Amélia se pencha sur le corps sans vie de Thomas. Il avait été pendant de nombreuses années son meilleur ami, et la veille, lui avait avoué son amour. Maintenant, sans avoir put réagir, elle le vit mourir sous ses propres yeux. Les larmes coulaient abondamment, venant du plus profond de son être. Elle ne pouvait pas y croire, cela semblait si irréel, s'étant passé beaucoup trop vite. Cependant, elle avait beau le secouer, lui crier de se réveiller : il ne se levait pas. Dans un dernier geste de désespoir, elle tenta le bouche à bouche. La contact de ses lèvres n'avait rien de commun avec ce qu'elle ressentait en l'embrassant. Plus aucune chaleur, plus de frissons, seulement du froid et de l'immobilité. Son cœur se déchira en réalisant qu'elle ne pouvait plus rien faire.

C'était fini. Il était mort.

Elle releva la tête vers l'assassin de son petit ami. Son visage, parsemé de larmes, exprimait une telle tristesse qu'il est impossible de la décrire. Puis, elle se transforma progressivement en colère et en haine. Haine contre cet homme qu'elle ne connaissait pas, mais qui venait de changer son destin à tout jamais. Elle voulut le voir, lui enlever cette cagoule qui cachait son visage de tueur. C'est alors, obéissant uniquement à son instinct, qu'elle lui sauta au cou.

Surpris, il lâcha sa baguette, tandis qu'elle le frappait de toutes ses forces. Une seule chose lui venait à l'esprit : lui faire le plus de mal possible. Cognant, frappant, giflant, elle ne put dire combien de temps s'écoula, ni si elle recevait aussi des coups. Elle ne ressentait plus rien, juste l'envie de détruire, comme une furie. Le visage, le ventre, les jambes, rien ne l'arrêtait. L'homme criait, se débattait mais face à sa rage, il ne pouvait que subir.

Elle réussit à lui ôter sa cagoule et le regarda droit dans les yeux. Un petit nez, des yeux pétillants le mal et des cheveux gris cendres, jamais elle n'oublierait ce visage. Celui de l'assassin de Thomas.

L'homme prit peur en s'apercevant qu'à l'avenir elle pourrait le reconnaître. Ne réussissant pas à récupérer sa baguette qui se trouvait maintenant aux cotés de Thomas, l'homme se détacha d'Amélia, et sans qu'elle puisse le retenir, il disparut dans un « crac ».

- Noooooooonnnnnnnnnn ! hurla-t-elle à travers les escaliers.

Le cœur battant à lui rompre la poitrine, elle laissa échapper de très long et douloureux sanglots. Elle fixait toujours l'endroit d'où l'homme avait disparu. Elle n'avait pas pu le retenir. Il s'était enfui comme un lâche. D'ailleurs, c'était un lâche. Un lâche et un meurtrier.

En frôlant sa main droite sur son pantalon, elle ressentit une vive douleur. Comme si tout son corps s'était remis à vivre, et qu'il lui disait : « j'ai mal ! ». En effet, sur sa main se trouvait une plaie affreusement douloureuse, d'où sortait beaucoup de sang. Elle sentait sur ses jambes de nombreux hématomes et elles commençaient à trembler, voulant céder sous son poids. Tandis qu'elle toucha son visage avec son autre main intact, elle s'aperçut qu'il contenait de nombreuses blessures. L'homme avait réussi tout de même à l'atteindre, sans qu'elle ne s'en rende compte.

Elle se retourna alors, observant Thomas, toujours allongé sur le sol. Elle resta figée par la peur, ne sachant quoi faire. Puis elle regarda plus loin, et l'aperçut : la baguette de l'assassin. Elle s'approcha doucement, et sans toucher Thomas, la ramassa. Elle semblait ordinaire, bien qu'elle n'ait pas beaucoup d'expérience dans ce domaine. En la retournant, elle remarqua une inscription. Mais elle ne put comprendre sa signification, celle-ci écrite dans une autre langue...

Soudain, des étincelles en sortirent, de plus en plus grandes. Elle sentit passer en elle comme une énergie, tandis que les étincelles changeaient de couleurs.

Effrayée, Amélia la lâcha et dans un petit bruit, elle tomba sur le sol, au pied de Thomas. Elle ne savait quoi faire. C'est alors qu'elle pensa à Christine et Jean-Paul, eux ils sauraient comme réagir.

Elle descendit les escaliers, traversa le restaurant, ouvrit la porte d'entrée, le tout aussi vite que possible. Ses jambes, tremblantes mais encore capables de faire quelques mètres, l'emmenèrent ainsi jusqu'à la maison en bois des parents de Thomas. Sans réfléchir, elle frappa contre la porte, espérant que quelqu'un se trouvait là. Ce fut Daniel qui ouvrit, une tasse à la main. Amélia, qui n'en pouvait vraiment plus, se laissa totalement aller, tombant à la renverse. Daniel la rattrapa, surpris, et sa tasse lui échappa des mains, allant se fracasser sur le sol, libérant tout son contenu.

- Amélia ! s'écria-t-il.

Sans plus d'attente, il la porta dans ses bras et l'emmena à l'intérieur. Elle s'accrocha à lui avec les dernières forces qu'il lui restait. Il la déposa sur le canapé, où elle ne put s'empêcher de sangloter.

- Qu'est-ce qu'il se passe ? Où est Thomas ?

- Il…

Elle ne trouvait pas les mots pour lui annoncer. Comment lui dire que son frère venait de mourir, sous ses yeux ? Et qu'elle n'avait rien pu faire, rien tenter…

Finalement, elle avala le peu de salive qu'il lui restait, souffla un bout coup, et se lança aussi clairement qu'elle le pouvait encore :

- Un homme nous a attaqué… Il voulait me tuer… Mais… C'est ma faute…

- Attaquer ? Tuer ? Qu'est-ce que c'est que cette histoire ?

Daniel donnait l'impression de ne pas la croire, d'essayer de comprendre sans y arriver.

- Il l'a tué…

- Qui a tué qui ?

- L'homme, IL A TUE THOMAS ! s'écria Amélia pour soulager toute la peine enfui en elle.

- Calme-toi Amélia, tenta Daniel. Respire. Tout va bien, d'accord ?

Amélia ne pouvait se calmer, elle n'y arrivait pas, pour la simple et bonne raison que Thomas était mort et Daniel ne voulait pas l'écouter.

- Non, tu ne comprends pas ? C'est fini ! Il est mort ! Thomas est mort !

Elle se mit en boule, espérant que tout cela n'était qu'un cauchemar, mais c'était bien la réalité. Daniel avait toujours un air ahuri, ne croyant pas à ce qu'elle lui disait.

- Je ne sais pas à quoi tu joues, mais ce n'est vraiment pas drôle ! s'énerva-t-il.

- CE N'EST PAS UNE BLAGUE ! OUVRE TES YEUX ! REGARDE MOI ! Tu crois vraiment que je m'amuserais à ça ? Ce sont de vraies blessures !

Amélia vit alors le visage de Daniel changer d'expression. Il réalisait enfin. Elle ne mentait pas : Thomas était mort. C'est alors que Jean-Paul et Christine arrivèrent dans la pièce et encore insouciant, demandèrent :

- Qu'est-ce qu'il vous arrive ?