Un chapitre que j'adore, bien qu'il soit plutôt triste... A vous de juger!

- Amélia, c'est l'heure ! s'écria Audrey à travers la porte de la salle de bain.

- J'arrive…, répondit celle-ci d'une petite voix.

Elle se regarda une dernière fois dans le miroir. Elle revêtait une robe noir, longue et très sobre, ainsi qu'un gilet de même couleur, déposé légèrement sur ses épaules. Ses cheveux remontaient en chignon, la vieillissant de quelques années. Attaché à son cou, il était toujours là. Le collier qu'il lui avait offert. Elle le gardait contre son cœur, comme le plus précieux des trésors. Elle rajouta une touche de fond de teint sous ses yeux envahis de cernes. Mais malgré ses efforts, ce fut difficile de les cacher, des larmes s'ajoutant aux précédentes, sans arrêt.

Cela faisait maintenant une semaine qu'elle pleurait la mort de son meilleur ami. Rien n'arrivait à la calmer, et ses larmes ajoutées aux nuits blanches, avaient en une semaine, rendu ses yeux rouges et gonflés. Le décès de Thomas l'avait profondément affectée, d'autant plus que personne ne fut en mesure de dire qui était son assassin, et ce malgré la description, plus que précise, d'Amélia. Ils ne purent déchiffrer l'inscription sur la baguette retrouvée aux côtés du corps de Thomas, puisque la langue était inconnue. Cela augmenta d'autant plus la tension et la peine d'Amélia. Retrouveraient-ils un jour son meurtrier ?

Mais Amélia refusa d'y songer plus longtemps en cet instant. Otant ces idées de la tête, elle passa la porte de la salle de bain des Granduc, prête à rendre un dernier hommage à Thomas. Elle essuya ses larmes avec un mouchoir qu'elle prit au passage sur un meuble, puis s'avança vers le salon.

La famille de Thomas se trouvait là, l'attendant pour se rendre au cimetière. Selon les vœux du défunt, il serait enterré à la manière des moldus. C'est ce qu'il souhaitait, et c'est ce qu'il aurait.

Amélia regarda ceux qu'elle considérait comme sa seconde famille. Un sentiment de gène l'envahit. Après tout, elle ne faisait pas parti de cette famille, et tandis qu'elle pleurait son ami, eux pleuraient leur fils ou frère. Elle ressentait une telle douleur au fond de son cœur, un tel vide, qu'elle ne put imaginer ce qu'ils éprouvaient.

Christine, effondrée depuis qu'elle avait appris la nouvelle, eut beaucoup de mal à marcher. Elle, qui d'habitude débordait de joie de vivre, ne laissait transparaître que de la désolation. Jean-Paul la soutenait, et bien qu'il ne montrait pas ses sentiments, Amélia savait qu'il était blessé jusqu'au plus profond de son être. Leur dernier fils encore de ce monde, Daniel, se contenait pour paraître fort devant sa mère, mais on lisait dans ses yeux une peine immense. Audrey, quant à elle, ne se passait plus de ses mouchoirs, tant elle en avait besoin pour ses sanglots. Elle se blottissait contre son fiancé, Sébastien, qui prenait part au chagrin de cette famille dans laquelle il entrait.

Sans un mot, ils montèrent à bord d'une voiture moldue qu'ils avaient loués. Comme Thomas comptait parmi ses amis autant de sorciers que de moldus, il fut décidé de ne pas se faire remarquer. Pour cela, tout les sorciers devaient s'adapter aux pratiques moldus et la voiture en faisait parti.

C'est dans un silence absolu, seulement interrompu par les pleurs, qu'ils passèrent le reste du trajet. La voiture s'arrêta devant le cimetière, où une trentaine de personnes attendaient déjà. Ensemble, ils circulèrent sur un chemin caillouteux, entre les pierres tombales, et s'arrêtèrent devant un homme vêtu de noir, tenant dans ses mains un livre, prêt à commencer l'enterrement. A ses pieds, un cercueil noir, entouré de dorures, contenait le corps de Thomas.

Amélia ferma les yeux, s'empêchant de pleurer. L'enterrement débuta. Mais elle n'écouta pas vraiment les paroles qui furent prononcés. Dans sa tête, de nombreux souvenirs, passés en compagnie de son ami, lui revinrent.

Leurs bêtises de primaire, les confidences sur leurs premiers amours, les retrouvailles durant les vacances, ces longues attentes avant de le revoir, et puis ces derniers jours, riches en rebondissement. Ils s'étaient enfin avoués leurs sentiments, mais à peine en avait-elle profité, que Thomas lui fut arraché. En quelque sorte, elle revoyait le film de leurs moments à deux, ce qu'il avait bien voulu partagé avec elle. Elle se sentait fière d'avoir été son amie, heureuse des moments passés ensemble, mais bien triste de la façon dont cela s'était si brutalement terminé.

Aujourd'hui, un seul regret lui venait en mémoire : ne pas avoir eu le temps de lui dire au revoir.

C'est sur cette idée que l'enterrement s'acheva. Le cercueil fut mis en terre, et chaque convive déposa une fleur par dessus, avant de présenter leurs condoléances à la famille. Amélia resta en retrait, préférant s'isoler et les laisser entre eux. Elle s'adossa à un arbre, les observant.

Pour une raison inconnue, c'est à ce moment, en les voyant discuter, qu'elle réalisa qu'il était vraiment mort. Il ne reviendrait plus jamais… Elle ne lui parlerait plus… Elle n'entendrait plus son rire… Ils ne se créeront plus de souvenirs…

Un frisson la parcourut, et elle eut la sensation qu'à ce moment précis, il la regardait, peut être pour la toute dernière fois. N'hésitant plus, c'est dans un murmure qu'elle prononça :

- Au revoir.

Une larme coula sur sa joue. Mais celle-ci ne fut plus signe de chagrin, elle saluait simplement une dernière fois celui qui resterait à jamais son meilleur ami.

Maintenant, elle devait continuer à vivre, pour elle, mais aussi parce qu'en aucun cas, il n'aurait voulu qu'elle reste malheureuse. Quoi qu'il puisse arriver, elle conserverait pour l'éternité son souvenir et cela le garderait vivant auprès d'elle.