je ne me suis absenté que pour m'assurer que tu allais bien, mais je peux envoyer quelqu'un dire que je n'y retournerai pas.'
Lizzie secoua la tête. 'Ne t'inquiète pas pour moi, je vais bien. J'avais seulement besoin d'un peu de repos et de silence. Et puis, tu ne peux pas laisser M. Gresley seul avec les filles. Il peut être très intimidant d'être en infériorité numérique.'
-'Crois-moi, il se débrouille très bien sans mon aide.'
-'As-tu déjà établi ton opinion de lui?'
Il prit son temps pour répondre. 'Il est…particulier. Je vois bien qu'il est épris du métier qu'il souhaite exercer, mais j'aurais préféré qu'il soit moins graphique, pour épargner un peu la sensibilité de Georgiana.'
Elizabeth éclata de rire. 'Oh, Will, il est grand temps que tu cesses de voir ta sœur comme une poupée de porcelaine prête à se briser à la moindre provocation. N'as-tu pas remarqué son propre intérêt pour le sujet? Elle a assisté le Dr Baker maintes fois depuis notre arrivée et elle n'a pas été épargnée des réalités de la vie en le faisant. En fait, je crois que cela lui a été extrêmement bénéfique. Tu sais, elle a plus à offrir que des concertos de piano. Elle aime ce sentiment d'accomplissement et j'espère que tu ne lui enlèveras pas ce rôle par peur d'écorcher sa prétendue sensibilité.'
Darcy inspira profondément. 'Tu as probablement raison. Je m'efforce de la voir encore comme cette fragile créature qui a encore besoin de moi alors qu'elle est maintenant une femme, qui ne voit probablement plus en moi le héro d'autrefois.'
-'Elle aura toujours besoin de toi.' La corrigea Elizabeth en lui caressant la joue. 'Même lorsqu'elle sera mariée et mère de famille. Tu seras toujours son grand frère et elle te prendra toujours comme exemple.'
Il l'embrassa à nouveau, plus profondément cette fois. Ses mains chaudes montèrent jusqu'à son visage, l'emprisonnant dans cette étreinte.
-'Si tu poursuis sur cette voie, tu ne pourras pas redescendre.' Murmura-t-elle, le souffle court. 'Ce n'est pas très charitable de laisser M. Gresley seul lors de sa première visite.'
Il grogna contre sa bouche. 'Pourquoi essaies-tu de jouer le rôle de ma conscience, toi qui essaie depuis notre mariage de m'en débarrasser?'
Elle ne put s'empêcher de sourire. 'Tu dois commencer à déteindre sur moi, qui aurait cru?'
Après un dernier baiser, Darcy s'arracha de peine et de misère à leur étreinte et haussa un sourcil. 'Tu es sûre que tu ne veux pas que je reste?'
-'Va. Je t'attendrai.' Elle redressa sa cravate et épousseta sa veste un bref moment avant de le laisser partir. 'Mais ne tarde pas trop.'
Avec un dernier sourire, il quitta la pièce pour rejoindre leurs invités. Elizabeth le regarda partir, le cœur allégé et la conscience plus tranquille, remerciant Dieu encore une fois de lui avoir fait croiser le chemin de Fitzwilliam Darcy.
(-*-)
Merci à vous toutes, mes fidèles lectrices, qui êtes si patientes lorsque mes chapitres tardent à être publiés. Cela me fait chaud au cœur de savoir que vous avez foi en moi et dans la promesse que je vous ai faites que je vais terminer cette histoire. Vous êtes toujours prêtes à prendre ma défense et je l'apprécie; je ne reçois pas souvent de commentaires négatifs et je peux compter sur vous pour me remonter le moral quand c'est le cas. J'espère que vous avez apprécié ce chapitre et je suis très heureuse de pouvoir vous dire que le prochain est en cours de révision. Je ne sais pas quand il sera prêt à être publiée, mais l'attente ne sera pas longue : )
Un merci tout spécial à Aurore, qui est toujours là pour moi quand j'ai besoin de son avis!
