A la fin de ce chapitre vous aller me detester, mais c'est pas grave, je prends le risque...

Durant la journée qui suivit son entretien avec le Président de la magie, Amélia ne pensait plus qu'à une seule chose : aller à Beauxbâtons. Elle avait définitivement quitté son ancienne vie, ainsi que Paris, et venait à peine de déposer sa valise dans son nouvel appartement.

Daniel était venu la chercher à la gare quelques heures auparavant, et elle lui apprit immédiatement la bonne nouvelle. Comme elle s'y attendait, il se proposa pour être son guide à travers ce qui fut son école. Ses cours à Fauxfeu ne reprenaient que le lundi d'après, il avait donc tout son temps. En plus, il semblait vraiment ravi de pouvoir revoir ses anciens professeur, et les lieux où il avait passé sa jeunesse.

Il fut si enthousiaste, qu'il raconta, dans la voiture, quelques anecdotes des bêtises qu'il avait pu faire. Une fois dans le nouvel appartement, il s'installa sur le canapé, tandis qu'Amélia déballa certaines de ses affaires.

Il évoqua alors des souvenirs en commun avec Thomas. Il lui avoua par exemple qu'à l'époque de ses 17 ans, il tomba amoureux de la même fille que son frère, et pendant plusieurs semaines ils se livrèrent une vraie bataille pour attirer l'attention de la demoiselle. Chacun mit en application toutes les techniques de drague possible et imaginable lues dans les magazines moldus qui ne parlaient que de cela. Finalement, elle succomba au charme de Thomas, au grand désespoir de Daniel. Mais il se rendit vite compte qu'entre les deux, il était le plus chanceux, puisque cette fille s'avéra être une vraie peste au bout d'un certain temps et il fut bien content pour la première fois de sa vie, de ne pas avoir gagner.

- D'ailleurs elle n'a pas changé, c'est toujours une peste ! C'est incroyable ce qu'on peut être bête quand on est jeune ! conclue finalement Daniel.

- Gabrielle ? interrogea soudainement Amélia en se retournant vers Daniel, un vase bleu entre les mains.

- Non, moi c'est Daniel ! rectifia ce dernier.

- Oui, je sais, mais la fille c'est Gabrielle Delacour ?

Daniel fixa un instant Amélia comme si c'était la première fois qu'il la regardait. Elle posa alors son vase sur le meuble du salon, de peur de le faire tomber, et attendit, les mains sur les hanches la réponse de Daniel.

- En effet, c'est elle… Mais comment tu le sais ?

- Thomas m'en a parlé. C'est elle qui a écrit l'article sur moi dans votre journal.

Daniel acquiesça simplement, et Amélia demanda alors avec un sourire en coin :

- Alors toi aussi tu l'aimais cette fille ?

- Malheureusement…

- J'aimerais la rencontrer, parce qu'elle doit vraiment être belle pour que vous vous intéressiez tout les deux à elle.

- On était surtout idiot !

Daniel se mit à rire, et Amélia en fit de même. L'atmosphère était vraiment décontractée, Amélia se sentant vraiment bien en compagnie de Daniel. Elle n'avait pas passé beaucoup de temps avec lui mais elle savait qu'elle pouvait avoir confiance en lui, peut être parce qu'il était le seul à avoir toujours voulu qu'elle connaisse leur vraie nature. Quoi qu'il en soit, cela lui faisait du bien de continuer à rire malgré le décès encore récent de celui qui resterait à jamais son meilleur ami.

La journée se solda par un dîner chez les Granduc, avec une certaine joie dans les esprits mais encore beaucoup de peine dans le cœur, en particulier pour Christine et Jean-Paul.

Amélia passa son mercredi tranquillement chez elle. Elle avait besoin de se reposer, et elle traîna toute la journée, sans faire d'effort, juste devant le poste de télévision ou confortablement assise, un livre à la main.

Le lendemain, comme l'avait promis Daniel, il vint la chercher chez elle à sept heure du matin. Elle voulut emmener avec elle tout un nécessaire pour garder cette journée dans sa mémoire (appareil photo, bloc note, carte géographique…), mais Daniel lui apprit que c'était interdit, et qu'il valait mieux ne pas passer pour des touristes. Après la déception, Amélia se résolut à tout laisser chez elle, comprenant tout à fait ce que voulait dire Daniel.

Elle ne savait pas du tout comment on se rendait à Beauxbâtons, et quand Daniel lui dit qu'ils prendraient un train à la gare, elle fut surprise. Pas parce que c'était un moyen de locomotion étrange pour les sorciers, mais plutôt parce qu'elle s'attendait à quelque chose de plus « magique ». Quand elle en fit part à Daniel, celui-ci lui répondit simplement qu'il n'existait pas de transport plus magique que le « TPM ».

- Le TPM ? questionna Amélia déjà prête à poser toutes les questions sur le monde des sorciers.

- Oui, le Train à Poussée Magique, c'est comme ça qu'on l'appelle.

Amélia acquiesça et regretta de ne pas avoir emporté son bloc note pour pouvoir l'écrire. Elle espérait qu'il n'y ait pas trop de mots à retenir, sinon elle ne s'en sortirait pas sans calepin.

Une fois à la gare, ils se dirigèrent vers les quais, tandis que Daniel lui confia :

- Je ne te l'ai pas encore dit, mais si on peut y aller en TPM, c'est parce que c'est la rentrée aujourd'hui pour les élèves qui ont passés les fêtes chez eux. On va le prendre avec eux, donc ne leur parle pas, sinon ils verront tout de suite que tu es une moldue…

- Tout de suite ? coupa Amélia qui ne voyait vraiment pas la différence entre eux deux.

- Oui, ils le verront, ajouta-t-il sans plus d'explication. Au fait, Rabier a désactivé les protections magiques ?

Il s'arrêta et regarda l'air étonné qui se dessinait sur le visage de son amie. En effet, elle ne comprenait pas un mot de ce qu'il venait de dire.

- Il a dû t'en parler pourtant… Les bâtiments magiques sont protégés par des sorts pour empêcher les moldus de les voir…

- Ha oui ! s'exclama alors Amélia, tandis que Daniel recommença à marcher.

- Donc il les a désactivés. C'est étonnant, je ne pensais pas qu'il…

- Non pas du tout !

Daniel eut comme un choc en entendant cela. Il s'arrêta net, ce qui le fit entrer en collision avec l'homme qui marchait juste derrière lui. Il s'excusa de cet arrêt brutal, alors que l'homme ramassa ses affaires tombées sur le sol et continua sa route sans un regard vers lui.

Daniel emmena Amélia un peu en retrait par rapport au passage des gens, et lui demanda :

- Qu'est-ce que ça veut dire « pas du tout » ?

- Il m'a dit qu'il ne pouvait pas le faire, mais puisque j'ai résisté à plusieurs sorts, peut être que les protections n'ont pas d'effet sur moi…

- Tu es en train de me dire que peut être tu ne peux pas y aller ?

Il haussa le ton, comme si elle venait de dire quelque chose de grave. Pourtant, il n'y avait pas de quoi s'en faire, il était plus que probable que ce ne soit pas un problème. Et puis pourquoi se fâcher ainsi ? D'accord, elle ne lui avait pas dit, mais c'est simplement qu'elle n'en voyait pas l'utilité.

- Je suis désolé, je ne pensais pas que ça te poserait un problème.

- BIEN SUR QUE SI ! hurla-t-il, ce qui fit converger tout les regards vers eux. J'avais d'autres choses à faire, ajouta-t-il plus doucement, mais j'ai annulé pour pouvoir t'accompagner, et maintenant j'apprends que peut être c'est pour rien !

Amélia ne s'attendait absolument pas à cela. Elle en fut bouleversée. Il paraissait vraiment sincère lorsqu'il avait proposé de lui servir de guide, mais apparemment, cela l'ennuyait beaucoup. Elle aurait aimé lui dire ce qu'elle pensait de son comportement, et que s'il ne souhaitait pas venir, personne ne l'obligeait ! Mais elle préféra se reculer un peu, prendre de la distance, et lança :

- Faut que j'aille aux toilettes, je reviens !

Sans un mot de plus, elle s'en alla, et ne prit même pas la peine de regarder en arrière pour voir ce qu'en pensait Daniel. Elle ne voulait qu'une seule chose : respirer cinq minutes pour digérer ce qu'il venait de lui dire.

Elle arriva rapidement aux toilettes, et y pénétra, les idées confuses. Personne d'autre ne s'y trouvait, ce qui l'arrangea. Elle se regarda dans le miroir, ne comprenant vraiment plus rien à la réaction de Daniel. Celle-ci lui semblait si excessive, si loin du personnage qu'elle avait côtoyé depuis la mort de Thomas. S'était-elle trompé sur lui ? Ne jouait-il qu'un jeu face à elle, et en fait, il ne l'appréciait pas réellement ?

Thomas lui manquait tellement… Avait-elle tellement voulu trouver quelqu'un pour confier sa peine qu'elle avait prit le premier venu ? Et c'est sur Daniel que s'était tombé ?

Mais elle ne poursuivit pas ses interrogations puisqu'elle entendit la porte s'ouvrir derrière elle. Elle sécha la larme qui coulait le long de sa joue, et se ressaisit. Se regardant dans le miroir, Amélia vit alors derrière elle une ombre noire. D'un geste brusque, elle se retourna, et son cœur se mit à battre à cent à l'heure. L'homme qui l'avait attaqué chez elle, l'assassin de Thomas, se trouvait là, devant elle, dans les toilettes de cette gare. Il ne portait plus de cagoule, et avait une nouvelle baguette en main, qu'il pointait vers elle.

- Alors on se fait belle ? s'exclama-t-il en ricanant.

Prise au dépourvu, elle n'eut comme seul recours que de hurler à l'aide, en espérant qu'une dizaine de personnes débarqueraient. L'homme lui sauta alors dessus, et l'empêcha de parler. Elle se débattit autant que possible, mais rien à faire, elle n'arrivait plus à crier assez fort pour qu'on l'entende. Soudain, quelqu'un frappa l'homme par derrière, ce qui dégagea Amélia. Son agresseur tomba sur le sol, mais il ne s'évanouit pas pour autant.

Amélia vit alors que Daniel venait de lui porter secours. Elle ne réfléchit pas plus longtemps, et voulut le rejoindre. Mais l'homme au sol, la retint par le pied en hurlant que cette fois, elle ne s'échapperait pas. Dans un geste d'une rapidité étonnante, il prit sa baguette, et la pointa vers Daniel qui tirait Amélia vers lui. Et dans un cri, il prononça :

- Avada Kedavra !

Un éclair vert jaillit de sa baguette, au moment même où Amélia se mit entre les deux hommes. Le rayon la frappa de plein fouet, et elle s'écroula sur le sol.