Chapitre 7
La lettre maudite
Comme l'année dernière, Amélia prit les diligences pour se rendre au château. Elle dut se l'avouer, elle avait le tract. Elle savait bien que Dibey ne serait pas la seule à avoir lu la Gazette du Sorcier et ne voulait surtout pas se rappeler qu'elle était une pauvre orpheline. De plus, sa plus grande préoccupation était Olivier Dubois. Amélia avait besoin de lui parler au plus vite, en fait, elle ne savait pas si elle était toujours sa petite amie. Elle aurait bien voulu comprendre, mais quelque chose lui disait que sa mère avait joué un grand rôle dans l'histoire. Elle prit le temps de saluer Dibey avant de disparaître à l'extérieur de sa diligence. Amélia entra dans le Hall de Poudlard. Elle aperçut d'abord Katie Bell près du grand escalier de marbre. Elle n'avait pas du tout changé, toujours les mêmes cheveux longs, le sourire élargi et surtout accompagné de près par Angelina et Alicia. Katie se retourna vers Amélia qui était immobile près du Hall et prit la peine de la rejoindre immédiatement.
- Amé! Tu m'as manqué! déclara Katie le visage rayonnant.
Cette phrase aurait dû lui faire plaisir, mais Amélia ne réussit pas à y mettre de l'enthousiasme.
- Toi aussi tu m'as manqué, tu aurais dû m'écrire au moins pour que j'aie de tes nouvelles.
Katie parut aussitôt mal à l'aise. Angelina et Alicia n'osaient pas non plus s'approcher des deux jeunes filles.
- Bien, je ne voulais pas te déranger avec tout ce qui s'est passé…. déclara Katie la mine basse.
- Justement, j'aurais eu besoin de soutien, déclara Amélia un peu frustrée.
Katie poussa un soupir.
- À vrai dire, je ne savais pas comment réagir, tout c'est passé si vite et quand j'ai reçu la nouvelle, j'ai eu très peur pour toi. Je ne voulais surtout pas te laisser tomber, crois-moi, ajouta-t-elle sincèrement.
- Je comprends, ce n'était pas vraiment génial… répondit Amélia. Ne t'en fait pas pour moi et allons plutôt voir cette fameuse cérémonie que tout le monde parle.
Les deux filles déposèrent leurs bagages et allèrent dans la Grande Salle sans s'échanger de regards et sans dire un mot. Elles prirent place à leur table respective pour voir la Cérémonie de Répartition. Amélia regarda la table des professeurs, elle remarqua immédiatement le nouveau professeur de Défense contre les Forces du Mal. Il portait grande robe de sorcier d'un vert émeraude et avait sur la tête un petit chapeau pointu qui lui donnait l'air cordial. Elle donna un coup de coude à Brenda Folldur, une fille de cinquième année, qui était assise à côté d'elle pour savoir qui était le charmant jeune homme à la table des professeurs.
- Tu plaisantes ou quoi ? C'est le plus extraordinaire, magnifique excellent sorcier de toute la planète! s'exclama Brenda avec passion et admiration.
Katie se retourna alors vers Amélia.
- Il a accompli plein de choses, tu devrais avoir pourtant avoir acheter sa collection complète pour le cours de Défense, ajouta Katie dans l'énervement du moment.
- heu… je n'ai rien vu de tout cela, c'est Dumbledore qui s'est occupé de faire les courses. Alors, c'est quoi son nom? demanda Amélia sans hésiter.
- Gilderoy Lockhart, il a vaincu le spectre de la mort, gagner le prix du plus beau sourire dans Sorcière Hebdo trois fois….haaa, il est merveilleux, beau…. continua Brenda dans sa rêverie.
Amélia se tourna donc vers Katie pour lui faire signe que Brenda Folldur devait être un peu cinglée. Pour la première fois depuis son arrivée, toutes les deux rirent un peu.
Amélia salua les autres Gryffondor, mais s'aperçut très vite qu'ils étaient mal à l'aise. Elle fut bien contente de revoir Alphus, Billy, Eric, mais son regard s'attarda à un jeune homme seul. Olivier Dubois était assis plus loin la mine basse. Elle aurait tant voulu qu'il la regarde ou lui dise quelques mots. Encore une fois, elle fut déçue, il ne sembla pas vouloir lever la tête. C'était un comportement très étrange, puisque Amélia ne lui avait rien fait, du moins elle espérait qu'il ne lui en voulait pas pour ce qui lui était arrivé. C'est à cet instant qu'elle fut contrainte de croire que leur histoire d'amour était bel et bien finie.
Elle était bien contente de revoir à nouveau la cérémonie de répartition. Le professeur McGonagall déposait d'abord le vieux choixpeau (qui l'avait conduit à Gryffondor) sur un tabouret et elle nommait ensuite les élèves de première année un par un. Amélia fut surprise de constater à quel point beaucoup d'entre eux tremblaient. Ils avaient tous l'air timide et cela se montra très mignon. Plusieurs élèves, cette année, se sont dirigés à Gryffondor, dont la petite sœur des jumeaux Weasley, Ginny. Ginny était toute petite et avait les cheveux d'un rouge flamboyant et ressemblait quand même beaucoup à ses frères avec ces tâches de rousseur au visage. Les jumeaux s'étaient aussitôt laissés emporter :
- Youhouuuuuuu Ginny tu es ma petite sœur adorée! Gryffondor, mon dieu la petite Ginny déjà à l'école…
Ginny avait aussitôt pris un teint écarlate et alla s'asseoir aux côtés de Percy qui admirait sans cesse son badge de Préfet en chef. Les jumeaux se précipitèrent sur elle sans attendre. Après la cérémonie, Dumbledore présenta Gilderoy Lockhart. Il eut un tonnerre d'applaudissements de la grande majorité des filles de l'école lorsque celui-ci salua de la main en souriant tous les élèves. Amélia tomba sous son charme immédiatement, il était tout simplement trop craquant.
- Katie, je crois que je vais lire tous ses livres, dit Amélia perdue dans ses pensées.
- Il n'y a pas une minute à perdre, ajouta Angelina émerveillée par Gilderoy Lockhart.
Bien que cette petite distraction parut faire plaisir à Amélia, elle ne perdit pas une seconde pour regarder de nouveau Olivier. Lorsqu'enfin son regard croisa le sien, il détourna automatiquement la tête, ce qui provoqua un sentiment de tristesse et de solitude chez Amélia. Katie avait eu le temps d'observer la scène.
- Ne t'en fais pas, il est fait pour toi, tout devrait s'arranger bientôt. Amélia Faris ne peut pas être seule longtemps…
Katie n'eut pas à regarder bien longtemps Amélia, les jumeaux Weasley arrivèrent surexcités.
- Mon frère Ron et son ami Harry Potter sont arrivés à l'école avec la vieille Ford Anglia de notre père, lança George amusé. Mon frère est un vrai héros.
- Je crois que je vais aller me coucher, j'en ai assez vu, déclara Amélia à Katie.
En se levant, elle vit le professeur Rogue lui adresser un faible signe de tête pour la saluer, elle en fit de même puis elle monta seule le grand escalier de marbre en laissant entendre l'écho de ses pas derrière elle. Couchée dans son lit à baldaquin, Amélia n'avait pas du tout sommeil, elle ne cessait de penser à son père qui lui manquait tant et à Olivier qui maintenant ne voulait plus du tout lui adresser la parole. Elle était donc en colère, mais cette colère resta en elle. Elle pensa aussi à Adrian Pucey, elle n'avait même pas osé jeter un regard vers la table des Serpentard, ce qu'elle regrettait amèrement à présent. Il a toujours été présent pour elle, mais elle se sentait vraiment abandonnée maintenant. Elle savait bien que demain elle devrait affronter tous ces gens qui lui enverraient des messages de réconfort.
Dans un des cachots humides de Poudlard, tous les regards étaient tournés vers elle, comme si elle était un phénomène de foire ou une bête curieuse. Tout le monde savait à présent l'incident de l'été. Les regards que les autres élèves lui lançaient l'agaçait énormément et elle aurait préféré se cacher aussi longtemps qu'ils parleraient d'elle. Adrian qui était assis à ses côtés lui chuchota à l'oreille :
- Fait comme s'ils n'existaient pas, ce qu'ils attendent patiemment c'est que tu craques.
Amélia remonta la tête et prit tant bien que mal un air sérieux.
- C'est ça et maintenant fait leur une grimace, blagua Adrian.
Amélia émit un demi-sourire. Il savait comment lui remonter le moral.
Rogue arriva dans la classe et commença à écrire une recette pour fabriquer une potion. Rogue était plutôt injuste envers les élèves de Gryffondor et aimait bien enlever des points pour le plaisir, mais pour une raison spéciale, Amélia avait toujours eu l'attention de Rogue. Quand il eut fini d'écrire au tableau, il se retourna vers ses élèves. Rogue n'avait guère changé depuis l'année dernière, il portait toujours une longue cape noire et un costume de cette même couleur. Il faut dire qu'il n'avait jamais été coloré. Ses cheveux noirs longs et son visage cireux lui donnaient l'air d'un personnage lugubre. Pourtant, il ne l'était pas du tout du point de vue d'Amélia. Il avait toujours été gentil avec elle malgré le fait qu'elle soit à Gryffondor.
- J'ose espérer que vous êtes conscient que vous êtes près de terminer vos études à Poudlard. Alors, cette année sera très différente des autres, il vous faudra travailler dur, comme vous n'avez jamais travaillé de toute votre vie à cette école.
Rogue parlait aux élèves en avançant dans les allées. Il dû s'arrêter brusquement lorsqu'un hibou grand duc dévala dans la classe et alla atterrir près du bureau de Rogue.
- Mais qu'est-ce que ce hibou fait ici? Grogna-t-il. Il est intolérable de recevoir du courrier pendant les cours.
Rogue décrocha la lettre du pied du hibou et le fit fuir avec des mouvements de mains et un sifflement de serpent. Sa figure changea d'expression lorsqu'il lut à qui elle était destinée.
- Amélia Faris, cette lettre est pour vous! s'écria-t-il en tendant la lettre vers elle.
Amélia se sentit tout d'abord gênée de voir tous les regards se tourner de nouveau vers elle. Elle n'avait pas besoin de ça en plus d'attirer l'attention. Amélia se leva donc et alla recueillir la lettre que Rogue tenait toujours entre ses mains. Elle se demandait à présent qui pouvait bien lui envoyer une lettre à cette heure-ci. Lorsqu'Amélia reprit sa place auprès d'Adrian Pucey, Rogue continua son discours. Amélia ne reconnut pas l'écriture fine à l'encre rouge qui inscrivait son nom. Elle lut donc :
Vous vous en êtes sortie la dernière fois, mais la prochaine fois il n'y aura pas quelqu'un pour vous sauver. Le seigneur des Ténèbres reviendra vous chercher. Il prépare quelque chose, il prépare son retour. Ta mort sera brève…
Aussitôt la lecture terminée, la lettre s'enflamma et attira de nouveau les regards des autres élèves. Amélia se leva rapidement et se dirigea près de Rogue le cœur qui battait à tout rompre dans sa poitrine.
- Miss Faris ! s'écria-t-il fâché, vous dérangez la classe!
- Je m'excuse professeur, mais je dois vous parler, dit-elle en chuchotant les larmes aux yeux.
- D'accord, attendez-moi deux minutes dans mon bureau. J'ose espérer que ce n'est pas pour perdre mon temps Miss Faris.
Amélia se dirigea vers son bureau sans jeter de coup d'œil aux autres qui commencèrent à chuchoter. Ils devaient tous croire qu'elle était partie sangloter aux toilettes. Après quelques minutes, Rogue arriva dans son bureau un peu secoué.
- Écoutez Miss Faris le transport de courrier est interdit dans mon cours, il en va de même pour vous et j'ose espérer que vous avez une bonne raison de m'avoir demandé pour me parler. Le visage triste d'Amélia lui fit soudain comprendre que quelque chose n'allait pas du tout. Rogue parut aussitôt mal à l'aise face à cette situation.
- Écoutez, je ne crois pas être la bonne personne…
- C'est elle qui m'a envoyé ce hibou, c'était une lettre de menaces qui disait qu'elle allait me tuer, déclara Amélia le regard vide.
Rogue prit quelques instants avant de réaliser de qui elle pouvait bien parler.
- Vous voulez dire que Mortis vous a écrit une lettre?
- Oui, elle a osé, répondit-elle remplie de rage.
- Je crois que les mesures qu'ils restent à prendre ne seront pas de ma décision. Allons voir le professeur Dumbledore immédiatement. Il voulait vous voir après le cours, mais nous ne pouvons pas attendre davantage.
Rogue prit les devants en marchant d'un pas rapide en direction du bureau de Dumbledore. Rendu à la gargouille, il prononça le mot « Fizwizbiz ». Elle laissa place à un escalier en colimaçon que tous les deux grimpèrent sans hésiter. Quand Amélia poussa la lourde porte de chêne, elle remarqua aussitôt la mince silhouette de Dumbledore assise à son bureau le plus calmement possible. En une fraction de seconde, elle redoutait qu'on lui parle de son père ou bien pire encore, avoir affaire à une famille d'accueil. Elle avança tranquillement avec un léger mal de cœur. Dumbledore lui sourit.
- Bonjour Amélia, j'espère que vous allez bien, je ne pensais pas vous voir si rapidement.
Rogue s'interposa devant Amélia.
- Professeur Amélia a vécu quelque chose de troublant dans ma classe. Elle a reçu un hibou de la part de Mortis, en fait une lettre de menaces.
- Je pourrais voir cette lettre Miss Faris?
- Elle s'est enflammée après l'avoir lue, murmura Amélia à son interlocuteur.
- Je vois… répondit sagement Dumbledore, nous allons prendre les mesures nécessaires pour qu'un incident de ce genre n'arrive plus. Tous les courriers seront désormais inspectés. J'en parlerai avec Argus.
Dumbledore pencha sa tête vers Amélia. Son regard était sincère.
- Amélia, je sais que ces temps-ci les temps sont durs, je peux te dire que tu es une élève totalement courageuse et je ne voudrais pas te voir abandonner ce courage. Les mesures de sécurité à Poudlard sont nombreuses et il serait très rare de voir une femme comme Morgause entrer ici.
Rogue se dirigea doucement vers la porte, tandis qu'Amélia acquiesça d'un signe de tête au directeur.
- Restez ici Rogue, ce que je vais vous dire, vous concerne également. Bien la raison que je vous ai fait venir, du moins que vous deviez venir me voir est à propos du cours de potions.
Rogue fit demi-tour et revint s'asseoir aux côtés d'Amélia le visage soucieux.
- Je vous ai fait venir pour vous présenter la nouvelle assistante pour le cours de potions.
Rogue commença à bouger sur sa chaise. Il était évident que la nouvelle ne lui tenait pas à cœur.
- Je n'ai nullement besoin d'une assistante professeur. Je ne peux pas croire que vous ne m'en avez pas parlé avant d'avoir pris cette décision.
- Hé bien Severus, ne vous inquiétez pas, vous êtes très compétent comme professeur de potions. Cette décision vient tout juste d'être prise pour de bonnes raisons.
Rogue se leva sur-le-champ.
- Comment avez-vous pu me faire ça? lança Rogue énervé. Je suis le principal concerné et vous ne prenez même pas la peine de m'en parler.
Amélia n'avait aucune idée pourquoi Dumbledore l'avait fait venir. Puis soudain, elle devina. Dumbledore voulait qu'elle devienne l'assistante de Rogue. Elle se leva alors elle aussi de sa chaise.
- Non, non… non. Je ne crois pas que je détiens les qualités requises pour être son assistante, c'est ridicule!
Rogue et Amélia regardaient Dumbledore comme s'il était devenu à présent fou. Il était toujours assis calmement en train de sourire.
- Une élève n'a pas sa place comme assistance même si elle est la meilleure de sa classe! s'exclama Rogue.
