Attention voici l'amorce des premières révélations...

Daniel s'avança vers Germain Lefevre, et Amélia en fit de même.

- Bonjour monsieur Lefevre, dit-il en lui serrant la main. On vient de la part de François Granduc.

- François ? s'étonna Lefevre.

Un léger sourire apparut sur son visage ce qui le rendit tout à coup beaucoup plus sympathique.

- Ca fait longtemps que je ne l'ai pas vu… Vous le connaissez bien ?

- En fait, c'est mon grand-père, avoua Daniel.

- Ho ! s'exclama Lefevre.

On voyait nettement dans son regard un changement significatif. En effet, la seconde d'avant, il les aurait mis dehors violemment, mais à présent, il était prêt à les accueillir sous son toit, comme le ferait un père.

- Tu dois être Daniel alors…

- Oui, et je vous présente Amélia, ma…

Il se tourna vers elle, et pour la première fois depuis leur baiser, leurs yeux se croisèrent pendant une fraction de seconde. Amélia n'esquissa pas un seul sourire, se sentant gênée.

- Une amie, poursuivit-il en reportant son attention sur Lefevre.

Ce dernier eut un léger sourire, qui, visiblement, signifiait qu'il avait compris la situation entre eux deux.

- Bonjour à vous ! affirma-t-il pour combler le silence et la gêne qui s'installait. Daniel, toutes mes condoléances pour ton frère… J'ai appris la nouvelle il y a quelques jours, je suis désolé…

Tandis que Daniel le remerciait chaleureusement, Amélia fut comme ramenée à la réalité. Mais qu'est-ce qu'il lui avait pris d'embrasser Daniel ? Quelques semaines auparavant, elle se trouvait dans les bras de Thomas, et maintenant qu'il était mort, elle embrassait son frère. Elle regretta ce qui venait de se passer, elle n'aurait pas dû…

Et pourtant, une petite voix dans sa tête lui disait qu'elle n'avait pas à se sentir coupable, que Thomas aurait voulu qu'elle soit heureuse. Sans parler de ce sentiment de bonheur qui l'avait envahi lorsque leurs lèvres s'étaient frôlées… Comment l'oublier ?

- Amélia ? la coupa soudain Daniel.

Il se trouvait un peu plus loin devant elle, et Germain Lefevre n'était plus là. Elle le regarda dans les yeux, et ce frisson qu'elle avait ressenti à plusieurs reprises la traversa à nouveau. Maintenant elle savait que ce n'était pas dû à un courant d'air…

- Tu viens ? continua Daniel qui la fixait.

- Ouais…, dit-elle un sourire sur les lèvres.

Elle le suivit alors à travers les étagères, et aperçut Lefevre qui les conduisait sûrement vers les documents qu'ils recherchaient.

- A propos d'avant…, commença Daniel.

Amélia se doutait qu'il allait en reparler, et avant de dire quoi que ce soit, elle préféra le laisser s'expliquer, savoir ce que lui ressentait.

- Je suis désolé, je n'aurais pas dû…, s'excusa-t-il. Je… C'était une erreur…

Une erreur ? Comment ça « une erreur » ?

- Je ne sais pas ce qui m'a pris… On est ami… Et puis Thomas…

- Laisse Thomas où il est, tu veux ? s'emporta Amélia en lui attrapant le bras. Alors on oublie, c'est ce que tu proposes ?

- Je… Ben…, bafouilla Daniel, ne sachant visiblement pas comme réagir au comportement d'Amélia.

Elle aurait tout imaginé de Daniel, mais sûrement pas qu'il fasse marche arrière. A vrai dire, depuis le début, elle avait toujours senti qu'il voulait être bien plus qu'un ami pour elle, mais elle n'avait jamais pu se l'avouer, ni même lui céder. Pourtant là, elle lui avait rendu son baiser, n'était-ce pas suffisant pour qu'il comprenne qu'elle aussi ressentait quelque chose pour lui ? Visiblement, non ! Il préférait même reculer.

- Pourquoi tu m'as embrassée ? demanda-t-elle directement.

- Je ne sais pas… J'en avais envie… Mais c'était une erreur…

Une erreur ? Mais il n'avait que ce mot à la bouche ! En quoi s'embrasser peut-il être une erreur ? A moins qu'il ne ressente absolument rien pour elle, dans quel cas, effectivement, c'est une grosse erreur…

- D'accord, c'était une erreur, on oublie, on efface tout…

Elle avança d'un pas rapide le long de l'étagère, décidée à ne pas se retourner. Daniel ne la suivait pas, il resta planter, réfléchissant, sans aucun doute. En effet, quelques secondes plus tard, il la rejoint, et à son tour, lui attrapa le bras :

- C'est pas une erreur pour toi ?

- Si évidemment, d'ailleurs ça m'arrive souvent d'embrasser des hommes par erreur…

Daniel n'eut pas le temps de comprendre l'ironie de cette remarque, puisque Germain Lefevre les interrompit, à nouveau.

- Bon, vous les voulez ces documents ou pas ?

- Oui, oui ! s'exclama Amélia qui le rejoignit au bout de l'allée.

Elle avait bien l'intention de finir cette discussion, mais plus tard. A présent, elle devait se concentrer sur la chose qu'elle était venu faire ici, sa mère.

S'approchant de Germain Lefevre, elle aperçut une table avec de nombreux documents posés dessus. Ce dernier lisait un bout de papier, qui visiblement, semblait important. En effet, il le tendit à Amélia.

- C'est tout ce dont on a connaissance sur Lucia Martin.

Le papier ressemblait à un acte civil, avec le nom, le prénom, la date et le lieu de naissance… Elle survola toutes ces informations, et fut forcée de constater que sa mère ne lui avait pas menti là dessus. A la dernière ligne, il était indiqué qu'elle avait eu ses examens de septième année haut la main.

- Et après ? interrogea Amélia, avide de connaître la suite, ce qu'elle ne savait pas.

- Il n'y a rien d'autre…, avoua Lefevre.

- Rien ? répéta-t-elle.

- Rien ! On dirait qu'elle s'est évanouie dans la nature… Ni mariage, ni enfant, ni événement majeur, rien du tout.

- Mais ce n'est pas possible ! s'exclama Amélia en se tournant vers Daniel.

Lui non plus n'y croyait pas. Sans ces informations précieuses, ils retournaient à la case départ.

- Je ne l'explique pas, avoua Lefevre. Peut être qu'elle a déménagé dans un autre pays, ce qui expliquerait le manque d'information. Mais même dans ce cas, nous recevons un document qui nous le signale. Et là, il n'y en a pas…

Tout trois restèrent pensif. Amélia ne savait vraiment pas comment elle pourrait faire pour en apprendre d'avantage sur sa mère. C'était perdu d'avance.

- Puis-je vous demander pourquoi vous vous intéressez à cette femme ? demanda subitement Lefevre.

Daniel ne lui avait pas tout expliqué, simplement qu'il avait besoin d'information sur elle. Il fut donc tout naturel que Lefevre finisse par poser cette question.

- C'est ma mère, expliqua Amélia, enfin je pense que c'est elle. Pour en être sûre, je dois avoir le reste des informations.

- Je comprends…

- Seulement là, on est dans une impasse. Je n'ai aucun renseignement sur sa vie après Beauxbâtons et personne ne se souvient d'elle.

- Et votre père ? demanda Lefevre.

Elle n'y avait pas pensé : peut être que son père était un sorcier, peut être qu'ils trouveraient des documents sur lui qui les aiderait.

- Marc Walter. Vous pourriez voir si vous trouvez quelque chose ?

Germain Lefevre s'exécuta immédiatement, ferma les yeux, puis prononça une formule. Rien ne se passa, mais il recommença. Enfin, le visage déconfit, il rouvrit les yeux.

- Je suis désolé, mais ce nom n'existe pas dans nos archives.

- Ce n'était pas un sorcier ? questionna Amélia.

- Soit il était moldu, soit comme votre mère, il n'existe rien sur lui. Mais il est impossible pour un sorcier de ne pas avoir sa naissance répertorié ici, donc je suppose qu'il était moldu.

Au moins une chose dont elle pouvait être certaine : son père était un moldu. Ca expliquait peut être pourquoi sa mère n'avait rien dit, peut être qu'elle avait peur de la réaction de son mari, tout comme Thomas avait peur de celle d'Amélia…

- Je ne peux pas d'avantage vous aider. J'aurais aimé en faire plus, affirma Lefevre.

Elle aussi souhaitait qu'il en fasse plus, mais il ne pouvait pas inventer un dossier qui n'existait pas.

- Peut être que j'ai une solution, lança soudain Daniel qui n'avait pas prononcé un mot depuis le début.

Amélia avait même oublié sa présence tellement elle était concentrée sur les révélations de sa mère. Elle se retourna vers lui, surprise.

- Ludovic GrandJean, prononça-t-il.

- Qui ? interrogea-t-elle.

- Ludovic GrandJean, répéta-t-il. Il était ami avec ta mère à Beauxbâtons, peut être qu'ils ont continué à se voir après. S'il est toujours vivant et qu'on le retrouve, il pourra nous apprendre ce qu'on veut savoir.

Son raisonnement n'avait rien d'idiot, au contraire, c'était la dernière piste qu'il leur restait. Maintenant, il fallait espérer qu'ils trouveraient des documents se rattachant à lui.

- Vous pouvez regardez ? demanda alors Amélia à Germain Lefevre.

Il acquiesça, et ferma les yeux. Comme auparavant, il prononça une formule. Rien ne se passa, attendant quelques secondes, puis soudain, un papier vola en direction de Lefevre. Il rouvrit les yeux, et l'attrapa au vol.

- Voilà ce que vous cherchez…, dit-il en leur tendant le document.