Fin de l'entretien avec Rabier, et réponse à la question que vous attendez tous: est-ce qu'Amélia visitera Beauxbâtons?
Alors qu'ils dînèrent dans cette pièce toute blanche, Amélia expliqua au Président de la magie la raison de sa venue.
- Je voulais savoir si vous aviez découvert quelque chose à propos de l'assassin de Thomas.
Le Président resta un instant à la contempler, sans bouger. Amélia se sentit mal à l'aise face à ce regard plus qu'insistant, et regretta de lui avoir posé cette question. Elle enfourna une nouvelle bouchée de lasagne pour paraître décontracté, reportant son attention sur son assiette.
- Je m'attendais à ce que tu me demandes cela un jour, répondit après un long moment Rabier.
- Alors ? pressa Amélia avec insistance.
- Malheureusement, je n'ai pas de bonnes nouvelles. La baguette a été remise à nos meilleurs aurors, mais aucun n'a pu déchiffrer l'inscription. Nous savons seulement qu'il s'agit de caractères cyrilliques, autrement dit, un langue russe, mais la phrase, si c'est bien une phrase, ne veut rien dire, la traduction est impossible. On lui a fait subir de nombreux test, mais rien de ce qui a été découvert nous renseigne sur son porteur, ou quoi que ce soit qui nous donne des indices.
- En résumé, vous ne savez absolument rien sur le tueur ?
- Non, effectivement, et j'en suis désolé. Nos aurors pensent quand même qu'il doit s'agir de quelqu'un qui déteste les moldus, puisqu'il s'en ait pris surtout à toi, comme tu nous l'as dit. Tu dois savoir, que dans notre monde, beaucoup de sorciers croient que les moldus ne méritent même pas de vivre, mais comme le ministère les en empêche, ils ne les touchent pas. Cependant, je pense que cet homme a lu dans le journal, comme toute la communauté magique, que tu savais tout.
- Et il ne l'a pas accepté. Il est venu chez moi dans le but de me tuer, et malheureusement, Thomas s'est mis en travers de son chemin…
- C'est ce qu'on en a conclu…
Amélia resta dubitative. Ils n'avaient pas pu déduire quoi que ce soit de la baguette, et l'assassin courait toujours. L'arrêteraient-ils un jour ?
- En ce moment même, ajouta le Président, sortant Amélia de ses pensées, plusieurs aurors sont en mission, chargés de surveiller d'éventuels coupables.
Amélia le dévisagea : ils avaient des suspects ? Pourtant il venait de dire qu'il ne savait rien…
- Oui, on soupçonne quelques individus, répondit-il comme s'il avait lu dans ses pensées. Certains sorciers influant revendiquent leur haine envers les moldus chaque jour qui passe. Il est possible que l'un d'eux ait un rapport avec ce qui est arrivé, et c'est pour cela qu'on les surveille.
- Alors il y a encore de l'espoir ?
- Il y en a toujours, mais très infime. Je ne pense pas que le responsable se montrera de si tôt, ni que l'un des suspects fera une faute qui puisse lui nuire…. Mais on ne sait jamais…
Les quelques espoirs qui venaient de resurgir au fond d'elle même s'envolèrent. Ils ne le retrouveraient sûrement jamais… Cette idée l'enrageait au plus au point. Celui qui avait tué son meilleur ami ne serait peut être jamais puni pour son acte, il s'en sortait comme si rien ne s'était jamais passé. Et pourtant, elle avait bel et bien perdu à jamais son meilleur ami, son petit copain, l'homme le plus important de sa vie.
Une idée passa alors en elle : et si l'assassin revenait pour la tuer ? Pour accomplir ce qu'il voulait depuis le début ? Mais cette perspective ne lui fit pas peur, au contraire. Qu'il revienne, qu'il essaye, pensa-t-elle, et cette fois, je ne le laisserai pas s'échapper. Peu importe qu'il fasse de la magie, elle se battrait jusqu'à la mort, pour faire honneur à Thomas.
Un des elfes apporta le dessert, et elle sortit de sa tête cette idée de vengeance face au gâteau au chocolat posé devant elle, et qui semblait plus que délicieux. Le Président le mangea, et Amélia ne se priva pas pour en faire de même. C'est alors que pour une raison inconnue, elle pensa à Daniel. Mais surtout à ce qu'il lui avait répondu quand elle avait émis le souhait de visiter le monde de la magie : « Il suffit de lui demander ! ».
- Je me demandais quelque chose…, tenta-t-elle.
Rabier la regarda en souriant, l'écoutant attentivement. Se sentant en confiance, elle poursuivit :
- Est-ce que ce serait possible que je visite votre monde ?
- Que veux-tu dire par « notre monde » ?
- Et bien tout les lieux où je n'ai normalement pas accès en tant que moldu. Les villages, les écoles…
Le Président sembla à nouveau réfléchir, levant les yeux vers le plafond.
- Je comprends ce que tu veux, affirma-t-il enfin, mais vois-tu, ça risque d'être difficile. D'abord parce que tu es une moldue, ce qui, même si je crois en ta sincérité, poserait un problème si tu venais à tout raconter aux autres moldus. Ensuite, tout les lieux sont protégés par de nombreux sortilèges empêchant les moldus de les voir, et il faudrait les désactivés pour que tu puisses t'y rendre, ce qui est très dangereux pour notre communauté. Enfin, je pense aussi à ta sécurité, et si l'homme qui t'a agressée apprenait que tu te balades dans nos « murs », il tenterait sûrement une nouvelle fois de te tuer.
Sous le poids de ces arguments, Amélia ne sut que répondre. Il était clair que Rabier ne voudrait jamais qu'elle visite leur monde, c'était perdu d'avance. Et puis il avait raison, tout cela mettrai aussi bien elle que leur monde en danger et cela juste pour sa curiosité, ce n'était pas envisageable. Elle ne le souhaitait pas.
- Cependant, ajouta Rabier après une minute de silence, je te l'autorise.
- Pardon ? s'étonna Amélia qui crut avoir mal entendu.
- Oui, il suffit de te faire signer un contrat magique t'empêchant de révéler quoi que ce soit aux autres moldus. Pour ta sécurité, nous ne dirons rien à personne, et donc tu passeras pour n'importe quelle sorcière. Le seul problème, ce sont les protections magiques… Je ne peux pas les désactiver, ce n'est pas possible, je ne peux pas risquer que le monde nous découvre juste pour que tu puisses te balader…
- Mais…
Un idée venait de surgir dans son esprit : si le sortilège d'Amnésie, ainsi que de Désillusion n'avaient pas d'effet sur elle, peut être était-ce la même chose avec ceux qui empêchaient de trouver les lieux magiques. Elle exposa cette idée au Président qui, visiblement, n'y avait pas songer un instant.
- C'est possible… Je crois même que c'est très probable… J'accepte donc, si tu arrives à voir les lieux, que tu y ailles.
Amélia exprima sa joie en un grand sourire. Elle pourrait enfin découvrir les lieux où Thomas avait passé un partie de sa vie, ainsi que rencontrer d'autres sorciers, même si elle devrait rester dans l'anonymat.
- En tant que Président de la magie, je dois quand même t'imposer trois conditions.
- Je vous écoute.
Peu importe les conditions, elle accepterai !
- Tu dois accepter de signer un contrat magique, et de le respecter, bien évidemment.
- Aucun problème !
- Tu devras être accompagné de quelqu'un, un sorcier, comme cela je serais certain que tu ne fasses rien d'interdit et que tu te mêles facilement aux autres.
- Oui, je trouverai quelqu'un !
Elle pensait déjà à Daniel, qui se ferait sûrement une joie de pouvoir l'accompagner. Après tout, c'est grâce à son conseil qu'elle avait osé demander au Président, et elle le remercierait ainsi.
- Enfin, pour des raisons de sécurité, je peux seulement t'autoriser à visiter un seul lieu.
- Un seul ?
- Oui, il ne vaut mieux pas attirer l'attention et je pense qu'un lieu te prendra déjà pas mal de temps !
Il rit, mais Amélia resta pensive. Visiter un seul lieu était peu, mais en même temps, c'était mieux que rien.
- Très bien, je n'irai qu'à un seul endroit !
- Et puis-je savoir où ?
Lequel voulait-elle avant tout visiter ? La réponse lui parut si évidante qu'elle n'eut même pas besoin d'y réfléchir longtemps.
- Beauxbâtons ! Je veux aller à Beauxbâtons ! s'exclama-t-elle, enthousiaste.
- Le collège de sorcellerie ? Oui, c'est par là que passe tout les sorciers, alors c'est normal… Très bon choix… Sais-tu quand tu veux y aller ?
- Aussi tôt que possible !
Le Président réfléchit à nouveau, puis il murmura et finalement proposa :
- Nous sommes lundi… donc jeudi serait l'idéal ! Ça te va ?
- Très bien !
Amélia était tellement ravie, que peu lui importait le jour. Elle n'avait pas de travail, donc pas de préoccupations de ce point de vu là, quant à Daniel, elle savait qu'il ne retournait à Fauxfeu, son école de médicomagie, que la semaine suivante. Il pourrait ainsi l'accompagner.
- C'est conclu : jeudi, tu visites Beauxbâtons !
