La question que vous vous posez tous est évidemment : est-ce qu'Amélia est en vie ? A-t-elle résisté à l'Avada Kedavra ? Je ne vous fait pas attendre plus longtemps et je vous laisse découvrir la réponse…
Lorsqu'elle ouvrit les yeux, Amélia sentit d'abord une chaleur envahir son corps, puis des ombres se profilèrent à sa vue. Elle ne put dire si elle était allongée ou debout, dans le noir ou la lumière, tout ce qu'elle savait c'était que tout son corps était engourdi, de telle sorte qu'elle n'arrivait plus à remuer ses membres. La seule chose qu'elle pouvait encore bouger, c'était ses paupières, et encore, avec grande difficulté.
Etait-ce cela la mort ? Pourtant elle sentit clairement que son cœur battait, même si c'était au ralenti, et que de l'air s'expulsait de ses poumons. Elle referma les yeux, trop dure à laisser ouvert, et ne put que réfléchir à ce qu'il venait de se passer. L'assassin de Thomas lui avait lancé le sort mortel, le même qui avait conduit Thomas dans l'au-delà. Etait-ce là qu'elle se trouvait ?
Elle croyait pourtant qu'après la mort, on quittait son corps pour se rendre dans un autre univers qu'on appelait paradis ou enfer. Mais peut être était-elle en enfer et que sa souffrance serait de rester ainsi pour l'éternité…
Elle rouvrit les paupières, et vit se profiler d'autres ombres qui bougeaient autour d'elle. Qu'est-ce que c'était ? Devait-elle en avoir peur ? En tout cas cela ne la rassurait pas… Il était certain qu'elle ne se trouvait pas au paradis.
C'est alors qu'elle eut l'impression que ses oreilles se débouchaient et que le son revenait petit à petit, de plus en plus fort.
- Comme… va… peu… bouger… d'accord… je… réveille… deux heures… maximum…
Puis se fut à nouveau le silence qui l'envahit, mais elle sentait bien que ce n'était pas ses oreilles qui se bouchaient à nouveau, simplement, le bruit qui s'était arrêté. Elle ne voyait toujours rien, et les ombres s'étaient dissipés. A présent, quand elle ouvrait les yeux, elle percevait comme un intense brouillard dans lequel rien ne remuait.
Elle essaya de bouger l'une de ses mains, et réussit dans un effort intense à serrer le poing. Elle sentit alors sous sa main quelque chose de moelleux, et c'est lorsqu'elle tenta de lever le bras, qu'elle s'aperçut qu'elle devait être allongé. Immédiatement, elle reposa son membre, l'exercice étant bien trop difficile.
Sans réfléchir, elle ouvrit la bouche, et essaya de parler. Mais aucun son n'en sortit, et elle dut se résoudre à refermer les lèvres. Que faire ? Resterait-elle ainsi toute l'éternité ? Si elle aurait su plus tôt que c'était ça l'enfer, elle serait aller à l'église plus souvent. Elle ne voulait en aucun cas rester comme cela, il fallait qu'elle fasse quelque chose !
Elle rouvrit les yeux, et une ombre réapparut devant elle. Il fallait qu'elle attire son attention, qu'il se passe quelque chose, n'importe quoi serait mieux que cette situation. Elle sentit alors quelque chose la toucher, puis des bribes de paroles lui traversèrent l'esprit :
- Ouvrez la… ou… bou… si…. entendez… ouvrez… bouche…
Comme si son instinct le lui dictait, ou simplement parce qu'elle croyait avoir compris ce qui venait de se dire, elle ouvrit la bouche. Quelque chose d'intensément froid vint se poser sur le rebord de ses lèvres, et elle sentit une sorte de liquide couler sur sa langue. Pour la première fois depuis qu'elle avait ouvert les yeux, elle eut l'impression d'être vivante. Et en effet, il y avait bien quelque chose, un liquide vraisemblablement, qui descendit le long de son œsophage pour finir sa course dans son estomac. Elle avait la sensation que ce fluide était bénéfique pour elle, puisque quelques instants plus tard, ses paupières devinrent plus légères et le brouillard qui brouillait sa vue se dissipa lentement.
Elle en était à présent certaine : elle n'était pas morte.
Le bruit se fit encore plus clair, et elle réussit à distinguer le son d'une voix, vraisemblablement, celui d'un homme.
- Tout va… détendez-vous… on s'occupe… vous… va aller…
Elle se sentit rassurer, comme lorsqu'on se réveille après un cauchemar et qu'on s'aperçoit qu'en fait, on est bien au chaud sous ses couvertures, sans le moindre danger.
Petit à petit, ses membres devinrent plus léger, et sa vue de plus en plus clair. Elle se trouvait bel et bien allongé dans un lit, et remarqua que celui-ci était très confortable. Sa tête était rivée vers le plafond, mais malgré les progrès, elle n'arrivait pas encore à la bouger pour voir ce qu'il y avait autour d'elle. Tout ce qu'elle distinguait, c'était un plafond très haut d'une couleur brune, et elle crut qu'il était en bois.
Une question la submergea aussitôt : si elle n'était pas morte, où se trouvait-elle ?
Finalement, tout son corps put remuer, ainsi que sa tête et elle s'amusa à la tourner dans tout les sens, si heureuse de pouvoir à nouveau sentir ses membres. Avec difficulté, elle essaya de s'asseoir, ce qu'elle réussit avec l'aide d'un homme à ses côtés. Elle remarqua que celui-ci portait une blouse blanche, ce qui lui fit supposer qu'elle se trouvait dans un hôpital. L'homme devait avoir dans les soixante ans, des cheveux gris pour en témoigner, possédait de l'embonpoint, et il lui semblait immense. Ses yeux marrons et son gros nez ne faisait que lui renforcer cette idée.
- Je suis ravi de vous voir parmi nous, depuis le temps que je voulais voir vos beaux yeux.
Amélia ouvrit la bouche pour tenter de parler, et des sons très léger en sortir :
- Qui ? Où ?
- Ne parlez pas, votre voix va revenir toute seule, ne vous inquiétez pas ! Tout va bien… Je suis le médicomage Barthélimus, mais appelez moi Barth, comme tout le monde.
Elle regarda alors attentivement autour d'elle, tandis que l'homme s'éloigna et sortit par une porte au fond de la pièce, à sa gauche, qui parut minuscule à côté de lui. Les lieux lui étaient inconnus, et elle s'étonna de ce qu'elle y vit.
En effet, les quelques lits en bois foncé, alignés à ses cotés, ainsi que les bandages et autres médicaments posés dans une très grande armoire vitrée à l'entrée, signifiaient bien qu'elle se trouvait dans un hôpital. Mais en face d'elle, elle put admirer une immense cheminée en bois, ce qui la fit se demander : qui mettrait une cheminée dans un hôpital ? D'autant plus que celle-ci semblait dater de plusieurs siècles d'après les motifs taillés dans les rebords. Un feu y brûlait tout doucement, émettant quelques crépitements, qui rendaient les lieux beaucoup plus chaleureux que dans un banal hôpital.
Lorsqu'elle regarda les murs, elle s'aperçut qu'ils étaient également fait de bois, comme dans les anciennes maisons, une matière sombre, sûrement du chêne. Même le sol en était recouvert, bien qu'il paraissait plus récent. Elle crut pendant un instant qu'elle rêvait, mais en clignant plusieurs fois des yeux, elle se rendit compte que tout était bien réel.
Accrochés aux murs, trônaient des tableaux représentant des personnages, et pendant l'espace d'une seconde, elle crut qu'ils venaient de bouger. Au fond de la pièce, à sa droite, en opposition avec la porte, un vitrail magnifique d'au moins 2 mètres de haut, permettait à la lumière du jour de passer. Amélia en déduit qu'ils étaient en pleine journée, la clarté l'aveuglant à moitié.
Quel était cet endroit ? Et comment y avait-elle atterri ?
C'est alors que la porte s'ouvrit et que plusieurs personnes entrèrent, le docteur Barthélimus en tête.
- Elle vient à peine d'émerger, alors faites doucement s'il vous plaît.
Derrière lui, Amélia vit une femme d'une trentaine d'année, un visage rayonnant avec un sourire à s'en décrocher la mâchoire, et de longs cheveux bruns foncés accrochés en une sorte de coiffure excentrique. Elle portait une longue robe jaune qui allait parfaitement avec sa fine silhouette mais lui donnait l'impression de participer à un défilé de carnaval.
- Oui, oui, je sais Barth ! répondit-elle au médicomage avec agacement.
Amélia aperçut alors, derrière elle, quelqu'un qu'elle connaissait bien, et le voir ici la rassurait au plus haut point. Daniel s'avançait doucement vers son lit.
- Alors comment se porte notre marmotte ? questionna directement la jeune femme en s'asseyant sur le lit auprès d'elle, alors que le médecin et Daniel restèrent en arrière.
- Je… Bien…, prononça-t-elle avec moins de difficulté qu'auparavant.
- Très bien ! dit-elle joyeusement.
- Où suis-je ? continua Amélia.
La jeune femme se releva, tourna son regard vers Daniel et lui fit signe de s'asseoir. Celui-ci lui sourit, puis s'approcha du lit, tandis que la femme se recula légèrement.
- Bonjour, lança-t-il en dévisageant Amélia, pendant qu'il s'assit, un sourire envahissant son regard.
- Bonjour…, répondit-elle dans un murmure.
- Bon retour parmi nous ! J'aurais préféré te le dire ailleurs et dans une autre situation, mais puisque tu as choisi de venir à l'infirmerie en premier…
Il se retourna vers la femme et le médicomage, puis s'exclama en regardant à nouveau Amélia :
- Bienvenue à Beauxbâtons !
