Me revoilà enfin ! J'ai un peu honte de savoir que ma dernière publication remonte à mars 2021, mais depuis, beaucoup de choses se sont passées. J'ai terminé mes études, trouvé un nouveau travail et…j'ai terminé mon premier livre! Je lui ai donné beaucoup d'attention dans la dernière année, d'où pourquoi Lizzie et Darcy ont dû attendre leur tour, mais je suis très heureuse de vous offrir un nouveau chapitre en ce début 2022! De plus, nouvelle année, nouveaux objectifs…Lisez la note après le chapitre pour en savoir plus! Bonne lecture !
CHAPITRE 59
Le dernier souffle de Mrs Bennet
Elizabeth observa la maison de son enfance avec un mélange de nostalgie et d'appréhension. Sa dernière visite remontait à plus de deux ans déjà et elle n'avait pas vu ses parents depuis, n'ayant des nouvelles d'eux que par les nombreuses lettres de Mary et les moins fréquentes de son père. Elle avait trouvé étrange que ce dernier n'ait pas fait la route pour assister au baptême de Bennet, croyant que l'excuse l'aurait libéré pour un bref moment des crises dramaturgiques de sa femme. Cependant, s'il avait cru bon de rester à son chevet, la situation était peut-être beaucoup plus sérieuse qu'elle ne l'avait pensé.
Lizzie sentit sa poitrine se serrer, espérant que les conclusions auxquelles elle était arrivée se révèlerait fausses. Elle n'avait jamais été proche de sa mère; elle l'aimait, bien sûr, comme tout enfant aime et respecte ses parents, mais elle n'avait jamais vraiment apprécié sa compagnie et encore moins ses interventions non sollicitées. Quitter le nid familial pour vivre à plusieurs centaines de kilomètres avait été un soulagement, mais regretterait-elle de ne pas être revenue voir sa mère plus souvent? Et si cette occasion était la dernière?
Le poids de Bennet, qui dormait profondément dans ses bras, lui procura un ancrage nécessaire face à ce qui l'attendait. Il avait enduré les quelques jours dans la voiture sans problème, le cahotement ne le dérangeant pas le moins du monde. Cela ne surprit pas la jeune mère; son fils était d'une nature calme et résiliente, s'accommodant à tous les endroits et toutes les situations depuis sa naissance. Lizzie le serra un peu plus fortement contre elle, le cœur lourd et les pensées sombres, priant le ciel pour que sa relation avec ses enfants ne soit pas comme celle qu'elle entretenait avec sa propre mère.
Ankylosée, épuisée, en manque d'air frais et de mouvement, Elizabeth avait hâte de ne plus être sur les routes, mais la vue de Longbourne lui donna envie de rebrousser chemin et de retourner à Pemberley. Lorsque Darcy descendit de la voiture et lui tendit la main afin de l'aider à faire de même, Elizabeth ne bougea pas
-'J'ai un mauvais pressentiment, Kitty.' Murmura-t-elle lorsque sa sœur lui demanda si tout allait bien.
-'Que veux-tu dire?'
Elizabeth jeta un coup d'œil au ciel sombre au-dessus de leur tête, convaincue qu'il était un présage funeste. Kitty suivit son regard et eut un petit rire.
-'Si tu parles de la pluie qui s'annonce, il n'y a rien d'extraordinaire au phénomène. Nous sommes en Angleterre après tout.'
Comme si la nature elle-même n'avait pas apprécié le commentaire, le tonnerre gronda avec force, les faisant sursauter toutes les deux. Bennet se mit à chigner et Lizzie le rassura doucement, non sans quitter les nuages menaçants des yeux.
-'Nous ferions mieux de rentrer avant que les cieux se déversent sur nos têtes.' Commenta Darcy en offrant son aide à nouveau. Il fit de même avec Kitty et les trois se dépêchèrent à rentrer et juste à temps; la porte ne s'était pas refermée que la pluie se mit à déferler avec force, comme si Dieu lui-même versait seau après seau d'eau sur le comté.
La maison était silencieuse, mais cela n'était pas si surprenant; Mary était la seule résidant encore à Longbourne avec leurs parents, et elle n'avait jamais été la plus bruyantes des sœurs Bennet. Cependant, ce ne fut pas le manque de vie dans la maison qui logea la boule dans la gorge d'Elizabeth, mais l'expression sur le visage de la fidèle servante.
-'Comment va Mère, Hills?' demanda Kitty en lui donnant son chapeau et son spencer.
À la mention de sa maitresse, les yeux de la vieille femme se remplirent d'eau. 'J'ai tout essayé, Miss Kitty. Tout. Mrs Bennet refuse de manger et les toniques du docteur ne suffisent plus à lui redonner son énergie. Je crains que…Je crains que…'
Elle ne termina pas sa phrase, interrompue par le sanglot qui s'échappa d'entre ses lèvres malgré ses efforts pour le contenir. Lizzie échangea un regard inquiet avec sa sœur, qui était devenu très pâle. Darcy tendit les bras pour prendre Bennet, mais Elizabeth refusa doucement.
-'Je préfère le garder avec moi.' Expliqua-t-elle, avalant avec difficulté. 'Il va me donner le courage dont j'ai besoin.'
Son époux approuva d'un hochement de tête et déposa un baiser sur sa joue. 'J'attendrai dans le salon.'
Kitty et elle montèrent à l'étage, s'arrêtant devant la porte de la chambre de leur mère. Elle était entrouverte et une voix s'échappa de l'embrasure, qu'Elizabeth ne reconnut pas.
-'J'ai peur.' Admit Lizzie sous son souffle, ses pieds se clouant sur place. 'Je ne sais pas si je suis prête à…'
Elle ne termina pas sa phrase, incapable de mettre ses pensées en mots par peur qu'ils deviennent réalité. Kitty la serra dans ses bras, comme si elle était l'ainée rassurant sa petite sœur
-'Sommes-nous jamais prêt face à cette éventualité? Si le pire doit arriver, au moins nous aurons été avec elle pour ses derniers moments. Ne gaspillons pas le temps qu'il nous reste à hésiter.'
Dans le passé, Jane avait toujours été celle dont les paroles apaisaient ses craintes et Elizabeth fut surprise de voir que le calme et la douceur de sa cadette avaient le même effet sur ses émotions tumultueuses.
-'Ne crains-tu pas ce qu'il y a derrière cette porte?'
Elle haussa les épaules. 'Si, mais il n'y a rien que je puisse faire. Le destin de notre mère n'est pas entre mes mains; je ne peux qu'accepter les intentions de Dieu et aider là où je le peux.'
Le ciel s'illumina soudainement et le tonnerre, si près cette fois, secoua la maison et d'un bruit cacophonique rappelant celui d'un éboulement résonna contre les murs. Encore une fois, Bennet se mit à protester, miaulant comme un chaton. La porte s'ouvrit quelques instants plus tard et la voix qu'elles avaient entendu plus tôt se révéla être celle de Miss Beauvois.
-'Oh, Mrs Darcy, Miss Kitty.' S'étonna-t-elle en regardant les deux venues. 'Nous ne vous avons pas entendu arriver.'
-'Nous aimerions voir notre mère.'
Miss Beauvois hésita un moment, jetant un coup à l'intérieur de la pièce. Elizabeth étira le cou pour mieux voir, mais sa mère avait la tête tournée vers la fenêtre. Elle fut alors frappée par l'apparence sa main, étendue sur la couverture, beaucoup trop frêle pour appartenir à la femme qui l'avait élevé.
-'Votre mère est fatiguée, elle a besoin de son repos.' Répondit-elle finalement, refermant la porte derrière elle. Elle tenait un petit plateau d'argent dans sa main gauche, sur lequel se trouvait multiples bouteilles et fioles provenant de l'apothicaire. 'Je ne crois pas que ce soit le moment idéal pour des retrouvailles.'
Lizzie s'offusqua de son attitude autoritaire, n'aimant pas la liberté qu'elle prenait de leur interdire l'accès à leur propre mère. Le regard froid et son ton final, Elizabeth lui dit :
-'Ma sœur et moi allons lui tenir compagnie. Je suis certaine qu'elle sera heureuse de revoir ses filles.'
Ne lui laissant pas le temps de réagir, Elizabeth la contourna agilement et pénétra dans la pièce, Kitty sur ses talons. Rien n'avait changé depuis la dernière fois qu'elles avaient mis les pieds dans cette chambre, excepté la forme qui reposait sur le lit. Émaciée et frêle, la maitresse de Longbourne ne semblait être que l'ombre de la femme qu'elle avait été. La peau de ses mains et bras, si blanche qu'elle en était quasi translucide, présentait un étrange labyrinthe de veines bleuies. Son visage, creusé par la douleur et la maladie, semblait avoir de nouveaux traits; des pommettes saillantes, un nez proéminent, une mâchoire ciselée. Elizabeth inspira brusquement lorsque sa mère ouvrit lentement des yeux teintés par le manque du goût de vivre.
Mrs Bennet tenta de sourire, mais seul un coin de ses lèvres sèches se souleva. Tendant une main tremblante, elle les invita à s'approcher.
-'Lizzie. Kitty. Enfin à la maison.' Murmura-t-elle d'une voix éraillée. Puis son regard se posa sur la forme dans les bras de sa deuxième fille. 'Ton héritier?'
-'Bennet.' Répondit Elizabeth en prenant place sur la chaise près du lit. Rabaissant la couverture afin d'exposer son visage, elle lui présenta son petit-fils.
-'Il ressemble déjà tant à Mr Darcy.' Commenta Mrs Bennet dans un soupir. 'Il doit faire la fierté de son père.'
'Et de sa mère.' Renchérit Lizzie, son regard se remplissant de tendresse. 'Il est l'espoir de toute une famille, Mère. Il est ce que tout Pemberley espérait.'
'Un fils…Si seulement j'avais pu donner un fils à votre père…'
La douleur de cet échec l'accablait toujours, même après des années. Avant son mariage, Elizabeth n'avait jamais réellement compris l'ampleur de la culpabilité pouvant affecter les femmes qui n'arrivaient pas à mettre au monde un enfant mâle. Bien qu'elle ait aimé Anne de tout son cœur et de toute son âme, elle avait toutefois connu la peur qui suivait la naissance d'une fille et non d'un fils. Même si ce sentiment avait été bref, Lizzie comprenait mieux la dynamique de ses parents maintenant. Peut-être s'étaient-ils aimés, autrefois, avant que les années défilent et que les espoirs s'évanouissent. L'amertume avait-elle était trop forte pour réparer les ponts entre eux?
-'Longbourne passera peut-être dans les mains des Collins, Mère, mais regardez ce que vos filles ont pu accomplir.' Tenta de la rassurer Elizabeth. 'Jane et moi sommes mariées à des hommes que nous adorons et nous ne manquerons jamais de rien. Kitty a toutes les chances de connaître le même bonheur, avec nos relations et notre aide. Et Mary est…est…'
-'Mary me dit dans ses lettres qu'elle apprécie beaucoup M. Beauvois.' Kitty ajouta, portant secours à sa sœur lorsque les mots lui manquèrent. 'Ils passent beaucoup de temps ensemble, n'est-ce pas?'
Mrs Bennet acquiesça brièvement, mais son regard se réchauffa. 'M. Beauvois est un homme bien, tout comme sa sœur.'
Lizzie ne dit rien, n'osant pas la contredire. Après tout, comment pouvait-elle juger une femme qu'elle connaissait à peine et qui, selon toute vraisemblance, passait ses journées auprès de la malade afin d'en prendre soin? L'expression de Mrs Bennet changea lentement, son sourire s'évanouissant alors que ses paupières se fermaient.
-'Jane?' murmura-t-elle péniblement, peinant à combattre la fatigue.
-'En route. Elle arrive demain.' Elizabeth promit, la gorge serrée. 'Elle a très hâte de vous revoir, Mère.'
Sa mère hocha la tête une fois et poussa un soupir. Miss Beauvois revint dans la pièce à ce moment et, voyant sa patiente épuisée, entraîna les deux jeunes femmes hors de la pièce en leur annonçant qu'elle avait fait préparer leur chambre respective. Elle se proposa même à les y mener.
-'Je connais très bien le chemin, merci.' répondit froidement Elizabeth en prenant les devants. 'Je n'ai pas besoin d'être guidée dans ma propre maison.'
Remarquant son ton hostile, Miss Beauvois redressa légèrement les épaules. 'Je ne cherche seulement qu'à me rendre utile, Mrs Darcy.'
-'Si tel est le cas, je vous serais reconnaissante de faire le message à mon époux que je l'attends à l'étage.'
Avec une très brève révérence, Elizabeth lui tourna le dos et se dirigea au fond du couloir, là où se trouvait sa chambre. Kitty la suivit et ferma la porte derrière elle, un air désapprobateur sur le visage.
-'Ce n'était pas très gentil.' Lui fit-elle remarquer. 'Elle n'est pas une de nos domestiques.'
-'Je n'aime pas cette femme. Elle agit comme la maitresse de notre maison.'
-'Mary n'a que des éloges à son égard.'
-'Ce n'est guère une référence.'
-'Lizzie…Je sais que tu es troublée en ce moment, mais ne projète pas tes émotions sur autres. Il est normal que Miss Beauvois ait ses repères dans la maison, elle prend soin de Mère depuis des mois. Et puis, nous savons toutes les deux que tenir une maison n'est pas une des plus grandes forces de Mary.'
Elizabeth poussa un long soupir, voyant la logique dans ses mots. 'Peut-être…mais je n'aime pas me faire ordonner dans ma propre maison et avec ma propre mère. Elle n'a que quelques années de plus que moi et n'a aucunement précédence. Je ne souhaite pas être traitée avec condescendance.'
-'Comme tu viens juste de le faire, tu veux dire?' pointa Kitty avec un petit sourire.
Lizzie roula les yeux, un peu honteuse d'être sermonnée par sa petite sœur. 'Oh, très bien. Je vais faire un effort. Cependant, je réitère que je ne l'aime pas.'
-'Tu n'as pas à l'aimer, seulement à la respecter.'
Après un moment de silence, Elizabeth remarqua l'expression sombre de sa sœur. 'Je suis désolée d'avoir monopolisé la conversation. Peut-être aurais-tu voulu lui parler avant qu'elle s'endorme?'
-'As-tu remarqué comme elle a évité de me regarder? Je lui rappelle trop sa précieuse Lydia, j'imagine.'
Elizabeth poussa un léger soupir. 'Kitty, tu n'y es pour rien. Lydia a fait son choix et je suis certaine que Mère le sait.'
-'C'était ma responsabilité de la préserver des tentations et elle doit m'en vouloir de ne pas avoir réussi.'
-'De la préserver d'elle-même, tu veux dire.' Maugréa Lizzie. 'Mère ne peut pas t'en vouloir; Lydia a toujours fait à sa tête. Lorsqu'elle s'est enfuie de Brighton avec Wickham, elle a blâmé les Fosters. Quand elle est revenue à la Longbourne en disant que son époux l'avait quitté, elle a blâmé Wickham. Maintenant qu'elle a prit la décision d'être la maitresse de Gillingham et de le suivre jusqu'en Grèce, elle cherche à mettre le blâme sur toi. Mère n'a jamais su mettre la responsabilité des actions de Lydia sur Lydia elle-même. Reconnaître ses fautes c'est reconnaître le manquement qu'elle a eu à l'égard de son éducation et je ne crois pas qu'elle soit prête à le faire. Ni maintenant, ni jamais.'
Kitty prit place sur le lit, ramenant ses genoux près de son torse afin d'y appuyer son menton. 'Qu'elle me blâme. Ce ne serait pas la première fois.'
Elizabeth déposa Bennet dans le berceau qui avait été installé pour lui – une antiquité défraîchit les ayant toutes hébergé pendant les premiers mois de leur vie – et prit place près de sa sœur.
-'Je sais que ce n'est jamais facile pour toi de revenir ici.' Lui dit-elle doucement. 'Ces murs sont remplis de souvenirs et ils ne sont pas tous agréables.'
-'J'aurais tord de me plaindre de mon enfance, tu le sais bien. Seulement, j'aurais préféré que les derniers sentiments de notre mère à mon égard ne soient pas de la déception. Mais ce n'est pas grave; si cela peut alléger ses souffrances, je suis prête à le supporter.'
Le cœur de Lizzie se gonfla face à ce geste, si typique de sa cadette, et elle remercia encore une fois le ciel d'avoir pu la prendre sous son aile. Kitty n'avait jamais été une favorite, ayant été d'une nature plus réservée lorsque seule, et très influençable lorsqu'avec Lydia. Plus jeune, elle n'avait pas présenté des traits assez intéressants pour ses parents; elle était jolie, mais moins que Jane. Elle était intelligente, mais manquait cruellement de répartie, contrairement à elle. Elle était serviable, mais pas autant que Mary. Elle possédait cependant quelque chose que beaucoup ne comptait pas comme essentiel; un cœur loyal et la capacité d'aimer de tout son être.
-'L'homme qui saura gagner ton amour aura beaucoup de chance.' Commenta soudainement Elizabeth en lui offrant un sourire sincère. 'Assure-toi de choisir un époux qui connait ta valeur, Kitty, et qui te respecte et t'apprécie pour qui tu es réellement.'
Cette dernière cligna des yeux plusieurs fois, surprise de cette déclaration, et ses joues se colorèrent légèrement sous les compliments. 'Merci, Lizzie.'
Un silence confortable s'installa et Elizabeth se demanda comment serait la maison sans la présence de sa mère. Dans sa tête, l'endroit était fortement lié à elle, qui n'avait que très rarement quitté la résidence dans les vingt dernières années. Elle avait dirigé Longbourne pendant vingt-sept ans, remplissant ses corridors de sa voix portantes du levé du jour au couché du soleil. Bien que Lizzie aurait apprécié un peu moins de cette énergie névrosée qu'elle exubérait, elle s'était toujours sentie chez elle, en sécurité, dans cette maison.
-'Tu penses la même chose que moi, n'est-ce pas?'
La question de Kitty s'infiltra au cœur de ses réflexions, la ramenant au moment présent. Elle n'eut pas besoin de lui demander de préciser; elle savait exactement de quoi elle parlait.
-'Oui. J'espère seulement que Jane arrivera à temps.'
Elizabeth n'avait que très peu d'espoir de voir sa mère récupérer, pas après ce qu'elle avait vu. Son corps était fatigué, certes, mais sans la collaboration de l'esprit, il était voué à s'éteindre. Et il n'y avait eu aucune trace d'espoir dans le regard de leur mère.
-'Je me sens étrangement…engourdie.' Kitty poursuivit, ses sourcils se joignant au milieu de son front. 'La douleur est présente, et forte, mais je n'arrive pas à pleurer.'
-'Moi non plus.'
Sa sœur leva des yeux innocents vers elle. 'Qu'est-ce que cela veut dire? Elle est notre mère, nous devrions être détruites.'
Lizzie considéra la chose. Était-elle une mauvaise fille de ne pas éclater en sanglots? Manquait-elle de cœur de ne pas être plus affectée par cette perte imminente? Elle était triste, bien entendu; la douleur était poignante, mais elle savait qu'elle s'en remettrait. Elle avait connu bien pire.
-'Je crois que nous avons toutes les deux à faire la paix avec certaines choses de notre passé. Les blessures guérissent, mais peuvent laisser des cicatrices. Les tiennes sont peut-être un peu trop fraiches.'
Kitty avala avec difficulté. 'Même dans la mort, mère ne voit rien d'autre que la fille qui n'a pas su être à la hauteur de ses attentes.'
-'Elle a passé trop de temps à s'inquiéter de notre avenir pour se préoccuper de savoir ce que nous voulions vraiment. Elle ne se serait pas autant acharnée à trouver un bon parti pour nous si elle avait pu mettre au monde un fils. Peut-être alors aurait-elle vu qui nous sommes réellement, et non pas seulement notre potentiel sur le marché marital.'
-'Elle a fait ce qu'elle devait, je suppose.' Kitty soupira, fidèle à sa résilience. 'Comme toute mère, elle voulait assurer l'avenir de ses enfants. Maladroitement, parfois, mais ses intentions étaient toujours avec notre bien-être en tête.'
Elizabeth jeta un coup d'œil à Bennet et se demanda jusqu'où elle irait pour s'assurer du bonheur de son fils. Elle dût rapidement s'admettre que sa sœur avait raison; elle ferait tout pour son enfant, peu importe la situation. Pour la première fois de sa vie, Lizzie sentit que quelque chose l'unissait à sa mère. Cette pensée la réconforta, appliquant un baume sur la douleur grandissante, et elle savait qu'elle s'y accrocherait pour traverser les prochains jours.
Elizabeth, Jane, Kitty et Mary passèrent les journées suivantes au chevet de leur mère. Miss Beauvois visitait tous les jours, au plus grand agacement de Lizzie, mais les deux femmes firent un effort pour s'entendre devant la malade. Leur père, le visage sombre et les yeux repentants, passa également du temps auprès de la femme avec qui il avait bâti sa vie et, pour une fois, il usa de douceur et de patience avec elle.
Elizabeth pardonna facilement à sa mère, consciente qu'elle avait probablement fait de son mieux avec ses filles, et réalisa qu'elle ne pouvait pas lui tenir en faute d'être elle-même. Elle se pardonna également de ne pas avoir su l'aimer plus, consciente que leurs personnalités n'avaient pas été propice à l'épanouissement de leur relation. Dans ses derniers moments, elle lui donna tout de même tout l'amour qu'elle ressentait à son égard, priant pour son âme et pour la fin de ses souffrances. Elle lui devait au moins cela.
Au bout du cinquième jour, entourée de ses quatre filles, de ses beaux-fils, de son époux, et de celle qui avait pris soin d'elle pendant tous ces mois, Mrs Edwina Bennet abandonna le combat. Jane, douce et sensible de nature, pleura ouvertement. Mary, qui avait été témoin de la dégénérescence de sa mère, pria en silence. Kitty, quant à elle, versa une seule larme, qu'elle laissa couler le long de sa joue, puis de son cou, avant de fermer les yeux et de baisser la tête. Elizabeth était reconnaissante d'avoir Darcy à ses côtés et, main dans la main, elle sut retenir le flot d'émotion qui menaçait de briser le mur stoïque qu'elle avait bâti. Plus tard, dans l'intimité de sa chambre, elle pourrait libérer les larmes qu'elle retenait si difficilement.
Dans son dernier souffle, Mrs Bennet murmura le prénom de Lydia, rappelant à tout le monde que même dans la mort l'amour qu'elle portait pour sa cadette subsistait.
Après autant de temps à attendre, j'imagine que vous ne vous attendiez pas à un chapitre aussi sombre. Pour me faire pardonner, le prochain sera publié très prochainement, soit dans quelques heures ou demain! J'ai pris de l'avance dans les dernières semaines afin de vous offrir au moins un chapitre tous les mois jusqu'en juin. Idéalement, j'aimerais que ce soit jusqu'en décembre, mais l'été étant la haute saison au travail, il se peut que ce soit plus lent. Je verrai si j'arrive à tenir le rythme!
En 2022, je souhaite vraiment amener cette histoire près de sa conclusion…enfin, sa conclusion ici, sur Fanfiction. Depuis plus de 11 ans maintenant je vous offre cette histoire gratuitement, et les heures passées sur ce projet se comptent par centaines. Une fois terminée, je compte la retirer du site et la publier officiellement, probablement avec quelques chapitres bonis de plus ou un long épilogue. Ne vous inquiétez pas, les lecteurs de fanfiction auront une conclusion tout aussi satisfaisante. Je ne souhaite en aucun cas terminer mon aventure ici en laissant les lecteurs/lectrices sur leur faim, le but n'étant pas de vous forcer à acheter les livres.
Cela dit, j'aimerais avoir votre opinion. Les médias sociaux sont très populaires pour les auteurs qui souhaitent rejoindre leurs lecteurs/lectrices, et je me demandais si vous aviez un intérêt pour un compte Instagram dédié à cette histoire. Peut-être des extraits des chapitres à venir, des updates sur les publications sur Fanfiction et paperback/ebook, votre opinion sur les couvertures peut-être. Pendant toutes ces années vous m'avez suivi et votre patience est incroyable; j'aimerais beaucoup connecter avec vous!
À très bientôt!
