Dans un même mouvement, tout le monde se leva, sauf Amélia, clouée au fond du canapé. Ils la fixèrent. Elle savait qu'elle devait se rendre au ministère de la magie, mais la peur la terrifiait plus que tout. En l'espace d'une heure, elle avait appris que la magie existait et que son meilleur ami était sorcier. Cela ne suffisait-il pas ? Non, en plus, elle devait discuter avec le Président de la magie, en personne.

Elle regarda alternativement ses chaussures et le sol, espérant qu'on l'oublierait peut être. Seulement, c'était impossible : elle ne pouvait disparaître. Thomas s'accroupit en face d'elle, lui relevant le menton. Elle put voir sur son visage, un magnifique sourire qui n'était pas pour lui déplaire.

- Tout va bien se passer. Il veut seulement discuter.

Il fit alors ce qu'il n'avait jamais osé faire depuis qu'ils se connaissaient : il lui déposa un doux baiser sur les lèvres. Elle ne s'attendait pas à cela, et même si elle éprouva une grande joie, son cœur battant la chamade, elle ne sut comment réagir. Thomas lui souriait toujours, comme si son geste était normal, tandis qu'on entendit Daniel murmurer :

- Ce n'est vraiment pas le moment…

Amélia tourna la tête vers lui, et sans l'avouer, elle pensait exactement la même chose que lui. D'accord, ce baiser la détendit face à l'éventualité de rencontrer le Président de la magie, mais la bouleversa quant à ses sentiments envers Thomas. Pour éviter d'en parler ou simplement d'y penser d'avantage, elle se leva, prête à suivre la famille Granduc.

Jean-Paul insista sur le fait qu'ils ne pouvaient pas tous les accompagner et Audrey, Sébastien et Christine décidèrent de rester à la maison. Christine ajouta même :

- On vous attend pour le dîner !

Cependant, Amélia eut un drôle de pressentiment, au point qu'elle pensa qu'elle ne reviendrait sûrement pas pour le dîner. Jean-Paul les emmena dans leur chambre, ce qu'Amélia ne comprit pas. Comment pourraient-ils s'y rendre de là ?

Jean-Paul alluma un feu dans l'antre de la cheminée rouge brique. Comme si c'est le moment ! pensa Amélia. Elle fut alors surprise de voir Daniel prendre un peu de la poudre étincelante que Jean-Paul venait de sortir de l'armoire, et de tendre à son fils. Il se posta devant le feu et annonça : « Ministère de la magie » en jetant la poudre dans le brasier. Il entra dans la cheminée, tandis qu'une lumière verte émeraude l'aveugla. En rouvrant les yeux, Amélia s'aperçut que Daniel avait disparu.

- Prends cela ! s'exclama Thomas en lui mettant un peu de poudre entre ses mains. C'est de la poudre de cheminette. Il te suffit de te mettre devant la cheminée.

Pendant qu'il parlait, il fit lui même le mouvement.

- Tu la lances dans le feu, et quand la lumière verte vient, tu avances dedans et dit : « Ministère de la magie ».

Tout comme son frère, il disparut derrière cette lumière. Elle restait seule avec Jean-Paul.

- A toi l'honneur…., dit-il en lui faisant signe d'avancer vers la cheminée.

Elle eut peur, mais comme elle n'avait pas réellement le choix, elle se positionna en face de l'antre.

- Articule bien, conseilla une dernière fois Jean-Paul.

Elle se sentit ridicule, comment pouvait-elle croire qu'on puisse se rendre quelque part avec seulement une cheminée et un peu de poudre ? Cependant, elle ne pouvait nier que Thomas et Daniel avaient disparu, alors peut être que ça marchait vraiment…

Elle prit son courage à deux mains pour prononcer se destination et jeter la poudre. Elle se précipita au centre de la cheminée. Toujours la même lumière verte émeraude, l'empêchant de garder les yeux ouverts, puis elle éprouva la sensation d'être dans un ouragan. Tourbillonnant dans tout les sens, elle n'avait plus un seul point de repère, et pria pour que cela s'arrête rapidement. Elle sentit les murs s'entrechoquer, la frappant de toute part. Elle protégea son visage avec ses mains, puis un instant plus tard, l'affreuse sensation stoppa net.