Chapitre 8 :
Un Chemin et des Murs
Le lendemain, Hermione se leva de bonne heure et s'habilla sans réveiller son fils. Elle se mit devant la fenêtre de la pièce principale et regarda au dehors, une tasse de café à la main. On pouvait distinguer le côté moldu. Ça faisait longtemps qu'elle ne s'était pas sentie aussi calme. Depuis qu'elle était revenue, beaucoup de choses s'étaient passées, trop de choses peut-être. Elle avait failli perdre son fils et Ron, même si elle savait qu'elle l'avait déjà perdu.
Elle avait toujours aimé Ron, jusqu'à ce qu'elle s'en souvienne, il avait toujours envahi son cœur. Elle avait attendu pour qu'il se rende compte qu'elle était une fille, attendu pour qu'il lui avoue enfin ses sentiments et encore attendue, tous les soirs, pour qu'il rentre de missions avec la peur qu'il ne revienne pas ou qu'il soit blessé.
Elle était tellement perdu dans ses pensées, qu'elle n'entendit pas les trois petits coups frappés à la porte de la suite.
- Coucou.
Hermione sursauta et se retourna vivement pour voir la tête de Ginny dans l'entrebâillement de la porte.
- Je ne te dérange pas ? Demanda la plus jeune des Weasleys.
- Non, entres. Je ne t'ai pas entendu arriver.
- As quoi pensais-tu ?
- A plein de choses à la fois.
- Comme à mon frère ? demanda malicieusement Ginny.
- Entre autre, oui. Je suis désolée pour hier.
- Oh ! Arrêtes Hermione ! Tu n'as pas à être désolée. Andrew avait fugué, c'est tout à fait normal que tu sois venue. D'ailleurs Maman regrette que tu ne sois pas restée à dîner le soir. Elle était tellement heureuse de te revoir, comme tout le monde.
- Les questions n'ont pas été trop dures ?
- Je pense qu'elle te les réserve, grimaça Ginny. Elle a juste demandé à Ron si ce petit était bien ce qu'elle pensait, mais personne n'a rien dit. Même les jumeaux sont restés silencieux alors pour te dire. En tout cas, Papa a dit qu'il était très mignon.
- C'est gentil.
- Bon qu'est-ce que tu comptes faire aujourd'hui ?
- Je ne sais pas. Pourquoi ?
- Tu ne peux pas rester éternellement dans cette suite. Ce n'est pas un endroit convenable pour l'éducation d'un enfant, lui dit Ginny faussement sérieuse.
- D'où tiens-tu cette psychologie ?
- De ma formation de médicomage. Il faut penser à prendre un appartement ou une maison…
- Tu as raison, sourit Hermione. Je vais aller réveiller mon bonhomme et on décidera de la journée.
Hermione avait retrouvé le sourire. Ginny n'avait pas tort, il fallait qu'elle recommence une nouvelle vie. Elle allait d'abord commencer par chercher une maison convenable pour Andrew et elle, puis ensuite se mettre à l'écriture de son prochain livre, elle en connaissait déjà le titre. Elle avait prévu depuis longtemps de dévoiler sa vraie identité au travers l'un de ses livres, celui-ci serait le bon. Elle l'intitulera Poudlard et moi. Ça résumait déjà tout.
Alors qu'elle avait posé la main sur la poignée de la porte, elle s'arrêta et fit demi tour pour revenir vers Ginny.
- Je vais aller chercher un appartement, lui dit-elle.
- C'est juste ce que l'on vient de dire, répondit Ginny, amusée.
- Mais sans Andrew ! Je veux lui faire une surprise.
- Dans ce cas, laisses-moi être complice, dit Ginny, excitée comme une puce.
Hermione la regarda bizarrement avec un haussement de sourcils.
- Je veux dire que je vais t'aider, expliqua Ginny. On va le dire à personne et faire ça toutes les deux.
- D'accord mais Andrew, je fais quoi ? On ne peut pas le prendre.
- Ma mère sera ravie de pouvoir garder son petit-fils.
- Tu as tout prévu !
- Non, je viens juste d'y penser et je te signale que c'est toi qui ne veux pas qu'Andrew sache.
- Alors avant il va falloir que j'aille m'expliquer avec ta mère.
- Tu devras y passer un jour, de toutes façons.
- Mais vu la réaction de ton frère, je crains celle de toute ta famille maintenant, grimaça Hermione.
- Mon frère, c'était différent, il était principalement concerné. Mes parents sont plus compréhensifs que lui.
- Même ta mère ?
Ginny fit la moue et haussa les épaules. Madame Weasley pouvait être redoutable quand elle le voulait. Et Hermione craignait ses colères, comme celles de Ginny. C'était une femme juste mais explosive par moments. Mais Hermione devait bien lui donner des explications, à elle comme aux autres Weasleys. Elle avait trahi Ron, elle en était maintenant pleinement consciente, mais elle avait aussi trahi toute sa famille d'une certaine manière.
- Tu reprends ton service à quelle heure ? demanda Hermione.
- A 19 heures. On peut toujours aller faire quelques boutiques sur le Chemin de Traverse, histoire de voir, même avec Andrew.
- Oui, souffla Hermione. Dans ce cas, je vais aller le réveiller.
A peine, eut-elle finit sa phrase que la porte de la chambre s'ouvrit et Andrew en sortit, les cheveux en bataille, les yeux à moitié ouverts, la veste de son pyjama complètement de travers et un petit sourire sur les lèvres. De toute évidence, il venait juste de se réveiller.
- Tu as bien dormi mon chéri ? lui demanda Hermione.
Il hocha la tête et alla faire pour lui déposer un bisou sur la joue. Puis il aperçut Ginny près de la fenêtre et se dirigea vers elle pour faire de même.
- On voit que tu n'es pas un lève tôt, dit Ginny en le voyant bailler à s'en décrocher la mâchoire. Je me demande de qui tu tiens ça, ajouta-t-elle sarcastiquement avec un coup d'œil vers Hermione.
- De papa, répondit Andrew, toujours pas complètement réveillé. C'est Maman qui me le dit toujours.
Ginny sourit et Hermione regardait son fils, attendrire.
- Et elle a raison. Crois-moi, quand il était plus jeune, c'était un calvaire pour le sortir du lit. Seule ta mère y arrivait plus tard, on se demande comment elle faisait, expliqua ironiquement Ginny.
- Elle lui faisait un bisou sur la bouche, répondit Andrew comme si c'était une évidence.
- C'est sans doute vrai, rit Ginny.
La tante et le neveu commencèrent à discuter et Hermione fit apparaître un plateau avec du jus d'orange, du lait, des tartines de confitures, des céréales et du café.
- Tenez ! Servez-vous, leur dit-elle en déposant le plateau devant eux.
Andrew se servit le premier, la confiture débordant autour de ses lèvres à la première tartine, la veste de pyjama y avait déjà goûté aussi.
- Tu manges comme un cochon, Andrew. Fais attention, le sermonna sa mère.
- Mais j'ai faim et c'est pas de ma faute si ma bouche est trop petite.
Ginny sourit, un peu étonnée de voir comment ce gamin si jeune est déjà si intelligent et logique.
- Que dirais-tu d'aller visiter le Chemin de Traverse ? Demanda Ginny à Andrew.
- C'est quoi ?
- Heu… C'est une grande rue avec plein de magasins sorciers.
Andrew plissa les yeux comme quand on cherche à y voir plus clair ou à déceler si la personne qu'on a en face de nous est entrain de nous cacher quelque chose. Ici, en l'occurrence, Andrew essayait de s'imaginer une rue immense avec plein de magasins sorciers. Il avait déjà vu des grandes rues au Canada, maintenant qu'il les voyait dans sa tête, il lui suffisait de mettre plein de baguettes magiques partout, des grandes robes aux gens, comme pour les filles, des chapeaux pointus, des hiboux dans le ciel et des magasins bizarres. Ça y est, il voyait le Chemin de Traverse. Il rouvrit soudain de grands yeux avec un grand sourire, signe qu'il était d'accord.
- Très bien, dit Ginny toute sourire. Alors files te laver car tu es vraiment sale avec tout cette confiture et ces moustaches de lait.
Andrew sourit à son tour et partit dans la salle de bain où sa mère le rejoignit après avoir dit à sa meilleure amie de faire comme chez elle.
- Andrew, attend, tu n'as mis qu'une chaussette, cria Hermione alors qu'Andrew sortait en courant de la salle de bain pour aller chercher son pull.
Hermione soupira et alla à sa poursuite pour se rendre compte qu'il avait atterri dans les bras de Ginny. Alors que celle-ci le tenait fermement pour l'empêcher de repartir, Hermione finit de l'habiller. C'était tout un art d'habiller ce bonhomme. Hermione aurait plutôt dit une gymnastique, vu que son fils ne pouvait pas tenir en place. Les seuls moments où il était sage, c'était quand il avait un morceau de parchemin et une plume entre les mains pour dessiner. Sinon, c'était un vrai petit diable et elle devait le menacer de le punir pour arriver à ses fins.
Hermione, Andrew et Ginny réussirent finalement à se rendre sur le Chemin de Traverse. Il était un peu moins de midi et la foule commençait à affubler pour le déjeuner. Ginny et Hermione avaient prévu de déjeuner sur le Chemin de Traverse, mais préféraient faire un tour avant. Chacune tenait Andrew par la main et ils commencèrent par le magasin de Quidditch que le bonhomme mourait d'envie de voir.
- J'ai déjà vu ce Chemin de Travers, dit Andrew en regardant autour de lui.
- Chemin de Traverse, rectifia Hermione.
- Oui, j'y suis venu quand je… quand je suis parti par le cheminée et c'est…
C'est dur de prononcer ce petit mot, Papa ? Andrew le disait quand il parlait avec sa mère mais là, il y avait aussi Ginny.
- C'est ton père qui t'a retrouvé, termina Ginny.
Décidément, les adultes intervenaient toujours au bon moment avec lui et son problème du mot « Papa ».
Le Chemin de Traverse n'avait pas changé depuis la dernière fois qu'Hermione y était venue, à part qu'aujourd'hui, on ne se bousculait plus. La guerre avait rendu les gens beaucoup plus méfiants et même si depuis quelques temps les attaques étaient moins fréquentes, les gens étaient toujours prudents. On ne sait jamais, Celui-DontOn-Ne-Doit-Pas-Prnoncer-Le-Nom était certainement entrain de recruter encore des adeptes après l'affaiblissement de ses troupes.
Le magasin de Quidditch n'avait jamais attiré Hermione, en revanche Andrew et Ginny ressemblaient à deux enfants dans un magasin de jouets, même si de ce côté, Andrew était excusé. Ginny adorait le Quidditch, elle avait toujours aimé ça. Andrew s'arrêta devant une rangée de balais et demanda à sa mère de lui en acheter un, chose qu'elle refusa catégoriquement.
- Tu ne sais même pas encore en faire, dit-elle.
- Tu m'apprendras.
- Je ne pense pas.
Le conversation s'était arrêtée là et ils finirent de faire le tour du magasin avant de sortir. Ils continuèrent leur chemin quand Hermione s'arrêta en plein milieu de la rue.
- Qu'est-ce que c'est ? Demanda-t-elle à Ginny en pointant un mur de pierre du doigt.
- C'est le passage qui mène à l'Allée des Embrumes.
- Mais pourquoi il y un mur ?
- Le Ministère a fait construire un mur, il doit y avoir trois ans maintenant. L'Allée des Embrumes est réputé pour être peuplée de magasins de magie noire, alors le Ministre a voulu régularisé l'accès en quelques sortes. Ça permet de savoir qui y entre. Ça fonctionne comme le passage entre le Chemin de Traverse et Le Chaudron Baveur.
Hermione hocha la tête tout en regardant le mur, c'était bizarre. Tous les trois continuèrent leur chemin. Ginny montraient à Hermione les magasins qui avaient fermé, ceux qui avait changé, ceux qui allaient fermé. La guerre, bien que discrète ces derniers mois, faisait encore des coups durs. Hermione nota tout et remarqua combien les magasins du Chemin de Traverse avait finalement changé en cinq ans. Il n'y avait plus autant de monde et c'était moins chaleureux. La boutique d'Olivander avait réouverte et était surveillée par des hommes en civil qui passaient leur journée à se relayer à la terrasse du café d'en face. Ginny lui expliqua une nouvelle fois, qu'Olivander avait été retrouvé il y quatre ans, qu'il avait été enlevé des partisans de Voldemort pour le faire travailler sur une baguette plus puissante, mais ils avaient sous-estimé le vieil homme qui avait utilisé la baguette contre eux. Il avait été retrouvé en bon état par les Aurors, les Mangemorts avaient trop besoin de lui pour le négliger ou le martyriser. Depuis, il avait tenu à rouvrir sa boutique de baguettes magiques mais avait demandé une protection que le Ministère lui avait accordé de suite car dans le bon camp, c'était un allié fort intéressant mais dans le camp adverse, c'était un ennemi redoutable.
La boutique de glace de Florian Fortarôme était aussi ouverte, mais ça Hermione le savait déjà puisqu'elle avait réouverte peu de temps avant qu'elle ne s'envole. Ron avait, d'ailleurs, tenu à y aller dès sa réouverture et avait avalé des tonnes de glaces qui avaient fini par écœurer Hermione.
Gringotts était toujours débout, malgré son équilibre que l'on pourrait qualifier de douteux à première vue. Les gobelins étaient, eux aussi toujours fidèles à leurs postes. Les gens du Ministère avaient tout fait pour les garder dans leur camp en leur promettant plus de liberté et plus de reconnaissance en tant que créatures magiques non inférieures aux sorciers.
En passant les portes, Andrew s'était arrêté devant une autre porte en argent.
- Qu'est-ce que c'est écrit, Maman ? Demanda-t-il toujours avide de savoir les choses qui lui échappaient.
- C'est écrit :
Entre ici étranger si tel est ton désir
Mais à l'appât du gain, renonce à obéir,
Car celui qui veut prendre, et ne veut pas gagner,
De sa cupidité, le prix devra payer.
Si tu veux t'emparer en ce lieu souterrain,
D'un trésor convoité qui jamais ne fut tien,
Voleur, tu trouveras, en guise de richesse,
Le juste châtiment de ta folie hardiesse.
- Qu'est-ce que ça veut dire ? Demanda Andrew en fronçant les sourcils, les yeux toujours posés sur la porte.
- Qu'il ne faut pas voler ou même prendre ce qui n'ai pas à toi.
Andrew acquiesça et suivit sa mère et sa tante dans le bâtiment immense pour retirer quelques Noises, Mornilles et Gallions.
La boutique de Madame Guipure était toujours ouverte mais Madame Guipure n'en était plus la propriétaire. C'était désormais Madame Tissure qui tenait la boutique. Les vêtements semblaient plus… modernes, du moins plus adapter avec la mode. Hermione en fit le tour mais ne trouva rien qui lui plaisait. Ginny en revanche craqua pour une robe d'été. Elle n'attendit pas longtemps pour l'essayer et finalement l'acheter. Les beaux jours revenaient et elle disait qu'il fallait en profiter.
- Bon et si on allait manger, déclara Ginny en entendant le ventre de son neveu gargouiller.
- Oh ! Oui, répondit-il plus qu'enthousiaste.
- Ginny, nous te suivons.
Ginny les entraîna un peu plus loin dans le Chemin de Traverse dans une petite brasserie. Il y avait encore pas mal de monde et Ginny embrassa plusieurs personnes. Ils s'installèrent à l'intérieur même si la terrasse était déjà installée en vue de l'été qui approchait. Andrew s'assit près de la fenêtre et regardait tous les gens qui passaient pendant que sa mère et sa tante parlaient discrètement de leur projet surprise.
Quand ils ressortirent, Ginny leur montra leur appartement. Hermione y était déjà venu mais elle ne l'avait vu que de l'intérieur. Elle leur montra aussi un peu plus loin celui de Ron.
- Et si on allait prendre un café à la maison, leur proposa la jeune rousse.
- J'aime pas le café.
- Du chocolat alors ?
- D'accord, sourit Andrew.
Hermione resta un peu muette, elle fixait toujours l'appartement de Ron jusqu'à ce que Ginny avance avec Andrew pour rentrer dans la hall.
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