La silhouette noire du voleur passait totalement inaperçu entre les maigres cyprès qui se découpaient dans la nuit. L'allée qu'ils formaient jusqu'à l'entrée du mausolée était pleine à craquer. Autant de journaliste, de policiers et de simples curieux venus surprendre Dark, le célèbre "voleur fantôme". Répondant par la présente à son annonce, les gens se pressaient. Le commissaire Saehara se pressait inutilement aux côtés du jeune premier Hiwatari Satoshi en commentant tout aussi inutilement l'architecture du mausolée.

Le jeune homme, sans prêter attention aux divaguations du policier, faisait glisser son regard entre les haies d'arbres.

Il se remit une mèche de cheveux derrière l'oreille, remonta sa cravate et gravit les 30 marches du mausolée.

Le silence qui règnait dans la salle était des plus pesants. Hiwatari hocha la tête et sourit dans l'obscrité. Ca faisait un moment qu'il avait remarqué la mince silhouette de Dark, tout encapuchonné, qui rampait derrière les cyprès. Le voleur, lui, ne semblait pas avoir remarqué sa présence. Ainsi, il bénéficiait d'un avantage sur lui. Un avantage considérable. Il fit quelques pas dans la pièce et releva les yeux. Trois escaliers. Les trois escaliers qu'il étudiait depuis le matin. Depuis l'arrivée au commissariat de l'annonce du forfait.

Hiwatari grimpa par l'escalier de droite. Logiquement, Dark rentrera soit par le vitrail du toit, soit par l'escalier de gauche. Ainsi, il n'aurait aucun mal à le coincer devant l'autel. Il s'avança silencieusement et se glissa auprès de l'oeuvre. La Marquise Céleste. Dark menaçait la Marquise Céleste.

La Marquise était une statuette de maître venue droit de l'Italie du XIII' siècle. Entièrement en porcelaine veritable, ornée de véritables dorures et de pierreries, la figurine atteignait une valeur inestimable.

Hiwatari retint son souffle. Un craquement résonna dans le mausolée vide, suivit du frottement caractéristique du tissu contre la pierre. Puis plus aucun bruit. Rien ne s'avança vers l'autel. Les rayons de la Lune, seuls, filtrés par le vitrail du plafond, brisaient la monotonie du paysage ambiant. La chaleur devenait chaque seconde plus éttouffante, le mercure augmentant avec la pression. Satoshi tira sur sa cravate et desserra le noeud en un clin d'oeil. Il s'essuya le front et retint sa respiration. Soudain, il la vit. Il vit la silhouette mince courir vers le centre de la pièce. Hiwatari se leva d'un bond et se plaça entre le coureur et la Marquise. Le coureur amorça un freinage et le rata. Il dérapa et valdingua à l'autre bout de la pièce, entraînant Hiwatari avec lui. Celui-ci secoua la tête et remit ses lunettes en place. Avec la faible lueur nocturne, il aperçut le visage de Risa Harada à quelques centimètres du sien.