Je sais que les chapitres précédents étaient bien triste, et ce n'est pas près de s'arranger avec celui-là. Mais ne vous en faites pas, la joie et la bonne humeur reviendront vite...

En levant les yeux, Amélia vit Daniel s'approcher d'elle. Au loin, Christine et Jean-Paul discutaient avec des personnes qu'Amélia ne connaissait pas, alors qu'Audrey pleurait inlassablement dans les bras de Sébastien.

- Ça va aller ? demanda Daniel d'un air compatissant.

Il s'adossa également à l'arbre où elle se trouvait, étant très proche l'un de l'autre. Amélia le regarda, étonnée par la question.

- C'est plutôt à toi qu'on devrait demander cela !

- Je ne pense pas l'aimer plus que toi. C'était mon frère mais également ton meilleur ami. Et si rien ne peut remplacer un frère, il en va de même pour l'amitié que vous partagiez…

De sages paroles, pensa Amélia. Ce que Daniel ignorait, ainsi que tout le monde, c'est qu'avant de mourir, leur relation était devenue bien plus intime. Elle ne leur en avait pas parlé, trop attristée par sa mort, et surtout que cela n'appartenait qu'à eux deux. C'était un détail qu'elle ne partageait qu'avec lui, et par égoïsme, ne voulait pas que ça se sache.

- Je crois que j'y arriverais ! lança Amélia en voyant Christine essuyer ses larmes, tout en parlant avec son mari.

- A quoi ? questionna Daniel.

- A continuer de vivre sans lui. Je lui dois bien ça.

- Ouais… Tu as raison… On lui doit tous…

Il poussa un profond soupire, évacuant sa peine. A elle aussi, ça lui faisait du bien d'en parler. Et Daniel lui donnait l'impression de la comprendre mieux que quiconque, à part Thomas, évidemment.

Finalement, Christine et Jean-Paul les rejoignirent, et tous ensemble, dans le calme, devenu apaisant plus que gênant, ils rentrèrent chez les Granduc. Un buffet avait été monté, regroupant dans le salon, ami et famille, sorcier et moldu. Amélia prit place sur une des chaises posées sur le côté, regardant toutes ces personnes discuter entres elles. Sur les visages se lisait la tristesse, évidemment, mais également un certain soulagement, comme si l'enterrement leur avait permis de se libérer. Certains rires discret parvinrent même à ses oreilles. Sûrement l'évocation de moments drôles passés en sa compagnie.

Audrey s'assit aux cotés d'Amélia. Elle tenait dans ses mains un paquet, qu'elle lui tendit.

- Ce n'est sûrement pas le bon moment, mais on a retrouvé ça dans un coin. Je pense que c'est à toi.

Amélia le prit, regardant l'étiquette posé au sommet :

Pour mon meilleur ami

Elle le reconnut aussitôt : c'était son cadeau de Noël pour Thomas. Elle ne l'avait plus retrouvé après sa découverte de la magie et ne sachant pas où il se trouvait, avait abandonné. Il réapparaîtra déjà, pensait-elle. Effectivement, il refit surface. Comme pour lui lancer un message, ce fut ce jour-là, au moment de son enterrement. Drôle de coïncidence.

- Il t'aimait, tu sais ? lança Audrey.

Amélia la regarda, et pour la première fois depuis une semaine, un sourire envahit ses lèvres. Sans le savoir, Audrey venait de lui faire le plus beau des cadeaux.

- Je sais.

Elle se leva aussitôt, ayant un besoin irrémédiable d'isolement.

- Excuse-moi !

- Oui, je comprends.

Elle prit le paquet, prit son manteau parmi les autres dans la penderie, puis sortit dans le froid de ce mois de Janvier à peine commencé. A quelques mètres de la maison, elle trouva ce qui lui convenait : un tronc d'arbre couché sur le sol. En prenant soin de ne pas se salir, elle s'assit dessus, le paquet sur ses genoux.

Délicatement, elle retira l'emballage, qu'elle posa ensuite sur le sol légèrement humide. Une boite en carton s'en dégagea, et elle l'ouvrit, comme si ce cadeau était destiné à elle. Elle en sortit alors une veste en cuir. Sans hésiter, elle la déposa sur ses épaules. Des souvenirs lui revinrent en mémoire. En effet, ce blouson signifié bien plus qu'un simple vêtement.

Cela faisait à peu près un ans, que Thomas en souhaitait un, mais, n'ayant pas assez d'argent pour se le payer, il économisait pour se l'acheter. Seulement, au décès des parents d'Amélia, celle-ci avait un grand besoin d'argent, et Thomas lui donna toutes ses économies, sacrifiant son rêve. Amélia se jura ce jour-là, de lui rendre à tout prix. Deux semaines avant Noël, elle passa devant un magasin, et vit ce blouson, tant souhaité par son meilleur ami. Elle n'hésita pas un instant, et l'acheta grâce au peu d'argent de côté qu'elle possédait.

Jamais plus, elle ne pourrait lui donner, mais cela ne l'attrista pas. Bien au contraire : il était le symbole de la générosité dont il avait fait preuve, et de l'ami bienveillant qu'elle connaissait en lui. C'est pour toutes ces raisons qu'elle l'aimait et bien plus encore.

Daniel vint l'interrompre dans ses pensées :

- Ce n'est pas vraiment ton style.

Amélia lui sourit, tandis qu'il prit place à ses cotés.

- C'était pour Thomas… Pour Noël, précisa-t-elle.

- Il en avait de la chance de t'avoir !

- Non…

- Non ?

- C'est moi qui en avait de la chance.