Un chapitre plus calme niveau révélations, mais plus actif niveau émotions...

Amélia et Daniel arrivèrent par la cheminée principale, se retrouvant sur le quai de la gare d'où arrivait le train pour aller à Beauxbâtons. Elle s'étonna de voir que la nuit venait de tomber, et regarda sa montre. Celle-ci indiquait 18h48. Son ventre commença à réclamer de la nourriture. Daniel, aussi surprit qu'elle de l'heure qu'il était, se tourna vers elle :

- Allons dîner, je commence à avoir faim, le sandwich qu'on a pris à midi au ministère est passé depuis longtemps ! On continuera demain, tu veux bien ?

Amélia, sans hésitation, acquiesça. De toute manière, avec le noir omniprésent, ils ne verraient pas grand chose. Ils récupérèrent alors les chevaux volants laissés à la lisière du bois, et retournèrent ainsi à Beauxbâtons, avec beaucoup moins d'appréhension pour Amélia de monter sur ces animaux. A vrai dire, elle en éprouva même du plaisir.

Une fois les bêtes à leur place, ils traversèrent le château et se retrouvèrent rapidement dans la Grande Salle. Là, les élèves et leurs professeurs étaient installés, dînant tranquillement. A leur entrée, les têtes se tournèrent, mais rapidement, on les oublia, et les bruits des discutions reprirent. Daniel s'assit auprès d'un professeur, Amélia à ses côtés.

Une heure plus tard, tout deux sortirent de table, l'estomac rempli, et se dirigèrent vers l'infirmerie, où Leroy leur avait autorisé de passer une seconde nuit. Sur leur passage, certains élèves leur souhaitèrent une bonne nuit. Amélia se sentait bien dans cette école, un peu comme chez elle. Elle s'imagina elle aussi, en train de faire ses études ici. Cela devait être passionnant d'apprendre à maîtriser la magie, même si elle se doutait que cela ne devait pas être si simple…

Finalement, ils entrèrent dans l'infirmerie. Daniel ne prononça pas un mot, et une certaine gène s'installa entre eux. En effet, depuis leur second baiser, c'était la première fois qu'ils se retrouvaient seuls juste tous les deux. Amélia ne sut comment aborder le sujet, après tout, Daniel l'avait repoussé à deux reprises… Peut être qu'il ne ressentait rien pour elle, peut être qu'elle n'était qu'une fille de plus…

Elle décida alors de ne rien dire, d'attendre qu'il fasse le premier pas : pas question d'avoir une troisième défaite. Le voyant mal à l'aise, elle s'assit sur l'un des lits et s'y allongea, comme si de rien n'était.

- Amélia ? commença-t-il enfin.

Elle se tourna vers lui, et d'un air innocent comme elle savait si bien le faire, lui lança :

- Oui ?

Il se figea sur place en la voyant ainsi, et bafouilla quelque chose d'incompréhensible.

- Laisse tomber, finit-il en se couchant à son tour, se retournant pour ne pas la voir.

Amélia se retourna à son tour, en colère par ce comportement qu'elle ne comprenait pas, mais surtout fâchée contre elle de ressentir quelque chose pour lui. On ne choisit pas qui on aime, et Amélia en faisait les frais. Si seulement Thomas n'était pas mort, pensa-t-elle, la question ne se poserait pas. A l'heure actuelle elle se trouverai sûrement quelque part, peut être chez lui, dans ses bras, en train de regarder un de ces films sans intérêt, mais pourtant heureuse d'être là…

Non, le bonheur ne devait pas être fait pour elle…

Se laissant aller dans ses pensées, elle regardait le mur où se dessinait des ombres projetées par la lune à travers le vitrail. Elle entendit une voix l'appeler, puis une silhouette de femme qu'elle connaissait bien se dessina devant elle. Tenant dans sa main une baguette, elle vit sa mère la pointer vers elle, s'exclamant :

- Je suis obligée ma chérie, pardonne moi… Avada Kedavra !

Une lumière verte s'échappa de la baguette, pour venir droit sur Amélia. Celle-ci n'eut pas le temps de réagir, à vrai dire, elle n'arrivait pas à bouger, comme si c'était inévitable. Le sort la toucha de plein fouet, et elle cria de tout son être.

Sursautant, elle se réveilla en sueur dans le lit de l'infirmerie. Ce n'était qu'un rêve…

- Amélia, ça va ?

Tournant la tête, elle aperçut Daniel qui la regardait avec inquiétude.

- Je… J'ai fait un cauchemar…

Il se leva alors, et s'assit auprès d'elle. Puis, sans prévenir, il la prit dans ses bras. Elle ne sut comment réagir face à cet élan, mais lorsqu'elle le sentit contre elle, elle ne se posa plus de question, et l'enlaça. Un frisson la parcourut, toujours le même qu'auparavant. Enfin, il s'allongea à ses côtés, se serrant l'un contre l'autre vu l'étroitesse du lit.

Elle se sentait bien, rassurée par cette proximité, oubliant totalement l'effroi de son cauchemar. Enfin, il la regarda dans les yeux, leurs visages à quelques centimètres l'un de l'autre. Un sourire apparut sur ses lèvres, puis il se rapprocha, ou du moins, il parcourut les quelques centimètres qui les séparaient. Ils s'embrassèrent d'un baiser tendre, Amélia, ne sachant plus où elle était, se laissa totalement aller.

Un rayon de soleil vint la réveiller. Doucement, elle ouvrit les yeux, et bougea un peu. C'est alors qu'un grand bruit retenti. Elle se retourna et aperçut Daniel qui venait de tomber du lit. Immédiatement, un fou rire la parcourut. Sur le sol, il faisait une mine consterné.

- C'est pas marrant ! Ils sont toujours comme ça les réveils avec toi ?

- Non, parfois c'est pire, prononça-t-elle entre les rires.

- Très amusant…

- Excuse-moi, finit-elle par dire.

Il se mit alors debout, un drap autour de la taille. S'approchant de lui, elle l'embrassa, ce qui eut pour effet de lui enlever cet mine grave.

- Bonjour quand même…, murmura-t-elle, un grand sourire sur les lèvres.

- Bonjour…

Après plusieurs baisers, il lança finalement :

- On devrait s'habiller, pas que quelqu'un entre, il pourrait s'imaginer des choses.

- Ho ! Des choses ? s'amusa Amélia. Parce qu'on n'a pas fait « des choses » peut être ?

- Si mais c'est pas ce que j'ai voulu dire…

Riant, elle rejoignit la salle de bain, ramassant au passage ses vêtements sur le sol. Finalement, plusieurs minutes plus tard, ils furent fin prêts, et sortirent en riant de l'infirmerie.

En prenant son petit déjeuner, Amélia fixait Daniel qui discutait avec l'un de ses anciens professeurs. Elle le trouvait vraiment beau, et eut l'impression que son regard sur lui avait changé. Peut être parce qu'elle l'avait vu dans le plus simple appareil… Mais il n'y avait pas que cela… Elle tenait vraiment à lui, comme si être avec lui était une évidence, comme si elle l'avait toujours su sans jamais vouloir se l'avouer.

Oui, elle l'aimait… Bien plus qu'elle ne pouvait y croire, et plus qu'elle n'avait jamais aimé Thomas…

Thomas… Comment avait-elle pu lui faire ça ? Cela ne faisait même pas un mois qu'il était mort et déjà elle couchait avec un autre. Elle ne méritait pas l'amour qu'il lui portait, elle ne valait rien. La honte l'envahit, puis se fut du regret : jamais elle n'aurait du faire ça…

C'est alors que Daniel tourna la tête vers elle, lui souriant, puis prononça :

- Ca va aller ma chérie ?

Ces quelques mots la rassurèrent. Non, Thomas ne lui en voudrait sûrement pas, il devait être heureux pour elle. Après tout, il voulait uniquement son bonheur, et aujourd'hui, c'est dans les bras de Daniel qu'elle l'avait trouvé.

- Oui, tout va bien, répondit-elle sincèrement.

C'est dans cet état d'esprit qu'elle quitta la table, se dirigeant avec Daniel vers les écuries pour se rendre devant la Porte des Choix, comme l'avait indiqué GrandJean.