Le lendemain de l'enterrement, le testament de Thomas fut ouvert, et à la surprise de tout le monde, il léguait ce qu'il possédait à Amélia. Elle héritait donc de son appartement ainsi que du restaurant, sans n'avoir rien demandé. Décidément, Thomas était vraiment généreux.

En entendant cela, elle fut gênée par rapport au reste de la famille, qui, ayant des liens de sang avec lui, méritait également d'obtenir ses affaires. Cependant, et contre toute attente, ils furent tous ravis pour elle, considérant qu'elle en avait plus besoin que quiconque. Sans hésiter, et pour se rapprocher de ceux qu'elle aimait, elle prit la décision d'emménager dans cette appartement. Quant au restaurant, ne sachant quoi en faire, elle suivit l'excellente idée d'Audrey, qui lui conseilla de le garder et d'employer quelqu'un pour s'en occuper. De cette manière, elle gardait intact tout le travail de Thomas, et ainsi une partie de son âme.

Mais avant de penser à engager quelqu'un, et même d'emménager dans l'appartement, il lui fallait régler tout les détails à Paris. En effet, elle devait démissionner de son travail, rompre son bail, et prévoir le déménagement. Bien que ce dernier point était le moins important puisque tout le confort se trouvait déjà chez Thomas, elle devait néanmoins s'en occuper. Elle pensa également à revendre certaines de ses affaires, vu que tout n'entrerait pas dans son nouvel appartement. Et puis, ça lui rapporterait un peu d'argent.

Amélia boucla son sac, fin prête à rentrer chez elle. Elle n'y allait que pour quelque jours, et espérait revenir le plus tôt possible auprès des Granduc. Daniel s'était proposé pour l'emmener jusqu'à la gare avec la voiture de Thomas. En effet, sa voiture, ce fut la seule chose que Thomas ne légua pas à Amélia, préférant la confier à Daniel, qui s'en occuperait bien mieux. Celui-ci en fut ravi.

- A bientôt ! lança-t-elle, avant de partir

- Reviens vite ! s'exclama Christine.

- Ne vous en faites pas, ce sera vite fait.

Du moins, c'est ce qu'elle espérait. Démissionner ne lui poserait pas de problème, par contre stopper son bail signifiait discuter longuement avec Pascal, le propriétaire, et cela ne serait pas très marrant.

Elle monta dans la voiture, où Daniel, déjà au volant, démarra. En moins de temps qu'il ne faut pour le dire, ils arrivèrent à la gare.

- Merci pour tout, dit-elle en lui prenant des mains son sac qu'il avait gentiment porté.

En regardant sa montre, elle vit que son train n'arrivait pas avant dix minutes, il lui restait donc encore un peu de temps pour parler avec Daniel.

- C'est moi qui devrait te remercier. Tu m'évites la corvée de nettoyage de la cheminée !

Amélia rit. Décidément, il ne laissait jamais tomber son humour.

- Je peux te demander quelque chose ? interrogea-t-elle, une idée derrière la tête.

- Je t'écoute…

- Tu pourrais essayer de te renseigner auprès du ministère pour savoir s'ils ont découvert quelque chose sur l'assassin de Thomas ?

Cette requête semblait étonner Daniel, qui, apparemment, s'attendait à autre chose. Sans lui répondre, il se dirigea vers l'accueil de la gare, et demanda :

- Excusez-moi mademoiselle, est-ce que vous auriez de quoi écrire ?

La jeune femme chercha sous son pupitre et trouva rapidement un papier et un stylo qu'elle lui tendit, le sourire aux lèvres. Il la remercia, puis se mit un peu à l'écart, écrivant quelque chose. Quand il eut finit, il rendit le stylo, et se rapprocha à nouveau d'Amélia, restée un peu plus loin, son sac dans les mains.

- Il y a quelque chose qu'on ne t'a pas dit sur le ministère…

- Quoi ? s'étonna Amélia qui ne comprenait pas où il voulait en venir.

- Il se trouve en plein centre de Paris.

- Vraiment ?

- Oui. Tu pensais qu'il était où ?

Amélia réfléchit, et pour être honnête, elle ne s'était jamais posée la question. A vrai dire, elle n'imaginait pas qu'il puisse se trouver quelque part où les moldus avaient accès. Cependant, en toute logique, il ne pouvait qu'être dans la capitale française. Après tout, c'était le ministère de la magie, lieu d'une grande importance.

- Tu peux y aller toute seule, je crois que ce sera mieux ! Ce n'est pas tellement loin de chez toi.

Il lui tendit le bout de papier sur lequel il venait d'écrire.

i 17, rue Jeanne d'Arc

62442 /i

- Va à cette adresse. C'est un immeuble. Entre dans l'ascenseur, et avec les touches pour les étages, compose ce numéro. Quelqu'un te répondra, dis ce que tu veux et tu te retrouveras dans le hall du ministère.

- D'accord, acquiesça simplement Amélia, imprimant les informations dans sa tête pour ne rien oublier.

- Il est constamment ouvert, donc vas-y quand tu veux. Et puis précise que tu es Amélia Walter, tout le monde te connaît maintenant alors ils s'occuperont de toi.

- Très bien. Encore merci ! répéta-t-elle en lui souriant.

Il ne répondit rien, et l'enlaça. Puis, elle embarqua dans son train qui venait tout juste d'arriver, et s'assit à l'une des places libres près de la fenêtre. Daniel, sur le quai, lui fit alors de grand gestes. Elle ouvrit la fenêtre, tandis qu'il se rapprocha le plus possible d'elle.

- Quand tu seras au ministère, profites-en pour demander si tu peux visiter notre monde, murmura-t-il à son oreille.

Elle acquiesça d'un signe de tête, et le remercia une dernière fois. Puis, le train commença à avancer et elle le vit disparaître de l'horizon. Une vieille dame vint au près d'elle, demandant :

- Excusez-moi, cette place est libre ?

Amélia se retourna vers elle, et, encore perdue dans ses pensées, lança un simple « oui ». La vieille dame, qui était accompagnée d'un chat brun, s'assit. Amélia regarda la paysage, les champs, les montagnes au loin, tout ce qui fait la beauté de l'Alsace. Bientôt, pensa-t-elle, elle serait de retour, et cette fois pour de bon. Elle avait hâte d'y être, bien qu'elle devrait se trouver un emploi, elle aurait au moins des amis au près d'elle.

Elle sentit alors la vieille dame remuer dans son fauteuil, comme si elle était mal installée, et Amélia la regarda, souriant. Son chat brun lui sauta alors sur les genoux, ce qui effraya quelque peu Amélia.

- Oh ! s'exclama la dame. Excusez mon chat, il adore se mettre sur les genoux de tout le monde.

- Ce n'est rien, avoua Amélia en le prenant et en lui rendant.

Le reste du trajet se passa ainsi. Le chat de la vieille dame lui sautant régulièrement sur les cuisses, et celle-ci s'excusant. Amélia fut soulagée lorsqu'elle aperçut au loin la gare où elle descendait.