- On ne pourrait vraiment pas passer par l'une des cheminées ? demanda pour la troisième fois Amélia.
Monter des chevaux volants ne la rassurait en rien, et tandis qu'ils parcouraient les longs couloirs en direction des écuries, elle angoissait de plus en plus. Mais comme les deux autres fois, Daniel ne lui adressa même pas un regard, ajoutant seulement :
- Tout va bien se passer.
Cependant, quoi qu'il en dise, elle éprouvait une certaine peur. Elle aimait bien les chevaux, mais sur terre, pas dans les airs. D'ailleurs, en réfléchissant, elle se souvint des journées qu'elle passait étant petite, avec sa mère, dans les écuries près de chez eux. Cette dernière avait une vraie passion pour ces animaux, elle pratiquait d'ailleurs l'équitation régulièrement. Maintenant, Amélia savait pourquoi : cela venait de son contact permanent avec ceux de Beauxbâtons.
Enfin, ils arrivèrent devant une sorte d'enclos, ce qui paraissait totalement bizarre. En effet, Amélia avait en face d'elle une sorte de longue piste d'atterrissage, et au bout le vide. Elle se croyait sur une terrasse, mais sans mur pour séparer le couloir de l'extérieur. La piste ressemblait à une plate forme, d'où devaient sûrement s'envoler les chevaux. Sur sa droite, elle aperçut de nombreuses calèches, rangées, et qui paraissaient en bon état. Seulement, elles dataient d'au moins deux siècles, vu leur forme. Un collectionneur aurait trouvé son bonheur dans ce lieu.
Daniel franchit la barrière en bois en la poussant, et se dirigea vers la gauche. Amélia hésita un instant, ne voyant pas les chevaux, ils pouvaient surgir de n'importe où, surtout qu'ils volaient. Mais elle prit son courage à demain, quand il lui lança :
- Alors on a peur ?
Elle passa à son tour la barrière, et suivit Daniel. C'est là qu'elle vit les chevaux. Ils se trouvaient tous le long d'un immense mur d'une couleur brune, mais contrairement aux écuries moldus, il n'y avait pas de box, à vrai dire, ils n'étaient même pas attachés. Et pourtant, ils restaient tous sagement dans leur coin.
- Ils sont retenus grâce à un sort, expliqua Daniel.
Il avait sûrement vu le regard interrogateur d'Amélia, qui n'en croyaient pas ses yeux. En tout, il devait y avoir une trentaine de chevaux, de différentes tailles et couleur. A les voir ainsi, calme, son angoisse s'atténua : au moins ils n'étaient pas sauvages.
Daniel s'approcha de l'un d'entre eux, au pelage blanc, une crinière magnifique, presque irréel. Il s'agissait d'une très belle bête, sûrement unique en son genre. L'animal se leva en voyant Daniel près de lui, et se mit à hennir. Mais dans ses gestes, Amélia ne sentait rien de brutal, comme si le cheval voulait simplement saluer Daniel.
- Bonjour toi ! Tu te souviens de moi, n'est-ce pas ? dit Daniel au cheval.
Il tendit sa baguette, et une lumière bleue en sortit pour envelopper le cheval. La seconde d'après, l'animal se trouvait pourvu d'une selle, et de tout le nécessaire pour pouvoir le monter. Daniel mit sa main sous la bouche de la bête, et celui-ci la renifla. Il le reconnaissait, sans aucun doute.
- Bien ! finit-il par dire en se retournant vers Amélia. Voici le tien !
Comme par réflexe, Amélia recula d'un pas. Sa peur revint au galop : elle n'y arriverait jamais.
- N'ait pas peur, rassura Daniel, je te présente Mithra, le plus beau et intelligent cheval qu'on possède à Beauxbâtons.
L'animal s'approcha d'Amélia qui en fit de même. Daniel prit alors la main de son amie, et l'approcha délicatement du cheval. Tremblante, elle sentit son reniflement, comme un souffle. Daniel avait raison, il était vraiment intelligent. Elle se sentit en confiance, et le caressa, naturellement.
- Je t'aide à monter ? demanda Daniel.
Elle hésita un instant, puis se dit qu'après tout, cela ne devait pas être bien différent des chevaux moldus. Daniel la hissa donc, et elle se retrouva, en moins de temps qu'il ne faut pour dire « ouf », sur l'animal.
Elle avait raison, cela ne changeait pas des chevaux moldus, c'était la même sensation, il n'était même pas plus haut. En fait, elle attrapa les rênes comme elle en avait l'habitude depuis toute petite, puis se tourna vers Daniel. Il monta sur un cheval de couleur noir et brun, qui était légèrement plus haut que le sien. De son côté, il paraissait totalement à l'aise, on voyait clairement qu'il avait fait cela de nombreuses années.
- Maintenant en route !
Daniel et son cheval se mirent alors sur la piste d'atterrissage, puis il s'écria :
- Fais comme moi et tout se passera bien !
Il donna alors quelques coups de talon à l'animal, qui se mit immédiatement à courir. Il déploya alors de longues ailes, qui l'entraînèrent dans les airs. Tout semblait se dérouler d'une manière des plus simples, Daniel volant au loin. Mais Amélia ne se sentait en rien rassurer, elle angoissait plus que jamais.
- Très bien, à nous ! lança Amélia à son cheval, pour se rassurer.
Comme si l'animal venait de la comprendre, il se plaça à l'endroit où Daniel se trouvait quelques secondes auparavant. Elle n'eut même pas besoin de lui donner un coup de talon, que déjà il s'élança. De peur, elle s'accrocha à ce qu'elle pouvait, autrement dit, les rênes et la crinière. Le cheval déploya à son tour ses ailes, ce qui eut pour effet de la déstabiliser. Elle serra encore plus fortement la crinière.
Elle sentit l'impulsion donnée par l'animal pour aller dans les airs, et c'est à ce moment là qu'elle ferma les yeux. Elle n'arrivait pas à les rouvrir, terrifiée à l'idée de voir le vide sous ses pieds. Seules les sensations de vitesse et de vent s'engouffrant dans ses cheveux, lui faisaient prendre conscience qu'elle se trouvait au-dessus du vide.
- Ouvre tes yeux ! s'exclama Daniel qui ne devait pas être très loin d'elle.
- Je ne peux pas.
Elle sentit alors une main frôler la sienne, et ouvrit immédiatement les yeux pour voir ce qui se passait, oubliant sa peur. Daniel volait juste à ses côtés, et lui tenait sa main gauche qui avait lâché prise. En voyant son regard sûr et déterminé, elle comprit aussitôt qu'elle pouvait avoir confiance en lui : elle ne risquait rien. Elle se redressa alors tout doucement, toujours ses yeux plongés dans les siens. Enfin, quand elle fut bien droite, elle fixa le ciel, puis regarda tout doucement autour d'elle.
Ses doigts se crispèrent dans ceux de Daniel, mais son angoisse passa vite en s'apercevant qu'elle volait, et que tout se passait sans encombre. En fait, elle était assise confortablement, et elle n'imaginait même pas qu'elle puisse tomber.
- Tu vois que c'est facile ! s'exclama Daniel en riant.
Elle lui sourit, et commença vraiment à apprécier ce vol.
- On amorce la descente maintenant ! affirma-t-il.
Il lui lâcha la main, et elle les reposa sur les rênes, aussi naturellement que sur un cheval moldu. Daniel commença alors à descendre, puis le cheval d'Amélia en fit de même. Le vent dans ses cheveux se fit de plus en plus fort, l'animal accélérant, sans aucun doute. Le sol se rapprochait également, à une vitesse folle, mais pourtant, elle n'eut pas peur. Elle sentait qu'elle pouvait avoir confiance en l'animal, et en Daniel aussi, qui se trouvait juste devant eux.
Enfin, le cheval ralentit, ses ailes battant plus doucement, et il finit par toucher le sol, aussi délicatement qu'avait pu être le vol. Ils se trouvaient à la lisière d'une forêt, mais aucune piste d'atterrissage n'y était dressée. A vrai dire, il n'y avait personne aux alentours. Quand le cheval s'arrêta, elle respira un bon coup : finalement, tout s'était bien passé. Enfin, elle en descendit, voyant Daniel en faire de même.
Il s'approcha alors d'elle, souriant :
- Tu vois que tout s'est bien passé, il n'y avait pas de raison de s'inquiéter…
- Ouais, répondit simplement Amélia en essayant de se recoiffer tant bien que mal.
Daniel prit les deux bêtes, les positionna près d'un arbre, puis leva sa baguette. La même lumière bleue apparut, ce qui eut pour effet de maintenir les chevaux en place.
- Voilà, on peut y aller…
Ils dirigèrent alors vers ce qui semblait être le bout de la lisière de la forêt. Mais ce qu'elle y vit l'étonna beaucoup. En effet, de l'autre côté se trouvait toute une gare, avec un train en attente.
- Tout ce que tu vois là, normalement, aucun moldu ne devrait pouvoir le voir…, avoua Daniel en la regardant.
Elle secoua la tête : maintenant, elle avait l'habitude d'être hors norme, alors cela ne la surprenait même plus.
- Les élèves prennent le train pour aller à Paris ou pour venir ici… Mais on va utiliser un autre moyen, sinon on en aura pour des heures.
Il avança sur le quai, sachant pertinemment où il se rendait. Ils passèrent alors à côté d'une sorte d'entrée de grotte, mais pourtant, elle n'était pas profonde, on pouvait en voir le bout. Amélia s'arrêta, la contemplant. C'était vraiment beau, et pourtant ce n'était que des roches. Cependant, il paraissait si étrange qu'elle se trouve dans ce lieu, qu'elle en devenait vraiment belle.
Daniel remarqua qu'elle venait de s'arrêter, et lui lança :
- C'est la Porte des Choix ! En la passant, on se retrouve directement dans l'une des cheminées de la Salle de Transport. C'est elle qui décide lors de la première année dans quel Elément sera l'élève.
Amélia adorait vraiment le monde de la magie, chaque objet était encore plus fascinant que le précédent. Cette Porte des Choix s'avérait être pour l'instant, ce qu'elle avait vu de plus extraordinaire.
- Regarde, dit Daniel en s'approchant d'elle et en pointant son doigt vers le haut de la Porte des Choix.
Amélia put aussitôt y voir une inscription, gravée dans la roche elle-même.
« Toi qui pénètre dans ce lieu,
A mon choix te soumettre tu devras,
Dans ton âme verront mes yeux,
A un seul Elément tu appartiendras »
- C'est vraiment beau…, affirma Amélia qui sentait que Daniel s'approchait de plus en plus d'elle.
Elle recula alors, et détourna les yeux de la Porte.
- Alors on y va au ministère ? demanda-t-elle.
- Oui, évidemment, dit-il en se dirigeant à nouveau vers le bout du quai.
Elle le suivit, sans un mot. Ils se retrouvèrent alors en face d'une grande cheminée, tout ce qu'il y a des plus classiques. Amélia se doutait de ce qu'ils allaient faire. Daniel lança un sort, ce qui eut pour effet de créer des braises dans l'antre.
- C'est la cheminée principale, normalement seuls les professeurs peuvent l'utiliser ou dans un cas urgent, comme le nôtre…
Amélia acquiesça simplement, et prit la poudre que Daniel lui tendit.
- Je t'en prie, proposa-t-il en lui montrant l'antre.
Elle n'aimait pas vraiment la sensation qu'elle ressentait lorsqu'elle utilisait la poudre de cheminette, mais sans y penser plus longtemps, elle se mit au milieu des braises, et prononça :
« Ministère de la magie »
