Tu as le choix

Des couloirs vides et silencieux. Sous le pâle soleil matinal, le sol carrelé de blanc terne luisait doucement. Quelques plantes posées sur les placards accolés aux murs narguaient, bien à l'abri dans leurs classes, l'air frais s'engouffrant par les larges fenêtres abaissées. Les feuilles bien vertes et la sève fraîche, une des plantes jetait son dévolu sur un charmant jeune homme profondément occupé à jouer à Final Fantasy sous la table qu'il partageait avec trois autres garçons et une fille.

« Attention ! souffla un jeune homme blond.

Vif comme l'éclair, le garçon rangea le jeu sous son pull et s'appliqua à dissocier thèse, synthèse et antithèses. Vous me direz : thèse, synthèse et antithèse en 1ere ? Et je vous répondrai aimablement que leur prof est du genre à reprendre intégralement le programme de troisième pour être sûr des acquis. Bien aimable me direz-vous alors, et je vous ferez remarquer qu'ils sont en 1ere, et donc qu'ils ne seraient pas là si lesdites notions n'étaient pas acquises. Mais bref, passons.

Le prof se pencha donc sur le dos du petit blond, jetant un œil à sa feuille…

« Hm… oui, bien, bien, continuez…

…et passa à une autre table.

Le favori de la plante verte le regarda partir avec un sourire en coin, les yeux pétillants de malice.

« Franchement, j'vous, jure, ce prof… ! fit-il en levant les yeux aux ciel. Il est bien sympa de nous faire reprendre les bases pour qu'on les ait, mais on est en 1ere ! Au fait, merci Quat ! ajouta-t-il en souriant au blond.

- De rien, Duo…

Duo sourit.

Quatre est vraiment un ange…

Le jeune homme, toujours prêt à aider et à rendre service, était adorable. Un cœur gros comme ça sous une montagne de tendresse, de soin, de sollicitude et de tac. La dernière chose étant ce qu'il manquait le plus sûrement à Duo…

Sous la table, Duo chercha la main de son ami et la serra doucement dans la sienne. Puis retourna à son Final Fantasy.


« Aaaaaaaah ! s'écria un jeune homme pourvu d'une longue natte, le prétendant de la fameuse plante verte en s'étirant comme un chat. Adieu tortionnaires, tortures, et prison ! déclama-t-il ensuite très sérieusement.

- T'en fais pas un peu trop, là, Duo ? lança Quatre, près de lui.

Ce à quoi il eut une jolie petite langue de présentée.

« Maxwell, cesse donc tes pitreries ! Tu es en 1ere, plus en petite section !

- Oh toi, Wuffy !

- WUFEI, Maxwell !

- Meuh voui Feifei ! répliqua tout naturellement le natté.

Il démarra au quart de tour, poursuivit par un petit chinois teigneux très furibard.

« Ils sont impossible des deux-là… murmura la jeune fille avec de lourdes anglaises reposant sur les épaules.

- A qui le dis-tu… soupira le blond en replaçant son sac un peu plus haut sur son épaule. Allez, viens… Ils seraient capables de s'entretuer avant qu'on arrive…

- J'me demande si ça serait vraiment une grande perte…

Quatre laissa son rire s'échapper.

« Wufei te manquerais trop… lança-t-il mine de rien.

- Mais pas du tout ! dénia vigoureusement la jeune femme, les pommettes rougissantes.

- Sally… Pas la peine de faire semblant, je le sens, lui rappela-t-il en posant sa main sur son cœur.

- Gnm… grogna-t-elle avec une mauvaise foi à toute épreuve.

Quatre lui dédia un sourire en coin accompagné d'un regard malicieux… et ça voulait tout dire !


Il sentit un regard sur lui. Lourd, insistant. Pénétrant. Du genre qui mettrait –très– mal à l'aise le plus psychotique des psychopathes. Il sentit comme une main, puissante, froide, meurtrière, qui se refermait sur son cœur, lentement. Avec une lenteur calculée, voulue ; sadique. Quatre se retourna brusquement.

Il Le vit.

Adossé à un mur, bras croisés sur la poitrine, tête baissée, le visage caché par de longues mèches brunes rebelles. Habillé tout en noir, comme à son habitude. Deux pierres froides et brillantes. Deux saphirs purs au milieu des mèches.

Quatre inspira brutalement comme la main se resserrait cruellement, puis hoqueta et se plia sous la douleur. Il avait l'impression que l'on tentait de lui arracher quelque chose. Une chose qui ne pouvait se tenir, qu'il avait depuis toujours, qu'il gardait tout au fond de son cœur. Il ressentit une douce flamme chaude l'envahir tout entier, calmer ses convulsions. Sa vue se teinta de rouge, soulignant d'un léger halo lumineux le garçon qui lui faisait tant de mal. Il connaissait cette flamme. Vive, douce, protectrice et forte. C'était celle de Duo. Cet élève tentait de lui arracher Duo, de l'ôter de son cœur. De capturer Duo.

« QUAT-CHAN !

Son bourreau cligna brièvement des yeux, ses longues mèches noires secouées par un sursaut – de surprise ? – et la douleur reflua doucement. Lorsqu'il releva les yeux, le garçon avait disparu.

« Quatre !

La main de Duo se posa sur son épaule, et le natté se pencha vers lui. Il posa une main sur sa joue, redressant son visage. Il se laissa tomber à genoux devant lui en voyant les rivières luisant sur les joues rondes de son ami.

« Quatre ! Qu'est-ce qui s'passe ! Dis-moi !

- … !

Sans répondre, Quatre fixa son ami natté, visiblement inquiet pour lui. Le châtain, agenouillé dans la boue causée par la pluie de la nuit précédente, tenait doucement mais fermement son visage entre ses mains.

« Quatre, qu'est-ce qu'il y a… ? murmura doucement le garçon.

- Je… Rien, rien…

- Encore une crise ?

Duo n'était pas sans ignorer que le petit blond – ce cher ange – accessoirement son meilleur ami, était empathe. Le garçon savait ériger de solides barrières autour de son pouvoir, mais parfois, celles-ci ne suffisaient plus, et les émotions de la foule ambiante le submergeraient. Il faisait alors une crise. Cela arrivait peu souvent heureusement, mais pour Quatre, c'était très douloureux et pénible.

Cependant, jamais il n'a eu de telles réactions… Normalement, il ne se plie jamais… Il n'a jamais mal au point de trembler… C'est étrange…

« Oui, c'est ça… C'est ça, encore une crise, oui…

Furtivement, Quatre jeta un coup d'œil au mur où était adossé le garçon peu avant. Rien.

« Quatre… Appelles-nous, quand c'est comme ça…

Doucement, le natté le fit asseoir sur ses genoux, et doucement, le berça. Quatre savait qu'il allait émettre des ondes apaisantes ; il faisait toujours ça lorsqu'il faisait une crise. Sentir ces ondes lénifiantes le calmait, l'aidait à reprendre le contrôle de ses barrières. Duo avait un effet miraculeux sur lui. Ce n'était pas pour rien que c'était son meilleur ami !

Timidement, Quatre posa sa tête sur l'épaule du natté. Plus que jamais, il voulait voir qu'il n'était pas un mirage.

Duo fronça les sourcils, visiblement contrarié, et pour cause ! La conduite de Quatre était franchement bizarre… Jamais il ne se comportait de telle manière en temps normal...

« Ça va mieux, Quat-chan ? demanda doucement Duo.

- Oui… Merci Duo…

- De rien Poucy Quat… C'est normal !

Quatre sourit devant la générosité de son ami. Duo était vraiment incroyable ! Le cœur sur la main, gentil, attentif, chaleureux. Le jeune homme s'investissait vraiment dans ses histoires. Il se mettait à fond dans une amitié, quitte à en ressortir aussi brisé qu'un vase turc après une scène de ménage. Certes il était quelque peu… indiscipliné, mais cette frivolité apparente cachait un caractère qui savait se montrer ferme en cas d'urgences, et très sérieux lorsqu'il le fallait. Quatre savait cela, étant passé par chacun des cas possibles et imaginables aux côtés de son ami.

La main douce de Duo glissant dans ses cheveux le fit sourire. Il leva ses grands yeux purs vers son ami, une expression adorable sur le visage. Duo le fixait comme un père surveillerait son enfant qui avait fait son premier pas. Dois-je aussi rajouter que Duo pouvait se montrer très protecteur envers ses amis ? Principalement Quatre – ce cher ange blond, ce cher Quatre ! – et Sally, Wufei ne supportant pas d'être materné car trop fier pour compter sur quelqu'un ?

« Encore une crise, Winner ?

- Oui… répondit Quatre en souriant à Wufei, les yeux fermés. Mais je vais mieux maintenant, ne vous inquiétez pas.

- Duo s'est occupé de toi ? demanda Sally.

- Oui.

- Bien, dit-elle, et elle parut soulagée.

Il n'était tous les deux pas sans ignorer que seul Duo avait le pouvoir de calmer Quatre lors de ses crises, même les plus violentes. Voulant les rassurer, Quatre leur sourit de toutes ses dents.

« Oï, Quat-chou, tu vas faire concurrence au soleil, arrête ! grogna Duo derrière lui.

Le blond éclata de rire.


Je t'aurais… Je te veux, et je t'aurais. Par tous les moyens ! Prépare-toi à être MIEN, "Duo Maxwell".

Dans un couloir, une ombre disparut dans l'obscurité.


Tzuzuku…

Ben voilou, le premier chap de finit J'espère fournir une update régulière, mais rien n'est moins sûr !

chibi eyes de La Mort Qui Tue Duo Maxwell Vous pensez que ce prologue mérite un chtit minus mais Ô combien adoré rewie.. ?