Attention voici un chapitre essentiel! Je me suis beaucoup amusée à l'écrire, surtout quand j'imaginais les têtes que vous feriez en le lisant! D'ailleurs j'ai hâte de les voir (vos visages surpris), alors je vous laisse lire...

Un long silence s'installa entre Thomas et Amélia. Ils étaient debout, plantés là, devant la maison des parents de Thomas, et ni l'un ni l'autre ne parlait. Cependant, contrairement à d'habitude, Amélia ne savait pas d'où venait ce malaise. Elle venait de rencontrer un homme, très « étrange », Augustus Duval, et alors qu'elle n'avait pas compris un seul mot de ce qu'il lui avait raconté, Thomas était apparu sur le seuil de la porte.

L'homme s'était présenté à lui et c'est à ce moment là, que son ami se figea. Il le fit tout de même entrer, puis dévisagea Amélia, paniqué. Celle-ci le questionna seulement sur l'homme, et à partir de cet instant, il cessa de bouger. Ils se regardèrent, droit dans les yeux, Amélia très étonnée devant le visage presque terrifié de son ami.

Environ deux minutes venaient de passer, dans ce silence qui paraissait absurde pour Amélia bien qu'elle n'osait pas prononcer un seul mot. Elle sentait la tension de Thomas, son mal être et bien qu'elle ne le comprenait pas vraiment, elle avait l'impression qu'elle ne devait pas parler, que ça risquerait de poser un plus grand problème.

- Personne…, murmura-t-il.

- Quoi ? demanda Amélia.

- C'est personne, juste un… heu… un ami de mon père ! Oui, c'est ça : un ami de mon père !

- Mais il a demandé Daniel !

- Oui, il est persuadé que mon père s'appelle Daniel.

- Il a sortit une feuille de papier, et il n'avait pas l'air de bien le connaître !

- Oui… C'est que… C'est qu'il a quelques problèmes de mémoires, alors il doit tout écrire…

- Des problèmes de mémoires ? Il n'en avait pas l'air quand il a dit qu'il était professeur de…, réfléchit-elle avant de se souvenir, …d'ossements magiques. Qu'est-ce que ça veut dire ?

- Je ne sais pas du tout ! Il est professeur, c'est vrai, mais les ossements magiques, alors là… si tu veux mon avis, il perd un peu la tête !

Amélia se laissa convaincre par cette explication, bien qu'elle se posait encore de nombreuses questions :

- Où est-ce qu'il enseigne ?

- Une école… Je ne sais plus où…

Thomas détourna les yeux, ce qui plongea Amélia dans un gros doute. Elle avait l'impression qu'il lui mentait, et c'est pour cela qu'il n'arrivait plus à la regarder. Mais pourquoi mentir ? Que cachait cet homme ? Y avait-il quelque chose de vrai dans ce qu'il avait raconté ? Elle voulait en savoir plus !

- A Fauxfeu ? questionna-t-elle soudain.

Thomas la dévisagea, effrayé, mais essayant de paraître indifférent. Cela ne servait à rien : Amélia voyait qu'il devait connaître ce nom, bien plus que ce qu'il voulait faire croire.

- Oui… Oui, c'est possible que ce soit ça… Comment tu le sais ?

- Il me l'a dit ! Avant que tu n'arrives, on a discuté… enfin, c'est surtout lui qui parlait…

- Ha ? demanda Thomas en faisant mine d'être étonné.

Mais Amélia sentait que cela ne le surprenait absolument pas. Au contraire, elle pouvait lire dans ses yeux que la perspective qu'ils aient discuté, lui faisait peur.

- Oui, il a dit que son travail ne lui plaisait pas beaucoup…

- Ça c'est vrai ! coupa Thomas, comme pour l'empêcher de parler.

Mais Amélia continua quand même :

- Mais qu'il fallait bien quelqu'un pour enseigner cette matière… Il est professeur de quoi ?

- Heu… Médicène, je crois…

Il la fixait, attendant sa réaction.

- Médecine ?

- Oui, de médecine ! C'est ce que j'ai dit !

- Ouais…

Amélia trouvait l'attitude de Thomas de plus en plus suspecte, sans parler du fait qu'il commençait à s'agiter nerveusement.

- Bon, on y va ? lança-t-il en lui rendant sa veste.

Il ne voulait pas s'attarder sur le sujet, préférant esquisser les questions. Elle enfila sa veste en approuvant la décision de rentrer : il commençait à faire froid. Cependant, elle n'avait pas dit son dernier mot. Ce professeur Duval l'intriguait énormément, et la nervosité de Thomas renforçait son envie d'en apprendre d'avantage. Au fond d'elle, elle savait que c'était important. Elle devait découvrir la vérité.

Il s'engagèrent donc sur le chemin sinueux, menant au restaurant. Au bout d'une minute de silence, Amélia ne put s'empêcher de reposer des questions :

- Comment il est venu ici ?

- Quoi ? demanda Thomas qui sortit de ses pensées.

- Le professeur Duval, comment il est venu ?

- Comme nous bien sur ! A pied.

- Je l'ai vu sortir d'un buisson.

- Tu as dû mal voir…

- Il a dit qu'il était venu en… en… en fait, j'ai pas compris le mot… mais il avait l'air sérieux !

- JE NE SAIS PAS ! s'impatienta Thomas. Je t'ai dit qu'il perdait la tête ! Il raconte n'importe quoi !

- ÇA NE SEMBLAIT PAS N'IMPORTE QUOI ! s'énerva également Amélia.

Thomas arrêta de marcher, se tournant vers son amie qui stoppa net. Il lui sourit en affirmant :

- D'accord, qu'est-ce qu'il t'a dit pour que tu crois que ce soit vrai ?

Amélia ne sut quoi répondre. Après tout, rien n'avait de sens, c'était son instinct qui la faisait douter. Comment lui expliquer cela ?

- Il a parlé de Daniel, se rappela-t-elle, qu'il était à Beauxbâtons, qu'il a eu son diplôme sans difficulté… et ça c'est vrai, je le sais !

- Oui, et alors ? C'est normal qu'il le sache ! Il est ami avec mon père depuis de nombreuses années !

Amélia réalisa soudain qu'il avait raison. Ce professeur connaissait la famille, et c'est normal qu'il avait pu donner tout ces détails. Pour le reste, il devait sûrement avoir une imagination débordante… Pourquoi vouloir chercher une explication à ce qui n'en a pas ?

- Oui, c'est vrai…

Elle se résout à cette idée, et ils continuèrent de marcher, plus détendus.

Pourtant, malgré les faits qui se présentaient à elles, quelque chose la laissait perplexe. Si le professeur Duval était un si vieil ami de Jean-Paul, pourquoi elle ne le connaissait pas ? Elle faisait pratiquement parti de la famille et même si sa présence ces derniers temps n'avait pas été régulière, cela ne l'empêchait pas de se tenir au courant de ce qui se passait dans leur vie. Alors, dans ce cas, pourquoi elle n'en avait jamais entendu parler ?

Il se cachait vraiment quelque chose la dessous. Restait à trouver quoi…

Elle n'exposa pas son idée à Thomas, persuadé que de toute façon, il trouverait encore une excuse. Elle continua donc de faire comme si tout allait bien, comme si cet homme ne la laissait plus perplexe.

Ils passèrent une soirée plutôt détendu, ainsi que la journée du lendemain où Amélia en profita pour faire quelque courses de dernières minutes. Deux heures avant le moment fatidique où elle devrait retourner chez les Granduc, elle s'enferma dans la salle de bain pour se préparer.

Une heure plus tard, elle en sortit sous les réclamations de Thomas qui voulait aussi s'habiller. Pour l'occasion, elle enfila une longue jupe bleue, légèrement transparente, ainsi qu'un haut de même couleur, avec un décolleté mettant en valeur ses formes, sans être vulgaire. Elle attacha ses longs cheveux bruns à l'aide d'une pince spéciale qui leur donnait un aspect assez classe. Pour accompagner le tout, elle mit ses bottes, ainsi qu'un doux parfum, odeur exotique.

En attendant que Thomas finisse de se préparer, elle s'installa devant la télévision. Il fut prêt au bout d'une demi heure, revêtant un costume, ce qu'il y a de plus traditionnel.

- Tu pourrais prendre sur toi ce soir ? demanda soudain Thomas quand ils remontèrent le chemin sinueux.

- Quoi ? s'étonna Amélia.

Elle savait bien de quoi il voulait parler, mais comme ils n'en avaient plus discuté depuis la veille, elle préféra faire l'innocente.

- Avec Daniel, s'il te provoque, prend sur toi !

- Je veux bien mais j'y peux rien, c'est plus fort que moi…

- Je sais, mais c'est Noël quand même ! Fais au moins ça pour mes parents.

- Je vais essayer…

Amélia promettait, mais elle était consciente que si Daniel lui faisait une remarque, elle ne pourrait pas se taire. Cependant, elle ferait tout son possible pour ne pas l'approcher. En restant éloigner, peut être qu'il oublierait sa présence.

Au moment où Thomas sonna, Amélia eut un haut le cœur, pensant à Daniel. Elle prit alors le bras de son ami, se sentant rassurer. Celui-ci lui sourit simplement.

La porte s'ouvrit, révélant Christine. Comme à son habitude, son allure était excentrique. Revêtu d'une robe rouge à paillettes dorées, elle avait dans les cheveux différentes pinces qu'Amélia confondu d'abord avec une araignée.

- JOYEUX NOEL ! s'écria-t-elle en prenant Thomas et Amélia dans ses bras.

- Joyeux Noël ! répondirent-ils en cœur.

- Entrez ! Entrez ! continua-t-elle en leur montrant l'intérieur de la maison. On vous attendait avec impatience !

Amélia lança un regard inquiet à Thomas, qui lui répondit des yeux que tout irait bien. Il entrèrent donc, se dirigeant dans le salon, suivit de près par Christine. Amélia eut l'impression d'un retour en arrière, un jour plus tôt, espérant que cette fois-ci, Daniel serait plus agréable.

Un grand soulagement l'envahit en entrant dans la pièce : Daniel n'était pas là. Jean-Paul se tenait dans le fauteuil, et comme à son habitude, il lança un simple « Bonsoir Amélia ». Une charmante surprise l'attendait près de lui. Audrey, la sœur de Thomas, se trouvait sur le canapé, aux cotés d'un jeune homme qu'Amélia reconnut comme étant Sébastien, son fiancé.

Elle lâcha immédiatement le bras de Thomas, un sourire sur les lèvres, se dirigeant vers Audrey.

- Salut ! lança Thomas à sa sœur, en lui faisant un signe de la main, avant de s'asseoir.

- Audrey !

Audrey se leva, rendit le signe à son frère, toute aussi heureuse, puis les deux femmes se serrèrent dans leur bras.

- Ça fait si longtemps ! commença Audrey.

- Oui, depuis… depuis l'enterrement…

Audrey remarqua immédiatement que ce sujet était loin d'être heureux pour Amélia, et elle changea immédiatement de conversation.

- Je te présente Sébastien Linvosges, mon fiancé, avoua-t-elle en montrant l'homme qui se leva pour la saluer.

- Bonsoir, dit-il en lui tendant sa main.

- Bonsoir ! Mais je peux bien faire la bise au futur mari d'Audrey !

Sébastien ne se fit pas prier, décontracté devant Amélia, ils se firent la bise.

- Alors tu vas te marier ? continua-t-elle après s'être assise à ses cotés.

- Oui, effectivement ! Je sais c'est étonnant !

- Etonnant ? Toi qui a toujours dit que la mariage n'était pas pour toi !

- Je sais, mais on change avec le temps…

Audrey fit un large sourire, révélant ainsi tout le bonheur qui emmenait d'elle. Apparemment, cette décision la comblait de joie et cela était communicatif. Amélia se sentit également sereine.

Elle lui posa de nombreuses questions, et une atmosphère de détente régna dans la maison. Tout le monde prit part à leur conversation, parlant de tout et de rien, riant aux commentaires de Thomas ou de Christine.

Mais soudain, une porte claqua, vraisemblablement celle de l'entrée. Tout le monde se tut, écoutant les bruits de pas qui se dirigeaient vers le salon. Daniel apparut.

- Daniel ! Arrête de claquer cette porte ! s'exclama Christine.

- Oui, ça va ! répondit-il, sans doute énervée par cette réflexion.

Il observa les personnes présentes dans la pièce, et comme un jour auparavant, s'arrêta sur Amélia. Le silence se fit, mais il fut bien vite rompit par Daniel qui lança :

- Tu restes manger ?

- Oui, répondit simplement Amélia, d'un air aussi calme et détaché que possible.

- Alors je m'en vais !

Il embrassa sa mère, saluât son père, et sortit de la pièce, sans que personne ne puisse réagir. Aucun d'eux ne se doutait qu'il partirait ainsi.

- Mais…, dit seulement Christine, surprise.

La porte d'entrée claqua, ce qui fit prendre conscience à tout le monde de la réaction de Daniel. Thomas eut alors le réflexe de se lever, et sortit de la pièce en criant :

- Je vais le chercher !

Amélia resta assise, regardant dans le vide. Audrey, pour détendre l'atmosphère qui devenait pesante, affirma :

- Mon frère ne t'aime toujours pas apparemment !

Ils rirent à cette remarque, et même Amélia sourit. Mais consciente que Christine était triste que son fils soit parti, et voyant dans les yeux de Jean-Paul toute la sagesse qui le caractérisait, elle décida d'aller discuter avec Daniel. Ils étaient adultes, après tout, ne pouvaient-ils pas pendant une soirée, surtout celle de Noël, faire une trêve ? Ça devait être possible !

Elle se leva donc, et annonça :

- Je reviens !

Sous les regards de tous, elle sortit de la pièce puis de la maison, enfilant son manteau, ne pensant qu'à rester calme face à ce que Daniel pourrait lui dire. A l'extérieur, elle ne vit personne, et se dit qu'ils devaient être plus loin sur le chemin. C'est là qu'elle entendit des voix.

Elle s'en approcha, puis aperçut Thomas et Daniel, au milieu du chemin, en train de se disputer. Au début, Amélia voulut les interrompre, mais en tendant l'oreille, elle remarqua que ce qu'ils disaient, était étonnant. Elle se faufila donc derrière un arbre avant qu'ils ne se rendent compte qu'elle se trouvait là.

- Tu n'as qu'à faire un effort ! s'exclama Thomas.

- Un effort ? Vous êtes tous en train de lui mentir et je dois faire pareil, c'est ça ?

- C'est Noël, tu pourrais pas faire une pose ?

- Et toi, tu en fais une ? Est-ce qu'un jour tu lui diras ?

Thomas réfléchit, puis il poursuivit, plus calmement :

- Je ne crois pas…

- Et bien moi je ne peux pas rester là, à lui mentir ! C'était déjà difficile quand on était enfant, mais là j'en peux plus ! Soit tu lui dis, soit je m'en vais !

- Je ne peux pas lui dire, tu le sais très bien ! Ce n'est qu'une moldue !

Daniel sembla outrer par ce que Thomas venait de dire. D'ailleurs, Amélia aussi : ce mot elle l'avait entendu tant de fois dans la bouche de Daniel, qu'elle le pressentait comme une insulte. En plus, Thomas avait toujours affirmé qu'il ne connaissait pas son sens : avait-il menti ?

- Quand je pense qu'elle croit que je la déteste ! Elle devrait t'entendre parler…

- Tu sais très bien ce que je veux dire, se défendit Thomas, elle ne doit rien savoir, on aurait des problèmes avec le ministère !

- Peut être, mais au moins ça t'éviterait de lui mentir ! Elle saurait la vérité, et je pourrais enfin la regarder en face !

Daniel apparut soudain vraiment honnête sous les yeux d'Amélia, bien qu'elle ne comprenait pas tout. Elle se rendait tout de même compte que ses soupçons étaient réels, Thomas lui mentait. Elle ne savait cependant pas encore à propos de quoi. Elle continua à écouter la conversation, toujours derrière son arbre.

- Si tu ne le fais pas pour moi, fais-le au moins pour maman ! Pour elle non plus c'est pas facile, tu sais à quel point elle aime Amélia…

- Je sais, mais je ne peux pas !

Thomas fixait Daniel avec grande intensité, puis, s'énervant, il lui lança :

- Tu crois qu'un jour tu te comporteras en adulte ? Tu as peut être deux ans de plus que moi, mais tu te comportes VRAIMENT comme un GAMIN !

- Si tu estimes que mentir à une fille depuis le début, c'est être adulte, alors je ne le serais jamais, c'est certain !

- JE NE PEUX PAS DIRE à Amélia qu'on est des sorciers, TU LE SAIS TRES BIEN ! s'écria Thomas. Alors maintenant, tu as le choix : tu viens avec moi en jouant le jeu ou tu t'en vas, mais ne compte plus sur moi pour t'aider la prochaine fois que tu auras des problèmes !

Daniel ne répondit rien, sûrement réfléchissant. Amélia en fit de même : des sorciers ? Qu'est-ce que ça voulait dire ? Etait-il sérieux ? En tout cas, il ne semblait pas en rire, au contraire. Est-ce que c'était possible ? C'était un sorcier ?

Elle ne put se cacher plus longtemps, voulant une explication, voulant la vérité.

- Des sorciers ? dit elle alors en se montrant.

Thomas et Daniel se retournèrent et la regardèrent. Sur le visage de Daniel se dessinait un sourire, signifiant sûrement qu'il était content de la voir. C'était bien la première fois qu'elle avait droit à ce genre de sentiment de la part de Daniel. Thomas quand à lui, avait le regard fermé et seul en sortait un malaise intense.

Elle venait bel et bien de découvrir quelque chose de considérable