Amélia n'en croyait pas ses yeux. Elle avait face à elle, Gabrielle Delacour, la Gabrielle Delacour, celle dont Thomas et Daniel lui avait tant parlé. Elle ne paraissait pas méchante, mais soudain, Amélia la regarda d'un air différent, comme si elle venait de découvrir le diable sous la belle et sympathique jeune fille. Son sourire, qui quelques secondes auparavant, lui semblait sincère, lui apparut hypocrite, et elle ne put s'empêcher de le détester.

- Amélia ? demanda-t-elle. Est-ce que ça va ?

Visiblement, elle avait lu la haine qui se dessinait dans les yeux d'Amélia, ce qui semblait l'étonner.

- Gabrielle, laisse nous maintenant…, intervint Daniel en prenant Amélia par la main, pour la tirer vers la cheminée.

Mais Amélia n'avait pas l'intention de bouger, au contraire. La responsable malgré elle de la mort de Thomas se trouvait devant elle, elle n'allait tout de même pas s'en aller, la laissant là. Non, elle devait lui parler. Mais pour lui dire quoi ?

- Dany chéri, je me souviens d'un temps où j'étais Gaby, ta bien aimé, pourquoi tant de haine ?

- Arrête de m'appeler Dany ! s'énerva Daniel.

Amélia non plus n'appréciait pas ce surnom, mais pas parce qu'il venait de Gabrielle, non, simplement parce qu'elle sentait qu'un jour, ils avaient été très proche tout les deux. Peut être était-ce une pointe de jalousie…

- Tous ça c'est du passé ! J'étais jeune et naïf… Mais maintenant c'est fini, je ne me fais plus avoir par ton sourire hypocrite et tes faux airs d'amitié.

- Amélia, lança Gabrielle en ignorant Daniel. Tu ne crois pas Dany, quand même… Voyons, j'aimerais bien qu'on fasse connaissance, tu vaux bien mieux que lui.

Amélia la regarda, étonnée, et sans pouvoir se contrôler, un fou rire la parcourut. Gabrielle ne comprenait pas ce qui se passait, elle fixait son interlocutrice qui riait sans s'arrêter. Daniel, de son côté, ne trouvait pas cela drôle, il faisait une tête d'enterrement, aussi perdu que Gabrielle fasse à ce rire, la colère en plus.

- Gaby, s'exclama Amélia en prenant la même expression que Gabrielle et en calmant peu à peu son fou rire. Je peux t'appeler Gaby ? On va dire oui… donc Gaby, je sais bien que je vaux mieux que Daniel voyons ! Ce n'est pas un scoop !

- Quoi ? s'exclamèrent Gabrielle et Daniel en même temps, tout les deux surpris par cette révélation.

Gabrielle sourit, et en profita pour entrer peu à peu dans le jeu d'Amélia, sûrement pour se rapprocher encore d'avantage d'elle. Daniel, quant à lui, s'étonna, ne comprenant visiblement pas ce qu'il se passait :

- Amélia, mais qu'est-ce que tu racontes ? prononça-t-il.

- La vérité mon cher…, répliqua Amélia avec un petit sourire sur le visage, je suis meilleure que toi !

- Mais tu… je… enfin… qu'est-ce qui t'arrive ?

Gabrielle se redressa, fière d'elle, et s'avança vers Daniel. Amélia se retrouva derrière elle, toujours en train de rire.

- Elle a seulement choisi son camp ! balança Gabrielle au visage de Daniel, qui ne savait plus quoi faire.

- C'est vrai, je l'ai choisi…, approuva Amélia.

Daniel ne pouvait pas y croire, Amélia et Gabrielle, amies. C'était invraisemblable. Mais pourtant vrai, puisque Gabrielle prit Amélia par la taille, et l'emmena un peu plus loin. Il resta là, à les fixer, se croyant dans un cauchemar.

Amélia se retourna alors, lâcha Gabrielle, et lui dit au milieu du hall de ministère de la magie :

- Je suis bien contente de t'avoir rencontré Gaby, imagine, j'aurais pu sortir du ministère sans te voir…

- Oui, je suis d'accord… Alors parle moi un peu de toi…

- Non, interrompit-elle.

- Non ?

- Non, il faut d'abord que je te dise quelque chose…

- Quoi ? se redressa Gabrielle, un énorme sourire sur ses lèvres, prête à entendre toutes les révélations d'Amélia.

- J'ai un scoop pour toi… Mais je ne sais pas si tu vas me croire…

Amélia fit comprendre à son amie de se rapprocher, et de tendre l'oreille. Gabrielle n'hésita pas, l'excitation l'envahissant, et Amélia murmura calmement :

- Je mens très bien… Tu n'imagines pas à quel point…

Et c'est là, que sans y prendre garde, la joue bien tendue vers Amélia, Gabrielle reçut un coup de poing en plein dans les dents. Cela la fit trébucher en arrière, et elle se retrouva sur le sol, les deux pieds en l'air, toute décoiffée.

- T'ES QU'UNE SALOPE ! cria Amélia en la pointant du doigt. NE T'APPROCHE PLUS JAMAIS NI DE MOI NI DE DANIEL, SINON TU LE REGRETTERAS !

Sur ces paroles, elle rejoignit Daniel qui, à son tour, n'en croyait pas ses yeux. Amélia venait bel et bien de frapper Gabrielle, et même elle, avait du mal à se rendre compte de ce qu'elle venait de faire. Le hall parut soudainement tout calme, les visages des sorciers tournés vers eux, s'arrêtant dans leur course. Mais Amélia les ignora.

- Alors on y va ? sourit-elle à Daniel en passant à côté de lui.

- Oui, évidemment…

Elle entra dans la cheminée, prit la poudre, et avant de la lancer dans l'antre, eut juste le temps de voir Gabrielle se relever pour lui crier :

- Je te ferais regretter ça !

Puis elle aperçut cette lumière aveuglante, et tourbillonna dans la cheminée, jusqu'à sa destination : la demeure où devait habiter Ludovic GrandJean.

- Tu refais ça quand tu veux ! s'exclama Daniel en la rejoignant de l'autre côté.

Elle ne lui répondit pas, se contentant d'un petit sourire. Elle aussi était fière de ce qu'elle venait de faire, et même si son poing lui faisait mal, elle ne le regrettait pas. Cette Gabrielle avait bien besoin d'une leçon.

- Je ne t'en croyais pas capable, avoua Daniel, tu es vraiment génial...

Leurs regards se croisèrent, et de nouveaux frissons parcoururent le corps entier d'Amélia. Elle se sentait attiré par lui, tout le reste n'ayant aucune importance. Ils s'approchèrent lentement l'un de l'autre, puis sans l'avoir prédis, ils échangèrent leur second baiser. Plus tendre que le premier, il fut aussi plus bref, puisqu'une voix, ou plutôt un raclement de gorge les interrompit.

Ils tournèrent leurs visage vers ce bruit, pour apercevoir un jeune garçon d'une quinzaine d'année.

- Bonjour, dit-il en s'étonnant de les voir. Qui êtes-vous ?

Amélia regarda alors Daniel, qui la tenait encore par la taille, et il se sentit immédiatement gêné. Il la lâcha, mettant un mètre de distance entre eux. Amélia secoua la tête, mais ne préféra rien dire : encore une fois, il fuyait ce qui venait de se passer.

- Bonjour, affirma Amélia en tendant sa main au garçon. Je suis Amélia Walter et voici Daniel Granduc.

Visiblement, elle ne lui faisait pas peur, vu qu'il lui serra la main. Cela supposait qu'il était lui même un sorcier, car voir débarquer des gens inconnus par sa cheminée, effrayerai n'importe quel moldu.

- Nous sommes bien au 12, impasse des murs à Paris ? poursuivit Amélia en regardant la pièce dans laquelle ils se trouvaient.

- Oui, répondit le garçon confiant.

Il s'agissait d'un salon, plutôt luxueux, avec une décoration digne d'un château. Un lustre immense se balançait au dessus d'eux, avec juste en dessous un magnifique canapé en cuir noir. De nombreux tableaux et babioles se trouvaient le long des murs, donnant un aspect de luxe encore plus intense. Pendant un instant, Amélia se surprit même à se demander ce que ce garçon, habillé en pull et jeans, pouvait faire dans un endroit pareil.

- Que voulez-vous ? questionna-t-il.

- En fait, on recherche quelqu'un qui aurait habité ici, il y a quelques années… Ludovic GrandJean.

- Oui, c'est mon père, affirma le garçon.

Un sourire envahit immédiatement le visage d'Amélia, qui se tourna vers Daniel. Mais celui-ci, sûrement encore en train de penser à leur second baiser, ne daigna même pas la regarder.

- Vous voulez le voir ? demanda naturellement le garçon.

- Oui… Oui évidemment ! s'excita Amélia.

Elle n'arrivait pas à y croire, elle allait pouvoir parler à Ludovic GrandJean, alors qu'elle avait imaginé encore bien des complications avant de le retrouver.

- Papa ! cria le garçon en se dirigeant vers la sortie de la pièce.

- Quoi ? répondit une voix provenant de plus loin dans la maison.

- Il y a des gens pour toi à la cheminée !

- Des gens ? Qui ça ?

- Amélia Walter et Daniel Granduc…

Des bruits de pas se firent alors entendre, et un homme entra dans la pièce.