Qui es-tu?
Sheik est Zelda ; Zelda est Sheik.
Mais bien sûr, cela ne veut rien dire, bien sûr, les choses sont loin d'être simples lorsqu'on y inclus des noix mojos et des paradoxes temporels qui changent le goût des baisers.
Parce que l'esprit d'un héros n'est pas fait pour la paix, et que celui d'un mystère vêtu de symboles contraires ne peut être vraiment en ordre...
Prologue
Dans la gueule du péril
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Depuis que le Héros avait quitté le Temple du Temps, une multitude de pensées se pressaient dans son esprit. Sept années de sa vie s'étaient envolées et il ne savait pas encore ou elles se trouvaient. Il était devenu un Hylien, trop mûr dans un corps trop fort pour un esprit trop jeune. Oui mais non, pas d'introspection !
Le temps était au cœur du dilemme, sur une scène défilant à toute allure dont nul ne pouvait définir le but : on y discernait seulement une histoire de bien, mort, victoire et paix. C'était comme une trame déjà conçue qui se répétait quoi que l'on fît, et sans l'avis des interprètes.
Le temps. C'était ce qui l'avait définitivement arraché au Bosquet ; une triste mesure qui le précipitait depuis peu dans un tourbillon d'horreurs soudaines et aliènes. Quel avenir espérer dans l'absence d'un passé ? Et puis les mêmes questions : où, comment, pourquoi ? Pourquoi ? Pourquoi ? -Ne pas dormir !- Tout s'enchaînait sur le sentier étroit. De courage et d'optimisme, un Héros ne questionne pas.
Un Héros ? Mais de quoi ? D'une vague histoire de bien, mort, victoire et paix ; une légende qui se perpétuera de toutes façons, tant que la scène sera debout, tant que les acteurs seront en vie ; que cette verte d'Hyrule vivra de couleur et de vent. Car pour la gloire puérile de ce monde insensé, le temps bat et cadence, sans arrêt, le cœur consentant d'un enfant inconscient.
Vas Héros, file file, droit devant toi, et sauve nous encore une fois... Surtout ne t'arrêtes ni ne t'interroges ; tout est tracé tu n'as qu'à avancer ! Car d'Hyrule à Termina, en Hylia, où que ce soit, jamais petit être, tu ne seras chez toi.
Link sursauta. Epona trottait toujours vers le village Cocorico dernier refuge pour les hyliens depuis le ciel gris peint par un gérudo maudit. Changement progressif mieux accepté par les victimes de cet orage que par une âme jeune et claire découvrant un monde chéri tout à refaire.
Il se redressa pour constater son assoupissement sur le dos de la jument. Il aurait bien voulu s'asperger de l'eau du lac cristallin comme il en avait l'habitude juste sept années auparavant, mais voilà: ce n'était pas le moment.
Le mont du péril l'attendait et en lui, un peuple tout entier ayant perdu de vue l'espoir, pauvres malheureux faisant office d'exemple; bêtes de foire au sort cruel, croulant sous l'angoisse du rire impitoyable de l'anarchique symbole du mal.
Il démonta, et, flattant l'encolure d'Epona, la quitta pour traverser le village ; franchissant les portes du mont menacé par le temps, résolu à devancer la métrique de son péril latent.
Dans le village goron, il questionna le fils du chef. Horrifié, celui-ci lui ouvrit la boutique et la salle de son père puis lui offrit de quoi supporter le feu du cratère. Link, n'emprunta pas les escaliers ; pas le temps. Non, il sauta à l'étage inférieur et jusqu'au plus bas cœur de cette cité circulaire où chez elle, si heureuse d'ordinaire, régnait un silence austère.
Dans la salle du chef, il poussa le grand totem et s'engouffra derrière, où, comme l'avait dit le jeune goron, un passage menait à la caverne de feu.
Au sein de l'immense cratère, la chaleur l'assaillit tout à coup. Se prenant la gorge, l'hylien dut combattre les affres de la claustrophobie tentant de s'insinuer en son esprit.
Non. L'on comptait sur lui !
Et il avança dans ce volcan bouillonnant dont l'air lui brûlait les chairs. Il se hâta de revêtir la tenue vermeille, habit magique qui, lui seul, permettrait de tenter quelque exploit nouveau...
Ainsi protégé, l'esprit un peu mieux disposé, il suivit d'abord le pont de bois sur sa droite à chercher quelque secret dissimulé, cependant, vit sa quête entravée pas de gros et trop solides rochers. Aussi il revint sur ses pas et, s'aidant d'un grappin prit appui sur une poutre en face de lui puis se fit hisser vers l'autre partie du pont sectionné.
Mais alors, se serait-il douté qu'en cet endroit redouté, il aurait rencontré celui qui l'avait guidé céans ?
Cet être respirant le mystère, remplissant à chaque entrevue aussi furtive que l'air le cœur d'un héros d'une confiance bienvenue ;
Sheik s'avança sur le pont, montant vers l'hylien surpris.
