Un chapitre où l'on continue la visite, découvre une nouvelle pièce et surtout où on se rend compte de l'immensité du "pouvoir" d'Amélia...

- Par quoi on commence ? demanda Daniel en se tournant vers son amie.

Amélia s'étonna qu'il le lui demande, et elle ne sut quoi répondre. Voyant son hésitation, il ajouta :

- D'accord, c'est moi qui décide… A cette heure-ci, on ne peut pas visiter les salles de classes, elles sont occupées… mais je vais te montrer l'entrée des dortoirs, ça devrait t'intéresser…

- Très bien…

Sans un mot de plus, Amélia suivit donc Daniel dans les méandres de Beauxbâtons, ou plutôt dans les longs couloirs. Le collège entier était construit ainsi : des couloirs, des escaliers, et parfois de grandes salles. Ils passèrent à nouveau à côté de la terrasse, où, cette fois-ci, plus personne ne se trouvait. Les élèves étaient bel et bien en cours, ce qui rendait l'enceinte extrêmement calme, bien plus qu'auparavant. Ce silence devint même gênant, et tandis qu'ils tournaient à nouveau au coin d'un couloir, Amélia interrogea Daniel, plus pour faire du bruit qu'autre chose.

- Comment vous étiez ici ?

- Qu'est-ce que tu veux dire ?

- Hé bien, Thomas, Audrey et toi… Je veux dire comment vous viviez ici, qu'est-ce que vous faisiez de votre temps libre, enfin bref, comment c'était ?

Daniel s'arrêta soudain, et leva les yeux au ciel, semblant réfléchir. Enfin, il rabaissa la tête, un énorme sourire envahissant entièrement son visage.

- Il y en a des choses à raconter… Je ne sais même pas par quoi commencer !

- Par le début ? suggéra Amélia à ses côtés, mais son regard se posa sur le tableau derrière Daniel.

En effet, un jeune homme en armure y était représenté, et il lui faisait des clins d'œil. Ensuite, il lui lança un baiser, ce qui amusa Amélia. Daniel répondit alors à sa question, tandis que l'homme du tableau faisait signe à Amélia de l'assommer.

- Thomas était plutôt du genre moralisateur. Il ne manquait aucun cours, étudiait tout le temps, et puis quand il a découvert les cuisines, il y passait tout son temps. Moi, ce que j'aimais, c'était enfreindre les règles et puis…

Il leva la tête vers Amélia qui souriait, mais au lieu de le regarder, elle fixait quelque chose derrière lui.

- Tu m'écoutes ? demanda-t-il.

- Oui, oui, acquiesça-t-elle, en reportant son attention sur lui.

Il se retourna et vit le jeune homme qui faisait mine de combattre Daniel à l'épée, mais bien sûr tout cela était mimé.

- Ha d'accord, j'ai compris ! dit-il en regardant alternativement Amélia et le tableau.

Amélia sourit, puis avoua :

- Je commence à adorer ce collège…

- Oui, je vois ça. Si tu veux que je te laisse seule avec lui, dis le moi !

Cette remarque fit rire Amélia qui se détourna du tableau, et prit Daniel par le bras en l'entraînant un peu plus loin :

- Mais non, tu sais bien que je préfère ta compagnie…

Cependant, elle se retourna et envoya un baiser au jeune homme du tableau, qui, pour l'amuser, fit semblant de s'évanouir face à cette merveilleuse attention. Elle rit de plus bel, et face au visage réprobateur de Daniel, continua de marcher.

- Vas-y continue, je t'écoute, ajouta-t-elle.

- Tu es sûre ?

- Si je te le dis !

Elle se concentra sur les paroles de Daniel, mais riait encore intérieurement de ce sympathique tableau.

- Je disais donc… Ben je sais plus, tu as gagné !

- Tu… ben moi non plus, avoua Amélia en riant.

- Tant pis, de toute façon on arrive.

En effet, Amélia put voir un grand escalier qui se dirigeait tout droit vers l'entrée d'une pièce. Ils le montèrent, et elle fut très surprise par ce qu'elle vit. En effet, ils se retrouvèrent dans une pièce circulaire, dans laquelle il y avait quatre autres passages.

- Ici, c'est l'entrée des dortoirs, expliqua Daniel.

Elle s'avança doucement vers l'un des passages, et constata qu'il débouchait sur un long couloir, si long qu'elle n'en voyait pas le bout. Elle se recula, admirant le lieu. En effet, sur le haut de chaque porte on pouvait voir une sorte de gravure, mais étrangement, tout comme les tableaux, ce qu'elle contenait était en mouvement. Une mer, une forêt, un ouragan et une flamme était ainsi répartis de gauche à droite.

- Tu as dû deviner que chaque passage mène au dortoir d'un Elément, la mer pour les Eaux, la forêt pour les Terres, l'ouragan pour les Airs et une flamme pour…

- les Feux, interrompit Amélia.

Cela semblait d'une telle simplicité, qu'elle n'eut vraiment aucun mal à le comprendre.

- Et les couloirs sont de la couleur de l'Elément, continua-t-elle en remarquant que chacun avait le sien : bleu, vert, jaune, rouge.

- Tu as tout compris ! affirma Daniel. Maintenant, regarde ici.

Il se retourna, étant face à l'entrée par laquelle ils venaient de passer, et montra du doigt ce qui était au dessus. Amélia aperçut alors quatre chevaux blancs, l'un en dessous de l'autre, mais certains en décalage. De plus, chacun avait une spécificité : un cheval ailé, un mangeant de l'herbe, un autre buvant dans un lac et pour finir un cheval sautant par dessus des flammes.

- Ils représentent chacun un Elément, supposa Amélia.

- Oui, ce sont les témoins de puissance. Dès qu'un élève a fait une bonne action, et qu'il reçoit de la puissance, son cheval se déplace en avant. C'est pour cela que la pièce est circulaire…

- Donc ils peuvent faire tout le tour ?

- Oui, bien sûr, d'ailleurs, ceux-là l'ont déjà fait deux fois.

- A quoi tu vois ça ? s'interrogea Amélia, intéressée par cette méthode.

- Sur les sabots, il y a des marques, elles indiquent le nombre de tour, et là, les quatre en ont deux.

Cela commençait vraiment à la passionner. C'était une méthode incroyable mais en même temps, très efficace : personne ne pouvait tricher. Et puis, les chevaux était d'un blanc éclatant, ce qui les rendait très beau. Si elle savait les refaire, elle n'aurait pas hésité à en dessiner un sur le mur de son appartement.

- Tu peux donc voir que ce sont les Terres qui sont en tête, et les Airs en dernier, mais il reste encore tout le reste de l'année pour savoir lequel gagnera…

- Et pourquoi des chevaux ? demanda Amélia.

- C'est l'emblème de Beauxbâtons. A l'époque de la création du collège, il n'y avait pas encore de balai correcte en France, alors pour se déplacer, les sorciers utilisaient les chevaux, et pour venir jusqu'ici, ceux qui volaient. Ils en ont donc fait leur symbole. Aujourd'hui, on s'en sert pour se déplacer, même si les balais sont également utilisés, on organise des tournois, on voyage avec, et comme tu as pu le remarquer, la sonnerie est un hennissement. Pour nous, le cheval est très important.

En effet, ça expliquait tout, et puis le cheval n'était pas un si mauvais symbole. En effet, dans de nombreuses civilisations, il avait longtemps été considéré comme un animal sacré, sans parler du fait que c'était l'un des premier a avoir été domestiqué par l'homme. « Oui, c'est un excellent choix » pensa-t-elle.

- En tout cas, je trouve cette pièce vraiment génial ! conclut-elle, tandis que Daniel l'approuva. On peut voir un dortoir maintenant ?

- J'aimerais bien, mais ça va être difficile. Seul quelqu'un appartenant à l'Elément peut aller dans son dortoir. Les autres personnes sont rejetées.

- Comment ?

- Attends…

Il entra alors dans le passage vert, celui des Terres, et à peine y mit-il les pieds, qu'un épais brouillard se forma. Sans prendre gardes, Daniel fut projeté en l'air, et rejeté en arrière, atterrissant au centre de la pièce circulaire. Quelques secondes plus tard, une voix s'éleva, comme venant de nul part :

« A un seul Elément tu appartiendras,

Aux autres, renoncer, tu devras »

- Voilà pourquoi ! s'exclama Daniel, se relevant.

- Ca va ?

- Ho, oui ! Ca ne fait pas mal, c'est prévu pour. Seulement je ne peux pas y accéder.

- Moi je peux peut être…, lança Amélia en s'avançant vers le même passage.

Elle y mit les pieds, et rien ne s'y passa. Elle fit un pas en avant, mais toujours rien, aucun brouillard à l'horizon. Elle se retourna alors vers Daniel, qui la regardait, la bouche entrouverte, ne croyant pas ses yeux.

- Tu vois que j'y arrive, dit-elle en lui souriant.

- Je… Je…, bégaya-t-il, c'est… c'est incroyable… Viens essayer avec les autres.

Elle ressortit alors sans encombre, et entra dans le passage d'à côté, celui des Eaux. De même, elle avança d'une dizaine de mètres, et rien ne se passa. Sous le regard d'étonnement de Daniel, elle recommença l'opération avec les deux autres passages, et comme elle s'y attendait, rien ne se produisit.

- J'arrive pas à le croire, tu as vraiment un bouclier contre la magie, c'est fou !

- A ce point là ? s'étonna Amélia du comportement de son ami. C'est plus incroyable que de résister au sort pour tuer ?

- Mais c'est une magie bien plus forte, c'est celle des créateurs du collège… les forces accumulées d'une cinquantaine de mage plus puissant les uns que les autres.

- Si tu le dis…, ajouta-t-elle, blasée par sa résistance, vu qu'elle en avait prit l'habitude. Alors je dois visiter les dortoirs toute seule, c'est ça ?

Daniel ne répondit rien, la fixant tout en secouant la tête.

- Alors ? insista-t-elle, impatiente.

Elle regarda Daniel dans les yeux, et un frisson la parcourut. C'était la première fois qu'il la dévisageait ainsi, et elle n'aimait pas du tout ce qu'elle pouvait lire en lui. En effet, elle avait l'impression qu'il la considérait plus comme une extra-terrestre qu'autre chose, ce qui ne lui plaisait pas.

- On va plutôt voir Leroy, lui répondit-il enfin, perdant ce regard qu'elle détestait tant. Elle pourra me faire passer, elle est la seule à connaître le moyen. A moins que tu préfères y aller toute seule ?

- Non, je préfère que tu viennes avec moi.

- Très bien !

Amélia fit une dernière fois le tour d'horizon de la salle, puis suivit Daniel qui sortait déjà par les escaliers.