Chapitre 4
La Gazette du Sorcier
Amélia resta quelques instants sans bouger. Puis de nouveau on frappa à la porte. Amélia se décida enfin à ouvrir la porte en espérant voir Dumbledore ou le professeur McGonagall. Lorsqu'elle ouvrit la porte, Amélia découvrit non pas un vieillard à la barbe argenté ou un professeur de métamorphose au visage sévère, mais bien une femme d'une quarantaine d'années à la coiffure compliquée retenue par une bonne centaine de barrettes. Elle portait des lunettes à la monture incrustée de pierres précieuses et sous son épaule gauche se tenait un grand sac à main en peau de serpent.
- Bonjour, déclara-t-elle en laissant entrevoir trois dents en or de sa bouche. Vous êtes Amélia De Ronsard?
- Heu… Amélia Faris…
Elle entra immédiatement sans être invitée dans la maison. Elle regarda à présent autour d'elle.
- C'est la même chose! Je vois que Mrs. Figg est toujours en adoration avec les chats, dit la femme avec un petit air de dégoût.
Elle avait une robe rouge sang et des ongles très longs de la même couleur que sa robe. Elle s'installa sans plus attendre au salon. Amélia ignorait si c'était adéquat d'avoir fait entrer cette mystérieuse dame.
- Pardon, mais qui êtes-vous? lança Amélia à la dame qui prit devant elle un bonbon rose dur.
- Ha! Désolée, où avais-je la tête? Je suis Rita Skeeter reporter à La Gazette du sorcier. Je viens pour faire un article sur ce qui t'es arrivé récemment.
- Et vous connaissez Mrs. Figg? demanda Amélia incertaine.
- Arabella ? Bien entendu voyons ! admis Skeeter de bonne humeur. C'est une vieille copine.
Amélia eut un grand soulagement. Elle s'assit près de Rita sans plus attendre.
- Si ça ne te dérange pas Amélia, je vais utiliser une plume à papote.
Rita Skeeter sortit de son sac en peau de serpent une grande plume d'un vert criard, ainsi qu'un rouleau de parchemin qu'elle déroula et qu'elle posa sur la table du salon.
- Vous êtes prête pour l'entrevue?
- Heu…Je ne sais pas si c'est une bonne idée Madame…
- Le monde doit savoir Amélia et c'est toi qui détiens toute l'information et ne me dis pas que tu n'as pas envie de te débarrasser de ce lourd fardeau.
- Vous avec peut-être raison Madame, avoua Amélia un peu indécise.
- Essai… Je suis avec Amélia De Ronsard dans la maison de Mrs. Figg.
Immédiatement après que Rita Skeeter eut fini de parler, la longue plume se mit à écrire seule. Amélia aperçut ce qui était apparu sur le parchemin :
Rita Skeeter, la plus douée des reporters, fait la connaissante de la très jolie Amélia De Ronsard dans la maison très colorée de l'imprévisible Mrs. Arabella Figg.
- Bon alors Amélia, raconte-moi comment Morgause a fait pour entrer chez vous ?
Alors qu'Amélia n'avait rien dit, la plume verte s'était mise à écrire.
- Heu… Elle est restée chez moi tout l'été. Elle était la petite amie de mon père, raconta-t-elle sans difficulté, elle a donc attendu le bon moment pour essayer de nous tuer. Elle m'avait envoyé porter un livre et quand je suis arrivé chez moi, elle s'en était prise à mon père.
- Intéressant… Et est-ce qu'elle était gentille avec vous deux?
- Elle était gentille avec mon père, mais moi je devais subir tout ce qui était le pire. Je faisais des courses pour elle, je faisais le ménage, je devais la servir… C'était affreux et je ne l'ai jamais aimé, elle n'était qu'une petite prétentieuse, avoua Amélia sans peser ses mots.
- Comment avez-vous fait pour rester en vie?
- J'ai… J'ai… Je n'en sais rien, je me suis évanouie alors je ne peux pas vous raconter ce qui c'est vraiment passé.
- D'accord, te considères-tu comme une héroïne ?
Amélia fronça les sourcils.
- Non! Pas du tout, j'ignore ce qui c'est passé et ce n'est sans doute pas moi qui aie sauvé mon ami. Quelque chose d'étrange s'est produit…
- Parlez-moi de votre tante Lobélia…
- Heu... Je ne l'ai pas connue, mais tout le monde dit que je lui ressemble.
- En effet… Croyez-vous qu'elle ait trahi votre mère?
- Sûrement pas! Elle n'était pas du côté de Voldemort comme vous le semblez le reconnaître, gronda Amélia.
- Est-ce que vos parents vous manquent, qu'aimeriez-vous qu'ils disent de vous aujourd'hui?
Amélia en avait assez des toutes ses questions et n'aurait pas pour tout l'or du monde répondre à cette question absurde. Elle n'avait pas entendu Mrs. Figg entrer.
- SORTEZ IMMÉDIATEMENT de ma maison, espèce de vieille chipie, gronda Mrs. Figg en jetant ses sacs sur le sol.
Rita Skeeter ramassa ses affaires en vitesse et se dirigea vers la porte de sortie.
- Heureuse de vous revoir de bonne humeur Figgy! émit Rita en sortant.
- Dehors ! cria-t-elle. Ne revenez plus ici, sinon le ministère se fera une joie de s'occuper de vous.
Amélia était restée assise sans rien dire. Elle venait de faire une grosse bêtise et elle le savait très bien. Mrs. Figg arriva devant elle en mettant ses mains sur les hanches et en prenant bien soin d'observer Amélia avec ses grands yeux.
- Je m'excuse, j'ignorais que vous ne l'aimiez pas… Je n'aurais jamais ouvert la porte dans ce cas. Elle est entrée en un éclair et elle disait vous connaître.
- Bien entendue! Tout le monde la connaît. C'est cette vieille rate qui écrit des articles pour détruire la vie des gens. J'espère que tu n'as pas répondu à beaucoup de questions… Elle va se faire un plaisir de tout déformer ce que tu as dit.
Amélia se donna une tape dans le front en s'apercevant aussitôt qu'elle avait été si naïve et imprudente.
- Que je suis bête! Vraiment bête!
- Allons, tu ne pouvais pas savoir, mais tient toi à n'ouvrir la porte à personne ici, car tu pourrais tomber sur n'importe qui… que cela te donne une leçon. J'espère pour toi que l'article de cette pimbêche ne te décevra pas trop. Ne t'inquiète pas pour ça, il ne sert à rien de faire une taupinière d'une montagne. Tu devrais plutôt aller écrire à Olivier Dubois et lui dire tout ce que vient de ce passer.
Amélia avait écrit une lettre à Olivier immédiatement après que Mrs. Figg lui avait suggéré. Sa plus grande angoisse était de voir l'article de Rita Skeeter dans La Gazette du sorcier très bientôt. Elle imaginait le pire. Elle prit soin de d'écrire à Olivier que rien ne serait vrai dans La Gazette du sorcier à son sujet.
Deux jours plus tard, son hibou Boo Boo lui apporta une grande enveloppe blanche. Quelques plumes dorées de Boo Boo étaient retournées à cause du vent qui soufflait très fort à l'extérieur. Amélia sourit immédiatement en le voyant, elle lui caressa doucement la tête, lui prit l'enveloppe et lui donna un peu de miam-hibou. Un joli petit hululement se fit entendre dans la chambre d'Amélia. Elle déchira l'enveloppe et commença à lire la lettre :
Chère Amélia,
J'ai appris ce qui s'était passé et je dois dire que j'étais très inquiet pour toi. J'ai reçu un hibou pour me dire de ne pas t'envoyer de hibou et de te laisser tranquille, mais je n'ai pas pu résister, il me faut de tes nouvelles. De plus, j'ai la surprise de ma vie lorsque j'ai vu dans La Gazette du sorcier qu'un article t'était consacré. Il faut dire que c'est un peu étrange et que je ne crois pas vraiment cet article. Il est vrai que tu dois être très triste et déroutée par ce qui s'est produit dernièrement, mais tout le monde connaît Rita Skeeter, elle en met plus qu'il n'en faut à mon avis. Donne-moi de tes nouvelles le plus vite possible et laisse-moi te dire que j'ai bien hâte de te voir.
Bye bye
Adrian Pucey
P.-S. Prends soin de toi.
Adrian Pucey était un élève de Serpentard un peu différent des autres. Il n'était pas méchant et il adorait être aux côtés d'Amélia pour l'aider ou discuter. Elle était bien contente que Adrian ne croie pas à cet article. Amélia était quand même un peu déçue de ne pas avoir reçu de réponse d'Olivier, mais la lettre de Pucey lui remontait un peu le moral. Maintenant qu'Adrian parlait de La Gazette du sorcier, il fallait à tout prix qu'elle se procure un exemplaire. Elle sortit de sa chambre en courant et dévala les escaliers. Elle manqua frapper deux chats qui jouaient en bas de l'escalier, mais continuait jusqu'à la cuisine où Mrs. Figg se tenait là, journal à la main.
- Déjà Amélia! Cette vieille rate n'a pas perdu de temps ! lança Arabella en colère.
Amélia commença à être agitée.
- Qu'est-ce que ça dit ?
Arabella tendit le journal à Amélia.
L'article ne parlait pas beaucoup de ce qui était arrivé à son père, mais quatre autres pages étaient consacrées à sa tante Lobélia. Tout ce que Amélia avait dit avait été déformé.
« ….j'étais jalouse de Morgause, car elle m'avait volé mon père, j'aurais voulu l'avoir pour moi toute seule. Je ne voulais surtout pas qu'elle s'installe chez moi et faire comme si elle était ma mère. »
« Je suis en quelque sorte une héroïne, car j'ai sauvé la vie du garçon qui était avec moi. Il m'en est très reconnaissant, j'en suis certaine. Je sais que j'ai eu beaucoup de chance, mais c'est grâce à ma force de caractère qui me fait tenir bon. »
« Ma tante est sûrement morte et c'est bien fait pour elle ! Elle n'avait pas à trahir ma mère… »
Toute l'entrevue n'avait servi à rien, puisque Rita Skeeter aurait bien pu tout inventer sans avoir interviewé Amélia. Amélia tenait toujours le journal lorsque Arabella arriva de nouveau avec quelque chose dans les mains. C'était une enveloppe rouge.
- Je crains que cet article ne te crée des ennuis encore une fois… Voilà une lettre pour toi, dit Mrs. Figg.
- Une lettre ? Génial, ça vient peut-être de Olivier cette fois-ci, s'exclama-t-elle joyeuse.
- Bien, je ne crois pas ma chérie! Ceci est une Beuglante et si tu ne l'ouvres pas vite, elle risque d'exploser et ce sera bien pire.
- Ha non ! balbutia Amélia en regardant la jolie enveloppe rouge, pas encore des ennuis. Bon, si je n'ai pas le choix, voyons ce qu'est une Beuglante. Ça ne doit pas être si horrible que ça.
Amélia commença à ouvrir l'enveloppe en tremblant quelque peu. Mrs. Figg alla se réfugier derrière le comptoir ce qui épeura davantage Amélia. La lettre lui parut exploser entre ses mains.
COMMENT AVEZ-VOUS PU ENTRAÎNER MON PETIT GARÇON DANS VOS HISTOIRES? S'IL N'AVAIT PAS ÉTÉ CHEZ VOUS, MON FILS SERAIT EN PARFAITE SANTÉ, MAIS IL A FALLU QU'IL SE BLESSE À CAUSE DE VOUS. JE NE VEUX PLUS VOIR MON GARÇON TRAÎNER AVEC UNE MOLDUE DE VOTRE GENRE!
Amélia n'avait jamais entendu la voix de Mrs. Dubois, mais avec ses hurlements, elle savait à présent à quoi s'attendre. Les hurlements étaient si forts que tous les chats près de la cuisine se sont vite enfuis au premier étage. Amélia ne se sentait pas très bien, elle avait reculé de plusieurs mètres.
…OLIVIER A TOUTE UNE CARRIÈRE DE JOUEUR DE QUIDDITCH, SI J'APPRENDS QU'IL SE BLESSE ENCORE À CAUSE DE VOUS, J'ENVOIE LE MINISTÈRE À VOS TROUSSES. RIEN NE SERT DE LUI ÉCRIRE, JE NE LE PERMET PLUS DE VOUS RÉPONDRE, EST-CE BIEN CLAIR? DE PLUS, VOUS VOUS VANTEZ QUE VOUS ÊTES UNE HÉROÏNE DANS LA GAZETTE DU SORCIER, VOUS N'ÊTES RIEN DE PLUS QU'UNE MOLDUE QUI A LA TÊTE ENFLÉE. POUR UNE DERNIÈRE FOIS, JE VOUS DIS DE LAISSER MON PETIT GARÇON TRANQUILLE!
