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Après cette découverte, Amélia et Daniel ne trouvèrent rien de plus dans la pièce aux milles connaissances, comme ils l'avaient baptisée. D'ailleurs, ils ne parlèrent de ce lieu à personne, préférant garder cela pour eux, une sorte d'héritage que Lucia avait involontairement laissé à Amélia.
Dans la journée qui suivit, ils se rendirent au ministère de la magie, et montrèrent au Président le parchemin. Il fut au début très émerveillé, et surtout surpris par tout ce qu'Amélia lui avoua. Il décida finalement de garder cela secret, préférant éviter que le monde entier soit au courant qu'une sorcière avait réussi à devenir une moldue à part entière. Mais surtout, Daniel le soupçonnait d'avoir peur. Si une telle information circulait, des personnes malfaisantes pourraient trouver la composition de la potion, et la créer. Ils deviendraient alors une terrible menace si jamais la potion avait sur eux le même effet que sur Amélia. Un risque que le Président n'était visiblement pas prêt à prendre.
Amélia lui expliqua ensuite son envie de réactiver ses pouvoirs. Il lui promit, sans discuter, de mettre ses meilleurs spécialistes de potion sur l'affaire, et de faire tout son possible pour qu'elle récupère la magie qui était en elle. Le Président lui affirma même que si elle retrouvait un jour toutes ses facultés de sorcière, alors il ferait un geste en sa faveur, et lui permettrait d'étudier la magie dans une école, comme tout autre élève. Cette perspective laissa Amélia songeuse, se disant que si cela se produisait, alors elle deviendrait la personne la plus heureuse au monde…
Le lundi suivant, Daniel reprit ses cours à Fauxfeu. Ils durent se séparer, mais Daniel lui promit de revenir très vite, et qu'en l'attendant, elle pouvait s'occuper du restaurant de Thomas.
Amélia retourna donc chez elle, après toutes ses aventures. En y rentrant, elle y découvrit la porte encore en morceau, les signes de la bataille qui avait eu lieu. Elle repensa alors à Thomas, mais surtout à son assassin. Il courait encore dans la nature, quelque part, et elle ignorait toujours son identité…
- Mais…, murmura-t-elle pour elle même en s'asseyant sur le canapé du salon.
Elle déplia alors le parchemin, laissé par sa mère, et qu'elle gardait constamment sur elle. Il y avait un passage… un passage dont elle n'avait pas encore fait attention jusque là, sans doute trop occupée par la possibilité qu'elle soit une sorcière. Mais en revoyant les débris de la porte, et surtout le souvenir du meurtrier, les quelques phrases de la lettre lui sautèrent aux yeux.
« Maluchi ne pourra plus me retrouver, ce mangemort devra céder et se rendre à l'évidence qu'il m'a perdu… Il est le seul à avoir tenu aussi longtemps, depuis 11 ans que Ludo et moi on lui échappe, il a failli nous tuer à plusieurs reprises, et heureusement, on a toujours réussi à s'échapper ! Mais je sens qu'il n'abandonnera jamais… »
Maluchi… un mangemort… Il avait poursuit assidûment sa mère et GrandJean… Et s'il n'avait jamais arrêté ? Si, comme elle le disait, il n'avait pas abandonné ?
C'est alors que l'évidence lui apparut aussi clairement que possible.
Tout concordait…
Lorsqu'il était venu dans cet appartement, c'est elle qu'il cherchait. Il lui avait demandé si elle était bien la fille de Lucia Martin, et sur le moment cela ne l'avait pas vraiment surprise… Mais peut être qu'il avait découvert que Lucia avait une fille, et en la tuant, il accomplirait sa mission… Qui sait ce qu'il pouvait avoir en tête ?
Oui, tout coïncidait, ce ne pouvait qu'être lui le tueur, l'assassin de Thomas : Maluchi !
Amélia se rendit immédiatement au ministère en passant par la cheminée des Granduc. Elle expliqua ses soupçons à l'un des aurors puisque le Président était occupé, et celui-ci lui promit de faire des recherches sur cet individu.
Quelques jours plus tard, alors qu'elle commençait à se remettre de ces événements, et à organiser sa nouvelle vie, l'auror la contacta, lui annonçant que Maluchi n'avait jamais été arrêté. En effet, personne n'avait pu prouver qu'il était véritablement un mangemort, et il vivait quelque part en Bretagne, comme n'importe quel autre sorcier.
Mais aujourd'hui, grâce à la lettre que détenait Amélia, ils pouvaient l'arrêter et l'envoyer à Azkaban, la plus grande prison de sorcier du monde. Cette idée la réjouit, mais avant que cela ne soit possible, l'auror lui demanda de se rendre au ministère pour identifier l'individu dès qu'ils l'auraient arrêté.
C'est ainsi que deux jours plus tard, elle retourna au ministère, maintenant habituée des lieux, et se dirigea vers la pièce sous haute surveillance où se trouvait l'assassin de Thomas.
- Bonjour mademoiselle Walter, lui lança l'auror en l'accueillant devant la porte.
A ses côtés se tenaient deux autres personnes, une femme et un homme, l'air sérieux, visiblement aussi des aurors.
- Bonjour monsieur Legrand, répondit Amélia en souriant.
Depuis qu'elle savait qu'ils avaient enfin arrêté l'assassin de Thomas, elle ne pouvait plus enlever le sourire radieux qui avait élu domicile sur ses lèvres.
- André Maluchi est dans cette pièce derrière moi. Nous l'avons interrogé depuis ce matin, mais quoi que nous fassions, il prétend être un honnête sorcier. Ce que nous attendons de vous, c'est d'y entrer. N'ayez pas peur, il n'a pas de baguette, et il est impossible de faire de la magie dans la pièce. Vous ne risquez rien, puisque nous sommes là tout les trois et en cas de problème, il vous suffira de crier.
- Je n'ai pas peur, coupa Amélia.
Elle attendait cela depuis si longtemps que la perspective de se retrouver face à lui l'excitait plus que l'effrayait.
- Très bien ! s'exclama l'auror. Nous pensons que dès qu'il vous verra, il aura une réaction, ce qui le trahira sans aucun doute. Alors parlez lui, essayez de le faire avouer, et surtout regardez le bien. Nous devons être certain qu'il s'agit bien du même homme qui a tué monsieur Granduc.
Amélia n'écoutait plus ce que l'auror lui disait. Elle regardait attentivement le porte, se concentrant sur ce qu'elle allait faire, et réprimant au maximum la haine qu'elle ressentait pour cette homme. Finalement, l'auror lui ouvrit la porte, et elle y entra.
La pièce était plutôt petite et modeste, ne contenant qu'une chaise dans un coin, sur laquelle était assis un homme, de dos. Après avoir fermé la porte derrière elle, Amélia se rapprocha doucement au centre de la pièce. Elle ne pouvait distinguer le visage de l'individu, qui visiblement contemplait le mur, sans un bruit. A vrai dire, elle se demanda même s'il n'était pas en train de dormir.
Quand tout à coup, il se retourna violemment, la faisant sursauter. Il balança sa chaise contre le mur près d'elle, la frôlant presque, et elle se cassa dans un fracas amplifié par le huit clos de l'endroit.
Debout, face à elle, elle le reconnut immédiatement. Un petit nez, des yeux pétillants le mal et des cheveux gris cendres, jamais elle n'aurait pu oublier ce visage. Oui, sans aucun doute, c'était l'assassin de Thomas.
Il la regardait avec intérêt, ne prononçant aucun mot, simplement la fixant avec dans les yeux une malice incroyable.
- Bonjour, lança-t-il comme s'il s'agissait d'une banale rencontre.
- Bonjour, répondit-elle calmement bien qu'elle sentit une haine intense la traverser.
- Qui êtes vous ? demanda-t-il le plus simplement du monde.
- Vous savez très bien qui je suis Maluchi. Je sais tout, je sais qui vous êtes ! Et vous savez grâce à qui ? A ma mère ! Elle a été plus maligne que vous…
Le mangemort ne faiblit pas, très sûr de lui. Apparemment, il ne semblait pas avoir peur de ce qu'Amélia pouvait lui dire.
- Mais mademoiselle, je ne sais pas qui était votre mère…
- Etait ? Comment savez-vous qu'elle est morte ? interrogea Amélia, un sourire aux coins des lèvres.
Il venait de se trahir tout seul, et cela avait été beaucoup plus simple qu'elle ne le pensait. Elle le vit alors changer subitement de comportement, perdant son air sûr de lui, pour laisser transparaître le monstre qu'il cachait profondément
- Elle n'a eu que ce qu'elle méritait ! hurla-t-il. Elle a trahi le seigneur des ténèbres !
Courbé comme un vieillard, les mains se frottant l'une contre l'autre, il se mit à gesticuler dans tout les sens, marchant dans la pièce de long en large, comme un lion enragé.
- J'ai vraiment eu du mal à la retrouver ! Mais j'ai réussi… j'ai accompli ma mission !
- Vous… quoi ? s'exclama Amélia qui n'était pas certaine de bien comprendre ce qu'il lui avouait.
- Elle était avec sa saleté de moldu dans une voiture en pleine nuit, il m'a suffit d'un simple sort pour les tuer. Tout le monde a cru à l'accident, c'était parfait !
Amélia ne put y croire, et elle se recula, de peur qu'il s'en prenne à elle. Ses parents n'étaient pas mort dans un accident de voiture, c'était ce mangemort qui l'avait provoqué… Non seulement il avait tué Thomas, mais également ses parents… C'était un être ignoble, un être affreux qui ne méritait pas de vivre.
- Mais j'ai découvert ton existence ! cria l'homme en la montrant du doigt, un air de cinglé sur le visage. Le journal a parlé de toi… tu avais découvert notre monde ! Tu portais son nom… tu étais la fille de la traîtresse ! Le seigneur m'avait confié cette mission… Je devais te tuer aussi, tu étais sa descendance ! Mais quand je suis venu chez toi, cet imbécile m'a empêché de te tuer ! Alors je t'ai suivi, mais tu étais toujours avec quelqu'un… Sauf dans cette gare moldu… Mais tu as résisté au sort interdit… Comment as-tu fait ?
A ce moment là, il bondit jusqu'à elle, la faisant se reculer contre le mur. Il ne la toucha pas, la regardant dans tout les sens. Sans faiblir, Amélia continuait de le fixer droit dans les yeux, pour lui montrer qu'il ne lui faisait pas peur.
- Aucun sort ne peut m'atteindre, je suis invincible ! s'exclama-t-elle.
- Ce n'est pas possible… Comment c'est possible ? Même le seigneur des ténèbres est mort… Ce n'est pas possible… Non, ce n'est pas possible…
Il retourna dans son coin, et se frappa la tête contre le mur en répétant ces paroles. Il était vraiment fou, un vrai cinglé, bon à enfermer. Amélia en savait assez, elle ne voulait plus le voir.
- Je voudrais sortir ! cria-t-elle en direction de la porte.
Maluchi ne se retourna pas un instant, toujours dans le coin de la pièce, bafouillant des paroles incompréhensibles. La porte s'ouvrit et elle en sortit.
- Merci mademoiselle Walter, lui dit l'auror en lui serrant la main. Maintenant nous avons ce qu'il faut pour l'envoyer à Azkaban toute sa vie.
Amélia acquiesça, puis s'en alla. Ca y est, elle en avait fini. Elle avait encore du mal à le réaliser, tout s'étant passé si vite. Mais pourtant c'était bien réel. L'assassin de Thomas et de ses parents passerait le reste de ses jours en prison, endurant sûrement des souffrances aussi terrible qu'elle avait pu en vivre. Aujourd'hui, elle devait aller de l'avant, oublier ce mangemort et reconstruire une nouvelle vie.
Ce qu'elle fit sans trop de difficulté pendant les mois qui suivirent. Ainsi elle s'occupa du restaurant de Thomas, et bien qu'elle n'y connaissait pas grand chose, elle réussit à trouver le personnel nécessaire pour que l'établissement ouvre à nouveau. Christine et Jean-Paul lui apportèrent l'aide dont elle avait besoin, tandis que pour les remercier, elle leur offrait le repas. Audrey, en plein préparatifs pour son mariage, venait toutefois de temps à autre pour prendre de ses nouvelles, et les deux jeunes femmes en profitaient pour faire leur shopping ensemble, à la manière des moldus.
Daniel manquait beaucoup à Amélia, et bien qu'il lui envoyait presque tous les jours un hibou, elle attendait avec impatience le moment où il reviendrait. Finalement, cela arriva plus vite que prévu, début juin, lorsque pour lui faire une surprise, il revint deux jours plus tôt que prévu. Ils passèrent le week-end suivant tout les deux, dans les bras l'un de l'autre, ne se lâchant plus une minute. Amélia aimait Daniel plus qu'elle n'aurait jamais pu penser aimer un jour, et elle en profitait au maximum.
Le restaurant se trouva une très bonne clientèle, et il devint connu comme étant l'endroit où on faisait les meilleurs tartes flambées de la région. Cela réjouit d'autant plus Amélia que c'était ce que Thomas préparait de mieux. D'une certaine façon, elle poursuivait ce qu'il avait entrepris, et elle ne pouvait lui rendre un meilleur hommage que celui là.
A la fin du mois de Juin, Amélia, qui était dans la cuisine du restaurant en train de parler de certains détails avec le cuisinier, reçut une visite.
- Amélia, l'interrompit l'un des serveurs en arrivant dans la cuisine. Excuse moi de te déranger, mais il y a un homme à l'entrée qui aimerait te voir.
- Fais le attendre, j'arrive très…
- Vous êtes certaine de vouloir attendre ? coupa alors un homme qui entra dans la cuisine comme s'il était chez lui.
Amélia le reconnut aussitôt. Il s'agissait de l'auror qui avait mis Maluchi à Azkaban. En le voyant, elle resta figer. S'il se trouvait là, en personne, quelque chose de grave devait s'être passé avec Maluchi… S'était-il enfui ? Ce ne pouvait être que cela… Et Maluchi devait lui en vouloir… Peut être était-il déjà en chemin pour venir la tuer. Amélia le voyait déjà devant elle, baguette à la main, lui lançant un sort… Evidemment, celui-ci ne lui ferait rien, mais il pouvait aussi venir avec une arme à feu, qui sait ? En aurait-elle un jour fini avec lui ?
- Amélia ? intervint le cuisinier inquiet. Est-ce que ça va ?
Son teint avait pâli, et elle dut se tenir pour ne pas tomber.
- Oui, je… heu… laissez nous s'il vous plaît ! demanda-t-elle au serveur et au cuisinier.
- Tu es sûre que.., commença le serveur.
- Oui, oui, tout va bien !
Sans discuter d'avantage, les deux hommes s'exécutèrent en fermant la porte derrière eux. Amélia s'assit sur la chaise qui se trouvait là, et regarda l'auror qui s'approcha doucement d'elle.
- Il s'est enfui, c'est ça ? questionna-t-elle en mettant sa tête dans ses mains.
- Maluchi est toujours à Azkaban, je vous rassure.
Amélia releva la tête, étonnée par ce qu'il venait de dire. Si Maluchi se trouvait encore à Azkaban, pourquoi était-il là ?
- Je viens vous annoncer une nouvelle qui devrait vous réjouir au plus haut point… Nos spécialistes des potions ont réussi à fabriquer une contre-potion à celle que votre mère avait réalisé. Et vous pouvez dès maintenant la prendre.
Face à cette nouvelle, Amélia voulut s'asseoir, mais elle réalisa alors qu'elle l'était déjà. Ils avaient fabriqué une contre-potion, dès à présent elle pourrait redevenir une sorcière, avec tout ce que ça impliquait… Entrer dans ce monde qui la séduisait tant…
- Vous êtes sérieux ? interrogea-t-elle, de peur que ce ne soit qu'un rêve.
- Oui, évidemment, avoua l'homme en esquissant un sourire, à vrai dire le premier qu'Amélia avait pu voir sur lui.
Tandis qu'elle essayait d'assimiler la nouvelle, Daniel entra. Il remarqua immédiatement l'auror, puis son regard se posa sur Amélia. La voyant ainsi, la tête entre ses mains, il s'imagina le pire puisqu'il prononça :
- Qu'est-ce qu'il se passe ? Il s'est échappé ?
Il rejoignit Amélia et s'accroupit face à elle. Mais elle n'arriva pas à lui répondre, encore bouleversée.
- Parle moi, dis moi, insista-t-il.
- La contre-potion est prête, lança seulement l'auror.
- Vraiment ? s'étonna Daniel, qui comme elle auparavant ne semblait pas y croire.
- Oui.
Il ne prononça plus un mot, fixant celle qu'il aimait. Visiblement lui aussi avait du mal à y croire.
- Mais…, bafouilla-t-il. Mais… C'est génial… Enfin tu attends ça depuis tellement longtemps…
- Oui, répondit-elle en regardant dans ses yeux marrons. Oui… Tu as raison… C'est incroyable !
Un magnifique sourire de bonheur apparut sur ses lèvres, et ils se réjouirent immédiatement en se prenant dans leurs bras. Daniel la fit virevolter au dessus du sol, tandis qu'elle riait. L'auror semblait heureux pour eux, tandis qu'il annonça :
- Si vous voulez me suivre…
- Tout de suite ? demanda Amélia que Daniel venait de reposer au sol.
- Elle est prête, alors autant ne pas attendre plus longtemps, n'est-ce pas ?
Amélia réalisa alors que ça y est, d'ici quelques minutes elle deviendrait une véritable sorcière. Cela l'angoissa, puisque par la même occasion, elle ne serait plus jamais une jeune moldue de 24 ans comme les autres. Mais sa peur la quitta rapidement, lorsqu'elle vit tant de bonheur sur le visage de celui qu'elle aimait.
- Allons-y ! s'exclama-t-elle.
Et c'est ainsi qu'ils se rendirent tout les trois au ministère de la magie. L'auror les conduisit dans une partie du ministère qu'Amélia ne connaissait pas encore, et ils entrèrent dans une immense pièce. Là se trouvait le Président de la magie, Charles Rabier, qu'elle saluât, ainsi qu'une vieille femme brune tenant dans ses mains une petite fiole. Amélia s'en approcha, serrant toujours la main de Daniel. Elle sourit à la femme, observant avec grande attention le liquide rougeâtre dans la fiole.
- Enchantée de faire votre connaissance, commença la femme. Après des mois de recherche, nous avons réussi à créer la contre-potion de celle de votre mère. Je dois vous avouer que pour mon équipe et moi, cela s'est avéré être un véritable défi, et il est certain pour nous, que votre mère faisait parti de l'une des sorcières les plus intelligentes au monde.
Amélia sourit. Entendre ce compliment de la bouche d'une inconnue lui allait droit au cœur, et même si elle savait cela depuis quelques mois maintenant, elle ne se lassait jamais d'entendre des éloges sur sa mère.
- Je dois vous avertir avant que vous la buviez, qu'il ne s'agit pas de la potion inverse, mais de la contre-potion. Autrement dit, elle annulera les effets de la première. Comme celle-ci a été ingéré il y a bien longtemps, nous avons amplifié son effet. Cela implique donc que vous ne résisterez plus à la magie, et vous récupérerez vos pouvoirs, en supposant qu'au départ vous en aviez bien…
- Oui Amélia, intervint le Président. Aucun de nous n'est certain que tu es vraiment une sorcière, donc il est possible que cette potion annule simplement ta résistance à la magie, mais ne fasse pas de toi une sorcière… Cela dépendra de ce qu'il y a dans ton sang…
Amélia réfléchit. C'est vrai qu'après tout, elle n'était pas certaine d'être une sorcière, bien qu'elle sentait au fond d'elle même une attirance pour ce monde. Mais cela ne voulait rien dire, la volonté ne faisait pas d'elle une sorcière. Cependant, sa mère était persuadée qu'elle en serait une, et comme l'avait dit la vieille femme, sa mère était une des plus intelligentes sorcières de son temps, alors elle ne pouvait qu'avoir raison… Oui, elle avait raison…
- Es-tu prête à prendre le risque ? interrogea Rabier. Une fois la potion prise, tu ne pourras pas retourner en arrière !
Elle regarda alors Daniel pour lire dans ses yeux une réponse. Mais il ne lui dit rien, essayant seulement de rester distant face à la décision qu'elle devait prendre. Elle pensa alors à Thomas, à ses parents, et réalisa qu'ils auraient tous voulu qu'elle la prenne, tout simplement parce qu'ils souhaitaient tous son bonheur. Et son bonheur, c'est dans la peau d'une sorcière qu'elle le trouverait, pas dans celle d'une moldue qui résiste à la magie.
- Je prends le risque ! affirma-t-elle, décidée.
Elle prit alors la fiole que la vieille femme lui tendit, et sans réfléchir, la but d'un coup sec. Elle attendit un moment, pendant lequel rien ne se produisit.
- Ca ne marche pas ? demanda Daniel, perplexe.
- Pourtant ça devrait, s'interrogea la vieille femme, regardant attentivement le visage d'Amélia pour voir si un effet quelconque s'y dessinait.
Mais Amélia ne sentait rien, pas de différence, comme si elle venait d'avaler de l'eau.
- Est-il possible, intervint le Président, que la contre-potion agisse seulement quelques heures plus tard ?
- A vrai dire, expliqua la vieille femme, elle devrait agir immédiatement, mais il est vrai qu'on est en terrain inconnu, donc tout est possible…
Amélia décida alors de rentrer chez elle. Cela ne servait à rien d'attendre pendant des heures au ministère, et puis elle avait beaucoup de choses à faire au restaurant. Elle laissa donc le Président, l'auror et la vieille femme tout seuls, méditant sur l'efficacité de la contre-potion, tandis qu'elle prit le chemin du retour avec Daniel.
Ce dernier ne put s'empêcher de s'inquiéter pour elle. La contre-potion n'avait pas l'air de vouloir fonctionner correctement, alors risquait-elle quelque chose ? On ne pouvait pas savoir si elle ne lui ferait pas de mal, et Daniel devint soudain très prévenant avec elle, lui demandant toutes les cinq minutes si ça allait. Mais elle avait beau lui répéter qu'elle se sentait bien, qu'il ne se passait rien, il n'arrêtait pas de s'occuper d'elle. Elle trouva cela adorable pendant le premier quart d'heure, mais au bout de la journée, elle commença sérieusement à s'énerver.
Tout les deux dans le restaurant après la fermeture, Daniel ne cessait de la fixer comme un phénomène de foire, alors qu'elle montait les chaises sur les tables.
- Tu as bientôt fini ? s'exclama-t-elle enfin au bout d'un long moment.
- Je trouve que tu as changé, tu es certaine de ne rien sentir ?
- Je t'ai dit que non ! Et au lieu de m'embêter, va plutôt jeter les poubelles !
Daniel s'exécuta donc, sortant par l'arrière du restaurant. Amélia put enfin souffler un peu. Elle prit alors une chaise, et s'assit, à moitié allongée. Visiblement, elle devait se rendre à l'évidence, la contre-potion ne fonctionnait pas. Ou alors, c'était l'autre solution : elle n'était pas une sorcière. Elle resterait toute sa vie une moldue, quoi qu'elle fasse.
Soudain elle eut une idée quand Daniel revint, l'air tourmenté.
- Dan, lance moi un sort ! affirma-t-elle en se levant, les bras écarté, prête à le recevoir.
- Tu peux répéter ? s'inquiéta Daniel.
- Il n'y a peut être pas de réaction parce que je ne suis pas une sorcière ! Dans ce cas là, il faut qu'on voit si je résiste encore à la magie.
- Mais je ne…
- Pas de discussion ! Exécution ! ordonna-t-elle.
Daniel, inquiet face à ce qu'elle lui demandait, sortit sa baguette de sa poche arrière, et en visant, il prononça :
- Locomotor Mortis !
Le sort atteint Amélia qui s'effondra sur le sol. Daniel accourut au près d'elle, et la vit sourire.
- J'ai les jambes bloquées ! Ca marche !
Elle le serra dans ses bras, tandis qu'il lança le contre-sort. Une fois débloquée, elle sauta en l'air, heureuse que la contre-potion ait fonctionné. Puis soudain, elle s'arrêta, regardant Daniel qui paraissait triste. La contre-potion fonctionnait, mais pourtant elle n'avait pas retrouvé ses pouvoirs. Elle était moldue, à jamais…
- C'est fini n'est-ce pas ? demanda-t-elle à quelques mètres de Daniel.
Daniel se contenta d'acquiescer. Le Président lui même l'avait prévenue que cela pouvait arriver, et maintenant elle devait se rendre à l'évidence, elle n'était pas sorcière…
Ils se prirent dans les bras l'un de l'autre, Amélia trouvant un peu de réconfort. Son rêve venait de s'envoler, et quelques larmes s'écoulèrent sur ses joues.
- Tu sais, finit par dire Daniel, ce n'est pas si important… Que tu sois moldue ou sorcière, je t'aime de la même façon !
Un sourire apparut sur les lèvres d'Amélia. Il avait raison. Elle possédait tout ce qu'il faut pour être heureuse : un super restaurant, une seconde famille, et surtout un petit ami formidable. Que demander de plus ? Etre une sorcière ne lui aurait peut être apporter que des soucis… Sa vie était formidable, elle ne devait pas se lamenter.
Elle se reprit en main, effaça de son visage les traces des larmes, puis avoua :
- Tout ça n'a pas d'importance, tu as raison ! Moi aussi je t'aime !
Ils s'embrassèrent alors, un baiser passionné qui donna à Amélia l'envie de monter avec lui dans sa chambre. Elle voulut en parler à Daniel, et le relâcha, quand ils aperçurent tout deux qu'ils se trouvaient déjà dans la chambre.
- Qu'est-ce qu'il s'est passé ? s'inquiéta Daniel.
- Très drôle ! rit Amélia. Tu as transplané pour aller plus vite !
Elle se rapprocha de lui en s'amusant, et continua à l'embrasser, mais il la repoussa.
- Je te promets que je n'ai rien fait !
Amélia put lire immédiatement dans son regard qu'il disait vrai. Mais alors, que venait-il de se passer ? Ils n'avaient pas pu se rendre dans la chambre sans s'en rendre compte ! Elle eut un drôle de sentiment, et en voyant Daniel, elle s'aperçut qu'il pensait la même chose qu'elle.
- Attend ! s'exclama-t-il avant de transplaner.
Il revint, un bol dans les mains.
- La première chose que j'ai faite lorsque j'avais mes pouvoirs, c'est de faire voler les objets. Je lance le bol, concentre toi, pense à le faire voler…
Elle ferma alors les yeux, espérant que cela fonctionne. Comme prévu, il lança le bol, mais il se fracassa directement sur le sol.
- Non, je ne suis pas une sorcière, en déduit Amélia.
- Ne dis pas cela !
Daniel retransplana, et revint avec une douzaine de bol, prêt à essayer autant qu'il le faudrait. Et c'est ainsi qu'ils cassèrent de nombreux bols. Après avoir épuisé leur réserve, il s'attaqua à d'autres objets, mais rien n'y faisait, pas une seule réaction, Amélia ne réussissait pas à faire voler quoi que ce soit.
- Laisse tomber ! cria-t-elle finalement après que Daniel ait continué d'insister.
Elle s'allongea sur son lit, fatiguée, tandis que Daniel sortit de la pièce. Elle ferma les yeux, se détendant petit à petit, essayant de ne penser à rien.
- Amélia ! s'écria soudain Daniel qui venait de rentrer dans la chambre.
Elle ouvrit les yeux et se redressa pour voir ce qu'il voulait encore. C'est alors qu'elle le vit jeter en l'air un cadre photo. Elle y tenait particulièrement, vu que c'est sa mère qui lui avait offert peu de temps avant son accident.
- Non ! hurla-t-elle tandis que l'objet se rapprochait dangereusement du sol, prêt à se fracasser en un millier de morceaux.
Soudain le cadre s'arrêta dans sa chute spectaculaire, se tenant à quelques centimètres du sol. Surprise, elle regarda Daniel.
- Ce n'est pas moi ! sourit-il.
Elle pensa très fort à ce que l'objet arrive dans ses mains, et quelques secondes plus tard, c'est ce qu'il fit. Bouche bée, elle fixa Daniel qui réalisait mieux qu'elle ce qui venait de se passer.
- Tu vois ! Tu es une sorcière ! lança-t-il comme si c'était une évidence.
Elle posa alors le cadre sur le rebord de son bureau, et sauta dans les bras de Daniel, riant. Tout deux laissèrent éclater leur joie, et Daniel la renversa sur le lit. Visiblement, c'est d'une autre façon qu'il voulait laisser déborder son bonheur…
Le jour suivant, ils se rendirent à nouveau au ministère, et informèrent le Président de l'état des événements. Ils firent quelques tests, et effectivement, elle possédait des pouvoirs. Elle était une sorcière, une véritable sorcière… Comme promis, Rabier lui proposa d'étudier la magie dans une école. Après tout, maintenant qu'elle avait des pouvoirs, elle devait apprendre à les utiliser. Il décida donc de l'envoyer à Fauxfeu à la rentrée, c'est-à-dire en septembre, et des cours seraient spécialement aménagée pour elle.
Heureuse, elle accepta. Non seulement elle étudierait la magie, mais en plus, elle serait au près de Daniel, et celui-ci s'en réjouit autant qu'elle.
L'été passa bien vite, Amélia de plus en plus excitée à l'idée d'apprendre à contrôler ses pouvoirs. Finalement le 1er septembre arriva. Elle décida pendant son absence de confier le restaurant à Christine et Jean-Paul, qui s'en firent une véritable joie.
- Tu es prêtes ? demanda Daniel qui la tenait, sur le point de transplaner.
- Oui, répondit-elle en souriant.
Ils transplanèrent donc, et lorsqu'Amélia rouvrit les yeux, elle regarda l'immense bâtisse face à elle. D'une couleur orangée, de nombreuses ombres se dessinaient dessus, et bougeait dans tout les sens. L'entrée, une imposante porte en bois, rappelait vaguement celles de Beauxbâtons. Le tout ressemblait à un de ces anciens châteaux de la renaissance, qu'Amélia avait déjà put visiter. Autour de l'école, elle constata l'existence d'un immense parc, bordé de tout les côtés par une forêt, sûrement pour empêcher les moldus de trouver l'endroit. De nombreuses personnes transplanaient, puis entraient par la porte, certaines plus confiantes que d'autres.
Amélia regarda Daniel qui lui sourit, et en lui tenant la main, ils se dirigèrent vers l'entrée du bâtiment.
A partir de maintenant, rien ne serait plus jamais comme avant. En l'espace d'une année, sa vie avait totalement basculé passant par des moments joyeux, et surtout beaucoup de tristesse. Dès lors, une nouvelle vie commençait pour elle, mais bien plus passionnante que la précédente, et cette perspective la rendait la plus heureuse au monde. Son seul regret était que ni Thomas ni ses parents ne puissent être avec elle en ce jour si particulier. Mais en s'avançant doucement vers Fauxfeu, elle sentit une force s'emparer d'elle. Elle réalisa alors qu'ils seraient toute sa vie avec elle, au plus profond de son cœur…
