Bonjour! Je sais que ça fait un bail que je n'ai plus posté! J'en ai aucun excuse! J'ai à la fois le symptôme du papier blanc et des problèmes qui me font retarder cette publication. Je persiste à l'écrire tout en profitant les autres chapitres de mes fanfics. Enfin, j'espère que cette chapitre effacera vos morales à zéro à l'approche de la rentrée scolaire (peut-être que je me trompe, mais bon...)!

Bonne lecture!

Ma vie sans elle

CHAPITRE 6 : Poisson d'Avril

- C'est de la boucherie, ce truc ! Quelle idée ai-je mangé des coquilles Saint Jacques !

Penché sur un cadavre, je levai mes yeux, devant moi, un jeune homme fraîchement sorti de l'école. Je le vis pâlir et détourner des yeux du cadavre, baignant dans son sang. Celui d'une femme, menue, si menue qu'on aurait pu croire une jeune femme n'était l'auréole de ses cheveux longs et bruns. Elle était allongée sur le ventre, un bras coincé sous le corps, l'autre au dessus de la tête, une jambe pliée, l'autre peu engagée sous le lit. On ne voyait que son profil, un œil ouvert en direction de la fenêtre, au travers de laquelle la pluie tombait interminablement. Le sang séché autour de lui avait pris une teinte brune.

- Je croyais que tu étais pressé d'arriver ici, Geller…, remarquai-je calmement. Geller était très excité quelques instants plus tôt à l'idée que l'on lui confie une affaire. C'était la première de sa carrière de lieutenant.

- Ouais, mais pas à ce point ! maugréa-t-il dégoûté.

- Geller, soupirai-je, tu sais, en règle générale, les cadavres sont très calmes et les assassins partis depuis longtemps. Rien ne presse, ajoutai-je.

Geller était entré dans mon service depuis une semaine en tant que stagiaire et rapidement, il s'ennuyait à mort et me parlait sans cesse des arrestations en flagrant délit dont il rêvait. Cela l'excitait. Jusqu'à présent, il ne faisait que deux enquêtes de meurtres en cours et encore non élucidés.

Un grognement de sa part parvint dans mes oreilles. Je levai les yeux. J'ignore Geller et je me tournai vers le médecin légiste qui examinait superficiellement le cadavre.

- Tiens ! Enfin, je n'attendais pas si tôt !

Je fus surpris par le ton employé du légiste. Il était sarcastique. En quatre ans déjà, je le connaissais pour avoir fréquenté avec lui de victimes, des électrocutés, des violés, des décapités, des étranglés, des empoisonnées, des poussés-dans-le-ravin et des désossés. Une liste de victimes que j'ai pu supporter en peu de temps. Parfois, je m'étais demandé si cela n'avait pas quelque chose à voir avec les Mangemorts. Mais jusqu'à la preuve du contraire, je n'avais pas trouvé un seul indice magique. Même pas sur les cadavres.

La voix monotone du légiste m'amena à la réalité.

- Il a probablement essayé de se cacher sous le lit après être tombée.

J'hochai face aux faits évidents et j'observai une chemise de chambre avec des roses bordées dessus. Elle était presque en charpie, lacérée d'innombrables coups de couteau. Les bords des déchirures avaient bu le sang. Le corps ouvert, vidé, rétréci, semblait flotter.

C'était un spectacle terrifiant. Geller avait pour une fois raison. C'était une boucherie.

- Alors ? C'est un excité ? Un sauvage ? Un fou ? roula Geller avec un point d'impatience. Tout est cassé ! l'ajouta-t-il en jetant des coups d'œil frénétiques autour de lui la pièce complètement renversée.

En effet, la pièce était un champ de bataille. Tout était retourné, brisé, de l'armoire aux cadres, du lit à la table de nuit. Difficile d'imaginer que dans cette excitation, l'assassin ait tout renversé. On avait, plutôt, fouillé la pièce dans son intégralité. D'abord tout était saccagé, l'assassin ne devait pas connaître ni la taille, ni le format de l'objet convoité. A moins qu'il voulait juste nous donner l'impression d'avoir fouillé sans savoir ce qu'il cherchait et peut-être sans l'avoir trouvé.

Je scrutai minutieusement la vieille dame en même temps que j'entendis Docteur Mercier répondre à Geller d'un ton las.

- Je n'en sais pas plus que vous.

- Geller, ne fais pas confiance à tes premières impressions, intervins-je en fixant la victime. J'avais l'impression d'avoir déjà connue cette femme-là. Sa mort cachait sûrement un secret lourd. Mercier, interpellai-je quelles sont vos premières constatations ?

- Mort depuis cinq ou six heures. Soit aux alentours de 5 heures du matin. Mais c'est très difficile à déterminer à cause de son âge. De dos, elle a reçu sept coups de couteau. Une arme, pas très longue. 10 ou 12 centimètres. Tranchante. De ce côté-ci, aucune blessure n'est vraiment mortelle. Mais là encore, tout dépend de l'âge de la victime. Mais en tout cas, il y a eu une hémorragie abondante, détailla-t-il en se levant.

Les deux mains sur les hanches, les jambes écartées, Mercier contemplait le cadavre. Il fit un geste en direction du jeune lieutenant. Je sus immédiatement ce qu'il comptait faire à Geller. Une plaisanterie ironique sur le transport du cadavre qui aurait fait vider le sang sur l'uniforme du jeune homme. Je balayai alors la pièce du regard dans l'espoir de détecter un indice, même insignifiant.

- Potty ! Je grimaçai. Je détestais ce surnom qu'ELLE me donnait. J'ai… j'ai trouvé ce truc sous la couette… Un morceau du doigt, annonça une voix remplie de dégoût.

C'était Claudia Kiffer. Elle tenait l'objet en question entre ses doigts tendus et le maintenait le plus éloigné possible.

Cette scène avec une expression dont elle affichait m'amusa. Je fis enfin un sourire victorieux. Depuis le temps que j'en rêvais. Elle m'énervait au bureau et encore pire devant le public sur le terrain. En effet, elle n'hésitait pas faire la maligne devant les proches des victimes en me faisant du charme. A chaque interrogation, à chaque recherche, elle essayait par tous les moyens de s'approcher de moi et de m'adoucir en me surnommant affectueusement « Potty » ou « Jamesie ».

Des rares moments où je me sentis complètement en paix avec elle, c'était quand elle se trouvait coincée. Le fait de la voir être obligée de ramasser un morceau de doigt me suffit à être satisfait.

- Montre ! ordonna Mercier, dont sa curiosité médicale la piqua. J'écoutai le docteur en observant le fameux doigt. Etrangement, il me rappela... Peter. Pettigrow Peter. Hum…, il a été coupé aux mêmes alentours de 5 heures du matin. Je dirais un majeur d'un homme. Dodu, peut-être à voir les graisses, examina-t-il d'un ton professionnel après quelques minutes d'observations et de tâtons. Bien sûr, je vous en dirai plus au labo…

Le verdict de Mercier confirma mon impression. Je fermai les yeux et j'inspirai un coup, essayant de retenir ma colère envers lui. Je rémémorisai les mains de Peter, mon autre compagnon de Poudlard.

Le traître.

C'était lui qui m'avait dénoncé à Voldemort en lui donnant des indications sur mon lieu de cachette. C'était lui qui, par le biais de Voldemort, était incontestablement à l'origine du meurtre de ma Lily et de la blessure d'Harry. Mais c'était lui qui avait été désigné Gardien du Secret sur conseil de Sirius.

Je sentis ma colère s'évanouir en voyant le visage désemparé de Sirius lorsqu'il avait appris la mort de Lily et la trahison de Peter. Il était à deux doigts de vouloir partir à la recherche de ce dernier pour Lily afin d'avoir une confirmation, mais Albus Dumbledore l'en avait empêché. Moi, je n'avais que deux choses en tête : tuer Voldemort et faire payer Peter de sa trahison. Sirius s'était longtemps culpabilisé en se rendant responsable de la mort de ma femme et de mon exil chez les moldus. Pourtant, je ne lui en voulais pas.

Six paires d'yeux se bandèrent sur moi. J'ouvris les yeux et je déglutis en voyant le doigt de Peter. Devais-je les dire à qui appartenait l'auteur ? Existerait-il dans les registres moldus ? Découvriront-ils le monde sorcier ? Les Aurors vont-ils débarquer dans un instant à l'autre ?

Je mordis ma lèvre inférieure. Je ne voudrais plus voir la moindre magie, enfin à part mes rares contacts avec mes amis. Je ne sus réagir.

Soudainement, une sonnerie retentit dans ma poche de ma veste. Sauvé par le gong. J'attrapai mon portable et je lançai aux personnes :

- Bien, continuez à chercher.

°

Je m'éloignais de la Maison de retraite et de santé « Les Glycines » pour me promener dans un parc. Je fonçais les sourcils l'air inquiet. Je venais d'apprendre la convocation au bureau de la directrice de l'école maternelle d'Harry et de Mary. C'était Gwendoline à l'appareil.

- Tu es sûr que ce n'est rien ?

Elle m'assura que oui. Elle était quelquefois exaspérée par mon attitude envers mes enfants. Elle savait combien j'adorais les miens et je m'inquiétais souvent pour eux, même pour un rien. Un papa poule selon ses dires. Mais elle me comprenait parfaitement. J'élevais Harry et Mary seul depuis la mort de Lily.

- Bon, d'accord, on se revoit tout à l'heure.

Je raccrochai mon portable. Je soupirai lourdement. Gwendoline avait un don pour me rassurer des tas de choses, mais je ne pus pas m'empêcher d'être inquiet. Surtout quand il s'agit de la magie de mon fils. En effet, depuis la rentrée scolaire, Harry avait développé inconsciemment sa magie en fonction de ses humeurs, brisant le sortilège que Lily et moi-même avions soumis pour l'épargner de Voldemort.

Il vous était inutile de préciser que j'étais déjà convoqué à l'école pour la moindre manifestation magique du petit garçon. J'avais beau défendre mon fils en affirmant qu'il n'y était pour rien et que ce n'était pas de sa faute –ce qui était totalement vrai, d'après les dires d'Harry. Ce dernier, en fait, avait des gros problèmes avec un garçon très enveloppé du nom de Dudley Dursley et sa compagnie, qui n'arrêtaient pas de l'embêter lors de la récréation.

Quant à ma fille, j'avais constaté un changement affectif chez elle depuis la rentrée. Mais pas dans le même sens qu'Harry. En fait, elle ne manifestait pas du tout sa magie. Le sortilège lancé dès sa naissance lui était-il encore trop puissant ? Pour ce côté-là, j'étais plutôt rassuré, mais je ne pus m'empêcher d'avoir un mauvais pressentiment. Etait-ce peut-être à cause des étranges rêves que j'avais eues à son contact de temps en temps ? Je voyais ma fille une adolescente de seize ans. Elle me quittait pour de bon. En désarroi de cause, je me voyais condamner sa chambre, faire disparaître sa présence sur les photos de famille, et effacer son propre album de naissance. Tout ceci, sous les yeux d'Harry, choqué. Etait-ce un rêve prémonitoire que ma fille essayait de m'avertir pour son futur ?

Non.

Je ne pourrais pas accepter cela. J'ai déjà perdu Lily, et je ne veux pas perdre mes enfants : Harry est destiné à tuer Voldemort, il se peut qu'il meure avant l'âge adulte et Mary, à se séparer de moi adolescente. Je ne crois pas qu'avec l'aide de mes amis restants, je surmonterai une épreuve de plus. Je me suis déjà attaché à eux dès leur naissance.

Jamais, je n'aurais imaginé tout ceci. Je pensais simplement qu'avec le réveil d'Harry du coma, la vie reprenait sa route, même si le bout du chemin était d'abattre le mur des Ténèbres, afin de vivre tous paisiblement.

°

Je versais du café dans ma tasse lorsque j'entendis mon prénom. A la police, il n'y avait qu'une seule personne qui puisse m'appeler de cette façon. C'était Senes. Mon collègue de travail. Je levai la tête vers le jeune homme châtain qui me sourirait nonchalamment.

- Qu'est ce qu'il y a, Pat ? lui demandai-je, intrigué par son attitude.

- Rien, James, je voulais tout simplement te dire que Hélie est passé ici il y a une ou deux heures.

J'agrandis mes yeux. Que faisait un petit de sept ans comme lui à la police ?

- Hélie ? répétai-je, incrédule.

- Ouaip, fit-il en mettant une cigarette à sa bouche, répugnant à l'idée d'avoir revu le fils de la « dame aux mains d'acier », qu'il surnommait la mère d'Hélie dès la première rencontre.

Malgré la dite influence de Gwendoline sur Senes, qui en d'autres circonstances m'aurait fait sourire aux lèvres, je sentis une inquiétude envahir dans mon dos. Je le connaissais par coeur, cet Hélie. Jamais, au grand jamais, il ne serait venu ici pour me réclamer en tant que père adoptif.

Oui.

Pour Hélie, je n'étais que son père de substitution, mais je n'étais pas accouplé avec sa mère. Même si elle vivait sous le même toit que moi depuis plus d'un an. Ce n'était pas du tout intentionnel de sa part, ni du mien. Le fautif, c'était un phénomène climatique naturel…

En effet, cela s'était passé deux jours avant veille de Noël de 1984, une énorme tempête, suivi de gigantesques vents parcourant à plus de 200km/h, avait arraché les toits et les murs des plusieurs maisons dont celle de Gwendoline. Cette catastrophe avait fait plus de quarante morts -les moldus et les sorciers tous réunis- en une nuit.

Aussi incroyable qu'elle puisse paraître, pendant la tempête, Gwendoline dormait à poings fermés dans son grand lit bien réchauffé avec son fils Hélie, qui serrait contre lui un ourson gris ! Elle s'était réveillée dès qu'elle avait senti les premiers flocons de neige se poser sur son visage, puis elle avait pris conscience de ce qui se passait autour d'elle lorsqu'elle s'était aperçu l'absence du mur et la présence des secouristes. A leur vue, elle s'était juste exclamée : « C'est bien de vouloir me réveiller pour me montrer la beauté des flocons de neige, mais j'aimerais dormir un peu, parce que demain, justement, j'ai promis à mon fils de voir le Père Noël. Pourriez-vous remonter ces murs et nous laisser tranquillement, si ce n'est pas trop vous demander ? »

Elle avait dû apprendre la nouvelle, après avoir bu un cognac pour se réveiller complètement. Sa première réaction était d'arracher le téléphone des mains du médecin, de composer mon numéro de téléphone et de m'expliquer sa réelle situation, sous les yeux ahuris des secouristes. Elle aurait pu se mettre en quarantaine avec les autres sinistrés. Mais elle, Gwendoline Lebegnec, ne le voulait pas. Elle s'estimait suffisamment solide pour prendre des décisions, seule.

A mon arrivée sur des lieux, elle était en train de prendre du dessus sur un policier, qui n'était autre que Senes. Celui-ci, sur l'ordre de Narro, devait la forcer de rejoindre les sinistrés avec Hélie. J'étais bouche bée et en même temps, incapable de retenir un rire fou en voyant Patrice Senes grogner.

« Je vous avais pourtant prévenu, l'avait Gwendoline gentiment expliqué, vous ne ferez pas le poids contre une fille d'un Général français, expert en lutte et en boxe française, mais vous n'avez fait qu'à votre tête. D'ailleurs, je ne le remercierai jamais assez pour me les avoir appris. Et, flic ou pas, je m'en moque des ordres. Tout ce que je veux, c'est de pouvoir enfin dormir dans une chambre bien chaude avec mon fils et non être coincée sur un lit de camping dans un gymnase de mon école dont le chauffage était hors service depuis plusieurs mois, en plein hiver ! Je vous conseille vivement de vous adresser au procureur de faire jouer leurs relations pour réparer le chauffage du gymnase avant la fin des vacances ! Ah oui, pour les autres sinistrés, logez-les à la police ou à la Mairie, je ne vois que ça. Compris Senouchinette ? acheva-t-elle en lui affichant un sourire triomphal. »

En entendant ce surnom, j'avais explosé de rire, en sachant très bien que je risquerais d'attirer un des regards meurtriers dont Patrice avait le secret. Il avait, ensuite, ânonné un vague « oui » à la dame. Satisfaite, la jeune mère m'avait rejoint avec son fils et depuis ce jour, elle avait dormi dans sa chambre préférée.

Rien que d'y penser, je rirais encore à cette histoire, mais par respect pour mon collègue, je me retenais. De plus, la présence d'Hélie à la police ne me présageait rien de bon. Je cherchai en vain des indices sur son comportement ces derniers temps, mais je ne remarquai guère.

- A-t-il laissé un message ? lui demandai-je, anxieux.

- Ceci.

Il sortit un papier de sa poche arrière de son jean et me le tendit. Je l'attrapai et le dépliai. Après la lecture, je levai ma tête dubitative vers Senes. Celui-ci, défensif, baragouiner quelques mots incompréhensibles, mais j'eus cru entendre un « pas moi » et un « rien fait ».

- As-tu jeté un coup d'œil sur ce papier ? l'interrogeai-je, le sourcil haussé.

- Non.

- Lis, l'obligeai-je en lui rendant le papier.

- « Charon passe et sème le secret dans l'oubli. », lut-il. C'est quoi, cette merde ? s'écria-t-il, surpris.

- J'ignore ! répondis-je, en haussant cette fois-ci mes épaules, et en levant mes paumes en l'air. En tout cas, une chose est sûre, ce n'est pas Hélie qui a écrit ça, mais il n'est que porteur de ce message. Quelqu'un nous observe, terminai-je, songeur et frémissant à l'idée que Hélie ait rencontré ce quelqu'un, qui serait le meurtrier.

- Attends, James, m'arrêta-t-il, tu veux dire que ce quelqu'un connaît ta relation avec Hélie ?

- Peut-être, peut-être pas, étalai-je très évasivement, avant de jeter des coups d'œil fugitifs autour de lui. Il veut me lancer un défi, c'est certain, mais pour quelle raison ? murmurai-je pour que seul Patrice m'entende.

Cette raison, je la connaissais par cœur, mais celle-ci n'était que la version sorcière. Dans ce monde moldu, je ne pourrais pas la dire à mon collègue, cette véritable raison. Certes, j'avais déjà relevé les défis des meurtriers, des kidnappeurs, des rançonneurs, des maîtres chanteurs, etc…, mais pour cette affaire, j'avais une intuition que derrière le meurtre d'une vieille pensionnaire se cachait un crime sorcier. Comment le découvrir sans s'attirer des ennuis ?

Soudain, j'eus une idée. Sirius pourrait m'aider.

- Pat, repris-je, je vais interroger Hélie sur le champ. Renseigne-toi qui est Charon et appelle-moi à la maison.

- Ok.

Sans attendre son approbation, je disparus rapidement dans la foule d'attente à l'accueil.

°

- Hélie ?

Silence dans la maisonnée.

Je recommençai :

- Hélie, où es-tu ? J'ai à te parler !

Nouveau silence. Je soupirai.

- ICI ! me cria-t-il du salon.

Je sursautai au son de sa voix. J'entrai dans la pièce et je découvris l'enfant en train de jouer au game boy. Je baissai mes yeux vers le haut parleur de la télévision. Celui-ci était muet.

Logique.

Hélie ne poussait jamais des cris hystériques quand il jouait au game boy. Sur les recommandations de sa mère, il avait coupé le son de la télévision et du jeu afin d'être tranquille et il s'était installé sur le canapé, loin de la télévision afin d'éviter tout trouble de vue. Quelle prévoyante mère !

- Combien de temps en as-tu pour finir ? le demandai-je.

- C'est le dernier, dit-il, en concentrant sur son jeu.

Ah, j'oubliais cette dernière règle de Maman Gwendoline : « Il ne faut jamais dépasser 30 minutes de jeu, sinon ce n'est pas bon pour les neurones. ». Elle avait raison. Autant profiter du beau temps que de rester coincé entre les quatre murs de la maison.

Pas de doute, Gwendoline était bien la fille d'une famille campagnarde bretonne et elle avait appris les joies de vivre dans la nature dans son pays natal. D'ailleurs elle transmettait « son héritage culturel » à son fils et à mes enfants. Elle savait brillamment s'adapter à la modernité en tout restant naturelle et pleine d'énergie. Sa grosse influence se faisait déjà ressentir en Hélie et même en mes enfants. Ils adoraient jouer dehors, ou même fabriquer des bateaux avec des moyens de bord, ou encore attraper des sauterelles et les étudier avant de les relâcher. Ils avaient plus ou moins inconsciemment obéi à l'une des règles fondamentales d'une instructrice : « Il vaut mieux se cultiver avant de passer à l'action. »

Cette dernière réplique s'appliquait également à mon travail de policier, mais dans d'autres termes : « Se renseigner avant de prendre une décision. »

Mieux vaut être averti que d'enfoncer dans un chemin que l'on ne connaissait pas, n'est ce pas ? Si je me souviens bien, il y doit avoir un proverbe moldu qui dit : « Un homme averti en vaut deux ».

Décidément, Gwendoline était une femme hors du commun !

- Zut ! gémit Hélie.

Je me retournai vers lui. Celui-ci, l'air frustré, me lança un regard déçu et appuya une touche qui mit fin au jeu complètement.

- J'ai failli l'avoir, ce Roi Zgorb, tu l'as vu ?

- Oui, souris-je.

Je le laissai ranger son jeu dans un petit placard qui se trouvait en dessous de la télévision. Je mordis mes lèvres inférieures, cherchant un moyen de le faire parler sans l'inquiéter. Hélie revint sur ses pas et me regarda de ses yeux bleus intrigués.

- C'est Maman ? s'inquiéta-t-il.

- Non, pas du tout ! le rassurai-je précipitamment. Je voulais… te deman… enfin, je voulais te poser une question, tu veux bien ? bredouillai-je.

Hochement d'Hélie, toujours calme.

- Tu m'as apporté un papier à la police. Qui te l'a donné ? l'interrogeai-je.

- Personne, haussa-t-il ses épaules.

- Pardon ?

Je fonçai mes sourcils. La réponse du garçon était claire et pourtant cachait quelque chose. Intérieurement, j'étais soulagé, mais je ne pus m'empêcher de frissonner que tout était organisé pour que je puisse recevoir un message.

- Ben, oui. J'ai trouvé un papier par terre à mon retour de l'école et il était écrit à ton nom, alors j'ai été à la police, mais tu n'es pas là, expliqua-t-il innocemment.

- Merci, Hélie.

L'explication du garçon me rassura complètement. « Au moins Gwendoline ne me casserait pas les oreilles, pensai-je, connaissant la force de sa mère ». Elle était, comme lui, une mère poule pour son fils, mais elle savait être rigide et cool à la fois.

- C'est mal ? demanda Hélie, alerté.

Je sursautai à sa petite voix.

- Non, non. Tu as très bien fait, me précipitai-je de le rassurer.

Je soupirai en voyant le garçon hocher de tête et me fixer dans les yeux. Ses yeux bleus reflétaient la curiosité et la détermination de découvrir quelque chose. Je déglutis ma salive. Je savais Hélie rusé comme sa mère. Un jour, il risquerait de découvrir ma véritable nature, mais pour l'instant, c'était encore un petit garçon de sept ans.

- Je dois aller à l'école maternelle de ta maman dans peu de temps, tu veux venir ? changeai-je de sujet pour détourner sa curiosité ailleurs.

Ce fut réussi. Les yeux du garçon ne brillaient plus de la volonté de trouver un indice sur moi. Ils étaient éveillés par une nouvelle information que je lui apportais.

Hélie acquiesça frénétiquement. Il avait donc envie de revoir sa mère après une journée d'école. Sa mère, ne voulant pas qu'il soit dans un complexe scolaire allant de la maternelle au lycée, avait préféré l'inscrire dans une école primaire franco-anglaise en classe de CE1, qui se situait donc à un kilomètre de la maison. A peine 7 ans, Hélie savait déjà se débrouiller, bien plus que ses camarades de classe.

- Tu veux un jus d'orange en attendant ? lui proposai-je en enlevant ma veste.

- Avec des cookies ? tenta-t-il de marchander en souriant de façon espiègle.

- Un, rétorquai-je en levant mon index. Je le savais très gourmand pour les cookies, surtout en chocolat, malgré sa taille fine.

- D'accord, répugna-t-il d'accepter « ma » marchandisation.

Sur ce, je préparai le goûter. Gwendoline a été assez strict pour le régime alimentaire quotidien. Pas plus d'un cookie, qui mesurait pourtant une dizaine de centimètres, pour un goûter. En fait, elle savait doser la qualité et la quantité dans les aliments en un seul clin d'œil ! On aurait dit qu'elle avait une calculette dans sa tête pour fabriquer de tels gâteaux !

- Dis, Ara ne vient pas aujourd'hui ? questionna Hélie, en prenant un verre de jus d'orange d'une main et un cookie de l'autre main.

- Non. Elle travaille pour quelqu'un d'autre. Elle sera là normalement dans trois jours, répliquai-je en prenant un cookie et une tasse de café à mon tour. Tu l'aimes bien ?

- Mais oui ! Comment ne pas rire quand elle a fait un truc drôle ? s'exclama-t-il.

- Ah..., fis-je avant de boire mon café.

C'était bien ce que je craignais. Si les enfants adoraient Arabella, je m'attendais au pire. Si elle faisait un truc drôle, c'était soit pour la maison, soit une mauvaise blague. Arabella et moi en menions une guerre sans fin. Cependant, je lui faisais confiance. Une confiance totale. Pour deux raisons. D'un, elle m'avait élevé et de deux, elle savait esquiver rapidement -et avec une nette facilité décontractée- des questions incessantes d'Hélie concernant la magie.

La magie. Parfaitement.

Je soupçonnais Hélie très sensible à la magie, mais il ne pouvait pas vraiment la voir clairement. Je me souvenais toujours de ce jour où il m'a interrogé directement en présence d'Arabella.

Je discutais avec Arabella à la basse voix des nouvelles du monde des sorciers dans la cave où mon ex-nourrice faisait du linge. C'était précisément à ce moment-là qu'Hélie avait choisi d'entrer et devant nous, il m'avait demandé :

- Papa, est-ce que les sorciers existent réellement ?

Arabella et moi croiserions nos regards anxieux. Je me mis à sa hauteur et j'entrepris de lui donner mon avis :

- Si tu veux savoir, je pense que ce n'est de l'image des personnes bizarres que tout le monde est d'accord pour utiliser le mot sorcier.

- Et pourtant le Père Noël est bien l'une de ces personnes, alors pourquoi ces gens-là ne le nomment pas un sorcier ! fit remarquer Hélie, sceptique.

Je n'en revins pas. Lui, à peine 6 ans, avait soulevé cette pertinente observation ! Je retins un juron envers sa mère. Celle-ci lui avait probablement raconté que le Père Noël utilisait des tours comme le fait de conduire une armée de cerfs dans le ciel ou se glisser dans la cheminée sans laisser des traces de fumée par terre pour déposer des cadeaux sous le sapin.

- Et paf ! fit Arabella soudainement en faisant claquer ses mains. Elle me jeta un regard amusé et réagit comme une jeune fille qui serait moquée de son ennemi. En plein mille ! Tu as perdu, gros niais ! s'exclama-t-elle en me montrant son dentier auquel manquaient déjà certains dents. A mon tour, se tourna-t-elle en me poussant, Hélie, hum, tu as raison pour le Père Noël. Qui croirait au Père Noël, croirait sûrement aux sorciers, n'est ce pas ?

- Oui.

- Bien, les sorciers existent bien, mais ils ne veulent pas se montrer, lui confia-t-elle sur un ton confident.

Choqué par cette facile révélation, surtout face à un enfant innocent, j'eus voulu gesticuler pour exprimer ma désapprobation à Arabella, mais celle-ci me lança un regard glacial, bref mais intensif. Je me tus immédiatement en patientant la fin de la conversation pour discuter une fois de plus avec elle sur l'éducation.

Ce n'était pas juste parce que Hélie était moldu, vivant avec moi, qu'il était censé savoir sur le monde des sorciers, mais parce qu'il n'était qu'un enfant parmi les autres. Je ne voulais pas le traumatiser, mais apparemment ce n'était pas l'opinion d'Arabella.

- Pourquoi ? surprit l'enfant.

- Tu te souviens des sœurs françaises qui s'habillent d'une robe jusqu'au cou sous la chaleur écrasante ?

- Oui.

- Eh bien, elles sont des religieuses, mais elles n'aimaient pas trop se montrer à tout le monde. Elles se réfugient entre elles dans un endroit où personne ne peut entrer. Tu as compris ?

Hélie semblait considérer cette nouvelle information. Il était prolongé dans ses réflexions, une des caractéristiques qu'il avait héritée de sa mère. Curieusement, il prenait cette pose que je connaissais par cœur chez quelqu'un d'autre. C'était la même pose que Lily. Je mordis ma lèvre inférieure en observant l'enfant, puis Arabella et de nouveau le garçon.

- Oui, donc les sorciers font la même chose ? déduisit-il pourtant incertain.

- En quelque sorte, oui, si on veut, admit la vieille femme. C'est très difficile de les trouver dans chaque coin de la rue, même dans cette salle, finit-elle en me regardant. Je déglutis ma salive en devinant parfaitement de qui elle voulait parler.

- Merci, Ara, lui sourit-il avant de se tourner vers moi. Papa, tu as perdu ! Tu me dois une glace au chocolat !

Depuis cet incident, j'avais revu mes principes sur les enfants et la magie. D'après Ara, ce n'était jamais bon de briser les convictions des enfants envers des personnages imaginaires, ou plutôt des contes, ils avaient besoin de grandir avec et puis cela faciliterait la transition entre le monde imaginaire dans lequel ils se réfugieraient pour s'enfuir leurs problèmes personnels et le monde réel où ils vivaient. Bon. « Wait and see. » comme diraient mes voisins lorsqu'ils pariaient sur leurs joueurs préférés de football ou de tennis –des sports moldus, je crois- à la télévision. J'aurais sûrement l'occasion d'expérimenter cette théorie arabellienne sur mes propres enfants et Hélie dès qu'ils seront plus grands.

Nous terminâmes tranquillement notre goûter et nous nous préparâmes à partir.

°

Une sonnerie de téléphone retentit alors je m'apprêtais à franchir la porte d'entrée. Résigné, je me retournai sur mes pas, en lançant mes clés à Hélie et en lui demandant de l'attendre dans sa voiture. Je décrochai le téléphone. C'était Senes à l'appareil. Il me paraissait très excité. Il m'a rapidement expliqué sa procédure. Il aurait fait une liste des personnes portant le même nom et fait appel à sa copine bibliothécaire, amoureuse des mythologiques grecque et romaine, qui avait résolu l'énigmatique message.

- Donc, Charon serait un batelier de l'Antiquité, qui faisait les trajets entre les mondes, l'un des vivants et l'autre des morts ? résumai-je pour être sûr d'avoir bien suivi.

En fait, Senes avait une mauvaise manie de me donner des devinettes, de me glisser des indices inachevés ou de me balancer tout en un seul trait sans prendre le soin de respirer entre les phrases. Là, c'était la dernière option qu'il venait d'utiliser.

Merde.

« On est vachement avancé, pestai-je »

Soudain, je sursautai et retirai instantanément le téléphone loin de mon oreille douloureuse. Un hurlement de joie fit écho dans ma pièce. C'était lui qui était, logiquement, incapable de se retenir dès la découverte d'un indice.

- Oui, c'est ça, James ! s'exclama-t-il. Lucy m'a dit que le secret devrait être au fond d'une rivière. Or, il est très protégé par des morts errants qui ont lamentablement échoué leur jugement. Enfin, c'est un autre aperçu, disait-elle. Alors ?

Alors ? Alors quoi ? Je jetai un coup d'œil à ma montre. Il était déjà 16h05.

Zut. Gwendoline devait m'attendre avec mes enfants.

- Eh bien, approfondis cette recherche avec Lucy, mais sans aller plus loin ! le recommandai-je.

- James !

- Bon, bon, je dois te laisser. J'ai un rendez-vous urgent, là. A demain à la première heure, je veux des réponses, le prévins-je dans un ton menaçant, bien que c'était inutile.

- Sans faute, comme si c'était pour hier ! Hé, et ma liste des personnes ?

- Donne-la à Geller, ça lui ferait des jambes ! serrai-je entre les dents avant de le raccrocher sèchement au nez.

Aahhh… Des fois, ça me faisait du bien, là… Avoir des hommes sous mes ordres pendant que je bichonnais paisiblement mes enfants. Bizarrement, une image de Patrice Senes couchant avec sa Lucy pour avoir ses indices me revint. Je me secouai la tête en pouffant de rire et rejoignis mon fils adoptif dans la voiture. Et maintenant… Direction de l'école maternelle !

°

- Mes enfants doivent changer de classe ?

En arrivant au bureau de la Directrice de Mary et d'Harry, je m'y attendais à tout sauf à ça. Je restai bouche bée. Je pensais sincèrement aux bêtises inconscientes de mon fils dues à sa magie. Mais le regard de la Directrice m'apprit que ce n'était pas de la plaisanterie. Elle était vraiment sincère.

- Oui, Monsieur, me sourit-elle d'un ton rassurant, ils sont nettement en avance par rapport à leurs camarades. C'est pourquoi, nous préférons avoir votre accord pour faire le transfert.

A ma surprise, elle rigola doucement. Je contractai furieusement mes mâchoires. Je détestais qu'on se moque de moi sans aucune raison. Je vis intrigué la Directrice se secouer la tête faisant flotter ses boucles blondes cuivrés foncés, presque brunes, avant de me regarder amusée.

- Je sais, cela peut vous surprendre, dit-elle. Ces derniers temps, vous êtes venu pour les gaffes de votre fils, mais cette fois-ci, il n'y est pour rien, je vous l'assure, ajouta-t-elle fermement.

Feignant d'ignorer ce petit incident, j'essayai mentalement de revoir des informations qu'elle venait de m'annoncer. Harry et Mary devaient donc passer tout de suite en classe supérieure. C'était l'un des systèmes moldus qui permettait de laisser certains enfants sauter une ou plusieurs classes en fonction de leurs capacités intellectuelles. Mais c'était faisable seulement en début de l'année. Or… Je jetai un coup d'œil sur un calendrier dressé sur le mur par-dessus de l'épaule de la Directrice. Or, nous étions seulement en… Mars 1985. Je suspectai avec méfiance le poisson d'Avril en avance, minutieusement préparé avec précautions par Gwendoline en collaboration avec la Directrice.

Gwendoline ? Possible.

Si c'était elle, elle serait en train de se plier en quatre et de frapper le pauvre sol dans les couloirs sous les regards amusés des enfants, qui ne tarderaient pas à l'imiter. Un hic s'imposa dans cette scène : j'aurais depuis longtemps entendu leurs rires distinctes derrière la porte. Mais…

Silence. Radio total.

Résigné, je reconsidérai la proposition de la Directrice, en voulant bien admettre l'authenticité de cette histoire de classe. Je croisai les yeux bruns de la dame blonde dans les miens.

- Supposant que tout ce que vous dites sur mes enfants est vrai, puis-je avoir des preuves sous mes yeux, sans vous offenser, bien sûr, attestant le niveau de mes enfants, Madame Pitt ? demandai-je, le sourcil levé.

Le sourire de la dite Madame Pitt s'évanouit, dessinant une bouche entrouverte sur ses lèvres. Elle soupira.

- Gwendoline m'avait prévenue, se marmonna-t-elle plus à elle-même qu'à moi. Vous êtes dur, Monsieur Potter. Je vais…

J'esquissai un sourire jusqu'à mes oreilles. Hop, une plaisanterie à l'eau ! Gwendoline démasquée !

1 – 0 pour moi, James Aldric Potter !

Pas mal, Gwendoline !

Mon sourire triomphant s'évanouit immédiatement dès que des tests me furent montrés sous le nez.

- … vous les prouver. Des questions à me poser ? couina-t-elle narquoisement.

Je ne vis que des notes excellentes. De A à Z. La Directrice m'avait même mentionnée que la Maîtresse avait aussi fait passer des petits tests des classes supérieures à Harry et à Mary sans que ceux-ci les aient distingués.

- Je… Je… Rien. Je retire ma première question, lâchai-je soudainement gêné. Je sentis honteusement les joues cramoisies. Je pensais furieusement à Gwendoline et ses insinuations à propos du Premier Avril ces derniers temps.

0 – 0, nul. Retour à la case de départ.

« On aura sûrement une conversation ce soir, me jurai-je sombrement. »

- Bien, alors votre accord sur le transfert ? insista Pitt, peu impatiente.

- Vous… vous l'avez déjà, cédai-je.

- Parfait, ils seront dans une classe supérieure avec Mademoiselle Sword dès demain matin, m'informa-t-elle soulagée. Ils se prépareront à entrer à l'école primaire, sauf si vous voulez qu'ils changent d'établissement. Dans ce cas, je vous conseille déjà de choisir le formulaire dès maintenant, termina-t-elle en me tendant des maquettes sur des écoles primaires.

- Déjà ? fis-je ahuri.

- Ceux qui désirent changer d'établissement doivent s'inscrire dans l'immédiat pour réserver leur place. Bien sûr ce n'est pas définitif, il existe des sélections sur dossier, poursuit-elle comme si elle n'avait pas été interrompue. Mais ceci concerne à partir de primaire. Monsieur Potter, puis-je vous donner mon avis ?

Son regard brun pénétrant me fit froid dans le dos. On aurait dit qu'elle m'en voulait de l'avoir défié et que sûrement, elle en redoutait un autre. Sans prendre de risques, j'optai la relation docile entre une responsable pédagogique des enfants et un père.

- Oui, Madame la Directrice.

Elle me regarda un peu surprise, mais n'en fit aucun commentaire.

- Vos enfants ont de réelles capacités, bien plus que leur âge, entama-t-elle. Je trouve qu'il serait fort dommage de les mettre dans une école où ils ne pourront pas vraiment exprimer leurs talents. Alors, … j'en connais une qui serait la mieux adaptée pour leur épanouissement. Il s'agit d'une école franco-anglaise, pas loin d'ici.

Bien. Tout me parait bien. Mes enfants iront dans cette école. Attends…

Cette école me dit quelque chose…

- Ecole primaire Simone de Beauvoir ? répliquai-je.

- Exact. Après tout ce n'est que mon avis pour l'année suivante, prenez tout de même du temps pour étudier les formules des autres établissements, enchaîna-t-elle sans s'arrêter. Si vous avez des questions, vous pourrez toujours demander à Gwendoline. Elle connaît les écoles sur le bout des doigts.

- Merci, Madame.

Parfait.

Je m'apprêtai à me lever qu'une main de la Directrice me gesticula de retourner sur la chaise. Surpris, j'obéis.

- Autre chose, j'aimerais vous avertir d'un comportement étrange de Mary.

- Qu'est ce qui s'est passé ? l'interrogeai-je soudainement inquiet, en voyant la tête gênée de la femme.

- Monsieur Potter, il m'est difficile de vous expliquer son attitude, mais regardez ses dessins, introduisit-elle des feuilles sur son bureau.

Je découvris avec frayeur ces dessins. Certes, à la première vue, il s'agissait bien des dessins d'un enfant, mais ils décrivaient souvent une scène particulière et bien sans les couleurs vives comme l'aimaient les enfants.

- Mary dessine tout ce qu'elle voit. Réaction normale d'un enfant, sauf qu'ils sont noirs et qu'ils se sont passés avant le dénouement, m'indiqua Madame Pitt.

- Pardon ? Avant le dénouement ? sursautai-je de surprise.

Non…

Elle aurait déjà des pouvoirs ? Ceux de prémonition ?

Bon sang ! Tout s'expliquait ! Des rêves futuristes, que j'avais faites quand j'entrais en contact avec Mary, provenaient d'elle ! Impossible… En fait, personne dans ma famille n'était voyante. Peut-être chez Lily ? Non. J'en doute fortement. Sûrement pas voyante dans ce genre, peut-être un avertissement du futur chaotique ? Serait-il le commencement ?

Je mordis mes lèvres inférieures et j'écoutai la Directrice plaidoyer son point de vue.

- Oui, sans vouloir vous vexer, je pense que votre fille, Mary, a besoin d'être suivie par un psychologue. Il est déjà venu aujourd'hui la consulter et… tenez, finit-elle en me glissant un registre médical sur ma fille.

- Traumatisme hallucinatoire ? répétai-je. Que…

- Que Mary souffre d'une déséquilibre oculaire, c'est-à-dire qu'en gros, elle voit des évènements qui n'ont pas lieu, me coupa-t-elle, pressée d'en finir. Comprenez, Monsieur Potter, mon hésitation de…

- Ce n'est rien. Merci de m'avoir averti, l'interrompus-je à mon tour. Je… je vais réfléchir. Autre problème ? ajoutai-je en me forçant sur un ton plus rassurant.

- Non, heureusement ! s'en réjouit-elle. Bon, je ne vais plus vous retenir plus longtemps. Sachez que je suis désolée pour votre fille, mais…

- Merci, je vous enverrai ma décision pour l'année suivante, indiquai-je fermement, désireux de quitter cette salle.

J'ouvris la porte brusquement et je fonçai dans le couloir en voyant mes enfants sagement assis sur un petit banc. Soudain, mon pied se glissa, j'hurlai et je cherchai désespérément à cramponner un n'importe quel objet. La seule chose que j'eus sous la main était d'attraper le portemanteau qui se trouvait justement à côté du bureau de la Directrice. Malheureusement, il ne résista pas sous mon poids. Je m'écrasai douloureusement contre le sol humide et le portemanteau vint assommer ma tête et me couvrir de manteaux féminins. J'entendis des rires familiers. C'étaient ceux de Gwendoline et les enfants.

Très bien.

0 – 1 pour Gwendoline Lebergnec. Attends, ma chère, tu vas voir mes dons marauderesques…

Débarrassé du portemanteau, j'entrepris de me lever lorsque les rires redoublèrent brutalement. Je levai à la fois intrigué et suspicieux la tête vers les fautifs et la Directrice, y compris. Soudainement, j'eus froid dans mon derrière. J'y glissai et je sentis avec dégoût un gelé moelleux. Je compris dès que je vis la couleur rouge… d'une confiture de fraises.

« Très amusant, pensai-je amèrement. Et maintenant comment vais-je faire ? Me promener avec un caleçon ? »

- Bien, je vous félicite. Passez-moi maintenant du savon et de l'eau.

- C'est que…, hésita Gwendoline, essayant bien que mal de se retenir de rire, on attend la livraison des savons demain. Tu sais, Jim, Harry a détruit dernièrement tout le stockage. Quant à l'eau, la plomberie a pété aujourd'hui. On est donc obligé de fermer toutes les vannes. Alors, tout ce que je peux te suggérer est…

°

- Je crois que je maintiens mon opinion : tout le monde me regarde !

- Nooonnn, hoqueta Gwendoline en posant un sachet de concombres. Ils ne te regardent pas !

Elle jeta des regards autour d'elle. Elle haussa les épaules, bien qu'elle sache très bien que tout le monde s'esclaffa derrière le dos de James. Elle sourit innocemment. Trop innocemment au goût de James.

- Gwen…

- Bon, d'accord, céda-t-elle, ils admirent plutôt tes jambes musclées, alors ne te plains pas, Jimouchou !

Des rires se firent entendre en entendant le nom de l'homme. Celui-ci se retourna vers les clients de l'épicerie avec un regard foudroyant qui les incita à se taire et à s'éloigner. Il reporta de nouveau sur sa conjointe.

- Gwendoline Madeleine Lebergnec ! la gronda-t-il.

- Et alors ? Que veux-tu que je fasse ? s'étonna-t-elle en remplissant un autre sachet des tomates. Je ne vois toujours pas pourquoi tu râles. Tu es pourtant si chou avec ton caleçon blanc aux cœurs rouges avec ton tee-shirt rouge, pointa-t-elle le seul vêtement de James avant de prendre une autre tomate. A moins que tu veuilles que je le tache avec cette tomate pourrie ? finit-elle en regardant alternativement le légume et sa victime avec un sourire espiègle.

- NON ! paniqua-t-il, effrayé à l'idée de se retrouver tout nu. C'est bon, je crois que tu as raison sur la ligne, abandonna-t-il sombrement.

- Ah, tu le reconnais enfin ! le décréta-t-elle triomphante en se dirigeant vers la caisse. Bonjour, Monsieur, salua l'hôte de caisse.

Soudain, une main rattrapa une tomate du sachet que Gwendoline avait posé sur la table. La jeune femme repéra rapidement l'auteur, qui était en train de la croquer. La cliente n'en apprécia pas. James la vit très bien et préféra se retirer en poussant ses enfants, qui jusqu'à présent suivaient leurs parents.

- Jeune homme, savez-vous que cela ne se fait pas d'attaquer les aliments des clients pour en faire un festin ?

- Je m'en fous, du moment que je les trouve pourris, la provoqua-t-il. Regarde-la.

Sur ce, il lâcha la tomate qui s'éclata sur le sol.

- Saïd…, intervint l'hôte de caisse d'une voix tremblante mais outrée.

- Même pas cap' de me virer ? Tu n'es qu'un beau con qui pue la peur ! AÏE !

Il se trouvait brutalement collé sur la table, son bras derrière son dos, poussant des gémissements de douleur. Il jeta un regard noir à son agresseur qui n'était autre que la jeune maman d'une famille avec un vieux au caleçon. Insouciante, celle-ci le tenait fermement.

- Je vois que vous n'avez pas retenu la leçon. Votre éducation est à refaire, jeune homme, dramatisa-t-elle. Si ce gentil épicier tremblant n'ose pas vous mettre à la porte, eh bien, je vais m'en charger, lui promit-elle, sérieuse.

- Tu n'en oseras pas ! la cracha-t-il, persuadé qu'elle allait le lâcher dans peu de temps.

- Pardon ? Aurais-je mal entendu ? répliqua-t-elle dans une voix suspicieuse. Jimichou, il a bien dit que je n'oserai pas, c'est exact ? lui demanda-t-elle en se tordant le cou.

L'homme en question éclata en tomate rouge vif à force de se retenir de rire en voyant sa conjointe prendre dessus sur un jeune homme, pourtant, plus solide et plus grand qu'elle. C'était sans la connaître véritablement qu'il se trouvait coincé. L'homme en rouge ne put que confirmer Gwendoline en hochant la tête de façon affirmative.

- Bien, bien…, répéta la jeune femme en se concentrant sur Saïd. Apprenez, jeune homme, que si vous vous nourrirez que des tomates, vous aurez un cancer de l'intestin. Oh, peut-être que vous le savez ?

- Va te faire foutre ! réussit-il à dire.

- Je crois que votre cas est très désespérant, se secoua-t-elle, faussement alarmée. Vous ne comprenez pas le langage courant. Très bien, je vais en utiliser, votre langue que vos oreilles aiment entendre, le prévint-elle à son oreille.

- Enculé !

- Okay, okay, espèce d'enculé, kiffe cette main, lui montra-t-elle sa main. Elle a des fourmis. Làààà, elle forme un poing. Il va te coller à la grande gueule dans une seconde. A donf, capito, mac ? siffla-t-elle, savourant son plaisir de le faire souffrir.

Le jeune homme sentit des sueurs perler sur son front, mais ne fit que l'insulter.

- Salope !

- Pigé… Pigé… Go !

Un brisement de verre se fit entendre dans cette salle. Gwendoline garda son sourire triomphant en faisant craquer ses doigts, tandis que les autres occupants de l'épicerie se protégèrent, ébahis par la performance de la jeune fille. Celle-ci se dirigea avec détermination vers le jeune homme qui se redressait à peine sur ses coudes et le fit coucher immédiatement en le pressant avec son pied, le faisant tousser.

- Aloooors, mec, ça pisse hein ? s'excita-t-elle à la vue du sang qui sortait de la bouche. Elle pressa encore plus le torse de sa victime, ce qui lui fait arracher un cri de douleur.

- Oh, yé dec' ? Sorry, ben, ça pisse plus ! s'excusa-t-elle. Ne reviens plus ou c'est mon pied avec une talon pointue, aussi pointue qu'une fil de fer qui perce facilement le peau et qui ira cette fois sur ton zizi, pigé, mec ? le proposa-t-elle une trève en appuyant sensiblement son talon entre ses aines.

- Ou… Oui, madame, céda sa victime, pâle.

- Tiens ! Mon poing t'a bien arrangé ta tête qui n'a qu'une araignée à la place du cerveau ! s'exclama-t-elle, fière d'elle d'avoir fait respecter le jeune homme ! Retiens bien ceci, jeune homme, tu vas immédiatement réparer tout ce que t'as fait à ce pauvre homme ou tu auras de mes nouvelles, le sermonna-t-elle.

Elle reçut un acquiescement mimique de Saïd. Elle retira alors son talon et le jeune homme se pressa de se lever, de peur de recevoir un nouveau coup sur sa zone sensible.

- Bien, commence maintenant par chercher une belle tomate et bien égrappée, s'il te plaît et peut-être que je vais te payer. Va ! l'ordonna-t-elle.

Le jeune homme obéit et se précipita dans le magasin, suivi de Gwendoline qui y pénétrait impérialement. Elle garda cependant un regard dresseur sur le garçon en se postant à la caisse, aux côtés de sa famille.

- Ca va, mes choux ? Rien de blessé ? s'inquiéta-t-elle soudainement.

- Non, firent les membres de sa famille en chœur, les sourires jusqu'aux oreilles et tous rouges.

- Madame, voici la tomate que vous désirez, présenta le jeune homme en apportant le légume à Gwendoline.

- Mmh, ça ira, examina-t-elle d'un œil expert. Voici un spelling et va nettoyer la vitre et obéis à l'épicier et que ça saute ! le commanda-t-elle.

Sans dire le moindre mot, Saïd disparut dans l'arrière clos et réapparut avec un tablier, un balai et une poubelle. Sous l'œil de la jeune femme, il se dirigea vers la vitre brisée.

- Bon, je crois que le problème est réglé, enfin à part la vitre, Monsieur, combien vous dois-je ? s'adressa-t-elle à l'épicier, ébahi.

- Rien, Madame, vous m'avez rendu un énorme service ! le remercia-t-il chaleureusement.

- Paaarfait ! Je vous donne cependant mon numéro de téléphone au cas si SAÏD tourne mal de nouveau, le conseilla-t-elle en appuyant distinctement le prénom de sa victime. Elle vit d'un coin de l'œil ses épaules sursauter, signe qu'il avait entendu sa phrase. Elle esquissa un sourire. A bientôt, Monsieur.

- Bonne soirée, madame ! s'inclina le vieil homme. Ah, Monsieur, le retint-il par son bras, vous avez de la chance de l'avoir et d'ailleurs, je suis tout à fait d'accord avec elle pour votre caleçon.

Alors? Vous avez aimé? Vous pouvez aussi me suggérer des idées drôles ou alors, je vais en inventer des pires... Peut-être que l'influence de Gwendoline se fera ressentir en Harry et en Mary au dam de James.

A bientôt, j'espère! Cornett