Chapitre 6 :

Premier affrontement

- Ron ! Dit Hermione en ouvrant la porte.

- Salut, dit-il, le visage neutre.

- Salut.

Hermione ne savait pas comment réagir, lui sauter dans les bras et l'embrasser, rester normal ou bien lui demander pardon directement ? Elle opta pour la seconde solution et le fit entrer. Lui aussi semblait en proie à un tiraillement intérieur. Elle savait qu'elle devrait l'affronter bientôt quand elle avait remis les pieds à Londres, mais elle ne pensait que ça allait se produire aussi tôt. Elle n'était pas prête à le voir, à tout lui dire.

- Je suis content de te revoir, dit Ron.

« Moi aussi », fut la seule réponse possible d'Hermione. Elle ne savait pas quoi faire, quoi dire. Elle n'était pas seulement heureuse de le revoir. A l'intérieur, son cœur battait la chamade, son estomac faisait des bonds et ses jambes étaient prêtes à flancher. Elle se sentait comme une jeune fille qui vient d'avoir le coup de foudre pour le garçon qui est en face d'elle. Mais le coup de foudre pour Ron, Hermione l'avait eu depuis bien longtemps, depuis ses onze ans, quand elle l'avait vu dans le train, lui qui essayait de changer la couleur de son rat en jaune et qui avait une tâche de chocolat sur la joue et elle, qui cherchait Trévor, le crapaud de Neville Londubat.

Elle l'invita à s'asseoir de plus en plus mal à l'aise. Elle ne s'était même pas demander comment il avait su qu'elle était là. Harry devait être derrière tout ça, ou peut-être Ginny. Oui, plutôt Ginny, elle avait confiance en Harry, il s'était tu pendant des années, Ginny était trop impatiente de la revoir, elle avait dû le dire à son frère, peut-être par inadvertance.

- Comment tu … Commença Hermione.

- C'est Ginny. Je suis passé chez eux tout à l'heure. Ginny m'a dit que tu étais revenue et en insistant un peu, j'ai su où tu étais.

- Je vois.

On aurait vraiment dit deux adolescents qui se rencontraient pour un premier rendez-vous. Ils ne savaient pas quoi se dire, et pourtant, ils savaient tous les deux que parfois les mots étaient inutiles.

- Il faut que je te pose la question ou tu comptes me dire tout ? Demanda Ron, dont la voix était devenue un peu plus sèche.

- Ron, je… je suis…

- Désolée ?

- Oui entre autre.

- Pourquoi es-tu parti, Hermione ?

Hermione. Ron ne l'avait plus appelé comme ça depuis longtemps, depuis la dernière fois qu'ils avaient fait l'amour. Il n'y avait que dans ces moments-là, où il l'appelait par son prénom entier. Le reste du temps c'était Mione, surtout depuis qu'ils étaient ensemble. Jamais personne ne l'avait appelé Mione, Ron était le seul et il défendait quiconque de l'appeler ainsi. C'était sa propriété. Hermione avait été sa propriété, aujourd'hui, elle était de nouveau Hermione. D'ailleurs, à quoi s'attendait-elle après toutes ces années ?

- J'ai fait une erreur, je le sais, commença Hermione en lançant un regard à Ron lui demandant de la laisser continuer. Mais, quand j'ai voulu faire marche arrière, c'était trop tard. Je t'avais déjà perdu. J'ai compris que j'étais la fautive, c'était normal. A quoi je m'attendais ?

Plus Hermione parlait, moins Ron comprenait. De quoi était-elle entrain de parler ?

- Il faut que tu saches, Ron que je…

Hermione ne put terminer sa phrase. Le grincement de la porte de la chambre de la suite attira son attention comme celle de Ron. Une petite tête rousse en émergea et Hermione ouvrit de grands yeux, paniquée. Andrew regardait sa mère avec un air désolé, visible sur le visage. Il s'avança prudemment vers les deux adultes, en lançant furtivement un regard vers Ron… son père.

- Je suis désolée, mais j'avais envie d'aller aux toilettes et comme tu m'as dit de pas bouger et ben…

Andrew baissa les yeux et Hermione remarqua que son fils avait fait pipi dans son pantalon de pyjama. Mais elle nota aussi qu'il n'avait pas prononcé le mot Maman. D'habitude, il ponctuait toujours ses phrases avec ce mot. Il n'avait peut-être pas osé, sachant que la situation était déjà assez tendu entre sa maman et cet homme… son père.

- Ce n'est rien. Je n'aurais pas du, dit Hermione en se levant. Viens avec moi, on va aller changer ça.

Contrairement à son fils, Hermione n'essaya pas de lancer un regard, même furtif, à Ron. Néanmoins elle sentait son regard à lui posé sur elle. Elle prit la main d'Andrew et passa dans la salle de bain. Elle aurait pu tout simplement lui lancer un sort de nettoyage, mais elle avait préféré s'en occuper manuellement. Elle pouvait ainsi préparer la colère de Ron et peut-être les réponses à ses questions, tout en changeant son fils.

Dans la salle de bain, Andrew s'excusa encore une fois d'avoir dérangé sa mère. Mais il ne pouvait pas empêcher ce sourire de s'étirer sur ses lèvres. Hermione savait pourquoi, il venait de voir son père pour la première fois. Il en avait toujours rêvé. Elle lui mit un pantalon de pyjama tout propre et sortit de la salle de bain. Ron était à présent debout et vu son visage, la colère semblait le gagner. Il n'était pas dupe, rien qu'à ses cheveux, il avait reconnu que ce « bonhomme » était un Weasley. Le fils d'Hermione… son fils donc.

Il regarda Hermione qui préférait regarder son fils qui lui ne quittait pas Ron des yeux. Elle se décida finalement à regarder le père de son enfant dans les yeux et en une fraction de seconde, elle put y lire tout à la fois, tristesse, amertume, colère, jalousie, effroi et de la haine sûrement, beaucoup de haine même en y regardant un peu plus.

- Ne me dis pas que… commença Ron, mais la fin de sa phrase mourut dans sa gorge. Ses yeux lançaient des éclairs qui foudroyaient Hermione à chaque battements de cils.

Hermione ne dit rien et il prit son mutisme comme un oui à sa question inachevée.

- Emmènes-le dans la chambre, avant que je m'énerve, murmura-t-il. J'ai pas envie qu'il voit et qu'il entende ce que j'ai envie de te dire, là, maintenant !

Hermione obéit. Il avait raison, elle ne voulait pas que son fils entende la conversation qui allait suivre. Elle savait qu'elle ne pourrait pas y échapper. Elle aurait peut-être voulu qu'elle arrive un peu plus tard, demain, par exemple, mais pas ce soir, elle venait tout juste d'arriver. Elle demanda à Andrew d'aller dans la chambre et de continuer tranquillement ce qu'il faisait l'instant d'avant. Il regarda une dernière fois son père avant de se diriger timidement vers la chambre de la suite et de la refermer sur lui. Hermione lança discrètement un sort d'insonorisation sur la porte.

Elle se tourna ensuite vers Ron. La colère se lisait sur son visage. Il la regarda un moment, sans rien dire, lui montrant par un simple regard toute la haine soudaine qu'il ressentait envers elle.

- UN FILS ! Tu le savais ? Quand tu es partie, tu le savais ? Explosa-t-il.

- Je… Oui.

- Ne me dis pas que… Tu n'as pas fait ça, Hermione…

On sentait plus de tristesse et de peur dans sa voix que de colère, à présent.

- Je suis désolée, dit-elle, d'une toute petite voix.

- Tu es partie parce que tu étais enceinte ? Enceinte de moi ? Tout ce que tu trouves à dire, c'est que tu es désolée ? C'ETAIT SI TERRIBLE ?

- Ne hurles pas, je t'en pries.

- J'EN AI RIEN A FAIRE.

- Tu ne comprends pas.

- ALORS EXPLIQUES MOI !

- Tu n'étais pas là.

- Alors tu as été en voir un autre !

- NON ! Comment… JAMAIS RON ! … Tu étais en mission depuis déjà deux semaines quand j'ai appris que j'étais enceinte. J'étais déjà enceinte de presque deux mois, mais avec le travail, l'Ordre et tout, je ne m'en suis pas rendu compte. Hermione était tétanisée et désemparée. Tu devais revenir dans trois jours mais quand je suis rentrée à l'appartement, il y avait une lettre de toi me disant que la mission avait été prolongée de trois autres semaines car vous n'aviez rien trouvé d'intéressant et que vous étiez sur une autre piste. J'aurais été enceinte de près de trois mois quand tu serais rentrée, tout le monde l'aurait su et toi, non. J'avais peur, peur que mon enfant… que notre enfant ne te voit jamais. Je ne voulais pas qu'il grandisse sans toi. De plus, au Ministère, toutes les filles… femmes parlaient de toi et de Harry. Vous étiez forts, beaux, populaires, etc. Vous étiez des coqueluches. En les entendant parler, je me demandais souvent ce tu pouvais bien faire avec moi, qui passait mon temps à travailler, à faire des recherches. Tu ne sais pas ce que sait de voir toutes ces filles plus belles te tourner autour, même si tu n'en avais rien à faire, ajouta-t-elle avant qu'il ne dise quoi que soit.

Ron était surtout focalisé sur le moment où Hermione disait qu'elle ne voulait pas que leur enfant grandisse sans son père. Quelle dure réalité !

- Tu dis que tu ne voulais pas qu'il grandisse sans me voir. Pourtant, il ne m'a jamais vu puisque tu es partie. Partie parce que tu étais enceinte. Je te croyais intelligente, Hermione, mais je crois que je me suis encore trompé sur toi. Je te déteste, dit Ron d'une voix où perçait la douleur.

- NON ! Je suis désolée, Ron, tellement désolée. J'ai mal chaque jour depuis quatre ans, rien que de penser à ce que j'ai fait mais c'était déjà trop tard. Regarder Andrew était une douleur au début, tellement il te ressemble et puis c'est devenu un plaisir de le regarder pour les mêmes raisons. Tout mon amour pour toi allait vers lui.

- Je ne te crois pas Hermione, je ne te crois plus. Je t'aimais comme un fou, je t'ai toujours aimé et tu le sais. Mais j'ai trop souffert. Tu ne sais même pas ce que j'ai vécu. Sa voix reflétait le douleur au début, maintenant elle se mutait en colère. Aujourd'hui, j'ai du sang sur les mains et c'est de ta faute. J'ai tué des gens pour me calmer, c'était peut-être des ordures de Mangemorts mais je les ai tué alors que j'aurais pu les envoyer à Azkaban à vie. Mais tu sais le pire, c'est que ça me faisait du bien de tuer, ça me soulageait !

Alors que Ron disait ce qu'il avait sur le cœur, Hermione le regardait de plus en plus effrayée. Les iris des yeux de Ron, si bleues d'ordinaire, s'étaient assombries, Hermione pouvait sentir la colère émanée de lui. Il exorcisait sa colère et sa douleur refoulées depuis trop longtemps, il la mettait devant le fait accompli. Il serrait les poings et elle reculait, encore plus apeurée. Ron était impressionnant. Elle l'avait déjà vu énervé. Ils se disputaient souvent à l'époque de Poudlard, mais à cette époque l'amour persistait toujours un peu entre eux, aujourd'hui seule sa colère s'en dégageait, elle était noire et froide, dépourvue de tous sentiments heureux. Elle avait forgé cette colère, elle le savait.

Apeuré par les cris de Ron, malgré le sort d'insonorisation, Andrew ne put s'empêcher de désobéir à sa mère et d'entrer dans la pièce. En voyant sa mère en larmes, les yeux grands ouverts par la peur, il courut vers elle et s'accrocha à ses jambes.

Hermione fut surprise de le sentir contre elle, elle ne l'avait pas vu arriver . Elle se baissa et le prit dans ses bras, oubliant soudainement Ron. Andrew aussi, pleurait, à présent.

La colère de Ron retomba d'un cran quand il vit une petite tête d'un roux assez familier se jeter sur Hermione, comme pour la protéger, la protéger de lui. Il avait fait peur à son fils. Il ne le connaissait même pas et déjà il l'effrayait. Cette pensée lui serra le cœur. Andrew voulait protéger sa mère, comme lui voulait protéger la femme qu'il aimait à une époque. Hermione pleurait toujours avec Andrew dans ses bras qui lui chuchotait à l'oreille d'arrêter, qu'il n'aimait pas quand elle pleurait comme ça. Car ce n'était pas la première fois que sa maman pleurait, qu'il la voyait et qu'il la consolait comme le font les grandes personnes.

- Je t'aime, Maman. Arrêtes de pleurer, s'il te plait, lui dit Andrew d'une voix douce.

Je t'aime Hermione. Ne pleures plus, je t'en pris. A présent cette phrase résonnait dans l'esprit de Ron. Il le lui avait si souvent dit pendant la guerre. Ron était souvent envoyé en mission avec son métier d'Auror, soit pour l'Ordre, soit pour le Ministère. Parfois ses missions pouvaient s'étaler sur plusieurs jours, voire des semaines et Hermione n'y tenait plus de le voir partir à chaque fois, pour des moments, revenir dans des états catastrophiques. Elle finissait toujours par craquer à un moment. Ron essayait toujours de la consoler comme il le pouvait en lui montrant son amour, comme venait de le faire Andrew devant lui.

Je t'aime Hermione. Ne pleures plus, je t'en pris.

Hermione essuya ses larmes avec l'aide de son fils et elle leva les yeux. Ron semblait totalement perdu devant la scène qui s'exposait devant lui, il se sentait impuissant. Il ne fixait pas Hermione mais Andrew. Et c'est sans un regard pour elle qu'il quitta la pièce. Hermione ne pleurait plus, mais la tristesse, le désespoir et la souffrance se reflétaient parfaitement sur son visage.

- C'est fini, Maman, lui dit Andrew comme si elle se réveillait d'un cauchemar. Mais Andrew ne pouvait pas mesurer l'impact de ces paroles sur sa mère. Oui, tout était fini, bien fini. Elle en était plus que sûre maintenant.

- Oui, mon chéri, tout est fini, lui dit-elle d'une voix brisée. On va rentrer à la maison, demain, d'accord ?

- Pourquoi ?

Andrew commençait à se fâcher, il ne voulait pas retourner au Canada. Il n'aimait pas. Il voulait rester ici pour voir Harry plus souvent et la jeune femme rousse aussi et son papa.

- On ne peut pas rester ici, mon chéri, je…

- Mais tu m'avais promis, s'écria Andrew en se dégageant de l'étreinte de sa mère. Tu m'avais dit que je connaîtrais mon papa. Je veux le voir !

- Mais tu l'as vu et… on reviendra, promis et tu le reverras, mais…

- NON ! JE VEUX LE VOIR TOUT DE SUITE ! JE VEUX PAS PARTIR, C'EST MON PAPA ! Un papa et une maman, ça doit vivre ensemble, c'est Katy qui me l'a dit, son papa et sa maman à elle, ils vivent ensemble. Elle va même avoir une petite sœur ! Son papa, il ne l'a jamais quitté et même si mon papa à moi, il crie et qu'il est en colère, je veux pas le quitter !

Que répliquer à ça ? Hermione ne put rien dire… Un petit garçon de quatre ans, son fils, venait de lui dire ce qu'elle redoutait d'entendre un jour, le regard des autres, des siens allait tomber. Il aimait son papa alors qu'il l'avait vu crier, il voulait rester pour le revoir et elle l'avait privé d'un père, de son père pendant quatre ans, quatre longues années. Les autres enfants avaient leur papa, lui aussi voulait le sien.

- On va aller se coucher et on verra demain, dit Hermione.

- NON ! Je te connais, hein ? Demain, tu vas dire pareil alors tu vas promettre !

Hermione regarda son fils, il semblait déterminé. Elle hocha la tête et se mit à genou pour être à sa hauteur.

- D'accord, se résigna-t-elle. On va rester encore un peu, je te le promets.

- Faut lever la main comme ça, lui dit-il. Il lui montra comment faire. Hermione le fit, attendrie et répéta.

- Maintenant tu craches, dit Andrew.

- Quoi ? S'exclama Hermione, maintenant plutôt amusée par la situation.

- A l'école, on crache quand on fait une promise.

- Une promesse, Andrew, rectifia Hermione.

- Une promesse. Mais tu dois cracher.

- D'accord, viens. Je ne vais pas cracher sur le tapis.

Ils allèrent dans la salle de bain et Hermione cracha dans le lavabo, puis rinça.

- C'est bon, constata Andrew, satisfait. On va se coucher ?


Merci à Anacofleb, GinnyPotter02, LiLy Jolie, emmi, aminteitha, Angelou, Virg05, lauralavoiepelletier, hp-dafie-hp, Alpo, princess-chanel, Marilou Lupin, Hermy Granger-Weasley, Larme d'ange, Ashlee77 pour leurs reviews.

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