Un chapitre de transition, mais avec un peu d'humour...

Le lundi matin, Amélia se rendit à son lieu de travail pour démissionner. Evidemment, son patron le prit très mal, ne voulant pas qu'elle s'en aille. Il invoqua de nombreux éléments pour l'empêcher de partir, affirmant qu'elle était une très bonne employée, mais sa décision était prise, et quoi qu'il puisse en dire, elle ne changerait pas d'avis. Il râla, évidemment, encore plus en sachant qu'il n'arriverait pas à la retenir, prétextant qu'elle n'avait pas le droit de faire cela.

Il vérifièrent dans son contrat, et comme elle s'en rappelait, une close prévoyait qu'elle pouvait s'en aller à condition d'un préavis d'une semaine. Et comme elle ne devait théoriquement reprendre le travail qu'une semaine plut tard, elle respecter parfaitement la close.

Elle prit donc ses affaires, vida son casier où se trouvait sa tenue de caissière, et partit sans plus d'au revoir. Elle n'aimait pas les gens avec qui elle travaillait et donc, préféra ne pas s'éterniser plus longtemps.

Soulagée d'un poids, elle rentra dans son appartement, enfin du moins, celui qui l'était encore pour quelques semaines. Déjà, elle avait emballé bon nombre d'objets pendant le week-end et s'apprêtait à rendre visite à Pascal pour lui annoncer son départ. Avant cela, elle déjeuna, préférant l'affronter le ventre plein.

Cela ne serait pas facile de lui annoncer qu'elle s'en allait. D'autant plus que Pascal était du genre collant. Il voudrait sûrement savoir tout les détails possibles et imaginables sur la cause de son départ. Sans parler du fait, qu'il utiliserait tout les moyens possibles pour la retenir, bien plus que son patron lui même. Mais déterminée comme elle l'était, rien ne la ferait changer d'avis, rien !

Elle prit son courage à deux mains et sortit de son appartement en le fermant derrière elle. Le couloir froid et humide ne lui donnait pas envie de sonner à la porte de Pascal, mais elle n'avait pas le choix. Elle s'aperçut en descendant les quelques marches qui menaient à l'appartement du propriétaire, qu'elle n'était jamais allée chez lui. A chaque fois, c'était lui qui venait réclamer quelque chose à sa porte, ou simplement, elle le croisait dans le couloir. Chose bien étrange, pensa-t-elle, puisqu'après tout, Pascal était le propriétaire, donc normalement, c'est elle qui devrait chercher à le voir pour un quelconque problème.

Elle arriva à sa porte, et appuya sur la sonnette. Pas un bruit ne parvenait à ses oreilles, et pendant un instant, elle crut qu'il n'était pas là. Mais bien vite, un remue ménage se fit entendre, puis des bruits de pas qui courent. Enfin, la porte s'entrouvrit, laissant apparaître la mine à moitié endormi de Pascal. Amélia lança un simple sourire, essayant de paraître décontracté.

Pascal ouvrit alors complément la porte, et elle s'aperçut qu'il se trouvait en caleçon, sur lequel on voyait des canards jaune barboter dans une mare. Un sourire orna ses lèvres, et elle eut l'envie irrésistible d'éclater de rire. Mais elle devait rester neutre.

- Il faut que je te parle ! lança-t-elle aussi sérieusement que possible.

- Tu as changé d'avis ? demanda-t-il.

- Heu… A propos de quoi ?

- Tu as laissé tomber ton mec et tu veux entrer chez moi.

Amélia eut un recule : il prenait vraiment ses rêves pour des réalités. Il pensait vraiment être si irrésistible ? Même avec ce caleçon ridicule ? Elle ne répondit rien, essayant de garder son sérieux, puis commença ses explications.

- Non, pas du tout ! Je vais déménager.

- Quoi ? lança-t-il en sortant sur le palier pour se rapprocher d'elle.

- Oui, je déménage demain ! Je sais que le bail prévoit un préavis d'un mois, donc ne t'en fais pas, je te donnerais le loyer de ce mois, comme d'habitude.

- Tu ne peux pas t'en aller !

- Bien sûr que si, répondit-elle en laissant transparaître quelques rires..

Elle voulait rester calme le plus longtemps possible, mais le voir ainsi, dans cette tenue, ne lui donnait qu'une seule envie : s'enfuir encore plus ! Il croyait vraiment pouvoir la retenir alors qu'il portait une telle horreur ? Elle baissa la tête pour s'empêcher de rire, respira un bon coup et débita :

- Les déménageurs passeront demain matin, avant que je parte, pour tout emmener. Je t'enverrais le loyer à la fin du mois. Ce serait bien de signer les papier aujourd'hui. Merci !

Elle se retourna, prête à partir, n'ayant plus rien d'autre à lui dire mais Pascal l'interpella :

- Attends ! C'est quoi cette histoire ?

- Je m'en vais, c'est tout ce que tu as à savoir.

- Tu vas vivre avec ton mec, c'est ça ?

Amélia le fixa, et pour lui clouer la bouche une bonne fois, affirma :

- Non, il est mort !

Evidemment, Pascal fut étonné par cette remarque. Pendant qu'il méditait là dessus, Amélia en profita et remonta dans son appartement. Là, elle éclata de rire, laissant déborder son amusement. Non seulement, elle était contente d'avoir pu se débarrasser de lui sans trop d'explications, mais en plus, elle se souviendrait à jamais de ses sous-vêtements. Ils resteraient graver dans sa mémoire comme la chose la plus ridicule qu'elle ait jamais vu.

Vers dix-sept heure, quelqu'un toqua à sa porte. Elle sursauta, comme à chaque fois depuis une semaine, qu'elle entendait ce genre de bruit. Le souvenir de la mort de Thomas lui revenant toujours en mémoire. Son cœur battait rapidement, sa respiration s'écalerait jusqu'à ce qu'elle ouvre la porte et qu'elle s'aperçoive que la personne derrière n'était pas un homme cagoulé qui souhaitait la tuer.

Cette fois-ci se fut Pascal qui se tenait debout devant elle, sans caleçon aux canards, le visage neutre.

- Voilà ! dit-il en lui tenant un bout de papier.

Amélia le lut. Il s'agissait du contrat de cessation de bail et tandis qu'elle chercha un stylo pour le signer, Pascal entra dans l'appartement.

- Alors, où tu vas ?

Elle signa aussi vite que possible, et lui rendit le papier qu'elle survola à peine.

- En Alsace.

- C'est vraiment dommage que tu t'en ailles, avoua-t-il.

Son ton semblait si sérieux qu'Amélia eut des doutes sur sa sincérité. Mais ses doutes s'en allèrent aussitôt, lorsqu'il ajouta :

- On n'a pas eu l'occasion de coucher ensemble.

Décidément, il ne changeait pas ! Seuls les parties de jambes en l'air l'intéressaient.

- Ouais, c'est ça, au revoir, lança-t-elle en lui montrant la porte de sortie.

Cependant, il n'avait pas l'air de vouloir s'en aller, prenant la direction de la chambre d'Amélia. Elle, qui pensait s'en être débarrassé, il fallait encore qu'il la colle.

- On peux se rattraper maintenant si tu veux, dit-il en s'assaillant sur le lit et en lui faisant signe de se mettre à côté de lui.

- Heu… C'est gentil mais je n'ai pas le temps !

- Tu ne pars que demain, et il me suffit de dix minutes…

Il lui prit la main, qu'elle enleva immédiatement. Pour qui se prenait-il ? Il pensait vraiment qu'elle ferait cela avec lui ? Il pouvait toujours rêver !

- Ecoute, je n'en ai absolument pas envie !

- Très bien, comme tu veux. Alors Thomas est mort ?

Apparemment, il ne la lâcherait pas de sitôt. Il lui fallait trouver un moyen de le mettre dehors, mais lequel ?

- Non, c'est n'importe quoi. Il est vivant, on va se marier et je vais vivre avec lui. Voilà, tu sais tout, tu peux t'en aller maintenant !

- Tu vas l'épouser ?

Elle lui tendit sa main, qu'il prit immédiatement, s'imaginant peut être qu'elle changeait d'avis, mais au contraire, elle le leva du lit, et le tira vers la porte d'entrée.

- Oui ! Et puis ça ne te regarde pas, au revoir, répéta-t-elle.

Il resta sur le paillasson, un pied empêchant à Amélia de fermer la porte.

- Pourquoi tu veux faire ça ? Pense à tout les hommes avec qui tu ne pourras plus coucher.

- Comme toi par exemple ?

- Oui, par exemple…

Amélia lui sourit, se rapprocha de lui, comme si elle voulait l'embrasser, et tandis qu'elle posa une de ses mains sur son torse, elle murmura :

- Je déteste les canards !

Puis elle le poussa, et claqua la porte derrière lui. Comme à son habitude, il ne put s'empêcher de rajouter quelque chose :

- Un jour tu le regretteras !

Mais elle n'y prêta pas attention, trop occupée à rire, le revoyant affublé de son caleçon à canards jaunes.