Amélia et Daniel parcoururent à nouveau de nombreux couloirs, des escaliers, mais elle ne les vit pas passer, trop occupée à se poser des questions. Sa mère était une sorcière, une horrible sorcière. Amélia n'avait jamais posé de questions sur le collège de sa mère, ni comment s'étaient passées ses études, en fait, elle ignorait comment était sa vie avant la rencontre avec son père. Mais cela ne l'avait jamais dérangée. Chacun a son jardin secret, et puis en quoi sa jeunesse pouvait-elle être intéressante ? Amélia savait que sa mère n'avait jamais connu ses véritables parents, passant d'un orphelinat à un autre, jusqu'à l'obtention de son diplôme. Là, elle s'installa à Paris, et c'est ainsi qu'elle fit connaissance avec son père, un commercial en voyage d'affaire. Il habitait Strasbourg, et après seulement deux mois, ils emménagèrent ensemble à Wiltenheim.

Voilà toute l'histoire, ou du moins, ce qu'Amélia croyait être vrai. Mais avec la découverte de cette photo, elle n'était plus sûre de rien. Elle n'arrivait pas à comprendre comment sa mère avait pu lui cacher qu'elle était une sorcière, et surtout pourquoi ? Est-ce que son père était au courant ? Etait-il lui aussi un sorcier ou lui avait-elle caché à lui aussi.

Une seule question revenait sans cesse dans sa tête : pourquoi ?

Ils arrivèrent ainsi devant une porte, et Daniel toqua. La voix d'un vieil homme se fit entendre, puis la porte s'ouvrit toute seule. Amélia et Daniel entrèrent dans ce qui était, sans aucun doute, le bureau de Mr Granduc, le grand-père de Daniel. La pièce était toute simple, sans artifice, un bureau en bois en son centre, pas de cheminée, ni rien pour chauffer, bien que l'atmosphère était agréable, sûrement dû à un sort. Sur les côtés, quelques meubles, essentiellement pour ranger des livres ou des affaires de cours, se trouvaient là, sobrement. Les murs ne portaient aucun tableaux, tout étant vide de décoration. Visiblement, ce n'était pas son fort de décorer une pièce.

- Daniel ! Amélia ! Que me vaut cette visite ? demanda Mr Granduc, assis derrière son bureau, des lunettes sur le nez, en train d'écrire.

Il semblait ravi de les voir, et Amélia sut immédiatement, que ça n'allait pas durer, puisque Daniel enchaîna :

- On voudrait savoir la vérité !

- Sur quoi ? interrogea le vieil homme qui ne comprenait pas une telle brusquerie.

- Sur ça !

Daniel posa violemment le journal sur la table, et pointa du doigt la photo. Mr Granduc regarda son petit fils, étonné par sa façon de lui parler, puis reporta son attention sur la photo, en ajustant ses lunettes.

- Ce sont Lucia Martin et Ludovic GrandJean…, dit-il après un instant. Quel est le problème ?

Daniel et Amélia échangèrent un regard, se demandant s'il le faisait exprès.

- Et c'est tout ? tenta Daniel.

- Heu… Oui. Ce sont ces élèves affreux qui sont devenus légendes. Ils martyrisaient tout le monde il y a quarante ans. Je m'en rappelle bien, je les ai eu en cours pendant mes premières années en tant que professeur.

Il regarda à nouveau le morceau de journal, et ajouta, un sourire sur les lèvres :

- Je me rappelle de cet incident, ils avaient fait un pari : celui qui arriverait à transformer un élève en le plus grand nombre d'animaux différent. Evidemment, ils ne l'ont jamais fini, on est intervenu à temps. Mais les élèves qu'ils avaient pris étaient de première année, et ça les a bien secoués. Ils étaient vraiment affreux Lucia et Ludovic, je crois n'avoir jamais rencontré de telles terreurs durant mon enseignement…

Il releva les yeux, enlevant ses lunettes de son nez, et les fixa. Visiblement, il ne comprenait pas ce qu'ils faisaient ici, surtout à lui parler de ces deux élèves.

- Grand-père, affirma Daniel sur un ton beaucoup plus calme qu'auparavant, si tu as quelque chose à nous dire sur ces individus, c'est le moment.

- Je ne comprends pas Daniel, que se passe-t-il ? Qu'est-ce que je devrais vous dire ?

- Vous ne la reconnaissez pas ? intervint Amélia en montrant du doigt la jeune fille sur la photo.

- Je vous l'ai dit, c'est Lucia Martin.

Amélia se tourna vers Daniel qui la regardait. Soit Mr Granduc cachait très bien le secret, soit il n'était au courant de rien. Une seule solution, lui demander clairement :

- Mr Granduc, il s'agit de Lucia Martin…

- Oui, je le sais, et alors ? En quoi ça vous concerne ? interrogea le vieil homme.

- Mais il s'agit de ma mère ! s'exclama Amélia.

Mr Granduc eut alors une réaction des plus surprenante, il se mit à rire. Amélia le dévisagea, ne comprenant vraiment pas ce qui pouvait être si amusant. Elle tourna la tête vers Daniel, et visiblement, lui aussi était perdu. Enfin, Mr Granduc ajouta :

- Vous êtes drôles tous les deux ! C'était une excellente blague, j'ai failli y croire.

- Ce n'est pas une blague grand-père, c'est vrai !

- Mais non voyons ! J'ai connu ta mère Amélia, elle n'avait rien de commun avec cette jeune fille, à part le même nom, évidemment. Ta mère était douce, toujours prête à rendre service, une personne dévoué, comme on en rencontre très peu. Alors que cette jeune fille était arrogante, doué certes, mais elle utilisait tout son talent pour faire le mal. A vrai dire, elle aurait rejoint Voldemort pendant la guerre, ça ne m'aurait pas étonné… Non, il est certain que ce n'est pas vrai, elles ne se ressemblent même pas !

Amélia sortit alors la photo de sa mère devant la tour Eiffel, et la posa juste à côté de celle du journal.

- Ma mère m'a donné cette photo il y a quelques années, elle avait dix huit ans à l'époque.

Mr Granduc jeta un regard à Amélia, et remit ses lunettes sur le bout du nez puis il compara les deux photos.

- Mais ce n'est pas possible voyons… Elles se ressemblent, je suis d'accord, mais je ne peux pas y croire…

- Ma mère ne vous a jamais rien dit ? interrogea Amélia.

- C'était une moldue, que voulais-tu qu'elle me dise ?

- On a supposé que peut être tu savais quelque chose, qu'elle était une sorcière, amorça Daniel.

- Non, elle ne m'en a jamais parlé, et moi non plus, j'ai toujours cru qu'elle était moldue, pourquoi lui en aurais-je parlé ?

Un silence s'installa dans la pièce. Une moldue, oui, c'est ce qu'elle était sensée être, du moins, c'est ce qu'elle faisait croire à tout le monde. Mais pourquoi ? Oui, pourquoi ?

- Et ton père Amélia, il l'était aussi ?

- Je ne sais pas Mr Granduc…

Elle n'avait rien trouvé sur lui, en tout cas pas dans ce journal là, mais il pouvait être tout à fait possible qu'il soit lui aussi un sorcier. Amélia s'attendait à tout maintenant.

- Ce qui est certain, ajouta Mr Granduc, c'est que si c'est bien ta mère, alors tu as du sang de sorcière qui coule dans tes veines. Seulement, tu n'en es pas une, sinon tu aurais étudié à Beauxbâtons, sans aucun doute.

- Et si on m'avait oublié ? interrogea Amélia. Si ma mère l'avait caché et qu'en fait je suis une sorcière ?

- C'est impossible, sourit Mr Granduc. Qu'on t'es caché ou pas, tous les sorciers et sorcières sont répertoriés, on ne peut pas t'oublier… Non il est certain que tu ne l'es pas.

Amélia fut un peu déçue, peut être espérait-elle inconsciemment que sa mère soit une sorcière, et elle aussi, elle entrerait alors enfin dans ce monde comme les autres.

- Par contre, ajouta Mr Granduc, tu résistes à la magie d'une façon incroyable, et peut être que ton sang a son rôle là dedans. Du moins, c'est plus probable que la fille d'une sorcière, surtout aussi puissante que l'était Lucia, résiste à la magie, plutôt qu'une simple moldue.

Cette idée laissa tout le monde songeur. Il avait sans doute raison, son « bouclier » venait de là. Pour en savoir d'avantage, il était clair qu'elle devait apprendre tout ce qui est possible sur sa mère. La solution ne pouvait que venir d'elle et son passé.

- Est-ce que tu connais quelqu'un qui pourrait nous aider ? demanda Daniel à son grand-père.

Ce dernier réfléchit, cherchant dans sa mémoire qui pourrait renseigner Amélia et Daniel, surtout pour une telle affaire.

- Germain Lefevre…, proposa Mr Granduc.

- Quoi ? interrogea Daniel.

- Germain Lefevre, répéta-t-il. C'est un vieil ami, il travaille au ministère de la magie, au service des archives. Je suis sûr qu'il pourra vous aider ! Allez-y de ma part, il vous accueillera…

- Merci Mr Granduc, on y va tout de suite, affirma Amélia sans même consulter Daniel.

- Oui, on y va…, acquiesça ce dernier.