12. Bonjour
Il existait toutes formes de bonjour.
Des bonjours fatigués, des bonjours irrités, des bonjours dits sans réfléchir, par réflexe, par politesse, parce qu'il fallait le dire, parce que c'était une convention sociale, et que vous ne pouviez pas y échapper.
Il y avait les bonjours marmonnés du bout des lèvres le matin, alors que Jack se laissait tomber sur sa chaise, encore mal réveillé. Le bonjour amusé du Docteur lorsqu'il lui tendrait sa tasse de café, que son compagnon saisirait avec un regard reconnaissant.
Les bonjours murmurés avec malaise après une dispute (et il y en avait beaucoup), lorsqu'un d'eux finirait par briser la glace, fatigué de la tension insupportable (Rose en serait souvent à l'origine. La blonde refusait de tolérer ce genre d'attitude autour d'elle, surtout lorsqu'elle devait la subir, et Jack devait l'admettre, il ne savait pas comment lui et le Docteur survivraient parfois si elle n'était pas là pour jouer la médiatrice).
Les bonjours soufflés tristement, lorsque Jack se réveillerait encore à l'infirmerie, après qu'une autre aventure ait mal tourné. Ceux-là seraient souvent accompagnés d'une série de grognements mécontents et de commentaires acides alors que le Seigneur du temps lui indiquerait avec clarté ce qu'il pensait de sa « capacité surdimensionnée à se jeter dans des dangers absurdes et totalement évitables, si vous preniez le temps d'employer les deux cellules qui constituent votre stupide cerveau de singe ».
Et puis il y avait ce type de bonjour.
Ceux qu'ils se donneraient en se réveillant le matin, enveloppé dans les bras de l'autre, la tête de Jack posée sur le torse du Docteur.
Ces bonjours seraient doux, presque timides, soufflés du bout des lèvres alors que Jack déposerait un baiser sur la joue ou la bouche du Seigneur du temps. Ils seraient accompagnés de sourires, et de caresses, et peut-être, peut-être continueraient-ils à se dire bonjour d'une autre manière.
(souvent)
(évidemment)
Ces bonjours étaient plus rares, le Docteur ayant moins besoin de dormir que son compagnon. Ils n'en seraient que plus précieux, et Jack en chérissait chacun.
Dernièrement, cependant, il avait eu la chance de pouvoir les dire presque quotidiennement.
Le sourire du Docteur serait si éclatant, que le jeune humain en perdrait parfois ses mots.
Ce n'était pas grave. Il existait d'autres manières de se dire bonjour que de parler, et heureusement pour lui, Jack avait la chance de les connaitre par cœur.
