Auteur :

Deux chapitres dans la journée ! Je suis dans la lancée !

J'espère qu'il vous plaira !


Chapitre 5 : Au coin du feu

2017 - Première année à Poudlard, hiver …

Albus se frotta la tête et une bosse se formait déjà à l'endroit où le livre l'avait cogné.
Devant lui se tenait Malfoy qui fulminait, les cheveux en bataille, les joues rougies d'avoir couru.

« Tu peux m'expliquer ! s'exclama-t-il en pointant du doigt le livre que Potter tenait en main.
« C'est un livre, dit Albus innocemment en reconnaissant son exemplaire de « Comment apprivoiser un Demiguise ?»

Scorpius lui prit le livre des mains et Albus crut qu'il allait le reprendre dans la figure, mais Malfoy l'ouvrit et lui montra les pages bourrées d'écritures manuscrites.

- C'est ton livre et ton écriture ! Le bouquin est rempli de commentaires à chaque chapitre. Je cite : « Le Demiguise est un animal orgueilleux mais également gourmand. Lui apporter régulièrement des friandises, accompagné d'un compliment vous assure sa reconnaissance et son attention. Un Demiguise revient toujours vers celui qui le flatte et le couvre de sucreries. » Et en annotation, tu as listé mes friandises et les gâteaux que j'aime !

Albus restait impassible à le regarder et Scorpius insista en tapant du pied :
« Quand tu m'as offert des mignardises au chocolat tu m'as dit que tu trouvais que mes cheveux étaient brillants. J'ai toujours trouvé très bizarre que tu me fasses un compliment dès que tu m'offrais un bonbon !»

Albus se retint de sourire, il ne voulait pas souffler sur les braises, mais il sentit le rire lui comprimer les côtes. Malfoy ouvrit une autre page. « Et ça ! Le Demiguise peut réagir par instinct en cas d'approche trop brusque. Une caresse sur la tête peut vous éviter une morsure. » C'est exactement ce que tu as fait ! En début d'année, tu t'es assis à côté de moi sans mot pendant le premier cours de Potion et tu m'as tapoté la tête !

Albus haussa les épaules, mais il ne parvenait plus à se retenir de sourire.
- J'ai cherché « Comment apprivoiser un Malfoy ?» chez Fleury&Bott, gloussa-t-il, et ils n'en avaient plus.

Scorpius se tétanisa, la bouche grande ouverte en une expression sidérée.

- Tu ne nies mêmes pas…Tu t'es servi de ce bouquin sur les Demiguise - des singes devins ! - pour devenir mon ami et tu ne le nies même pas. Tu es le pire des serpents, un véritable manipulateur !

Albus se leva calmement de son lit et interrompit sa rengaine :
- Parlons de serpent justement, il était dans mon bureau ce livre, pourquoi tu l'as entre les mains ?

Scorpius cligna plusieurs fois des yeux, le souffle coupé, puis il secoua la tête, les joues rouges :
- Ce n'est pas la question !
- Mais c'est la mienne.
- Tu es … commença Scorpius, tu es vraiment… » Il ne put finir sa phrase et se mit à rire.
Albus sourit, appréciant de le voir perdre contrôle, ce qui lui arriver rarement.
Le moment fut court. Le rire cessa et Malfoy le pointa du doigt :
- Je ne suis pas un animal sauvage !
- Ne fouilles plus dans mon bureau, rétorqua Albus en le contournant pour quitter la pièce.
Il se ravisa et entoura Scorpius de ses bras, posant sur front sur sa nuque.

- Qu'est-ce que tu fais ? s'exclama Scorpius, dont tout le corps se raidissait.
- ça me fait plaisir… que tu dises que nous sommes amis.

Scorpius se détendit et rougit, conscient qu'il venait de se trahir. Il attendit que Potter cesse sa démonstration de tendresse, mais cela tardait un peu trop à un son goût.
- Quand tu auras fini les câlins, on pourra peut-être aller diner, dit-il sèchement.
Albus rit contre son dos et le lâcha enfin pour sortir de la chambre des Serpentard, Malfoy sur ses talons.

1997 - Au Manoir des Malfoy

Scabior l'abandonna dans le petit salon, devant la porte de la salle d'apparat, qui servait de pièce de réception pour les grandes festivités. Scorpius n'y avait jamais diné. De ton temps, on lui préférait le grand salon et sa table pour douze convives, fastueuse certes, mais plus intimiste. Il inspira et voulut ouvrir la grande porte mais un elf de maison, au nez crochu, le retint par l'une des jambes de son pantalon :

- Pardon, pardon Jeune Maître, dit-l'elf en s'inclinant et Malfoy vit qu'une de ses oreilles avait été coupée, Billow n'aurait pas dû vous toucher, mais il faut attendre que l'on vienne vous chercher. Billow ne veut pas que le Jeune Maître soit puni.

La gorge de Scorpius se serra et observa le petit être en loque qui le regardait avec révérence.

- Je te remercie pour ton attention Billow, lui dit Scorpius, avec un sourire. L'elf parut effrayé et secoua frénétiquement la tête.

-Oh oh ! Le Jeune Maître ne doit pas dire cela devant le Seigneur des Ténèbres. Le Jeune Maître doit être prudent quand il parle à des êtres inférieurs.

Scorpius sentit son cœur tambouriner dans sa poitrine et il eut envie de répliquer mais se ravisa. Il acquiesça doucement, ce qui sembla calmer le petit elf.

Il entendit des pas approcher de la porte, et il cessa de respirer, les yeux rivés sur la poignée qui finit par se baisser.

La porte s'ouvrit, une chaleur puis une odeur étrange de graisse brûlée balaya son visage et un homme aux yeux sombres et à la peau olivâtre et hâlée apparut. D'épais cheveux noirs encadraient un visage assombri par une barbe naissante. Sa mâchoire carrée et ses pommettes hautes lui donnaient une allure exotique, l'apparence d'un homme d'Europe de l'Est. Une cicatrice barrait sa joue gauche. Les yeux de Scorpius tombèrent sur ses vêtements et s'attardèrent sur le manteau noir. Un mangemort, évidemment.

Le visage de l'homme se tordit doucement, et Scorpius comprit que c'était son sourire.

- Bienvenue, dit-il avec un accent slave. Je m'appelle Antonin Dolohov.

Scorpius se contenta d'incliner légèrement la tête avec courtoisie.

- Tu ne me donneras donc pas ton nom », dit-il avec un petit rire. « Peu importe. Viens, on t'attend. »

Il entra dans la grande salle, et Scorpius le suivit. Un instant, il ne reconnut pas les lieux. Les lustres sous les grandes colonnades demeuraient éteints et presque toute l'immense pièce était plongée dans le noir. Une seule cheminée était allumée, et les grands rideaux de velours vert étaient tirés, obstruant la lune et les étoiles. L'odeur se fit plus forte, et Scorpius se retint de couvrir son nez avec sa manche. Il aperçut la grande table, dressé devant la cheminée, assez grande pour une vingtaine d'invités et tous les sièges semblaient occupés. Il jeta un rapide coup d'œil sur les convives, tentant de repérer des visages entrevus sur des portraits ou des photos, mais Dolohov le mena en bout de table, vers le siège d'honneur. Un sifflement attira son attention et un énorme serpent se glissa sur sa droite. Scorpius eut un mouvement de recul et voulut attraper sa baguette.

- N'ai pas peur mon enfant, siffla une voix douceâtre.

Et Scorpius posa les yeux sur le visage tant redouté. Voldemort était assis à la place d'honneur, la peau blanche violacée, les traits plus reptiliens qu'humains et les yeux noirs. Une atmosphère lugubre émanait de sa personne comme une aura noire et malsaine, l'impression que la vie se glaçait à son contact, comme sous le souffle d'un détraqueur,

« Nagini ne te fera du mal que si je le lui demande. » Il tendit la main vers lui : « Approche. »

Sur le moment, Scorpius resta figé puis il sentit la main de Dolohov le pousser doucement en avant. Il évita de croiser son regard et conserva la tête légèrement baissée. Voldemort se leva et l'étudia longuement. Avec sa baguette, il repoussa les mèches de cheveux blonds qui tombaient sur ses yeux, observant ses traits. Sous ce contact glacial, Scorpius se demanda s'il ne préférait pas la façon dont Greyback le renifler. Il sentit la pointe de la baguette appuyé sous son menton, le forçant à lever la tête. Les yeux de Voldemort étaient noirs sans vie. Les yeux d'un requin.

- Tu sais qui je suis ? demanda-t-il de sa voix trainante, les lèvres retroussées.

- Oui mon Seigneur.
Un rire parcourut l'assistance. Scorpius se demanda s'il trompait en le nommant, mais le Voldemort sembla ravi.
- Mon Seigneur ? J'ai l'habitude que l'on m'appelle Maitre. » Il sourit, et la baguette quitta la peau du garçon. « Mon Seigneur me convient. C'est ainsi que tu m'appelles là d'où tu viens ?

Scorpius déglutit péniblement, et il ne savait que dire. Dans une pensée audacieuse, il se décida à tester la magie de Dumbledore.
Il essaya de répondre : « Là d'où je viens, tu n'existes pas » et sa gorge se glaça, sa voix se perdit. Ses lèvres ne purent articuler les syllabes. Il porta les mains à son cou dans une crainte soudaine que sa respiration ne soit également coupée. Panique inutile, seule sa voix avait disparu.

- Ahhh c'est donc vrai, Dumbledore t'a jeté un sort pour que tu ne puisses pas parler. » Il revint soudain vers lui, le serpent glissait amoureusement contre l'une de ses jambes. Il s'approcha de Scorpius, trop près, de sorte que le garçon devait lever la tête pour le regarder, et son souffle glissait sur sa joue. Il leva une main aux ongles effroyablement longs et fit glisser ses doigts de sa mâchoire à ses cheveux, lui maintenant la tête en arrière pour l'observer.

- Me diras-tu ton nom ? dit-il de sa voix doucereuse.

- Scorpius.

Voldemort tira un peu plus sur ses cheveux.
- Ton nom ? souffla-t-il, menaçant.

Scorpius essaya de prononcer son patronyme mais à nouveau la glace le paralysa et il lutta pour faire percer sa voix. Aucun son.

- Raaa, cracha Voldemort en le repoussant et Scorpius faillit perdre l'équilibre. Comment être sûr? s'exclama-t-il avec colère.

- Maître, » dit une voix douce et Scorpius se tourna pour découvrir sa grand-mère, plus jeune, plus triste, qui le regardait avec tendresse avant de reporter les yeux sur Voldemort. « C'est le portrait de mon fils, et de mon mari. Je pense pouvoir répondre de sa filiation.

- Tu as raison Narcissa, cet enfant est surement un Malfoy, mais est-il un sang-pur ? Rien ne permet de le prouver.

- Maitre, » intervint une belle femme aux cheveux noirs, à la démarche désordonnée. Elle sifflait plus qu'elle ne parlait : « Il ne saurait en être autrement ! La famille Malfoy a toujours respecté les valeurs des Sang-Pur.

- Mais qu'en est-il des Black, Bellatrix ? intervint un homme aux cheveux blancs, tirés en arrière et noués sur son cou. Ce garçon a du sang de ta famille. Que dire de Sirius, Andromeda et de ce traitre de Regulus ?

- Tu oses, Yaxley ? persifla Bellatrix. Pour qui te prends-tu ? Oserais-tu prétendre que nous n'avons pas été fidèles à notre Maitre ? Ne t'avise pas de déverser ta bile sur la famille Black. Contrairement à toi, j'ai passé toutes ses années à l'attendre. »

Assis à table, un homme se mit à rire et Scorpius reconnut le grand père de Dorian Nott pour l'avoir vu sur un portrait chez son ami.

- Mais qui voudrait épouser un Malfoy aujourd'hui ? ironisa-t-il. Cette famille est en déshérence !

Narcissa se redressa, et répondit à l'homme avec dignité.
- Le fait que mon mari soit enfermé à Askaban ne te donne pas le droit de l'insulter sous son propre toit, Nott !

- Ma Belle Narcissa, dit un homme au nez épais et aux traits durs, un sourire mauvais aux lèvres. Tu ferais bien de penser à un autre mari, avant que les années éloignent les soupirants. Les Malfoy sont finis !

Un rire parcourut l'assistance et Scorpius goûta la bile qui remontait de son estomac.

Les charognards se battaient pour la gloire des Malfoy, pour le manoir de son grand-père et pour la main de sa femme. La dame était seule et digne au milieu de cette meute, arrogante et féroce, et Scorpius sentit la colère l'embrasait. Il frappa sur la table du poing, à s'en briser les phalanges.

- Personne ne convoitera la fortune des Malfoy, dit-il, la tête haute, le menton levé et la stature stoïque. Car je vous rappelle Messieurs, que vous êtes ici chez moi !

Il s'aperçut que toute l'assistance s'était figée, dans un mélange de surprise… et de terreur.
C'est alors qu'il sentit une main glisser dans son dos et remonter dans son cou pour lui tourner le visage. Ses yeux plongèrent dans des yeux noirs et vides.

Oh Dumbledore, pensa-t-il, vous auriez dû me rendre muet.

- Regrettes-tu de m'accueillir sous ton toit, Scorpius ? souffla Voldemort dont les lèvres touchaient presque sa joue.
Scorpius lutta pour ne pas tressaillir.
- L'hospitalité des Malfoy pour votre Seigneurie n'a pas de limite, assura-t-il, sans que sa voix ne tremblât.
- Mais s'il est de mon bon plaisir que tous ses hommes s'y trouvent également, insista le Maitre en le serrant un peu plus.
- Je me plierai à votre volonté mon Seigneur. Mais je ne réponds pas de la vie d'un homme qui m'insulte dans ma propre maison.
- Il en est de même pour moi ?

Scorpius sentit la menace, et il eut envie de jouer. N'était-ce pas le moment d'apprivoiser le Demiguise ? Avec douceur et flagornerie.

- N'êtes-vous pas plus qu'un homme, mon Seigneur ? demanda innocemment Scorpius, armé de son sourire le plus charmant.

Voldemort émit un son qui ressemblait à un rire étouffé.

- Petite Chose futée, susurra-t-il, mais il semblait captivé et son sourire s'élargit. Je ne sais quoi penser de toi.

A cet instant, Scorpius se demanda s'il n'avait pas créé une autre menace plus cruelle encore …

- Maitre, l'interrompit un homme au long manteau noir et Voldemort lâcha le garçon. Je dois repartir pour vous savez où. Vous souhaitiez me parler d'affaires urgentes pendant le dîner.

- Ah Severus, tu es arrivé ! Nous devons parler, mais d'abord laisse-moi te présenter l'impétueux et imprudent Scorpius Malfoy. Il requerra tes talents. » Voldemort se tourna vers Scorpius : « Severus est un maître de légilimancie. Je suis sûr qu'il parviendra à rompre le sort de Dumbledore. Je vous laisse festoyer. clama-t-il à l'assistance. « Viens Severus. »

Scorpius observa longuement le professeur de Poudlard qui l'étudia également, jusqu'à ce que celui-ci disparaisse dans les escaliers.

Une main se posa sur son épaule et il se retrouva nez à nez avec sa grand-mère.

- Viens t'assoir, lui murmura-t-elle, en l'emportant vers la table, lui proposant une place dos à la cheminée, à ses côtés. Bellatrix prit place à sa gauche, mais se contenta de l'ignorer.

Tout d'un coup, apparurent sur la table des mets succulents sans que les elfes de maison ne se fassent remarquer.

Les mangemorts eurent des murmures approbateurs et commencèrent à remplir leurs assiettes.

- Attendez tous ! dit brusquement un homme bourru, aux cheveux blonds. Il s'adressa à Scorpius. Avons-nous l'autorisation du maitre de maison pour manger ? se moqua-t-il. Des rires sourds accueillirent sa remarque.

Scorpius le jaugea sans ciller, et d'une voix claire lui répondit :

- Le Seigneur des Ténèbres vous a dit de festoyer, dois-je le rappeler pour qu'il se répète ?

A sa surprise, Antonin Dolohov se mit à rire, semblant apprécier la rebiffade. Il lança un coup de coude à Yaxley qui sourit. Le mangemort qui avait parlé lui lança un regard noir avant de se servir dans le plat en face de lui d'un air bougon. Les autres convives l'imitèrent.

Narcissa prit une cuillère de haricots au lard et remplit l'assiette du garçon.

- Je ne sais pas si je dois considérer ton attitude comme du génie ou comme de la pure folie, murmura-t-elle en lui servant une coupe de vin.

Scorpius sourit.

- Je n'ai jamais su répondre à cette question… et vous non plus.

Elle croisa son regard et lui rendit son sourire.

La nourriture paraissait délicieuse et l'estomac de Scorpius était vide mais il ne put rien avaler. Il percevait à nouveau l'odeur de graisse brulée, qui lui semblait encore plus forte et insupportable. Il finit par se tourner vers la cheminée pour voir ce qui propageait cette puanteur. Et il comprit en regardant les flammes. Il y'avait un corps dans la cheminée. On y faisait rôtir et disparaitre un petit cadavre.

La nausée le prit et il se surprit à prier : Pas un enfant, par pitié, pas un enfant !

« C'est détestable je sais, dit Bellatrix en suivant son regard. Mais Nagini n'aime pas le goût des goblins. Nous ne pouvons pas tous les enterrer dans le jardin. Tu t'y habitueras.»

Scorpius n'en avait aucune envie.


TBC

N'hésitez pas à commenter cette histoire c'est toujours encourageant !

La suite rapidement, le chapitre est presque terminé !