Auteur : La suite comme promis !
Merci pour vos commentaires qui m'ont vraiment boosté !
C'est un plaisir de vous lire, chacun de vos commentaires me procure une vraie poussée d'adrénaline.

N'hésitez pas à me dire ce que vous pensez de l'histoire !

Musiques écoutées :
Jar of Hearts – Christina Perri
Life in Mono – Mono


Chapitre 6 : In vino veritas

2019 – Troisième Année – Hiver

Albus regardait la calèche traverser la rue enneigée de Pré-au-Lard. Le couple assis à l'arrière échangeait de longs baisers langoureux.

- C'est indécent, dit Scorpius avec une grimace de réprobation.

- Ce serait romantique si ce n'était pas la 5ème calèche que l'on voyait passer, nuança Albus. Mais là c'est un défilé de romance qui dégouline de guimauve.

- Ils devraient trouver un coin tranquille, insista Scorpius. Tout le monde peut les voir se passer la salive d'une bouche à l'autre.

- Tu veux essayer ?
Scorpius sursauta et regarda son ami, le cœur battant.

- Quoi ? demanda-t-il paniqué, la gorge sèche, les joues rouges.

- Les bonbons, dit Albus en lui montrant le sac pleins de friandises qu'ils avaient acheté chez Honeydukes. Tu veux les essayer ?

Scorpius rougit de plus belle, et reposa doucement son dos contre le banc.

- Oui, merci, dit-il finalement en prenant la sucette que lui tendait le garçon.
Albus le regardait en fronçant les sourcils.

- Qu'est-ce qu'il y a ?

- Non rien, dit Scorpius en se raclant la gorge. Ce sont vraiment des sucettes au sang ?

- Non, je ne crois pas.

- Alors pourquoi ça s'appelle Blood Lollipop ? insista Scorpius.

Albus haussa les épaules et retira le papier de la friandise.
- C'est de la publicité pour nous attirer. Et ça marche, la preuve : on les a achetés.

Scorpius acquiesça et tous deux mirent la sucette dans la bouche. Aussitôt ils se regardèrent, stupéfaits, et Malfoy eut un sursaut de dégoût.

- Beurk ! Albus, c'est du sang !

- Mais non ! dit Potter, comme on réprimande un enfant. C'est comme les dragées de Bertie Crochu, tu crois vraiment qu'elles sont faites avec des crottes de nez et du vomi ?

Scorpius cracha de la salive rougie dans la neige.
- Non, c'est vraiment du sang ! insista-il. Et la texture est atroce, je vais vomir.

Potter grimaçait en regardant la sucette et la remit dans sa bouche, dubitatif.
- Ils ne vendraient pas des sucettes au sang sans mettre des avertissements pour les consommateurs raisonna-t-il et Scorpius le regarda avant de pouffer en secouant la tête.

- Tu es vraiment naïf ! Ils se fichent de qui achètent leurs produits du moment qu'ils les vendent. Oh je vais être malade. Je suis sûr qu'il y a marqué hémoglobine dans la liste des ingrédients.

Albus prit le papier d'emballage et essaya de déchiffrer la minuscule écriture. Son visage pâlit, et il retira doucement la sucette de sa bouche.

- Alors… ? demanda Scorpius, inquiet.

- Tu ne veux pas savoir.

Scorpius poussa un gémissement et plaqua la main sur sa bouche, retenant les haut-le-cœur.

- C'est peut-être des lollipops pour les vampires, dit Albus en remettant le papier autour de la sucette. Ce qui expliquerait pourquoi le vendeur nous a regardés bizarrement quand on les a achetés.

Scorpius le regarda. Il passa sa langue sur ses lèvres et murmura :
- On nous regarde toujours bizarrement Albus…

Potter ne lui rendit pas son regard. Il respira plus profondément, comme pour calmer une agitation intérieure.
- Viens, finit-il par dire. C'est notre premier week-end à Pré-au-Lard, alors on va boire de la Bierreaubeurre au Trois Balais, histoire de rincer tout ça !

Les deux garçons descendirent le chemin vers le pub. Le lieu était mythique, parmi les écoliers et les anciens élèves, et maintenant qu'ils étaient en troisième année, ils voulaient le découvrir à leur tour.

Ils passèrent la porte et se retrouvèrent dans une salle animée et joyeuse, sentant l'hydromel et la bière. La chaleur leur fit du bien, et ils cherchèrent une table libre.

Ils n'avaient pas fait deux pas, que Craig McLaggan leur barrait déjà le passage, flanqué de deux gryffondors de 5ème année, aux joues rougies par l'alcool.

« Hé les serpents, qui vous a donné l'autorisation d'entrer ?

- Les Serpentards ont besoin de ton aval pour se rendre au pub maintenant ? s'enquit Albus sur le même ton.

Craig eut un sourire mauvais.

- Non, les Serpentards font ce qu'ils veulent tant qu'ils ne nous gonflent pas. Par contre, je ne crois pas que le gérant ait envie de voir un Malfoy dans son bar. » Il se tourna vers Scorpius et lui parla lentement, comme s'il prenait le garçon pour un attardé : « Tu sais ce que ton papa a fait à sa maman n'est-ce-pas ? »

Albus eut envie de hurler. Il n'avait aucune idée de ce que Drago Malfoy avait fait à la mère du tenancier du bar et il était sûr que Scorpius ne s'en savait rien non plus. Mais il voyait déjà son ami se décomposer en se demandant, encore une fois, ce qui s'était passé dans ses murs.

- Scorpius Malfoy a été accepté à Poudlard, déclara Albus. Il a les mêmes droits que toi. Si le gérant du bar ne veut pas de nous ici, je suis sûr qu'il viendra nous l'expliquer lui-même.

- Ah Albus, Albus,… soupira le Gryffondor avec indulgence. Toujours en train de défendre les petites raclures.

- De mon point de vue McLaggan, la raclure c'est toi !

Mclaggan fut surprise, puis il se mit à rire en se passant le doigt sur le menton, pensif. Les deux garçons derrière lui arboraient le même air amusé.

Craig se tourna vers le comptoir.
- Hé, James ! appela-t-il d'un ton enjoué.

Ils aperçurent Potter, accoudé au bar en train de rire avec ses comparses, un verre à la main. A son nom, il se tourna vers McLaggan, posa sa bière et le rejoint à l'entrée. Ses yeux se rétrécirent quand il vit Scorpius et Albus.

Craig passa son bras autour de ses épaules : « Jamie, ça te dérange si on met une rouste à ton frère ? Rien de bien méchant t'inquiète. »

James les regarda sans émotion et finit par lâcher :
- J'ai pas de frère.

Le visage d'Albus perdit toute couleur et il se sentit l'envie de vomir. A ses côtés, Scorpius poussa un râle de fureur.
- Espèce d'enfoiré ! T'as pas assez de cran pour défendre ton petit frère devant toute ta cour ? T'as le nom du héros mais pas la carrure. La vérité c'est que t'as rien dans le ventre !

En une seconde, James était sur lui, l'agrippant par le col, le visage rouge de colère. Il dominait Scorpius d'une tête mais le garçon ne recula pas.

- Ne me pousse pas à bout, Malfoy, ou tu vas le regrette.

- Et tu vas faire quoi, ordure ?

- Ce qu'on fait aux mangemorts pour leur faire fermer leur gueule !

- Déverse sur moi toute ta haine Potter, ça ne te donne pas le droit de traiter ton frère comme ça ! lâcha-t-il entre ses dents.

- Ferme-la Malfoy, Ferme-la ! hurla-t-il, en tirant sur le col du garçon, le visage si proche de Scorpius qu'il aurait pu poser son front contre le sien, crachant ses postillons, le dominant de sa hauteur. Malfoy ne cillait pas, il semblait prêt à l'étriper.

- Ça suffit ! cria Albus en s'interposant entre les garçons, obligeant son frère à lâcher son ami. « Recule James ! » Il attrapa le bras de Malfoy. « Scorpius, on y va ! Il y a d'autres pubs. Et ça sent le fauve ici. »

Ils sortirent dans la rue ignorant les clameurs et les sifflets derrière eux. Potter tenait toujours le bras de Malfoy, de peur que celui-ci ne décide de faire demi-tour.

Ce n'était pas la première fois que Scorpius et James se battaient mais cela devenait de plus en plus violent. Il était inquiet. Les ennemis de Scorpius étaient nombreux. Et dans sa colère, Scorpius oubliait l'essentiel. Qu'il était seul contre tous. Qu'en cas de combat magique, il serait rapidement mis en pièce par le nombre, qu'il était trop mince, trop élancé pour faire le poids contre James à mains nues. Dans sa passion, Scorpius oubliait qu'il ne pouvait pas gagner et il était assez fou pour essayer pour le seul plaisir de la lutte. A tort ou à raison, les Malfoy était connus pour être des lâches… il semblait qu'ils avaient économisé leur courage pour le concentrer dans leur héritier.

« Sale con… » souffla Scorpius avec dépit.

Albus acquiesça avec un sourire et il fut soulagé que Scorpius n'en dise pas plus. Il n'accablait jamais James devant son frère. Il aurait eu des choses à dire pourtant, mais il préférait taire sa rancœur plutôt que d'affronter la tristesse dans les yeux d'Albus. Ils ne cherchèrent pas un autre pub et sans même se concerter, ils remontèrent vers Poudlard, recherchant l'isolement de leur chambre dans le dortoir des Serpentards. Ils avaient leur lot d'émotion pour la journée.

Sur le chemin enneigé qui menait au château Albus se mit à rire doucement.
- Quoi ? demanda Scorpius qui souriait déjà de voir son ami plus enjoué.
- … Je viens de roter et j'ai un vieux goût de fer dans la bouche.
- Ahhh t'es atroce ! cria Scorpius avec dégoût, en lui frappant l'épaule alors qu'Albus partait en fou rire, vite contagieux. Ils rirent sur tout le chemin jusqu'au château.


1997 – Manoir des Malfoy

Assise sur le canapé, ravissante dans sa robe de soie bordeaux, Narcissa se tordait les mains. Elle ne semblait pas savoir quoi faire ou dire depuis qu'ils avaient quitté la table et qu'ils s'étaient isolés dans le petit salon. Elle se leva et se servit un verre de brandy sur la petite table.

- Tu en veux un ? demanda-t-elle et Scorpius acquiesça doucement.

- Drago n'a pas voulu rentrer ces vacances, » dit-elle en lui apportant le verre et en se plaçant à côté de lui sur le canapé de velours. Sa voix tremblait. « J'aurais aimé l'avoir avec moi. Vous auriez pu vous rencontrer. Mais il est occupé à Poudlard. Il a… une mission urgente. » Elle regarda Scorpius et lui dit : « Mais peut-être que tu le sais déjà ? »

Scorpius esquissa un sourire amer, rejeta les pensées qui le portaient vers son père et amena le verre à ses lèvres. Il connaissait ce brandy. Il aimait son goût et la sensation de brûlure dans sa gorge. Un brandy des Malfoy évidemment, de leur échoppe d'apothicaire. Scorpius était soulagé que leurs vins et leurs spiritueux familiaux n'aient pas été servis à table. Au moins une chose qui n'était pas souillée dans son héritage.

- Si tu es là, Drago va survivre, n'est-ce-pas ? dit-elle soudain et Scorpius sentit son cœur se serrait devant tant d'espoir.

- Je ne sais pas, dit-il avec regret. Je ne peux rien affirmer. Si tout se passe comme cela s'est passé, il vivra… et moi aussi.

- Alors rien n'est joué, dit-elle avec tristesse. Et ils se perdirent dans le silence.

Soudain, dans un élan de tendresse elle lui toucha le visage, écarta ses cheveux, comme si elle cherchait quelque chose. Puis elle sourit et prit sa main dans le sienne.

- Tu es un beau garçon, affirma-t-elle, et la fierté résonnait dans sa voix.

Scorpius eut un petit rire, et resserra ses doigts sur les siens.

La porte s'ouvrit soudain et d'instinct ils s'éloignèrent. Bellatrix traversa la pièce de son pas disgracieux et se dirigea directement vers le bar.

- Ces crétins m'ont épuisé, déclara-t-elle avec lassitude. Elle déboucha la bouteille de cristal et jeta le bouchon sur les verres, faisant tinter la vaisselle. Narcissa pinça ses lèvres en la regardant se servir un grand verre de brandy.

Elle but une longue gorgée, puis se tourna vers eux.
- Scorpius c'est ça ? dit-elle en le désignant comme si elle le voyait pour la première fois.

Le garçon haussa le sourcil sans lui répondre.

- Bien joué ton petit manège toute à l'heure avec le Maître. » Elle s'assit dans le fauteuil, jaugeant Scorpius de bas en haut. « Tu sembles savoir comment lui parler. »

Scorpius crut distinguer une pointe de jalousie dans sa voix et il comprit qu'elle redoutait ce qu'il redoutait lui-même. Que Voldemort ne s'entiche de lui. Et Malfoy n'avait aucune envie de tester le désir du mage noir.

- Je me montre courtois et il semble apprécier ma déférence à son égard. Mais je crois qu'il serait préférable pour nous tous que je trouve un moyen de rentrer chez moi.

- Tu n'apprécies pas notre compagnie, dit-Bellatrix sur un ton faussement vexé.

- Bien au contraire, Madame, répliqua Scorpius, affable. J'expérimente la joie de me réchauffer au coin d'une cheminée à la chair de goblin.

Bellatrix pouffa sur son verre.
- Petite nature, se moqua-t-elle en faisant rouler le liquide dans sa coupe. Si tu n'as pas le cran pour cela, je me demande comment tu as pu survivre à cette guerre.

- Je n'ai pas vécu la guerre.

- Mais tu sais QUI l'a gagné cette guerre !? grinça-t-elle soudain en se penchant en avant et en retroussant ses lèvres, les yeux exorbités. Narcissa et Scorpius sursautèrent. « Qui ?! Réponds !

- Tu sais qu'il ne peut pas répondre Bella ! s'exclama Narcissa.

- Severus le fera parler ! répondit-il en pointant Scorpius. Et sinon, le Seigneur des Ténèbres s'en chargera.

Scorpius sentit son sang se glacer dans ses veines. Il ne parvenait pas à se convaincre qu'il allait mourir, que c'était une possibilité réelle. Mais il désirait pourtant s'y préparer. Car lorsqu'il devrait faire face à Voldemort, il était impensable qu'il révèle quoique ce soit. Plutôt mourir. Plutôt mourir que d'imaginer un monde sans Albus.

Il but une gorgée de brandy, et laissa son esprit s'embrumer.

- Oh quelle idiote ! dit Narcissa en apercevant une tâche de brandy sur sa robe. Elle prit sa baguette et l'appliquer sur la tâche. Celle-ci disparut et elle parut soulagée.

- C'est un cadeau de Lucius, expliqua-t-elle et Bellatrix imita un ronflement, insensible aux émotions de sa sœur.

Le cœur de Scorpius sauta dans sa poitrine. Il ne voulait pas imaginer son grand-père dans les geôles de la prison, terrifié pour sa femme et son enfant. Il avait tenu cette pensée loin de son esprit, comme toutes les autres images et les peurs qui l'assaillaient depuis qu'il était arrivé dans cette époque.

- Lui avez-vous rendu visite à Azkaban ? demanda-t-il timidement, sans vouloir connaitre la réponse.

Elle sourit tristement et secoua la tête.
- Nous nous écrivons tous les jours. Mais il… il ne veut pas que je le vois comme cela.

- Le Maitre a été généreux avec Lucius, intervint Bellatrix d'une voix égale. Nous aurions pu tomber encore plus bas. L'attaque du ministère de la magie a été un fiasco et c'est à cause de ton mari.

- De quel droit oses-tu dire cela ! dit Narcissa en se levant, tremblante. Toi qui dort et mange sous son toit, et te soûle dans son cristal !

- Réveille-toi ma pauvre Narcissa, ton mari est fini, il n'y a plus qu'à espérer que ton fils soit à la hauteur !

On frappa à la porte et les deux femmes se figèrent. Severus Rogue entra doucement, sa robe noire volant autour de lui.
« Je suis désolé d'interrompre les douceurs familiales dit-il d'une voix nasillarde et basse, mais le maître veut te voir avant son départ, Bellatrix. Il t'attend.

Il n'avait pas fini de prononcer ces mots qu'elle avait quitté la pièce, ses talons retentissants sur le parquet.

Severus attendit que les bruits s'éloignent tout en détaillant le garçon devant lui.
- Jeune Malfoy, on m'a chargé de m'entretenir avec vous afin d'obtenir certaines… réponses. Je vous laisse saluer Madame Malfoy et vous attends dans le couloir. Veuillez-vous presser, la nuit sera longue.

- Severus, implora Narcissa, ne sois pas trop durs avec lui.

Rogue échangea un regard avec elle et insista :
- Je vous attends, Jeune Malfoy.

Scorpius finit son verre d'un trait et le posa sur la table basse avant de se tourner vers sa grand-mère :
- Bonne nuit, Madame, dit-il en s'inclinant légèrement.

Narcissa le prit dans ses bras, le serrant contre elle, puis elle murmura à son oreille :
- Prends garde à tes paroles. Tu ne dois faire confiance à personne.

Elle le lâcha et déposa un baiser son front avant de prendre son visage dans ses mains.
« Avec un peu de chance, le Maitre pardonnera à Lucius, dit-elle, la voix pleine d'espoir, et nous pourrons retrouver notre position auprès de lui et notre rang dans le monde des sorciers !

Scorpius sentit son estomac vriller. La frustration et la colère piquaient tous les muscles de son corps. Il déglutit et s'extirpa doucement de l'étreinte de sa grand-mère. Il fut sur le point de sortir du salon mais il fit volte-face et s'agenouilla devant Narcissa qui avait pris place sur le canapé.
Il lui prit la main :
- Je ne peux rien dire, Madame, mais je peux vous jurer ceci : nous sommes grands avec lui, mais nous étions grands sans luiEt quoiqu'il arrive nous le serons encore !

Sans attendre, il déposa un baiser sur le dos sa main et quitta le salon pour rejoindre Severus Rogue.


TBC

Le prochain chapitre : Scorpius et Severus se parlent !
C'est normalement ce qui est prévu… après nous partirons du côté d'Albus et James.
Review s'il vous plait !